Quelques mots d`introduction pour ce texte :
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Quelques mots d`introduction pour ce texte :
Quelques mots d’introduction pour ce texte : L’objectif de Kant est le suivant : il veut trouver la loi morale à suivre. Il cherche une réponse à la question la plus générale en morale, et la plus importante : comment dois-je me comporter ? autrement dit : quelle loi morale dois-je suivre dans mes actions ? Il cherche donc une règle d’action qui lui permette de distinguer le bien du mal, qui lui indique ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Cette loi morale générale, il l’appelle la « maxime ». Cette maxime doit jouer le rôle d’une règle à suivre par la volonté de l’individu. Si la volonté suit cette règle, ce sera une volonté bonne. Il veut de plus que cette règle d’action ne soit pas uniquement bonne pour lui, mais bonne pour tout être doué de raison, pour tout être humain (partout dans le monde, et pour toujours). Il recherche donc une règle universelle. Il faut d’abord noter que Kant ne va pas nous donner la loi morale à suivre. Il va se contenter, dans ce texte, de nous donner une méthode pour trouver par nous-mêmes la loi morale à suivre. Il prétend que cette méthode nous permet de trouver une loi morale universelle, et que cette méthode est facile à suivre (je n’ai pas besoin d’une grande « subtilité », d’une grande intelligence ; et je n’ai pas besoin non plus d’une grande « expérience » de la vie ; je n’ai besoin que de ma raison). C’est donc une méthode purement rationnelle qu’il propose. La méthode consiste simplement à se poser la question qu’il donne dans le texte ; c'est-à-dire à se demander si je voudrais (cf. volonté) que cette maxime (cette règle d’action) soit suivie par tous (devienne une loi universelle). C'est-à-dire à universaliser la maxime et à se demander si ma volonté serait d’accord avec cette maxime après universalisation. Si je ressens, du fait de ma raison, du respect pour cette loi morale, alors celle-ci est la bonne. Si je ne peux raisonnablement pas vouloir dire non à cette loi morale, alors j’ai trouvé une des bonnes règles à suivre dans l’action. La bonne règle ou loi morale, c’est celle à laquelle je ne peux que raisonnablement vouloir « oui ». Par exemple : que se passerait-il si tout le monde suivait la règle suivante : il faut toujours dire la vérité ? Je verrais que tout le monde pourrait avoir confiance en la parole d’autrui. Au contraire, si tout le monde mentait tout le temps, il faudrait que j’accepte que personne ne puisse croire personne ; or cela est contradictoire (c’est logiquement absurde ; et ma raison, faculté qui permet de penser de manière logique, me montre que c’est absurde), car si je veux mentir, il faut que l’on me croie pour que mon mensonge soit efficace. Donc, dire la vérité est une des règles à suivre pour avoir une volonté bonne. Conseils : Ne vous laissez pas effrayer par la difficulté (réelle) du texte ; normalement, avec les conseils de méthode que je vous ai donnés, et les mots d’introduction qui précèdent, et avec votre esprit critique, vous avez tout ce qu’il faut pour l’analyser. Enfin, n’oubliez pas que, puisque c’est votre première explication de texte philosophique, je serai bien sûr plus clément que si vous aviez déjà fait cet exercice des dizaines de fois… Mais il faut encore que vous jouiez le jeu, et que vous ne cédiez pas à la tentation d’internet : auquel cas vous risqueriez non seulement le zéro, mais aussi le fait que je ne puisse pas vous donner de conseils pour vous améliorer durant l’année. Bon courage et bon travail. Donc, pour ce que j'ai à faire afin que ma volonté soit moralement bonne, je n'ai pas précisément besoin d'une subtilité 1 poussée très loin. Sans expérience quant au cours du monde, incapable de parer à tous les événements qui s'y produisent, il suffit que je demande : peux-tu vouloir aussi que ta maxime 2 devienne une loi universelle ? Si tu ne le veux pas, la maxime est à rejeter, et cela en vérité non pas à cause d'un préjudice qui peut en résulter pour toi ou même pour d'autres, mais parce que cette maxime ne peut pas trouver place comme principe dans une législation universelle possible ; pour une telle législation au contraire la raison m'arrache un respect immédiat; et si pour l'instant je ne saisis pas encore sur quoi il se fonde […], il y a du moins ceci que je comprends bien : le devoir est constitué par le fait d’estimer quelque chose comme bien supérieur à tout ce que l'inclination 3 me présente comme estimable ; et par la nécessité dans laquelle je me trouve d’agir par pur respect pour la loi pratique 4 – Le devoir auquel il faut que tout autre motif cède, car il est la condition d'une volonté bonne en soi dont la valeur passe 5 tout. Emmanuel KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs (1785) 1) Donnez la thèse du texte, et son plan. 2) Expliquez : « Si tu ne le veux pas, la maxime est à rejeter, et cela en vérité non pas à cause d’un préjudice qui peut en résulter pour toi ou même pour d’autres, mais parce que cette maxime ne peut trouver place comme principe dans une législation universelle possible » « le devoir est constitué par le fait d’estimer quelque chose comme bien supérieur à tout ce que l’inclination me présente comme estimable ; » 3) Sujet de réflexion : Une morale universelle est-elle possible ? 1 Ici, le mot signifie « intelligence ». Maxime : un principe général d’action, une règle générale suivie dans l’action quotidienne. 3 « inclination » veut dire ici « penchants liés à la sensibilité » ; c'est-à-dire que les inclinations sont les tendances que l’on a, en fonction de notre sensibilité (ex : quelqu’un de « dynamique » est quelqu’un qui a de l’inclination pour l’action en général). 4 Ici, l’expression signifie « règle d’action » ; c’est donc un cas concret d’application de la maxime. 5 Ici le mot signifie « dépasse », « surpasse ». Bref, ici Kant veut dire que la volonté bonne en soi a une valeur qui dépasse toute autre chose. Rien n’a autant de valeur qu’une volonté intrinsèquement bonne. 2