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Un outil novateur pour prévenir les visites
évitables des résidents des établissements de
soins de longue durée aux services d’urgence
la détérioration de l’état de santé des résidents des
établissements de SLD consiste, en premier lieu, à
éviter des hospitalisations inutiles. Armée de données
probantes et forte de son expérience ainsi que de
l’appui organisationnel du Réseau universitaire
de santé (RUS) à Toronto, elle a entrepris ce
périple d’amélioration de la qualité par le biais du
programme FORCES de la Fondation canadienne
pour l’amélioration des services de santé (FCASS).
Le défi
En Ontario, plus de 75 000 personnes âgées de 65 ans
et plus vivent actuellement dans des établissements de
soins de longue durée (SLD)1. Pendant une période de
six mois en 2005, 25 % de ces résidents se sont rendus
au moins une fois aux urgences. Or, près de 25 % de
ces premières visites initiales ont été classées comme
étant évitables2 et la recherche indique que jusqu’à
48 % des hospitalisations des résidents des foyers de
SLD peuvent être prévenues1-8. Malheureusement,
une fois que les bénéficiaires de SLD sont transférés
aux urgences, ils sont souvent exposés au risque de
complications iatrogènes (contractées à l’hôpital)3
comme les délires, les escarres ou les chutes.
Marilyn R. El Bestawi, une haute dirigeante des
services de santé dotée d’une expérience en gériatrie,
a émis l’hypothèse que la meilleure façon de prévenir
« Lorsqu’on a demandé aux membres
du personnel s’ils voudraient que
l’outil PREVIEW-ED© soit utilisé
avec un être cher, ils ont répondu
unanimement OUI! »
– Marilyn El Bestawi,
Réseau universitaire de santé (Toronto)
Le projet d’amélioration
Mme El Bestawi a élaboré un outil novateur, nommé
PREVIEW-ED©(Practical Routine Elder Variants
Indicate Early Warning for ED ou variantes
pratiques de routine liées aux personnes âgées et
annonçant les signes avant-coureurs du recours
aux services d’urgence) pour aider le personnel de
l’établissement de SLD du RUS à détecter, chez les
résidents, la détérioration précoce de la santé due
Septembre 2013 | Un outil novateur pour prévenir les visites évitables des résidents des
établissements de soins de longue durée aux services d’urgence
à quatre conditions qui sont à l’origine de 49 %
des hospitalisations potentiellement évitables, à
savoir la pneumonie, l’infection des voies urinaires,
la déshydratation et l’insuffisance cardiaque
congestive9. L’outil mesure neuf indicateurs de ces
quatre conditions, ainsi que leurs signes, symptômes
et niveaux de gravité, et utilise un système de
pointage agrégé pour quantifier les changements
dans l’état de santé des résidents. La consommation
d’aliments et de liquides de même que l’état mental
sont deux de ces indicateurs. Alors que les signes et
les symptômes liés à la consommation d’aliments
et de liquides comprennent une diminution de
l’appétit, le refus de manger et de boire et les
nausées, ceux relatifs à l’état mental se manifestent,
entre autres, par un accroissement de l’agitation
et de la confusion et par une diminution de la
participation à des activités sociales. Les préposés
aux services de soutien personnel n’ont besoin en
fait que de 8 à 15 secondes de leur temps de travail
normal pour administrer l’outil.
Comme les préposés aux services de soutien
personnel représentent plus de 70 % de l’effectif
des établissements de SLD et qu’ils fournissent
la majorité des soins directs, ils sont très bien
placés pour constater les variations dans l’état
de santé d’un résident donné. Aussi ont-ils été
choisis pour administrer le PREVIEW-ED© et leur
tâche consistait à enregistrer les états de santé des
résidents. Si, de l’avis d’un préposé aux services
de soutien personnel, l’état de santé d’un patient
était normal, il attribuait la note zéro. Si la note
était supérieure à zéro, il en informait un membre
du personnel autorisé. On a consulté les membres
des familles sur le projet proposé avant sa mise en
œuvre et a mis à l’essai PREVIEW-ED© pendant
trois mois auprès de 66 résidents de l’établissement
de SLD du RUS (soit 50 % de la population totale),
période au cours de laquelle le personnel était
tenu de fournir des suggestions, des commentaires,
ainsi que des recommandations de changement qui
influaient tant sur la conception que sur le contenu
de l’outil.
« Les préposés aux services de soutien
personnel se sont acquittés avec beaucoup
d’engagement de leurs responsabilités à
l’égard de l’outil. Le taux d’achèvement
de l’outil, pendant le projet pilote, était
de 95,5 % et a d’ailleurs augmenté au
cours de la période de stabilisation. Les
commentaires des préposés laissaient
entendre que l’utilisation de l’outil leur
donnait l’impression que leur travail était
plus valorisé. »
– Marilyn El Bestawi,
Réseau universitaire de santé (Toronto)
Principaux résultats et impacts
L’établissement de SLD a enregistré une diminution
de 57 % du nombre de visites aux services d’urgence
associées à la pneumonie, aux infections des voies
urinaires, à la déshydratation et à l’insuffisance
cardiaque congestive pour les 66 résidents suivis au
cours de la période d’essai de trois mois. Les résultats
sont d’autant plus impressionnants que la baisse s’est
maintenue et qu’il n’y avait aucun transfert allant des
unités pilotes vers les services d’urgence et lié aux
quatre conditions pendant les trois mois suivant la
période de stabilisation.
Avec la mise en place du projet PREVIEW-ED©,
l’établissement de SLD du RUS a pu réduire
considérablement le nombre de visites de ses
résidents aux services d’urgence. Si l’outil était mis
en œuvre dans tout le RLISS du Centre-Toronto
(Réseau local d’intégration des services de santé),
on estimait, en se basant sur les coûts de transfert
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établissements de soins de longue durée aux services d’urgence
prévus à partir de l’établissement de SLD, les coûts
des services d’urgence et les coûts d’hospitalisation,
qu’on pourrait économiser annuellement 500 000 $
au niveau de l’établissement et 6,25 millions de
dollars, à l’échelle provinciale. En étant de plus en
plus à l’affût des premiers signes et symptômes
de détérioration de l’état de santé, on permet aux
personnes âgées dans les foyers de SLD de recevoir
leur traitement à leur lieu de résidence, ce qui
réduit ou élimine le besoin de visites aux services
d’urgence et de séjours à l’hôpital, ainsi que le
risque de complications iatrogènes, et désengorge,
en conséquence, les services d’urgence.
Alors qu’on continue à utiliser l’outil PREVIEW-ED©
dans les unités d’origine, on examine la possibilité
d’étendre son utilisation à l’ensemble de l’établissement
dans le but constant d’améliorer la qualité des
soins et de réduire les coûts associés aux visites aux
services d’urgence et à l’hospitalisation. On est en
train d’élaborer un plan de viabilité qui inclut le
matériel didactique pour la formation du personnel
sur PREVIEW-ED© ainsi que des gabarits et des
calculs pour la collecte des données. La direction
« Un important résultat était que le
personnel infirmier, qui était formé à
l’étranger et qui parlait l’anglais comme
langue seconde, a trouvé qu’en utilisant
le libellé et le système de pointage de
l’outil, il pouvait mieux faire part au
médecin des changements dans l’état
de santé d’un résident. »
– Marilyn El Bestawi,
et le personnel de première ligne ont dit vouloir
continuer à mesurer les résultats et cherchent des
occasions de faire reconnaître leur travail par des
organismes homologues.
À ce jour, Mme El Bestawi a déjà présenté ses
conclusions à trois conférences au Canada et a été
invitée à le faire dans le cadre d’une quatrième.
L’outil peut non seulement être appliqué à d’autres
établissements de SLD et populations, mais aussi
être utilisé dans d’autres régions tant au Canada
qu’à l’étranger. Afin de vérifier la validité et la
fiabilité, le RUS est actuellement à la recherche de
financement pour étudier l’outil auprès d’une plus
vaste population de SLD et aimerait recevoir les
commentaires des établissements qui pourraient
être intéressés à y participer.
Marilyn R. El Bestawi,
Réseau universitaire de santé,
Toronto
Pour en savoir plus sur ce projet d’amélioration,
veuillez vous adresser à :
Linda Piazza Directrice principale par intérim, Éducation et formation
Fondation canadienne pour l’amélioration des services
de santé
[email protected]
Réseau universitaire de santé, Toronto
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établissements de soins de longue durée aux services d’urgence
Bibliographie
1
Qualité des services de santé Ontario, Rapport annuel 2011
sur le système de santé de l’Ontario, disponible à : http://www.
hqontario.ca/portals/0/Documents/pr/qmonitor-full-report2011-fr.pdf (consulté le 24 novembre 2012).
6
Wang, H.E.; Shah, M.N.; Allman, R.M. et Kilgore, M. (2011),
« Emergency department visits by nursing home residents
in the United States », Journal of the American Geriatrics
Society, octobre, vol. 59, no 10, p. 1864-1872.
2
Gruneir, A.; Bell, C.M.; Bronskill, S.E.; Schull, M.;
Anderson, G.M. et Rochon, P.A. (2010), « Frequency and
pattern of emergency department visits by long-term
care residents-a population-based study », Journal of the
American Geriatrics Society, mars, vol. 58, no 3, p. 510-517.
7
Hutt, E.; Ecord, M.; Eilertsen, T.B.; Frederickson, E. et
Kramer, A.M. (2002), « Precipitants of emergency room visits
and acute hospitalization in short-stay medicare nursing
home residents », Journal of the American Geriatrics Society,
février, vol. 50, no 2, p. 223-229.
3
Jensen, P.M.; Fraser, F.; Shankardass, K.; Epstein, R. et
Khera, J. (2009), « Are long-term care residents referred
appropriately to hospital emergency departments? »,
Canadian Family Physician, mai, vol. 55, no 5, p. 500-505.
8
Ouslander, J.G. et Berenson, R.A. (2011), « Reducing
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4
Intrator, O.; Zinn, J. et Mor, V. (2004), « Nursing home
characteristics and potentially preventable hospitalizations
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5
Bergman, H. et Clarfield, A.M. (1991), « Appropriateness
of patient transfer from a nursing home to an acute-care
hospital: a study of emergency room visits and hospital
admissions », Journal of the American Geriatrics Society,
décembre, vol. 39, no 12, p. 1164-1168.
9 Walker, J.D.; Teare, G.F.; Hogan, D.B.; Lewis, S. et
Maxwell, C.J. (2009), « Identifying potentially avoidable
hospital admissions from Canadian long-term care
facilities », Medical Care, vol. 47, no 2, p. 250-254.
La Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé est un organisme sans but lucratif qui
a pour mandat d’accélérer l’amélioration et la transformation des services de santé pour les Canadiens et les
Canadiennes. À cette fin, la FCASS collabore avec des gouvernements, des responsables des politiques et des
dirigeants du système de santé pour traduire les données probantes et les pratiques novatrices en politiques,
programmes et outils concrets, ainsi que pour développer les qualités de leadership.
Pour en savoir davantage sur notre travail en matière d’amélioration, veuillez visiter cfhi-fcass.ca.
Cet article est publié par la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé (FCASS) uniquement après avoir été revu par
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