1 N`GOLA N°10 EDITORIAL Plaidoyer pour un avenir meilleur de l
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1 N`GOLA N°10 EDITORIAL Plaidoyer pour un avenir meilleur de l
N’GOLA N°10 EDITORIAL Plaidoyer pour un avenir meilleur de l’Angola Au moment où l’Angola tourne une page tragique de son histoire, il importe d’avoir une pensée pour ceux qui ont donné de leur vie afin que le peuple angolais commence enfin à respirer l’air de la VRAIE PAIX. Ce serait illusoire de ne pas reconnaître que le chemin qui conduit l’Angola à la paix est à la fois long et parsemé d’embûches de tout genre. Dans ce type d’entreprise, une prudence et un sens de responsabilités sont de mise. Il est primordial que dans l’avenir, le comportement de tout citoyen angolais soit imprégné de patience et de tolérance. Certes, des décennies de guerre ont laissé des séquelles qui ne s’effacent en un laps de temps. Il appartient aux angolais d’inventer ensemble des solutions qui seront à même de prévenir tout retour en arrière. La recherche du consensus à travers un dialogue franc et sincère doit hanter les esprits de ceux qui sont appelés aujourd’hui à assumer des responsabilités. Le peuple a plus que jamais besoin des gestes, des faits concrets pour recommencer à croire. Ces derniers ne doivent venir que d’en haut. Le gouvernement d’unité nationale aura comme objectif premier la gestion de la réconciliation de tous les angolais. Pour atteindre ce but, il devrait avoir des aptitudes plutôt technocratiques que politiques afin d’éviter en son sein des considérations politiciennes susceptibles d’hypothéquer une fois de plus l’avenir du pays. La reconstruction du pays doit surtout servir de leitmotiv à cet exécutif. La tâche est tellement immense qu’il faudra veiller à la bonne répartition des ressources pour qu’il y ait un développement harmonieux du pays. Par ailleurs, un travail permanent au niveau du discours est fondamental. Des efforts visant à favoriser l’émergence d’un nouveau vocabulaire pacifique et rassembleur doivent être engagés sur tout le territoire angolais. Cette démarche exige le concours de toutes les forces vives de la nation et des moyens adéquats que l’Etat angolais mettra à disposition pour mieux maximiser le résultat. Les médias en l’occurrence ont un rôle prépondérant à jouer dans ce domaine, ils doivent véhiculer une culture de paix. L’Eglise aussi est appelée à apporter sa contribution à cette action, surtout au lendemain de la mise en place du gouvernement d’unité et réconciliation nationale. Elle doit accompagner voire soutenir l’exécutif dans l’accomplissement de sa mission morale et sociale. Il va de soi que la conjugaison des efforts de tous les angolais est plus que jamais cruciale. Il n’est plus question que l’angolais laisse échapper une fois de plus cette opportunité de tutoyer la paix. L’histoire ne lui pardonnerait pas, si par malheur, cela se produisait. Pody Mingiedi, Genève 1 ACTIVITES DE L'ASSOCIATION 21ème anniversaire de l’indépendance de l’Angola Les festivités commémorant l’anniversaire d’indépendance de l’Angola ont été, pour la première fois, organisées conjointement entre l’Association des Angolais de Suisse (AAS) et l’Association des Angolais Résidents en Suisse (AARS), le 23 novembre 1996 à Genève. Mises sous le signe de « l’unité dans la diversité », ces festivités auxquelles assistaient de milliers de nos compatriotes, des amis africains et européens, ont jeté les bases d’une collaboration fraternelle entre les deux associations. A cette occasion, l’AAS et l’AARS, préoccupées par l’évolution de la situation en Angola, ont adressé un message d’encouragement au Président de la République de l’Angola, José Eduardo Dos Santos et au leader de l’UNITA, Jonas Malheiro Savimbi. Les deux associations, après avoir loué les efforts et les sacrifices consentis dans la recherche d’une solution pacifique et durable du conflit angolais, ont exhorté les belligérants à mettre en place tous les instruments et institutions pouvant consolider la paix et la démocratie encore très fragiles. Dans sa réponse, le président José Eduardo Dos Santos, seul à avoir répondu à notre message, a exprimé sa satisfaction du fait que nos sentiments de paix, d’unité et de réconciliation nationale demeurent intacts malgré notre séjour hors du pays pour des raisons diverses. Il a par ailleurs souhaité que la contribution de tous était indispensable pour consolider la paix avec responsabilité, tolérance et esprit patriotique créant ainsi les conditions pour construire un Angola uni, démocratique et prospère. Cette cérémonie du 21ème anniversaire de l’indépendance nationale précédée par une célébration œcuménique en hommage aux victimes tombées pour la liberté et la démocratie a été marquée, en grande première en Suisse, par un défilé de mode retraçant les tenues vestimentaires féminines traditionnelles de 18 provinces de l’Angola. Ce défilé, on ne le dira pas assez, a fait un tabac et a retenu l’attention de toute l’assistance. Nous disons donc grand merci à Madame Cristina Kiangebeni, l’initiatrice et l’organisatrice, pour son prompt engagement et son sens de responsabilité et aussi aux enfants qui nous ont gratifié un spectacle de grande qualité. Nicolau Makuntima, Orvin. Ouverture des Sections Dans le cadre de l’extension de ses activités dans tout le territoire helvétique, le Comité Exécutif de l’Association des Angolais de Suisse a ouvert une nouvelle section en date du 19 octobre 1996. Il s’agit de la Section du Valais. Monsieur Nicolau Makuntima, président de l’Association des Angolais de Suisse, a inauguré l’ouverture de la Section du Valais en rappelant la nécessité de l’Association, le rôle de la Section ainsi que les droits et devoirs des membres. Il a souligné que qu’il y a une nécessité qui s’est fait sentir chez les Angolais ; une nécessité de se rencontrer, de partager les idées ; une nécessité qui couve à l’intérieur de tout un chacun. La question fondamentale était de savoir comment faire pour partager. D’où l’idée de décentraliser et de restructurer a-t-il ajouté. Actuellement, la Section du Valais est la 8ème Section créée par l’Association des Angolais de Suisse. La Section, quant à elle, est une partie intégrante de l’Association ; elle doit s’organiser d’une façon autonome dans la mesure de tenir en compte les réalités de la région ou du canton. Cependant, l’Association étant une personne morale dirigée par des personnes physiques, les droits et devoirs des membres sont bien définis; devant les Statuts, tous les membres ont les mêmes droits et doivent accomplir les mêmes obligations. Il a conclu 2 en priant à tout membre qui a accepté d’adhérer à l’Association d’être le porte-parole auprès des autres Angolais qui, par méconnaissance ou désinformation, ne connaissent pas la nécessité de l’Association. Ce qui a facilité le travail est que la Section s’est déjà doté d’un comité provisoire composé de cinq membres dont MM João Ndongala Kiutuka (Président), Manuel Panzu Lelo (Secrétaire et Trésorier), Muanza Nzimbu (Vérificateur des comptes), Joaquim Kiala (Conseiller, chargé des Relations Extérieures) et Pastis Monizi Ndonda (Conseiller, chargé des Relations Intérieures). Cependant, avant d’approuver la composition de ce comité, certains ont souligné que le nombre d’Angolais présents à cette réunion n’est pas suffisant pour approuver la composition de cette équipe dirigeante (environ 20 angolais ont répondu à l’invitation) et d’autres voulaient à ce que chacun des membres du Comité puisse présenter son autobiographie qui sera soumise à une analyse. C’est sur base de ces données que tous les Angolais du Valais pourraient se prononcer. Le Comité Exécutif de l’Association, représenté par MM. Nicolau Makuntima (président), Miguel Roberto (secrétaire général) et João Pedro secrétaire à la coordination des sections), a répliqué que l’Association étant le fruit du travail des bénévoles, il n’est pas nécessaire de présenter la biographie de tout un chacun, car l’objectif est de faire intégrer tous les Angolais sans discrimination afin de créer un cadre dans lequel on peut se rencontrer, se connaître et s’exprimer librement. Cependant, il appartient aux membres d’apprécier le fonctionnement d’un comité. Il a rappelé par la suite que le but de la séance était d’inaugurer la Section du Valais. Celle-ci, selon les Statuts, pourrait bien commencer à fonctionner à partir de 5 membres sachant que seul le membre qui a signé son acte d’adhésion pourrait être élu ou nommé au comité. De ce fait, la composition du Comité provisoire de la Section du Valais était acceptée par la majorité des membres présents. Par ailleurs, plusieurs conseils ont été prodigués aux membres et responsables de la nouvelle Section qui se sont résumés par: savoir assumer des responsabilités, avoir du respect envers le prochain, accepter la critique, s’auto-critiquer, suggérer, conseiller, aider, ne pas intervenir d’une façon privée ou personnelle au nom de l’Association. Ce qui est important pour cette section, il possède en son sein un membre co-fondateur de l’Association des Angolais en 1983. Il s’agit de Monsieur Jean Jacques Nkosi Zassala. Le doyen est mieux placé pour que cette section persévère et fasse mieux. Actuellement, la Section du Valais compte au moins 45 membres. Décant Keto Yama, Fribourg. La Communication Sociale « L’Association est une école de la vie par laquelle on apprend à se connaître, à connaître les autres, à les supporter et à se respecter mutuellement. Elle sert également à développer à toute personne l’esprit d’abnégation, de bénévolat, le sens de l’humanisme, de responsabilité, de sacrifice et encore l’apprentissage à la démocratie ». Cette conception de Monsieur Pedro Kiangebeni, secrétaire à la culture et information du Comité Exécutif, exercice 1993-1995, ne cesse de hanter les idées de plusieurs membres de l’Association. Ainsi, certaines séances de travail du Comité Exécutif avec les Responsables des Sections se transforment en petits séminaires où les thèmes «comment animer une association, la place de la Section au sein de l’Association, etc. » ne cessent d’être développés. Dernièrement, lors de la séance de travail qui a eu lieu au mois de mars à Sion, dans la Section du Valais, monsieur Décant Keto Yama a développé le thème sur la communication sociale. 3 Ce qu’il faut retenir est que nous passons tout notre temps à communiquer ; soit par un processus non verbal (courriers, invitations, etc.) ou soit par un processus verbal (contacts directs, téléphone, etc.). De ce fait, la communication sociale étant «un processus de relation individuelle grâce auquel des partenaires peuvent se comprendre, se faire comprendre, échanger ou s’influencer », il est nécessaire que les responsables de l’Association, considérés comme cadres, aient des notions pour mieux communiquer. Car la communication implique la transmission, intentionnelle ou non, d’informations destinées à renseigner ou à influencer un individu ou un groupe récepteurs. Or, considérant notre communauté qui a une longue tradition orale, la transmission du message doit être fidèle et objective afin de répondre aux attentes de celui qui l’a émis. C’est dans ce sens que l’orateur a attiré l’attention des responsables de l’Association d’être prudent lors de leurs interventions auprès des membres. Ainsi, pour mieux faire passer le message, l’orateur a souligné que l’émetteur doit être capable d’attirer l’attention de son interlocuteur (récepteur), créer l’ambiance et un climat de confiance, parler de l’essentiel avec assurance, éviter le discours hésitant, être convaincant, compréhensible et mémorable (se souvenir de ce qu’on a dit). Cependant, dans le cadre administratif, il faut privilégier la communication formelle ; c’est-àdire, le processus non verbal qui se traduit par la correspondance écrite, pour en garder toute objectivité. C’est pourquoi, à chaque réunion ou à une quelconque mission entreprise au nom de l’Association, un rapport écrit serait très important, sinon indispensable, conclut-il. [Les mots «information » et «communication » sont souvent employés de façon interchangeable. Ils ont pourtant des significations très différentes. L’information signifie que le message est émis ; la communication, qu’il est reçu. Sydney Harris, North America Syndicate. Source :Reader’s Digest Sélection – Avril 1997] Décant Keto Yama, Fribourg. ACTIVITES EN BREF…résumées par Nicolau Makuntima (Orvin) Février 1997 L’Association des Angolais de Suisse, au nom de la communauté angolaise, a adressé un message de félicitations à Koffi Annan pour son élection au poste de Secrétaire- Général des Nations Unies. Dans le document, l’AAS exprime sa reconnaissance pour les efforts développés par l’ONU en vue de l’instauration d’une paix juste et durable en Angola. En cette phase décisive du processus de paix, l’AAS a estimé dans son message que l’intervention personnelle du Secrétaire-général de l’ONU auprès de deux protagonistes, le MPLA et l’UNITA, s’avérait nécessaire pour éviter que le pays ne sombre définitivement dans le chaos. Février 1997 Réagissant aux actes de violence aveugles dont les collaborateurs et délégués du Comité International de la Croix-Rouge ont été victimes ces derniers mois, l’AAS a adressé un message de condoléances à son président, Monsieur Cornelio Sommaruga. Celui-ci a, dans sa réponse, remercié l’Association pour son témoignage de sympathie et de réconfort en ces moments difficiles pour l’ensemble du mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il a enfin réaffirmé sa détermination à porter plus que jamais un peu de lumière et de soulagement dans les ténèbres de la barbarie et à remplir sa mission humanitaire de par le monde. 4 Genève, mars 1997. Programmée et souvent reportée pour des raisons de calendrier, la rencontre entre l’Association des Angolais de Suisse (AAS) et l’Association des Angolais Résidents en Région Rhône-Alpes (AARA), a finalement eu lieu. Les travaux de cette entrevue, la première du genre, ont notamment porté sur la présentation des deux associations et sur l’échange d’expériences. Au terme de la rencontre, les deux associations ont relevé l’existence d’une similitude de vues sur l’ensemble des points abordés réitérant par la suite leur souhait de développer des relations bilatérales devant permettre de mener à bien dans le futur des actions communes en faveur du peuple angolais. La délégation lyonnaise a invité la partie suisse à effectuer une visite à Lyon. L’invitation a été acceptée avec un grand plaisir, la date restant à fixer ultérieurement. Cependant, les discussions se sont déroulées dans une ambiance cordiale et fraternelle. Lausanne, Mars 1997 Au vu de l’évolution de la situation en Angola, l’Association des Angolais de Suisse a tenu une réunion de réflexion sur l’avenir des angolais de Suisse. Sans un ordre du jour préétabli, cette séance à laquelle avaient pris part quelques dizaines d’angolais s’est notamment penchée sur quatre points ; à savoir, le logement, l’encadrement, la réinsertion et les initiatives privées. Au terme du débat, les participants ont chargé le Comité exécutif à solliciter une audience auprès de la présidence de la République de l’Angola au cours de laquelle on exposera dans les détails tous nos projets. Un Comité de suivi dirigé par le président de l’AAS, monsieur Nicolau Makuntima, a été mis sur pied. Lausanne, Avril 1997 En séjour privé en Suisse, le député du MPLA à l’Assemblée nationale angolaise, Monsieur Agostinho Mendes de Carvalho a accepté de s’adresser à la communauté angolaise de Suisse. Organisée conjointement avec nos frères de l’Association des Angolais Résidents en Suisse (AARS), cette conférence-débat a notamment porté sur la nécessité de la reconstruction africaine et sur les perspectives et défis en Angola. A cette occasion, monsieur Mendes de Carvalho, connu par son franc-parler et par son indépendance d’esprit a succinctement évoqué l’actuelle situation en Angola dans sa généralité. L’essentiel, a-t-il précisé, que la paix revienne en Angola et que l’unité nationale soit instaurée sans ingérence étrangère. Lausanne, Mai 1997 En séjour officiel en Suisse pour participer à l’Assemblée Mondiale de la Santé à Genève, le ministre de la Santé du Gouvernement d’Union et de Réconciliation Nationale (GURN), le Docteur Anastacio Artur Ruben Sicato, sollicité par l‘AAS et l’AARS, s’est adressé à la communauté angolaise de Suisse évoquant le crucial thème de la santé en Angola ; les réalités et les perspectives. Monsieur Sicato, après avoir indiqué que le mandat du GURN était de trois ans, s’est félicité de la fin de la guerre et le début du processus de normalisation des rapports entre tous les partis politiques en Angola. Il a brièvement évoqué les points essentiels auxquels le GURN doit s’atteler durant son mandat notamment la consolidation du processus démocratique, la réinsertion de tous les angolais indépendamment de leurs appartenances politiques et ethniques, l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, la moralisation de la vie politique et la transparence ainsi que la réduction de la fracture sociale. En ce qui concerne la santé proprement dite, il a brossé un sombre tableau de l’actuelle situation la qualifiant de difficile et dramatique. A titre d’exemple, le ministre a indiqué que la 5 mortalité infantile en Angola était parmi la plus élevée du monde ; soit 124 enfants sur mille meurent au cours de la première année de leur existence alors qu’en Suisse, pour la même période, la mortalité est de sept pour mille. Pour ce qui est des perspectives, le ministre a précisé que la bonne ambiance qui règne au sein de la nouvelle équipe gouvernementale pourrait contribuer à la mobilisation de tous les cadres et de la communauté internationale pour relever le défi. Il faut vous signaler que seulement 3 à 4% du budget de l’Etat sont affectés à la santé. Ce qui est tout à fait insignifiant par rapport aux besoins du moment. LIBRE OPINION « L’absence de connaissance n’a jamais empêché à quiconque d’avoir ses opinions » Le GURN : instrument de paix et de concorde nationale La formation du Gouvernement d’Union et de Réconciliation Nationale (GURN) ainsi que son installation le 11 avril dernier constitue pour nous peuple angolais un événement de grande importance. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’Angola. C’est une étape fondamentale pour la naissance de la NATION angolaise. L’histoire récente de notre pays se distingue par une suite lamentable d’occasions manquées. C’est donc une opportunité à saisir. Tous les citoyens angolais tiennent à féliciter tous les acteurs ayant œuvré à l’aboutissement des accords de Lusaka. La responsabilité des politiciens est ainsi fortement engagée devant le peuple angolais et devant la communauté internationale. Après une longue période dramatique pour notre patrie dont l’histoire se souviendra lourdement, il est impératif que s’instaure une période de confiance mutuelle entre les principaux protagonistes basée sur le sens de l’Etat, le patriotisme, l’esprit de l’intérêt général pour que le GURN puisse atteindre ses objectifs primordiaux. Pour éviter tout abus et toute forme de trahison, il est nécessaire d’établir un dialogue permanent entre les différents ministères par la voie de la concertation. Il faut dépasser les facteurs de division issus du fameux partage de l’Afrique ayant aboutit à la création des Etats Africains actuels (1884 1885). La dynamique engagée doit consacrer LA RECONCILIATION NATIONALE. Malgré la complexité de la tâche, le processus de réconciliation est un enjeu national qui mérite d’être soutenu, encouragé par une adhésion collective de tous les angolais. C’est l’affaire de tous. Pour qu’elle soit effective, la réconciliation exige une volonté politique, un sens aigu de l’Etat et le respect de la dignité humaine. La réconciliation est une vertu à caractère universel qui doit prendre en compte tous les aspects fondamentaux constituant les piliers d’une nation à savoir le peuple, la culture, l’Etat, l’histoire commune... Etant l’effet d’une cause, la réconciliation doit permettre de dégager un certain nombre d’idéaux et d’intérêts communs, facteurs d’unité nationale aboutissant au principe de la nationalité angolaise. La pacification du pays devrait rendre possible la mise en œuvre d’une action en faveur de la démocratisation du système politique du pays et ses institutions ainsi que la promotion et le développement d’un système éducatif adapté aux réels besoins de la nation. Notre peuple a surtout connu une colonisation culturelle qui a consisté principalement à « dépersonnaliser » l’angolais. C’est ce que les colonisateurs appelaient « civilisés ou assimilés ». Le mélange culturel issu des rencontres de différentes ethnies du pays s’est élargi par le métissage culturel provenant de la colonisation et ses conséquences historiques sont en grande partie la source des tensions susceptibles de saper l’unité nationale. L’identité angolaise est donc la somme de contacts de plusieurs valeurs culturelles différentes les unes des autres. Cette situation a créé des rapports de forces difficiles à gérer. Le «bafouement» des valeurs des uns au profit de celles des autres doit être banni. Le métissage culturel et la 6 diversité culturelle doivent être considérés comme un atout dans l’édification de la nation angolaise. A l’instar de la plupart des grandes puissances d’aujourd’hui. Le gouvernement est appelé à travailler dans ce sens et jouer un rôle important dans la recherche permanente de la paix, de la justice sociale, de l’épanouissement du peuple angolais et de concorde nationale. Le rôle de la diaspora La reconstruction nationale doit être un facteur d’unité nationale. Tout angolais, où qu’il soit doit apporter sa contribution. La diaspora angolaise doit pleinement jouer son rôle de citoyens. Elle est en majorité jeune et hautement qualifiée. Trop longtemps ignorée, la diaspora a des ressources pour contribuer à l’effort de reconstruction du pays. Les connaissances techniques et scientifiques dont ses membres disposent sont sans doute indispensables pour l’exécution d’un bon nombre de projets de développement. L’expérience professionnelle des uns et la maîtrise des techniques nouvelles des autres est un gage à une contribution dynamique et efficace à l’effort de reconstruction nationale. Le vécu démocratique de la plupart de cette communauté est à la fois un avantage pour le pays dans la mise en place d’un Etat démocratique. Elle peut prendre une part active et bénéfique pour les institutions. La DIASPORA, étant une force économique, peut être une source importante des devises par des possibles transferts entre celle-ci et le pays. De même qu’elle peut jouer un rôle dans l’encadrement et la promotion sociale par le biais des projets sociaux. Elle constitue donc un pourvoyeur de bien des facteurs de production (travail, capital, technologie). En soutenant le GURN, la diaspora pourra ainsi remplir son devoir de citoyen pour le bien être de la population angolaise et contribuer à la réconciliation nationale pour une nation angolaise prospère qui, selon les critères de Pareto (économiste italien), « l’efficacité économique se définit en terme du bien-être de la collectivité ». Pedro Kiangebeni et Emmanuel Dias Mabanza. La formation d’un gouvernement d’union, un pas en avant dans le processus de paix. Depuis de longs mois, les regards étaient tournés en direction de Luanda. Tous les observateurs en parlaient. Et les Angolais l’appelaient de leurs vœux. Enfin, un gouvernement d’union et de réconciliation nationale est désormais en place. De quoi réjouir le peuple angolais qui, après des années de souffrances et de désolation, en avait finalement marre de cette guerre fratricide à laquelle elle a dû faire face. « Une guerre inutile », reconnaît le Président Dos Santos dans son intervention lors de la cérémonie d’installation, le 11 avril, du nouvel Exécutif constitué. « Loin d’être, à elle seule, la panacée pour résoudre tous les problèmes du pays, ce geste aura au moins marqué l’amorce d’une nouvelle étape, le point de départ d’une ère nouvelle, dans le long et difficile processus de pacification et harmonisation de la société angolaise et pourra contribuer de forme décisive à la solution des nombreux problèmes auxquels le pays est confronté. Cela pour autant que les intérêts nationaux, l’amour de la patrie, l’unité nationale, garants de la paix et d’une démocratie véritables, soient placés au premier plan des préoccupations de l’équipe dirigeante » (sic !). Par ailleurs, le Président Dos Santos exhorte les membres du nouveau gouvernement à accepter et à respecter le principe de la prééminence du chef de l’Exécutif et celui de la collégialité. Principes aux termes desquels les fonctions politiques et administratives fondamentales doivent être exercées par le gouvernement en Conseil des ministres dont les membres devraient suivre les orientations et assumer les décisions avec beaucoup de rigueur et de ponctualité. « Ainsi, aucun membre du gouvernement n’est habilité à prendre des 7 engagements politiques, économiques et financiers au non du gouvernement angolais, avec un autre Etat ou organisations internationales, sans autorisation préalable du Conseil des ministres ou du Chef de l’Exécutif. Ces principes sont universels » a-t-il déclaré en substance. Une des missions prioritaires de ce gouvernement consistera à l’accélération et à la réinsertion des ex-militaires, le plan de déminage indispensable à la reprise de l’activité agricole et à la libre circulation des personnes et des biens, organiser le retour des populations déplacées dans leurs régions d’origine, le désarmement des civils tâche urgente et nécessaire pour l’instauration de la confiance chez les citoyens, pour faciliter sa participation active aux efforts de reconstruction. Ainsi, il s’avère impérieux de procéder à la remise en état des ponts et des routes, des stations d’adduction d’eau, des installations électriques, des réseaux des télécommunications, ... bref de toutes les infrastructures qui ont été détruites durant le conflit armé. A court et à moyen termes, il faudra d’autre part corriger toutes les erreurs du passé, afin de permettre la relance effective de la productivité et d’une économie du marché. En outre, un accent particulier devrait être mis sur la revalorisation du citoyen ANGOLAIS, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions sociales en vue de la stabilité et l’harmonie nationale. La relance économique passe également par la création d’emplois, la hausse de salaires, l’encouragement de l’initiative privée, l’accès des entrepreneurs angolais au crédit, la réhabilitation de la monnaie nationale, le contrôle de l’inflation, la réduction des dépenses publiques, l’augmentation des recettes fiscales, la lutte contre la fraude fiscale. Sur ce dernier point, il faudra adopter une politique fiscale conséquente pour obtenir une meilleure diversification des recettes de l’Etat qui aujourd’hui reposent essentiellement sur celles de la vente du pétrole. Il y a aussi nécessité d’attirer plus d’investissements étrangers et diversifier les exportations. Dans le domaine de la communication sociale, il y a lieu de respecter la libre expression qui est l’un des droits fondamentaux, dans toute démocratie pluraliste. Autre défi à relever, parmi tant d’autres encore : la mise en place d’un système d’éducation à même d’élever le niveau de scolarité et d’encourager la formation professionnelle et l’adoption d’une politique en matière de santé publique permettrait l’accès aux soins à tous. Comme on vient de la voir, il reste encore beaucoup à faire pour redonner espoir aux Angolais dont le rêve d’un avenir meilleur né de l’avènement de l’indépendance nationale en 1975, aura été brisé par plus de deux décennies de guerre. « Nous ne pouvons plus perdre de temps ni continuer à sacrifier les couches les plus démunies » dixit Dos Santos. Belles paroles. Encore faudra-t-il que celles-ci soient traduites dans la pratique par le nouveau gouvernement. Jossart Muanza, Ecublens (VD). Les perspectives des accords de Lusaka Les accords de Bicesse, dont l’application a été interrompue en 1992 après le refus par l’UNITA de reconnaître les résultats des élections, ont été la base des négociations du protocole de Lusaka que nous allons analyser. Pour mieux comprendre l’évolution du processus de paix en Angola, les accords de Bicesse nous intéressent autant que le processus de paix en cours. S'il y a eu reprise de le guerre en Angola parce que l’UNAVEM II dirigé alors par Madame Margaret Anstee n’a pas suffisamment et correctement effectué son travail, surtout en ce qui concerne les points aussi sensibles que le désarmement et la démobilisation de deux parties. Les observateurs ont fait confiance au gouvernement et à l’UNITA alors qu’entre eux un sentiment de méfiance régnait toujours. 8 Les élections précipitées qui étaient l’une des principales causes de l’échec du dénouement de la crise ne sont plus en première ligne, même si la réalisation du second tour des élections présidentielles est prévue dans ce calendrier de mise en œuvre du protocole de Lusaka. « Selon certains observateurs, c’est la certitude de l’emporter manifestée par chacune des deux parties qui aurait permis d’arriver à la date des élections sans incidents majeurs »(1) Notre sentiment, si nous devions débattre sur l’actuel processus de paix est de considérer ce protocole dans son intégralité, car il s’agit du résultat de plusieurs mois de concertation entre le gouvernement et l’UNITA. Seulement, il est heurté dans la pratique à plusieurs difficultés qui constituent la problématique de cette analyse. Le cessez-le-feu est bel et bien effectif. Mais, conformément aux recommandations du protocole de Lusaka, dans sa définition et ses principes, il doit garantir la libre circulation des personnes et des marchandises sur l’ensemble du territoire national. Ce qui est loin d’être acquis. Sa garantie n’est possible que si le désarmement et la démobilisation sont bien menés en vue d’une armée indépendante et apolitique. C’est paradoxal de parler d’une armée commune pendant que les deux parties ne désarment pas et n’abandonnent pas leurs positions. Lorsque nous apprenons qu’une bonne quantité d’armées rendues seraient défectueuses et non utilisables, cela justifie le manque de volonté et aussi la difficulté pour les casques bleus de vérifier à la fois la quantité et la qualité de ces armes collectées. Mais, il est de notoriété publique que l’ancien mouvement rebelle a gardé ses armes les plus performantes et ses meilleurs combattants(2). C’est donc avec ce genre d’indices que le processus de paix devient complexe. Nous savons que le volet militaire, avec les points qu’il comporte, est la clef de voûte du processus de paix. Aussi longtemps qu’il ne sera jamais abouti, et bien il s’agira d’un pas en avant et d’un pas en arrière. En revanche, la méfiance est toujours présente dans les deux camps. Les retards sont essentiellement dus à la méfiance qui est loin d’être écarté. Aucune étape de ce processus n’a été abordée sans réticence. C’est comme si chacune de deux parties se demande si elle ne se fait pas avoir. De ce fait, le processus s’avère long et la fin n’est pas pour demain. Enfin, le processus de paix exige un dialogue sincère avec les parties impliquées dans ce conflit pour une véritable paix. Rappelons-le, la guerre a dévasté notre économie et détérioré le tissu socio-économique du pays. Il est évident et même naturel que les Angolais, partout où ils sont, s’interrogent sur le sort de leur pays et émettent des avis. Au fait, chacun a le droit de dire ce qu’il pense dans le respect de la liberté d’expression pour laquelle nous battons. Mais l’objectif reste l’application des protocoles de Lusaka dans son intégralité. Nous savons en effet que dans le passé il y a eu des erreurs sans lesquelles la guerre n’aurait pas repris. Aujourd’hui, il faudra éviter les mêmes erreurs. On doit s’assurer que le volet militaire ait été totalement réglé avant de penser à la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale, car un désaccord à n’importe que l niveau est susceptible d’occasionner un recours aux armes. Nous pensons qu’on doit attaquer le mal par les racines pour l’éradiquer une fois pour toute. Par ailleurs, nous condamnons toutes manœuvres qui visent à tromper l’opinion internationale afin de gagner du temps. Notre souhait le plus cher est que le peuple angolais connaisse dans les jours à venir une véritable paix afin d’apporter en toute sérénité les défis de prochain siècle. Références : (1) L’échec de la démocratisation en Angola. Laurent Monier, IEUD - Genève ; 1992. (2) Deux ans de paix froide et bien des méfiances en Angola. Journal de Genève du 22 octobre 1996. Ndlr. Cet article a été rédigé avant la mise en place du GURN. João Neto Maiamba. 9 Quid de l’absence des angolais dans les organismes internationaux. Il y a une vingtaine d’années que l’Angola a accédé à l’indépendance. Et depuis, l’ancienne colonie portugaise a adhéré à un grand nombre d’organismes internationaux. Malheureusement, force est de constater que les angolais brillent par leur absence dans ces organismes. Jusqu'à preuve du contraire, l’Angola compte parmi les pays sous représentés au niveau des institutions des Nations-Unies. Récemment encore, le peu de cadres et le taux d’analphabétisme élevé en Angola ont servi « d’argument » pour justifier cet état. Cet argument constitue-t-il la seule raison ? L’exemple suivant en dit long. En 1990, l’Angola devait assumer la présidence de l’organisme des télécommunications pour l’Afrique australe. Curieusement, les autorités angolaises ont désigné une personne dont le profil ne correspondait pas aux exigences de cette fonction alors qu’au pays, il ne manquait des connaisseurs en la matière. Cette politique sélective basée sur l’appartenance ethnique ou autre serait un argument supplémentaire qui expliquerait l’absence des angolais dans les institutions internationales. Il serait donc nécessaire que dans l’avenir le gouvernement œuvre dans le sens de plus de présence des angolais dans ces organismes tant la diaspora regorge un nombre non négligeable de cadres. Eduardo Lubanzadio, Genève. ASILE EN SUISSE ? ! Asile aux Angolais ! En vue d’examiner en profondeur les suggestions faites par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés, OSAR, à la commission d’asile de l’association sur un éventuel plan d’aide au retour des requérants d’asile angolais, une Assemblée Générale Extraordinaire s’est tenue en janvier dernier à Fribourg. Décidée lors de l’Assemblée annuelle du 21 décembre 1996 à Neuchâtel, cette rencontre à laquelle assistaient un grand nombre de nos membres, tous les cantons étant représentés, a été l’occasion de dresser le bilan de la manifestation du 9 août 1996 devant le Palais fédéral à Berne contre la levée de l’admission provisoire et le renvoi des requérants d’asile angolais déboutés et de faire savoir la réponse du Département fédéral de justice et police sur la requête de l’Association. En effet, dans sa réponse, le Département fédéral de justice et police n’apporte aucun élément nouveau, sinon la répétition de la position officielle. En ce qui concerne le traitement des dossiers des angolais demandeurs d’asile, le Département fédéral de justice et police indique que sa pratique se fonde essentiellement sur des rapports de situation établis après évaluation d’informations récentes émanant de diverses sources fiables - précise-t-il - dont la représentation suisse à Luanda. Quant à la levée de l’admission provisoire prononcée à titre individuel, l’autorité fédérale précise que le droit de requérant d’être entendu est respecté et que la décision finale n’est prise qu’après l’évaluation des déclarations de l’intéressé. Par contre, le Département fédéral de justice et police s’est refusé de se prononcer sur une position officielle et publique du Conseil fédéral en ce qui concerne l’ensemble du problème des requérants d’asile angolais en Suisse, sur l’élaboration d’un plan de réinsertion sociale ainsi que sur sa politique de classement des Etats qui s’est avérée préjudiciable pour les Angolais qui, depuis plus de dix ans, aucun d’entre eux n’a obtenu l’asile politique en Suisse. Nicolau Makuntima. 10 Vaud : Pour un esprit d’ouverture et de dialogue Le 12 mars dernier une commission spéciale de l’Association, composée principalement de MM. Nicolau Makuntima, Décant Keto, Pedro Buanga et Esteves Ntimunsende, s’est déplacée à Lausanne pour rencontrer Monsieur Frédéric Chevallay, Responsable du Service de la Population et des Migrations du canton de Vaud afin d’aborder le sujet crucial de l’année : la situation des requérants d’asile Angolais dans le Canton de Vaud face à la décision de l’autorité fédérale en matière de renvoi. Réunis dans son bureau, Monsieur Chevallay a fait appel à Monsieur Grin, le patron de l’Office cantonal des requérants d’asile (OCRA) ainsi que ses deux collaborateurs. Entrant dans le vif du sujet, Monsieur Grin a longuement évoqué la politique d’asile dans son ensemble, et en particulier, la manière dont le canton de Vaud applique les directives émanant du Conseil Fédéral en la matière. Il a souligné que l’asile est un domaine tout à fait réservé au Conseil Fédéral ; les cantons ne se contentant qu’à l’exécution des orientations définies par les autorités fédérales et, si possible, à l’émission des propositions sur certains cas précis. Ainsi, contrairement à d’autres cantons, Vaud privilégie la concertation et le contact direct avec les requérants d’asile en fin de procédure et ne fait jamais recours à la police pour l’exécution de leur renvoi, sauf pour des cas d’extrême urgence. En ce qui concerne le rapatriement des Angolais, M. Grin nous a assuré que son canton n’a jamais accompagné un requérant débouté jusqu’en Angola. Par ailleurs, il a indiqué que l’Office fédéral des réfugiés (ODR) se heurte actuellement à d’énormes difficultés sur l’établissement des documents de légitimation pour le renvoi des requérants angolais déboutés ; l’Ambassade de Bonn se refusant à délivrer pour le moment des telles pièces d’identité. Sur ce, le Département Fédéral des Affaires Etrangères est actuellement en pourparlers avec les autorités diplomatiques angolaises installées à Bonn pour trouver une solution à ce problème. Pour ce qui est de l’octroi du permis « B » humanitaire, Monsieur Grin a fait savoir que les cantons peuvent proposer des candidats au Conseil fédéral à condition qu’il y ait cas de force majeur ou cas d’exception, notamment la maladie. Par ailleurs, les conditions pour l’octroi de ce permis « B » humanitaire pour les familles sont : résider en Suisse plus de cinq ans dont deux années en possession du permis « F » ; être indépendant, donc avoir un travail fixe ; avoir des enfants en âge de scolarité, en fin de scolarité ou en début d’apprentissage. Seulement, il faudrait noter que ces conditions sont cumulatives pour certains cas. Quant aux requérants d’asile déboutés dont le rapatriement ne peut être exécutoire faute de documents de légitimation ou à défaut de l’établissement d’une réelle identité, le canton, après avoir épuisé toutes les possibilités, notamment, la présentation de l’individu auprès des ambassades des pays voisins pour identification peut en dernier recours demander un permis humanitaire ; précise Monsieur Réfugié du canton de Vaud En fait, l’entretien élargi tenu à la demande du Comité Exécutif de l’AAS s’est déroulé dans un climat détendu et une ambiance bon enfant. Il s’agit là du premier pas d’un processus de rapprochement et de coopération que nous appelons de tous nos voeux entre l’Association des Angolais de Suisse et les autorités helvétiques sur tous les niveaux, car, cette entrevue, la première du genre à ce niveau, a permis d’amorcer un dialogue entre l’Association et les autorités vaudoises en matière d’asile et d’étrangers, et d’apprendre comment les cantons gèrent leur problème des requérants d’asile dans sa généralité. D’ailleurs, M. Chevallay a souligné dans son mot de la fin que son département fait toujours preuve de l’esprit d’ouverture et de dialogue dans la gestion du problème de réfugié et de requérant d’asile. Décant Keto, Fribourg. 11 POESIE – POESIA Terre larvée Du côté d’ici j’entrevois ma terre larvée comme le ciel cache la lune. Cantiques des nuages parsemés au gré du jour comme de la nuit. J’entends monter en moi la sève de la semence d’une nuit d’extases. J’étincelle par la beauté de mes mots incandescents. Le rire se fait jour. Tandis que les pleurs de la nuit s’en vont vacillants entre les eaux. Une floraison d’îles de Luanda flotte sur cet océan du fond coléreux. Le volcan s’avance à pas de géants. Hé, peuple, m’entends-tu ? Je n’ose rien dire de ne devoir que d’humiliations et des vexations. Là, près de nous, un arbre géant étale majestueusement ses branches. Par dessus, les feuilles grandissent. Les fleurs luisent des couleurs arc-en-ciel. J’exhale le parfum qui embaume alentour. Beauté, vous dis-je. Cette terre larvée est la nôtre. Malgré les turbulences, la tempête finit toujours par se calmer. Un jour viendra où cette terre spoliée reviendra à nous. Et ce matin-là, du côté d’ici, j’entendrai chanter la pie sur un arbre fleuri. Alfonso Sadi, Genève, 6 février 1997 Parlons-en ! (A mon fils Patrick et à ma fille Samia) Angola, Angola ô joyeux pays de rêve Que sais-tu de ton avenir hypothéqué ? Les gypses pour le fer et le corail Tu es le fier guerrier qui veut battre le fer rouge Gloire à toi, pays où enfin cueillerons-nous Le fruit de notre combativité de refuser la peur Mais d’être au devant de la scène Pour dire tout haut Angola, Angola ô joyeux pays de rêve Tes enfants qui ne renient rien toujours à l’affût Prisonniers de ton emprise, Mais qui donc peut y résister ? comme le roseau, tu ne plies jamais Du matin au soir, tes enfants sont à l’ouvrage, Pour dire tout haut Angola, Angola, ô joyeux pays de rêve. Afonso Sadi, Genève. Circonflexe L’écume du jour descend lentement comme une masse plonge dans la boue Et puis, je marche seul sur un chemin de l’étrange mais armé. Tu sauras où il a bien fallu se rendre à l’évidence que tout va bien. Alfonso Sadi, Genève. HUMOUR : L’histoire passionnante de séparation des Blancs et des Noirs Il était une fois dans un pays qui n’a pas de nom et qui pouvait être à la fois le paradis et l’enfer. Là dedans, vivaient des hommes et des femmes de toutes les couleurs. Mais deux couleurs se distinguaient : la Noire et la Blanche. Donc, il y avait des gens de race noire et des gens de race blanche. Tous ces gens vivaient ensemble. Ne se voyant même pas. Ne se faisant 12 même plus attention. Il n’y avait pas de plus intelligents que les autres ; des moins importants que les autres ; des plus beaux que les autres. Ils ne connaissaient même pas de différences. Un jour pourtant, les Noirs et les Blancs se firent une grande dispute pour une raison inconnue. On ne savait pas pourquoi ils se chamaillaient et personne ne voulait céder. A la fin, ils décidèrent d’aller voir Nzambi, le Dieu Tout-Puissant qui habitait au milieu de la forêt. Celui-ci leur demanda qu’est-ce qu’ils voulaient. Ils expliquèrent que c’était devenu impossible de vivre ensemble. Dieu décida de nommer un chef pour tous. Il proposa Moundélé. Les Noirs protestèrent. Ils craignaient que celui-ci soit partial et ne défendrait que les Blancs. Dieu proposa Moïndo. Les Blancs protestèrent. Ils invoquèrent la même raison. Alors, Dieu nomme Moulato qu’il estimait à mieux rester au milieu des Blancs et Noirs. Ces derniers le rejetèrent. A la fin, Dieu leur imposa des épreuves. La première épreuve fut remportée par les Blancs, comme la deuxième. La dernière épreuve consistait à fabriquer une pirogue pour traverser la mer. Les Blancs réussirent vite qu’ils se retrouvèrent de l’autre bord de la mer. Dieu décida que les Noirs resteront là où ils sont, c’est-à-dire, sur une terre riche, tandis que les Blancs, puisqu’ils sont partis, vivront sur une terre pauvre. Comme punition, les Blancs travaillent toute leur vie et les Noirs n’en auront pas besoin. Le seul problème, les Noirs doivent se préparer afin d’empêcher le retour des Blancs qui tentent toujours de revenir et de voler les richesses de la terre des Noirs. Ainsi donc, Dieu a parlé ! Alfonso Sadi, Genève. MUSIQUE Evolution de la musique angolaise En attendant de réinventer un air nouveau angolais... (Deuxième partie) Des artistes comme Bonga, qui pendant près de vingt-cinq ans a pu tenir et marquer son empreinte honorablement pour la musique angolaise, est à féliciter sincèrement. Surtout dans ces moments-là du drame de l’Angola. On peut dire que, ni la colonisation portugaise, ni l’indépendance du 11 novembre 1975 et ses conséquences, n’ont pu aider les artistes angolais et encore moins favoriser l’éclosion musicale. Les musiciens angolais se sont eux-mêmes pris en charge quant à leur carrière artistique. Ce sont donc les artistes qui se sont battus seuls pour sauver ce qui pouvait encore être sauvé. Comme tous les Africains, le Angolais ont le sens de la musique dans la peau. Une anecdote me vient à l’esprit. Je me souviens encore d’un soir où ma mère m’amena à une célébration de la naissance de jumeaux. Il y avait foule cette nuit-là. On aurait dit que tout le village s’est donné rendez-vous pour fêter cet événement. Nous sommes entrés dans la case où nous trouvions la femme en train d’allaiter les deux bébés. Bien entendu la rituelle cérémonielle était au rendez-vous : une bassine d’eau devant la porte d’entrée d’où les visiteurs pouvaient jeter quelques pièces de monnaies, une matrone appliquant la peinture blanche sur les visages, la chanson osée d’une griotte louant les mérites de la maternité et la sexualité des mâles, pour l’occasion passée dans l’entrejambe de la femme ! ... Brusquement surgit d’on ne sait où, une musique envahi le village entier. On vit surgir effectivement un groupe de femmes assez fortes tapant rageusement sur des casseroles vides, s’époumonant à chanter des mélopées en kizombo : « ééé Nsimba yé nzuzi... niéngéné nién !... ». Tout le monde se mit à reprendre ce refrain tout en dansant. On fit une place au milieu devant la case, autour un immense feu. Le chef du village exigea la présence de l’amie de ma mère. La matrone vint chercher la maman, on fit un cercle et l’orchestre agrémenta la soirée, relayé à la fin par les hommes. Cette nuit-là je vis mon père, un homme si retenu s’exhiber en public une danse mémorable tandis que ma 13 mère vocalisait avec les femmes et tapaient des mains. La fête prit toute son importance avec la musique et la danse. Pourquoi cette parenthèse ? Parce que j’ai trouvé l’anecdote très intéressante à raconter. Cette façon d’improviser la musique, cette manière de communier simplement avec un air de famille, cette occasion donnée qui incite les griottes d’imaginer des chansons plaisantes, est une preuve que la musique a sa place, sinon la plus importante place en Angola. Au niveau de la créativité, il faut une condition nécessaire pour aboutir à ce qu’on appelle une invention. On ne crée que lorsqu’on est bien inspiré. Pour qu’une musique soit comprise et acceptée, elle doit savoir capter l’oreille du mélomane. En ce qui concerne la musique angolaise singulièrement, il faudrait que celui qui l’écoute puisse au moins l’identifier. La variété musicale angolaise offre un large étendard dans toute la périphérie nationale. Le pays a la chance de posséder des diversités culturelles. Le folklore en est aussi une illustration. On peut par exemple évoquer la richesse du folklore « mucubal, tschokwe, mbundu, zombo ou herero ». Comme on peut dire de même du folklore métissé portugais-angolais ou brésilien-angolais. Le pays est à lui-même profondément métissé culturellement qu’on peut passer sous silence d’autres influences culturelles qui formeront demain un autre folklore angolais, telle que la veut la réalité historique de l’Angola. Le combat culturel d’aujourd’hui pour le pays, c’est justement celui d’éviter les années sombres de la léthargie et de l’inertie qu’a connu le pays durant une trentaine d’années. (A suivre) Alfonso Sadi, Genève. Pacha présente « Voyage ya poto » (Voyage pour l’europe) Son album continue à faire des vagues. Les mélomanes en redemandent. Il faut dire que ce charmant garçon nous a gâté dans son dernier CD qu’il a intitulé « Voyage ya poto » ! Sur les onze chansons, on peut le dire sans contrainte, qu’elles sont toutes belles, variées et dansantes. Nous avons croisé Pacha aux abords de la gare Cornavin de Genève. Un entretien à bâtons rompus... N’Gola : Comment ça va ? Pacha : Très bien, merci. L’album « Voyage ya poto » me procure un grand bonheur. Le public m’a réservé une surprise en plébiscitant mon compact-disc. N’Gola : On peut dire que tu as bien travaillé tes chansons ! Pacha : Bien sûr. Après la série de « Felizance et Ado Mbengani », il a fallu recharger les batteries pour offrir au public quelque chose d'excellent. N’Gola : Deux chansons attirent l’attention, « Ba parasites », et surtout « Voyage ya poto ». Qu’est-ce que tu voulais passer comme message dans ces deux morceaux ? Pacha : Ceux qui vont écouter cette chanson avec attention sauront ce que je veux dire. En effet, j’ai voulu par cette chanson , raconter une véridique, attirer l’attention des africains, en général, qui continuent à mystifier nos frères restés en Afrique, en leur faisant croire qu’en Europe, c’est le paradis. Tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Ils rentrent de vacances en Afrique après avoir travaillé durement, parfois humiliés dans leur propre dignité et veulent faire croire aux autres qu’ils ont réussi ! ce n’est pas servir l’Afrique. Il faut désormais que les jeunes en Afrique sachent que nous ne sommes pas tous heureux en Europe. Loin de la réalité ! Il faut oser l’avouer, notre avenir à tous se trouve en Afrique. Propos recueillis par Alfonso Sadi, Genève. 14 PORTRAITS DES FEMMES ANGOLAISES par Alfonso Sadi, Genève 1. Un mannequin en Suisse : Sonny Pereira Elle est belle et métisse. Une beauté comme sait produire notre pays, l’Angola. Sonny Pereira est née à Porto. Alexandre, en Angola, un mois d’Avril 1972, et habite la Suisse. Très tôt, elle est déracinée de sa terre natale pour le Portugal dans un couvent des soeurs religieuses. Elle y restera le temps de parfaire sa scolarité primaire et secondaire. A 16 ans, elle débarque en Suisse mais très vite, elle doit repartir en France, car c’est là-bas que son destin va lui sourire. La nature lui a donné la beauté, la grâce, l’élégance d’une belle plante angolaise. Sonny Pereira n’est pas dupe. Ce don du ciel doit être exploité. Elle sera mannequin. Pour cela, elle apprend les langues pour mieux communiquer. Aussi à l’aise en portugais qu’en français ou en Anglais et en Espagnol, Sonny Pereira porte en elle l’image d’une angolaise qui veut réussir dans un milieu où la concurrence est rude. Elle sait tout des grands mannequins qui lui servent de modèle. Mais, elle garde les pieds sur terre. A Lausanne, où elle a établi ses pieds à terre, Sonny Pereira continue à côtoyer le milieu de la mode, de la beauté et des défilés de mode pour les mannequins. Elle est persuadée que la femme angolaise, pas sa beauté, a encore beaucoup de chance de se faire parler d’elle sur les podiums ! 2. Carla Peairo : artiste peintre Née à Benguela (Angola) en 1961, Carla Peairo a fait des études supérieures en Angola. Les sciences de l’éducation sont intéressantes mais pour elle, la passion reste les arts plastiques, qu’elle a découvert à l’âge de 12 ans. Parallèlement, elle suivra des cours de dessin, de peinture et de décoration. En 1973, elle atterrit à Lisbonne, au Portugal. Le monde des arts l’interpelle. Carla suit des ateliers de sculpture et arts graphiques ainsi que le modelage d’argile. C’est à Neuchâtel qu’elle va installer son premier atelier, et présente ses oeuvres. Les admirateurs ont pu apprécier ses pièces dans des expositions, par exemple, à la Galerie Loi de Peseux, près de Neuchâtel. Carla Peairo sait, à merveille, promouvoir la culture angolaise en Suisse, à sa manière, bien sûr. On peut admirer ses toiles d’une beauté époustouflantes dans sa Galerie de Neuchâtel. Lorsqu’on observe attentivement ses toiles, les angolais ne manquent pas de déceler les images de notre pays sur aquarelle ou mixte sur toile. Les couleurs donnent de plus en un relief fluorescent. Carla Peairo travaille beaucoup, car, pour ceux qui ne le savent pas, un artiste-peintre doit passer des heures et des heures afin d’aboutir à la perfection d’une œuvre authentique. C’est cela qu’on appelle une vraie œuvre d’art... 3. Florence Chitacumbi : Chanteuse-compositeur Les lecteurs de notre journal se rappelleront de cette jeune femme métisse qui nous a accordé une interview à l’occasion de la sortie de son dernier CD intitulé « Uniq ». Un album qui a ravi plus d’un sur le plan de sa prestation vocale comme aussi musicale. Florence habite Neuchâtel, comme Carla Peairo. Elle a débuté très jeune en fréquentant tous les milieux musicaux avec des différents styles. Son père, d’origine ovimbundu lui a légué le sens du rythme angolais. Elle s’est découvert des talents en interprétant le soukous, le reggae, le jazz, le zouk, le soûl, le jazz-funk. Electrique, Florence a mieux digéré tous ces styles pour en créer un qui lui est propre. Ce n’est pas pour rien qu’elle est souvent présente dans tous les festivals de musique en Suisse. Il faut ajouter qu’elle a complété ses connaissances en fréquentant des ateliers de musique et le conservatoire de La Chaux-de-Fonds. Pour mieux mesurer le travail de cette jeune angolaise, il suffit d’écouter « Uniq », un hymne à l’amour entre les peuples. 15 COURRIERS DES LECTEURS Une Association, pour quoi faire ? Lorsque l’intérêt ou les exigences du moment y concourent, la logique nous commande une série de décisions et une prise de conscience. Ceci nous porte à dresser un bilan exhaustif de notre vécu. Concrètement, l’idée de créer une association angolaise dans l’agglomération lyonnaise, qui plus tard revêtira un caractère régional (Association des Angolais Résidents en Région Rhône-Alpes - A.A.R.A.), a pris corps à partir des années 1990. Cette époque sera marquée par une arrivée considérable de ressortissants angolais dans cette partie de la France. Il a fallu attendre la fin de l’année 1992 pour que ce projet prenne vraiment forme et commence à se concrétiser. En effet, le 28 novembre 1992, quelques Angolais de la ville de Lyon vont se réunir pour discuter de la possibilité de mettre sur pied une association. Le 6 décembre 1992, ceux-ci vont décider d’élargir le cercle de réflexions à d’autres ressortissants angolais de Lyon et ses environs. Ce groupe qui constituera le noyau, va définir les objectifs et déterminer les structures de l’organisation avant la tenue officielle de l’assemblée constitutive qui eut lieu le 24 janvier 1993. Aujourd’hui, plus de quatre ans après son existence, l’A.A.R.A. qui envisage son avenir avec optimisme, a la droit de reconnaître avec fierté que le temps a donné raison à ceux qui ont cru et soutenu une telle démarche. Leur fierté se trouve renforcée à l’idée de laisser à la postérité un outil de promotion et d’intégration aux générations futures et à d’autres personnes qui s’y attachent. Loin de nous la prétention de dresser à la hâte un bilan, l’Association Angolaise en région Rhône-Alpes compte déjà à son actif quelques actions importantes. Dans cette optique, elle s’emploie à renouveler ses commissions de travail qui doivent s’atteler à un profond travail d’actualisation des textes statutaires et à l’examen des autres points essentiels à l’éclosion harmonieuse du groupe. Pour répondre à cette préoccupation et par souci d’échange d’expériences et de dialogue avec les autre angolais, le staff dirigeant et quelques membres de l’A.A.R.A. se sont rendus les 1er et 2 mars 1997 à Genève, au pays de la Confédération Helvétique où ils ont rencontré leurs compatriotes de l’Association des Angolais de Suisse. Cette rencontre a été un rendez-vous mûri et pensé depuis de nombreux mois. Elle a constitué un pari et un défi que s’est fixé l’organisation angolaise de la région Rhône-Alpes, aux termes de ses objectifs statutaires. La concertation d’autant plus nécessaire à un rapprochement, longtemps soutenue au bout des lèvres, a débouché sur un engagement de redressement des liens patriotiques. Elle a également porté sur l’instauration d’un réel dialogue et un échange d’expériences. En plus, elle a eu le mérite de définir quelques grands axes de l’action future entre les deux parties. Cependant, quelques questions demeurent encore pour cibler les critères et les conditions d’un dialogue permanent et fructueux. Cela nous porte à conclure que seules les bonnes intentions ne suffisent pas. Un travail sérieux et de longue haleine s’impose. L’objectif entre les deux associations, c’est la coopération, un cadre de concertation, mais dans le respect des compétences de chacun. Il n’est pas question de confondre, mais de rapprocher et d’enrichir les compétences respectives. Certes, on n’est loin d’imaginer la création d’autres structures à la place de celles déjà existantes, une espèce d’autorité. Chaque partie doit adopter ses plans directeurs selon les règles qui lui sont propres. A l’issue de la rencontre, une autre note positive a porté sur l’éventualité de réunir à des grandes occasions les Angolais résidant dans les pays d’Europe dans le cadre des journées de réflexions sur leur avenir et celui de l’Angola. 16 Face à la conjoncture mondiale et aux aléas, les discussions de Genève ont longuement porté sur des projets divers et ambitieux. Eventuellement, l’A.A.R.A. se mobilise à entreprendre des initiatives d’ordre humanitaire et d’actions d’aide au développement. Toutes ces actions procèdent d’un souci de solidarité avec le pays d’origine. La réussite de ce programme tient à d’importants paramètres relatifs à l’organisation, à l’apport financier et autres contraintes extérieures. Une association pour quoi faire ? Pour y répondre, il est indispensable de mettre l’accent sur la réalité associative. Aujourd’hui, aux quatre coins du monde, le mouvement associatif a fait ses preuves. Elle est partie intégrante de la vie quotidienne des citoyens. Elle est composante à part entière de la société. Nulle société ne peut s’en passer, au risque de se voir priver d’un vrai outil sur le plan social au bénéfice des populations. Selon différentes définitions fournies par d’importants ouvrages, l’association est la constitution d’un groupe de personnes qui décident de mettre en commun d’une forme 0permanente leurs connaissances ou leur activité dans un autre que de partager des bénéfices. D’où l’association est un contrat ou un pacte social accepté par les différences parties qui sont composées de ses membres. Aujourd’hui, l’Etat qui semble de moins en moins inefficace à résorber seul certains défis et autres phénomènes sociaux d’actualité a positivement pris conscience et admis l’existence des associations et autres organisations. Dans bien des cas, l’intervention publique a montré ses limites. Dans la plupart des pays développés, le rôle des associations et leurs implications dans nombre de politiques publiques n’est plus à démontrer. Elles sont des vecteurs de sociabilité et des instruments du changement, mais aussi des actions économiques essentielles pour faire face aux besoins sociaux en émergence, à des questions cruciales de société et pour créer des emplois. Pour les pays minés par différentes crises, en l’occurrence, les pays du tiers monde, la prolifération du secteur associatif pourra, avec un réel sens de responsabilité, réconcilier l’initiative privée et l’intérêt général. Elle est capable de restaurer la cohésion sociale. Le monde associatif est parvenu à se forger une identité propre et a acquis une reconnaissance incontestée. Il est fondé sur l’engagement bénévole dans un but d’utilité sociale. La réalité associative n’est plus à démontrer, elle existe, elle fait partie intégrante de la vie quotidienne. Et, être acteurs de la vie associative suppose de s’investir dans les associations, mais aussi de créer leur propre structure, car l’exercice des responsabilités aide à devenir des citoyens actifs. La vie associative est la somme de plusieurs engagements, de dévouement, de générosité, de privations ; soit, la somme de beaucoup de sacrifices et de gestes magnifiques. Alfredo Matondo, Lyon - France. 17