Panorama 2015 de la gestion

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Panorama 2015 de la gestion
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COMMUNIQUE DE PRESSE
MARCHE FRANÇAIS DE LA GESTION POUR COMPTE DE TIERS
EN 2015, RETOUR A UNE COLLECTE POSITIVE (+36,1 MDS €)
ET PROGRESSION DE 5% DES ENCOURS GERES QUI APPROCHENT LES 3 600 MDS €
 En 2015, les fonds (OPC) français ont renoué avec une collecte nette positive globale de +36,1 mds €,
contre des sorties nettes de -21,4 mds € en 2014. Celle-ci s’est concentrée sur les fonds diversifiés (+16
mds €) et les fonds monétaires (+23 mds €). Les souscriptions nettes sur les fonds actions s’élèvent à
+3 mds €.
 Les encours globaux sous gestion en France (mandats et OPC) poursuivent leur progression en 2015
(+170 mds € soit +5%) approchant les 3 600 milliards d’euros. Depuis le point bas de 2008, le taux de
croissance annualisé est de 5,3%.
 L’encours des OPC de droit français augmente de +5,2%, et approche 1 700 mds € (920 mds € de
FIA et 763 mds € d’OPCVM), tandis que les mandats des clients français et étrangers (y compris les
fonds étrangers gérés en France) croissent de +4,7%, dépassant désormais les 1 900 mds €.
 Au niveau européen l’encours des fonds a atteint 12 640 mds € à fin 2015, en progression de +11,9%
sur un an. Les SGP françaises, en s’appuyant notamment sur une internationalisation croissante de
leurs clientèles, bénéficient de ce dynamisme.
 En termes de gestion financière (fonds et mandats), les SGP françaises occupent la deuxième place en
Europe avec une part de marché de 20%. En termes de domiciliation des fonds, la France occupe la
deuxième place en Europe pour les fonds FIA (21% de parts de marché), et la quatrième place pour
les OPCVM (9%).
 La faiblesse des rémunérations offertes par les livrets et les contrats d’épargne reposant sur une
allocation dominante en produits de taux pèse fortement sur la valorisation des patrimoines
financiers des ménages français, dont l’allocation, largement influencée par la fiscalité, est très
majoritairement investie en immobilier et en produits financiers liquides et garantis. De nouvelles
incitations et/ou modalités d’épargne longue devraient être mises en place, afin que l’accumulation
des patrimoines individuels puisse satisfaire les besoins futurs liés à la retraite et à la dépendance, et
mieux participer, avec l’investissement institutionnel, au financement de l’économie.
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L’économie française, comme celle d’autres pays de la zone euro, fait face à des déséquilibres structurels
puissants : démographiques, avec l’allongement de la durée de vie et l’augmentation de la part des personnes
inactives ; économiques, avec l’affaiblissement du taux de croissance, et enfin financiers, avec le faible niveau des
taux d’intérêts et le niveau croissant de la dette publique.
La faiblesse des rémunérations des comptes et livrets et sur les marchés de taux, particulièrement pour les titres de
dettes publiques, impacte de façon croissante les contrats d’épargne investis de façon dominante en obligations.
A titre de comparaison, le poids des actions cotées, détenues directement ou indirectement, dans le patrimoine
financier des épargnants anglo-saxons est de l’ordre de trois fois supérieur à celui des ménages français1. Dans une
logique de long terme, il résulte de cet écart dans la structure des patrimoines un risque de sous-rémunération de
l’épargne, affectant plus particulièrement les jeunes actifs.
Ce constat montre l’importance et l’urgence de la réorientation progressive des placements des ménages, dans un
cadre réglementairement et fiscalement adapté2, vers des solutions d’épargne à long terme qui favorisent
réellement, et plus qu’aujourd’hui, l’investissement en fonds propres d’entreprises. Les deux missions de l’AFG
« Fiscalité de l’épargne », « Financement des PME/ETI » et sa commission « Solutions d’épargne » feront, en
2016, des propositions concrètes en ce sens. Cette réorientation aurait une double vertu : d’une part faire bénéficier
directement et davantage les épargnants des revenus générés par des patrimoines mieux valorisés, et d’autre part
assurer un volume et des flux de financement réguliers vers les besoins d’investissements à long terme nécessaires
à la croissance (cf. Annexe).
La gestion d’actifs3 est le principal acteur permettant que le besoin de capitalisation de l’épargne puisse prendre
progressivement le relais d’une partie des financements de bilan bancaire. En effet, les gestionnaires d’actifs
disposent d’expertises financières reconnues dans un cadre organisationnel efficient en matière de contrôle des
risques opérationnels et de conflits d’intérêts. Dans un marché très concurrentiel, la gestion française pour compte
de tiers a su évoluer et s’adapter à la densification de son cadre règlementaire, accroissant la professionnalisation et
la technicité de ses métiers, comme l’internationalisation et l’élargissement de ses activités qui se trouvent au
carrefour entre les besoins de ses clients, épargnants individuels et investisseurs institutionnels, et de ceux du
financement de l’économie. La mission AFG « Compétitivité de notre Place de gestion » fera en 2016 des
propositions pour que cet atout stratégique pour notre pays puisse encore se renforcer.
Cette note présente les grandes lignes de l’évolution en France et en Europe du marché de la gestion d’actifs avec
un focus sur l’année 2015. Analysant l’allocation sous-optimale des ménages français, une annexe souligne
que la capacité d’accumulation des patrimoines financiers devrait être mise au cœur de la politique de l’épargne.
1
“Rôle des sociétés de gestion dans le financement de l’économie de la zone euro : changement de paradigme ?”, C.Pardo / T.Valli, Revue
d’Economie Financière n°118, juin 2015.
2
“L’impôt sur le capital au XXIe siècle”, M.Didier / JF.Ouvrard, Coe-Rexecode / Economica, 2016.
3
Idem note n°1
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 Des encours de 3 600 mds €, en progression de +5%, qui confirment l’importance économique
de la gestion d’actifs française
Les encours globaux gérés en France (mandats et OPC) poursuivent leur progression (+5% ou +170 mds € sur
un an) approchant les 3 600 milliards d’euros. Depuis le point bas de 2008, le taux de croissance annualisé est de
+5,3%, à comparer au taux de croissance du patrimoine financier (hors actions non cotées) des ménages, de +3,8%
et à celui du PIB +1,3%. Ceci correspond sur la période à plus de 1000 mds € d’encours sous gestion
supplémentaires.
Actifs gérés pour compte de tiers sur le marché français
(Montants en milliards d'euros)
3 421
(+9,6%)
OPC de droit français
Mandats y compris OPC de droit étranger
2 658
(+12,9%)
2 917
(+4,2%) 2 768
2 800
(+11,6%)
(-5,1%)
2 779
(+4,6%)
1 683
1 599
2 087
(+16,1%)
1 509
1 514
1 798
(+6,6%)
3 120
(+3,2%)
2 509
(-9,7%)
2 354
(+12,8%)
1 686
(+14,5%)
3 025
(+9,3%)
1523
1594
1544
3 591
(+5,0%)
1 543
1 387
1384
1329
1 473
(+3,7%)
1164
1050
1016
888
585
670
2001
2002
748
2003
923
2004
1 025
1 114
1 185
1 125
2005
2006
2007
2008
1 277
2009
1 403
1 381
2010
2011
1 516
1 577
2012
2013
1 822
1 908
2014
2015
Source : AMF/ BDF/ estimations à fin 2015 de l'AFG pour les mandats, les fonds étrangers et français à vocation spécifique
Plus en détail, les actifs gérés sous mandat, investis à une large majorité en produits de taux pour des clients
sociétés d’assurance, seraient en progression de près de 4% (1 600 milliards d’euros), après une croissance de
+12% en 2014 impactée positivement par le transfert en France d’actifs précédemment gérés dans d’autres pays
européens. Courant 2015, les politiques monétaires expansionnistes ont fait basculer en territoire négatif les taux
réels d’emprunts publics pour les maturités à court et/ou désormais moyen terme. En perspective, le maintien des
taux d’intérêts à un très bas niveau devrait continuer à réduire progressivement les rendements offerts par les
comptes et livrets et par l’assurance-vie en euros.
La gestion financière en France d’OPC de droit étranger dépasse désormais quant à elle les 300 milliards
d’euros, soit une hausse de +50% depuis fin 2013. Le renforcement de la distribution pour des clients nonrésidents par un nombre de plus en plus conséquent de sociétés de gestion filiales d’un groupe ou entrepreneuriales,
ainsi que les restructurations de gammes de fonds sont à l’origine de cette tendance. Au total, plus de 450 mds €
seraient désormais gérés en France sous forme de fonds ou de mandats pour des clients non-résidents.
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Même si la création de fonds se poursuit, le nombre d’OPC domiciliés en France continue de diminuer en 2015,
particulièrement pour les fonds de fonds alternatifs, les fonds monétaires, et les fonds à formule.
En 2015, l’encours des OPC de droit français augmente de +5,2% (soit + 83,7 mds €), malgré le transfert de
domiciliation de certains fonds (14 mds €) qui restent gérés en France, et approche 1 700 mds €. Parmi ces fonds,
l’actif net des FIA (Fonds d’investissement alternatifs au sens de la directive AIFM) s’élève à 920 milliards d’euros
(-1,3% sur un an) et celui des OPCVM (UCITS) à 763 mds € (+14,4% sur un an).
Evolution des encours des organismes de placement collectif (OPC) domiciliés en France
Actifs nets à fin 2015 (mds €)
Variation 2015
Variation 2008- 2015
Type de fonds
OPCVM
FIA
Total
en mds euros
en %
en mds euros
TCAM*
Actions
210,8
91,4
302,2
20,0
7,1%
112,4
6,9%
Diversifiés
158,3
157,0
315,3
27,2
9,4%
96,8
5,4%
A formule
9,1
18,9
28,0
-8,1
-22,4%
-42,7
-12,4%
Obligations
114,9
127,3
242,2
2,5
1,0%
88,1
6,7%
Monétaires
269,9
41,0
310,9
23,3
8,1%
-176,7
-6,2%
Sous-total
763,0
435,6
1198,6
64,9
5,7%
77,9
1,0%
0,0
484,4
484,4
18,8
4,0%
221,1
9,1%
Total
763,0
920,0
1 683,0
83,7
5,2%
299,0
2,8%
Total hors Mon.
493,1
879,0
1 372,1
60,4
4,6%
475,7
6,3%
Autres*
So urce : B DF // estimatio ns à décembre 2015 de l'A FG po ur la catégo rie "A utres" : FCC/FCT, Fds de fds alternatifs, FCP E, FCP R, OP CI, SCP I et FCIM T.
* Taux de cro issance annuel mo yen
Dans un contexte de volatilité et de baisse des marchés boursiers pendant la seconde moitié de l’année 2015,
l’encours des OPC actions qui avait progressé de +12,3% sur les six premiers mois, termine l’année sur un gain
de +7,1%. Sur une plus longue période, soit depuis le creux des marchés en 2008, le taux de croissance annualisé
approche les +6,9%, principalement dû à l’effet de marché. L’année 2015 a vu le retour, timide, des souscriptions
nettes (+ 3 mds €), soutenues tout au long de l’année par la collecte des ETF et de certaines gestions actives. La
quasi-absence d’investisseurs institutionnels à passif long, et les nouvelles contraintes de solvabilité pesant sur les
sociétés d’assurance continuent cependant à limiter le financement en fonds propres de notre économie par des
investisseurs locaux.
Les fonds diversifiés sont les principaux collecteurs (hors monétaires) cette année (+15,6 mds €), soutenus en
partie par le dynamisme des fonds d’assurance vie en unités de compte (+13 mds €).
Le poids des fonds monétaires dans l’ensemble des gestions se normalise. Si ces fonds représentaient lors de la
crise près de 44% des encours OPC à vocation générale contre 26% aujourd’hui, ils ont renoué en 2015 avec une
collecte positive de +23,1 mds € (contre - 30 mds € de sorties nettes en 2014). La collecte s’est concentrée sur les
fonds monétaires classiques au détriment des fonds monétaires court-terme fortement impactés par le niveau des
taux.
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Les fonds obligataires enregistrent une légère collecte positive de +2,9 mds €, plus limitée cependant qu’en 2014
(+19,5 mds €), et orientée principalement vers les fonds obligataires court-terme.
Parmi les fonds constituant la catégorie « Autres », les fonds de gestion immobilière et de capital investissement
connaissent cette année encore des progressions de leurs encours supérieures à +10%. Les fonds d’épargne
salariale devraient pour leur part terminer l’année à environ 120 milliards d’euros d’encours (+9%).
Au global, les souscriptions nettes s’élèvent à +36,1 mds € en 2015, contre des sorties de -21,4 mds € en 2014.
Souscriptions nettes des OPC de droit français à vocation générale
(Source : BDF et calculs AFG - en milliards d'euros)
Monétaire
Obligation
Action
Diversifié
A formule
Total
36,1
23,1
19,5
15,6
5,1
3,0
2,9
-7,9 -8,5
-8,6
2014
2015
-21,4
-29,5
 Une population de SGP diversifiée et innovante dans un marché très concurrentiel
Les sociétés de gestion évoluent dans un contexte de forte concurrence et de tensions sur les marchés qui affectent
leurs marges. Elles sont confrontées d’une part à une pression sur les revenus résultant, entre autres, de
l’accroissement de la part de la gestion passive, de la contraction de la demande institutionnelle locale et de
l’arrivée de nouveaux acteurs, et d’autre part à une hausse de leurs charges liées aux coûts d’adaptation
règlementaire, d’investissement technologique et de développement commercial.
Les rapprochements entre sociétés et/ou les restructurations dans le cas de sociétés d’un même groupe sont
dynamisés par cet « effet de ciseau » qui incite à la recherche de la taille nécessaire au développement des activités,
et a concerné 38 SGP en 2015. Parallèlement le dynamisme des créations de nouvelles SGP, notamment
entrepreneuriales, se poursuit avec la création de 31 sociétés cette année, gage de l’attrait de notre place de
gestion. Au total, à fin 2015, le marché français comptait 627 SGP, en légère diminution de 7 unités sur un an.
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Evolution de la population des SGP en France (en unités)
Source : AMF
650
634
Nb de SGP (ech. gauche)
Nb de créations brutes (éch. droite)
590
600
62
59
571
538
550
52
599
627
75
613
604
567
53
50
48
50
502
500
486
42
42
474
36
450
432
413
39
39
35
29
427
34
26
31
25
25
400
375
353
350
300
0
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Le marché français se distingue par un tissu entrepreneurial parmi les plus importants en Europe, ce qui accroit sa
capacité d’innovation en termes du renouvellement des offres/services et des business model. Il compte également
un nombre conséquent de sociétés généralistes et/ou spécialistes de taille importante (32 SGP gèrent plus de 15
mds €, dont 13 SGP plus de 50 mds €), quatre groupes français figurant parmi les vingt-cinq premiers groupes de
gestion au niveau mondial. Certains de ces groupes, ainsi que nombre de SGP entrepreneuriales, réalisent des
bonnes collectes sur le marché européen des fonds d’investissement. L’implication croissante de nombreuses
entreprises françaises sur les marchés internationaux de la gestion se confirme, que ce soit via des fonds de droit
français ou des fonds domiciliés à l’étranger. Ainsi en 2014, ont été notifiés selon l’AMF, 183 passeports « out »
sociétés de gestion, et 819 passeports « out » de produits UCITS et FIA hors de France. Pour renforcer encore ce
dynamisme, l’AMF et l’AFG ont lancé ensemble, en février 2016, un groupe de Place (FROG) pour accroître la
visibilité et la distribution de la gestion et des fonds d’investissement français à l’international.
 La France, un acteur majeur de la gestion en Europe
A fin 2015, l’encours des fonds domiciliés en Europe atteint 12 637 mds € (en hausse de 11,9% sur un an). Si l’on
considère les marchés où la gestion financière des fonds d’investissement est effectivement réalisée, la France
garde sa troisième place, avec une part de marché de 15,8%, derrière le Royaume-Uni (21,4%) et l’Allemagne
(18,1%). En incluant la gestion sous mandat, la gestion française est le deuxième marché européen avec 20%
de parts de marché4.
4
“ Asset management in Europe ”, EFAMA, 8th Annual Review, avril 2015
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Parts de marché* de la gestion financière des fonds domiciliés en Europe
(Données à fin 2015 - Source: EFAMA, CSSF, IIFA et estimations AFG )
France : 15,8%
Allemagne : 18,1%
Encours de
12 637 mds €
Etats-Unis : 14,6%
Royaume-Uni : 21,4%
Autres pays : 14,9%
Espagne : 2,3%
Italie : 5,1%
Suisse : 7,8%
* Après réallocation des fonds domiciliés au luxembourg et en Irlande selon l'origine des promoteurs
En termes de domiciliation d’OPC, avec une part de marché de 27,7%, le Luxembourg – centre off shore dont les
activités sont centrées sur la domiciliation et l’administration de fonds – consolide son premier rang en Europe. En
deuxième place, l’Irlande continue sa progression (15,0%), suivi de l’Allemagne (13,7%) et de la France (13,3%).
En distinguant selon la catégorie juridique des fonds, la part de marché des fonds français est de 21% pour les
fonds FIA (2ème place en Europe) et de 9% pour les fonds OPCVM (4ème place en Europe).
Evolution des parts de marchés en Europe selon la domiciliation des fonds
Encours : 12 637 mds € à fin 2015
30%
LUX (27,7%)
Source : EFAMA, AFG
25%
20%
IRL(15,0%)
15%
ALL(13,7%)
FRA (13,3%)
RU (11,7%)
10%
5%
ITA (2,2%)
ESP (2,0%)
0%
1997
1998
1999
Luxembourg
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2000
2001
France
2002
2003
2004
2005
Allemagne
2006
2007
Irlande
2008
2009
2010
2011
Royaume-Uni
2012
2013
Italie
2014 déc.-15
Espagne
Février 2016
8
Annexe
La capacité d’accumulation des patrimoines financiers devrait être mise au cœur de la
politique de l’épargne : analyse de l’allocation sous-optimale des ménages
Schématiquement, le patrimoine financier des ménages français est composé d’un peu moins de 40% de numéraire
et dépôts, d’un peu moins de 40% d’assurance-vie en euro, et le solde soit un peu plus de 20% de valeurs
mobilières (y compris les OPC détenus directement) et d’assurance-vie en UC.
Après mise en transparence des différents produits financiers, les actions cotées représentent légèrement plus de
10% du patrimoine financier des ménages. Les OPC, en direct mais surtout via l’épargne salariale et les UC des
contrats d’assurance-vie, ainsi que les PEA constituent les principales enveloppes permettant l’investissement en
actions. Néanmoins la modestie de cette part reflète clairement le manque d’incitations et de dispositifs favorisant
l’épargne de long terme. Au final, l’allocation des patrimoines financiers, largement influencée par la fiscalité, est
investie majoritairement en produits liquides et garantis. Cependant, la valorisation d’un patrimoine se réalise sur le
long terme et cette aversion à des produits mieux rémunérés met en risque les épargnants quand il s’agira de
couvrir des besoins additionnels liés au financement de la retraite ou de la dépendance.
Patrimoine financier* des ménages
(Données à fin septembre 2015 / Source : Banque de France)
Assurance-vie
en UC : 8%
Assurance-vie
en euro : 39%
OPC : 9%
3 535 Mds €
Actions cotées :
5%
Numéraire et
dépôts : 37%
Titres de taux :
2%
* hors actions non cotées, crédits, autres comptes à recevoir ou à payer
Chaque année, les livrets bancaires et l’assurance vie captent la quasi-totalité des flux de placements annuels des
ménages. Les valeurs mobilières (yc OPC) sont, quant à elles, largement vendues sur les dix dernières années. Leur
poids dans les patrimoines devient ainsi de plus en plus faible.
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Flux nets des placements financiers des menages
(yc revenus réinvestis / hors actions non cotées- Source: BDF)
129
121
95
78
87
85
70
Assurance vie (yc UC) et fonds de retraite
2006
2007
2008
2009
valeurs mobilières en direct (yc OPC)
2010
2011
2012
68
69
55
Dépôts et livrets bancaires
2013
2014
est 2015
Sous un autre angle, si de 1996 à 2007 les flux nets annuels des placements financiers (yc réinvestissement des
revenus) équivalaient à 4-5% de l’encours du patrimoine financier, ceux-ci ont décliné sous les 2% aujourd’hui.
Poids des flux nets des placements financiers des ménages
par rapport à l'encours moyen du patrimoine financier *
(Source: BDF )
6%
5%
4%
3%
2%
1%
* Flux et encours du patrimoine financier hors actions non cotées ; les flux comprennent les coupons et
dividendes
0%
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 est.
2015
Dans le même temps, comme le montre le graphique ci-dessous, la rémunération réelle (une fois l’inflation déduite)
des titres publics de taux à moyen-long terme, principalement détenus par les ménages via l’assurance vie en euros,
et des produits de bilan bancaires, dominants dans les patrimoines financiers, est devenue très faible. Les politiques
monétaires expansionnistes mises en œuvre par les banques centrales pour tenter de relancer la croissance
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économique, conjuguées aux montants importants des dettes publiques devraient faire perdurer cette rémunération
à un niveau modeste.
Taux réel de rémunération annuelle de deux composantes
importantes du patrimoine financier des ménages
5,0%
(Source: Banque de France)
4,0%
3,0%
Emprunt phare 10 ans (équivalent OAT)
2,0%
Dépots et placements monétaires
1,0%
déc.-15
juin-15
sept.-15
déc.-14
mars-15
juin-14
sept.-14
déc.-13
mars-14
juin-13
sept.-13
déc.-12
mars-13
juin-12
sept.-12
déc.-11
mars-12
juin-11
sept.-11
mars-11
déc.-10
juin-10
sept.-10
déc.-09
mars-10
sept.-09
-1,0%
juin-09
0,0%
-2,0%
Il devient urgent de mettre la capacité d’accumulation des patrimoines financiers au cœur de la politique de
l’épargne. Ceci nécessitera une orientation de l’épargne vers des dispositifs susceptibles de loger des titres
d’entreprises et des investissements non cotés, certes plus risqués à court terme, mais également en moyenne plus
rémunérateurs à long terme5.
La gestion peut jouer ce rôle économique majeur en rapprochant directement épargne et investissement, permettant
d’une part à ses clients de bénéficier d’une allocation des risques, d’un accès efficace au marché offrant des
économies d’échelle et des techniques de gestion souvent inaccessibles en direct, et d’autre part aux émetteurs
d’élargir et de fluidifier leurs canaux de financement.
5
“La bataille contre la déflation n’est pas terminée ”, François Villeroy de Galhau, Le Figaro, février 2016
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