Le prix de l`égalité Région RA

Transcription

Le prix de l`égalité Région RA
Prix Egalité Rhône-Alpes
Analyse et recommandations
Février 2008
Luc Chambolle
ISM Corum, 32 Cours Lafayette, 69421 Lyon Cedex 03,
www.ismcorum.org, 04 72 84 78 90
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ISM CORUM – AVERROES –Dialogue Social Territorialisé – Avril 2006
SOMMAIRE
CONTEXTE .......................................................................................................................................... 5
HISTORIQUE ............................................................................................................................................. 5
LE CADRE DU PRIX DE L’EGALITE ............................................................................................................ 5
PROBLEMATIQUE ..................................................................................................................................... 6
I - QUE VISE LE PRIX DE L’EGALITE ? ....................................................................................... 7
DE LA JUSTIFICATION DU PRIX ................................................................................................................ 7
LES RESERVES FACE A L’INSTAURATION D’UN PRIX ............................................................................... 7
II - LA MISE EN ŒUVRE DU PRIX DE L’EGALITE.................................................................... 8
1. L’ORGANISATION DU PRIX ................................................................................................................. 8
LES JURYS ................................................................................................................................................ 8
L’EGIBILITE DES DOSSIERS ...................................................................................................................... 8
2. LA SELECTION DES CANDIDATS ......................................................................................................... 9
L’AGREGAT DES CRITERES ...................................................................................................................... 9
LE TAUX DE MIXITE DES FILIERES ........................................................................................................... 9
LES NOTES SCOLAIRES ........................................................................................................................... 10
L’APPRECIATION DU MAITRE D’APPRENTISSAGE OU DU TUTEUR.......................................................... 10
LA MOTIVATION .................................................................................................................................... 10
4. LES LAUREATS : RECOMPENSER DES FEMMES ET DES HOMMES................................................... 11
LES RESULTATS DU PRIX........................................................................................................................ 11
ANALYSE DE PROBABILITE .................................................................................................................... 12
5. LA COMMUNICATION ....................................................................................................................... 15
EN AMONT : L’APPEL A CANDIDATURE ................................................................................................. 15
LES PRIX ................................................................................................................................................ 15
EN AVAL : COUVERTURE PRESSE .......................................................................................................... 16
CONCLUSION ........................................................................................................................................ 17
III - L’AJUSTEMENT DU DISPOSITIF ......................................................................................... 18
1. LES OBJECTIFS DU PRIX ................................................................................................................... 18
2. LE DEROULEMENT DU PRIX DE L’EGALITE ..................................................................................... 19
ANNEXES............................................................................................................................................ 20
QUESTIONNAIRE................................................................................................................................... 20
LISTE DES PERSONNES CONSULTEES : ....................................................ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
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Contexte
HISTORIQUE
Conformément aux engagements pris dans le plan régional pour l’emploi, la Région a décidé
d’engager une action vigoureuse contre les facteurs de discrimination à l’égard des femmes. A ces
fins, l’exécutif régional a proposé au vote des élus les 23 et 24 juin 2005 un programme d’actions en
faveur de la mixité et de l’égalité professionnelle comprenant trois mesures :
- le CARED au féminin (contrat d’aide au retour à l’emploi durable) qui doit permettre l’intégration du
public féminin qui rencontre des difficultés et obstacles liés à la recherche d’un emploi durable. Des
prestations nouvelles, articulées avec les prestations de l’Etat, peuvent être mobilisées : aide
forfaitaire pour la garde d’enfant et la mobilité, prise en charge partielle des coûts afférents à
l’aménagement des postes de travail, …)
- des dispositifs spécifiques d’accompagnement vers l’emploi. Dans le cadre des contrats
d’objectifs que la Région développe avec les structures d’accueil et d’orientation (CIDF, CIBC,
MIFE…), il sera demandé de favoriser l’accès à des formules d’accompagnement renforcé
(parrainage, tutorat..), en parallèle d’une prescription (bilan de compétence, VAE…), pour les femmes
présentant des discriminations particulières : âge, origine sociale, ethnique… L’objectif est de
permettre à ces femmes d’accéder, de façon prioritaire, aux dispositifs régionaux d’accompagnement
vers l’emploi durable ou la qualification. Par ailleurs, la Région s’engage à soutenir les initiatives
innovantes et expérimentales ayant pour objet de faciliter l’accès des femmes là où elles sont sous
représentées (entreprises d’insertion, groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification…)
par la mobilisation des outils régionaux et notamment les CTEF (contrats territoriaux emploi
formation).
- le prix « égalité Rhône-Alpes » de l’apprentissage et de l’enseignement professionnel pour les
élèves inscrits en année terminale de CAP, BEP, Bac Pro, CFA ou lycée d’enseignement
professionnel dans les spécialités à faible mixité.
Le prix égalité Rhône-Alpes vise à valoriser les parcours de ceux et celles qui s’orientent dans des
filières de formation à faible mixité. 50 apprentis ou élèves de la Région inscrits dans des filières ou la
mixité est très faible sont ainsi encouragés par un prix.
LE CADRE DU PRIX DE L’EGALITE
Le prix de l’égalité Rhône-Alpes s’adresse à des jeunes élèves ou apprentis âgés de 16 à 25 ans en
année terminale d’un diplôme de niveau IV et V de l’Education Nationale et de l’Enseignement
Agricole. Sont visés les élèves et apprentis inscrits dans des filières particulièrement sexuées, c’est-àdire dont le nombre de garçons ou de fille n’excède pas 10%. Le prix est de 800€ par élève.
Cinquante prix sont décernés chaque année. Afin de tenir compte du nombre différenciés d’élèves et
d’apprentis, 35 prix sont attribués aux élèves des lycées professionnels et 15 aux apprentis.
Le prix vise également les établissements de formation et les tuteurs ou maître d’apprentissage. Les
CFA, les LEP et les Ecoles de production accueillant un élève ou un apprenti récompensé bénéficient
d’un « éclairage médiatique ». Les tuteurs et maîtres d’apprentissage se voient remettre une
distinction honorifique et bénéficient également d’un éclairage médiatique valorisant l’accueil en
entreprise d’un élève ou d’un apprenti primé.
Calendrier
Novembre : Envoi des dossiers de candidature
Janvier : Retour des dossiers de candidature
Février : Jury de sélection
Mars : Remise des prix
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Une grille de critères communs à la direction des lycées (DLY) et à la direction de l’apprentissage
(DAP) a été adoptée en partenariat avec les institutions sollicitées pour faire partie du jury (rectorat,
associations de parents d’élèves, DRTEFP, DRAF, DRDFE, ONISEP). Ces critères portent sur :
- La spécialité à faible mixité choisie par les jeunes
- L’originalité du parcours du jeune, sa motivation, l’intérêt de son projet professionnel
- L’appréciation de l’établissement et/ou du maître d’apprentissage
- Les notes scolaires du jeune
La composition du jury a été faite de telle sorte que des hommes et des femmes y participent.
PROBLEMATIQUE
Le prix de l’égalité Rhône-Alpes a été décerné pour la première fois en février 2007. A cette occasion,
un certain nombre de problématiques ont pu être soulevées. Trois types de réflexions ont pu être
dressés à l’issue de la remise des prix que nous souhaitons indiquer ci-dessous.
D’abord, certains jurés ont rencontré des difficultés face aux dossiers de certains candidats. Il est bien
évident que le prix récompense a priori les personnes de sexe masculin ou féminin qui font leur
apprentissage dans une filière fortement sexuée. Certains jurés ont cependant hésité à récompenser
des apprentis de sexe masculin présents dans des filières féminines, faisant ainsi de ce prix, une
récompense avant tout destinée au public féminin. Le prix doit-il encourager la mixité en général ou ce
prix doit-il favoriser la présence d’apprenties dans des métiers réputés masculins ? Encourager la
mixité en général n’est-ce pas faire comme si les situations de départ des hommes et des femmes
étaient équivalentes alors même que l’on sait qu’il y a trois fois plus d’apprentis hommes que femmes
et que les métiers a priori considérés comme masculins (66 CAP, BEP et Bac Pro ont été recensés)
sont beaucoup plus nombreux que les métiers a priori estampillés féminins (16 CAP, BEP et Bac Pro
recensés) ? Peut-on raisonnablement favoriser la mixité sans s’interroger sur les rapports de genre
dans l’apprentissage ?
Ensuite, la mise en œuvre des critères a pu soulever des questions voire des difficultés dans la
sélection des lauréats. Le principal critère de sélection des candidats tenait à leur présence dans des
filières fortement sexuées. Or, un grand nombre de candidats répondait de fait à ce premier critère.
Afin de sélectionner les finalistes, il était donc nécessaire de mettre en œuvre d’autres critères dont la
légitimité et la cohérence n’étaient pas toujours parfaitement évidentes. Pour le dire autrement, les
lauréats du prix de l’égalité des chances doivent-ils être aussi de bons élèves ? Faut-il privilégier les
candidats qui ont eu des difficultés pour affirmer leur place et leur sexe au sein de la filière qu’ils ont
choisie ? Faut-il privilégier des candidats dont on sait qu’ils éprouvent des difficultés d’insertion ?
Enfin, un certain nombre de réflexions a pu porter sur le prix et ce qu’il récompensait. Le montant du
prix a été considéré par l’ensemble des acteurs comme important. Attribuer 800 € à un jeune de 18 ou
20 ans apparaît à tous comme une grosse récompense. Cette caractéristique a été systématiquement
soulignée lors de la sélection des candidats en indiquant que « 5.000 Francs ce n’est quand même
pas rien » ou encore « qu’on ne peut pas donner 800 € à un élève qui ne sait pas écrire sans faute
d’orthographe ». Le montant du prix apparaît élevé surtout en regard du « mérite » des lauréats. En
définitive, « on ne leur demande rien, ils ne produisent rien, ils n’ont pas à construire un projet
particulier », c’est uniquement le fait d’être dans telle ou telle filière qui est récompensé. Ce qui est
récompensé c’est, en définitive, un choix d’orientation. Or, ce choix peut être dicté par des formes de
reproduction sociale quand une jeune femme veut devenir chauffeur routier comme son père ou faire
de la mécanique comme son grand père qui tenait un garage.
Face à ces problématiques et à la jeunesse du dispositif, il a été décidé de conduire un travail de mise
à plat permettant d’affiner les conditions de mise en œuvre de ce prix sur les prochaines années. Il
s’agit d’un travail de synthèse effectué à partir d’un certain nombre d’entretiens (cf. annexes) et
d’analyse de documents.
Ce travail qui prend place dans le cadre du projet Equal AVERROES conduit par ISM Corum propose
d’aborder successivement :
I - Les objectifs du prix de l’égalité
II- La mise en œuvre du prix de l’égalité
III - Les aménagements possibles du prix de l’égalité
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I - Que vise le prix de l’égalité ?
Un certain nombre de réflexions interrogent le sens même du prix de l’égalité. Ce sont ces éléments
que nous souhaitons dans un premier temps analyser.
DE LA JUSTIFICATION DU PRIX
Le prix de l’égalité Rhône-Alpes aborde la problématique de la mixité dans l’apprentissage en
récompensant les jeunes apprentis et lycéens qui auront fait le choix d’une filière atypique par rapport
à leur sexe.
Le prix qui permet de mettre en valeur des élèves et apprentis inscrits dans des filières où la mixité est
très faible participe des politiques dites d’outreach visant en particulier la promotion de modèles
susceptibles de devenir des exemples incarnés de la mixité dans les métiers.
L’efficience de ce prix qui repose sur la mise en valeur de parcours atypiques et exemplaires, tient en
un triple processus. D’une part, les lauréats du prix sont encouragés à poursuivre leurs études et leur
carrière professionnelle. D’autre part, l’importante publicité faite à ce prix encourage les élèves et
apprentis à s’inscrire dans les filières professionnelles fortement sexuées. Enfin, la récompense
attribuée aux jeunes lauréats participe de la sensibilisation de l’ensemble des personnels
(professionnels de l’orientation, enseignants, entrepreneurs, etc.) accueillant et accompagnant ces
jeunes.
LES RESERVES FACE A L’INSTAURATION D’UN PRIX
Certains jurés émettent cependant des réserves par rapport au sens même du prix. Les politiques
d’exemplarité visant à mettre en valeur des individus s’étant inscrit dans des filières atypiques sontelles à même de faire changer les pratiques des acteurs de la formation et les choix des jeunes afin
de promouvoir la mixité dans ces filières fortement sexuées ?
Une récompense individuelle
Certains interlocuteurs doutent de la possibilité du prix de faire changer la mixité des filières. Ils
appuient leurs doutes sur un paradoxe. Le prix de l’égalité met l’accent sur des individus susceptibles
d’être discriminés qui ont fait un choix d’orientation atypique. Mais la récompense attribuée aux
lycéens et apprentis qui ont eu le courage d’un choix de filière atypique en regard de leur sexe ne joue
en définitive pas sur le système qui produit et reproduit les discriminations. En effet, les
discriminations sont, dans une très grande proportion, le fruit des pratiques professionnelles des
acteurs de l’orientation, de la formation, du recrutement, etc. Ce sont ces pratiques, le plus souvent
inconscientes, inscrites dans les relations de travail et les systèmes sociaux, qui contribuent à
perpétuer les discriminations. En récompensant des choix individuels plutôt que l’évolution des
normes professionnelles des acteurs de l’orientation et de la formation, le prix limite de fait son impact
sur les discriminations.
Un encouragement à persévérer
Le prix n’a cependant pas pour seule vocation de récompenser des individus. Il s’agit également
d’encourager les lauréats à persévérer dans la voie qu’ils ont empruntée en leur donnant un
supplément de légitimité qui leur permettra de mieux surmonter les difficultés qu’ils rencontreront
vraisemblablement. Deux limites sont cependant pointées en regard de cet objectif : d’abord, il
conviendrait de voir si, sur le long terme, la distinction de ces lauréats conduit réellement à les
maintenir en activité ; ensuite, si l’objectif principal est de confirmer les lauréats dans leur choix
d’orientation, alors un plus grand nombre de personnes pourrait être récompensé.
Un prix exemplaire
En définitive, le principal objectif est bien de distinguer un certain nombre de personnes qui, par
l’exemplarité de leur parcours, incarnent un modèle à suivre pour les jeunes souhaitant s’inscrire dans
une démarche de qualification professionnelle. Montrer que des personnes ont franchi le pas, qu’elles
réussissent et qu’elles sont légitimes dans des métiers pourtant fortement sexués peut en effet
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contribuer à faciliter l’accès à ces filières en convaincant aussi bien les jeunes, les maîtres de stage
ou d’apprentissage que les entrepreneurs.
Mais c’est alors la capacité de communication, les modalités permettant la transmission d’expérience
des jeunes lauréats vers ceux qui sont en phase de choix qui doivent être particulièrement travaillées
de façon à impacter réellement la mixité dans les filières professionnelles.
Conclusion
Si la pertinence du prix de l’égalité n’est pas remise en cause, elle est toutefois soumise à condition.
Pour peser sur la mixité dans les filières professionnelles, le prix doit toucher d’une façon ou d’une
autre les professionnelles de l’orientation et de la formation et permettre de valoriser auprès des futurs
lycéens et apprentis les filières à faible mixité.
II - La mise en œuvre du prix de l’égalité
Au-delà des critiques sur le sens du prix de l’égalité, de nombreuses remarques interrogent sa mise
en œuvre et par conséquent sa capacité à répondre à l’objectif final de promotion de la mixité par
l’exemplarité. Nous proposons d’analyser ci-dessous les différentes étapes dans ce prix – de la
réception des candidatures à la communication en passant par la sélection des candidats –, de façon
à rendre compte des éventuelles difficultés rencontrées.
1. L’organisation du prix
LES JURYS
Les jurys ont accueilli un certain nombre de partenaires de la Région Rhône-Alpes : ONISEP,
fédération des parents d’élève, Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Etat, Mission locales, etc.
Ces partenaires ont apprécié la démarche. Certains notent toutefois que leur possibilité d’être des
vecteurs du prix est réelle auprès de leur institution mais parfois moins tangible auprès des jeunes
directement.
L’EGIBILITE DES DOSSIERS
Les dossiers pouvaient être téléchargés sur le site de la Région Rhône-Alpes.
Les pièces à fournir étaient les suivantes : bulletins scolaires de l’année précédente, premier bulletin
scolaire de l’année en cours, appréciation des rapports de stage, lettre de motivation. Il était en outre
indiqué de façon claire les attentes quant au contenu de la lettre de motivation qui devait notamment
aborder les questions suivantes :
- Comment avez-vous choisi ce métier ?
- Avez-vous rencontré des difficultés ou des aides pour trouver un stage ?
- Comment s’est passé votre intégration au lycée ?
- Comment s’est passé votre intégration en entreprise pendant vos stages ?
- Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?
- Quels sont vos projets pour les années à venir ?
L’ensemble des lauréats interrogés trouvent que le dossier était facile à constituer et qu’ils n’ont eu
aucun mal à comprendre les consignes qui leurs étaient indiquées.
Pour l’apprentissage, 72 dossiers de candidature ont été reçus. La vérification de l’éligibilité portant
notamment sur le respect du critère du niveau de diplôme et de l’âge a porté le nombre de dossiers
éligibles à 64.
Pour les élèves de lycée, 133 dossiers ont été reçus, 110 étant éligibles. Les dossiers non éligibles
concernaient pour leur grande majorité des personnes inscrites en première année et des dossiers
incomplets après deux relances.
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2. La sélection des candidats
L’AGREGAT DES CRITERES
Les critères de sélection ont été élaborés en collaboration avec les partenaires de la Région. Ils
permettaient d’attribuer une note sur 10 à chaque impétrant.
Critères
Nombre de points
Taux de mixité
3 points
Lettre de motivation
3 points
Rapport de stage
Décomposition
0 à 10%
10 à 20%
20 à 30%
30 à 40%
3 points
2 points
1 point
0,5 point
2 points
Très bonne appréciation
Bonne appréciation
Appréciation moyenne
2 points
1,5 point
1 point
Notes scolaires
2 points
Moyenne de l’élève supérieure à 10
Moyenne de l’élève inférieure à 10
Progression de l’apprenti constante
Progression de l’apprenti irrégulière
1 point
0,5 point
1 point
0,5 point
Total
10 points
Un grand nombre de participants faisaient partie des filières comptant moins de 10% de filles ou de
garçons. Cette caractéristique a paradoxalement conduit à donner un poids important dans la
sélection des dossiers aux autres critères que sont les notes scolaires, l’appréciation du maître de
stage et la motivation.
LE TAUX DE MIXITE DES FILIERES
Un travail de recension des filières les plus fortement sexuées a été entrepris par la DAP et la DLY.
Ce travail a permis de dresser des listes de CAP, BEP et Bac Pro dont la féminisation ou la
masculinisation étaient particulièrement importantes.
Pour les filières des lycéens, un travail apprécié par les partenaires a été conduit afin de recenser les
taux de mixité dans chaque filière. Ce travail a permis de donner objectivement une note à chacun
des candidats.
Pour l’apprentissage, un travail équivalent a été engagé par la DAP. Ce travail s’est appuyé sur
différentes sources dont les données étaient parfois incomplètes. Il a donc été décidé de retenir les
données fournies par le Rectorat de Grenoble dont l’exploitation était possible. Ces données n’ont
pourtant pas fait l’unanimité. Des interrogations ont ainsi pu naître par rapport à certaines filières, et
un candidat masculin présentant un CAP coiffure a ainsi été déclassé par le jury estimant que la filière
était déjà mixte.
Ces incidents ont immédiatement conduit à réclamer des données plus complètes, éventuellement
recueillies au niveau national, afin de sélectionner uniquement les candidats appartenant à des filières
s’avérant réellement sexuées.
Une analyse rapide des dossiers indique que 97% des 64 candidatures d’apprentis concernaient des
personnes inscrites dans des filières ou l’on compte moins de 10 % de filles ou de garçons. En
revanche, les candidatures lycéennes provenaient de filières tendanciellement plus mixtes. En effet,
seulement la moitié des dossiers (58 dossiers soit 53%) concernent des filières où l’on compte moins
de 10% de filles ou de garçons. 12% des dossiers concernent des filières entre 10% et 20 % de filles
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ou de garçons et le tiers des dossiers restants (35%) concernent des dossiers où la mixité est
supérieure à 20% des effectifs.
Tous les lauréats lycéens et apprentis font partie de filières où l’on compte moins de 10% de filles ou
de garçons. L’ensemble des candidats retenus entre donc bel et bien dans la promotion de la mixité
dans des filières fortement sexuées.
LES NOTES SCOLAIRES
Le fait de retenir les notes scolaires comme critère de sélection n’apparaît pas à tous les acteurs
comme véritablement pertinent. En effet, retenir ce critère conduit à réintroduire un jugement scolaire
dans un prix qui vise principalement à sélectionner des personnes méritantes du fait de leur inscription
dans des métiers particulièrement sexués. Faut-il nécessairement être un bon élève pour tracer le
chemin de la mixité ?
C’est en tout cas ce que semblent avoir compris certains journalistes qui relatent dans leurs articles
que le prix récompensait les élèves ou apprentis les plus sérieux : « Les prix étaient attribués à partir
du dossier scolaire… », « Emilie a été distinguée pour ses bons résultats… ».
On comprend toutefois que s’agissant de donner des personnes en exemple, les acteurs tiennent à ce
que ces dernières soient particulièrement irréprochables. Dans un exercice qui vise principalement à
mettre en lumière des parcours atypiques, il paraît en effet difficile de retenir des candidats qui
n’auraient pas le niveau de l’examen qu’ils tentent. Ce cas de figure pourrait même travailler dans le
sens d’un renforcement des stéréotypes en faisant la promotion de personnes de faible niveau, ce
dernier pouvant être attribué par les plus malveillants à leur identité sexuelle.
Le barème proposé aujourd’hui apparaît à ce titre cohérent. En décomposant la note entre bulletins
scolaires et progression de l’élève, il permet de prendre en compte un niveau de compétence
minimum dans la sélection des personnes sans pour autant tomber dans la sélection des seuls élèves
les plus brillants.
L’APPRECIATION DU MAITRE D’APPRENTISSAGE OU DU TUTEUR
L’appréciation du maître d’apprentissage ou du tuteur est souvent considérée comme très sibylline par
les membres du jury qui constatent par ailleurs que la plupart des commentaires sur les stagiaires et
apprentis sont très élogieux. La dimension quasi systématiquement flatteuse des appréciations
semble ainsi limiter leur pertinence dans le jugement qui peut être émis à propos des stagiaires.
LA MOTIVATION
De l’intérêt de l’analyse de la motivation
L’analyse des motivations des candidats est importante car elle permet d’apprécier les situations
particulières dans lesquelles les jeunes sont engagés, les éventuelles difficultés que ces jeunes ont
rencontrées dans leur activité professionnelle ou dans l’intégration dans leurs classes en lycée et en
CFA.
Il est ainsi possible de prendre connaissance des mérites et de la force de volonté dont ont fait preuve
certains candidats pour dépasser l’ensemble des freins à leur insertion dans des filières notoirement
sexuées. Les lettres de motivations témoignent ainsi, pour beaucoup d’entre elles, de ces parcours et
de l’énergie que les jeunes ont du déployer pour arriver à leurs fins.
Les lauréats interrogés, en revenant sur leurs parcours, insistent sur les difficultés qu’ils ont pu
rencontrer. Par exemple, pour une fille, se trouver face à une classe de garçons dont on sent
l’hostilité, ou encore face à un employeur qui, sans l’avouer, préfère embaucher un apprenti masculin.
On peut toutefois noter que certains lauréats semblent avoir glissé entre les difficultés
traditionnellement rencontrées par les personnes de leur sexe : soit qu’il s’agisse de candidats
masculins en définitive appréciés voire attendus dans des métiers liés à la petite enfance par
exemple, soit qu’il s’agisse de candidates féminines dont les réseaux sociaux étaient à même de leur
faciliter l’insertion dans des secteurs pourtant réputés masculins.
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ISM CORUM – AVERROES –Dialogue Social Territorialisé – Avril 2006
Que recouvre la motivation ?
L’analyse des motivations des candidats permet de confronter les différentes perspectives des
membres du jury et justifient ainsi la réunion de ce dernier qui, sans ce critère, serait amené à valider
des dossiers dont la sélection serait quasi automatique. Certains représentants des institutions
présentes dans le jury développent ainsi des lectures spécifiques à propos des parcours des
candidats, en privilégiant des entrées singulières (insertion, etc.). D’autres s’attachent au contraire à
rester le plus impartial possible en respectant les critères définis en commun.
Tous s’interrogent cependant sur ce que recouvre concrètement la motivation et sur ce qu’il convient
de retenir dans le cadre de ce prix de l’égalité. Certains insistent sur les difficultés rencontrées par les
candidats notamment en raison de leur genre, d’autres mettent en exergue les parcours
particulièrement atypiques des impétrants (« l’apprentie bouchère portant des carcasses de viande »)
quand d’autres enfin ont le réflexe de privilégier les publics traditionnellement en difficulté d’insertion.
Des conditions d’expression différenciées
Enfin, il apparaît également particulièrement difficile de juger de ces lettres et des expériences
qu’elles transcrivent. En effet, les différents candidats en lice ont des profils en définitive assez
hétérogènes. Il y a en effet des différences assez sensibles entre une jeune fille ayant un niveau bac
et ayant décidé à 21 ans de s’inscrire dans une filière professionnelle avec un projet plus longuement
mûri et une jeune fille de 16 ans, débutant son apprentissage, et disposant d’un niveau de langue plus
restreint. L’analyse des lettres de motivation laisse également apparaître de fortes disparités entre
celles de candidats ayant visiblement bénéficié de l’appui d’un adulte dans leur rédaction, et celles de
candidats plus « autodidactes ». L’enquête auprès des lauréats a ainsi pu montrer que la quasi-totalité
d’entre eux s’est fait aider dans la rédaction de la lettre de motivation. Beaucoup ont sollicité le soutien
d’un de leur professeur (professeur de français ou d’anglais), d’un CPE ou d’un de leurs parents, pour,
a minima, une correction des fautes d’orthographe et de français et, parfois pour la construction
globale de leur missive.
4. Les lauréats : récompenser des femmes et des hommes
Le prix souhaite récompenser de façon indistincte les femmes et les hommes qui s’inscrivent dans
des filières fortement sexuées. Or, l’on sait que la situation des femmes est a priori beaucoup plus
difficile que celle des hommes dans la mesure où ces dernières se concentrent sur quelques filières
très spécifiques dont les débouchés ne sont pas toujours très ouverts. De plus, leur intégration dans
les filières fortement masculine semble comparativement plus difficile que l’intégration des hommes
dans les filières réputées féminines. Il y aurait ainsi une forme de contradiction avec les objectifs du
prix à vouloir traiter de façon strictement égalitaire les femmes et les hommes sans tenir compte des
situations de départ qui sont faites à chacun.
LES RESULTATS DU PRIX
Le prix, en récompensant plus fortement les femmes que les hommes semble respecter aujourd’hui
cette logique.
Filles
Apprentis
Lycéens
Total
Garçons
Dossiers éligibles
58
90%
6
10%
Lauréats
13
87%
2
13%
Dossiers éligibles
86
78%
24
22%
Lauréats
27
77%
8
23%
Lauréats
40
80%
10
20%
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ANALYSE DE PROBABILITE
Il convient à ce stade de procéder aux analyses statistiques permettant de mieux juger du poids
respectifs des garçons et des filles dans les filières et par conséquent dans le prix afin que ce dernier
puisse récompenser de façon juste les efforts des uns et des autres.
Les calculs suivants ont été opérés à partir de la liste des 38693 apprentis enregistrés auprès de la
région Rhône-Alpes en 2006.
Filières masculines*
Filières féminines*
Filières mixtes*
Total
Nb
63
17
210
290
Femmes
4%
389
3.951
36%
6.585
60%
10.925 100%
Hommes
17.002
61%
327
1%
10.439
38%
27.768
100%
* Un rapport de 90%-10% définit les filières considérées comme masculines ou féminines
Trois enseignements peuvent être tirés de ces données :
1. Rapporté au nombre d’apprentis, il y a globalement autant de femmes (389) que d’hommes
(327) pouvant prétendre au prix.
2. Il y a proportionnellement 4 fois plus de femmes inscrites dans des filières masculines (4%)
que d’hommes inscrits dans des filières féminines (1%).
3. Enfin, 36% des femmes seulement sont inscrites dans des filières féminines pour 61% des
hommes dans des filières masculines.
A partir de ces trois enseignements, trois stratégies différentes peuvent être mises en œuvre :
Stratégies
Lauréats et Lauréates
1. Un prix qui récompense à parité les hommes et les femmes.
Le nombre de femmes et d’hommes pouvant prétendre au prix aujourd’hui
Lauréates = 8
est sensiblement le même. En conservant les mêmes taux de mixité, on
Lauréats = 7
peut s’attendre à ce que le nombre de lauréats masculins et féminins soit
sensiblement équivalent.
2. Un prix qui reflète « l’effort de mixité »
Le nombre de femmes inscrites dans des filières masculines est 4 fois plus
Lauréates = 12
important que le nombre d’homme inscrits dans des filières féminines. On
Lauréats = 3
peut imaginer récompenser plus largement les femmes pour l’effort
consenti à s’inscrire dans des filières majoritairement masculines.
3. Un prix qui montre l’exemple aux populations ayant le moins de
propension à la mixité
Lauréates = 5
Les femmes (64%) sont aujourd’hui beaucoup plus nombreuses que les
Lauréats = 10
hommes (39%) à s’inscrire dans des filières mixtes ou inversement
sexuées. On peut alors imaginer porter l’effort de persuasion principalement
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sur les populations masculines en les récompensant plus fortement.
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ISM CORUM – AVERROES –Dialogue Social Territorialisé – Avril 2006
Aujourd’hui, les résultats du premier prix de l’égalité montrent que l’on se situe plutôt dans la
deuxième hypothèse. Mais à terme, le nombre de lauréats et de lauréates devrait s’équilibrer.
LAUREATS APPRENTIS
Nombre de Dossiers Envoyés
Par sexe
%
Nombre de Lauréats
Par Sexe
%
Filles
Garçons
64
57
89%
7
11%
15
13
87%
2
13%
Enfin, il apparaît intéressant d’identifier les filières qui ont été présentes lors du prix et celles absentes
vers lesquelles un effort de communication spécifique devra être conduit.
Secteurs représentés parmi les 64 dossiers envoyés
AGRO-ALIMENTAIRE, ALIMENTATION, CUISINE *
BATIMENT : CONSTRUCTION ET COUVERTURE *
BATIMENT : FINITIONS *
COIFFURE, ESTHETIQUE ET AUTRES SPECIALITES DES SERVICES
COMMERCE, VENTE *
ELECTRICITE, ELECTRONIQUE SAUF AUTOMAT.PRODUCTIQUE *
INFORMATIQUE, TRAITEMENT D'INFORMATION, RESEAUX *
MINES ET CARRIERES, GENIE CIVIL, TOPOGRAPHIE
MOTEURS ET MECANIQUE AUTO
PLASTURGIE, MATERIAUX COMPOSITES
SANTE *
SPECIALITES PLURITECHNOLOGIQUES MATERIAUX SOUPLES
SPECIALITES PLURITECHNOLOGIQUES MECANIQUE-ELECTRICITE *
SPECIALITES PLURITECHNOLOGIQUES, GENIE CIVIL
SPECIALITES PLURIVANTES DE L'AGRONOMIE ET DE L'AGRICULTURE
STRUCTURES METALLIQUES - SOUDURE, CARROSERIE *
TRANSFORMATIONS CHIMIQUES ET APPARENTEES - INDUSTRIE
TRAVAIL DU BOIS ET DE L'AMEUBLEMENT *
* Secteurs représentés parmi les lauréats
Secteurs non représentés dans les 64 dossiers envoyés
mais représentés dans les secteurs à mixité 90%-10%
FORETS, ESPACES NATURELS, FAUNE SAUVAGE, PECHE
AMENAGEMENT PAYSAGER - PARCS, JARDINS, ESPACES VER
ENERGIE, GENIE CLIMATIQUE - ENERGIE NUCLEAIRE
MECANIQUE GENERALE ET DE PRECISION, USINAGE
SPECIALITES PLURITECHNOLOGIQUES DES TRANSFORMATION
TECHNOLOGIES DE COMMANDES DES TRANSFORMATIONS INDU
TRAVAIL SOCIAL
RESSOURCES HUMAINES, GESTION PERSON., GEST.EMPLOI
SECRETARIAT, BUREAUTIQUE
Genre
Masculin
Masculin
Masculin
Masculin
Masculin
Masculin
Féminin
Féminin
Féminin
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5. La communication
EN AMONT : L’APPEL A CANDIDATURE
L’appel à candidature a été adressé aux chefs d’établissement des 500 lycées de Rhône-Alpes
(Lycées d’Enseignement Général, LEP, Lycées agricoles, MFR) ainsi qu’aux directeurs des 160 CFA
et centres de production. L’appel à candidature comprenait une lettre explicative du prix ainsi que des
affichettes à placer dans les locaux de l’établissement.
On peut aujourd’hui estimer le nombre d’établissements particulièrement investis dans ce prix en
notant la provenance des dossiers.
Les 15 lauréats apprentis viennent de 10 CFA différents. Les 64 dossiers déposés sont issus de 30
CFA différents. On remarquera notamment que le CIASEM de Saint Etienne a envoyé 14 candidats et
le CFA Lucien Ravit 6 ; à eux seuls, ces centres de formation ont donc proposé un tiers des candidats
apprentis au prix de l’égalité.
Les 35 lauréats lycéens viennent de 28 lycées différents. Les 110 dossiers déposés sont issus de 50
Lycées différents. On observe cependant une meilleure distribution des dossiers puisque les lycées
n’ont jamais adressés plus de 7 candidats au prix de l’égalité.
Ces premiers éléments indiquent que le nombre de lycées ou de CFA représenté est encore modeste.
Les entretiens avec les lauréats du prix de l’égalité semblent prouver en revanche que certains lycées
et CFA ont particulièrement joué le jeu. Les élèves ont ainsi été prévenus par leur chef
d’établissement, par leur CPE, par leur professeur principal ou encore par leur chef d’atelier. Ces
différents relais ont également accompagné les élèves dans la constitution de leur dossier en leur
remettant un dossier vierge et en les secondant.
LES PRIX
La remise des prix
Les lauréats sont unanimes à considérer la cérémonie de remise des prix comme une réussite et ce
malgré les problèmes importants de micro et d’animation que l’ensemble des professionnels regrette.
Ils ont particulièrement apprécié l’accueil et l’ensemble du déroulement de la manifestation dont la
qualité était pour eux la preuve de l’importance qui leur était accordée. Chacun se félicite du choix
d’appeler un par un les candidats et de leur laisser le temps de s’exprimer même si cette configuration
s’est accompagnée d’un peu de stress pour les plus timides. Un candidat résume ainsi la cérémonie
en indiquant que cette dernière a permis de « mettre en valeur les filières professionnelles et
l’égalité ».
Le sens que les lauréats accordent à leur prix
Tous les lauréats ont parfaitement saisi le sens du prix de l’égalité. Ils indiquent ainsi, reprenant la
terminologie officielle, que le prix « récompense ceux qui sont inscrits dans des filières à faible
mixité ». D’autres l’expriment avec leurs propres mots : « le prix récompense ceux qui ont le courage
de faire des métiers pas pour nous » ou encore, « il encourage à accepter les personnes qui n’ont pas
l’habitude d’être là », « il encourage à ne pas avoir peur de faire un métier féminin ».
Cependant, au-delà de cette première évidence, les lauréats voient dans le prix une récompense plus
générale. Certains insistent ainsi sur la reconnaissance des compétences et qualités développées par
les lycéens et apprentis du sexe minoritaire : « A travers le prix, on montre que les filles peuvent aussi
y arriver », « On reconnait que je suis capable de le faire. On est aussi capables que les hommes, on
a les mêmes compétences », « ça prouve qu’on a des qualités ».
D’autres insistent sur le prix comme récompense d’une expérience particulièrement difficile : « Quand
on est toute seule… au moins quelqu’un fait attention à ce qu’on fait », « Ça récompense toutes les
années où il a fallu tenir, quand il n’y a personne qui vous parle, quand on a envie d’arrêter parce que
tout le monde est contre vous ».
Enfin, certains voient également dans ce prix la récompense de la réussite personnelle : « Le prix
récompense la réussite scolaire et professionnelle », « il récompense les jeunes vraiment motivés ».
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Un prix focalisé sur les jeunes
Il est clairement indiqué que les prix récompensent, par répercussion, les CFA, les LEP et les Centres
de production ainsi que les maîtres d’apprentissage et les tuteurs, notamment par un « éclairage
médiatique ». Il est vrai que lors de la cérémonie officielle de remise des prix, un grand nombre de
jeunes était accompagné par le proviseur, un enseignant, un maître d’apprentissage. De même, dans
la presse, les journalistes ont pu contacter certains proviseurs ou directeurs de CFA afin de recueillir
leur témoignage.
Il reste que l’accent est principalement porté sur les jeunes et leur parcours, ignorant bien souvent les
structures dans lesquelles ils sont inscrits et les éventuelles mesures qu’ils auraient pu prendre afin
de faciliter la mixité dans leurs établissements.
EN AVAL : COUVERTURE PRESSE
La couverture presse
Le service information communication du Pôle Emploi Formation et le service presse de la Région
Rhône-Alpes ont contribué à la diffusion du prix de l’égalité auprès de l’ensemble de la presse
régionale. Une invitation très large a été lancée auprès de l’ensemble des journalistes susceptibles
d’être intéressés par cet évènement :
- la presse quotidienne (Le Progrès et le Dauphiné Libéré) ;
- la presse départementale (l’ensemble des hebdomadaires ou mensuels locaux tels que l’Echo
valentinois, la Voie de l’Ain, la Tribune d’Aubenas, le Pays Roannais, etc.) ;
- la presse spécialisée sur les questions d’éducation et de formation.
Au total, quelques 700 à 800 supports de presse ont été informés. Des radios et des télévisions
locales se sont également manifestées pour couvrir cet évènement. Une relance spécifique a été faite
auprès des journalistes du Rhône, plus à même de se déplacer au siège de la Région.
L’information a été fortement reprise dans les agendas des journaux qui ont très souvent indiqué la
tenue de la manifestation du prix de l’égalité. Quelques journaux « départementaux » ont également
repris l’information en publiant tout ou partie du palmarès et en faisant bien souvent un zoom sur un
candidat de leur territoire. Le prix de l’égalité, en mettant en exergue des parcours spécifiques, répond
en effet particulièrement bien aux attentes des journalistes et permet à ces derniers de s’emparer
relativement facilement du sujet.
La couverture presse apparaît au service presse comme satisfaisante pour une première édition. Ce
même service indique cependant quelques limites. D’abord, la remise des prix a été organisée autour
des 18 heures, horaire qui est épineux pour les journalistes. En effet, il leur est particulièrement
difficile de rédiger un article pour le soir même à paraître dans le journal du lendemain. Par ailleurs, on
pouvait remarquer une relativement faible présence de journalistes le jour même de la remise des prix
dans l’hémicycle rhônalpin. Enfin, la concurrence d’autres évènements a pu limiter la couverture
médiatique de ce rendez-vous proposé par le Conseil Régional.
Le traitement de l’information
L’ensemble des articles de presse auxquels nous avons eu accès aborde le prix de l’égalité à travers
le récit des parcours des lauréats. Les articles insistent tous sur l’engagement particulier des garçons
et des filles et leur force de caractère : « Elles ont une grande force de caractère et beaucoup
d’envie… », « Pour asseoir sa crédibilité dans ce secteur typiquement masculin, elle fait preuve d’une
grande volonté… », « Elle veut prouver que les filles ont complètement leur place là où on ne les
attend peut-être pas. C’est assurément une gagnante… », « Elle se prépare à être diplômée en
électrotechnique à la fin de l’année. Avec en prime une volonté de fer… ». Ces articles ont donc
tendance à mettre en exergue la détermination nécessaire des garçons et des filles qui s’engagent
dans des secteurs peu mixtes.
Quelques articles complètent cette première approche en indiquant les freins ou obstacles que
rencontrent les jeunes professionnels ayant choisi un métier atypique. La famille d’abord : « Mon père
est persuadé que chauffeur routier ce n’est pas pour moi. Il me voyait coiffeuse. Du coup c’est mon
frère qui fait ce métier ! ». Mais les soutiens familiaux sont également forts pour d’autres : « On vit
cela comme une fierté… », « Ses parents peuvent être fiers… ».
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Rares sont en définitive les articles mettant l’accent sur des freins plus structurels. Un seul journaliste
s’interroge : « Pourquoi les femmes sont-elles toujours marginales en menuiserie, en mécanique ou
en boulangerie ? Il y a d’abord et surtout la réputation dévalorisée de métiers manuels vus comme
sales et durs. (…) Mais dans ces métiers en tension, les filles trouvent toutes du travail. Elles y ont un
plus bel avenir qu’en comptabilité ou en secrétariat ». Quelques journalistes mettent l’accent sur des
difficultés structurelles : « les infrastructures de formation, notamment les internats, ne sont pas
toujours adaptés aux filles » ou encore « des problèmes d’organisation peuvent se rencontrer sur des
chantiers, par exemple les vestiaires ou sanitaires ».
Conclusion
En conclusion, le prix de l’égalité a, pour une première édition, globalement rempli son contrat.
Le nombre de dossiers reçus à la Région Rhône-Alpes, sans être impressionnant, a été suffisant pour
assurer une sélection de candidats systématiquement inscrits dans des filières à faible mixité. Cette
sélection, si elle peut vraisemblablement être améliorée a permis de récompenser des filles et des
garçons – dans une proportion intéressante –, dont le parcours en apprentissage est exemplaire du
point de vue de la mixité. Enfin, la couverture presse, même limitée, a permis une communication
ciblée sur ces problématiques.
Il reste qu’un certain nombre de modifications peuvent être apportées pour améliorer le prix et ses
retombées en termes de mixité des filières professionnelles.
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III - L’ajustement du dispositif
Face aux problématiques soulevées, un certain nombre d’ajustements devraient permettre aux
éditions à venir du prix de l’égalité de répondre plus largement aux objectifs qui ont été fixés par les
élus Régionaux. Deux types d’aménagement peuvent être apportés : des aménagements visant la
portée générale du prix (1.) et des aménagements portant sur la mise en œuvre du prix (2.).
Certaines préconisations ci-dessous s’appuient sur les travaux préparatoires de la DLY et de la
DEFC.
1. Les objectifs du prix
L’objectif du prix est de récompenser 50 élèves inscrits en année terminale de CAP BEP, Bac Pro, en
CFA, Lycée d’Enseignement Professionnel ou Lycée Agricole dans des filières à faible mixité. La
délibération du Conseil régional en date des 23 et 24 juin 2005 indique que ces prix comprendront
trois volets. Les prix récompenseront :
- l’élève ou l’apprenti bénéficiaire
- l’établissement sous condition d’utiliser cette somme dans le but de permettre d’accroître la
mixité
- le tuteur de l’élève bénéficiaire et le maître d’apprentissage.
Afin de répondre entièrement aux engagements de la délibération du Conseil Régional, nous
proposons de :
1. Etendre le prix aux CFA, LEP et Lycées Agricoles qui ont mis en œuvre une politique
spécifique susceptible de participer de l’amélioration de la mixité.
Pourraient être ainsi financés, une partie des travaux favorisant l’accueil de personnes de sexe
féminin ou l’accompagnement de ces personnes notamment dans leur recherche d’entreprises
susceptibles de les accueillir pour leur stage ou leur apprentissage.
2. Exiger que les jeunes lauréats témoignent auprès des futurs apprentis et lycéens désireux
de s’inscrire dans des filières à faible mixité. Ces témoignages, adressés par les lycéens en fin de
cycle à leurs pairs lors du mondial des métiers par exemple pourraient favoriser l’inscription de
certains jeunes dans des métiers fortement sexués.
3. Constituer un jury susceptible de se faire le relais, auprès des jeunes, de la mixité.
Le jury pourrait être constitué principalement d’acteurs de l’orientation, soit déjà en fonction soit en
formation, de façon à faire de ce public un vecteur de diffusion de l’initiative rhônalpine.
4. Elaborer une stratégie de communication s’appuyant sur un évènement fort de l’orientation
en Rhône-Alpes.
Le prix pourrait par exemple être décerné durant la semaine du mondial des métiers de façon à avoir
un écho particulier durant cet évènement majeur en termes d’orientation pour un très grand nombre
de jeunes rhônalpins.
En insistant sur l’évolution des structures d’accueil (entreprises et lieux de formation) des lycéens ou
apprentis et parallèlement en récompensant des lauréats qui auront un devoir de témoignage, le prix
de l’égalité sera un moment fort de la mixité en Rhône-Alpes dont pourra s’emparer la presse.
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2. Le déroulement du prix de l’égalité
5. Aménager le barème de notation de façon à accorder un poids important à l’inscription dans
une filière à faible mixité.
On a vu que le fait d’appartenir à une filière très sexuée était le lot commun de l’ensemble des
lauréats. De fait, la sélection s’est donc opérée sur les autres critères. Or parmi ces critères, les notes
scolaires et l’appréciation du maître de stage concouraient pour 4 points tandis que la lettre de
motivation participait pour 3 points.
Il est possible d’aménager le barème des notes afin de tenir compte de ces réflexions. D’une part, le
taux de mixité pourrait être porté à 10 points, indiquant que la moitié de la note tient au choix, par la
personne, d’une filière particulièrement atypique en regard de son sexe. D’autre part, un poids plus
important peut-être donné à la lettre de motivation, permettant de juger des difficultés éventuellement
rencontrées par les candidats, de leur opiniâtreté et de leur avenir dans la filière qu’ils ont élue. Enfin,
les notes scolaires et l’appréciation du maître de stage pourraient être conservées en l’état, leur poids
dans l’ensemble de la note étant de fait réduit.
Critères
Nombre de points
Taux de mixité
10 points
Lettre de motivation
6 points
Rapport de stage
Décomposition
0 à 10%
10 à 20%
20 à 30%
30 à 40%
10 points
7 points
3 points
1 point
2 points
Très bonne appréciation
Bonne appréciation
Appréciation moyenne
2 points
1,5 point
1 point
Notes scolaires
2 points
Moyenne de l’élève supérieure à 10
Moyenne de l’élève inférieure à 10
Progression de l’apprenti constante
Progression de l’apprenti irrégulière
1 point
0,5 point
1 point
0,5 point
Total
20 points
6. Assurer une meilleure représentation de l’ensemble des filières professionnelles
Afin de favoriser une communication vers l’ensemble des secteurs, la sélection pourrait tenir compte
de la filière de formation empruntée par les candidats. Ainsi, une note pourrait être accordée à chacun
des candidats. Les meilleurs candidats dans les différentes filières se verraient récompensés. Si le
nombre de filières est inférieur au nombre de candidats, alors les places restantes seraient accordées
aux meilleurs éléments, indépendamment cette fois de la filière empruntée.
7. Affiner les critères retenus pour juger du parcours des jeunes
L’intérêt de la lettre de motivation pour juger de l’expérience des jeunes n’est plus à démontrer. En
revanche, il apparaît après enquête auprès de ces derniers que beaucoup ont été aidés dans cet art
difficile. La lettre de motivation pourrait être remplacée par un questionnaire plus explicite permettant
de mieux saisir les difficultés rencontrées par les candidats (cf. modèle en annexes).
8. Garantir le taux de mixité
Le taux de mixité est un critère particulièrement important pour un prix récompensant des individus
inscrits dans des filières fortement sexuées. Il convient dès lors de présenter en amont une liste
incontestable de filières indiquant les taux de mixité observés.
Par ailleurs, plusieurs stratégies (cf. supra) peuvent être élaborées pour récompenser soit les femmes
qui sont de fait plus souvent inscrites dans des filières mixtes ou masculines, soit les hommes afin
d’initier un travail de persuasion, soit enfin les hommes et les femmes dans un esprit de parité.
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Annexes
Questionnaire
Nom :
Prénom :
Age :
Adresse :
Tel :
Mail :
_________________________________________________________________________________
Filière :
Lycée ou CFA :
Niveau (BEP, CAP, Bac Pro) :
Sexe :
Taux de mixité de la filière :
1. Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Quelles sont les personnes qui vous ont soutenu dans votre
choix ?
2. Avez-vous rencontré des difficultés particulières d’intégration au sein de votre école du fait que
vous soyez une fille / un garçon ? Explicitez.
3. Avez-vous rencontré des difficultés particulières pour trouver une entreprise ou un lieu de stage du
fait que vous soyez une fille / un garçon ? Explicitez (combien d’entreprises avez-vous contactées ?
quelles ont été leurs réponses ? Comment avez-vous trouvé ? etc.)
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4. Avez-vous rencontré des difficultés particulières au sein de votre entreprise du fait que vous soyez
une fille / un garçon ? Explicitez (railleries, traitement différent, etc.)
5. Qu’apporte le fait que vous soyez une fille / un garçon dans votre métier ?
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