Format PDF - Mélanges de la Casa de Velázquez
Transcription
Format PDF - Mélanges de la Casa de Velázquez
Mélanges de la Casa de Velázquez 41-2 (2011) Le droit hispanique latin du vie au xiie siècle ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Frédéric Prot Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZCORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Frédéric Prot, « Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 41-2 | 2011, mis en ligne le 13 février 2012, consulté le 27 septembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/4158 Éditeur : Casa de Velázquez http://mcv.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://mcv.revues.org/4158 Document généré automatiquement le 27 septembre 2016. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. © Casa de Velázquez Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustració (...) Frédéric Prot Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZCORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones Pagination de l’édition papier : p. 248-250 1 2 3 4 5 Et si l’on parlait encore des Lumières ? Faut-il qu’elles travaillent notre culture politique - au sens le plus large - pour que le travail d’élucidation et donc d’appropriation soit une fois de plus reconduit ? Non pas qu’elles réclament de nous une adhésion admirative à leur part utopique ou réformiste, ou bien une défiance toute post-moderne, qui pointerait leurs insuffisances, leurs faux-semblants voire un autoritarisme tendanciel car systémique, aux yeux de certains. La critique historique se propose d’éclairer les postulats d’une époque, les forces en présence et la concurrence de modèles de projection collective. Si les Lumières, précisément, imposent encore aujourd’hui leur référence, c’est qu’elles ont fini par ressortir à un mode transversal de la modernité, affranchi des bornes chronologiques du XVIIIe siècle. On réclame une religion éclairée, une laïcité éclairée. A travers elles, c’est un critère d’exigence morale et politique que l’on revendique, et pour le présent, une culture nourricière et fondatrice. Alors, telles qu’en elles-mêmes enfin l’éternité les change ? Pas si simple. D’abord, la valeur « Lumières » a-t-elle encore cours ? La partie est-elle perdue, demande même Fernando R. de la Flor dans sa « Memoria postmoderna de la Ilustración » ? Plusieurs choses pourraient aujourd’hui le laisser entendre, selon lui. Notre époque reconnaîtrait ainsi plus largement ses affinités avec la culture et le système baroques, dont les formes et les valeurs auraient pris l’avantage. Notre âge « anti-utopique », féru de déconstruction, aurait perdu les possibilités de résonnance avec l’élan des Lumières, leurs idéaux et leur « poétique » même. L’esprit « éclairé » aurait d’autant moins le vent en poupe que son sens se trouverait aujourd’hui ou bien brouillé – par l’essor, notamment, du courant historiographique actuel qui fouille et reconstitue son envers, les « anti-Lumières » – ou bien révisé – par l’effet de réinterprétations successives de son idéologie et de ses principales figures. Les Lumières sont-elles encore à l’ordre du jour ? Quelles politiques délivrent-elles et de quelles Lumières veut-on et peut-on parler ? Les 14-17 novembre 2007, la Sociedad Bascongada de Amigos del País convoquait un vaste Congrès, sobrement intitulé « Ilustración, ilustraciones ». Les travaux qu’y exposèrent plus de cinquante chercheurs sont aujourd’hui rassemblés en deux volumes de près de mille pages, distribués en six grandes sections thématiques : « Tiempos y modos », « Espacios y Estados », « Economía política : hechos e ideas », « Ciencia », « Representaciones » et enfin « Ilustración vasca ». Dans un vaste préambule, les Lumières sont présentées comme un objet d’étude requérant un vaste travail de « désopacification » du sens et de l’ambition. Ce « système culturel commun », pensé et mis en œuvre comme tel, a en effet pâti – rappelle Vicenzo Ferrone – de l’historiographie nationale et nationaliste des grands Etats des XIXe et XXe siècles qui favorisèrent le renforcement des particularismes, au profit des traditions et de l’identité nationale. Par ailleurs, le lien tissé entre Lumières et Révolution française empêche souvent de comprendre en profondeur chacun des deux termes, donnant lieu à des « révisionnismes aventureux et idéologiquement marqués ». Contre les effets abusifs de généalogie causale et un mouvement de « nationalisation » des Lumières dans le champ historiographique, il faut donc dépasser la géographie et la chronologie traditionnelles et promouvoir de même et de nouveau le travail sur archives. Les Lumières constituent une des premières entreprises de « globalisation », portée par une foi en la perfectibilité de l’homme et l’idée d’un destin commun, écrit Joaquín Álvarez Barrientos. Aussi, à travers elles, c’est « la façon dont nous nous voyons (…), dont nous acceptons, ou non, notre passé et la manière aussi que nous avons de penser l’avenir » qui se trouve réfléchie. « Un Mélanges de la Casa de Velázquez, 41-2 | 2011 2 Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustració (...) 6 7 8 9 avenir chaque fois plus présent, moins historique, plus post-moderne ou trans-moderne et, en ce sens, moins éclairé ». Les Lumières forment un legs collectif que l’on s’approprie et que l’on réinvestit d’un sens selon les exigences et les représentations des époques. Leur histoire est donc celle aussi des avatars de leur postérité. Ainsi, l’image de Lumières modérées s’est-elle longtemps imposée, influencée par le catholicisme et l’utilitarisme. Les « Lumières radicales » – n’ouvrons pas ici le débat sur le bien-fondé de cette désignation – sont depuis quelques années l’objet de travaux remarquables, comme l’étude fouillée qu’en donne l’historien américain Jonathan Israël. Gérard Dufour rappelle, au sein du Congrès, l’existence de cette option en Espagne, à travers la figure de l’auteur de Cornelia Bororquia, Luis Gutiérrez, dont le rejet de la République ne relève pas pour autant d’une radicalité déficitaire. Philip Deacon met en garde contre les abus terminologiques, les simplifications et les confusions auxquelles donne lieu l’emploi – ancien et contemporain – des mots « ilustración » et « ilustraciones ». La recherche actuelle doit se pencher sur les occasions perdues des Lumières, examiner les raisons pour lesquelles la transformation nationale profonde que réclamait la minorité des Espagnols éclairés ne s’est pas produite. La difficulté qu’il y a à produire une vision unitaire des Lumières justifie le titre du Congrès, où le singulier est adossé au pluriel. Face à l’absence d’une « véritable philosophie », entendue comme un ensemble d’idées claires et distinctes, aptes à former un corps doctrinal compact, María Victoria López-Cordón prend acte de la nécessité de toujours conjuguer l’« Ilustración pensada » à l’« Ilustración vivida ». Les notions maîtresses n’ont pas la même acception auprès de tous : on est en face d’un processus d’appropriation, ancrée dans la réalité d’un temps et d’une société. Les esprits éclairés, étaient-ils des intellectuels ou des réformateurs, intégrés à l’appareil monarchique ? Le lien entre Etat et Ilustración est solidement marqué, à l’image de l’institution emblématique des Lumières d’Espagne : les Sociétés Economiques des Amis du Pays, objet de plusieurs communications au sein du Congrès, comme celles de Gloria Franco Rubio – qui les envisage comme un « observatoire privilégié » pour l’histoire de la citoyenneté bridée à la fin de l’Ancien Régime –, ou d’Olegario Negrín Fajardo, consacrée à la vocation de l’éducation populaire au sein de la Matritense : s’agissait-il alors d’accroître la productivité et la qualité du travail artisanal ou de promouvoir une authentique « formation professionnelle » ? « L’arrière-plan politique et institutionnel » explique la façon dont l’Ilustración s’est traduite et répercutée en Ilustraciones. Aucune des modalités régionales (Asturies, Catalogne, Andalousie, Aragon, etc.), n’aurait eu lieu d’être sans cette Ilustración « indiscutablement unique, indivisible, au singulier et en majuscules » (Jesús Astigarraga). Référence(s) : Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones. Donostia-San Sebastián, Real Sociedad de los Amigos del País/ Madrid, Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, 2009. 2 vol. , 1.047 p.+ CD-ROM. Pour citer cet article Référence électronique Frédéric Prot, « Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 41-2 | 2011, mis en ligne le 13 février 2012, consulté le 27 septembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/4158 Référence papier Frédéric Prot, « Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustración, Ilustraciones », Mélanges de la Casa de Velázquez, 41-2 | 2011, 248-250. Mélanges de la Casa de Velázquez, 41-2 | 2011 3 Jesús ASTIGARRAGA, María Victoria LÓPEZ-CORDÓN, José María URKIA ETXABE (eds), Ilustració (...) À propos de l’auteur Frédéric Prot Université Bordeaux 3 Droits d’auteur © Casa de Velázquez Mélanges de la Casa de Velázquez, 41-2 | 2011 4
Documents pareils
Jesús Astigarraga / María Victoria López-Cordón
populaire au sein de la Matritense : s’agissait-il alors d’accroître la productivité et la qualité
du travail artisanal ou de promouvoir une authentique « formation professionnelle » ?
« L’arrière...