Le Maroc ou juste un peu d`amour

Transcription

Le Maroc ou juste un peu d`amour
Le Maroc ou juste un peu d'amour !
Nous partons de Rich¹, à Errachidia¹, à vingt kilomètres d'Errachidia, à Ain Meski¹, à la source
bleu...
On y descend par des escaliers ! Les visiteurs et les garçons de la région, pareils à des sultans
se délectant sous l'ombre des dattiers, s'éclaboussent d'eau et de joie !
Goulmima¹, une "ville" relais, s'étend devant nos yeux... Après c'est oued Ferkla, un oued qui
n'a rien d'un oued, un désert désolé... Tinjdade¹ voilée d'un drap de négligence, nous accueille
avec un visage livide, ses oasis, ses palmeraies très étendus, en dépit d'un château d'eau, sont
en train de ternir, d'agonir. Le linceul du monde agricole ? Ils le sont, effectivement, à l'entrée
comme à la sortie de Tinjdade.
Tout au long des constructions modernes, nous voyons quelques femmes couvertes non pas
de "Tabizartes"² noires, comme celles d'Imchil¹ et les environs, mais blanches : le noir
symbolise la fermeture, le blanc connote l'ouverture des tribus vers ce qui est nouveau....
Tamroudaoute, une rivière sèche à nouveau , le sol est aride, jonché de petites pierres aiguës,
qui risquent même de vous taillader si vous marcher les pieds nus. Sous les affres de l'érosion,
ces pierres gémissent !
Plus loin, on voit ressurgir les cimes du grand Atlas, ce qui annonce la fin de la province
d'Errachidia et l'ébauche de celle d'Ourzazate¹. Il ne reste que vingt kilomètres pour atteindre la
ville tant désirée , tant rêvée , la ville joyau :Tinghir¹. Nous sommes proches de Souss*, et plus
exactement de Ait ATa.
Ici le tapis végétal est pauvre, pour dire vrai il n'y a de tapis !
Des femmes portent des "Tabizartes" noires, ornées du rouge, d'autres sont entourées de
2/5
draps jaunes ou blancs sous forme de dentelles. Les demeures de couleur ocre, bordent la
route, serpentent et montent avec nous pour atteindre le site, notre destination...
O grandeur démesurée ! ô Majestueux rochers ! Ils sont sous forme d'énormes pierres
tachetées d'un vert jaunâtre, entre lesquelles, il faut marcher la tête tournée vers le firmament
pour pouvoir embrasser cette somptueuse nature ! Ces blocs de terre, ces énormes récifs sont
pareils à Narcisse qui se dédouble et donne naissance à deux narcisses se miroitant dans le
fleuve et quel fleuve ! Le Léthé
Ces deux narcisses semblent défier le temps , le Léthé et souffler aux visiteurs grisés : "
Cessez de jouir duLéthé, vous n'êtes qu'une page parmi d'autres que le temps aura tournée et
l'oubli sera votre sort "
L'écho de ces paroles, que tout le monde comprend mais ne peut ouïr , l'eau froide avec son
doux bruissement chantent le refrain de la beauté vierge, chante l'hymne tantôt hilare , tantôt ,
cru par les mortels, éternel, anxieux de la vie. Ici au pied des gorges de Todgha, au visage
raviné, plissé, je me rend compte de notre relativité, de notre petitesse ! Aussi devons nous
nous agenouiller, nous recueillir devant l'agile sculpteur, le sublime créateur ! Aucun spectacle,
je pense, n'est plus attrayant, plus ensorcellent que celui des gorges de Todgha¹ !
De longues fissures semblent pendre le long de ses gigantesques masses de pierres . Ces
pierres sont, des fois, horizontales, d'autres fois, forment des zigzagues et d'autres encore se
confondent en des strates ou des grottes. Pas de sol, pas de poussière, rien que des rocs durs
et ciselés à ravir ! Ces rocs, avait des rides,chaque ride me contait les explosions qui brûlaient
dans les antres de la terre, les peuples qui la foulaient aux pieds impunément, les agitations qui
allaient la déchirer, l' histoire des héros morts qui avaient osé l'aimer !
Les yeux rivés sur le fleuve, je laisse échapper un long soupir. Mon âme, je la vois voltigeante
au dessus des deux narcisses, au dessus de ces hommes, en extase, venus de toutes les
contrées du monde pour jouir de cette symbiose, de cette symphonie de la terre à Tinghir.
Sur notre chemin de retour à Méknès˜ et plus exactement sur la route qui mène à Khénifra˜ ,
c'est un vaste habit estival. Du blé, de l'orge, il ne reste plus que la chaume et les éteules !
C'est une autre facette du Maroc ! Je sens la flagrance, qu'exhale le sol, l'herbe mouillée d'une
pluie nerveuse en cette saison ! La vue de quelques paysans et de leurs mules transportant des
fagots de bois me transmet en un élan à Tasa, à la campagne où j'ai passé les plus belles
vacances !
Nous atteignons ensuite une forêt de cèdres, l'odeur nostalgique de la terre, de la pluie nous
poursuit jusqu'à Timdghas.
A une dizaine de kilomètres, nous dégustons des myrtilles violettes foncées et nous arrivons à
Lahri , un lieu qui porte le nom d'une bataille contre l'ancien colon français....
Au café des cascades à Khènifra et au rythme de la musique du chanteur marocain "Rouicha"
,sur le pont historique dit portugais, une horde de chevaux passe.
On y voit des cruches suspendues à des chênes. C'est le mariage forcé du classique et du
moderne, oui ! l'humble classique, le modeste classique, le riche classique. Restons tel que
nous sommes, n'essayons pas de chasser le naturel, le spontané, tout ce qui fait l'originalité de
notre culture, de notre civilisation. Celui qui n'a pas de passé, n'a pas d'avenir ! Mes filles sont
entrain de s'amuser dans une patinoire, à côté d'un singe emprisonné dans une cage ! Juste en
bas nous entendons la chanson d'Oum Rbie, la rivière reine au Maroc...
3/5
ô Maroc tant oublié , tant délaissé ! ô Maroc des espoirs qui crie de toutes ces forces " Je suis
riche par mon côté naturel, simple et classique, je quémande juste un peu d'amour "
1:nom des villes du sud du Maroc.
2:Tissu qui sèrt à se couvrir le corps quand les femmes veulent sortir.
*:région du sud du Maroc.
¤:Tribu du sud du Maroc.
˜:Villes du moyen Atlas
Lahri:petit village situé au sud et à20 km de Khénifra
4/5
Publication certifiée par De Plume en Plume le 09-06-2013 : http://www.de-plume-en-plume.fr/
En savoir plus sur l'auteur : Marjoline
Vous pouvez lui laisser un commentaire sur cette page : Le Maroc ou juste un peu d'amour ! sur DPP
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)