Forum Emploi-Entreprises
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF Forum Emplois-Entreprises de l’AIGREF - 30 septembre 2008 La parole est donnée à Daniel DUMONT (ENGREF 1974, EDF), animateur des débats de ce forum. Ouverture du forum par : Laurent ROSSO (ENGREF 1991) directeur de l’ENGREF et Dominique OLIVIER (ENGREF 1971) président de l’AIGREF En tant qu'école reconnue de formation d'ingénieurs du vivant, ayant pour vocation de former des ingénieurs fonctionnaires et des ingénieurs civils, la période actuelle marquée par de fortes évolutions nous conduit à nous poser deux questions fondamentales pour permettre à l'établissement de répondre aux défis de demain : Quid de l'évolution des métiers des ingénieurs A+ de l’État dans les services publics ? Quid des besoins du secteur privé notamment dans le domaine de l'environnement ? Considérant les ingénieurs fonctionnaires et compte tenu des fusions de corps annoncées et de la contraction des effectifs, des synergies avec le secteur privé doivent apparaître nécessitant un travail d’acculturation. Cela induit dans les réflexions actuelles sur l'avenir de l’ENGREF, une modification des cursus intégrant le maintien de la formation à l’identité des administrations, mais également un renforcement de la formation à la culture d'entreprise. Les ingénieurs d'État du corps A+ de demain doivent être en mesure de pouvoir passer d'un secteur à l'autre (privé-public). En ce sens, l'organisation et la programmation de ce forum “emplois-entreprises” par l’AIGREF ne peut que concourir à alimenter notre réflexion du moment. Le président de l’AIGREF se félicite du rôle de l'association dans le suivi des IGREF, notamment en matière d'aide à l'emploi. Le partenariat avec l’ENGREF en est la cheville ouvrière et constitue un cas unique, exemplaire au sein d'AgroParisTech. Confirmant les enjeux de demain déjà évoqués en introduction, il note l'importance de la formation par la recherche afin d'optimiser les capacités d'adaptation des futurs IGREF dans l'optique de leur parcours public-privé. Il remercie l'ensemble des intervenants ayant accepté de participer aux différents débats prévus dans le cadre de cette journée. L'idée de cette journée est de faciliter un renforcement de la culture du secteur de l'entreprise chez les IGREF. Elle se déroulera en quatre temps : 1 - Présentation de la synthèse des questionnaires préparatoires à l'organisation de la journée. 2 - Table ronde 1 : Les attentes et les besoins du secteur privé en matière d'ingénieur. 3 - Table ronde 2 : Perception et place des IGREF dans le privé. 4 - Table ronde 3 : Retours d'expérience par des IGREF. Au terme de ces quatre temps, la synthèse conclusive de la journée se fera au travers de la participation de trois grands témoins : Dominique SORAIN (secrétaire général du MAP), Paul VIALLE (ENGREF 1967, vice-président du CGAAER et chef de corps des IGREF) Jean-Marie MARX (ENSSAA 1981, directeur délégué à l'ANPE). 71 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Présentation des résultats de l'enquête Géraud MOUSNIER (ENGREF 2004, Danone) L'enquête s'articulait autour de trois questionnaires différents : Un questionnaire auprès des ingénieurs civils.Un questionnaire auprès des ingénieurs fonctionnaires passés par le privé. Un questionnaire auprès des ingénieurs fonctionnaires souhaitant une expérience dans le privé. Elle a donné lieu au retour de 171 réponses (dont 129 de la part d'ingénieurs civils), ce qui représente 15 % de retours. Le profil des répondants est varié. Il est large en terme de pyramide des âges et international (20 pays représentés). Il est à noter les éléments suivants : Plus d'un quart des IGREF travaillent dans d'autres secteurs que les secteurs de spécialisation de l'école. La notoriété de la formation est variable.On constate une bonne valorisation de la complémentarité des formations initiales et de celle de l’ENGREF. De manière générale, il est ressenti une bonne adéquation entre la formation suivie et les besoins des agents dans l'exercice de leurs attributions. Une majorité des enquêtés pensent que la formation en début de carrière constitue la meilleure solution. Toutefois, des modules de formation continue seraient les bienvenus tout au long du parcours professionnel. Les besoins en formations complémentaires se traduisant dans les faits par le suivi de nouvelles formations par les agents enquêtés, concernent en premier lieu le renforcement des connaissances et savoir-faire en matière de management. L'agriculture n'apparaît pas comme un secteur d'emplois des IGREF.Il apparaît que flexibilité et adaptation à l'emploi ne peuvent se faire qu'au travers de formations complémentaires ou de la valorisation des acquis de l'expérience. Table ronde 1 : Les attentes et les besoins du secteur privé en matière d'ingénieur de gauche à droite : Dominique Olivier, Philippe Marié (ENGREF 1977), Nathalie Rauhoff et Géraud Mousnier Première intervention : Nathalie RAUHOFF, responsable du recrutement des cadres dirigeants au Crédit agricole. Le recrutement de la société, c'est 6 à 7000 personnes par an en France. L'entreprise poursuit une politique de diversification des origines. Ce recrutement porte sur de nombreux métiers avec une politique de mobilité fonctionnelle à l'interne importante. Au terme d'une présentation rapide du groupe mutualiste via un PowerPoint mettant l'accent sur la diversité des champs d'intervention de l'institution et mettant en avant les secteurs favorables au recrutement des IGREF (ex : Pôle capital investissement et finances), l’intervenante s'est attachée à exposer la politique de recrutement de l'entreprise. Il est procédé à un recrutement externe lorsque le vivier interne n'offre pas la compétence recherchée. La société accueille de nombreux stagiaires, les stages ayant vocation de pré-recrutements. Certaines fonctions constituent des portes d'entrée privilégiées au recrutement externe. C'est le cas de la fonction d'inspecteur – auditeur. 72 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Les principaux métiers pour lesquels le Crédit agricole recrute des IGREF sont : L'informatique : de nombreux exemples montrent que les IGREF sont très recherchés et valorisés sur le secteur informatique. Le secteur agroalimentaire vit de multiples évolutions durant ces dernières décennies qui pèsent sur les orientations des logiques de production. Après l'apparition des marques distributeurs au cours des années 80, tous les grands groupes alimentaires se sont mis à communiquer sur les produits à forte valeur La finance. Les risques. L'assurance. L'inspection générale. Les financements structurés. Quel que soit le point de départ en terme de formation, les parcours de carrière au sein de la société permettent de développer des compétences à de nombreux métiers. Dans ce contexte et considérant la logique du redéploiement des IGREF qui progresse aujourd'hui suite à la disparition de nombreux postes de la fonction publique, il paraît nécessaire de mettre en place à leur intention, des formations requalifiantes afin d'optimiser leur parcours professionnel dans le privé. Deuxième intervention : Dominique OLIVIER, fonctionnaire détaché chez VEOLIA Environnement. Entré au sein de la société à 42 ans, il lui paraît difficile d'y parvenir aujourd'hui dans les mêmes conditions. Pour passer du public vers le privé, il faut le faire plus tôt, entre 30 et 40 ans. La société comporte quatre grands domaines de métiers : Les métiers de l'eau. Les métiers des services à l'énergie. Les métiers du traitement des déchets. Les métiers des transports publics (personnes et marchandises) La politique d'entreprise actuelle est dictée par le phénomène de société du moment en matière d'environnement, à savoir le développement durable. Principale question posée : Comment mettre en pratique cette notion concrètement dans la réalisation de nos métiers ? L'objectif à atteindre, modélisé par le service de la prospective, est de bâtir la « cité de l'avenir ». VEOLIA environnement, c'est aujourd'hui 300 000 personnes dans 100 pays. Concernant le domaine de l'eau, cela représente 83 000 personnes dans 60 pays. L'entreprise emploie aujourd'hui 46 IGREF et constitue le premier employeur privé d'ingénieurs du Génie rural des eaux et des forêts. Historiquement, il existait une passerelle DDAF-DDE vers l'ancienne Compagnie générale des l'eaux (C.G.E.) qui est aujourd'hui fermée. L'expansion de la société ne pouvant se faire qu'à l'international, l'objectif n'est pas forcément d'exporter des Français, mais de former des personnes du pays d'accueil au savoir-faire de la société. On constate actuellement une réduction des plans de recrutement liée à la crise. De manière générale, la société VEOLIA environnement apprécie le recrutement via la recherche. Les parcours de carrière étant largement programmés, il est illusoire de penser pouvoir intégrer cette société après 40 ans. Troisième intervention : (groupe Danone) agroalimentaire. évoquant M. Géraud MOUSNIER les besoins du secteur Aujourd'hui, on observe une double orientation à cette stratégie : La communication vers les produits santé. La communication vers les produits low cost. Cela se traduit par une évolution des métiers, notamment par l'apparition d'une tendance d'évolution vers les métiers de la santé. Pour ce qui concerne les profils recherchés dans le domaine de la RechercheDéveloppement, cette évolution se traduit par le fait que le profil « génie rural, eaux et forêts » va être moins recherché. Les produits devenant de plus en plus techniques, des profils d'experts tels que doctorant, pharmacien ou vétérinaire, suivant le secteur, sont de plus en plus valorisés au sein des départements RD. Il reste toutefois des possibilités à l'entrée des IGREF dans le secteur agroalimentaire : Possibilités réelles pour les jeunes IGREF sur des postes de la production et de la maintenance. Le profil IGREF est un plus, apporte une connaissance approfondie du contexte. Toutefois, plus que le profil IGREF proprement dit, c’est plutôt la formation amont qui va peser au titre de la première embauche. Dans un autre cadre, la formation GREF agroalimentaire étant très axée réglementation et pouvoirs publics, des métiers comme ceux de la qualité ou de la gestion du risque proposent des postes auxquels le profil GREF peut parfaitement répondre en apportant une vraie valeur ajoutée. De même pour le métier très spécifique de « regulatory affairs » qui demande une connaissance à la fois technique et de la réglementation, double compétence pour laquelle le « mix » entre l'école d'amont qui a donné un fond technique et la formation GREF qui a apporté un vernis réglementaire, apporte une réponse adéquate. Enfin, la formation GREF étant notamment associée aux aspects environnement et développement durable, ces thématiques peuvent être une porte d'entrée dans le secteur agroalimentaire, au même titre que dans tout autre secteur, les grands groupes de tout domaine d'activité cherchant de plus en plus à se développer sur ce sujet. Les principales qualités recherchées pour un ingénieur sont : La flexibilité en terme de métier. La flexibilité en terme de mentalité. La maîtrise de plusieurs langues étrangères. 73 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Table ronde 2 : Perception et place des IGREF dans le privé de gauche à droite : Hubert François (ENGREF 1983), Philippe Bonneau (ENSSAA 1974) et Constant Lecoeur (ENSSAA 1972) Premier intervenant : Constant LECOEUR (CGAAER) responsable de l'observatoire des métiers. Les IGREF ont toutes ces qualités pour intéresser les entreprises, surtout pour les agents entre 28 et 35 ans. Les défis auxquels nous sommes confrontés dans l'exercice des métiers des IGREF fonctionnaires ont les mêmes thématiques dominantes que dans le privé. Concernant leur formation, il semble nécessaire de la rénover, de la concentrer, de l'optimiser vers l'objectif commun des ingénieurs du public ou du privé qui se définissent comme étant ceux qui recherchent des solutions. Il s'agit : Du développement durable des territoires. De la problématique environnement et santé. Troisième intervenant : Philippe BONNEAU (directeur adjoint de l'ENGREF) De la gestion énergétique et des modifications climatiques. Concernant la formation des IGREF du futur (futurs ingénieurs d'État), une des questions fondamentales est la suivante : En pleine phase de réorganisation, la redéfinition de la mission première de l'État s'articule autour de la question suivante : comment développer une approche globale et transversale des territoires ? Dans ce cadre, les missions de l'État s'exercent de plus en plus en interface avec le domaine de la recherche. Les apports attendus des ingénieurs du Génie rural, des eaux et des forêts se définissent sur trois plans. Comment faire acquérir plus d'ouverture chez le futur ingénieur sans lui faire perdre de la technicité ? Ils doivent être : Des experts formés par la recherche à l'intégration de divers champs scientifiques, c’est-à-dire des ensembliers. Face à certaines réticences qui s'expriment au travers des interventions de la salle, notamment concernant l'attachement aux spécificités des formations actuelles, il est mentionné la nécessité « d'évoluer avec un monde qui bouge ». Les ingénieurs de l’Etat doivent avoir la capacité de s’adapter, d'animer et de faire évoluer les structures qui les forment. Les thématiques alimentant le système Etat, on les connaît à l’instant. Aujourd'hui, on retiendra : Des chefs de projet en charge de la conduite du changement opérationnel. Le développement durable. La dynamique territoriale. Des managers. La problématique santé et environnement. .... En d'autres termes, les futurs ingénieurs de l'État seront des experts du vivant en charge de manager le développement durable. Cela sous-entend pour AgroParisTech, que nous sommes arrivés dans une période de grands bouleversements nécessitant une redéfinition des parcours de formation. Deuxième intervention : Capacité au travail en équipe. Esprit de synthèse. Hubert FRANCOIS (Grands moulins de Paris) Considérant la diminution du nombre de fonctionnaires, les IGREF ont des places à prendre au sein des industries agroalimentaires. Il nous faut dans ce secteur : De la technicité. De l'intelligence. De l'enthousiasme. De la volonté et de la capacité à travailler en équipe. 74 Qu'en sera-t-il demain ? Pour développer cette capacité d'adaptation, il est nécessaire d'assurer par la formation l’acquisition des aptitudes suivantes : Vitesse d'analyse et anticipation. Forte capacité de travail. Un chantier urgent doit par ailleurs être ouvert pour rénover le plan communication de l’ENGREF. On constate en effet un décalage significatif entre l'image véhiculée par l'école et les aptitudes perçues chez les IGREF dans l'exercice de leurs fonctions, quelle que soit l'étendue de leurs affectations. 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Table ronde 3 : Retours d'expérience par des IGREF de gauche à droite : Sylvain Rouzeau (ENGREF 1994), Edith Vidal (ENGREF 1982), Jean-Baptiste Cuisinier (ENGREF 1982) et JeanMarc Piloquet (ENGREF 1984) Première intervenante : Edith VIDAL, directrice régionale de l'agriculture et de la forêt en région Picardie, DDAF de la Somme. La carrière d'Edith VIDAL se caractérise par plusieurs allers-retours public-privé. De sa formation X-GREF, elle retient l'acquisition des fondamentaux scientifiques lors de son passage à l'Ecole polytechnique, suivi de l'acquisition d'une formation de terrain à l’ENGREF. Après avoir pris la Direction des industries agroalimentaires à la direction centrale du ministère de l'Agriculture et de la pêche, elle est passée dans le privé en entrant à la BNP pour prendre des responsabilités sur le secteur des investissements des entreprises, plus précisément sur le contrôle de gestion des marchés boursiers. Elle y a appris la collégialité des prises de décision, à savoir une forme de pilotage des moyens que nous n'avions pas dans le secteur public. Dans cette fonction, l'ingénieur qu'elle était, était mise en concurrence avec des diplômés d'écoles de commerce. Elle a exercé cette fonction durant six ans. Après avoir été nommée conseillère technique industries agroalimentaires du ministre de l'Agriculture et de la pêche durant 16 mois, elle est retournée à la BNP durant cinq ans et a participé à la conduite du changement lors de la privatisation de la banque. Après un passage en tant que chef de service à la DPEI, elle a été nommée DRAF de Picardie, fonction qu'elle assimile à une logique de clientsfournisseurs entre le service de l'État qu'elle dirige, les collectivités territoriales, et la mission de rendre compte au préfet. De ce parcours diversifié, elle retient la grande capacité d'adaptation acquise par les IGREF au terme de leur formation et la richesse des apports liés à ses passages dans le privé. Deuxième intervenant : Sylvain ROUZEAU (SAFEGE, filiale de Suez environnement), bureau d'études aménagement environnement. Après une rapide présentation de son secteur d'activité, l'intervenant s'attache à répondre aux deux questions suivantes : 1 - Qu'est-ce qu'un IGREF apporte au privé ? Selon lui, ses principaux apports sont : Des connaissances techniques spécifiques. Sa pluridisciplinarité. Des connaissances juridiques poussées. Une ouverture sur de nombreux acteurs, aussi bien du privé, que des collectivités et/ou de l'État. 2 - Qu'est-ce que le secteur privé peut apporter aux IGREF ? Un passage dans le privé permet de mieux comprendre le ressort des gens (ce qui les fait avancer) avec lesquels on est en charge de travail quand on est responsable d'un service de l'État ou d'une collectivité territoriale. Considérant l'évolution des métiers de l'environnement actuellement, Sylvain Rouzeau considère que le privé, notamment en ce qui concerne les bureaux d'études aménagement environnement, est un marché porteur pour les IGREF dans les années à venir. Troisième intervenant : Jean-Baptiste CUISINIER (membre du directoire d’AGRO INVEST). IGREF chercheur à ses débuts à l'Institut Pasteur en tant que neurophysiologiste, chargé de formation à mi-temps, il s'est reconverti en suivant une formation à l’ENSAE, est entré au ministère de l'Economie puis au ministère de l'Agriculture pour prendre la Direction des industries agroalimentaires. Il est ensuite entré dans le privé au groupe Pernod-Ricard. Selon ses propres termes, les bouleversements culturels auxquels il s'est trouvé confronté sont tels qu'il a vécu ce passage comme « une douche froide ». L'exigence de résultats, les responsabilités mieux définies ne permettant aucunement de s'y soustraire, les modes de « reporting » à la fois plus légers et plus impitoyables sont autant de caractéristiques accentuant le stress et le niveau de travail exigé. Cela l'a conduit à prendre en charge le développement de la filiale aromatique du groupe. Se trouvant ensuite confronté à l'ouverture à l’international de la société, lourde à gérer d'un point de vue personnel, il fit son retour dans l'administration en prenant en charge la création de l'établissement public local du château de Versailles. Si sur le plan financier personnel, ce retour dans l'administration était synonyme de net recul, le challenge était très intéressant. La démarche entreprise (méthodologie d'approche perçue dans le privé) a été un plus formidable malgré les difficultés rencontrées liées au changement culturel. Au terme de cette création il a pris la Direction de l’ENSPN de Versailles. Après un passage en cabinet ministériel, il est retourné dans le privé et a créé une entreprise de compagnie aérienne « low cost », revendue depuis. Il a ensuite créé une société de gestion de fonds de capital investissement qu'il dirige aujourd'hui. Au bilan, il dirige depuis 15 à 16 ans des PME privées ou publiques. Il s'agit pour lui, sans contestation possible, du même métier. Il considère que les IGREF, fonctionnaires ou civils, sont très bien armés pour aller dans le privé. Une entreprise fonctionne comme l'administration... Il faut se faire ses réseaux. 75 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Quatrième intervenant : Jean-Marc PILOQUET (directeur de la Compagnie Fruitière) Ingénieur d'affaires, il a été rattrapé en cours de carrière (au bout de 25 ans) par le virus de se mettre à son compte. Il a acheté une entreprise, l’a restructurée et l’a mise au service d'une firme multinationale au titre de l'action commerciale. Pour l'intervenant, nous sommes d'excellents ingénieurs, capables d'analyser et de décortiquer les problèmes rencontrés, capables de trouver des solutions adaptées. Considérant la formation des IGREF, il estime nécessaire de renforcer la formation à la stratégie qui accroît l'analyse de la globalité. Par ailleurs, il considère que l’ENGREF est une excellente école pour appréhender les environnements complexes. La notion de réseau est également fondamentale. Le réseau HEC est extrêmement efficace parce qu'il a pour fonction principale l'appui au placement des diplômés. Si l'on veut développer les parcours des IGREF fonctionnaires dans le privé, il faut mettre en place une structure d'appui à l’« out placement ». Synthèse conclusive de gauche à droite : Dominique Sorain, Paul Vialle et Jean-Marie Marx Première intervenant : Jean-Marie MARX, Deuxième intervenant : Paul VIALLE directeur délégué à l'ANPE vice-président du CGAAER, chef de corps des IGREF Ce n'est pas l'ancien fonctionnaire du ministère de l'Agriculture et de la pêche qui s'exprime dans cette synthèse (il a quitté le MAP il y a 15 ans) mais bien le directeur délégué à l'ANPE. Le marché de l'emploi évolue bien ces dernières années puisqu'il augmente de 4 à 7 % par an pour les emplois de cadres. Des analyses prospectives montrent que les recrutements seront nombreux entre 2009 et 2015. L'intervention débute par le rappel de quelques éléments de contexte : Rien que pour l'année 2009, les offres d'emplois de cadres devraient progresser de plus de 20 % selon les données de l'APEC. Les secteurs de l'audit, de l'ingénierie, des bureaux d'études sont en forte progression. Le chômage des cadres est très faible (3 %) avec une surreprésentation des seniors de plus de 55 ans dont le degré d'exigence en matière de retour à l’emploi est plus important. On observe un élargissement du domaine des compétences attendues chez les cadres. Sont attendues notamment : Une forte capacité d'adaptation. Une forte capacité à fonctionner en mode projet et en équipe. Une capacité à appréhender la complexité. Une capacité à évoluer dans le futur. Des qualités managériales reconnues. À ces compétences attendues, le cadre de demain doit également faire preuve de mobilité. Tous les ans, 12 % des cadres 30 / 49 ans changent d'employeur. Il s'agit d'un atout dans le déroulement d'une carrière, l'agent se devant d'être en mouvement. Pour tout cadre ayant compris cela, les opportunités sont réelles pour les années qui viennent. 76 Transfert de nombreuses missions de l'État vers les collectivités territoriales qui montent en puissance. De plus en plus de missions passent en gestion déléguée publicprivé. La réforme générale des politiques publiques (RGPP) conduit à une redéfinition des missions de l'État et à une restructuration générale des institutions. On assiste ainsi à un resserrement des structures conduisant à la diminution du nombre de postes à responsabilités. Cela se traduit dans les faits par : Une division par deux des postes de directeurs départementaux au travers du rapprochement des DDAF et des DDE dans le cadre de la création des DDEA. Une division par trois des postes de directeurs régionaux au travers du rapprochement des DIREN, des DRE et des DRIRE dans le cadre de la création des DREAL. Une division par deux des effectifs entrant à l’ENA. La fusion des corps des Mines et des Télécoms. La fusion des corps du Génie rural, des eaux et des forêts, et des Ponts et chaussées. 29 èmes ENTRETIENS DU GREF Cette dernière évolution nécessite de bien identifier les métiers du corps émergeant dont le rayonnement sera plus large au niveau des thématiques. En tant que corps A+, les agents titulaires de ce corps devront tous occuper des niveaux de responsabilités élevés. La RGPP s'accompagnera d'une diminution quantitative importante au niveau des recrutements au sein des écoles de formation. Par cette évolution, les parcours de carrière vont se diversifier. On observera des prises de responsabilités lourdes dès 30-40 ans, avec des accès plus précoces aux postes de direction, voire à des participations aux cabinets ministériels. Il sera de plus en plus difficile d'avoir un parcours linéaire sur un type d'emplois. Il est nécessaire que les agents saisissent les formidables opportunités qui se présentent à eux durant la prochaine décennie. Troisième intervenant : Dominique SORAIN D'autres questions restent ouvertes…L'État doit-il conserver la fonction comptable ? Débat non tranché aujourd'hui. De tels changements auront des répercussions importantes dans la gestion des personnels. L'afflux des départs en retraite tempérera les effets de ces bouleversements, mais l'État doit organiser sans tarder des passerelles permettant à ses agents d'aller d'un secteur d'activités vers un autre sans difficultés, que ce soit vers l'une ou l'autre des fonctions publiques (État, collectivités territoriales, hospitalières) ou vers le privé. Cela ouvre la perspective de la mise en place d'une gestion des ressources humaines très active. secrétaire général du ministère de l'Agriculture et de la pêche. Reprenant les propos de l'intervenant précédent, Dominique SORAIN insiste sur les très grands changements en cours aujourd'hui dans la conduite de la fonction publique d'État. C'est ainsi que : La réforme des DDEA conduit à la suppression d'un poste de direction sur deux. La réforme des DREAL conduit à la suppression de deux postes de direction sur trois. La réforme des offices induit le passage de 12 à 3 établissements. Compte rendu rédigé par Eric DELIGNIERES (ENSSAA 1989) 77 29 èmes ENTRETIENS DU GREF En guise de synthèse de la journée En organisant le 30 septembre le forum « emplois-entreprises », l’AIGREF s’est fixé un double objectif : d’une part, faire connaître les IGREF auprès des entreprises du secteur privé, de leurs responsables des ressources humaines et des cabinets de recrutement ; d’autre part, faire connaître aux IGREF les besoins et les attentes de ces employeurs potentiels, et les opportunités d’emplois qu’ils offrent tant aux civils qu’aux fonctionnaires ; bref, donner aux deux parties une meilleure connaissance mutuelle et l’envie de travailler ensemble. C’est dans cet esprit, et à partir des résultats d’une enquête préalable, qu’ont été constituées les tables rondes, pour que les questions que se posent les IGREF puissent être abordées sans complaisance et les éléments de réponses apportés sans langue de bois. Quelques grandes lignes se dégagent des échanges de cette journée. Des motifs de satisfaction, d’abord : Dans les secteurs d’activités et les entreprises où les IGREF sont présents, ils sont très appréciés et leur formation est reconnue. La formation des IGREF n’appelle pas de bouleversement dans son contenu ni dans sa mise en œuvre. Prenant en compte les qualités reconnues à cette formation, les entreprises sont en mesure d’offrir aux IGREF des parcours professionnels valorisants ; cette attitude s’applique aussi bien aux civils qu’aux fonctionnaires, même si les motifs de recrutement initial peuvent être différents. Pour les fonctionnaires, le ministère de l’Agriculture et de la pêche encourage l’essaimage, et s’appuiera sur le dispositif en cours de mise en place à cet effet au sein de la fonction publique Pour autant, des imperfections ont été mises en évidence : Un problème de notoriété : dans un bon nombre de secteurs d’activités, auprès des cabinets de recrutement, voire au sein des domaines mentionnés ci-dessus, certaines entreprises ne connaissent pas les IGREF. schématiquement, soit les entreprises connaissent bien et apprécient les IGREF, soit elles ne les connaissent pas du tout. Au sein de la communauté des IGREF, l’effet « réseau » n’existe pas réellement, à la différence de ce qui se constate souvent dans d’autres filières d’ingénieurs. De ce fait, la connaissance mutuelle des IGREF et des entreprises reste limitée aux actions institutionnelles, et ne favorise pas les contacts spontanés entre les IGREF et les entreprises. L’accompagnement personnalisé des IGREF en recherche d’emploi, à quelque moment de la carrière que l’on se place, n’est pas structuré et reste très insuffisant. La formation continue gagnerait à se développer vers les besoins du secteur privé. Ces constats nous montrent que les IGREF ont un rôle notable à jouer dans les entreprises, parce qu’ils ont des atouts incontestés et souvent reconnus, et que ce rôle peut et doit être accru en élargissant le champ des entreprises qui les connaissent et les recherchent. C’est le sens des actions que l’AIGREF souhaite mener maintenant, en collaboration avec nos partenaires privilégiés que sont l’ENGREF, le ministère, et, bien entendu, les entreprises. Daniel Dumont et Géraud Mousnier 78