Forum Emploi-Entreprises

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Forum Emploi-Entreprises
29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Forum Emplois-Entreprises
de l’AIGREF - 30 septembre 2008
La parole est donnée à Daniel DUMONT (ENGREF 1974,
EDF), animateur des débats de ce forum.
Ouverture du forum par : Laurent ROSSO (ENGREF 1991)
directeur de l’ENGREF et Dominique OLIVIER (ENGREF 1971)
président de l’AIGREF
En tant qu'école reconnue de formation d'ingénieurs du vivant, ayant
pour vocation de former des ingénieurs fonctionnaires et des
ingénieurs civils, la période actuelle marquée par de fortes
évolutions nous conduit à nous poser deux questions fondamentales
pour permettre à l'établissement de répondre aux défis de demain :
Quid de l'évolution des métiers des ingénieurs A+ de l’État dans
les services publics ?
Quid des besoins du secteur privé notamment dans le domaine de
l'environnement ?
Considérant les ingénieurs fonctionnaires et compte tenu des fusions
de corps annoncées et de la contraction des effectifs, des synergies
avec le secteur privé doivent apparaître nécessitant un travail
d’acculturation. Cela induit dans les réflexions actuelles sur l'avenir de
l’ENGREF, une modification des cursus intégrant le maintien de la
formation à l’identité des administrations, mais également un
renforcement de la formation à la culture d'entreprise. Les ingénieurs
d'État du corps A+ de demain doivent être en mesure de pouvoir passer
d'un secteur à l'autre (privé-public). En ce sens, l'organisation et la
programmation de ce forum “emplois-entreprises” par l’AIGREF ne
peut que concourir à alimenter notre réflexion du moment.
Le président de l’AIGREF se félicite du rôle de l'association dans le
suivi des IGREF, notamment en matière d'aide à l'emploi. Le
partenariat avec l’ENGREF en est la cheville ouvrière et constitue un
cas unique, exemplaire au sein d'AgroParisTech. Confirmant les
enjeux de demain déjà évoqués en introduction, il note l'importance de
la formation par la recherche afin d'optimiser les capacités d'adaptation
des futurs IGREF dans l'optique de leur parcours public-privé. Il
remercie l'ensemble des intervenants ayant accepté de participer aux
différents débats prévus dans le cadre de cette journée.
L'idée de cette journée est de faciliter un renforcement de la
culture du secteur de l'entreprise chez les IGREF.
Elle se déroulera en quatre temps :
1 - Présentation de la synthèse des questionnaires préparatoires
à l'organisation de la journée.
2 - Table ronde 1 :
Les attentes et les besoins du secteur privé en matière
d'ingénieur.
3 - Table ronde 2 :
Perception et place des IGREF dans le privé.
4 - Table ronde 3 :
Retours d'expérience par des IGREF.
Au terme de ces quatre temps, la synthèse conclusive de la
journée se fera au travers de la participation de trois grands
témoins :
Dominique SORAIN (secrétaire général du MAP),
Paul VIALLE (ENGREF 1967, vice-président du CGAAER et
chef de corps des IGREF)
Jean-Marie MARX (ENSSAA 1981, directeur délégué à
l'ANPE).
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Présentation des résultats de l'enquête
Géraud MOUSNIER (ENGREF 2004, Danone)
L'enquête s'articulait autour de trois questionnaires différents :
Un questionnaire auprès des ingénieurs civils.Un questionnaire auprès des ingénieurs fonctionnaires passés par le privé.
Un questionnaire auprès des ingénieurs fonctionnaires souhaitant une expérience dans le privé.
Elle a donné lieu au retour de 171 réponses (dont 129 de la part d'ingénieurs civils), ce qui représente 15 % de retours. Le profil
des répondants est varié. Il est large en terme de pyramide des âges et international (20 pays représentés).
Il est à noter les éléments suivants :
Plus d'un quart des IGREF travaillent dans d'autres secteurs que les secteurs de spécialisation de l'école.
La notoriété de la formation est variable.On constate une bonne valorisation de la complémentarité des formations initiales et
de celle de l’ENGREF.
De manière générale, il est ressenti une bonne adéquation entre la formation suivie et les besoins des agents dans l'exercice de
leurs attributions.
Une majorité des enquêtés pensent que la formation en début de carrière constitue la meilleure solution. Toutefois, des modules
de formation continue seraient les bienvenus tout au long du parcours professionnel.
Les besoins en formations complémentaires se traduisant dans les faits par le suivi de nouvelles formations par les agents
enquêtés, concernent en premier lieu le renforcement des connaissances et savoir-faire en matière de management.
L'agriculture n'apparaît pas comme un secteur d'emplois des IGREF.Il apparaît que flexibilité et adaptation à l'emploi ne
peuvent se faire qu'au travers de formations complémentaires ou de la valorisation des acquis de l'expérience.
Table ronde 1 : Les attentes et
les besoins du secteur privé en
matière d'ingénieur
de gauche à droite : Dominique Olivier, Philippe Marié
(ENGREF 1977), Nathalie Rauhoff et Géraud Mousnier
Première intervention :
Nathalie RAUHOFF,
responsable du recrutement des cadres dirigeants au Crédit
agricole.
Le recrutement de la société, c'est 6 à 7000 personnes par an en
France. L'entreprise poursuit une politique de diversification des
origines. Ce recrutement porte sur de nombreux métiers avec une
politique de mobilité fonctionnelle à l'interne importante.
Au terme d'une présentation rapide du groupe mutualiste via un
PowerPoint mettant l'accent sur la diversité des champs
d'intervention de l'institution et mettant en avant les secteurs
favorables au recrutement des IGREF (ex : Pôle capital
investissement et finances), l’intervenante s'est attachée à exposer
la politique de recrutement de l'entreprise.
Il est procédé à un recrutement externe lorsque le vivier interne
n'offre pas la compétence recherchée. La société accueille de
nombreux stagiaires, les stages ayant vocation de pré-recrutements.
Certaines fonctions constituent des portes d'entrée privilégiées au
recrutement externe. C'est le cas de la fonction d'inspecteur –
auditeur.
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Les principaux métiers pour lesquels le Crédit agricole
recrute des IGREF sont :
L'informatique : de nombreux exemples montrent que les
IGREF sont très recherchés et valorisés sur le secteur
informatique.
Le secteur agroalimentaire vit de multiples évolutions durant ces
dernières décennies qui pèsent sur les orientations des logiques de
production.
Après l'apparition des marques distributeurs au cours des années 80,
tous les grands groupes alimentaires se sont mis à communiquer sur les
produits à forte valeur
La finance. Les risques. L'assurance.
L'inspection générale. Les financements structurés.
Quel que soit le point de départ en terme de formation, les parcours de
carrière au sein de la société permettent de développer des
compétences à de nombreux métiers. Dans ce contexte et considérant
la logique du redéploiement des IGREF qui progresse aujourd'hui suite
à la disparition de nombreux postes de la fonction publique, il paraît
nécessaire de mettre en place à leur intention, des formations requalifiantes afin d'optimiser leur parcours professionnel dans le privé.
Deuxième intervention :
Dominique OLIVIER,
fonctionnaire détaché chez VEOLIA Environnement.
Entré au sein de la société à 42 ans, il lui paraît difficile d'y parvenir
aujourd'hui dans les mêmes conditions. Pour passer du public vers
le privé, il faut le faire plus tôt, entre 30 et 40 ans.
La société comporte quatre grands domaines de métiers :
Les métiers de l'eau. Les métiers des services à l'énergie.
Les métiers du traitement des déchets.
Les métiers des transports publics
(personnes et marchandises)
La politique d'entreprise actuelle est dictée par le phénomène de société du
moment en matière d'environnement, à savoir le développement durable.
Principale question posée : Comment mettre en pratique cette notion
concrètement dans la réalisation de nos métiers ? L'objectif à atteindre,
modélisé par le service de la prospective, est de bâtir la « cité de l'avenir ».
VEOLIA environnement, c'est aujourd'hui 300 000 personnes dans 100
pays. Concernant le domaine de l'eau, cela représente 83 000 personnes
dans 60 pays. L'entreprise emploie aujourd'hui 46 IGREF et constitue le
premier employeur privé d'ingénieurs du Génie rural des eaux et des forêts.
Historiquement, il existait une passerelle DDAF-DDE vers l'ancienne
Compagnie générale des l'eaux (C.G.E.) qui est aujourd'hui fermée.
L'expansion de la société ne pouvant se faire qu'à l'international, l'objectif
n'est pas forcément d'exporter des Français, mais de former des personnes
du pays d'accueil au savoir-faire de la société. On constate actuellement
une réduction des plans de recrutement liée à la crise. De manière générale,
la société VEOLIA environnement apprécie le recrutement via la
recherche. Les parcours de carrière étant largement programmés, il est
illusoire de penser pouvoir intégrer cette société après 40 ans.
Troisième intervention :
(groupe Danone)
agroalimentaire.
évoquant
M. Géraud MOUSNIER
les besoins du secteur
Aujourd'hui, on observe une double orientation à cette stratégie :
La communication vers les produits santé.
La communication vers les produits low cost.
Cela se traduit par une évolution des métiers, notamment par l'apparition
d'une tendance d'évolution vers les métiers de la santé. Pour ce qui
concerne les profils recherchés dans le domaine de la RechercheDéveloppement, cette évolution se traduit par le fait que le profil « génie
rural, eaux et forêts » va être moins recherché. Les produits devenant de
plus en plus techniques, des profils d'experts tels que doctorant,
pharmacien ou vétérinaire, suivant le secteur, sont de plus en plus
valorisés au sein des départements RD.
Il reste toutefois des possibilités à l'entrée des IGREF dans le
secteur agroalimentaire :
Possibilités réelles pour les jeunes IGREF sur des postes de la
production et de la maintenance. Le profil IGREF est un plus, apporte
une connaissance approfondie du contexte. Toutefois, plus que le profil
IGREF proprement dit, c’est plutôt la formation amont qui va peser au
titre de la première embauche.
Dans un autre cadre, la formation GREF agroalimentaire étant très
axée réglementation et pouvoirs publics, des métiers comme ceux de la
qualité ou de la gestion du risque proposent des postes auxquels le profil
GREF peut parfaitement répondre en apportant une vraie valeur ajoutée.
De même pour le métier très spécifique de « regulatory affairs » qui
demande une connaissance à la fois technique et de la réglementation,
double compétence pour laquelle le « mix » entre l'école d'amont qui a
donné un fond technique et la formation GREF qui a apporté un vernis
réglementaire, apporte une réponse adéquate.
Enfin, la formation GREF étant notamment associée aux aspects
environnement et développement durable, ces thématiques peuvent être
une porte d'entrée dans le secteur agroalimentaire, au même titre que
dans tout autre secteur, les grands groupes de tout domaine d'activité
cherchant de plus en plus à se développer sur ce sujet.
Les principales qualités recherchées pour un ingénieur sont :
La flexibilité en terme de métier.
La flexibilité en terme de mentalité.
La maîtrise de plusieurs langues étrangères.
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Table ronde 2 : Perception et
place des IGREF dans le privé
de gauche à droite : Hubert François (ENGREF 1983), Philippe
Bonneau (ENSSAA 1974) et Constant Lecoeur (ENSSAA 1972)
Premier intervenant :
Constant LECOEUR
(CGAAER) responsable de l'observatoire des métiers.
Les IGREF ont toutes ces qualités pour intéresser les entreprises,
surtout pour les agents entre 28 et 35 ans.
Les défis auxquels nous sommes confrontés dans l'exercice des
métiers des IGREF fonctionnaires ont les mêmes thématiques
dominantes que dans le privé.
Concernant leur formation, il semble nécessaire de la rénover, de la
concentrer, de l'optimiser vers l'objectif commun des ingénieurs du
public ou du privé qui se définissent comme étant ceux qui
recherchent des solutions.
Il s'agit :
Du développement durable des territoires.
De la problématique environnement et santé.
Troisième intervenant :
Philippe BONNEAU
(directeur adjoint de l'ENGREF)
De la gestion énergétique et des modifications climatiques.
Concernant la formation des IGREF du futur (futurs ingénieurs
d'État), une des questions fondamentales est la suivante :
En pleine phase de réorganisation, la redéfinition de la mission
première de l'État s'articule autour de la question suivante :
comment développer une approche globale et transversale des
territoires ? Dans ce cadre, les missions de l'État s'exercent de plus
en plus en interface avec le domaine de la recherche. Les apports
attendus des ingénieurs du Génie rural, des eaux et des forêts se
définissent sur trois plans.
Comment faire acquérir plus d'ouverture chez le futur ingénieur
sans lui faire perdre de la technicité ?
Ils doivent être :
Des experts formés par la recherche à l'intégration de divers
champs scientifiques, c’est-à-dire des ensembliers.
Face à certaines réticences qui s'expriment au travers des
interventions de la salle, notamment concernant l'attachement aux
spécificités des formations actuelles, il est mentionné la nécessité
« d'évoluer avec un monde qui bouge ». Les ingénieurs de l’Etat
doivent avoir la capacité de s’adapter, d'animer et de faire évoluer
les structures qui les forment. Les thématiques alimentant le
système Etat, on les connaît à l’instant.
Aujourd'hui, on retiendra :
Des chefs de projet en charge de la conduite du changement
opérationnel.
Le développement durable. La dynamique territoriale.
Des managers.
La problématique santé et environnement. ....
En d'autres termes, les futurs ingénieurs de l'État seront des experts
du vivant en charge de manager le développement durable. Cela
sous-entend pour AgroParisTech, que nous sommes arrivés dans
une période de grands bouleversements nécessitant une redéfinition
des parcours de formation.
Deuxième intervention :
Capacité au travail en équipe. Esprit de synthèse.
Hubert FRANCOIS
(Grands moulins de Paris)
Considérant la diminution du nombre de fonctionnaires, les IGREF
ont des places à prendre au sein des industries agroalimentaires.
Il nous faut dans ce secteur :
De la technicité. De l'intelligence.
De l'enthousiasme.
De la volonté et de la capacité à travailler en équipe.
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Qu'en sera-t-il demain ? Pour développer cette capacité
d'adaptation, il est nécessaire d'assurer par la formation
l’acquisition des aptitudes suivantes :
Vitesse d'analyse et anticipation.
Forte capacité de travail.
Un chantier urgent doit par ailleurs être ouvert pour rénover le plan
communication de l’ENGREF.
On constate en effet un décalage significatif entre l'image
véhiculée par l'école et les aptitudes perçues chez les IGREF dans
l'exercice de leurs fonctions, quelle que soit l'étendue de leurs
affectations.
29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Table ronde 3 :
Retours d'expérience par des IGREF
de gauche à droite : Sylvain Rouzeau (ENGREF 1994), Edith Vidal
(ENGREF 1982), Jean-Baptiste Cuisinier (ENGREF 1982) et JeanMarc Piloquet (ENGREF 1984)
Première intervenante :
Edith VIDAL, directrice
régionale de l'agriculture et de la forêt en région Picardie,
DDAF de la Somme.
La carrière d'Edith VIDAL se caractérise par plusieurs allers-retours
public-privé. De sa formation X-GREF, elle retient l'acquisition des
fondamentaux scientifiques lors de son passage à l'Ecole polytechnique,
suivi de l'acquisition d'une formation de terrain à l’ENGREF. Après
avoir pris la Direction des industries agroalimentaires à la direction
centrale du ministère de l'Agriculture et de la pêche, elle est passée dans
le privé en entrant à la BNP pour prendre des responsabilités sur le
secteur des investissements des entreprises, plus précisément sur le
contrôle de gestion des marchés boursiers. Elle y a appris la collégialité
des prises de décision, à savoir une forme de pilotage des moyens que
nous n'avions pas dans le secteur public. Dans cette fonction, l'ingénieur
qu'elle était, était mise en concurrence avec des diplômés d'écoles de
commerce. Elle a exercé cette fonction durant six ans. Après avoir été
nommée conseillère technique industries agroalimentaires du
ministre de l'Agriculture et de la pêche durant 16 mois, elle est
retournée à la BNP durant cinq ans et a participé à la conduite du
changement lors de la privatisation de la banque. Après un passage en
tant que chef de service à la DPEI, elle a été nommée DRAF de
Picardie, fonction qu'elle assimile à une logique de clientsfournisseurs entre le service de l'État qu'elle dirige, les collectivités
territoriales, et la mission de rendre compte au préfet. De ce parcours
diversifié, elle retient la grande capacité d'adaptation acquise par les
IGREF au terme de leur formation et la richesse des apports liés à ses
passages dans le privé.
Deuxième intervenant : Sylvain ROUZEAU
(SAFEGE, filiale de Suez environnement), bureau d'études
aménagement environnement.
Après une rapide présentation de son secteur d'activité,
l'intervenant s'attache à répondre aux deux questions suivantes :
1 - Qu'est-ce qu'un IGREF apporte au privé ?
Selon lui, ses principaux apports sont :
Des connaissances techniques spécifiques.
Sa pluridisciplinarité.
Des connaissances juridiques poussées.
Une ouverture sur de nombreux acteurs, aussi bien du privé, que
des collectivités et/ou de l'État.
2 - Qu'est-ce que le secteur privé peut apporter aux IGREF ?
Un passage dans le privé permet de mieux comprendre le ressort des
gens (ce qui les fait avancer) avec lesquels on est en charge de travail
quand on est responsable d'un service de l'État ou d'une collectivité
territoriale.
Considérant l'évolution des métiers de l'environnement actuellement,
Sylvain Rouzeau considère que le privé, notamment en ce qui
concerne les bureaux d'études aménagement environnement, est un
marché porteur pour les IGREF dans les années à venir.
Troisième intervenant :
Jean-Baptiste CUISINIER
(membre du directoire d’AGRO INVEST).
IGREF chercheur à ses débuts à l'Institut Pasteur en tant que
neurophysiologiste, chargé de formation à mi-temps, il s'est reconverti en
suivant une formation à l’ENSAE, est entré au ministère de l'Economie
puis au ministère de l'Agriculture pour prendre la Direction des industries
agroalimentaires.
Il est ensuite entré dans le privé au groupe Pernod-Ricard. Selon ses
propres termes, les bouleversements culturels auxquels il s'est trouvé
confronté sont tels qu'il a vécu ce passage comme « une douche froide ».
L'exigence de résultats, les responsabilités mieux définies ne permettant
aucunement de s'y soustraire, les modes de « reporting » à la fois plus
légers et plus impitoyables sont autant de caractéristiques accentuant le
stress et le niveau de travail exigé. Cela l'a conduit à prendre en charge le
développement de la filiale aromatique du groupe.
Se trouvant ensuite confronté à l'ouverture à l’international de la société,
lourde à gérer d'un point de vue personnel, il fit son retour dans
l'administration en prenant en charge la création de l'établissement public
local du château de Versailles. Si sur le plan financier personnel, ce retour
dans l'administration était synonyme de net recul, le challenge était très
intéressant. La démarche entreprise (méthodologie d'approche perçue
dans le privé) a été un plus formidable malgré les difficultés rencontrées
liées au changement culturel. Au terme de cette création il a pris la
Direction de l’ENSPN de Versailles. Après un passage en cabinet
ministériel, il est retourné dans le privé et a créé une entreprise de
compagnie aérienne « low cost », revendue depuis. Il a ensuite créé une
société de gestion de fonds de capital investissement qu'il dirige
aujourd'hui. Au bilan, il dirige depuis 15 à 16 ans des PME privées ou
publiques. Il s'agit pour lui, sans contestation possible, du même métier.
Il considère que les IGREF, fonctionnaires ou civils, sont très bien armés
pour aller dans le privé. Une entreprise fonctionne comme
l'administration... Il faut se faire ses réseaux.
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Quatrième intervenant :
Jean-Marc PILOQUET
(directeur de la Compagnie Fruitière)
Ingénieur d'affaires, il a été rattrapé en cours de carrière (au bout de
25 ans) par le virus de se mettre à son compte. Il a acheté une
entreprise, l’a restructurée et l’a mise au service d'une firme
multinationale au titre de l'action commerciale.
Pour l'intervenant, nous sommes d'excellents ingénieurs, capables
d'analyser et de décortiquer les problèmes rencontrés, capables de
trouver des solutions adaptées.
Considérant la formation des IGREF, il estime nécessaire de
renforcer la formation à la stratégie qui accroît l'analyse de la
globalité. Par ailleurs, il considère que l’ENGREF est une
excellente école pour appréhender les environnements complexes.
La notion de réseau est également fondamentale. Le réseau HEC est
extrêmement efficace parce qu'il a pour fonction principale l'appui
au placement des diplômés. Si l'on veut développer les parcours des
IGREF fonctionnaires dans le privé, il faut mettre en place une
structure d'appui à l’« out placement ».
Synthèse conclusive
de gauche à droite : Dominique Sorain,
Paul Vialle et Jean-Marie Marx
Première intervenant : Jean-Marie MARX,
Deuxième intervenant : Paul VIALLE
directeur délégué à l'ANPE
vice-président du CGAAER, chef de corps des IGREF
Ce n'est pas l'ancien fonctionnaire du ministère de l'Agriculture et de
la pêche qui s'exprime dans cette synthèse (il a quitté le MAP il y a 15
ans) mais bien le directeur délégué à l'ANPE. Le marché de l'emploi
évolue bien ces dernières années puisqu'il augmente de 4 à 7 % par an
pour les emplois de cadres. Des analyses prospectives montrent que
les recrutements seront nombreux entre 2009 et 2015.
L'intervention débute par le rappel de quelques éléments
de contexte :
Rien que pour l'année 2009, les offres d'emplois de cadres devraient
progresser de plus de 20 % selon les données de l'APEC. Les secteurs
de l'audit, de l'ingénierie, des bureaux d'études sont en forte
progression. Le chômage des cadres est très faible (3 %) avec une surreprésentation des seniors de plus de 55 ans dont le degré d'exigence
en matière de retour à l’emploi est plus important. On observe un
élargissement du domaine des compétences attendues chez les cadres.
Sont attendues notamment :
Une forte capacité d'adaptation.
Une forte capacité à fonctionner en mode projet et en équipe.
Une capacité à appréhender la complexité.
Une capacité à évoluer dans le futur.
Des qualités managériales reconnues.
À ces compétences attendues, le cadre de demain doit également
faire preuve de mobilité. Tous les ans, 12 % des cadres 30 / 49 ans
changent d'employeur. Il s'agit d'un atout dans le déroulement d'une
carrière, l'agent se devant d'être en mouvement. Pour tout cadre
ayant compris cela, les opportunités sont réelles pour les années qui
viennent.
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Transfert de nombreuses missions de l'État vers les collectivités
territoriales qui montent en puissance.
De plus en plus de missions passent en gestion déléguée publicprivé.
La réforme générale des politiques publiques (RGPP) conduit à
une redéfinition des missions de l'État et à une restructuration
générale des institutions. On assiste ainsi à un resserrement des
structures conduisant à la diminution du nombre de postes à
responsabilités.
Cela se traduit dans les faits par :
Une division par deux des postes de directeurs départementaux au
travers du rapprochement des DDAF et des DDE dans le cadre de la
création des DDEA.
Une division par trois des postes de directeurs régionaux au travers du
rapprochement des DIREN, des DRE et des DRIRE dans le cadre de la
création des DREAL.
Une division par deux des effectifs entrant à l’ENA.
La fusion des corps des Mines et des Télécoms.
La fusion des corps du Génie rural, des eaux et des forêts, et des Ponts
et chaussées.
29 èmes ENTRETIENS DU GREF
Cette dernière évolution nécessite de bien identifier les métiers du
corps émergeant dont le rayonnement sera plus large au niveau des
thématiques. En tant que corps A+, les agents titulaires de ce corps
devront tous occuper des niveaux de responsabilités élevés. La RGPP
s'accompagnera d'une diminution quantitative importante au niveau
des recrutements au sein des écoles de formation.
Par cette évolution, les parcours de carrière vont se diversifier. On
observera des prises de responsabilités lourdes dès 30-40 ans, avec
des accès plus précoces aux postes de direction, voire à des
participations aux cabinets ministériels. Il sera de plus en plus difficile
d'avoir un parcours linéaire sur un type d'emplois. Il est nécessaire
que les agents saisissent les formidables opportunités qui se
présentent à eux durant la prochaine décennie.
Troisième intervenant : Dominique SORAIN
D'autres questions restent ouvertes…L'État doit-il conserver la
fonction comptable ?
Débat non tranché aujourd'hui.
De tels changements auront des répercussions importantes dans la
gestion des personnels. L'afflux des départs en retraite tempérera les
effets de ces bouleversements, mais l'État doit organiser sans tarder
des passerelles permettant à ses agents d'aller d'un secteur d'activités
vers un autre sans difficultés, que ce soit vers l'une ou l'autre des
fonctions publiques (État, collectivités territoriales, hospitalières) ou
vers le privé.
Cela ouvre la perspective de la mise en place d'une gestion des
ressources humaines très active.
secrétaire général du ministère de l'Agriculture et de la pêche.
Reprenant les propos de l'intervenant précédent, Dominique
SORAIN insiste sur les très grands changements en cours aujourd'hui
dans la conduite de la fonction publique d'État.
C'est ainsi que :
La réforme des DDEA conduit à la suppression d'un poste
de direction sur deux.
La réforme des DREAL conduit à la suppression de deux
postes de direction sur trois.
La réforme des offices induit le passage de 12 à 3
établissements.
Compte rendu rédigé par Eric DELIGNIERES
(ENSSAA 1989)
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29 èmes ENTRETIENS DU GREF
En guise de synthèse de la journée
En organisant le 30 septembre le forum « emplois-entreprises », l’AIGREF s’est fixé un double objectif : d’une part, faire
connaître les IGREF auprès des entreprises du secteur privé, de leurs responsables des ressources humaines et des cabinets
de recrutement ; d’autre part, faire connaître aux IGREF les besoins et les attentes de ces employeurs potentiels, et les
opportunités d’emplois qu’ils offrent tant aux civils qu’aux fonctionnaires ; bref, donner aux deux parties une meilleure
connaissance mutuelle et l’envie de travailler ensemble.
C’est dans cet esprit, et à partir des résultats d’une enquête préalable, qu’ont été constituées les tables rondes, pour que les
questions que se posent les IGREF puissent être abordées sans complaisance et les éléments de réponses apportés sans
langue de bois.
Quelques grandes lignes se dégagent des échanges de cette journée.
Des motifs de satisfaction, d’abord :
Dans les secteurs d’activités et les entreprises où les IGREF sont présents, ils sont très appréciés et leur formation est reconnue.
La formation des IGREF n’appelle pas de bouleversement dans son contenu ni dans sa mise en œuvre.
Prenant en compte les qualités reconnues à cette formation, les entreprises sont en mesure d’offrir aux IGREF des parcours
professionnels valorisants ; cette attitude s’applique aussi bien aux civils qu’aux fonctionnaires, même si les motifs de recrutement
initial peuvent être différents.
Pour les fonctionnaires, le ministère de l’Agriculture et de la pêche encourage l’essaimage, et s’appuiera sur le dispositif en cours
de mise en place à cet effet au sein de la fonction publique
Pour autant, des imperfections ont été mises en évidence :
Un problème de notoriété : dans un bon nombre de secteurs d’activités, auprès des cabinets de recrutement, voire au sein des
domaines mentionnés ci-dessus, certaines entreprises ne connaissent pas les IGREF. schématiquement, soit les entreprises connaissent
bien et apprécient les IGREF, soit elles ne les connaissent pas du tout.
Au sein de la communauté des IGREF, l’effet « réseau » n’existe pas réellement, à la différence de ce qui se constate souvent dans d’autres
filières d’ingénieurs. De ce fait, la connaissance mutuelle des IGREF et des entreprises reste limitée aux actions institutionnelles, et ne favorise
pas les contacts spontanés entre les IGREF et les entreprises.
L’accompagnement personnalisé des IGREF en recherche d’emploi, à quelque moment de la carrière que l’on se place, n’est pas
structuré et reste très insuffisant.
La formation continue gagnerait à se développer vers les besoins du secteur privé.
Ces constats nous montrent que les IGREF ont un rôle notable à jouer dans les entreprises, parce qu’ils ont des atouts incontestés et
souvent reconnus, et que ce rôle peut et doit être accru en élargissant le champ des entreprises qui les connaissent et les recherchent.
C’est le sens des actions que l’AIGREF souhaite mener maintenant, en collaboration avec nos partenaires privilégiés que sont
l’ENGREF, le ministère, et, bien entendu, les entreprises.
Daniel Dumont et Géraud Mousnier
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