LES CHAINONS MANQUANTS DE L`EMERGENCE ECONOMIQUE

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LES CHAINONS MANQUANTS DE L`EMERGENCE ECONOMIQUE
corae um emuayoR
Ministère de la Modernisation des
Secteurs Publics
Centre Africain de Formation et de
Recherche Administratives pour le
Développement
Fondation Hanns Seidel
Conférence panafricaine des ministres
Thème: Réforme, innovation et modernisation des services publics et des
institutions de l’Etat en vue d’accompagner et de soutenir le processus de
transformation des Etats africains en pays émergents
(Stratégies et politiques de mise en œuvre de la vision « Afrique Continent
émergent en l’an 2025 »)
« LES CHAINONS MANQUANTS DE L’EMERGENCE
ECONOMIQUE EN AFRIQUE : LE BENCHMARKING DES
PAYS EMERGENTS D’ASIE »
Par
Dr. Kitsoro Firmin KINZOUNZA
Consultant International en Management (CONGO)
12 – 14 Décembre 2011
Rabat (Maroc)
1
LES CHAINONS MANQUANTS DE L’EMERGENCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE :
LE BENCHMARKING DES PAYS EMERGENTS D’ASIE (PEA)
1. POSITION DU PROBLEME
1.1. Nous sommes en l’an 2011, l’année où beaucoup de pays
francophones des espaces UEMOA et CEMAC fêtent le 51è
anniversaire de leur indépendance politico-juridique ; leur
indépendance économique tarde à venir.
Hier, on les appelait :
- Pays du tiers-monde ;
- Pays moins-avancés ;
- Pays sous-développés ;
- Pays en voie de développement (pour ceux engagés dans la
voie de la croissance sans développement).
Aujourd’hui, on les appelle "Pays Pauvres Très Endettés" (PPTE).
1.2. Cependant, les dirigeants africains ne sont pas restés les bras croisés.
En effet, du Plan de Lagos (année 80) au NEPAD (2003), l’on peut
noter, de leur part, la même volonté, « du bout des lèvres »d’en finir
avec le sous-développement.
Au cours de la même période, sans bruit, les dirigeants politiques
asiatiques ont commencé à mettre de l’ordre dans leurs maisons
respectives. Ainsi :
- il y a d’abord eu « le miracle économique » de la Corée du Sud ;
ce pays d’Asie est passé, en moins de 20 ans (1961-1979), sous
le leadership politique du Général Park CHUNG HEE, du statut
de pays sous-développé à celui de « pays émergent » ;
- ensuite, l’Asie nous a servi le cas de SINGAPOUR ; petit pays d’à
peine 670 km2 et de 4 millions d’habitants, SINGAPOUR est
devenu en moins de 25 ans (1958-1982), sous le leadership
politique de Lee KUAN YEW (1958-1990), un pays émergent, la
3è puissance économique asiatique après le Japon et la Corée
du Sud ;
- enfin, après les Dragons, pays émergents de la 1ère régénération
(Hong Kong, Taïwan, Singapour et Corée du Sud), l’Asie nous a
2
servi la seconde génération des pays émergents (les "Tigres")
avec l’Indonésie, la Thaïlande et la Malaisie.
Dans ces conditions, si les dirigeants politiques africains souhaitent
que leurs pays respectifs deviennent des pays émergents en 2025,
quoi de plus naturel que de pratiquer le BENCHMARKING des pays
émergents d’Asie de la 1ère (les Dragons) et de la seconde génération
(les Tigres) ? Ce sera l’objet principal de cette communication
consacrée aux enseignements tirés des expériences des Dragons et
des Tigres asiatiques. Avant d’aborder cette partie de notre
communication, nous procéderons à un rappel des fondamentaux de
tout processus de développement économique et social.
2. LES FONDAMENTAUX DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
Nous en avons relevé trois, en l’occurrence :
- l’aptitude au développement ;
- l’entrepreunariat ; et
- le secteur productif.
2.1. L’aptitude au développement des dirigeants politiques et des
populations
Il existe plusieurs définitions du développement économique et social ;
toutefois, celle proposée par le Pr François PERROUX dès 1969, semble la
plus appropriée pour décrire la situation souhaitée par tous les pays
africains au sud du Sahara. En effet, d’après le Pr F. PERROUX, le
développement désigne « la combinaison des changements mentaux et
sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement
et durablement son produit réel global (PNB) » (1)
L’on pourrait reformuler cette définition comme suit : le développement
économique et social désigne l’ensemble des changements de mentalités,
d’attitudes, d’habitudes, de modèles sociaux de référence, de
comportements et de leadership politique qui précèdent et accompagnent
(1) F. PERROUX : « L’économie du XXè siècle » PUF, Paris 1969
la croissance cumulative et durable du produit réel global. Dans cette
définition du développement proposée par Pr F. PERROUX :
3
- « les changements mentaux » désignent le changement de logiciel
mental ; en effet, seul un logiciel mental orienté progrès peut générer
l’APTITUDE, la capacité à produire le développement véritable et non
le faux développement traduit par la « croissance sans
développement » (pour reprendre une expression chère au Pr Samir
AMIN) ou « le développement du sous-développement » (pour
reprendre l’expression de l’économiste latino-américain A. GUNDER
SACHS) ;
- « les changements sociaux » ou changement de leadership politique
transformationnel (ou leadership politique orienté progrès). Ainsi, en
Occident, au leadership politique orienté inertie ou régression incarné
par les seigneurs féodaux, a succédé, au terme de la révolution
bourgeoise (fin XVIIIè siècle), le leadership politique transformationnel
avec deux franges, la bourgeoisie compradore (importateurs et
vendeurs des produits manufacturés importés) et industrielle (les
partisans de la politique d’import-substitution) ; et
- « l’aptitude à faire croître cumulativement et durablement son
produit réel global (PNB) » désigne, d’une part, la propension à
l’épargne de la population ; d’autre part, sa propension à
l’investissement ou à la production. Seul un logiciel mental porteur
des valeurs de progrès peut générer des comportements où le revenu
des populations n’est pas totalement affecté à la consommation.
Finalement, la clef du développement, c’est l’aptitude au
développement, en l’occurrence, le logiciel mental porteur des valeurs
de progrès. Ainsi, si l’Occident a su tirer profit de la traite négrière (XVè XVIè siècles) et de la machine à vapeur (XVIIIè siècle), c’est parce que, tout
simplement, il disposait, au terme de la chasse aux sorcières (XIè – XIIè
siècles et XVè – XVIè siècles), du Mouvement de la Renaissance (XVè XVIIè siècles) et de la Révolution bourgeoise (fin XVIIIè siècle), d’un
leadership politique et économique porteur des valeurs de progrès ; en
effet, sans cette qualité de leadership politique et économique,
l’Occident aurait pu consacrer les gains de la traite négrière à des
dépenses improductives (« fêtes », achat des voitures de luxe,
investissement dans l’immobilier, etc.) et non au financement de la
Révolution industrielle. A contrario, l’inexistence d’une masse critique de
4
leaders politiques et économiques porteurs des valeurs de progrès dans
les pays d’Afrique producteurs de pétrole conduit les classes dirigeantes
de ces pays :
- soit à se succéder au pouvoir par des coups d’Etat ;
- soit à affecter les revenus du pétrole à l’importation des produits
manufacturés et de l’expertise plutôt qu’à la production sur place et à
la commercialisation de la matière grise de leurs universités, Grandes
Ecoles et Centres de recherche.
Enfin, si l’on permutait les populations des USA et du Nigéria, au bout de cinq
(5) ans, les USA deviendraient un pays sous-développé et le Nigéria, un pays
développé. Pourquoi ? Parce que les Américains, porteurs d’un logiciel mental
orienté progrès, vont amener le niveau de développement économique du
Nigéria à celui de leur pays d’origine. N’est-ce pas ce qui s’est produit en
Australie, en Nouvelle Zélande et au Canada ? En l’espace de 150 ans, ces trois
(03) pays ont atteint le niveau de développement des pays industrialisés grâce
aux logiciels mentaux des émigrants anglais, artisans appauvris par la
Révolution industrielle en Angleterre.
L’Afrique du Sud confirme ce constat : ce sont les émigrants BOERS qui ont
façonné l’économie de l’Afrique du Sud.
2.2.
L’entreprise est le moteur du développement économique et social
Selon les Experts en Economie, sur une population déterminée, le ⅓ représente
la population active. Par conséquent, dans le cas du Congo-Brazzaville qui
comptait environ 3 900 000 habitants en 2010, la population active (la
population en âge de travailler) peut être estimée à 1 300 000 personnes
comme suit :
- Fonction publique : 84 000 personnes ;
- Secteur privé formel : 30 000 personnes (dont 25 000 salariés pour le
syndicat patronal UNICONGO qui compte 300 entreprises affiliées) ;
- Segment de la population active sans emploi (40% de la population
active) : 520 000 personnes ;
- Secteur privé informel : 666 000 personnes.
De cette répartition, il ressort qu’au Congo-Brazzaville :
5
- 6,46% de la population active sont employés par la Fonction Publique ; et
53,54% par le secteur privé formel et informel ;
- 40% de la population active sont sans emploi.
Ce tableau sombre montre que le secteur privé demeure, sans surprise, le plus
grand pourvoyeur d’emplois au sein de n’importe quel pays. C’est pourquoi, les
dirigeants politiques africains doivent, comme partout ailleurs dans le monde,
considérer l’ENTREPRISE (et donc l’ENTREPRENEURIAT) comme le moteur de la
croissance économique aussi bien dans la création d’emplois (augmentation du
nombre de consommateurs solvables) que dans la création des richesses.
Ce n’est donc pas par hasard que les dynamiques de croissance des pays
émergents d’Asie ont été fondées sur :
- d’une part, l’import-substitution, la production tournée vers la
satisfaction des besoins du marché intérieur par la réduction des
importations ;
- d’autre part, la promotion des exportations afin d’améliorer la situation
de la balance commerciale.
2.3.
Le secteur productif,
économique
secteur
stratégique
pour
l’émergence
Une fois que l’on est tombé d’accord pour considérer l’Entreprise (et donc
l’Entrepreneuriat) comme le moteur de la croissance économique, il
convient alors de se poser la question suivante : quel type d’entreprise ?
Dans tous les pays africains francophones, force est de constater que sur
100 opérateurs économiques :
- 90 (soit 90%) sont dans la distribution, communément dénommée le
commerce ;
- 10 (soit 10%) ont investi dans le secteur productif qui
comprend l’Agriculture, l’Elevage, l’Agro-industrie et l’Industrie
manufacturière. Pourquoi ?
Parce que tout simplement :
- le taux de profit dans la distribution varie entre 50 et 100% ;
6
- le taux de profit dans le secteur productif varie entre 12 et 25%.
La distribution est créatrice de peu d’emplois ; ainsi, avec 5 employés (1
magasinier, un comptable, un caissier, un chauffeur-livreur, un vendeur et un
transitaire), un importateur de riz peut réaliser un chiffre d’affaires de 1
milliard F CFA par an. (2) Or, avec 2 milliards, un entrepreneur du secteur
productif peut créer un minimum de 10 entreprises employant en moyenne 20
personnes, soit 200 personnes.
Une autre question vient à l’esprit : comment inciter les opérateurs
économiques actuels et potentiels à investir dans le secteur productif ?
Si nous considérons le cas de l’Agriculture et de l’Elevage, celui qui s’y engage
doit aimer la terre et les animaux. Celui qui s’est engagé à devenir Ingénieur
agronome ou docteur vétérinaire doit être considéré comme un entrepreneur
agro-pastoral à fort potentiel. C’est pourquoi il convient d’encourager les
universités et les Ecoles d’ingénieurs à introduire les curricula sur l’élaboration
des plans d’affaires et la gestion des entreprises, d’une part ; d’autre part, les
universités et les Ecoles d’ingénieurs à servir d’interfaces entre les institutions
financières et leurs diplômés pour l’obtention et la gestion des prêts au secteur
productif. Il s’agit donc pour l’Etat de prévoir des mesures de soutien aux
institutions financières qui vont offrir ce type de produit financier.
3. BREVE PRESENTATION DES FACTEURS A L’ORIGINE DES DYNAMIQUES
DE CROISSANCE DE LA COREE DU SUD ET DE SINGAPOUR
Le cas de la Corée du Sud
En 1960, le niveau de développement économique et social de la Corée du Sud
(2) Des enquêtes menées auprès des importateurs libanais et ouest-africains de poulets, de
riz m’ont permis d’arriver à ces conclusions
était pratiquement égal à celui du Tchad ou du Niger de l’époque.
En 20 ans, la Corée du Sud a atteint un niveau de développement économique
voisin de celui du Japon. Ce « miracle économique » pourrait s’expliquer par les
sept (07) facteurs ci-après :(3)
- (i) un leadership politique transformationnel ayant à sa tête le Général
Park CHUNG HEE de 1961 à 1979 ;
7
- (ii) une « Charte nationale pour le développement économique et
social » ; document fondateur de la Corée du Sud moderne, cette charte
définit le chemin qui mène à la prospérité sur une période de 20 ans au
cours de laquelle les exportations devraient être constituées à 80% par
des produits manufacturés (contre 20% en 1961) ;
- (iii) la tension morale ; quatre plans quinquennaux seront élaborés et mis
en œuvre de 1961 à 1980. Chacun d’eux était assorti de plans d’action et
de budgets-programmes pluriannuels ;
- (iv) la sélection des secteurs productifs et leur développement en
s’appuyant sur les trois (03) entreprises privées nationales suivantes :
DAEWOO (chantiers navals), SAMSUNG (appareils électro-ménagers) et
HYUNDAI (automobiles). Ces trois entreprises ont obtenu, par le biais de
l’Etat, le soutien du secteur bancaire et des universités ; cela leur a
permis, en moins de 20 ans :
 d’une part, de couvrir l’essentiel des besoins du marché intérieur
grâce à la politique d’import-substitution ;
 d’autre part, d’exporter des produits manufacturés, une fois les
besoins du marché intérieur couverts ;
- (v) la suspension des libertés publiques de 1961 à 1979 ; ce n’est qu’en
1980 qu’ont eu lieu les élections législatives et présidentielles.
L’on peut donc affirmer que la Corée du Sud s’est développée sans
démocratie ;
- (vi) le nationalisme économique ; le slogan « consommons sud-coréen »
et le système de protection douanière ont permis à l’industrie sudcoréenne de franchir les étapes critiques de l’apprentissage industriel ; et
(3) Kitsoro Firmin KINZOUNZA : "Gouvernance, leadership et développement : quelles leçons
tirer des expériences des Pays Emergents d’Asie" Université Marien NGOUABI, Projet de
Renforcement des Capacités des Universités, Brazzaville, Novembre 2010.
- (vii) les valeurs porteuses de progrès ; la culture confucéenne rejette les
anti-valeurs et privilégie l’effort individuel.
3.1. Le cas de SINGAPOUR
Le « miracle économique » de Singapour s’explique par les facteurs ciaprès :
8
- (i) une vision, celle de faire de Singapour un Etat indépendant viable sur
le double plan économique et financier ;
- (ii) existence d’un leadership politique transformationnel ayant à sa tête
Lee Kuan Yew, de 1958 à 1990 ;
- (iii) promotion d’une administration publique au service des entreprises
et dont les agents sont rémunérés comme ceux du secteur privé ;
- (iv) profil hors pair des ministres ; ceux-ci devaient être titulaires de
Diplômes en Gestion des Affaires (MBA) et avoir dirigé une ou plusieurs
entreprises ;
- (v) valorisation du port maritime ;
- (vi) existence de zones économiques spéciales ;
- (vii) marché boursier international ;
- (viii) rejet du monolithisme politique ;
- (ix) tolérance zéro vis-à-vis de l’impunité ;
- (x) protection de la famille.
3.2. Synthèse
Des expériences de la Corée du Sud et de Singapour en particulier, celles des
autres "Dragons" et "Tigres" d’Asie, l’on peut retenir les 21 caractéristiques ciaprès communes aux Pays Emergents d’Asie(3) :
- (i) une vision ;
- (ii) un leadership politique transformationnel ;
(3) Voir :

Hakim Ben Hammouda : « Le "modèle asiatique" en questions. » CODESRIA,
Collection Nouvelles pistes 3/200


World Bank: « The East Asian miracle. Economic Growth and Public policy» Oxford
University Press, Oxford 1993
R. WADE; "Governing the market. Economic theory and the role of government in
East Asian industrialization" Princeton University Press, Princeton 1990
-
(iii) une stratégie nationale de développement économique ;
(iv) la désignation des secteurs stratégiques ;
(v) la subvention des crédits aux secteurs stratégiques ;
(vi) une politique monétaire « non répressive » fondée essentiellement
sur le maintien de taux d’intérêt bas ;
- (vii) la diversification des activités bancaires ;
- (viii) le soutien au produit « capital risque » ;
9
- (ix) l’encouragement des activités de production intensives en capital et
en nouvelles technologies ;
- (x) la protection des industries d’import-substitution ;
- (xi) un mécanisme d’intelligence économique au service des entreprises
des secteurs stratégiques ;
- (xii) une classe moyenne;
- (xiii) un marché intérieur ;
- (xiv) une agence de promotion des exportations ;
- (xv) des zones économiques spéciales ;
- (xvi) un marché financier (bourse des valeurs) ;
- (xvii) la mise en place des instruments stratégiques de gouvernance
économique (Ex : Plans directeurs, Plans d’action pluriannuels, Budgetsprogrammes, etc.) ;
- (xviii) le soutien à la création des grandes entreprises ;
- (xix) l’implication des universités, des Grandes Ecoles d’ingénieurs et des
Centres de recherche au processus d’émergence économique ;
- (xx) l’implication de l’Administration publique au processus d’émergence
économique ; et
- (xxi) la stabilité institutionnelle.
Ces caractéristiques des dynamiques de croissance des PEA peuvent être
regroupées comme suit (cf. Tableau unique)
Tableau unique : Les caractéristiques des dynamiques de croissance des Pays
Emergents d’Asie
Caractéristiques de l’émergence
économique
1. Leadership politique
transformationnel
Contenu
1.1.
1.2.
1.3.
Vision ;
Stratégie nationale de développement
économique ;
Désignation (choix) des secteurs
stratégiques ;
10
1.4.
1.5.
1.6.
1.7.
2. Mesures en faveur du
secteur privé
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
2.5.
2.6.
2.7.
2.8.
2.9.
2.10.
2.11.
2.12.
2.13.
Stabilité institutionnelle ;
Implication des Universités, Ecoles
d’ingénieurs et Centres de recherche au
processus d’émergence économique ;
Implication de l’administration publique au
processus d’émergence économique ; et
Mise en place des instruments stratégiques
de Gouvernance économique
Subvention des crédits aux secteurs
stratégiques ;
Politique monétaire « non répressive » (Ex :
taux d’intérêt bas sur une longue période) ;
Diversification des activités bancaires ;
Soutien au produit "capital risque" ;
Encouragement des activités de production
intensives en capital et en nouvelles
technologies ;
Protection
des
industries
d’importsubstitution ;
Création d’un mécanisme d’intelligence
économique au service des entreprises des
secteurs stratégiques ;
Création des zones économiques spéciales ;
Création d’une classe moyenne ;
Création d’un marché intérieur ;
Création d’une agence de promotion des
exportations ;
Soutien à la création des grandes
entreprises ; et
Création d’un marché financier (bourse des
valeurs).
L’on pourrait ajouter à ces caractéristiques, « le nationalisme économique » ;
en effet, c’est le nationalisme économique qui a permis au leadership politique
de ne pas suivre les recommandations des Experts de la Banque Mondiale
rassemblées dans le « consensus de Washington » ; en effet, « les expériences
asiatiques (…) semblent remettre en cause les recommandations du consensus
de Washington et les prescriptions des PAS. En effet, au moment où les PAS
recommandaient un désengagement de l’Etat, les pays asiatiques ont bâti leurs
11
succès sur une forte intervention régulière de celui-ci. Par ailleurs, lorsque les
PAS préconisaient une spécialisation internationale selon le principe des
avantages comparatifs et exporter par conséquent des produits intensifs en
travail, les économies asiatiques construisaient leur compétitivité sur la base
d’une insertion dynamique dans les nouvelles technologies. Enfin, au moment
où les institutions de Bretton-Woods conseillaient aux économies sousdéveloppées de réorienter leurs dynamiques de croissance vers les marchés
externes, les économies asiatiques avaient maintenu des rapports dynamiques
et étroits entre les activités liées au marché interne et les activités
exportatrices. »
4. CONCLUSION
A l’analyse, il apparaît que l’on pourrait regrouper les caractéristiques des Pays
Emergents d’Asie (PEA) sous les deux rubriques ci-après :
- d’une part, le leadership politique transformationnel ;
- d’autre part, les formes de l’interventionnisme économique de l’Etat.
Au terme de notre étude, nous pouvons avancer que si les pays africains
veulent s’engager dans la voie de l’émergence économique, il leur faudrait
passer en revue les 21 caractéristiques des dynamiques de croissance afin de
noter :
- d’une part, ce qui existe déjà afin de le renforcer ;
- d’autre part, « ce qui manque », ce qui n’existe pas, afin de le mettre en
place.
Dans cette perspective, les pays africains candidats à l’émergence économique
doivent disposer :
- (i) d’une masse critique de leaders politiques transformationnels pétris
de nationalisme économique ;
- (ii) d’Etats facilitateurs et régulateurs de l’activité des secteurs
économiques stratégiques ; bref, il s’agit d’Etats interventionnistes au
plan économique et non d’Etats qui se désengagent de la sphère
économique ;
12
- (iii) de la stabilité institutionnelle et de l’indépendance de la justice
afin de permettre aux opérateurs économiques étrangers et nationaux
de faire des projections sur 10 à 15 ans ; et
- (iv) d’une Administration publique et d’un système d’enseignement
supérieur de développement ; la première sera chargée de créer un
cadre institutionnel et légal favorable au progrès et, le second,
d’impulser et d’accompagner le projet d’émergence économique à
travers l’économie du savoir et le management des savoirs.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Hakim Ben Hammouda : « Le "modèle asiatique" en questions. »
CODESRIA, Collection Nouvelles pistes 3/200
2. K.F. KINZOUNZA : "Gouvernance, leadership et développement : quelles
leçons tirer des expériences des Pays Emergents d’Asie", Université
Marien NGOUABI, Projet de Renforcement des Capacités des Universités,
Brazzaville, Novembre 2010.
13
3. R. WADE:"Governing the market. Economic theory and the role of
government in East Asian industrialization" Princeton University Press,
Princeton 1990
4. World Bank: « The East Asian miracle. Economic Growth and Public
policy» Oxford University Press, Oxford 1993
14