“Nous sommes gagnants en traitant à la plantation”
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“Nous sommes gagnants en traitant à la plantation”
technique Stéphane Desmidt et Guillaume Delacour / Falvy (Somme) “Nous sommes gagnants en traitant à la plantation” S.D. Stéphane Desmidt et Guillaume Delacour, agriculteurs dans la Somme, viennent d’équiper leur nouvelle planteuse à pommes de terre d’un système de pulvérisation. Destiné à protéger le plant des maladies, ce nouveau concept améliore la qualité et le confort de travail, tout en réduisant les coûts. Par Sébastien Dillies A Efficacité et sécurité accrues. “Pour une bonne levée Les buses placées au-dessus des disques traitent le sol sans toucher la pomme de terre. S.D. 46 plants aux formes complexes, parfois fortement germés, à des densités faibles ou parfois très élevées. Le tout à une vitesse d’avancement relativement importante. Dans le but de diminuer les coûts de chantiers, les deux producteurs ont opté pour le système de buttage définitif. En vogue depuis quelques années, cette technique permet, dès la plantation, de réaliser une butte ayant un volume suffisant pour le développement des tubercules. Le passage d’un buttoir, coûteux en main-d’œuvre et en gasoil, s’avère donc inutile. griculteurs à Falvy en région Picardie, Stéphane Desmidt et Guillaume Delacour ont pris, cette année, un grand virage pour faire évoluer leur technique de plantation de pommes de terre. Produisant sur près de 230 hectares pour le marché de la consommation et de l’industrie, les deux associés, soucieux de leur qualité de production, de leur débit de chantier et de leur santé ont modifié littéralement leur système de plantation. “Nous utilisions auparavant une planteuse portée à godets, mais nous avons investi cette saison dans une machine quatre rangs à courroies munie d’une cape formeuse”, explique Stéphane Desmidt. L’intérêt de ce modèle est d’accepter des de la culture, la protection du plant est capitale”, souligne l’exploitant. Sensibles aux maladies cryptogamiques, telles que le rhizoctone brun, la dartrose ou la gale argentée, les plants doivent recevoir un traitement fongicide avant leur mise en butte. Pour pallier cet inconvénient, beaucoup d’agriculteurs utilisent ou utilisaient le produit phytosanitaire Oscar (Philagro). Cette poudre est appliquée sur le tubercule à la ferme, ou par des poudreuses mécaniques sur la planteuse. C’est ce second système qu’employaient Stéphane Desmidt et Guillaume Delacour. “Cependant, ce produit volatil était inhalé par le personnel travaillant autour de la machine et leur faisait courir des risques potentiels pour leur santé”, soulignent les producteurs. L’homologation fin février d’Amistar (Syngenta) dans la raie de plantation (contre rhizoctone brun et dartrose) a changé la donne. Ce produit phytosanitaire, jusqu’alors interdit en France était en revanche déjà commercialisé hors de nos frontières. “Nos voisins belges, britanniques ou néerlandais l’utilisent déjà depuis des années, déplore Stéphane Desmidt. Et des essais, réalisés dernièrement, semblent montrer une efficacité égale voire supérieure de ce produit de traitement par La Pomme de terre française - Juillet-Août 2012 - N° 582 Zoom Le produit ne doit pas toucher le plant Le kit de pulvérisation est composé d’une cuve de 800 litres pourvue d’un réservoir de rinçage des mains. L’ensemble est monté sur le relevage avant du tracteur. Une pompe à pistons membranes est installée directement sur la prise de force arrière de l’engin. Le système utilise une régulation de type DPAE (débit proportionnel à l’avancement à régulation électronique). La dose demandée par hectare se modifie depuis le moniteur de commande en cabine. Un capteur placé sur la roue de la planteuse lui apporte la vitesse réelle d’avancement. L’écran informe le chauffeur de la dose appliquée en instantanée, de la vitesse d’avancement et de la surface totale traitée. Une unité d’électrovannes munie d’un débitmètre divise ensuite le flux de bouillie entre les quatre éléments de plantation. Un pupitre supplémentaire en cabine offre la possibilité de couper, rang par rang, l’alimentation en mélange. Les buses, placées au-dessus des deux disques de recouvrement du plant, pulvérisent la bouillie dans la raie formée par le soc. Le produit ne doit cependant pas toucher la pomme de terre, cela pourrait en effet provoquer un retard de la levée. S.D. Stéphane Desmidt, ici à droite à côté de Bruno Doisy son chauffeur, estime économiser 70 €/ha avec son kit de pulvérisation liquide embarqué sur la planteuse par rapport aux systèmes de traitement par poudre utilisé auparavant. Le pupitre de commande, facile d’utilisation, module la dose demandée en fonction de la vitesse d’avancement et permet la coupure des jets rang par rang. S.D. La cuve frontale de 800 litres offre au chantier une bonne autonomie. La planteuse traînée butte définitivement les pommes de terre. rapport à la poudre. De plus, ce mode de traitement s’avère moins contraignant pour l’utilisateur car moins volatil.” Autant d’arguments qui ont décidé les associés à installer un ensemble de pulvérisation sur leur nouvelle planteuse. Le kit pulvé vite rentabilisé. L’achat et la pose du kit de traitement liquide représentent un investissement de 5 000 € HT. Cependant, utilisé à raison de 2 l/ha, le produit phytosanitaire Amistar revient à 50 €/ha. Alors que le pulvérulent Oscar, appliqué en dose moyenne de 8 kg/ha, La Pomme de terre française - Juillet-Août 2012 - N° 582 en fonction de la densité plantée, coûtait environ 120 €/ha. L’économie avoisine ainsi les 70 €/ha. L’investissement, rentabilisé dès la première année, enchante l’agriculteur qui assure “ne jamais vouloir revenir en arrière”. L’utilisateur pulvérise un volume de 100 litres de bouillie par hectare à une pression d’environ 2,5 bars. Il dispose donc, avec sa cuve frontale de 800 litres, d’une autonomie de huit hectares, soit une demi-journée de travail pour son chantier de plantation. Une cuve d’eau de 1 000 litres laissée en bout de champ permet à la mi-journée de faire le plein. “Ce ravitaillement ne représente pas un réel inconvénient pour nous dans la mesure où nous ne devons faire le plein en plaine qu’une fois par jour”, explique l’exploitant. Après l’expérience concluante du traitement liquide, Stéphane Desmidt étudie désormais les différents intérêts que l’incorporation d’azote sur la planteuse pourrait lui apporter. ❚ 47