Le Journal de l`Institut Curie - n°65
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Le Journal de l`Institut Curie - n°65
JIC65_1COUVBAG 9/02/06 14:15 Page 1 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER ENTRE NOUS Des Jardins pour la Vie, une Jonquille pour Curie ACTUALITES Une assurance conçue pour les anciens malades atteints de cancer DOSSIER Jeunes et cancers Un hôpital à leur écoute # 65 - MARS 2006 - 1,25 € - ISSN 1145-9131 JIC65_2-3SR2BAG 9/02/06 14:16 Page 2 ACTUALITÉS INSTITUT CURIE p. 6 Dépistage : des examens qui doivent devenir réflexes DÉCRYPTAGE h Essais cliniques : les patients, p. 7 partenaires de la recherche p. 8 JEUNES ET CANCERS : UN HÔPITAL À LEUR ÉCOUTE Témoignage p. 9 « Je souhaite contribuer à la création d’une unité pour les ados » p. 13 L’animation au service des « 12-25 ans » h ENTRE NOUS Initiatives Transformons l’essai contre les cancers pédiatriques « Des Jardins pour la Vie, une Jonquille pour Curie » Rétrospective p. 14 p. 15 p. 19 Aujourd’hui, plus d’un patient atteint de cancer sur deux guérit, trois patients sur quatre chez les enfants et jeunes adultes. Tant que les 100 % de guérison ne seront pas atteints, chercheurs et médecins-chercheurs n’auront de cesse de perfectionner leurs connaissances, à commencer par celles sur la cellule. Pr Daniel Louvard, Leurs acquis enrichissent jour après jour les programmes directeur du Centre de recherche d’études visant à améliorer la pratique médicale tant de l’Institut Curie diagnostique, thérapeutique, que prédictive. Fort du plus important centre de recherche français en cancérologie et d’un hôpital de pointe, l’Institut Curie participe à ces avancées en collaboration avec de nombreux établissements prestigieux français ou étrangers, publics ou privés. Dirigeant le Centre de recherche de l’Institut Curie depuis 1995, je suis fier d’avoir vu s’ouvrir dans nos laboratoires de nouveaux champs d’investigation comme : • la génomique – notamment les puces à ADN – et la protéomique, en premier lieu. Ces disciplines accélèrent considérablement l’identification des gènes et des protéines responsables de la transformation cancéreuse des cellules et de leur croissance anarchique. Grâce à ces nouvelles technologies, les médecins en savent plus sur les altérations génétiques des cancers de leurs patients ; ils affinent la classification des tumeurs et individualisent les traitements, offrant des thérapies moins lourdes aux malades moins gravement atteints. • l’imagerie cellulaire, quant à elle, permet d’explorer le fonctionnement des cellules saines et les anomalies apparues dans les cellules malignes. Les chercheurs de l’Institut Curie bénéficient des toutes dernières générations de microscopes et participent également au développement de nouveaux outils d’exploration du vivant en collaborant avec des constructeurs. • l’interface entre physique et biologie, enfin. Cette approche pluridisciplinaire, devenue l’une des grandes forces de l’Institut Curie, est reconnue mondialement. Les travaux conduits par les chercheurs dans ce domaine offrent plus que jamais des perspectives d’innovation. 2005 a vu de nombreux travaux1 se concrétiser et mettre au jour des mécanismes cellulaires ou génétiques inconnus, ouvrant de nouvelles pistes à explorer. Pour rester à la pointe du progrès, l’Institut Curie se dote d’équipements innovants grâce aux subventions de l’État, aux partenariats avec des entreprises et à la générosité du public. Sans ces soutiens, nous ne pourrions espérer « prendre le cancer de vitesse ». 1. Toute l’actualité scientifique et médicale : www.curie.fr Activités et sciences… physiques LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE - 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - FAX: 01 43 25 17 56 - [email protected] - WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: PR CLAUDE HURIET - RÉDACTRICE EN CHEF: NATHALIE BOISSIÈRE - RÉDACTION: CÉLINE GIUSTRANTI, SARAH MELHENAS, MATHILDE MAUFRAS, CLEMENCE MUSA, FABIEN RIVENET - ICONOGRAPHIE: YASMINE BENZOUGAR (01 44 32 40 51) - DONS ET ABONNEMENTS: YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) - ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO: YOHANNS BELLAICHE, PR PIERRE BEY, MICHEL BORNENS, OLIVIER DELATTRE, DR VERONIQUE DIERAS, CECILE FLAHAULT, PR CLAUDE HURIET, RENAUD HUYNH, DR VALERIE LAURENCE, PR DANIEL LOUVARD, DR JEAN MICHON, DR LAURENT MIGNOT, FLORENCE MOREAU-GACHELIN, SOLANGE DE NAZELLE, DR HELENE PACQUEMENT, DR ETIENNE SEIGNEUR - LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N'ENGAGENT PAS LES AUTEURS - PHOTO DE COUVERTURE : E. BOUVET/INSTITUT CURIE - ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 5 € - CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 53 00 10 00) - FABRICATION : TC GRAPHITE (MONTREUIL) - IMPRESSION : LA GALIOTE PRENANT - 70/82, RUE AUBER, 94400 VITRY-SUR-SEINE - NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0907H82469 - DÉPÔT LÉGAL DU N° 65 : MARS 2006 - CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 165 000 EXEMPLAIRES. 02, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE EN BREF EXPO GROS PLANS SUR LE PERSONNEL SOIGNANT ,PARTENARIAT Une assurance conçue pour E. Bouvet/Institut Curie Actualités générales p. 5 Génomique, protéomique et imagerie : trois chemins vers des découvertes DR Une assurance conçue pour les anciens malades Une prise en charge génétiquement adaptée Noak/Le bar Floréal/Institut Curie p. 3 Institut Curie E. Bouvet/Institut Curie Les anciens malades du cancer peuvent désormais réaliser plus facilement leurs projets, comme acheter un logement. ÉDITORIAL h ACTUALITÉS h DOSSIER h SOMMAIRE les anciens malades S pécialiste de la protection des personnes, la société Swiss Life vient de mettre sur le marché un produit d’assurance «emprunteur» conçu pour les personnes ayant eu un cancer. À l’occasion d’un partenariat mis en place en 2005 avec l’Institut Curie, Swiss Life a été sensibilisé par les équipes hospitalières aux difficultés rencontrées par les anciens patients souhaitant contracter un prêt immobilier. Ce nouveau type d’assurance va permettre à nombre d’entre eux d’être assurés et donc d’obtenir leur prêt, ce qui n’était pas toujours le cas jusqu’alors (lire encadré). Tout prêt contracté auprès d’une banque nécessite en effet une assurance qui protège l’emprunteur et sa famille en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail. Cette assurance obligatoire est accordée en fonction de critères financiers, mais aussi… médicaux. Les personnes ayant un risque de santé aggravé dû à un cancer se heurtent donc souvent à des refus catégoriques de la part des assurances ou à des surprimes décourageantes et ce, malgré la convention Belorgey qui protège les emprunteurs de ce genre d’obstacles. Comme le souligne Solange de Nazelle, responsable du service social de l’Institut Curie, «il est regrettable, et préjudiciable, que certains malades aient à souffrir deux fois de leur maladie, d’une part, de son retentissement physique et, d’autre part, du renoncement à leurs projets à venir, dont on sait par ailleurs qu’ils contribuent à l’amélioration de leur état de santé.» Cette offre s’adresse à tous les anciens malades où qu’ils aient été soignés. Swiss Life s’est engagé à ce que des interlocuteurs spécialisés étudient chaque cas individuellement et répondent dans un délai de trois jours1. La nouveauté de ce contrat réside dans la mise en place d’une surprime dégressive et limitée dans le temps. L’objectif recherché est de faire coïncider l’effort financier complémentaire avec la diminution du risque de récidive : avec le temps, la surprime disparaît progressivement. Swiss Life réalisera une évaluation de cette prestation dans un an pour y apporter d’éventuelles améliorations. Céline Giustranti 1. Pour toute information : 0825 015 931 (0,15 euro la minute) Une sélection inédite des magnifiques reportages réalisés par le photographe de renom Éric Bouvet 1, sur les infirmières et les aides-soignantes de l’Institut Curie, donne l’occasion de les « voir » dans leurs faits et gestes quotidiens au service des malades. Ces professionnelles sont plus que jamais des maillons essentiels de la chaîne de soins. Un bel hommage à leur savoir-faire et à leur disponibilité. 1. Une première sélection illustrait des dossiers thématiques de l’Institut Curie (sur commande et sur www.curie.fr). h Jusqu’au 31 avril 2006, angle des rues d’Ulm et Pierre-et-Marie-Curie, Paris 5e. LA CONVENTION BELORGEY : TROP SOUVENT MÉCONNUE Dans l’objectif d’améliorer l’accès à l’assurance des personnes à haut risque de santé (cancers, hépatites, sida, obésité…), la convention dite Belorgey a été signée en 2001 puis inscrite dans la loi relative aux droits des malades votée l’année suivante. Elle prévoit pour le souscripteur d’une assurance emprunteur des conditions d’accès plus favorables, avec notamment le respect de la confidentialité des réponses au questionnaire de santé, une couverture du risque décès pour les personnes malades et un réexamen individualisé en cas de dossier refusé. Malgré quelques efforts, de nombreuses banques ignorent les dispositions de cette convention 1. 1. Journal de l’Institut Curie #59, août 2004. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,03 JIC65_4-7SR1BAG 9/02/06 14:17 Page 4 ACTUALITÉS ACTUALITÉS INSTITUT CURIE CHARENTON-LE-PONT FINANCEMENT D’UN NOUVEAU MICROSCOPE Parce que les biologistes doivent pouvoir «plonger» dans la cellule pour explorer ses secrets et décrypter les anomalies qui la transforment en cellule cancéreuse, un microscope de dernière génération est venu renforcer l’équipement du laboratoire Dynamique nucléaire et plasticité du génome à l’Institut Curie. Son système de thermorégulation permet d’étudier les cellules vivantes sans les dénaturer. L’Institut Curie a pu investir dans un tel appareillage grâce à ses donateurs et aux 26 581 euros, réunis lors de la 4e expositionvente organisée par le Service des retraités du centre communal d’action sociale de Charenton-le-Pont (Val-deMarne) et remis officiellement le 24 janvier dernier. 04, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE a un « sens » Une prise en charge LEUCÉMIE UN COMPLICE DU DÉVELOPPEMENT TUMORAL DÉMASQUÉ génétiquement adaptée L Enfermées dans un carcan, les cellules révèlent leurs réactions face aux contraintes spatiales. Des informations précieuses pour comprendre leur division, dont le dysfonctionnement peut être à l’origine de cancers. À chaque instant, 250 000 millions de cellules se divisent au sein de notre organisme pour donner naissance à deux fois plus de cellules filles. Cette étape est essentielle, mais son dérèglement peut être à l’origine de cancers, c’est pourquoi son étude s’avère primordiale pour mieux comprendre et lutter contre les processus tumoraux 1. Afin d’analyser l’influence de l’environnement sur cette division cellulaire, l’équipe CNRS de Michel Bornens à l’Institut Curie cultive ses cellules dans des « micromoules » qui reproduisent les contraintes de forme qu’une cellule est susceptible de « sentir » au sein d’un tissu ou d’un organe. Les chercheurs ont ainsi montré le rôle déterminant que jouent les protéines dites d’adhésion dans l’orientation spatiale de la division et dans le devenir des cellules filles. Ces protéines sont donc des actrices essentielles dans le positionnement correct des cellules, indispensable pour maintenir la forme de nos organes. Au même moment, toujours à l’Institut Curie, l’équipe CNRS de Yohanns Bellaïche a mis en évidence l’action clé d’une protéine lors de la division dite asymétrique. C’est ce type de division qui permet à une cellule d’engendrer deux cellules différentes l’une de l’autre. Lors de la formation d’un être vivant par exemple, ce mécanisme conduit à l’élaboration d’organes aussi différents que le cœur, le foie ou les intestins. La protéine Ric8, en particulier, intervient sur l’axe de la division cellulaire. Elle dirige indirectement la répartition des composants cellulaires en deux lots identiques ou non, maîtrisant ainsi l’identité des futures cellules filles. La division cellulaire recèle encore de nombreuses zones d’ombre, sur lesquelles les chercheurs s’attellent petit à petit à faire la lumière. Mathilde Maufras Source : Nature Cell Biology, octobre et novembre 2005. 1. Lire le dossier thématique complet « Comprendre la cellule cancéreuse pour la maîtriser », en vente par correspondance (cf. bulletin joint). es équipes Inserm d’Olivier Delattre à l’Institut Curie et de Jean-Yves Delattre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) ont fait une découverte qui devrait améliorer la prise en charge des gliomes. Ces tumeurs du cerveau sont les plus répandues chez l’adulte 1. Ils ont identifié plusieurs altérations génétiques du chromosome 1 impliquées dans le développement de ces cancers. Mieux encore, ils ont mis en évidence une corrélation entre ces anomalies et la réponse aux traitements. Ainsi, la perte d’une partie du chromosome 1 est associée à une meilleure efficacité des chimiothérapies et à un meilleur pronostic pour le malade. Une fois encore, les puces à ADN 2 spécialement développées à l’Institut Curie sont au centre de ces travaux. Capables d’analyser l’ensemble des gènes d’un individu, ces laboratoires en miniature sont l’outil idéal pour repérer les amplifications ou les pertes de matériel génétique, fréquentes dans les cellules tumorales. Depuis Noak/Le bar Floréal/Institut Curie En cette année mondiale de la physique, l’Institut Curie a doté un prix de 1 000 euros partagé par des lycéens de Thonon-les-Bains (74) et Hénin-Beaumont (62). Ces scientifiques en herbe ont participé aux Olympiades de physique, organisées par l’Union des professeurs de physique et chimie et la Société française de physique. Ce concours est destiné aux élèves de première et de terminale autour d’un projet d’atelier scientifique. Ils bénéficient de l’aide de chercheurs, parmi lesquels ceux de l’Institut. La division cellulaire EN BREF h QUAND LES LYCÉENS DEVIENNENT CHERCHEURS ,CANCERS DU CERVEAU M. Thery/Institut Curie CONCOURS ,DÉCOUVERTE h EN BREF INSTITUT CURIE Les patients atteints de gliome bénéficient désormais d’une nouvelle méthode de diagnostic et de traitements optimaux pour combattre leur cancer. la fin de l’année 2005, la recherche de ces délétions sur le chromosome 1 fait désormais partie des examens standards pour préciser le diagnostic de ces tumeurs. Ce test de dernière génération va permettre de personnaliser le traitement à chaque patient, en fonction du type de gliome dont il est atteint, afin de lui offrir la meilleure prise en charge. 1. Annals of neurology, septembre 2005. 2. Le Journal de l’Institut Curie # 60, p. 3. ,PARTENARIAT Accord d’envergure avec Servier L ’Institut Curie et le laboratoire pharmaceutique Servier ont conclu un partenariat de recherche en cancérologie. L’objectif est d’identifier des cibles thérapeutiques, de découvrir de nouvelles substances actives et de mener des études pour mieux prédire l’effet de ces molécules chez les patients. Le premier programme de recherche lancé dans le cadre de cet accord concerne les cancers du sein et du côlon. Il s’agit d’améliorer leur diagnostic, mais aussi de développer des médicaments novateurs afin de disposer de traitements personnalisés pour chaque patient. Cet accord est la concrétisation de la volonté de l’Institut Curie d’associer ses compétencesdans la recherche fondamentale, préclinique et clinique, et celles des professionnels du médicament, toutes deux nécessaires à l’émergence d’innovations. À l’Institut Curie, une équipe Inserm vient d’apporter la preuve de l’existence d’un mécanisme longtemps suspecté d’être à l’origine de la formation des cellules malignes dans un type fréquent de leucémies. Cette catégorie de cancer du sang, qui touche les globules rouges, résulte de l’apparition de deux erreurs génétiques. La première, dont le responsable était déjà connu, bloque la spécialisation des cellules. La seconde mène à une prolifération anormale des cellules, mais il « restait » à comprendre pourquoi. L’équipe de Françoise Moreau-Gachelin, de l’unité Inserm Transduction du signal et oncogenèse, a montré qu’une protéine, dénommée Kit, est mutée dans 86 % des tumeurs étudiées. Cette anomalie confère une activité autonome aux cellules et leur permet par conséquent de proliférer en l’absence de tout signal extérieur, habituellement nécessaire. La découverte de cette mutation génétique, associée à la seconde mutation déjà connue, valide donc le modèle « en deux étapes » soupçonné d’être à l’origine de ces leucémies. L’identification précise de tous les acteurs transformant les globules rouges en cellules cancéreuses est indispensable pour la conception de nouveaux traitements qui permettront de mieux lutter contre la maladie. Source : Cancer Cell, 12 décembre 2005. M. M. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,05 JIC65_4-7SR1BAG 9/02/06 14:17 Page 6 DÉCRYPTAGE ACTUALITÉS Les patients, GÉNÉRALES partenaires de la recherche Des examens qui doivent h Noak/le bar Floréal/Institut Curie devenir réflexes Dépistage, test, examen… C’est prendre soin de sa santé en suivant les recommandations de son médecin. EN BREF EXPO L’ÂGE D’OR DES SCIENCES ARABES Au-delà de l’astronomie et des mathématiques, la civilisation arabomusulmane a accompli des découvertes prodigieuses dans différents domaines de la science, qu’il s’agisse de la mesure du temps, de la mise au point de dispositifs mécaniques et optiques ou du progrès médical. Une belle exposition proposée par l’Institut du monde arabe à Paris. Jusqu’au 19 mars 2006. h Renseignements : 01 40 51 38 38 es enjeux sont de taille : plus les diagnostics sont précoces, plus l’efficacité des traitements est améliorée, augmentant ainsi les chances de guérison. Et pourtant, « les dépistages des cancers suscitent le plus souvent dans la population de l’indifférence, voire de la peur », déclarent les auteurs de la dernière grande enquête sur les dépistages, Édifice 1. L’occasion de faire le point sur le dépistage de trois cancers – du sein, du côlon et du col de l’utérus – que les pouvoirs publics plébiscitent. Ainsi, depuis un an, le dépistage du cancer du sein, premier cancer féminin, est national. Tous les deux ans, chaque femme de 50 à 74 ans est invitée à passer une mammographie (deux clichés par sein) et un examen clinique, tous deux pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Cette action, efficace, permet chaque année de sauver des milliers de vie. Quant au cancer du côlon, troisième cancer le plus fréquent en France, son dépistage organisé n’est pour l’instant expérimenté que dans 23 départements pilotes 2. Le Plan cancer prévoit sa généralisation d’ici à 2007 à tous les hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans. L’examen consiste, tous les deux ans, en une recherche de sang dans les selles, suivie d’une coloscopie en cas de résultat positif. Enfin, les femmes de 20 à 65 ans doivent également penser au dépistage du cancer du col de l’utérus. Après un frottis cervico-vaginal normal par an pendant deux ans, un frottis effectué tous les trois ans permettra de découvrir d’éventuelles affections précancéreuses. Organisés par les pouvoirs publics ou proposés par les médecins traitants, les dépistages ne doivent pas être négligés. En découvrant des lésions avant même l’installation d’un cancer et l’apparition de symptômes, ils sont un des moyens essentiels de lutte contre le cancer. Fabien Rivenet 1. Enquête « Édifice », octobre 2005. 2. Allier, Alpes-Maritimes, Ardennes, Bouches-duRhône, Calvados, Charente, Côte-d’Or, Essonne, Finistère, Haut-Rhin, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indreet-Loire, Isère, Marne, Mayenne, Moselle, Nord, Orne, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Orientales, SeineSaint-Denis, Saône-et-Loire. ,IMAGERIE MÉDICALE h Noak/le bar Floréal/Institut Curie Le sous-équipement français Le nombre d’examens d’imagerie ne cesse d’augmenter. L’IRM en est un exemple, elle qui observe avec une grande précision de nombreux organes tels que le cerveau, la colonne vertébrale et les tissus mous. A lors que le Plan cancer vise un délai moyen de 15 jours pour proposer un rendez-vous pour une IRM (imagerie par résonance magnétique), le délai national moyen constaté est actuellement deux fois plus long, 29,3 jours exactement. Selon les régions, il varie de 17 à 54 jours, révélant une fois de plus l’inégalité dans l’accès aux soins des Français. L’engorgement des centres d’imagerie s’explique par l’augmentation du nombre de prescriptions et par la faible quantité d’appareils installés en France, comparativement à ses voisins européens. Ainsi, avec 4,67 appareils par million d’habitants, la France se place loin derrière l’Allemagne (16,97) ou l’Italie (9). L’objectif pour 2005 était de 500 machines IRM. Il n’a pas été pas atteint, puisqu’il manque une quarantaine de machines, sans compter celles qui ne sont pas encore en service. De plus, ce chiffre est déjà jugé bien trop faible par les experts face aux besoins qui ne cessent de croître. Transition entre la recherche en laboratoire et les soins, les essais ou études cliniques sont indispensables, en cancérologie comme dans toute discipline médicale, pour éprouver les innovations et proposer aux patients une meilleure prise en charge thérapeutique, qu’elle soit chirurgicale, médicamenteuse, radiothérapeutique ou autre. En France, près d’une étude clinique sur cinq concerne des pathologies cancéreuses, soit environ 2 000 essais chaque année. Avant tout, rien ne peut se faire sans l’accord du patient, protégé depuis la loi Huriet-Sérusclat révisée le 9 août 2004. Sa participation doit être volontaire et son consentement recueilli par écrit. Le médecin en charge de l’essai a obligation de lui donner une information claire et complète sur l’étude (objectifs, protocole, bénéfices attendus, effets secondaires et risques éventuels). Plus le nombre de patients-participants est élevé, plus les résultats de l’étude seront complets et pertinents. Pour avancer aussi rapidement que possible, il faudrait qu’au moins 20 % de patients participent à de telles études (ils sont aujourd’hui entre 5 et 10 % selon les hôpitaux, faute de moyens pour assurer le suivi de ces études). l’homme, après son expérimentation en laboratoire. Les médecins administrent la substance étudiée (naturelle ou synthétique) à une trentaine de malades, chez qui les traitements de référence se sont révélés inopérants. Pour différents dosages du médicament, les praticiens suivent la diffusion et l’élimination du médicament dans l’organisme. Le but de cette phase est de déterminer le meilleur dosage et le meilleur schéma d’administration du médicament. Cette étape dure en général moins d’un an. h LES ÉTAPES Cette phase a pour but d’évaluer l’efficacité du médicament, contre une pathologie donnée diagnostiquée chez une quinzaine à une soixantaine de patients. Prenons, par exemple, l’essai clinique d’une substance, candidat-médicament. Il se déroule suivant quatre phases; le succès de l’une conditionne le passage à la suivante. PHASE I Cette phase correspond à la première administration du médicament chez PHASE II PHASE III Cette phase porte sur des centaines, voire des milliers de malades. Elle fait la comparaison entre le traitement de référence dit standard, lorsqu’il existe, et le nouveau traitement potentiel. Deux groupes de malades sont constitués par tirage au sort (randomisation) : l’un reçoit le traitement standard, le second le traitement testé. Si la supériorité du nouveau médicament par rapport au standard est prouvée, une autorisation de mise sur le marché est demandée auprès des autorités sanitaires. PHASE IV Une fois le traitement utilisé en routine, la pharmacovigilance permet de surveiller l’apparition d’une toxicité ou d’effets secondaires à l’échelle de l’ensemble des patients. Fabien Rivenet Le cas des enfants En cancérologie, 80% des enfants soignés participent à un essai clinique. Comme pour tous les patients participant à une telle étude, l’information donnée au mineur doit être claire et adaptée à son âge. Son consentement et celui de ses parents, ou tuteurs légaux, sont obligatoires. Dr Véronique Diéras, responsable de l’Unité d’investigation clinique de l’Institut Curie. F. R. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 06, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE Illustrations : Éléonore Lamoglia/Institut Curie ,DÉPISTAGE L ESSAIS CLINIQUES ,07 JIC65_8-13VB_SR1BAG 9/02/06 14:18 Page 8 DOSSIER LES 12-25 ANS h E. Bouvet/Institut Curie JEUNES ET CANCERS: UN HÔPITAL À LEUR ÉCOUTE Chaque année en France, plus de mille jeunes âgés de 12 à 25 ans apprennent qu’ils sont atteints d’un cancer. Tous traverseront l’épreuve de la maladie avec ses traitements lourds, l’éloignement de leur cadre amical et familial et le chamboulement de leur « vie d’avant ». L’impact psychologique et social de cette maladie est encore mal connu chez les adolescents. Toutefois, depuis quelques années, la situation semble évoluer. En parallèle des recherches qui perfectionnent diagnostics et traitements, l’amélioration de la prise en charge des « 12-25 ans » est également d’actualité. 08, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE D ans le système de santé français, les patients de la tranche d’âge 12-25 ans atteints d’un cancer sont hospitalisés soit en pédiatrie au milieu de très jeunes enfants, soit en oncologie adulte où la moyenne d’âge dépasse souvent 50 ans. Quelles sont les conséquences de telles prises en charge ? De l’avis de nombre de patients adolescents et jeunes adultes (dans la suite du texte, l’appellation « jeunes » qualifiera l’ensemble de ces patients [NDLR]), cette situation tend à amplifier leur sentiment d’isolement dû à la maladie et à cet espace impersonnel qu’est l’hôpital. Pas encore adultes, mais plus tout à fait enfants, ils revendiquent le droit d’être soignés dans un environnement adapté à leur âge. Cette demande est relativement récente en France. Elle émerge publiquement en L’ADOLESCENCE COMMENCE À LA PUBERTÉ Vrai. La puberté, du latin pubescere « se couvrir de poils », c’est l’accès à une vie sexuelle, à la capacité de procréer. Elle marque le début de l’adolescence, du latin adolescere « grandir », les critères sociaux (indépendance professionnelle, stabilité affective, etc.) en déterminent la fin. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue la préadolescence (10-15 ans), l’adolescence (15-19 ans) et la post-adolescence (20-25 ans). 1998, lors des États généraux des malades du cancer, organisés par la Ligue nationale contre le cancer. Chloé, Marie, Damien et Nicolas exprimaient alors, tour à tour, le même désir d’être écoutés et reconnus en tant que malades et peut-être avant tout en tant qu’adolescents : « C’est déphasant d’être avec des adultes […] Le personnel n’est pas formé […] Nous manquons de rapports avec des jeunes gens de notre âge qui ont vécu la même chose. » De leur rencontre naît l’idée d’une association « pour s’épauler, créer des liens d’amitié, rompre notre isolement »… Depuis 2000, Jeunes solidarité cancer est à l’origine de nombreuses initiatives inédites 1, dont le lancement d’un forum de discussion sur Internet, l’édition de guides pratiques et d’un carnet de bord pour accompagner les jeunes tout au long de leur maladie. Ce qu’être « ado » veut dire L’adolescence constitue une période de fragilité et d’étrangeté physique et psychologique liée à la puberté. C’est aussi une période d’émancipation, d’élaboration de projets personnels, professionnels, affectifs… Lorsqu’un cancer survient, la situation se complique encore : expérience de la maladie et de la douleur, confrontation à la mort possible, bouleversement de la scolarité, de la vie sociale et familiale, dépendance parentale accrue, modifications corporelles liées aux traitements (perte des cheveux, chirurgie parfois mutilante avec cicatrices et/ou séquelles fonctionnelles, amaigrissement ou prise de poids, etc.), atteinte de l’estime de soi… Face à ces difficultés et compte tenu des histoires personnelle et familiale de chacun, les réactions vont du repli à la révolte en passant par la tristesse, la régression, la revendication, le mutisme, l’indifférence, les prises de risques, etc. Les contradictions de l’adolescence se trouvent comme décuplées. « Je m’approche, je m’éloigne, je viens, je prends… L’adolescence, c’est ça », s’accordent à dire les psychiatres et psychologues de l’Institut Curie. Et d’ajouter : « Il est difficile pour les parents et les professionnels de santé d’accepter d’être à la fois attendus et rejetés, attaqués et désirés, agressés et demandés. » Dès lors, la présence de « psys » constitue un précieux soutien. Pour les adolescents, il s’agit d’une forme de reconnaissance des bouleversements qu’ils traversent : « C’est ■ ■ ■ 1. Jeunes solidarité cancer édite des supports gratuits disponibles dans les hôpitaux et bientôt via www.jscforum.net. TÉMOIGNAGE « Je souhaite contribuer à la création d’une unité pour les adolescents… » CHARLES-HENRI, 20 ANS, SUIVI À L’INSTITUT CURIE DR h Sur le plan médical, psychologique et social, une prise en charge adaptée aux adolescents est en train de voir le jour en France. VRAI OU FAUX? « En juin 2002, j’ai 17 ans, j’apprends que je suis atteint d’un cancer des testicules à un stade très avancé. Je mets ma vie entre parenthèses, je n’ai pas le choix. Je veux guérir. Cures intensives de chimiothérapie, interventions chirurgicales… Le garçon très gentil et très calme que j’étais change. Je pose toutes sortes de ` questions tout le temps : le nom des traitements, leurs effets secondaires, l’heure des soins, etc. Je m’emporte très souvent. Je ne supporte pas les imprévus : les retards dans les soins ou les consultations me mettent dans une colère noire. Loin de me faire la morale, la « psy » que je décide de voir à l’Institut Curie respecte mes fureurs et me permet de prendre le recul nécessaire pour accepter les traitements et les hospitalisations au milieu d’adultes avec lesquels je ne me sens pas à l’aise. Fin 2003, le calvaire est fini ! J’ai besoin de témoigner. Je me tourne vers maman afin de transcrire, pour les dépasser, les émotions du parcours que nous avons vécues ensemble. Notre témoignage à deux voix est aujourd’hui publié 1. Mon association Mon Combat pour la vie 2 en reversera les droits d’auteur à l’Institut Curie où une structure de soins pour les adolescents doit voir le jour. Je serai si heureux d’y apporter ma contribution. » Propos recueillis par S. M. 1. Sans occulter les difficultés du parcours, lourd et incertain, qui attend le malade et sa famille, Ton combat pour la vie se veut un message d’espoir pour tous ceux qui sont confrontés à la réalité brutale de la maladie. Ton combat pour la vie, Florence Péchery-Condat, Éd. Parole et silence, 60, rue de Rome, 75008 Paris. 2. Courriel : [email protected] LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 09 JIC65_8-13VB_SR1BAG 9/02/06 14:18 Page 10 DOSSIER DOSSIER LES 12-25 ANS LES 12-25 ANS GÉNÉROSITÉ Incidence 250 Garçons Filles 200 150 100 Cancers de l'enfant Cancers de l'adulte D’après The Lancet. 50 0 0 1-4 5-9 10-14 15-19 Tranches d'âges ou des testicules, tumeurs primitives de l’os… (cf. la courbe ci-dessous). Plus des deux tiers des malades peuvent aujourd’hui guérir : le taux de survie à 5 ans est passé de 45 à 75 % en trente ans. Mais, en Europe, l’incidence des cancers des 15-19 ans a augmenté de 1,5 % sur la même période. Les chercheurs ne se prononcent pas sur les raisons de cette augmentation. La recherche doit donc aller plus loin dans divers domaines (prédisposition, diagnostic, traitement, suivi, etc.), la génomique est sans doute l’une des voies nouvelles et prometteuses tant pour le diagnostic que pour le pronostic. Géraldine Lebourgeois Source : étude sur la base de plus de 150 000 cancers de l’adolescent diagnostiqués en Europe entre 1970 et 1999 (Centre international de recherche sur le cancer, The Lancet, 2004). une manière de leur dire que ce qu’ils ont à vivre n’est pas facile et que le traitement d’un cancer génère des difficultés qui ne font d’eux ni des fous, ni des incapables et encore moins des faibles. » Pour l’équipe médicale et soignante, un « psy » offre la possibilité de parler, de souffler et de prendre la distance nécessaire pour mieux entendre et accompagner le jeune dans son parcours de soins. Outre cette approche spécifique, la formation et l’expérience des professionnels restent ■■■ 10, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE Grâce au soutien de la Ligue contre le cancer ou de la Fondation de France, l’Institut Curie vient de lancer trois programmes de recherche axés sur les adolescents et jeunes adultes atteints de cancer : • L’autoconservation de sperme chez les adolescents atteints de cancer 1. Étude 2 rétrospective des pratiques médicales et du vécu des jeunes gens de 14 à 18 ans au moment de l’annonce du diagnostic de cancer, et de l’incidence des traitements sur leur fertilité. Objectifs : améliorer les conditions de cette annonce, la qualité des supports d’information et l’accompagnement quant à la réalisation du recueil de sperme. • Préservation de la fertilité chez les jeunes patientes recevant une chimiothérapie potentiellement toxique pour les ovaires. Objectif : évaluer les pratiques pour améliorer l’information et l’accompagnement des patientes dans cette situation. • Les conditions et lieux de décès des patients âgés de 15 à 25 ans 3. Objectif : améliorer la prise en charge des adolescents en fin de vie. 1. Avec le soutien de la Ligue contre le cancer. 2. Avec l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne) et l’hôpital Cochin (Paris). 3. Avec le soutien de la Fondation de France. essentielles. « Cela nous permet de dédramatiser et de mieux comprendre les situations. Par exemple, le refus d’un traitement traduit souvent le besoin de se confronter aux soignants, de trouver un espace de négociation, pour voir s’ils tiennent bon, si le jeu en vaut la chandelle », expliquent les Drs Valérie Laurence et Hélène Pacquement, respectivement oncologue adulte et oncologue pédiatre à l’Institut Curie. Jusque-là absente des cursus de formations français, la médecine des adolescents E. Bouvet/Institut Curie dont la fréquence diminue avec l’âge, et aux cancers de l’adulte, dont la fréquence augmente avec l’âge. Ainsi, après l’âge de 10 ans, les tumeurs pédiatriques telles que les neuroblastomes et néphroblastomes tendent à disparaître, alors que d’autres deviennent plus fréquentes : lymphomes, tumeurs germinales des ovaires h Le cancer est la troisième cause de décès chez les adolescents, après les accidents de la route et le suicide. Dans un cas sur trois, il s’agit d’une leucémie (cancer du sang) ; les autres diagnostics relèvent de tumeurs solides de types très divers. Les adolescents sont en effet exposés à la fois aux cancers des grands enfants, Les progrès de demain se préparent aujourd'hui Poursuivre sa scolarité ou ses études à l’hopital, c’est aujourd’hui possible. Un moyen de garder de contact avec la « vraie vie ». VRAI OU FAUX? fait aujourd’hui ses premiers pas en cancérologie ; tout comme sa « grande sœur » la pédiatrie le faisait, il y a environ cinquante ans. L’avancée est de taille, mais ne s’arrêtera pas là : l’idée de créer des espaces spécifiques fait également son chemin. LA RÉMISSION, C’EST LA GUÉRISON ? Faux. En l’absence de tout signe de maladie, le médecin parle de rémission. Pour certains cancers, il parle de guérison dès cinq ans de rémission. Grâce au progrès médical, la proportion de jeunes ayant passé ce cap est passée de 45 à 75 % en 30 ans. Quand l’oncologie pour adolescents émerge en France Comparer les modes d’approche, évaluer les résultats thérapeutiques et proposer des prises en charge médicales, psychologiques et socio-éducatives adaptées : tels sont les objectifs des équipes soignant les adolescents et les jeunes adultes, afin d’élaborer les stratégies les mieux à même de vaincre les tumeurs spécifiques à cette tranche d’âge (lire encadré p. 10). Les centres de cancérologie sont évidemment pionniers en la matière. h À la croisée des cancers pédiatriques et adultes « Notre choix a d’abord été de former nos équipes et de recruter des personnels dédiés. Aujourd’hui, nous réfléchissons ensemble à la possibilité de créer une structure spécifique pour les jeunes âgés de 12 à 25 ans », répondent les Drs Jean Michon et Laurent Mignot, respectivement chef du Département d’oncologie pédiatrique et chef du Département d’oncologie médicale de l’Institut Curie. Outre les aspects financiers, la réalisation de ce projet pose encore nombre de questions : déterminer l’organisation et la géographie de ce service, le niveau de collaboration entre le personnel médical et soignant des deux départements d’oncologie, etc. L’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne) a opté, quant à lui, pour une unité réservée aux 13-20 ans. Inaugurée en janvier 2003, elle a été la première ■ ■ ■ LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 11 JIC65_8-13VB_SR1BAG 9/02/06 14:18 Page 12 DOSSIER DOSSIER LES 12-25 ANS Des soutiens et des moyens Les centres spécialisés en oncopédiatrie, tel l’Institut Curie, ont bénéficié de moyens nouveaux. Sous l’impulsion du Plan cancer : 14,7 millions d’euros, dont 6,7 millions encore à venir en 2006-2007 ont été alloués pour l’ensemble du territoire français. À l’Institut Curie, cette subvention a permis l’accueil de six professionnels de l’enfance dont certains directement impliqués dans la prise en charge globale d’adolescents et de jeunes adultes. Pour ces patients et face aux nombreux projets imaginés par l’Institut, les soutiens des particuliers comme ceux des associations sont les bienvenus. Véritables bouffées d’oxygène, ils sont immédiatement investis dans un programme de recherche ou une initiative mise en œuvre à l’hôpital de l’Institut Curie. Citons pour exemple la Ligue nationale contre le cancer, pour 51 000 euros, et la Fondation de France, pour 28 000 euros, finançant trois études lancées fin 2005 (lire encadré « Générosité » p. 10). Durant la période 2000-2005, d’autres associations comme Chauve-qui-peut, des fondations d’entreprises ou des particuliers ont financé, à hauteur de 34 000 euros, des actions menées en direction des jeunes, sans compter les 11 000 euros versés en 2005 par l’Association de parents et amis d’enfants soignés à l’Institut Curie 1. L’animation au service des «12-25 ans» h 1. Apaesic, tél. : 01 44 32 42 89, site Internet : www.apesic.com ■ ■ ■ unité française de cancérologie réservée aux jeunes. « Il s’agit de développer ou d’apporter de meilleures réponses thérapeutiques sur le plan médical et psychosocial, mais également d’améliorer la qualité de vie des jeunes malades et de leur famille durant les traitements », explique le Dr Laurence Brugières, oncologue pédiatre à Villejuif. Et de préciser : «À terme, l’unité d’oncologie adolescents, qui se situe dans le service de pédiatrie, fonctionnera en binôme avec l’unité jeunes adultes “20-30 ans”, qui devrait bientôt voir le jour dans le département de médecine adulte. » Cette nouvelle approche n’est pas propre à la France. Bien au contraire. Elle s’inspire d’un élan européen, et notamment britannique. OutreManche, les soins pour les jeunes atteints de cancer sont particulièrement bien organisés, grâce Y. Benzougar/Institut Curie GRÂCE À VOUS LES 12-25 ANS h Ce n’est pas parce qu’on est malade et hospitalisée qu’on ne veut pas rester belle, même à ses propres yeux. À l’Institut Curie, la salle des « jeunes » est un espace de jeux, de repos et de rencontre pour les patients adolescents. VRAI OU FAUX? h LE « PSY », C’EST POUR LES FAIBLES ? Faux. Le psychologue est un professionnel de confiance qui écoute sans juger. Parler avec un « psy » permet de dire ses craintes, ses angoisses, de poser ses questions les plus intimes. aux fonds récoltés par The Teenage Cancer Trust 2. Résultats : plus d’une dizaine d’établissements hospitaliers de Grande-Bretagne ont déjà créé une unité dédiée, ou sont sur le point de le faire. Dans un proche avenir, la prise en compte de ces besoins jusque-là ignorés des systèmes de santé permettra de mieux renseigner les études sur les cancers qui touchent les adolescents et les jeunes adultes, de mutualiser recherche clinique et accompagnement médical, psychologique et socio-éducatif, d’améliorer la qualité de vie de ces patients pendant et après leurs traitements… Et, au bout du compte, de faciliter leur passage vers l’âge adulte tout en augmentant leur qualité et leur espérance de vie. Sarah Mélhénas 2. The Teenage Cancer Trust (Fondation pour les adolescents atteints de cancer) organise un congrès tous les deux ans à Londres ; le prochain congrès se tiendra le 31 mars 2006 au Royal College of Physicians. E. Bouvet/Institut Curie REMERCIEMENTS LE JOURNAL DE 12 , L’INSTITUT CURIE Merci à Anne-Sophie et Sébastien, qui ont accepté la présence du photographe Éric Bouvet durant leur hospitalisation à l’Institut Curie. Ont également collaboré à ce dossier, à l’Institut Curie, Michèle Delage et Cécile Flahault, psychologues, Michèle Douarre, cadre de santé, et Dr Étienne Seigneur, psychiatre. Accéder à des activités ludiques et poursuivre ses études lorsqu’on a entre 12 et 25 ans et qu’on est hospitalisé, c’est possible à l’Institut Curie, mais ce n’est pas encore le cas partout en France. L’objectif est bien sûr de rompre le sentiment d’isolement et de permettre la poursuite de ses projets. Outre la mise en place d’activités créatives et l’organisation d’ateliers d’écriture, de percussion ou d’arts plastiques, avec l’aide d’intervenants extérieurs, l’un des objectifs de Paula de Mélo, animatrice des adolescents et jeunes adultes, est de favoriser « le(s) lien(s) ». De ce point de vue, la « salle ados », installée à la manière d’un salon, constitue un espace privilégié. C’est ici que la jeune femme réunit les jeunes à l’occasion de soirées thématiques (crêpes, DVD, jeux de société, etc.) ou rassemble les « plumes » de Brèves de Curie, le journal des ados et des jeunes. « Parfois, explique-t-elle, ils veulent rester dans leur chambre et jouer aux cartes ou simplement discuter. D’autres fois, ils disent non à tout… Alors, je m’adapte. » Respect des demandes et souplesse des réponses prévalent également pour le professeur des écoles spécialisé, Bénédicte Sylvestre. Responsable du dispositif école-collège-lycée de l’Institut Curie, elle coordonne les cours dispensés gratuitement par les professeurs bénévoles de l’association l’École à l’hôpital 1, en pédiatrie. Même chose pour Anne-Marie Castex, déléguée de cette association à l’Institut Curie, qui assure le suivi des jeunes hospitalisés chez les adultes, qu’ils soient au lycée, en formation professionnelle ou dans l’enseignement supérieur. « Quelle que soit l’attitude de ces “ados“ aux personnalités multiples, nous nous devons de les encourager à exister en tant qu’élèves », expliquent-elles d’une seule voix. Et de conclure : « À l’Institut Curie, nous avons à cœur d’encourager les jeunes à maintenir leur projet de vie pour qu’ils s’affirment et se tournent résolument vers l’avenir. » 1. Tél. : 01 46 33 44 80, courriel : [email protected] LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 13 JIC65_14-19BAG 9/02/06 14:19 Page 14 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES INITIATIVES ,ÉVÉNEMENT VOTRE FONDATION UNE JONQUILLE POUR CURIE » Du 22 au 26 mars 2006, les « Jardins pour la Vie » vont refleurir autour du Panthéon qui, pour l’occasion, va revêtir un manteau de 60 000 jonquilles. Ces fleurs, offertes par Truffaut, sont le symbole international de la lutte contre le cancer. ,SOLIDARITÉ TRANSFORMONS L’ESSAI CONTRE LES CANCERS PÉDIATRIQUES 1. Envoyez le mot CURIE au 8 28 28 (1,50 euro par envoi + coût de deux SMS). h DR C LE JOURNAL DE 14 , L’INSTITUT CURIE ’était il y a sept ans. Anne Lettrée, galeriste, passionnée par l’art contemporain, apprend qu’elle a un cancer du sein. Sans jamais abandonner ses projets personnels, parcourant le monde à la rencontre de nouveaux talents, les exposant dans sa galerie parisienne, elle lutte sans relâche contre la maladie. Elle en est sortie victorieuse. Cette fois, pour faire progresser la recherche contre le cancer et soutenir les femmes, Anne Lettrée a fait un geste fort en vendant aux enchères, le 8 décembre dernier, une partie de sa collection privée : plus de trois cents tableaux qui reflètent à la fois ses voyages, ses coups de cœur et ses espoirs. Près de 50 000 euros collectés à cette occasion permettront de créer une bourse d’étude pour favoriser la formation de jeunes chirurgiens étrangers à l’Institut Curie. La vente aux enchères fut précédée d’une table ronde sur les avancées chirurgicales contre le cancer du sein, animée par les Drs Françoise Firmin, spécialiste en chirurgie réparatrice et plastique, et Henri Tristan, radiologue-cancérologue, sous la présidence du Dr Rémy Salmon, chef du Département de chirurgie à l’Institut Curie. Noak/le bar Floréal/Institut Curie UN NOUVEAU COMBAT POUR UNE ANCIENNE MALADE cette « fête » – puisqu’il s’agit véritablement d’un moment chargé d’espoir – se déroulera pour la première fois sur cinq jours. Pour apporter votre soutien à la recherche à l’Institut Curie, vous pourrez faire des dons en ligne, par SMS1 ou acheter des T-shirts illustrés gracieusement par le couturier Karl Lagerfeld. Parallèlement, dans tous les magasins Truffaut, des bouquets de jonquilles seront vendus au profit de l’Institut. 1. Envoyez le mot CURIE au 8 28 28 (1,50 euro par envoi + coût de deux SMS). h h http://rugby.curie.fr Zelphis/Institut Curie la marraine de l’Institut Curie, Amélie Mauresmo accompagnée d’un enfant soigné à l’Institut Curie. À cette occasion, chacun pourra soutenir l’Institut Curie en téléchargeant une jonquille sur son mobile1. Les bénéfices de ces gestes contribueront à la recherche sur les cancers pédiatriques. Le rugby, sport d’équipe intense et poignant, est aussi symbolique de la lutte contre le cancer : une force, un combat et solidarité pour la gagner. ,VENTE CARITATIVE « La vente de tableaux dirigée par Me Cornette de Saint-Cyr comme la table ronde sont un message d’espoir. Je souhaitais dire aux femmes qu’il faut se battre jusqu’au bout. Parlons librement de notre épreuve et, surtout, soutenons-nous. Nous en avons toutes besoin. » Anne Lettrée, galeriste, généreuse mécène de l’Institut Curie. C ette année encore, l’Institut Curie a la main verte pour lutter contre le cancer avec « Des jardins pour la Vie, une Jonquille pour Curie ». Pour cette nouvelle édition, des jardins s’étendent autour du Panthéon : thématiques, ils incarneront les quatre saisons. La journée du mercredi 22 mars inaugurera ce grand rendezvous caritatif au profit de la recherche sur le cancer menée à l’Institut Curie. Elle sera dédiée aux enfants. Des ateliers de rempotage, de peinture sur pot et des séances de maquillage leurs seront proposés. Des clowns et des échassiers animeront l’après-midi. À partir de 16 heures, un goûter sera offert par les biscuits Lu aux enfants. Et DR D imanche12 mars 2006, la France et l’Angleterre s’affronteront pour gagner le Tournoi annuel des VI Nations. La Fédération française de rugby (FFR) a décidé de témoigner son soutien à l’Institut Curie et renouvelle ainsi son engagement dans la lutte contre le cancer, comme elle l’avait déjà fait en février 2003 lors de la rencontre FranceÉcosse. Chaque joueur de l’équipe de France jouera aux « couleurs » de l’Institut Curie avec une jonquille – symbole de la lutte contre le cancer – brodée sur une manche de son maillot. Le coup d’envoi sera donné au Stade de France par ILS NOUS SOUTIENNENT « DES JARDINS POUR LA VIE, L’Institut Curie dispose de l’expertise, des structures et des ambitions nécessaires pour « prendre le cancer de vitesse ». La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu, unique en son genre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail commun des chercheurs, médecins et soignants pour accélérer la mise à disposition des nouveaux traitements aux patients. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs et testateurs. h Où : parvis du Panthéon, Paris 5e. h Quand : du mercredi 22 au dimanche 26 mars, Les bénéfices de la vente de ces T-shirts sont consacrés à la lutte contre le cancer à l’Institut Curie. EN BREF Dîner générosité Pour la deuxième année consécutive, le restaurant Nomad’s a organisé un dîner de solidarité envers l’Institut Curie. Cette soirée caritative a permis de collecter 6 770 euros intégralement reversés au profit des missions de l’Institut. de 10 heures à 19 heures. h http://jonquille.curie.fr « Tout sauf le blues » Les 24 et 25 novembre dernier, deux soirées exceptionnelles ont rassemblé des musiciens amateurs issus du monde de l’entreprise et de la communication au Petit Journal Montparnasse à Paris. « Tout sauf le blues » a permis pour la seconde fois de collecter quelque 1 500 euros en faveur de l’Institut Curie. Le classique aussi Comme en 2004, l’association Phares a apporté son soutien à l’Institut Curie en organisant un récital exceptionnel. Nada Loutfi, pianiste de renommée internationale, y a interprété des œuvres de Schubert et de Liszt. Les 3 210 euros de recette ont été investis dans la lutte contre le cancer. Truffaut : Fidèle à l’Institut Curie et à sa devise « Plus belle sera la terre », le pépiniériste participe comme chaque année à cette manifestation et offre notamment 60 000 jonquilles, ainsi que l’installation des différents jardins. Les Monuments nationaux : Depuis 2004, le Centre des monuments nationaux met gracieusement à la disposition de l’Institut Curie le Panthéon, l’un des plus prestigieux édifices parisiens dans lequel ont été transférées les cendres de Pierre et Marie Curie. RATP : Une partie du réseau d’affichage de la RATP annoncera « Des Jardins pour la Vie, une Jonquille pour Curie. » La station de RER Luxembourg et les lignes de bus desservant le Panthéon s’associeront à l’événement. Au moment de l’impression du journal, d’autres partenaires proposaient leurs soutiens. h Renseignements : • Messagerie : 01 42 34 63 15, • Site Internet : http://jonquille.curie.fr LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 15 JIC65_14-19BAG 9/02/06 14:19 Page 16 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES INITIATIVES ,RENCONTRE ,COURIR POUR LA VIE LES COMMUNES PARTICIPANTES À COURIR POUR LA VIE 2005 A. Krellenstein/Institut Curie Communes Une fois encore l’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie s’est battue aux côtés de l’Institut Curie. Depuis 1989, ses bénévoles sont fidèles à l’Institut Curie et organisent des manifestations de générosité sportives, familiales et conviviales dont les bénéfices sont entièrement reversés à l’Institut. D epuis la naissance de Courir pour la Vie, Courir pour Curie, au total, près de 780 000 participants ont parcouru plus de 6 millions de kilomètres dans plus de 3 000 communes françaises. L’association est aujourd’hui plus que jamais ambitieuse et désireuse de perpétuer cette relation qui l’unit à l’Institut. Ainsi, le dimanche 9 octobre 2005, à Paris, 1 032 participants ont parcouru 10 000 km et ont permis de collecter 33 000 euros. Parmi les coureurs, le ministre de la Recherche, François Goulard, la nageuse, Muriel Hermine ou encore la première gymnaste française championne olympique, Émilie Le Pennec. La fin de journée a été rythmée par le passage des 8 000 patineurs de la Roller Ballade qui ont marqué une pause symbolique devant l’hôpital de l’Institut Curie. La solidarité ne s’est pas manifestée uniquement à Paris. Trente communes ont, elles aussi, organisé leur challenge. La mobilisation collective a fait de cette maniLE JOURNAL DE 16 , L’INSTITUT CURIE festation un véritable succès : plus de 17500 participants et près de 107 000 euros collectés ! Deux villes sont les grandes gagnantes 2005: Boeschèpe (Nord) a relevé le défi sportif avec 18 641 km parcourus et Janzé (Ille-et-Vilaine) le défi financier avec près de 40500 euros collectés. Les sommes collectées ont été remises en février dernier à l’unité Inserm « Imagerie intégrative : de la molécule à l’organisme » spécialisée en imagerie cellulaire et moléculaire. Ces fonds ont financé l’achat d’un microscope donnant des images en 3 D (images tridimensionnelles) qui permettra au laboratoire du directeur de recherche Alain Croisy d’avancer dans la compréhension des mécanismes qui mènent des cellules à devenir cancéreuses. Chaque année, ces manifestations riment avec émotion et générosité ; elles reflètent tout particulièrement la motivation nationale pour « prendre le cancer de vitesse », devise de l’Institut Curie. Clémence Musa Dépt. Dates Boeschèpe 59 09/10/05 Braine 02 09/10/05 Cesson/Vert St Denis 77 10/09/05 Agde 34 23/10/05 Chirac 48 09/10/05 Carcassonne 11 10/09/05 Confolens 16 08/10/05 Courgivaux 51 08/10/05 Florac 48 14/08/05 Grenade sur Adour 40 02/10/05 Herbitzheim 67 Janzé 35 27-28/08 &01/10/05 31/09 &01-02/10/05 La Motte d’Aveillans 38 08/10/05 Le Theil Nolent 27 01-02/10/05 Lee 64 09/10/05 Lisses 91 08/10/05 Maugio-Carnon 34 09/10/05 Ploubezre 22 18/09/05 Riom-es Montagnes 15 02/07/05 Rivarennes 36 30/09 &01-02/10/05 Roissy en Brie 77 03/09/05 Sivom Outarville 45 16-17/10/05 St Denis les Rebais 77 01-02/10/05 Saint Gély du Fesc 34 11/09/05 Saint Leonard 76 08-09/10/05 Saint Pierre d’Autils 27 02/10/05 Vaux sur Seine 78 22/05/05 Villefranche sur Cher 41 08/10/05 Vitry en Artois 62 08/10/05 Depuis 2004, la championne de tennis Amélie Mauresmo apporte bénévolement son soutien à l’Institut Curie. Elle nous explique sa démarche. Comment êtes-vous devenue Marraine de l’Institut Curie ? Amélie Mauresmo : À l’occasion d’un match de démonstration dans la région parisienne, j’ai d’abord rencontré des enfants soignés dans le Département de pédiatrie de l’Institut Curie et les soignants qui les entourent. Je ne pouvais pas arrêter là mon action. Comment oublier ces jeunes patients et leur lutte quotidienne contre la maladie ? Et les personnels formidables qui sont à leur chevet nuit et jour ? Je souhaitais pouvoir donner aux malades du courage et un peu de bonheur. C’est donc tout naturellement que j’ai accepté cette mission. Comment percevez-vous votre rôle ? Devant la maladie, à la manière d’un combat sportif, il faut toujours aller de l’avant, se battre. Quelle que soit la raison, l’effort et l’envie de vaincre doivent être là. C’est là le moindre de nos points communs, aux malades et aux sportifs. Mon rôle est également de faire bénéficier de ma notoriété l’Institut Curie et les malades pour qui il œuvre. Je souhaite faire parler de cette cause dans les médias, mobiliser mes amis, sportifs ou non, et inciter mes sponsors à s’engager tout comme moi à soutenir l’Institut Curie (lire ci-dessous). Quelle est votre prochaine action pour l’Institut ? Nous avons de nombreux projets, mais d’ores et déjà, j’invite tous les Parisiens à se rendre du 22 au 26 mars prochain au Panthéon dans les « Jardins pour la Vie » pour fêter le printemps et soutenir l’Institut Curie dans sa lutte contre le cancer en cueillant symboliquement une jonquille en échange d’un don. Propos recueillis par Fabien Rivenet K. Huck/Institut Curie EXCEPTIONNELLE ! SERVICE GAGNANT CONTRE LE CANCER h Depuis deux ans, la championne de tennis met sa notoriété, sa générosité et son esprit de « gagneuse » au service de l’Institut Curie et des malades du cancer. ,VENTE AUX ENCHÈRES UNE VICTOIRE POUR AMÉLIE, PRÈS DE 43 000 EUROS POUR L’INSTITUT CURIE S Philippe Buissin UNE SOLIDARITÉ SPORTIVE a victoire aux Masters de Los Angeles (Californie), le 13 novembre 2005, n’a pas fait oublier à Amélie Mauresmo la cause qu’elle défend. Ce tournoi Sony Ericsson prévoit une « récompense humanitaire et caritative» vendue aux enchères au profit d’une cause choisie par la gagnante. Première Française à remporter ce tournoi, la marraine de l’Institut Curie a décidé que la Porsche Cayenne S offerte serait vendue au profit de la lutte contre le cancer menée à l’Institut. Les enchères ont atteint 52 700 dollars, soit près de 43 000 euros, qui ont été remis lors de l’Open Gaz de France 2006, à Paris. Cette somme permettra à l’Institut Curie de financer l’un de ses projets de recherche ou d’amélioration de la qualité des soins. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 17 JIC65_14-19BAG 9/02/06 14:19 Page 18 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES RÉTROSPECTIVE DEUX FOIS PLUS DE PATIENTS TRAITÉS ACJC h Nathalie Boissière 1. Lire « Les nouveaux atouts de la radiothérapie », dossier thématique de l’Institut Curie (en vente par correspondance). Frédéric Joliot au tennis, 1946. S Ce système combinant un signal vidéo à l’appareil de radiothérapie améliore considérablement la précision du traitement. partie d’un des meilleurs clubs de la capitale: «Avant, inter-gauche : Joliot. Joue depuis trois ans à côté de son centre. Toujours un péril pour le goal adverse » 5… Cet intérêt pour le sport sera porté par d’autres scientifiques et médecins de l’Institut Curie, et aujourd’hui le sport nous le rend bien. Pour preuve, les nombreux soutiens que reçoit l’Institut de la part de sportifs de haut niveau comme Amélie Mauresmo, marraine de l’Institut, bien sûr, mais également la Fédération française de rugby (lire page 14). qu’elle apprend la création d’un Parc des sports pour garçons, elle s’indigne : « Doisje comprendre que la possibilité de favoriser l’éducation physique des filles n’a pas été envisagée par l’Université de Paris ? Nos filles n’ont-elles donc point besoin d’exercice et de santé ? Ne sont-elles donc, bien plus que nos garçons, privées de tous moyens convenablement organisés pour profiter des jeux et exercices de plein air ? Et n’est-ce point le rôle de l’Université de combattre les préjugés (…) ? » 3 En digne héritière de sa mère, « Irène prodiguait infatigablement des leçons de natation. Elle appréciait vivement les dons sportifs et les encourageait à l’égal des autres. » 4 Irène pratiquait en effet la natation, mais aussi les marches en forêt ou en montagne, l’escalade, le ski, le tennis et la bicyclette. Lorsqu’elle rencontre Frédéric Joliot, elle constate qu’il est épris comme elle de science et de sport. Ski, aviron, tennis, jiujitsu…, Frédéric Joliot s’enthousiasmait pour tout. Au lycée, il ne consacrait au travail scolaire que le temps strictement indispensable, et il s’en fallut de peu qu’il ne devint professionnel de football ! À 17 ans, il fait h i les travaux scientifiques de Marie Curie sont connus de tous, beaucoup ignorent son attachement à la nature 1 et aux activités physiques. Ses vacances ont toujours été, pour elle, un moment propice pour profiter du grand air. L’été, plusieurs scientifiques célèbres se retrouvaient en famille pour passer l’été en Bretagne, sur la pointe de l’Arcouest. À « Sorbonne-plage », comme l’écrivent les journalistes, ou « Fort-la-Science », véritable annexe de l’Université de Paris, les compétitions nautiques font rage. Marie Curie « ne pratique pas le “crawl” et le “trudgeon”, chers à ses filles et à leurs camarades. Méthodiquement entraînée par Irène et Eve, elle a appris un “over arm stroke” de bon style ». Fière de ses talents, elle compare ses résultats à ceux des autres savants : « Jean Perrin a fait une belle performance, aujourd’hui. Mais hier, j’avais été plus loin que lui… » 2 Soucieuse de l’éducation et de la santé de ses deux filles, Marie Curie insiste pour qu’elles complètent leur scolarité avec d’autres activités. Cette préoccupation va bien au-delà de celle d’une mère. Lors- ACJC Si certains imaginent difficilement un scientifique délaissant quelque temps son laboratoire pour la pratique d’un sport, un bref regard vers le passé nous prouve qu’ils ont tort : l’activité physique n’est pas incompatible avec l’obtention de prix Nobel ! Noak/le bar Floréal/Institut Curie Noak/le bar Floréal/Institut Curie h «Le soutien de l’Association de prévoyance santé des professions libérales de la Région Île-de-France permet désormais de traiter deux fois plus de patients avec la technique innovante qu’est la radiothérapie asservie à la respiration. » Dr Philippe Giraud, radiothérapeute à l’Institut Curie. PHYSIQUES mouvoir des actions relevant de la santé, de la prévention et d’aides sociales ainsi que d’informations diverses. L’Institut Curie lui présenta alors son projet d’équipement du plateau technique de radiothérapie, déjà l’un des plus performants en Europe. Leur soutien a immédiatement été investi et, depuis juillet 2005, le nouvel appareillage est installé pour le plus grand bénéfice des patients et à la grande satisfaction de ses bienfaiteurs. h G sont traités pour une maladie de Hodgkin. Il n’existait qu’un seul dispositif à l’Institut lorsqu’au printemps 2005 René Crampont recherchait pour son association un projet d’amélioration des soins en cancérologie en quête de financement. Avant même l’appel solennel du président de la République faisant de la lutte contre le cancer une priorité nationale, l’ADPS des professions libérales de la Région Île-de-France avait en effet choisi d’agir et avait mis l’amélioration de la qualité de la prise en charge des patients atteints de cancer au cœur de son action de bienfaisance. Le but des ADPS est en effet de pro- Frédéric Joliot au Jiu-Jitsu, vers 1930. ACTIVITÉS ET SCIENCES… GRÂCE À UNE ASSOCIATION DE PRÉVOYANCE SANTÉ, râce à votre généreuse action, notre Département de radiothérapie va dispenser ce traitement innovant à deux fois plus de patients.» C’est par ces mots que le chef du Département de radiothérapie de l’Institut Curie, le Pr JeanMarc Cosset, et le Dr Philippe Giraud, spécialiste de la radiothérapie asservie à la respiration, ont accueilli René Crampont, président de l’Association de prévoyance santé (ADPS) des professions libérales de la Région Île-de-France. Cette ADPS et l’un de ses partenaires, les assurances AGF, viennent de financer cet équipement à hauteur de près de 36 700 euros. Sur invitation du secrétaire général de l’hôpital, Gérard Pinson, ils ont visité cette installation technologique de dernière génération. Grâce à cette ADPS, l’hôpital de l’Institut Curie dispose d’un second dispositif qui permet à la radiothérapie de s’affranchir des mouvements respiratoires du thorax du patient, limitant les effets secondaires du traitement. En 2004, l’Institut était déjà le premier centre européen à coupler un accélérateur de radiothérapie et un scanner à un détecteur de mouvement synchronisant précisément et à chaque instant la délivrance des rayons au moment adéquat du cycle respiratoire. Cette synchronisation d’un signal vidéo à l’appareil de radiothérapie, ou radiothérapie dite « asservie à la respiration » 1, améliore encore la précision des traitements. Cela est particulièrement adapté aux patients porteurs d’une tumeur mobile avec la respiration, comme les cancers du poumon, du sein et du foie et aux jeunes malades qui h , LE CORPS ET L’ESPRIT ,HISTOIRE D’UN SOUTIEN Renaud Huynh Musée Curie, Institut Curie 1. Journal de l’Institut Curie, # 61. 2. Madame Curie, Ève Curie, 1937. 3. Lettre au recteur de l’Université, 12/06/1919, archives du musée Curie (réf. 00248). 4. Heures claires, Aline Perrin (amie d’enfance d’Irène), 1956. 5. Archives du musée Curie (réf. CDP-1715). Si Marie Curie m’était contée… Venez découvrir et faire découvrir aux enfants l’histoire de la plus grande Dame de la Science, au destin exceptionnel, sous forme de conte… « Je suis de ceux qui pensent que la science a une grande beauté. Un savant, c’est aussi un enfant placé en face des phénomènes naturels qui l’impressionnent comme un conte de fées. » Marie Curie, 1933. Cette activité a obtenu le soutien de la délégation régionale à la recherche et à la technologie d’Île-de-France et du ministère délégué à la Recherche, dans le cadre de l’Année mondiale de la physique. Irène et Frédéric Joliot-Curie au ski, fév. 1929. À partir de 6 ans. Chaque mercredi sauf fériés. Sur inscription : 01 42 34 67 94 ou [email protected] ACJC LE JOURNAL DE 18 , L’INSTITUT CURIE LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 19