Le Roi des Masques de Wu Tian-Ming Année scolaire 2004/2005

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Le Roi des Masques de Wu Tian-Ming Année scolaire 2004/2005
Le Roi des Masques de Wu Tian-Ming
Année scolaire 2004/2005
Une rencontre a eu lieu le mercredi 20 octobre 2004 au CDDP de Tours pour parler du film Le Roi des
Masques de Wu Tian-Ming.
Dans une première partie, mademoiselle I Fan Tsai, soprano taïwanaise venue en France pour étudier
l’opéra européen, nous a fait partager ses connaissances sur l’opéra chinois.
Dans une deuxième partie, madame Céline Martin d’origine taïwanaise, en France depuis une
quinzaine d’années, nous a parlé des traditions chinoises. Madame Céline Martin était accompagnée
de son mari, monsieur Jean-Louis Martin, professeur d’Histoire-Géographie au lycée Balzac à Tours et
de leur neveu, Eric Fu, taïwanais, élève de 5ème au collège Sainte Jeanne d’Arc à Tours, en France
depuis 3 ans.
I-
PRÉSENTATION DE L’OPÉRA CHINOIS
Mademoiselle I Fan Tsai souligne que chaque personnage a sa propre histoire. La plupart des
personnages joués dans l’opéra chinois ont vraiment existé.
L’opéra chinois comprend quatre types de rôle.
1) Sheng :
Sheng se rapporte à tous les rôles masculins (arts martiaux, acrobaties,…). Les
vieillards à barbe blanche sont appelés « mo » et les hommes d’âge mûr avec une
barbe sont appelés « lao sheng ». Ensuite, les guerriers sont désignés sous le nom
de « wu sheng » et les jeunes premiers, « xiao sheng »
2) Dan :
Il regroupe tous les rôles féminins. Et comme les personnages masculins, chaque
catégorie a un nom spécifique. Les vieilles femmes portent le nom de « lao dan »,
les femmes respectables « ying yi », les coquettes et les servantes « hua dan » et
les femmes guerrières « wu dan ».
3) Jing :
Dans l’opéra chinois, tous les personnages qui sont très maquillés, peints
représentent des personnes fortes en caractère.
Chaque couleur du masque correspond à un trait de caractère, le blanc signifie la
malhonnêteté, le rouge, l’honnêteté, le noir, la droiture.
-
doré et argent : créatures non humaines (dieux, démons)
visage de clown blanc recouvre la bouche de peinture huilée brillante ou mat : idiotie,
méchanceté, hypocrisie, fourbe
le rose et le marron : vieillard (moins de vigueur, moins de violence)
le rouge : justice, fidélité
le bleu : personnage vigoureux qui n’écoute pas les conseils, manipulateur
le jaune : calculateur, cruauté
le vert : orgueilleux
le violet : intelligence courageuse et fermeté dans la décision
le noir : dévouement et droiture
le gris : férocité et ambition
le blanc : fourberie
4) Chou :
Chou représente tous les personnages drôles qui se moque gentiment de la société.
Ce rôle n’est joué que par des hommes.
La tradition doit être respectée. Les acteurs n’improvisent pas sur scène.
II- LES MASQUES
1/ Les masques :
Le personnage le plus connu se nomme « tchou » (masque noir et blanc). Il est très sûr de lui,
orgueilleux, ce qui a causé sa perte. Il est mort très jeune (31 ans) et pourtant, la pièce qui le
représente est la plus jouée dans l’opéra chinois.
Il faut savoir qu’une pièce ne se joue jamais en entier en raison de la longueur des pièces. Les acteurs
jouent les passages préférés des spectateurs afin qu’ils puissent participer.
Le personnage au masque rouge est né rouge.
Le personnage « juge » a une tête noire. Il est dur envers des injustices, rien ne peut le faire changer
d’avis. Lorsqu’il était petit, un cheval lui a marché dessus d’où la trace de sabot de cheval sur son front.
Le personnage au masque « tsao-tsao » est un méchant qui aime trop le pouvoir et la manipulation. Il a
une tête toute blanche signifiant qu’il est tellement faux que l’on ne sait pas ce qu’il pense.
Le personnage « Siungo » est une créature imaginaire avec une tête de singe qui se métamorphose. Il
protège les moines qui vont chercher des livres, des objets. Il symbolise le voyage.
2/ Le maquillage :
Dans le film, on voit des masques peints sur le visage et le maître change de masques pendant l’opéra
sans que personne ne sache comment. De nos jours encore, cela reste un mystère.
Sept types de peintures faciales
- Les visages réguliers (zhenglian = pur) : une seule couleur sur tout le visage
- Les visages en trois parties (sankuailian) : les joues et le front d’une couleur. Les orbites
oculaires et la bouche sont agrandies et séparent le maquillage en trois parties.
- Les visages peints en trois parties mais comportant un dessin avec des traits
-
Les visages en lingot : le haut du front n’est pas peint
Les visages âgés dont les sourcils sont exagérément longs et retombent sur les joues.
Les visages brisés dessin compliqué et dissymétrique
III-
L’OPÉRA CHINOIS
Il comprend le chant, le récit, la danse, les acrobaties et les arts martiaux.
Dès 7/8 ans, les jeunes acteurs doivent commencer l’initiation à l’opéra chinois durant 7/8 ans. Lors de
la fin de l’initiation, un rôle leur sera donné en rapport avec leur voix, leur danse, leurs acrobaties ou
les arts martiaux.
Les pièces se jouent par rapport à des personnages réels, des légendes et utilisent les dialogues
courants.
-
Sur scène
L’opéra chinois doit être réaliste et totalement chorégraphié. Pour les acteurs, il faut trouver une bonne
intonation. Tous les rôles féminins sont joués par des hommes.
-
Les costumes
Les costumes avec des grandes manches (plumes et drapeaux sur le dos) sont considérés comme des
rallonges du corps. Tous ces accessoires ne sont pas appelés ainsi car ils doivent servir à exprimer des
sentiments.
Les costumes sont de l’époque Minh et Tching c'est-à-dire le Moyen Age chinois (14ème siècle).
Cependant, ils peuvent varier, à condition que cela reste beau sur scène.
De plus, les costumes sont stricts selon les rôles. Par exemple, les deux femmes d’un même homme ne
seront pas habillées de la même manière.
¤ La première femme aura le costume traditionnel avec un chignon très haut qui représente la femme
soumise à son mari et à ses beaux-parents. C’est également une femme qui a des petits pieds.
¤ La deuxième femme aura une simple robe chinoise que l’on peut trouver de nos jours respectant
beaucoup moins les valeurs traditionnelles. Elle est rusée et méchante.
Les costumes représentent le caractère des personnages.
- Bleu, vert, jaune, pourpre, blanc, noir : personnages principaux, Nobles
- Violet, rose, bleu, vert clair et cramoisi : personnage secondaire
- Neutre, sans broderie : les gens du peuple
- Teintes claires avec motifs brodés : jeunes lettrés ou amoureux
- Décor
Le décor peut simplement se traduire par une table et deux chaises. Il est très simple et imaginaire.
Quand l’acteur rentre et qu’il mange, le spectateur comprend que c’est une table mais elle peut devenir
un lit.
Cependant, le décor est imaginaire mais strict. Par exemple, lorsque l’acteur rentre par la porte
« imaginaire », il faut qu’il ressorte au même endroit et cela va de même lorsqu’il monte un escalier, il
ne faut pas qu’il monte sept marches et qu’il en descende dix.
- Salutations
Les salutations doivent être faites d’une certaine manière. Les acteurs retournent dans la loge et ils
servent du thé au maître.
Pendant la représentation, rien interdit les spectateurs de manger, boire, c’est très familial.
- Musique
L’opéra chinois est toujours accompagné par des instruments traditionnels. Les scènes sans acrobaties
sont accompagnées par des instruments à cordes et celles avec des acrobaties, par des percussions.
Mademoiselle I Fan Tsai a trouvé le film très simple mais vrai. La scène qui l’a émue est celle où le
maître Wang achète la statue.
Madame Cécile Martin comprend mademoiselle I Fan Tsai car il est important pour maître Wang de
trouver un héritier. S’il n’a pas de fils, il ne pourra pas transmettre son art.
Elle raconte que beaucoup de rôles féminins sont joués par des hommes car les femmes n’ont pas le
droit de jouer.
Après le visionnement de la scène où un serpent descend du cou du bouddha, elle ne peut pas affirmer
que c’est miséricorde car chaque région chinoise a ses coutumes.
Pour nous illustrer sa vision, elle reprend la scène de Little Buddha de Bernardo Bertolucci où le buddha
médite au dessous d’un arbre et qu’il se met à pleuvoir. Le serpent se redresse et le protège de la
pluie, il n’est donc pas mauvais.
Beaucoup de temples mélangent le bouddhisme et le taoïsme. Le serpent est méchant dans le taoïsme
mais pas dans le bouddhisme.
Madame Cécile Martin cite le proverbe chinois : « Quand une personne bonne rencontre un serpent, le
serpent est gentil mais si la personne est mauvaise, le serpent est méchant ».
- Médecine
Dans les années 30, la médecine chinoise était uniquement composée d’herbes et de plantes.
- Cuisine
La cuisine chinoise est différente si nous nous trouvons au nord ou au sud de la Chine.
Dans le film, le maître Wang a fait cuire le riz dans le bambou. C’est typiquement traditionnel, le tronc
du bambou va donner le goût au riz.
- L’opéra
Dans le film, des soldats montent à la fin de la pièce sur des tissus à la fin de l’opéra ce qui ne se fait
plus de nos jours.
- La mort
Dans les foyers chinois, ils ont un autel où se trouve le nom de leurs ancêtres. Comme en France, ils ont
un jour des morts mais la date est difficile à donner car le jour est différent vu le calendrier lunaire. Ce
jour, ils confectionnent des objets en papier qui brûlent pour saluer le disparu.
- Famille
Lorsqu’une famille chinoise a beaucoup d’enfants, c’est un bonheur pour eux. A chaque anniversaire,
chacun met un bâton d’encens pour entourer la personne.
Dans le film, la voyante prédit au maître qu’il n’est qu’un bâton d’encens et qu’il a un fils au bord de
l’eau.
Lors de la sortie du film, les médias ont critiqués la musique occidentalisée. Pour madame Cécile Martin,
c’est avant tout un film très beau, un tableau animé fidèle à la tradition chinoise et à l’histoire.
Pour mademoiselle I Fan Tsai, la musique ne l’a pas choquée. Monsieur Jean-Louis Martin souligne que
la Chine est très occidentalisée.
Eric Fu a découvert le film et a appris beaucoup de choses. Il a compris le chinois mais pas les
expressions l’accent n’étant pas le même. Ce qu’il a impressionné, c’est lorsque le maître change de
masques en un seul geste.
- Les femmes
A la maison, la femme s’occupe de l’intérieur et les hommes de l’extérieur, c’est une marque de respect.
Si la femme n’est pas à la hauteur, la famille peut se détruire. Quand madame Cécile Martin retourne
en Chine voir ses parents, elle leurs sert le thé et, à ce moment-là, elle se sent bien.
Deux idéogrammes représentent la femme en chinois :
Le toit représente le celui du foyer
Il représente le cochon
Le foyer
La fin du film peut prédire la place de la femme dans la société : la Chine va-t-elle changer ?
Marie-Christine Fleury rappelle qu’il existe toujours un marché de petits garçons en Chine. Il y a des
rapts d’enfants dans les familles pauvres revendus dans les familles riches.