Ils étaient partis pour un été…

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Ils étaient partis pour un été…
Edition spéciale Plaintel 1914
Ils étaient partis pour un été…
Dans le cadre du centenaire de la guerre 14-18, la commission extra-municipale vous propose
de découvrir la vie de la commune pendant l’année 1914. Cette édition « 1914 » élaborée
avec l’aide de Jean Pierre Cotte, fait suite à la page spéciale sur la mobilisation en août
1914, parue dans le Plaintel infos de fin juillet. Le projet est de relater à chaque année
anniversaire les activités de la commune il y a 100 ans. Les fruits de la collecte et de
la conservation des documents sont ainsi mis à la disposition des citoyens afin que
chacun connaisse mieux la vie de la commune à l’époque.
Plaintel en 1914
est une commune à vocation essentiellement rurale
S
a population, de 2331 habitants, occupe 613 maisons (dont 547 ménages). Les laboureurs composent la majeure partie des
professions recensées ; comme l’atteste le questionnaire de “ Statistique Agricole Annuelle”, demandé par la préfecture .
Déclaration des productions végétales et des animaux
Blé..................375 hect
Sarasin............210 hect
Avoine.............400 hect
Méteil................89 hect
Seigle................38 hect
Choux..............120 hect
Rutabagas..........60 hect
Pommes de
terre..................40 hect
Chevaux.................. 345
Bovins.................. 1084
Ovins...................... 400
Porcs...................... 702
Chèvres.................... 80
En l’absence du Maire Louis Gicquel, parti pour le Front, le 1er adjoint
François Dutertre signe l’appréciation générale sur les récoltes de
l’année :
« La récolte en paille a été bonne mais elle est toute nécessaire
aux besoins de la commune.
Pommes à cidre, une demi-année - Sarasin : une bonne récolte
Avoine bonne de grain.»
Le travail à la ferme à Plaintel
Les femmes et les enfants remplacent les hommes partis
D
ans ses courriers à sa famille, Jacques Morel (du Vau Bernard) se préoccupe des travaux de sa ferme qu’il vient de quitter précipitamment avec la
mobilisation. Il donne par écrit des conseils à sa femme pour la tenue de la
ferme et des cultures.
« 2 septembre 1914 : Vous me direz si il y a du trèffe dans les Chauchix.
Je vous dirais que pour mener du fumier sous les clos, il faut attendre que
les rutabagas de La Marette soient enlevés et vous passez le fumier par
La Marette.
4 septembre : Vous me dites qu’ils demandent de l’avoine (en réquisition). Ils pourraient bien envoyer du foin aussi car les chevaux n’en ont
pas beaucoup, au plus 5 kilos par jour et par bête. Chère Anne-Marie, je
vous dirais de semer de la graine de tréffe rouge dans le Haut Clos si vous
pouvez, mais ne travaillez pas trop. Il vaut mieux laisser un peu d’ouvrage
à faire. Si vous avez du lait, achetez un veau mais ne vous privez pas de
beurre pour acheter un veau et si “Marquise” est bien commode avec vous,
attelez-la pour aller aux choux au Chauchix.
12 septembre : Ici, nous perdons le goût du bon cidre de la Bretagne car ici
nous ne trouvons pas de bon cidre et encore, on nous le vend 6 sous le litre
et il ne vaut
rien.
Chère
Anne-Marie,
ne vous tuez
pas à travailler.
Quand je serai
arrivé, on fera
ce qui ne sera
pas fait.
1er novembre : Bien chère Anne-Marie, si vous trouvez un charron pour
monter le pressoir, je voudrais bien que vous remplirez les barriques vides
si vous pouvez car quand je serai arrivé, je serais bien content de trouver
du cidre, car ici (en Belgique), on ne trouve aucune boisson mais on fait
bouillir un peu d’eau et un peu de café et un peu de sucre ? Voilà notre
boisson ».
Jacques Morel est porté disparu le 12 novembre à Languemarck (Belgique),
« Mort pour la France ».
Réquisition - Ravitaillement
La réquisition des chevaux a commencé. En vue du ravitaillement de l’armée,
la commune a été invitée par l’autorité militaire à fournir un certain nombre de
denrées, soit pour les hommes, soit pour les animaux. Les élus devaient les
trouver auprès des habitants de la commune.
Opérations militaires - 1914
Régulièrement,
la Mairie de Plaintel
va recevoir un
« Communiqué Officiel »
sur les opérations
militaires en cours.
Il est affiché devant la
Mairie et la population
va prendre l’habitude
de venir s’informer.
Communiqué du
22 septembre 1914
Août-décembre 1914 :
les événements dans la région, jour par jour
8 août : Dans un télégramme adressé aux maires,
le Ministre de l’Agriculture demande de prendre des
mesures d’urgence pour assurer la rentrée et le battage
des moissons. Le Conseil Municipal de Plaintel se transforme en Comité de Surveillance.
10 août : Création de la Commission de ravitaillement N°10. Elle siège à Quintin.
Mi-août : Une quinzaine de réfugiés belges arrivent à
Saint-Julien. Un service régulier de distribution d’Ouest
Eclair est rétabli.
21 août : Rétablissement de 3 trains accessibles aux
civils sur la ligne Saint-Brieuc - Pontivy. Progressivement, toutes les carrières de Plaintel vont fermer, faute
de demande pour la construction et faute de maind’œuvre pour l’extraction.
1er septembre : Création à Quintin d’un Hôpital
bénévole. Les premiers blessés arrivent le 23 septembre. Les conscrits de la classe 1914 sont mobilisés
(210 000 hommes).
17 septembre : Deuxième réquisition des chevaux à
Quintin.
Novembre : Arrivée à Saint-Julien d’une cinquantaine
de prisonniers « Boches ». Ils sont logés au bourg et
sont occupés à extraire des pierres dans les carrières.
L’état-civil de Plaintel enregistre le premier décès d’un
soldat mort à la guerre : François BRESSET, mort le 6
septembre 1914 à Villeneuve les Charleville (Marne).
20 novembre : A Quintin, création de l’Hôpital 80
aux Ursulines.
15 décembre : Les conscrits de la classe 1915 sont
mobilisés (260 000 hommes).
La vie à Saint-Brieuc
En poste au bureau du recrutement de Saint-Brieuc, Pierre Jouan nous donne
une idée de l’intense “activité militaire” qui règne dans la ville.
d’un train de blessés : 70 Français et 84 Alboches… 19 novembre : Actuellement, il y a 1 030 blessés alboches à la caserne Guébriant, en traitement.»
Et la présence de prisonniers allemands à Saint-Brieuc
31 octobre : Je vais en permission. En passant à Saint-Julien, j’ai remarqué
les prisonniers allemands qui travaillent aux environs. Ils sont logés dans
la dernière maison du bourg du côté de Plaintel… 12 novembre : En ville,
j’ai vu 150 à 200 Boches, escortés de soldats, baïonnette au canon, et suivis
par une nuée de gosses. Ils venaient sans doute de travailler au nouveau
cimetière. Beaucoup baissaient la tête, d’autres regardaient les passants
en souriant.»
C’est tout d’abord l’arrivée des trains de blessés
(soldats français et prisonniers allemands)
« 6 octobre 1914 : Arrivée d’un train de blessés français (250 à 300) et
9 blessés allemands… 4 novembre : En sortant de la caserne, j’ai aperçu
un rassemblement devant la gare : on attendait des blessés. Précisément, le
train, composé de wagons belges et français, arrivait. Bientôt un premier
brancard paraît : c’est un boche qui y est couché ; un deuxième… c’étaient
tous des ennemis, cela n’en finissait pas. Bientôt paraît un groupe de blessés
moins grièvement… La foule curieuse et de plus en plus nombreuse qui se
pressait sur leur passage avait plutôt pitié d’eux… 12 novembre : Arrivée
de renfort, y compris les 600 déjà demandés… 12 décembre : 300 hommes
sont partis à 3 h ce matin (depuis la mobilisation, nous avons envoyé plus
de 15 000 hommes au feu !).»
Mais la guerre dure. On a besoin d’ouvriers dans les usines
« 18 novembre : Une commission militaire (2 capitaines et un inspecteur)
questionnent la plupart des soldats du 154ème (beaucoup sont des ouvriers)
afin de trouver le plus d’ouvriers tourneurs possible (il en faut 4 000) pour
faire des obus et autres armes. Presque tous ceux qui étaient acceptés,
partiront demain pour Paris où ils doivent commencer à travailler de suite.
Les régiments au front adressent de nouvelles demandes en matériel
« 19 octobre : Le colonel du 71ème, sur le front, réclame pour les partants
beaucoup de pelles, outils indispensables dans cette guerre de forteresse ;
des cisailles aussi pour couper les fils de fer dont le pays est couvert.»
C’est aussi les départs des nombreux renforts
pour les divers régiments de Saint-Brieuc (71ème R.I., 271ème R.I., 74ème R.I.T. et
pour les 154ème et 155ème R.I. repliés à Saint-Brieuc) :
« 11 octobre : On annonce un départ de 1 800 hommes pour demain.
C’est sans doute du renfort pour opposer aux Allemands qui, après la prise
d’Anvers qui a eu lieu depuis quelques jours, vont venir contre nous au
nord… 30 octobre : Départ d’un détachement de 160 hommes du 154ème.
Les blessés allemands regardent avec anxiété ces départs enthousiastes de
troupes fraîches… 7 décembre : Le 74ème Territorial demande 1 400 hommes
L’armée a besoin d’hommes
Des commissions de Réforme se tiennent régulièrement pour examiner la
situation des hommes classés “ Service Auxiliaire ” et des hommes jusqu’ici
“ Exemptés ”. On fait appel aux plus anciennes classes de La Réserve de l’Armée
Territoriale. La Cavalerie et la Marine versent dans l’Infanterie les hommes qui
n’ont pas d’affectation :
Le 30 novembre, Pierre Jouan sera classé “ Service Armé ” : « Fameuse visite
passée par 3 médecins étrangers à la région. Après avoir patienté toute
la matinée, j’ai passé à 11 heures. De suite, j’ai été pris “ Bon ” par un
médecin à 4 galons. C’est pour la France, j’accepte ce sacrifice ! »
Les premiers témoignages
Une partie de l’information provient de la correspondance avec les soldats, favorisée par l’adoption
de la franchise postale (par décret du 3 août 1914) pour le courrier des mobilisés.
A
la mi-août, Victor Bruand arrive au front : « Départ le 15 août à
6 heures du soir pour Couvin (Belgique), 20 km sous la pluie…
Le 22 à Fossés, baptême du feu, terrible combat, journée à jamais
mémorable (le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrier de l’Histoire de
France : 27 000 soldats français sont tués pendant cette seule journée, dans
les Ardennes belges, soit 4 fois plus qu’à Waterloo).
Le 24, on bat en retraite et le 25 on continue la retraite sur Philippeville
et on rentre en France. Le 29, on retourne au feu… Le 30, on reste au
feu puis on bat en retraite. Je perds ma compagnie et je campe dans un
tas d’avoine…
Le 1er septembre, on rencontre une patrouille de 5 uhlans, je tire dessus
mais je les manque et marche encore toute la journée sans rencontrer notre régiment. On marche avec les gendarmes qui escortent des
prisonniers… Le 7 au matin, on touche une demi-boule, on n’en avait
pas touché depuis le 30 août. Le 9, on marche toute la journée et on
vient prendre les avant-postes et on couche à Château-Thierry… Le 12,
bataille de Fismes où l’on déloge les prussiens après un combat acharné
toute la journée, on se bat sous une pluie diluvienne.
Le 15 septembre 1914, Victor Bruand est blessé au cou et au bras droit par
une balle. A la sortie de l’hôpital, il a droit à une permission de convalescence de 15 jours à Plaintel. Puis le retour au front fin novembre.
Le 23 novembre, on descend du train à Pierrefonds vers 8 heures du
matin et on va coucher dans une caverne à Traçy-le-Mont… Le 26 au
matin, on retourne dans les tranchées en réserve… le 28 au matin, on
passe en première ligne. On y reste 4 jours puis on revient au repos. Cela
continue comme cela jusqu’au 20 décembre.
Le 7 décembre, marmites (obus allemands). Le 21 décembre, après une
furieuse attaque à la baïonnette au point du jour, la Compagnie occupe
les tranchées ennemies, mais après avoir résisté toute la matinée à l’ennemi très supérieur en nombre, nous sommes contraints à nous rendre
vers 3 heures et demie ; le renfort ne nous venant pas, nous sommes
faits prisonniers et embarqués à Noyon à destination de l’Allemagne
vers 9 heures du soir. Le 23 au matin, nous débarquons à Meschède,
Westphalie ».
D
ans son carnet de guerre, Pierre Jouan parle
des nombreuses lettres qu’il reçoit de son
ami, Eugène Saintilan, actuellement sergent au
41ème R.I. (Rennes) :
« 10 octobre : J’ai reçu une lettre d’Eugène.
Parti le 26 septembre des environs de Reims,
il est allé en chemin de fer jusqu’à Amiens,
puis à pied, par Péronne et le 1er octobre il
était aux environs d’Arras. Il parle des pertes
énormes subies par le Xème Corps.
18 novembre : Les Alboches bombardent Béthune. Nous maintenons nos
positions par ailleurs. Toutes les tranchées communiquent par le téléphone, c’est pourquoi Eugène se repose et fait le coup de feu dans les
tranchées (à l’aide d’une bicyclette, Eugène Saintillan était chargé de
porter les ordres aux compagnies).
26 novembre : Eugène est actuellement près d’Arras. Ils avancent de 20,
30, 40, 50 mètres quelquefois… Il a peu de courses à faire actuellement,
heureusement, car les routes sont défoncées et, depuis 3 jours, il y a
5 centimètres de neige. Ils vont avoir du feu dans les tranchées. Il ne va
dans les tranchées que pour se mettre à l’abri de la mitraille. On s’y amuse
bien dans les tranchées au son de la musique… des balles et des obus ! »
J
acques Morel mobilisé au 74ème R.I.T.,
donne dans ses courriers
quelques informations :
« 8 août 1914 : Je suis à
une bonne compagnie et
nous sommes bien une
quinzaine de Plaintel. On
est bien 40 ou 50 entre
Plaintel et Ploeuc/Lié…
25 août : Nous sommes partis de St-Brieuc le 7 août
et nous sommes arrivés à Sottevast (Manche)…
On fait de l’exercice un jour, l’autre on fait des
marches… Le 22 août, nous avons fait une
marche de 27 kilomètres… Je ne sais pas si l’on
va voir les Prussiens ou les Allemands mais pour
ça, il faudrait qu’ils débarquent à Cherbourg…
9 septembre : Je vous dirais que nous commen-
Les
çons un peu à voyager mais nous ne sommes pas
encore près des Allemands. Nous avons monté
dans un beau bateau. Il avait 95 mètres de long
et marchait à une vitesse de 40 km à l’heure
mais nous n’avons pas été malade, personne.
La mer était calme. En débarquant au Havre
(Seine Maritime), on voit bien cent navires de
commerce ainsi qu’un navire de guerre américain (le croiseur Tennesse a été envoyé en France
pour évacuer les citoyens américains en poste à
Paris…
12 septembre : Aujourd’hui, on fait manœuvre de
brigade, un de ces jours on va faire manœuvre
de division. Mais je ne crois tout de même pas
nous battre avec les Allemands car on dit que les
Français depuis deux jours les ont refoulés de
75 km. Mais il était temps car ils commençaient
à approcher de Paris. Mais on dit maintenant que
l’on va les emmener en Allemagne…
13 octobre : Je vous dirais que je suis en train
de faire mon Tour de France car je vous assure
que nous nous promenons (il vient d’arriver à
Dunkerque, Nord)…
28 octobre : Ici, le pays et complètement dévalisé
de tout et les habitants sont tous partis… On voit
les vaches tombées d’un côté, des chevaux d’un
autre ainsi que des cochons car les habitants en
partant abandonnent tout. Nous autres, jusqu’à
présent, nous n’avons pas eu de mal. On n’a
jamais été qu’en troisième ligne. Ça fait qu’il n’y
a que le canon qui pourrait nous faire du mal.
Aucun gars de Plaintel jusqu’à ce jour n’a été
blessé.
1er novembre : On entend le canon comme tous
les jours mais nous sommes à l’habitude à
l’entendre ».
Jacques Morel est porté disparu le 12 novembre
1914 à Langemark, Belgique.
premiers blessés
10 octobre : J’ai reçu une lettre d’un prêtre infirmier à la gare d’Amiens qui m’annonce que Victor a été blessé le 4 ou le
5 aux environs d’Albert. Il dit que la blessure n’est pas grave et que Victor,
évacué sur Amiens, a été transporté ailleurs.
17 octobre : J’ai enfin reçu la lettre tant désirée. Elle vient de Bordeaux et je
reconnais l’écriture. C’est bien Victor. Il est hospitalisé à Bordeaux. Il a été
blessé d’un éclat d’obus à la cuisse ; l’os n’a pas été atteint.
24 octobre : On me demande au poste, c’est ma mère. Elle me tend un papier ;
je lis : « Tétanos s’est déclaré ; état très grave mais pas désespéré. Le malade
Extrait d’une délibération du 20 février 1914
– du Conseil municipal –
Article 1er - A partir du 1er mars 1914, les inhumations seront
faites dans le nouveau lieu de sépulture situé au nord de la
commune, sur la route de Plaintel à Saint-Brieuc.
Communicolor - 02 96 42 24 85 - 11/14
a toute sa connaissance ». Cette carte vient de
Dans son carnet de guerre, Victor BRUAND
Bordeaux et est signée du médecin soignant.
nous parle de sa blessure. Son régiment, le 2ème
Victor est donc très malade, peut-être mort.
Zouaves, se bat alors dans la région de Fismes :
Qui sait ? Ma mère va peut-être aller le voir à
« Le 15 septembre 1914, départ à 2 heures du
Bordeaux ; c’est bien loin, et le verra-t-elle ?
matin, on repasse le canal et au point du jour,
31 octobre : On m’appelle au poste : ma mère a
on est sous le feu de l’artillerie allemande. On
des nouvelles de Victor. Voici la carte envoyée
avance jusqu’à midi au moment où je reçois
par le médecin : « Votre fils, qui est atteint du
une balle qui me passe dans le cou et le bras
tétanos, va cependant beaucoup mieux et il
droit. Je me fais mettre un pansement sur le
guérira. Il nous demande lui-même de vous
cou et je reviens à Hermonville. Après avoir
donner de ses nouvelles ».
été pansé, je vais prendre le train en direction
Orléans et Angers où j’arrive le 17 septembre.
26 novembre : On me demande au poste.
Bruand (en uniforme de zouave) est au 2e rang,
Je suis hospitalisé à l’Hospice Général, salle Victor
C’était ma mère qui arrivait de Bordeaux où
e
à droite. Au centre, un blessé pose avec un trophée
de la Maternité. A la sortie de l’hôpital, le 4
elle a vu Victor… Il va beaucoup mieux bien
de guerre, un casque à pointe.
Victor BRUAND a droit à une permission de
qu’il ne puisse se lever et que sa jambe le fasse
convalescence de 15 jours chez lui. Sorti le
encore souffrir.
13 octobre. Départ d’Angers en direction de Lyon, puis de Paris. Départ gare
8 décembre : J’ai reçu une lettre de Victor. Il est guéri, dit-il ; le genou, seul,
des Invalides à 11 heures 20 pour Saint-Brieuc. Après 15 jours de permisne va pas encore très bien ».
sion à Plaintel, c’est le retour au dépôt du régiment : Départ de Plaintel le
29 octobre en direction de Paris Montparnasse. Le 31, je rentre au Camp de Victor Jouan sera à nouveau blessé en avril 1915 et en août 1918.
Sathonay à 15 heures.
Puis Victor BRUAND retourne au front fin novembre : Le 23 novembre, on
descend du train à Pierrefonds vers 8 heures du matin et on va coucher
Etat-Civil de l’année 1914
dans une caverne à Traçy-le-Mont puis le 24, je rejoins le soir mon ancienne
8
mariages
sont prononcés de janvier à juillet mais la mobilisation
Compagnie dans la tranchée à Tracy-le-Val ».
générale perturbe l’ordre habituel des choses. Le maire ne célébrera
que 2 mariages d’août à décembre, soit 10 mariages dans l’année.
Né le 21 juillet 1893, Victor JOUAN est le frère cadet
D’août à décembre 1914, sur les 31 naissances enregistrées, 19 pères
de Pierre Jouan. En 1914, il effectue son service
sont déclarés mobilisés (61 %). Leur âge moyen est de 30 ans alors que
ème
militaire au 19 R.I. de Brest. Dans son carnet de
celui des pères présents (non mobilisés) est de 37 ans.
guerre, Pierre Jouan parle des nombreuses lettres
Le nombre des décès est de 45. Le décès d’un soldat de Plaintel est
qu’il reçoit de son frère Victor Jouan :
enregistré à l’état-civil. Cependant, 8 autres soldats sont décédés (on le
« 7 octobre 1914 : J’ai reçu une lettre de Victor.
saura plus tard) et on est sans nouvelles de 19 autres soldats.
Elle est datée du 24 septembre et a été écrite dans
A la fin de l’année, la France dénombre environ 293.000 soldats tués
les tranchées devant l’ennemi, aux environs de
ou disparus.
Soissons.