Article paru dans Le Courrier du 23 octobre 2014
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Article paru dans Le Courrier du 23 octobre 2014
12 CULTURE LE COURRIER JEUDI 23 OCTOBRE 2014 Auberson sens dessus dessous CHANSON • Il présente samedi à Fribourg son nouvel album intitulé «Offshore». Rencontre avec «l’éternel touche-à-tout que tout touche». EN BREF PETIT THÉÂTRE, LAUSANNE Reprise du «Révizor» Après avoir tenu l’affiche à Yverdon-les-Bains, Sion et Vevey, Le Révizor se joue dès mercredi au Petit Théâtre de Lausanne. Sur une mise en scène d’Evelyne Castellino, la troupe des Arpenteurs reprend cette pièce de Gogol qui a pour thème l’arrivée dans une petite ville russe de province d’un jeune noble ruiné. La venue de l’aristocrate va susciter l’affolement des provinciaux qui le prennent pour un inspecteur des finances envoyé par le tsar. MOP Du 29 octobre au 16novembre sous chapiteau, dès 8ans, me 17h, ve 19h, sa 14h & 17h, di 17h, Petit Théâtre, 12pl. de la Cathédrale, Lausanne. Rés:☎ 0218085888, www.lepetittheatre.ch THÉÂTRE, LAUSANNE «King Kong Théorie» à l’Arsenic En mode Google Maps, Pascal Auberson propose une visite virtuelle à 360o de son lieu de travail sur son site web. PASCALAUBERSON.CH OLIVIER HORNER «Revenu de tout, mais sans cesse en partance/Ayant passé ma vie à noyer le poisson», résume-t-il en introduction de «Seul sous la douche», chanson générique en mode écriture automatique humoristique de Offshore, son nouvel album exclusivement numérique. Pascal Auberson, grâce à un pertinent regard holistique, y égrène dans son franc parlé-chanté ses incessants et vitaux changements de casquette artistique. Soit quarante-cinq ans d’un parcours truffé de détours et allers-retours entre percussions et composition, chanson et danse, cinéma et théâtre, big band et piano, tuba et improvisation sans borne ou comptage des mesures dans les fosses d’orchestre. «C’est presque une caricature de moi-même, celle d’une personnalité touche-à-tout qui a passé sa vie à faire le zouave et à faire croire. J’ai toujours été un cheval qui ne supporte par le mors.» Autant de bouteilles à la mer Dans son historique atelier du quartier du Flon à Lausanne voué à la destruction, des peintures géantes sur panneaux en aluminium témoignent encore d’une nouvelle passion créative du «touche-à-tout que tout touche». L’auteur-compositeur, interprète-acteur, comédien-danseur et viceversa évoque pour l’heure avec fougue les dix-neuf titres composant ce Offshore, en forme de condensé lui aussi des différents visages d’Auberson que la chanson a connus depuis le mitan des années 1970 et les succès «Ophélie», «L’Paradis», «Il faut que ça swingue» ou «Jamaïca». Autant de bouteilles à la mer conjurant l’amer mais aussi l’extraordinaire, conjuguant variété et expérimentation, économie et faste, jazz et électro, lyrisme et mélancolie, slam et pop, amour et mort, second degré et thèmes sociétaux sérieux dans la veine urbaine de Kélomès (2009). Avec, en guise de provocation drôle charriant un fond de vérité, un «J’suis un chanteur populaire» s’épanchant ainsi: «J’suis un chanteur populaire mais de qualité, qui veut toujours défaire tout recommencer/Qui veut marier Schubert avec Bob Marley/Parker avec Fauré, rastaquouères et paumés.» A 62 ans, le chanteur ne se lasse en tout cas pas de butiner, allant jusqu’à imaginer pour le site internet flambant neuf qui accompagne la sortie de ces morceaux inédits une troublante visite virtuelle à 360o de son espace de création où il se dédouble à foison, dans chaque pièce et derrière tous ses instruments. Et si Auberson offre une première version scénique d’Offshore samedi à Fribourg, la seconde attendra puisqu’il prend le large en novembre avec Piano Seven pour une tournée d’adieu passant par Bangkok et Singapour. Avant d’aller repousser les frontières du jazz et de l’electro au sein de KiKu, pour une création en fin d’année. «C’est un peu l’anarchie mais il faut croire que j’aime ça», relève-t-il lucidement. Ne pas sombrer dans la nostalgie Cette soif de grands écarts et de liberté de ton, l’homme-orchestre l’étanche pleinement au fil de cet album-mosaïque, imaginé comme une œuvre amenée à évoluer et à se voir complétée par des visuels ou des titres inédits. Arrangé par le fidèle Christophe Calpini (Bashung, Stade), photographie d’un an et demi d’enregistrements aux côtés de différents musiciens (Barbouze de chez Fior, Daniel Bourquin, Cyril Regamey, Laurent Poget ou les enfants et le frère de Pascal Auberson) ravivant les plumes poétiques de Verlaine («Sagesse»), Jean-Villars Gilles («Dollar») et accueillant les premières chansons d’auteures romandes (Catherine Richard et Nicole Gaillard), ce Offshore que seul l’océan immatériel pouvait absorber révèle bien toutes les facettes de son géniteur. «Je suis obsédé par le renouvellement pour ne pas sombrer dans la nostalgie. C’est aussi la raison pour laquelle je diversifie les collaborations.» En quête perpétuelle d’alchimies libertaires, une main chassant sa longue chevelure en proie à la canitie, Auberson détaille ce répertoire disparate où il accoste de nombreux rivages stylistiques et vocaux. Des jeux de mots écornant la mythologie rock’n’roll et l’acharnement artistique de certaines de ses figures («Faut s’faire à l’idée») à l’exercice de style poétique en verlan phonétique («La Nuit Yunal») via un titre en anglais affublé d’un accent français volontairement risible («Swansong»), un clin d’œil à la chanson italienne et au «Gelato al Limon» de Paolo Conte en particulier («Bella Vita»), des rimes sur les mers et terres souillés («Arrière!») ou un sujet de société délicat («Don d’organe»), l’enfant de Chavornay ose tout. L’improvisation y est souvent moteur de création. Et la voix d’Auberson, embrassant un large spectre d’inflexions, se met au diapason de ce sens dessus dessous musical entre acoustique et électronique, free jazz ou rock, d’où se distingue un vibrant hommage à l’élégance de Bashung, «Rien ne rime, tout se tient»: «De derrière tes lunettes, tu vomis l’ordinaire/D’un décor en plastic, d’un soleil à l’envers/Eh! tu t’amuses des mots, des hameçons des baisers/Tu les suces tu les craches, les ranimes les cravaches.» Un credo suspendu à l’âmeson d’Auberson, qui constate avec plaisir que son personnage versatile semble enfin accepté en Romandie: «Même si on peine à me cerner encore!» I Adaptée d’un essai homonyme de Virginie Despentes, la pièce King Kong Théorie se joue à l’Arsenic. De la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges en 1791, en pleine Révolution française, à la loi Simone Veil de 1975 légalisant l’avortement en France, cet essai est devenu une pièce de théâtre mise en scène par Emilie Charriot. Elle sera à l’affiche dès mardi prochain, et jusqu’à dimanche. A noter, samedi 1er novembre dès 15h un «apéro intello spécial dé-genré», moment d’échange autour de la construction des identités de genre. Le public pourra débattre avec les intervenant-e-s au Foyer du théâtre. A cette occasion s’exprimeront notamment la metteure en scène Emilie Charriot et Patricia Roux, ancienne professeure en études genres à l’UniL. MOP Du 28octobre au 2novembre, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h à l’Arsenic, 57rue de Genève, Lausanne, ☎ 0216251136, www.arsenic.ch CINÉMAS DU GRÜTLI, GENÈVE En Italie, la caméra tourne encore La 32e édition du Festival de cinéma italien d’Annecy à peine refermée, Edouard Waintrop, directeur des Cinémas du Grütli, en propose un aperçu au public genevois. La fenêtre se limite à un week-end, de vendredi à dimanche, mais elle permettra de découvrir sept longs métrages de cinéastes jeunes (Alice Rohrwacher avec Le Meraviglie) et moins jeunes (Ivano de Matteo avec I nostri ragazzi). A voir également, Dolce Vitti, documentaire du Français Emmanuel Barnault consacré à Monica Vitti, révélée en 1960 dans L’Avventura d’Antonioni et devenue l’égérie tragicomique de Scola, Risi, Monicelli. Créateur du festival d’Annecy et grand connaisseur du cinéma italien, Jean Gili sera présent aux Cinémas du Grütli. RMR Du 24 au 26 octobre, Maison des Arts du Grütli, 16 rue du Général-Dufour, Genève. La séance de vendredi à 20h sera précédée d’un apéritif italien, dès 19h. EXPÉRIMENTAL, GENÈVE Kahn et Möslang à la Cave 12 Après un «dancefloor des ténèbres» orchestré vendredi par le Britannique Nick Edwards, alias Ekoplekz, et sa techno déviante, la Cave 12 renoue dimanche avec l’exploration sonore sans filet. Le plateau sera richement garni: on ne présente plus Norbert Möslang et Jason Kahn, tandem helvéto-étasunien dont les racines plongent dans le punk et la noise music pour s’élancer aujourd’hui sur les friches de l’improvisation électroacoustique, en l’occurrence campé sur une collision entre batterie et dispositif électronique. Rencontre précédée par les solos brefs du Berlinois Michael Barthel (voix et lecteur cassette) et du Beyrouthin Mazen Kerbaj (trompette amplifiée). RMR Vendredi et dimanche, 21h, Cave 12, 4 rue de la Prairie, Genève. cave12.org PUBLICITÉ Offshore (Le Beau Menace Editions/Evasion Musique). Album disponible uniquement sur iTunes, extraits sur www.pascalauberson.ch >En concert sa 25octobre à Fribourg, La Spirale, 21h. Rens: www.laspirale.ch HISTOIRE SUISSE Parution du dernier tome du «Dictionnaire historique» Le «Dictionnaire historique de la Suisse» (DHS) est complet. Le 13e et dernier tome de ce lexique sera publié d’ici à la fin du mois, mettant un point final à cet ouvrage fort de plus de 36000 articles. Mais sous sa forme électronique de banque de données, l’e-DHS est appelé à évoluer. Le Dictionnaire historique de la Suisse, ce sont 41 volumes de près de 800 pages et pesant trois kilos chacun, soit 13 tomes dans chacune des trois langues nationales et deux en romanche. L’ouvrage conçu par ordre alphabétique, avec la publication d’un tome par année, est aussi l’un des premiers dictionnaires au monde élaboré dès le début électroniquement. Dès 1998 et à la suite des bouleversements technolo- giques, le conseil de fondation a inversé les priorités. Il a fait du DHS l’un des premiers ouvrages de référence multilingues à être mis en ligne, à la disposition du grand public comme des chercheurs, gratuitement. L’e-DHS est conçu comme un dictionnaire trilingue en ligne, continuellement adapté et actualisé. Mais le nouveau concept global sera davantage orienté vers un centre de données et d’information. Ce centre sera chargé de refondre et exploiter les informations disponibles. La diffusion des connaissances à des cercles d’intéressés plus larges par l’apport d’informations dans les réseaux actuels tels que Wikipédia représente une autre tâche. Ces dernières seront couvertes fi- nancièrement par la Confédération, les autres prestations offertes par le centre devant être financées par des tiers. De 2013 à 2016, Berne a soutenu le DHS à raison de 4 millions de francs par an. Le nouveau centre doit être mis en service durant la période 2017–2020. Le DHS se veut un ouvrage scientifique de référence qui présente l’histoire du territoire actuel de la Suisse sous une forme accessible au plus grand nombre. Les principaux thèmes et objets de l’histoire nationale, des temps les plus reculés à l’époque actuelle, sont évoqués grâce à des articles sur l’histoire des communes, des cantons, des régions et des personnalités suisses. Outre les textes, la version imprimée est riche d’iconographies, cartes et graphiques. L’eDHS, elle, n’est pas illustrée. La liste trilingue des mots-clés est un instrument précieux pour la traduction des termes historiques. Plus de 2500 spécialistes suisses et étrangers ont collaboré à la production des articles, un projet de sciences humaines à long terme. Il faut remonter à 1988 pour retrouver la décision du Parlement fédéral d’élaborer un nouveau concept. Il s’agissait de renforcer la conscience historique de la Suisse et, de ce fait, sa cohésion. Evalué par des experts externes au fil du temps, le DHS, trilingue voire quadrilingue, est l’une des entreprises phares à l’échelle européenne dans le domaine de la lexicographie. ATS FANFAREDULOUP ORCHESTRA www.fanfareduloup-orchestra.ch VS versus 30 octobre 2014 – 20h Théâtre Pitoëff – 52, rue de Carouge 1205 Genève Réservations : www.fanfareduloup-orchestra.ch ou 079 467 22 21