La Roue du changement de regard (RCR)

Transcription

La Roue du changement de regard (RCR)
La Roue du changement de regard (RCR) : ce que signifie vraiment aimer son prochain
1
La RCR , un outil simple et visuel pour comprendre en profondeur ce qu’est la violence et la dynamique de la relation nonviolente, c'est-à-dire ce que signifie vraiment aimer son prochain ! Elle visualise le regard intérieur, celui de mon cœur, qui
détermine ce que je vais faire ou exprimer. Une approche innovante, parce qu’elle montre que je me situe simultanément
par rapport à moi-même et à l’autre et qu’elle en fait apparaitre toutes les conséquences. La RCR est composée de :
1.
Un cercle transparent mobile et rigide dont une moitié est laissée tout à
fait transparente et l’autre est hachurée, rayée :
- Le transparent représente ce que je considère, j’apprécie, ce que je
valorise tandis que
- le rayé représente ce que je n’apprécie pas, ce qui me dérange, ce qui
me fait mal, ce que je voudrais changer ou éliminer…
2.
Un fond en forme de cercle dont la moitié est laissée blanche et l'autre
moitié est coloriée en vert. Le demi-cercle de gauche (en vert) représente
le « moi » ou ceux que je considère «de mon côté », et l’autre demicercle (le blanc à droite) représente « l'autre » ou les autres. Le fond
reste fixe.
3.
un axe (punaise) est planté au milieu des deux cercles superposés : le
cercle transparent peut pivoter autour de l'axe tandis que le cercle du
fond reste fixe (c'est-à-dire que la limite entre les deux couleurs (moi et
l’autre) reste verticale).
La violence est toujours l’expression d’une logique dichotomique qui coupe le monde en deux et qui donne valeur et place
(transparent) à certains au détriment de l’autre ou des autres que l’on « raye ». C’est cette même logique qui est à la base
de toute violence petite ou grande, en famille, entre collègues ou voisins, en association, entre races, peuples et religions.
La violence (confrontation active, mais
parfois juste indifférence passive) se
visualise dans la RCR comme une position
« fermée » et statique, un mur vertical
séparant deux plages, opposées en tout.
La violence est une vision dichotomique
qui comporte seulement deux dimensions
dans lesquelles couleur et rayure se
confondent.
Ma violence peut être orientée vers
l’autre : dans mon cœur je le « raye », et je
me vois comme « transparent » :
La non-violence, l’ouverture à la relation, se visualise par un
mouvement qui s’ajuste continuellement.
Au lieu de se figer comme mur vertical,
la ligne rayé/transparent oscille dans
l’horizontalité. Le mur devient
passerelle. Puisque il n’y a plus de
séparation infranchissable entre moi et
l’autre, nous sommes en relation.
Ici, le regard s’ouvre en quatre plages
liées deux à deux par des diagonales :
- la diagonale de l’accueil, dans laquelle on trouve les deux plages :
reconnaitre l’autre
accueillir mes limites 
- la diagonale de l’expression, composée aussi de deux plages :
La violence peut être orientée vers moi : je
me « raye » et l’autre est « transparent » :
M’affirmer
Interpeller
Lorsque les deux diagonales sont ouvertes, et seulement si elles le
sont, la relation et la véritable communication trouvent un passage.
Dès qu’on néglige une des plages, on glisse vers le regard
dichotomique.
1
Cet outil est expliqué en détail dans le livre : Bruno et Isabelle Eliat-Serck, Oser la Relation, exister sans écraser, co-édition Fidélité et
Chronique Sociale, 2°édition 2011.
«Peu à peu, j'ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni
les partis, mais qu'elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l'humanité ». (Alexandre Soljenitsyne)
La pédagogie de Jésus
La roue du changement de regard, permet de comprendre comment le message de Jésus est un constant appel à
l’ouverture, à sortir résolument du regard dichotomique :
Au petit, au malade, à celui qui est regardé comme impur, à l’infirme, à l’aveugle, au rejeté, au pécheur, Jésus
dira : « Lève-toi, je ne te condamne pas, sois sûr de ta valeur infinie, ose croire ! » Il dira même : « Tends l’autre
joue ! », c'est-à-dire ne t’écrase pas, ne te raye pas entièrement, ne subis pas passivement, mais vis debout,
entier, avec ton transparent, regarde ton vis-à-vis comme un égal (mouvement de la roue vers l’ouverture) !
Tandis qu’au scribe, au pharisien, au riche, à celui qui se croit tout pur (roue en position de moi tout transparent),
il dira quelque chose comme : « Regarde, c’est ton semblable », « Vois cette femme, elle n’est pas que
pécheresse », « Et toi, n’as-tu jamais pêché ? », « Si tu veux être le premier, sois le serviteur», « Vends tout ce que
tu as, appauvris-toi, lâche ton pouvoir, tes certitudes», « Ne t’enferme pas dans tes peurs », « Le sabbat, la loi
n’est pas faite pour diviser les hommes (bons /mauvais, purs/impurs ) ni les rendre esclaves, mais pour les rendre
entiers». « Fais attention au regard que tu portes sur l’autre, ne porte pas sur lui un regard enfermant, sans quoi,
c’est de ton cœur que jaillira l’impur ».
Trois façons de répondre à une injustice, une violence, une gifle reçue :
Passivité, fuite
Désengagement
Contre- Violence
Non-violence
Engagement (ré)actif
Engagement actif, parfois agressif, parfois lent et
toujours patient (ex : Mandela)
Mimétique : appliquer aussi la loi du
plus fort
Créatif : recherche d’alternatives toujours
nouvelles, humour…
Cible : souvent pas clarifiée
Cible : dirigé contre l’autre, contre les
personnes
Cible : dirigé contre l’injustice, la violence
But : me protéger, simplifier la
vie, faire l’autruche, réflexe de
survie…
But : régler le problème et gagner sur
l’autre
But : donner la Vie, gagner sur l’injustice, pour
libérer l’oppresseur et l’opprimé, gagner avec
l’autre
Se rabattre sur un pis-aller
Objectif d’efficacité
Recherche de fécondité (même si la NV est aussi
souvent plus efficace que la contre-violence)
La contre-violence et la non-violence se ressemblent souvent : elles sont toutes deux actives, on peut parfois les confondre
(Jésus dans le temple ; force du discours de Martin Luther King perçu comme perturbateur, donc violent).
Le contraire de la non-violence est bien la passivité, car cette dernière est un désengagement. La contre-violence est un
engagement, mais qui choisit d’autres cibles et moyens.
Principes de base
Si je veux sortir d’une situation de violence, il me faudra travailler sur moi, sur mon regard au lieu de vouloir agir
directement sur l’autre. En effet, ce serait m’imposer et me situer en position de violence (j’ai raison, il a tort).
L’autre est libre ! C’est par le changement chez moi que je peux éventuellement amorcer un changement chez l’autre. Ici,
nous touchons au mystère de la liberté. Sans liberté, pas d’amour, pas de non-violence. La RCR n’est donc pas une recette
magique mais elle montre un chemin de vie. La vie de Jésus nous témoigne jusqu’où peut aller ce respect de la liberté. Mais
quelle fécondité !
« A mon avis, tu deviens un homme quand tu arrêtes de couper le monde en deux : bons/méchants ;
amis/ennemis… quand tu arrives à ne voir, ne respecter que l’homme. » Jean Goss