Synthèse des entretiens des acteurs « têtes de réseau » des ports
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Synthèse des entretiens des acteurs « têtes de réseau » des ports
Synthèse des entretiens des acteurs « têtes de réseau » des ports de Strasbourg et de Kehl ACTEURS RENCONTRES En France Collectivités territoriales : Région Alsace Conseil général CUS D. Schoenacker L. Krackenberger F. Sempé Branches professionnelles /Acteurs de l’emploi et de la formation : OPCALIA OPCALIM UIMM Fédération Régionale des travaux Publics Pôle Emploi CRIT Job Wolf Interim Partnaire 67 CRIT Job Allemagne K. Planchais et B. Klarzynski C. Sacalzes G. Borg JL Marchal C. Herter A. Riboh G. Alex M. Stey C. Schneider Etablissements publics : CCISBR Port autonome de Strasbourg M. Schott N. Teinturier, L. Darley et T. Goetschy Associations : Groupement des Usagers du Port Développement Strasbourg Sud Adira ORTAL M. Chalot F. Schmitt J.M. Staerlé C. Chaffanjon En Allemagne Port de Kehl J. Preiss Entreprise/Acteur de la formation : BAG-BSW B. Wiegele Etablissements publics : IHK Handwerkskammer Freiburg E. Nicolay Mme Pertschy, M. Zipfel, M. Laenhardt Groupement de coopération transfrontalière : Eurodictrict Strasbourg-Ortenau M. Schneider Acteurs de l’emploi et de la formation : Arbeitsagentur Offenburg M. Sahrbacher 2 QUELS ENJEUX D’AVENIR POUR LES PORTS ? FICHE 1 : Développer l’attractivité du site portuaire pour les entreprises Améliorer la relation entre la zone portuaire et les riverains. Actuellement, la zone portuaire de Strasbourg ne bénéficie pas d’une image très positive auprès des riverains. Elle est souvent évoquée comme un espace « en friche », alors que peu de foncier est disponible sur le site. Il s’agit en réalité de réserves foncières constituées par les entreprises industrielles. Optimiser les conditions de travail et d’activité. Le PAS mène actuellement d’importantes démarches pour améliorer les services aux entreprises sur la zone portuaire : signalétique, GPEC, restauration, traitement de l’espace public… Améliorer l’accessibilité. L’accessibilité du port, que ce soit pour les entreprises ou les salariés, est aujourd’hui un réel enjeu d’attractivité pour la zone portuaire. Un PDIE a été mis en place par le PAS pour répondre aux besoins des salariés souvent tributaires de leur véhicule personnel pour se rendre sur leur lieu de travail. Pour les marchandises, la modification des conditions d’accès pose question, notamment sur la desserte de la zone nord. « L’enjeu est de maintenir les entreprises implantées sur le port. » « L’image du port est un élément stratégique en termes d’attractivité. » « Progressivement, tout a été supprimé dans le quartier du port nord (associations, crèche, club de foot…) : c’est la promesse d’aucun avenir pour ses 1 600 habitants. » Améliorer le développement urbain et l’accessibilité du port « Au port, on a un paradoxe : on a le droit d’avoir des activités dangereuses mais une problématique du rapprochement de l’urbain. » Faciliter l’accessibilité de la zone Nord. Les difficultés d’accès au port sont régulièrement soulignées par les acteurs interrogés, notamment pour les entreprises situées dans la zone nord du port. Les différents accès à cette dernière ont peu à peu été restreints ces dernières années. Les entreprises sont désormais contraintes de passer par la zone sud pour leur transit routier ce qui a des répercussions économiques très importantes sur leur activité. « A long terme, on pourrait envisager la fin de l’activité au nord. Son avenir est de plus en plus incertain car il est de plus en plus enclavé. » Approfondir l’intégration à la ville. Un projet urbain doit permettre de créer une nouvelle porte d’entrée vers l’agglomération strasbourgeoise en lien avec Kehl (logements, tramway…). Il interroge cependant sur la capacité du port de gérer les conflits d’usage et les nuisances liées à des activités industrielles à proximité de zones habitées. Soutenir l’intermodalité Encourager le développement du fluvial. Le trafic fluvial est appelé à augmenter à court terme dans les deux ports. Le port de Strasbourg a aujourd’hui des velléités à récupérer les espaces bord à eau pour favoriser leur usage à des entreprises utilisant le fluvial. Faciliter l’emploi du ferroviaire. Le trafic ferroviaire devrait aussi se développer dans les années à venir puisque le PAS a récupéré la propriété du réseau ferroviaire interne du port facilitant ainsi l’usage du fer pour les entreprises présentes sur le port. Maintenir une bonne desserte routière. Le développement de l’intermodalité ne doit pas faire oublier que le dernier kilomètre se fait toujours par route et que l’accessibilité routière reste le principal enjeu de la zone portuaire. « Plus on développe le fluvial, plus on développe les modes routiers et ferroviaires. » « Le trafic fluvial n’est pas assez utilisé au niveau français ; il faut profiter des potentialités du trafic rhénan. » « L’un des objectifs de la CUS est de faire du port de Strasbourg-Kehl un hub multimodal au centre de l’Europe. » Améliorer la coopération entre les ports « Il existe une vraie volonté institutionnelle de coopération entre les deux ports pour éviter la concurrence. » « Le développement des ports complémentaires à Strasbourg (Lauterbourg, Marckolsheim…) n’absorberont pas la diminution des capacités sur Strasbourg. » Deux outils sont en train d’être mis en place pour améliorer la coopération entre les ports : Le schéma portuaire concernant les ports de Mulhouse-Bâle, Colmar et Strasbourg pour favoriser la massification, le report modal et la multimodalité, étude lancée par l’Etat pour un rendu en 2013, La mise en place d’un corridor européen multimodal dans le Rhin Supérieur devant amener neuf ports intérieurs à collaborer pour offrir des développements multimodaux plus performants aux entreprises, étude lancée par le PAS avec le soutien de l’Union Européenne pour un rendu en 2013. 3 FICHE 2 : L’EVOLUTION DES FILIERES PRESENTES SUR LES PORTS Les ports de Strasbourg et de Kehl accueillent principalement des entreprises industrielles, de logistique, de la filière Déchets et du tertiaire, notamment du commerce de gros. Le port de Kehl n’a pas de réel pouvoir sur l’évolution de son tissu économique à court terme car il n’est pas propriétaire du foncier portuaire, au contraire du port de Strasbourg qui cherche à renforcer son tissu logistique et industriel. « Kehl ne dispose pas de terrain disponible et n’a pas développé de stratégie. » Des filières en développement, d’autres en difficulté La logistique, un atout pour le port et les entreprises de la zone portuaire. « L’avenir du port doit être prioritairement orienté vers les entreprises de la chaine logistique. » « Le transport est une fonction support : il est un des symptômes de l’activité. L’enjeu est de conserver nos emplois industriels. » « Il serait intéressant de créer une filière complète de valorisation des déchets, d’aller au-delà du simple tri et du stockage… La difficulté c’est que les emplois générés sont très faibles. » La filière logistique, fluviale et urbaine en particulier, est un axe majeur de développement pour les ports. Son essor doit permettre de soutenir les activités industrielles traditionnelles et appuyer le développement de filières émergentes (chimie verte, batteries électriques…). Le traitement et la revalorisation des déchets, une filière qui connait un essor rapide. Le recyclage est une filière en fort développement sur le port même si tous les éléments de la filière n’y sont pas présents. L’activité de transformation est encore effectuée hors du port. Le BTP, un usager fidèle du transport fluvial. Le transport fluvial dans le port de Strasbourg est principalement utilisé par la filière BTP. Cependant, le tonnage de la filière a tendance à baisser depuis une dizaine d’années. Les services, une filière en large développement sur le port. Le tertiaire est appelé à largement se développer sur le port. L’industrie, un secteur d’activité à l’avenir en question sur les zones portuaires. Si l’industrie est en croissance sur le port de Kehl, on assiste à une forte instabilité sur le port de Strasbourg. Evolutions structurelles des filières Intégrer la problématique environnementale. La question de la protection de l’environnement fait évoluer les filières de façon importante. Le cadre juridique s’est ainsi beaucoup consolidé, notamment avec le Grenelle de l’Environnement, et impose de nouvelles contraintes en termes de construction ou de transport. L’intégration d’une « conscience environnementale » chez les industriels et leurs clients a eu des impacts notables sur les technologies et les processus suivis mais aussi sur les savoir-faire demandés dans certains métiers. Accompagner le changement structurel du profil de la main-d’œuvre. Aujourd’hui l’ensemble des filières connaissent un double phénomène de féminisation et de vieillissement de la main-d’œuvre qui crée de nouvelles problématiques de gestion des ressources humaines pour chaque filière. « Le population vieillit ce qui pose un problème de renouvellement de personnel. » « La prise en compte de la pénibilité des tâches effectuées par certains salariés est prioritaire ainsi que la gestion des séniors. » Assimiler la pression du cadre juridique autour de la sécurité. Les métiers et les processus ont beaucoup évolué ces dernières années avec l’intégration de nouvelles contraintes liées à la sécurité et à la qualité. De nouveaux métiers sont d’ailleurs apparus afin d’améliorer le contrôle des processus. Evolutions des filières liées à la zone portuaire « Avec l’évolution urbaine inévitable de la zone centrale, le port va élargir son sceptre d’activités. Il faut éviter la confrontation entre l’industrie, les infrastructures et l’habitat. » « Il existe actuellement une incertitude pour de grands sites industriels dont les produits sont en fin de vie. » « L’urbanisation gagne du terrain et se rapproche de sites qui créent des nuisances. » Anticiper et accompagner les restructurations menaçant certains établissements industriels. D’importantes emprises industrielles sont aujourd’hui menacées faisant peser des incertitudes profondes sur l’emploi (Stracel pour la filière bois, GM Motors pour la filière automobile…). Encourager le développement de nouvelles activités tertiaires liées au projet d’urbanisation sur le port de Strasbourg. De nouvelles activités tertiaires devraient se développer à court terme pour répondre aux nouvelles demandes des riverains, notamment avec un renforcement de la logistique urbaine. Concilier les activités traditionnelles de la zone portuaire avec la vocation résidentielle d’une partie du port de Strasbourg. La question du conflit d’usage et des nuisances liées aux industries risque de provoquer une mutation des activités aux abords de la zone urbaine au profit d’activités compatibles avec les deux fonctions de la zone, notamment des activités tertiaires. 4 FICHE 3 : Comment les entreprises anticipent-elles l’évolution de leurs filières ? Une visibilité limitée à long terme Un manque de visibilité lié à la nature même de l’activité en entreprise. Les entreprises ont souvent beaucoup de difficultés à évaluer et anticiper leurs besoins en recrutement et en savoir-faire à moyen et long terme. Elles sont dépendantes de la conjoncture car les contrats sont souvent renégociés à courtes échéances. En France, un accompagnement légal est prévu pour les entreprises. La loi française impose aux entreprises d’initier des démarches internes de GPEC pour avoir une visibilité de l’évolution de leurs métiers et de leurs besoins mais la réalité actuelle de la conjoncture économique complique la vision prospective des entreprises. Dans la zone portuaire de Strasbourg, le tissu économique souvent dépendant de centres décisionnels éloignés. Pour les grands établissements présents sur le site de Strasbourg, la difficulté d’anticiper les besoins en main d’œuvre et en compétence est accentuée par l’éloignement des centres décisionnels qui font des choix stratégiques souvent déconnectés du territoire. « Les entreprises ont une vision à n+1 et des contrats dénonciables à 3 mois. » « La difficulté est de donner de la visibilité aux entreprises malgré un contexte incertain. » « On a aucune vision des modèles économiques qui vont prévaloir, les centres de décisions des grands groupes présents sur le port de Strasbourg étant ailleurs. » L’appel à l’intérim : une variable d’ajustement de l’emploi, surtout dans l’industrie « La logistique et l’intérim sont des variables d’ajustement pour les entreprises et subissent en premier lieu les variations d’activité. » « Les entreprises préfèrent préserver au maximum le socle dur de la masse salariale. » L’intérim : une variable d’ajustement face aux variations saisonnières ou conjoncturelles d’activité. Dans l’industrie, le BTP et la logistique, le recours à l’intérim permet souvent de compenser des hausses saisonnières ou conjoncturelles d’activités sans toucher à la masse salariale. L’année 2012 a été une année de baisse très importante de l’activité, notamment dans le secteur de la logistique et de l’entreposage. L’activité des agences d’intérim a ainsi baissé de 8,5% sur le premier trimestre 2012. L’intérim : une première étape au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, l’activité des agences d’intérim évolue. Les entreprises passent de plus en plus par leur intermédiaire pour leur recrutement en CDD ou CDI. La période d’intérim prend une fonction de « période d’essai » où l’entreprise évalue ses besoins et forme sa main-d’œuvre potentielle tout en s’appuyant sur les moyens des agences. Anticiper face au vieillissement de la population active En Allemagne, un problème structurel lié à l’absence de réel renouvellement des générations. Le marché de l’emploi du Bade-Wurtemberg est souvent vu comme un marché en situation de « plein emploi ». Les recrutements sont donc beaucoup plus compliqués par le manque de main d’œuvre disponible. A cela s’ajoute un vieillissement prononcé des salariés. Les entreprises allemandes sont contraintes d’anticiper le départ massif de leurs employés à la retraite dans un marché en tension, en faisant notamment appel à une main-d’œuvre étrangère. En France, le départ des baby-boomers à la retraite pose la question du manque d’attractivité de certaines filières. La France ne connait pas les mêmes problèmes que l’Allemagne en matière de démographie mais certaines filières rencontrent de véritables difficultés à remplacer leur main-d’œuvre partie en retraite à cause d’un véritable déficit d’image auprès des jeunes. « Les entreprises allemandes sont en proie à une forte déprise démographique. L’une des solutions retenues au niveau fédéral pour combler le manque de main d’œuvre et assurer la transition est de faire appel aux autres pays européens. » 5 FICHE 4 : les besoins en compétences à moyen et long terme De nouvelles exigences dans les recrutements Une montée en gamme prononcée des niveaux de qualifications exigés en France. Les entreprises françaises sont de plus en plus exigeantes en matière de qualifications et d’expérience. La montée en gamme des niveaux de qualification crée un certain nombre de tensions sur certains métiers. Une moindre exigence en termes de connaissances techniques en Allemagne, compensée par une forte concurrence sur les postes de basses qualifications. Les compétences techniques de base demandées par les entreprises allemandes peuvent être faibles. Cependant, sur le marché de l’emploi des métiers à basse qualification dans le Bade-Wurtemberg, la concurrence entre Français et main-d’œuvre d’Europe de l’Est, du Sud et de Turquie est très forte. Une difficulté commune à recruter une main d’œuvre très qualifiée. En France comme en Allemagne, les entreprises connaissent beaucoup de difficultés pour recruter pour leurs postes à forte qualification. « Les entreprises ne veulent plus embaucher des personnes sans expériences même s’ils ont les qualifications. » « L’Allemagne est un marché particulier car les entreprises sont moins exigeantes en termes techniques. » « Les métiers évoluent : pendant longtemps, le personnel travaillait par mimétisme. Aujourd’hui, il faut écrire pour des raisons de traçabilité, d’audit… » La compétence linguistique : une compétence-clé « Les compétences techniques ne suffisent plus, les entreprises demandent aussi des compétences linguistiques. » « La barrière de la langue constitue l’obstacle le plus important au travail transfrontalier. L’employé doit être en mesure de comprendre les consignes qui lui sont données. » La maîtrise de l’Allemand est en recul en Alsace et rend difficile la recherche d’emploi outre-Rhin. En Allemagne, la capacité à maitriser l’allemand pour les éventuels salariés venant de France est devenue un réel enjeu de perméabilité du marché de l’emploi. En effet, pendant longtemps, les Alsaciens pouvaient facilement partir travailler en Allemagne dont ils comprenaient la langue. Les nouvelles générations peinent aujourd’hui à comprendre la langue germanique et sont désormais en concurrence avec des populations venues d’Europe de l’Est. L’Anglais est une compétence essentielle pour les métiers les plus qualifiés. Pour les métiers les plus qualifiés, cette exigence se double souvent de la nécessité de maîtriser l’anglais. La compétence linguistique est centrale dans les métiers de la logistique portuaire. En France, les métiers du port sont aussi confrontés avec cette nécessité de bilinguisme voire de trilinguisme pour optimiser les chaînes de transport. Des besoins toujours importants en main d’œuvre « peu qualifiée » et mobile Les métiers de basse qualification restent centraux pour les entreprises. Une grande part des emplois présents sur les ports, relevant de l’industrie, de la logistique ou des déchets, restent des emplois peu, voire pas qualifiés. Cependant, les exigences liées à ces recrutements se sont renforcées. De nouvelles compétences recherchées, au-delà du technique, des qualités humaines. Au-delà de la qualification, les entreprises recherchent de l’expérience et des qualités humaines fortes, notamment en termes de présentation et de fiabilité. Une recherche croissante de polyvalence. La polyvalence est aussi un atout non négligeable dans le recrutement en raison de l’évolution des métiers. « Sur le port, il n’existe pas un seul type de métiers mais beaucoup de métiers notamment à faible niveau de qualification. » « Les métiers évoluent sur le plan du comportement : il faut être polyvalent et avoir de l’initiative. » « Un critère primordial est d’être présentable et fiable. » 6 FICHE 5 : Quels seront les métiers de demain ? Des métiers qui « verdissent » Faire émerger les métiers « verts » pour répondre aux nouvelles exigences environnementales. Les principaux métiers en émergence sont ceux liés aux problématiques environnementales : durcissement de la réglementation, augmentation du prix des matières premières, évolution technologiques… Ces thématiques vont toucher en premier lieu les filières de l’énergie, notamment avec le projet de bioraffinerie autour d’UPM Stracel, et du BTP mais vont aussi avoir un impact progressif sur tous les procédés industriels. Optimiser les flux logistiques dans un contexte de crise environnementale et économique avec de nouveaux métiers d’encadrement et de conseil. Sur le port, la logistique devrait être l’activité dont les métiers seront le plus impactés par ces évolutions. Dans l’optimisation des chaînes logistiques, les métiers d’encadrement devraient largement intégrer ces problématiques : conseiller à l’environnement-qualité, coordinateur de la chaîne logistique, conseiller à la sécurité… De plus, la part croissante de la multimodalité devrait influer sur les métiers liés au fluvial et au ferré : maintenance, manutention, sécurité… « On aura sûrement besoin de commissionnaires de transport pour mobiliser les opérateurs ferroviaires, routiers et fluviaux et gérer l’interface. » « De nouveaux métiers dans le domaine du transport en lien avec l’accompagnement du changement notamment avec la notion de green logistique. » L’industrie et les modes de consommation évoluent, ouvrant la voie à de nouveaux métiers de service « Moins de besoin de faible qualification mais davantage de maintenance. » « Le transporteur doit intégrer les questions du monde qui l’entoure : sécurité, sûreté des marchandises, environnement. » « Les métiers de demain seront de plus en plus des métiers de services. » Accompagner l’automatisation de certaines tâches par de nouveaux métiers de sécurité et de maintenance. Avec l’automatisation des tâches industrielles, certains métiers de services aux entreprises vont se renforcer, notamment au niveau de la maintenance industrielle et des infrastructures. La sécurité est aussi une compétence dont l’importance croît dans les entreprises tant au niveau matériel qu’au niveau des processus de production. Développer les métiers de la logistique urbaine. Cela signifie aussi, pour la logistique, dans la continuité de la réflexion environnementale menée sur les métiers, de transformer certains procédés, notamment dans la gestion du dernier kilomètre. La mise en place de solutions innovantes nécessite de nouvelles compétences, comme en témoigne l’expérience Distripolis menée par Géodis Calberson en association avec la CUS. Les métiers de base restent aussi les métiers de demain Maintenir les métiers de base car ils demeurent essentiels même si les savoir-faire évoluent. Dans l’industrie, les métiers techniques de base continuent d’être des métiers essentiels. Si les qualifications exigées sont croissantes, les métiers de la mécanique, de la mécatronique, de l’hydraulique et de l’informatique restent le cœur des métiers de la production. Le savoir-faire requis évolue, notamment par l’automatisation de certaines tâches et les nouvelles contraintes qui les accompagnent (suivi informatique, électronique…). Soutenir certains métiers peu qualifiés en tension à cause de leur déficit d’image. Plusieurs métiers techniques connaissent de fortes tensions comme la chaudronnerie, la soudure, l’usinage ou la peinture industrielle. De plus, la pénibilité et le déficit d’image qui touchent certains métiers pourtant essentiels créent sur certaines tâches de véritables tensions. « Plus que jamais les entreprises ont besoin de main d’œuvre qualifiée dans les domaines techniques et technologiques (plus encore en Allemagne qu’en France). » « Dans la production, les métiers de base sont essentiels pour l’avenir. » 7 FICHE 6 : Des métiers menacés ? Plutôt que des métiers menacés, des métiers qui évoluent Trois types de difficultés, qui touchent principalement les métiers à basse qualification. Les différents acteurs rencontrés s’accordent sur la difficulté de pointer des métiers voués à disparaitre. Aujourd’hui, il existe trois types de menaces : une suroffre (secrétaire, cariste…), une carence (soudeur, chaudronnier…) et une mutation importante des compétences nécessaires. Ces menaces touchent principalement les métiers à basse qualification, déjà marqués par les difficultés économiques qui fragilisent certaines entreprises présentes sur le port de Strasbourg. La GPEC intervient au sein de l’entreprise et des territoires pour surmonter ces difficultés. La nécessité de la GPEC est de permettre d’évaluer pour chaque métier la situation en matière de recrutement et en besoin de nouvelles compétences. Certaines carences peuvent parfois d’expliquer par un important déficit d’image qu’il faudrait démystifier. « Les métiers les moins qualifiés sont les plus exposés car délocalisables. » « Il n’y a pas de métier menacé, ils ont au contraire tendance à durer. La technicité est différente mais il y aura toujours besoin de voitures, de canalisations, de voies ferrées…» Une seule disparition de métier notable due à l’évolution de la législation : les métiers douaniers. Seuls les métiers de douanes ont progressivement disparu au sein des ports avec l’ouverture des frontières. Une montée en gamme des compétences requises et un besoin accru de polyvalence « Autrefois il y avait deux personnes dans les camions : l’un conduisait, l’autre déchargeait. Aujourd’hui la même personne s’occupe des deux tâches. » « Dans l’industrie en Allemagne, parmi les 450 métiers recensés il y a quelques années, il n’en reste que 350. On vise même de n’en avoir plus que 200 avec les évolutions technologiques. » Des métiers à basse qualification qui évoluent vers plus de technicité et pour lesquels il faut accompagner la main d’œuvre. La principale difficulté pour le personnel à basse qualification est la montée en gamme des compétences requises pour chaque métier avec un usage croissant de l’informatique et de l’électronique ainsi que des procédures de plus en plus complexes liées aux nouvelles contraintes réglementaires en matière de sécurité, d’environnement et de qualité. Aujourd’hui, la difficulté centrale est de proposer des formations qui accompagnent ces mutations. Des métiers qui se combinent et qui nécessitent toujours plus de polyvalence. A cette montée en gamme des compétences s’ajoute un besoin croissant de polyvalence dans les compétences. Les métiers et les savoir-faire ne disparaissent pas au sens propre mais ont tendance à fusionner et à se combiner. La gamme des métiers présents dans les industries a ainsi tendance à se réduire tandis que les savoir-faire ont tendance à croître. 8 FICHE 7 : quelles priorités de formation besoins actuels et futurs? pour couvrir les Optimiser l’appareil de formation existant L’appareil de formation disponible aujourd’hui est globalement satisfaisant mais est marqué par quelques lacunes à corriger. Donner des notions de comportement en entreprise. Pour les métiers à basse qualification, il manque un apprentissage de base de la vie en entreprise avec des notions de comportement (ponctualité, initiative…) et de savoirs de base. Mieux anticiper les évolutions et les besoins des métiers. Pour le personnel technique, bien que de nombreuses formations soient proposées en continue, il existe un réel défaut d’anticipation des nouveaux besoins et des mutations des métiers. Développer l’enseignement des langues pour tous les niveaux de qualification. Il manque aussi un axe important autour des langues pour les basses qualifications. Les langues sont quasiment absentes des formations en CAP. Reconnaître les diplômes dispensés de chaque côté du Rhin. Si les diplômes universitaires sont aujourd’hui uniformisés et reconnus dans toutes l’Europe, les diplômes techniques comme les CAP ne sont pas tous reconnus en Allemagne. « A l’échelle de la zone d’emploi et du port, il faut travailler sur une réponse commune à des besoins d’entreprise communs. » « Le savoir-être reste insuffisamment enseigné. » « Il n’y a pas de manque dans l’offre de formation, même si elle n’est pas toujours efficace : avec des élèves envoyés dans des impasses ou encore les métiers de demain sont insuffisamment analysés. » Valoriser les parcours techniques « L’important effort de formation dans l’industrie est contrecarré par son manque d’attractivité. Pourtant de belles carrières sont possibles. » « En Allemagne, les métiers manuels sont valorisés. » Améliorer la lisibilité des parcours techniques en favorisant l’apprentissage en France. Les parcours techniques souffrent en France d’un déficit important d’image au profit des parcours généralistes. De nombreuses opportunités de formation sont ouvertes pour les carrières industrielles ou techniques mais ces possibilités sont souvent mal connues et souffrent de l’image négative des métiers techniques. L’apprentissage est encore peu développé. Revaloriser les métiers techniques en France à l’image de ce qui est mené en Allemagne. En Allemagne, les parcours techniques sont valorisés, tant au niveau de la formation avec un véritable accent mis sur l’apprentissage qu’au niveau des rémunérations avec un effort de revalorisation par rapport aux parcours académiques. Favoriser les reconversions Consolider la formation continue en France. La formation continue est un atout en France pour accompagner le salarié tout au long de sa carrière. La formation continue est un atout de l’appareil de formation en France. L’appareil de formation est aujourd’hui considéré comme assez satisfaisant. Repenser les formations courtes pour accompagner les reconversions. L’appareil de formation initiale est assez satisfaisant mais il manque d’efficacité pour accompagner les reconversions professionnelles. Les formations courtes sont insuffisantes pour répondre aux besoins des entreprises et des salariés qui sont confrontés à l’évolution de leur métier (informatisation, suivi qualité, électronique…). Ce manque de réactivité dans les formations courtes et cette difficulté à anticiper les changements ne permettent pas d’accompagner efficacement le personnel lors d’un plan de licenciement ou d’une fermeture d’usine. « La difficulté est de proposer des formations qualifiantes en formation continue de niveau équivalent à la formation initiale pour les personnes déjà intégrées au marché du travail. » « Il est difficile de replacer du personnel avec de l’ancienneté : quand Delphi a fermé, Mercedes à Molsheim recrutait à Bac+5. » 9