Synthèse des entretiens des acteurs « têtes de réseau » des ports

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Synthèse des entretiens des acteurs « têtes de réseau » des ports
Synthèse des entretiens des acteurs
« têtes de réseau » des ports de
Strasbourg et de Kehl
ACTEURS RENCONTRES
En France
Collectivités territoriales :
Région Alsace
Conseil général
CUS
D. Schoenacker
L. Krackenberger
F. Sempé
Branches professionnelles /Acteurs de l’emploi et de la formation :
OPCALIA
OPCALIM
UIMM
Fédération Régionale des travaux Publics
Pôle Emploi
CRIT Job
Wolf Interim
Partnaire 67
CRIT Job Allemagne
K. Planchais et B. Klarzynski
C. Sacalzes
G. Borg
JL Marchal
C. Herter
A. Riboh
G. Alex
M. Stey
C. Schneider
Etablissements publics :
CCISBR
Port autonome de Strasbourg
M. Schott
N. Teinturier, L. Darley et T. Goetschy
Associations :
Groupement des Usagers du Port
Développement Strasbourg Sud
Adira
ORTAL
M. Chalot
F. Schmitt
J.M. Staerlé
C. Chaffanjon
En Allemagne
Port de Kehl
J. Preiss
Entreprise/Acteur de la formation :
BAG-BSW
B. Wiegele
Etablissements publics :
IHK
Handwerkskammer Freiburg
E. Nicolay
Mme Pertschy, M. Zipfel, M. Laenhardt
Groupement de coopération transfrontalière :
Eurodictrict Strasbourg-Ortenau
M. Schneider
Acteurs de l’emploi et de la formation :
Arbeitsagentur Offenburg
M. Sahrbacher
2
QUELS ENJEUX D’AVENIR POUR LES PORTS ?
FICHE 1 :
 Développer l’attractivité du site portuaire pour les
entreprises

Améliorer la relation entre la zone portuaire et les riverains. Actuellement, la
zone portuaire de Strasbourg ne bénéficie pas d’une image très positive auprès des
riverains. Elle est souvent évoquée comme un espace « en friche », alors que peu de
foncier est disponible sur le site. Il s’agit en réalité de réserves foncières constituées par les
entreprises industrielles.

Optimiser les conditions de travail et d’activité. Le PAS mène actuellement
d’importantes démarches pour améliorer les services aux entreprises sur la zone portuaire :
signalétique, GPEC, restauration, traitement de l’espace public…

Améliorer l’accessibilité. L’accessibilité du port, que ce soit pour les entreprises ou les
salariés, est aujourd’hui un réel enjeu d’attractivité pour la zone portuaire. Un PDIE a été
mis en place par le PAS pour répondre aux besoins des salariés souvent tributaires de leur
véhicule personnel pour se rendre sur leur lieu de travail. Pour les marchandises, la
modification des conditions d’accès pose question, notamment sur la desserte de la zone
nord.
« L’enjeu est de maintenir les
entreprises implantées sur le
port. »
« L’image du port est un élément
stratégique en termes
d’attractivité. »
« Progressivement, tout a été
supprimé dans le quartier du port
nord (associations, crèche, club
de foot…) : c’est la promesse
d’aucun avenir pour ses 1 600
habitants. »
 Améliorer le développement urbain et l’accessibilité
du port
« Au port, on a un paradoxe :
on a le droit d’avoir des
activités dangereuses mais une
problématique du
rapprochement de l’urbain. »
 Faciliter l’accessibilité de la zone Nord. Les difficultés d’accès au port sont
régulièrement soulignées par les acteurs interrogés, notamment pour les entreprises
situées dans la zone nord du port. Les différents accès à cette dernière ont peu à peu été
restreints ces dernières années. Les entreprises sont désormais contraintes de passer
par la zone sud pour leur transit routier ce qui a des répercussions économiques très
importantes sur leur activité.
« A long terme, on pourrait
envisager la fin de l’activité au
nord. Son avenir est de plus en
plus incertain car il est de plus
en plus enclavé. »

Approfondir l’intégration à la ville. Un projet urbain doit permettre de créer une
nouvelle porte d’entrée vers l’agglomération strasbourgeoise en lien avec Kehl
(logements, tramway…). Il interroge cependant sur la capacité du port de gérer les
conflits d’usage et les nuisances liées à des activités industrielles à proximité de zones
habitées.
 Soutenir l’intermodalité
 Encourager le développement du fluvial. Le trafic fluvial est appelé à augmenter à
court terme dans les deux ports. Le port de Strasbourg a aujourd’hui des velléités à
récupérer les espaces bord à eau pour favoriser leur usage à des entreprises utilisant le
fluvial.

Faciliter l’emploi du ferroviaire. Le trafic ferroviaire devrait aussi se développer dans
les années à venir puisque le PAS a récupéré la propriété du réseau ferroviaire interne
du port facilitant ainsi l’usage du fer pour les entreprises présentes sur le port.
 Maintenir une bonne desserte routière. Le développement de l’intermodalité ne doit
pas faire oublier que le dernier kilomètre se fait toujours par route et que l’accessibilité
routière reste le principal enjeu de la zone portuaire.
« Plus on développe le fluvial,
plus on développe les modes
routiers et ferroviaires. »
« Le trafic fluvial n’est pas
assez utilisé au niveau
français ; il faut profiter des
potentialités du trafic rhénan. »
« L’un des objectifs de la CUS
est de faire du port de
Strasbourg-Kehl un hub
multimodal au centre de
l’Europe. »
 Améliorer la coopération entre les ports
« Il existe une vraie volonté
institutionnelle de coopération
entre les deux ports pour éviter la
concurrence. »
« Le développement des ports
complémentaires à Strasbourg
(Lauterbourg, Marckolsheim…)
n’absorberont pas la diminution
des capacités sur Strasbourg. »
Deux outils sont en train d’être mis en place pour améliorer la coopération entre les
ports :

Le schéma portuaire concernant les ports de Mulhouse-Bâle, Colmar et
Strasbourg pour favoriser la massification, le report modal et la multimodalité, étude lancée par
l’Etat pour un rendu en 2013,
La mise en place d’un corridor européen multimodal dans le Rhin
Supérieur devant amener neuf ports intérieurs à collaborer pour offrir des développements

multimodaux plus performants aux entreprises, étude lancée par le PAS avec le soutien de
l’Union Européenne pour un rendu en 2013.
3
FICHE 2 :
L’EVOLUTION DES FILIERES PRESENTES SUR LES PORTS
Les ports de Strasbourg et de Kehl accueillent principalement des entreprises industrielles, de
logistique, de la filière Déchets et du tertiaire, notamment du commerce de gros. Le port de Kehl n’a pas
de réel pouvoir sur l’évolution de son tissu économique à court terme car il n’est pas propriétaire du
foncier portuaire, au contraire du port de Strasbourg qui cherche à renforcer son tissu logistique et
industriel.
« Kehl ne dispose pas de terrain
disponible et n’a pas développé de
stratégie. »
 Des filières en développement, d’autres en difficulté
 La logistique, un atout pour le port et les entreprises de la zone portuaire.
« L’avenir du port doit être
prioritairement orienté vers les
entreprises de la chaine
logistique. »
« Le transport est une fonction
support : il est un des symptômes
de l’activité. L’enjeu est de
conserver nos emplois
industriels. »
« Il serait intéressant de créer une
filière complète de valorisation
des déchets, d’aller au-delà du
simple tri et du stockage… La
difficulté c’est que les emplois
générés sont très faibles. »
La filière logistique, fluviale et urbaine en particulier, est un axe majeur de développement
pour les ports. Son essor doit permettre de soutenir les activités industrielles traditionnelles
et appuyer le développement de filières émergentes (chimie verte, batteries électriques…).
 Le traitement et la revalorisation des déchets, une filière qui connait un
essor rapide. Le recyclage est une filière en fort développement sur le port même si tous
les éléments de la filière n’y sont pas présents. L’activité de transformation est encore
effectuée hors du port.
 Le BTP, un usager fidèle du transport fluvial. Le transport fluvial dans le port de
Strasbourg est principalement utilisé par la filière BTP. Cependant, le tonnage de la filière a
tendance à baisser depuis une dizaine d’années.

Les services, une filière en large développement sur le port. Le tertiaire est
appelé à largement se développer sur le port.
 L’industrie, un secteur d’activité à l’avenir en question sur les zones
portuaires. Si l’industrie est en croissance sur le port de Kehl, on assiste à une forte
instabilité sur le port de Strasbourg.
 Evolutions structurelles des filières

Intégrer la problématique environnementale. La question de la protection de
l’environnement fait évoluer les filières de façon importante. Le cadre juridique s’est ainsi
beaucoup consolidé, notamment avec le Grenelle de l’Environnement, et impose de
nouvelles contraintes en termes de construction ou de transport. L’intégration d’une
« conscience environnementale » chez les industriels et leurs clients a eu des impacts
notables sur les technologies et les processus suivis mais aussi sur les savoir-faire
demandés dans certains métiers.

Accompagner le changement structurel du profil de la main-d’œuvre.
Aujourd’hui l’ensemble des filières connaissent un double phénomène de féminisation et de
vieillissement de la main-d’œuvre qui crée de nouvelles problématiques de gestion des
ressources humaines pour chaque filière.

« Le population vieillit ce qui
pose un problème de
renouvellement de personnel. »
« La prise en compte de la
pénibilité des tâches effectuées
par certains salariés est
prioritaire ainsi que la gestion des
séniors. »
Assimiler la pression du cadre juridique autour de la sécurité. Les métiers et
les processus ont beaucoup évolué ces dernières années avec l’intégration de nouvelles
contraintes liées à la sécurité et à la qualité. De nouveaux métiers sont d’ailleurs apparus
afin d’améliorer le contrôle des processus.

Evolutions des filières liées à la zone portuaire
« Avec l’évolution urbaine
inévitable de la zone centrale, le
port va élargir son sceptre
d’activités. Il faut éviter la
confrontation entre l’industrie, les
infrastructures et l’habitat. »
« Il existe actuellement une
incertitude pour de grands sites
industriels dont les produits sont
en fin de vie. »
« L’urbanisation gagne du terrain
et se rapproche de sites qui
créent des nuisances. »

Anticiper et accompagner les restructurations menaçant certains
établissements industriels. D’importantes emprises industrielles sont aujourd’hui
menacées faisant peser des incertitudes profondes sur l’emploi (Stracel pour la filière bois,
GM Motors pour la filière automobile…).
 Encourager le développement de nouvelles activités tertiaires liées au
projet d’urbanisation sur le port de Strasbourg. De nouvelles activités tertiaires
devraient se développer à court terme pour répondre aux nouvelles demandes des
riverains, notamment avec un renforcement de la logistique urbaine.
 Concilier les activités traditionnelles de la zone portuaire avec la vocation
résidentielle d’une partie du port de Strasbourg. La question du conflit d’usage et
des nuisances liées aux industries risque de provoquer une mutation des activités aux
abords de la zone urbaine au profit d’activités compatibles avec les deux fonctions de la
zone, notamment des activités tertiaires.
4
FICHE 3 : Comment les entreprises anticipent-elles l’évolution de
leurs filières ?
 Une visibilité limitée à long terme

Un manque de visibilité lié à la nature même de l’activité en entreprise. Les
entreprises ont souvent beaucoup de difficultés à évaluer et anticiper leurs besoins en
recrutement et en savoir-faire à moyen et long terme. Elles sont dépendantes de la
conjoncture car les contrats sont souvent renégociés à courtes échéances.

En France, un accompagnement légal est prévu pour les entreprises. La loi
française impose aux entreprises d’initier des démarches internes de GPEC pour avoir une
visibilité de l’évolution de leurs métiers et de leurs besoins mais la réalité actuelle de la
conjoncture économique complique la vision prospective des entreprises.
 Dans la zone portuaire de Strasbourg, le tissu économique souvent
dépendant de centres décisionnels éloignés. Pour les grands établissements
présents sur le site de Strasbourg, la difficulté d’anticiper les besoins en main d’œuvre et en
compétence est accentuée par l’éloignement des centres décisionnels qui font des choix
stratégiques souvent déconnectés du territoire.
« Les entreprises ont une vision à
n+1 et des contrats dénonciables
à 3 mois. »
« La difficulté est de donner de la
visibilité aux entreprises malgré
un contexte incertain. »
« On a aucune vision des
modèles économiques qui vont
prévaloir, les centres de décisions
des grands groupes présents sur
le port de Strasbourg étant
ailleurs. »
 L’appel à l’intérim : une variable d’ajustement de
l’emploi, surtout dans l’industrie
« La logistique et l’intérim sont
des variables d’ajustement
pour les entreprises et
subissent en premier lieu les
variations d’activité. »
« Les entreprises préfèrent
préserver au maximum le socle
dur de la masse salariale. »
 L’intérim : une variable d’ajustement face aux variations saisonnières ou
conjoncturelles d’activité. Dans l’industrie, le BTP et la logistique, le recours à
l’intérim permet souvent de compenser des hausses saisonnières ou
conjoncturelles d’activités sans toucher à la masse salariale. L’année 2012 a été
une année de baisse très importante de l’activité, notamment dans le secteur de
la logistique et de l’entreposage. L’activité des agences d’intérim a ainsi baissé
de 8,5% sur le premier trimestre 2012.
 L’intérim : une première étape au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, l’activité
des agences d’intérim évolue. Les entreprises passent de plus en plus par leur
intermédiaire pour leur recrutement en CDD ou CDI. La période d’intérim prend
une fonction de « période d’essai » où l’entreprise évalue ses besoins et forme sa
main-d’œuvre potentielle tout en s’appuyant sur les moyens des agences.
 Anticiper face au vieillissement de la population
active
 En Allemagne, un problème structurel lié à l’absence de réel
renouvellement des générations. Le marché de l’emploi du Bade-Wurtemberg
est souvent vu comme un marché en situation de « plein emploi ». Les
recrutements sont donc beaucoup plus compliqués par le manque de main
d’œuvre disponible. A cela s’ajoute un vieillissement prononcé des salariés. Les
entreprises allemandes sont contraintes d’anticiper le départ massif de leurs
employés à la retraite dans un marché en tension, en faisant notamment appel à
une main-d’œuvre étrangère.
 En France, le départ des baby-boomers à la retraite pose la question du
manque d’attractivité de certaines filières. La France ne connait pas les
mêmes problèmes que l’Allemagne en matière de démographie mais certaines
filières rencontrent de véritables difficultés à remplacer leur main-d’œuvre partie
en retraite à cause d’un véritable déficit d’image auprès des jeunes.
« Les entreprises allemandes sont
en proie à une forte déprise
démographique. L’une des
solutions retenues au niveau
fédéral pour combler le manque de
main d’œuvre et assurer la
transition est de faire appel aux
autres pays européens. »
5
FICHE 4 : les besoins en compétences à moyen et long terme
 De nouvelles exigences dans les recrutements
 Une montée en gamme prononcée des niveaux de qualifications exigés en
France. Les entreprises françaises sont de plus en plus exigeantes en matière de
qualifications et d’expérience. La montée en gamme des niveaux de qualification crée un
certain nombre de tensions sur certains métiers.
 Une moindre exigence en termes de connaissances techniques en
Allemagne, compensée par une forte concurrence sur les postes de basses
qualifications. Les compétences techniques de base demandées par les entreprises
allemandes peuvent être faibles. Cependant, sur le marché de l’emploi des métiers à basse
qualification dans le Bade-Wurtemberg, la concurrence entre Français et main-d’œuvre
d’Europe de l’Est, du Sud et de Turquie est très forte.

Une difficulté commune à recruter une main d’œuvre très qualifiée. En France
comme en Allemagne, les entreprises connaissent beaucoup de difficultés pour recruter
pour leurs postes à forte qualification.
« Les entreprises ne veulent plus
embaucher des personnes sans
expériences même s’ils ont les
qualifications. »
« L’Allemagne est un marché
particulier car les entreprises sont
moins exigeantes en termes
techniques. »
« Les métiers évoluent : pendant
longtemps, le personnel travaillait
par mimétisme. Aujourd’hui, il faut
écrire pour des raisons de
traçabilité, d’audit… »
 La compétence linguistique : une compétence-clé
« Les compétences techniques
ne suffisent plus, les entreprises
demandent aussi des
compétences linguistiques. »
« La barrière de la langue
constitue l’obstacle le plus
important au travail
transfrontalier. L’employé doit être
en mesure de comprendre les
consignes qui lui sont données. »
 La maîtrise de l’Allemand est en recul en Alsace et rend difficile la
recherche d’emploi outre-Rhin. En Allemagne, la capacité à maitriser l’allemand pour
les éventuels salariés venant de France est devenue un réel enjeu de perméabilité du
marché de l’emploi. En effet, pendant longtemps, les Alsaciens pouvaient facilement partir
travailler en Allemagne dont ils comprenaient la langue. Les nouvelles générations peinent
aujourd’hui à comprendre la langue germanique et sont désormais en concurrence avec
des populations venues d’Europe de l’Est.
 L’Anglais est une compétence essentielle pour les métiers les plus
qualifiés. Pour les métiers les plus qualifiés, cette exigence se double souvent de la
nécessité de maîtriser l’anglais.
 La compétence linguistique est centrale dans les métiers de la logistique
portuaire. En France, les métiers du port sont aussi confrontés avec cette nécessité de
bilinguisme voire de trilinguisme pour optimiser les chaînes de transport.
 Des besoins toujours importants en main d’œuvre « peu qualifiée » et
mobile
 Les métiers de basse qualification restent centraux pour les entreprises.
Une grande part des emplois présents sur les ports, relevant de l’industrie, de la logistique
ou des déchets, restent des emplois peu, voire pas qualifiés. Cependant, les exigences
liées à ces recrutements se sont renforcées.
 De nouvelles compétences recherchées, au-delà du technique, des qualités
humaines. Au-delà de la qualification, les entreprises recherchent de l’expérience et des
qualités humaines fortes, notamment en termes de présentation et de fiabilité.

Une recherche croissante de polyvalence. La polyvalence est aussi un atout non
négligeable dans le recrutement en raison de l’évolution des métiers.
« Sur le port, il n’existe pas un
seul type de métiers mais
beaucoup de métiers
notamment à faible niveau de
qualification. »
« Les métiers évoluent sur le
plan du comportement : il faut
être polyvalent et avoir de
l’initiative. »
« Un critère primordial est d’être
présentable et fiable. »
6
FICHE 5 :
Quels seront les métiers de demain ?
 Des métiers qui « verdissent »

Faire émerger les métiers « verts » pour répondre aux nouvelles exigences
environnementales. Les principaux métiers en émergence sont ceux liés aux
problématiques environnementales : durcissement de la réglementation, augmentation du
prix des matières premières, évolution technologiques… Ces thématiques vont toucher en
premier lieu les filières de l’énergie, notamment avec le projet de bioraffinerie autour d’UPM
Stracel, et du BTP mais vont aussi avoir un impact progressif sur tous les procédés
industriels.

Optimiser les flux logistiques dans un contexte de crise environnementale
et économique avec de nouveaux métiers d’encadrement et de conseil. Sur
le port, la logistique devrait être l’activité dont les métiers seront le plus impactés par ces
évolutions. Dans l’optimisation des chaînes logistiques, les métiers d’encadrement
devraient largement intégrer ces problématiques : conseiller à l’environnement-qualité,
coordinateur de la chaîne logistique, conseiller à la sécurité… De plus, la part croissante de
la multimodalité devrait influer sur les métiers liés au fluvial et au ferré : maintenance,
manutention, sécurité…
« On aura sûrement besoin de
commissionnaires de transport
pour mobiliser les opérateurs
ferroviaires, routiers et fluviaux
et gérer l’interface. »
« De nouveaux métiers dans le
domaine du transport en lien
avec l’accompagnement du
changement notamment avec la
notion de green logistique. »
 L’industrie et les modes de consommation évoluent, ouvrant la voie à de
nouveaux métiers de service

« Moins de besoin de faible
qualification mais davantage de
maintenance. »
« Le transporteur doit intégrer les
questions du monde qui
l’entoure : sécurité, sûreté des
marchandises, environnement. »
« Les métiers de demain seront
de plus en plus des métiers de
services. »
Accompagner l’automatisation de certaines tâches par de nouveaux
métiers de sécurité et de maintenance. Avec l’automatisation des tâches
industrielles, certains métiers de services aux entreprises vont se renforcer, notamment au
niveau de la maintenance industrielle et des infrastructures. La sécurité est aussi une
compétence dont l’importance croît dans les entreprises tant au niveau matériel qu’au
niveau des processus de production.
 Développer les métiers de la logistique urbaine. Cela signifie aussi, pour la
logistique, dans la continuité de la réflexion environnementale menée sur les métiers, de
transformer certains procédés, notamment dans la gestion du dernier kilomètre. La mise en
place de solutions innovantes nécessite de nouvelles compétences, comme en témoigne
l’expérience Distripolis menée par Géodis Calberson en association avec la CUS.
 Les métiers de base restent aussi les métiers de demain
 Maintenir les métiers de base car ils demeurent essentiels même si les
savoir-faire évoluent. Dans l’industrie, les métiers techniques de base continuent d’être
des métiers essentiels. Si les qualifications exigées sont croissantes, les métiers de la
mécanique, de la mécatronique, de l’hydraulique et de l’informatique restent le cœur des
métiers de la production. Le savoir-faire requis évolue, notamment par l’automatisation de
certaines tâches et les nouvelles contraintes qui les accompagnent (suivi informatique,
électronique…).
 Soutenir certains métiers peu qualifiés en tension à cause de leur déficit
d’image. Plusieurs métiers techniques connaissent de fortes tensions comme la
chaudronnerie, la soudure, l’usinage ou la peinture industrielle. De plus, la pénibilité et le
déficit d’image qui touchent certains métiers pourtant essentiels créent sur certaines tâches
de véritables tensions.
« Plus que jamais les entreprises
ont besoin de main d’œuvre
qualifiée dans les domaines
techniques et technologiques
(plus encore en Allemagne qu’en
France). »
« Dans la production, les métiers
de base sont essentiels pour
l’avenir. »
7
FICHE 6 :
Des métiers menacés ?
 Plutôt que des métiers menacés, des métiers qui évoluent

Trois types de difficultés, qui touchent principalement les métiers à basse
qualification. Les différents acteurs rencontrés s’accordent sur la difficulté de pointer des
métiers voués à disparaitre. Aujourd’hui, il existe trois types de menaces : une suroffre
(secrétaire, cariste…), une carence (soudeur, chaudronnier…) et une mutation importante
des compétences nécessaires. Ces menaces touchent principalement les métiers à basse
qualification, déjà marqués par les difficultés économiques qui fragilisent certaines
entreprises présentes sur le port de Strasbourg.
 La GPEC intervient au sein de l’entreprise et des territoires pour surmonter
ces difficultés. La nécessité de la GPEC est de permettre d’évaluer pour chaque métier
la situation en matière de recrutement et en besoin de nouvelles compétences. Certaines
carences peuvent parfois d’expliquer par un important déficit d’image qu’il faudrait
démystifier.

« Les métiers les moins qualifiés
sont les plus exposés car
délocalisables. »
« Il n’y a pas de métier menacé,
ils ont au contraire tendance à
durer. La technicité est différente
mais il y aura toujours besoin de
voitures, de canalisations, de
voies ferrées…»
Une seule disparition de métier notable due à l’évolution de la législation :
les métiers douaniers. Seuls les métiers de douanes ont progressivement disparu au
sein des ports avec l’ouverture des frontières.
 Une montée en gamme des compétences requises et un besoin accru de
polyvalence

« Autrefois il y avait deux
personnes dans les camions : l’un
conduisait, l’autre déchargeait.
Aujourd’hui la même personne
s’occupe des deux tâches. »
« Dans l’industrie en Allemagne,
parmi les 450 métiers recensés il y
a quelques années, il n’en reste
que 350. On vise même de n’en
avoir plus que 200 avec les
évolutions technologiques. »
Des métiers à basse qualification qui évoluent vers plus de technicité et
pour lesquels il faut accompagner la main d’œuvre. La principale difficulté pour
le personnel à basse qualification est la montée en gamme des compétences requises pour
chaque métier avec un usage croissant de l’informatique et de l’électronique ainsi que des
procédures de plus en plus complexes liées aux nouvelles contraintes réglementaires en
matière de sécurité, d’environnement et de qualité. Aujourd’hui, la difficulté centrale est de
proposer des formations qui accompagnent ces mutations.
 Des métiers qui se combinent et qui nécessitent toujours plus de
polyvalence. A cette montée en gamme des compétences s’ajoute un besoin croissant
de polyvalence dans les compétences. Les métiers et les savoir-faire ne disparaissent pas
au sens propre mais ont tendance à fusionner et à se combiner. La gamme des métiers
présents dans les industries a ainsi tendance à se réduire tandis que les savoir-faire ont
tendance à croître.
8
FICHE 7 : quelles priorités de formation
besoins actuels et futurs?
pour
couvrir
les
 Optimiser l’appareil de formation existant
L’appareil de formation disponible aujourd’hui est globalement satisfaisant mais est
marqué par quelques lacunes à corriger.
 Donner des notions de comportement en entreprise. Pour les métiers à basse
qualification, il manque un apprentissage de base de la vie en entreprise avec des notions
de comportement (ponctualité, initiative…) et de savoirs de base.

Mieux anticiper les évolutions et les besoins des métiers. Pour le personnel
technique, bien que de nombreuses formations soient proposées en continue, il existe un
réel défaut d’anticipation des nouveaux besoins et des mutations des métiers.

Développer l’enseignement des langues pour tous les niveaux de
qualification. Il manque aussi un axe important autour des langues pour les basses
qualifications. Les langues sont quasiment absentes des formations en CAP.
 Reconnaître les diplômes dispensés de chaque côté du Rhin. Si les diplômes
universitaires sont aujourd’hui uniformisés et reconnus dans toutes l’Europe, les diplômes
techniques comme les CAP ne sont pas tous reconnus en Allemagne.
« A l’échelle de la zone d’emploi
et du port, il faut travailler sur une
réponse commune à des besoins
d’entreprise communs. »
« Le savoir-être reste
insuffisamment enseigné. »
« Il n’y a pas de manque dans
l’offre de formation, même si elle
n’est pas toujours efficace : avec
des élèves envoyés dans des
impasses ou encore les métiers
de demain sont insuffisamment
analysés. »
 Valoriser les parcours techniques

« L’important effort de formation
dans l’industrie est contrecarré
par son manque d’attractivité.
Pourtant de belles carrières sont
possibles. »
« En Allemagne, les métiers
manuels sont valorisés. »
Améliorer la lisibilité des parcours techniques en favorisant l’apprentissage
en France. Les parcours techniques souffrent en France d’un déficit important d’image au
profit des parcours généralistes. De nombreuses opportunités de formation sont ouvertes
pour les carrières industrielles ou techniques mais ces possibilités sont souvent mal
connues et souffrent de l’image négative des métiers techniques. L’apprentissage est
encore peu développé.

Revaloriser les métiers techniques en France à l’image de ce qui est mené
en Allemagne. En Allemagne, les parcours techniques sont valorisés, tant au niveau de
la formation avec un véritable accent mis sur l’apprentissage qu’au niveau des
rémunérations avec un effort de revalorisation par rapport aux parcours académiques.
 Favoriser les reconversions

Consolider la formation continue en France. La formation continue est un atout en
France pour accompagner le salarié tout au long de sa carrière. La formation continue est
un atout de l’appareil de formation en France. L’appareil de formation est aujourd’hui
considéré comme assez satisfaisant.

Repenser les formations courtes pour accompagner les reconversions.
L’appareil de formation initiale est assez satisfaisant mais il manque d’efficacité pour
accompagner les reconversions professionnelles. Les formations courtes sont insuffisantes
pour répondre aux besoins des entreprises et des salariés qui sont confrontés à l’évolution
de leur métier (informatisation, suivi qualité, électronique…). Ce manque de réactivité dans
les formations courtes et cette difficulté à anticiper les changements ne permettent pas
d’accompagner efficacement le personnel lors d’un plan de licenciement ou d’une fermeture
d’usine.
« La difficulté est de proposer des
formations qualifiantes en
formation continue de niveau
équivalent à la formation initiale
pour les personnes déjà intégrées
au marché du travail. »
« Il est difficile de replacer du
personnel avec de l’ancienneté :
quand Delphi a fermé, Mercedes
à Molsheim recrutait à Bac+5. »
9