Jean-Claude Colliard - AFDC droit constitutionnel

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Jean-Claude Colliard - AFDC droit constitutionnel
JEAN-CLAUDE COLLIARD
(1946-2014)
Après Guy Carcassonne, Jean-Claude Colliard vient de nous quitter. Ma génération,
celle des étudiants de 1968, commence à connaître le sort de tous les humains.
J’avais connu Jean-Claude dans l’hiver 1968-1969. Il était pour sa première année de
vie professionnelle l’assistant d’André Hauriou. Il a, à ce titre, dirigé un séminaire du DEA de
science politique que je suivais. J’ai encore, dans un coin, des copies corrigées de sa main.
Nous aimions, lui et moi, rappelé que je fus son étudiant avec simplement un an d’écart.
Depuis lors son parcours public est connu. Sa thèse, publiée en 1978, sur « Les régimes
parlementaires européens », qu’il envisageait régulièrement de remettre à jour, demeure un
modèle de cette heureuse époque où le droit constitutionnel et la science politique
s’épaulaient mutuellement. Il dirigera d’ailleurs le département de science politique de
Paris 1, avant de devenir président de l’université.
Ses fonctions auprès de François Mitterrand et de Laurent Fabius, ses neuf années au
Conseil constitutionnel et de multiples autres engagements dans la vie active lui permettaient
de faire un lien permanent entre le droit et la politique, sachant parfaitement que le droit
constitutionnel a hérité de la vielle expression de droit politique. Il s’intéressait à cette
République des constitutionnalistes qui a tant structuré notre vie politique des années
1870/1914. Il regardait toujours avec sympathie et ironie ceux qui s’aventuraient sur les
chemins abrupts de la pure théorie et était heureux de les voir atterrir au milieu des réalités.
Passionné de voyages, il a, avec Sylvie, parcouru le monde, enrichissant à chaque fois
son bagage culturel, sa besace juridique et son carnet d’amis. Comment ne pas penser à de
délicieuses soirées vénitiennes ? Lorsque nos parcours nous conduisirent à travailler
ensemble, et que le « tu » avait remplacé le « vous », nous constations une quasi identité de
nos réactions et opinions, sauf lorsqu’il s’agissait de mettre un bulletin de vote dans l’urne.
Nous regrettions, alors, que l’antique formule des radicaux-socialistes ait disparu du champ
politique.
Le moment venu, il conviendra de revenir sur ce grand serviteur de la Res publica, sur
son goût de la gestion et de la réforme, sur son enracinement méridional et sur sa véritable
place de patriarche avant l’âge dans notre communauté. Pour l’instant, associons nous à la
douleur et à la tristesse de Sylvie, de leurs enfants et de toute la famille.
Didier MAUS
Président émérite de
l’Association française de droit constitutionnel