Khaznadji Abrika

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Khaznadji Abrika
Politiques de lutte contre le chômage, précarité du travail et travail
au noir dans la wilaya de Tizi-Ouzou
Mohammed. Khaznadji1 et Belaid Abrika2, Université de Tizi-Ouzou,
Algérie
Résumé
La tendance à la décroissance du taux de chômage en Algérie résulte des
dispositifs de création d’emplois et d’activités engagés depuis la fin des années
80, ayant permis la création de nombreux emplois. Toutefois, la nouvelle
tendance du marché du travail est marquée par la progression rapide des emplois
temporaires, l’inadéquation entre la formation suivie et le poste occupé, une
rémunération très insuffisante, etc. Les différents dispositifs de création
d’emplois et d’activités ont contribué considérablement à la précarisation de
l’emploi. Une situation qui a favorisée à son tour la propagation du travail au
noir et le cumul des emplois.
Mots Clés : chômage, politiques d’emploi, précarité, travail au noir
Employment policies, job insecurity and unreported-employment
in the Wilaya of Tizi-Ouzou
Abstract
The decreasing trend in the unemployment rate in Algeria and policy devices
resulted in the creation of many jobs and activities undertaken since the late 80s.
However, the new trend in the labor market is characterized by the rapid growth
of temporary jobs, there was a mismatch between the training received and the
position occupied a very low pay, etc.. Different devices to create jobs and
activities have contributed significantly to job insecurity. This situation in turn
favored the spread of the unreported-employment and accumulated jobs.
Keywords: unemployment, employment policies, job insecurity, unreportedemployment
JEL: I32, I38, J32, E24, O17
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2
Maitre-Assistant. Email :[email protected]
Maitre-Assistant. Email :[email protected]
1. Introduction
Les statistiques officielles montent une évolution favorable du marché du
travail en Algérie ces dernières années. Entre 1999 et 2011, le chômage a
reculé de 17,5%. Dans une large mesure, cette situation est liée aux
différents dispositifs de création d’emplois et d’activités mis en place
depuis l’adoption du plan d’ajustement structurel en 1994 et permise par
l’embellie financière qu’a connu le pays suite à l’évolution favorable des
prix des hydrocarbures au niveau international. Toutefois, si l’on
considère les emplois créés durant la même période, on constate que la
plupart sont des contrats à durée limitée avec une rémunération très
insuffisante et un minimum de droits. 40.7 % des occupés déclarent être
à la recherche d’un autre emploi dont 62.4% motivent leurs recherches
en raison de l’instabilité de l’emploi actuel, 17.4% pour une meilleure
rémunération et 17.2 % en raison de l’inadéquation de l’emploi actuel
avec leur profil (ONS, 2011).
Au delà des chiffres ou d’une approche quantitativiste, la situation de
l’emploi en Algérie, suite à l’ampleur des changements dans les structures
de l’économie et à la forte progression de la population active, est de plus
en plus préoccupante. La nouvelle tendance du marché du travail est
marquée par la progression rapide des emplois temporaires, la
substitution des emplois publics par des emplois privés dont la sphère
des droits se rétrécie de plus en plus, l’inadéquation entre la formation
suivie et le poste occupé (les emplois crées sont pour la plupart sous
qualifiés), une rémunération très insuffisante et un secteur informel sans
cesse en expansion.
La nouvelle politique d’emploi en Algérie est inscrite dans le social
puisqu’elle ne contribue pas à l’amélioration des conditions de vie des
jeunes, destinataires de la plupart des dispositifs mis en place.
L’hypothèse de notre travail est que les différents dispositifs de création
d’emplois et d’activités mis en place depuis les années 1990, même s’ils
sont indispensables au regard de l’approche philosophique et culturelle
de cette politique, ont contribués considérablement à la précarisation de
l’emploi et cette situation a favorisée à son tour la propagation du travail
au noir. Le travail au noir concerne particulièrement ceux qui sont
soumis à l’instabilité depuis la politique de substitution des emplois
permanents par des contractuels. Cette politique dissimule la réalité de la
situation de l’emploi en Algérie, la tendance à la baisse du taux de
chômage n’est que la face cachée des déclarations des institutions
étatiques qui intègre les emplois précaires dans les statistiques officielles.
A cet effet, dans le cadre de ce travail, en se basant sur le territoire de la
Wilaya de Tizi-Ouzou dont le taux de chômage dépasse la moyenne
nationale, nous tenterons de présenter et évaluer les nouveaux dispositifs
de création d’emploi et monter que vu qu’ils constituent des solutions
2
temporaires et n’assurant en aucun cas un avenir certain aux jeunes
travailleurs, souvent les personnes insérées dans le marché du travail à
travers ces dispositifs recourent au travail au noir sous forme de cumul.
Le choix de Tizi-Ouzou est lié au fait qu’en Algérie, l’espace local est le
niveau de mise en application de la politique nationale. Pour ce faire,
nous allons : d’abord, mener une enquête auprès des principales
institutions intervenant dans le marché de travail de la Wilaya : Direction
de l’emploi, Agence Locale d’Emploi (ALEM), Caisse Nationale
d’Assurance Chômage (CNAC), Agence Nationale de Soutien à l’Emploi
des Jeunes (ANSEJ) et l’Agence National de Gestion des Microcrédits
(ANGEM). Ceci est pour évaluer et analyser la contribution des
nouveaux dispositifs à la création d’emplois. Ensuite, mener une autre
enquête à travers un questionnaire qui cible l’Assemblée Populaire
Communale de Tizi-Ouzou (une commune urbaine) et celle de Tirmitine
(une commune rurale) afin de relever les conséquences des emplois
précaires créés à travers les dispositifs d’insertion professionnelle des
primo-demandeurs d’emploi.
2. Politique d’emploi en Algérie
La gestion et la régulation du marché du travail relèvent des prérogatives
de l’Etat. La raison d’être des politiques publiques d’emploi est liée aux
conséquences néfastes de ce phénomène aussi bien pour l’Etat que pour
les individus. Le chômage est considéré comme un sous emploi du
facteur travail, donc un manque à gagner pour l’économie nationale.
Aussi, un chômage de longue durée, surtout s’il touche une frange
importante de la population active, entraine la détérioration du niveau de
vie et ainsi favorise la croissance de la pauvreté. Par ailleurs, en l’absence
de perspectives d’emploi, un bon nombre de personnes, notamment les
jeunes, opte pour l’immigration vers l’extérieur du pays et d’autres
rejoignent les rangs de l’informel qui ne cesse de prendre de l’ampleur
chaque année. Egalement, le chômage favorise l’apparition de beaucoup
de fléaux sociaux comme la délinquance, la violence, l’insécurité, etc.
2.1. Contexte
Dans l’histoire de l’Algérie indépendante, le chômage a connu trois
grandes phases distinctes. La première, depuis l’indépendance jusqu’au
milieu des années 80 où le taux de chômage était décroissant. La
deuxième, entre 1986 et 2000, dans laquelle l’évolution de ce phénomène
était sans cesse croissante. Enfin, la dernière phase, depuis l’année 2001
jusqu’à 2012 où le taux de chômage a repris sa tendance à la baisse.
Il est important de souligner que l’essentiel des dispositifs d’emploi que
nous connaissons aujourd’hui en Algérie était engagé durant la deuxième
phase. Au cours de la troisième phase, ces dispositifs n’ont connu que
des réaménagements et des améliorations. La deuxième phase était
marquée par plusieurs événements majeurs qui n’ont pas été sans
conséquences sur l’emploi : réduction drastiques des prix des
hydrocarbures au niveau international, rééchelonnement de la dette
extérieure, l’adoption des plans d’ajustement structurel qui ont engendré
à travers ses différentes mesures la fermeture de plusieurs entreprises
publiques et des licenciements collectifs.
C’est dans ce contexte de crise et de transition de l’économie dirigée vers
l’économie de marché que la majeure partie des dispositifs de lutte contre
le chômage a été mise en place en Algérie.
2.2. Principales caractéristiques du marché du travail
En plus du contexte, le marché du travail algérien est caractérisé par
plusieurs aspects de natures différentes qui n’ont pas été sans
conséquences sur l’évolution des politiques d’emploi.
Le marché du travail algérien a connu une progression plus rapide de la
demande par rapport à l’offre, ce qui donne un niveau de chômage
important même s’il est en régression ces dernières années. Cette
situation est liée au rythme élevé d’accroissement démographique se
situant à plus de 3% en moyenne par an. Les répercutions de la forte
natalité des années 80 se manifestent maintenant par une demande
additionnelle d’environ 300.000 personnes en moyenne par an.
Egalement, l’urbanisation croissante et l’évolution positive de la
scolarisation féminine ont fait que la participation de la femme au monde
du travail est de plus en plus importante.
La demande d’emploi est dominée par une population jeune; trois
personnes en chômage sur quarte ont un âge de moins de 30 ans.
Le chômage touche particulièrement les primo-demandeurs d’emploi
avec niveau faible ou sans qualification.
Les réformes économiques libérales engagées depuis le début des années
90 ont fait que l’emploi public, même s’il demeure toujours le principal
employeur, perd de plus en plus de son importance au profit du secteur
privé en expansion.
Par secteur d’activités, le secteur qui se taille la part du lion en terme
d’emplois est celui du commerce services qui emploie plus de la moitié
(56,6%) des actifs, suivis par les secteurs du bâtiment et travaux publics
(17,2%), agriculture (13,7%) et l'industrie (12,5%).
2.3. Evolution des dispositifs de création de l’emploi
A l’exception des celui de l’ANSEJ et celui de la CNAC, gérés par des
organismes créés à cet effet, l’ensemble des dispositifs présentés dans le
tableau ci-après est géré par la DAS et la DEW.
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Tableau1 : Evolution des dispositifs de création d’emploi en Algérie (1988-2008)
Dispositifs
Objectifs
Programme
S’adresse aux personnes âgées de 16 à 27 ans Création d’emplois
d’emploi des
à travers les travaux d’utilité publique et la promotion de la
jeunes (1988-989)
formation professionnelle.
Dispositif
Concerne les primo-demandeurs d’emploi, âgés de 19 à 40 an et
d’insertion
n’ayant aucune qualification professionnelles. Il est Structuré en
professionnelle des trois axes : 1. Emplois Salariés d’Initiative Locale (ESIL) ; 2.
jeunes (1990-2008) création de micro-activités dans le cadre de coopératives de
jeunes ; 3. formation professionnelle.
Indemnité pour
Création d’emploi par la participation des membres de famille
activité d’intérêt
sans revenus aux activités d’intérêt générale avec une indemnité
général (en 1995)
mensuelle de 3000 dinars.
Travaux d’utilité
Création d’emplois à travers les travaux d’entretien des routes,
publique à haute
d’assainissement, d’hydraulique… dont le coût de main d’œuvre
intensité de mainest important. Il apporte un plus en matière de main d'œuvre
d’œuvre (en 1997)
pour les collectivités locales ayant un réel besoin de personnel.
Création de micro- Concerne les personnes âgées de 19 à 35 ans. Il consiste en la
entreprises à
création d’emploi à travers la création de micro-entreprises. Trois
travers l’ANSEJ.
formules de financement ont été prévues : l’autofinancement ; le
(depuis 1996)
financement mixte et le financement triangulaire.
Contrat de préConcerne les Universitaires et les Techniciens Supérieurs (TS). Il
emploi
porte sur le recrutement par des employeurs sur une durée d’une
(1999-2008)
année renouvelable 6 mois, avec une rémunération total par
l’Etat d’un montant mensuel de 6000 DA pour les universitaires
et 4500 DA pour les techniciens supérieurs.
Microcrédit,
Financement d’achat, sous forme d’un prêt non rémunéré d’un
(depuis 1999)
crédit bonifié, d’un montant varie entre 50.000 et 350.000 DA de
petits équipements en vue d’un travail indépendant.
Dispositif d’Aide à 1994 : indemnisation des travailleurs salariés ayant perdu
la création
involontairement leur emploi pour des motifs économiques.
d’activités. depuis
1998-2004 : mise en œuvre des mesures pour la réinsertion des
2004 (dispositif
chômeurs allocataires à travers trois structures : Centre de
CNAC)
Recherche de l’Emploi (CRE), Centre d’Aide au Travail
Indépendant (CATI) et Formation-Reconversion (FR).
2004 : mise en œuvre d’un dispositif d’aide à la création
d’activités pour les chômeurs promoteurs âgés de 35 à 50.
2010 : le dispositif est élargi à la population âgée de 30 à 50 ans et
le montant maximum d'investissement passe de 5 à 10 millions
de dinars avec la possibilité d'extension des capacités de
production pour les entreprises existantes.
Source : Nos regroupements et actualisation. (Musette, Islet et Hammouda, 2003, 34)
A travers l’évolution des dispositifs d’emploi en Algérie, il ressort que le
chômage demeure toujours une préoccupation majeure de l’Etat.
Toutefois, il n’existe pas une approche globale, qui s’étale sur le long
terme, basée sur des anticipations de toutes les variables et la simulation
d’impact des dispositifs sur l’emploi. C’est bien que les politiques soient
évolutives et flexibles, c'est-à-dire, elles s’adaptent aux situations
nouvelles. Néanmoins, il ne faut pas qu’elles soient conjoncturelles et
remises en cause à chaque fois.
3. Evaluation des dispositifs actuels d’emploi dans la WILAYA
A partir de 2008, les anciens dispositifs de lutte contre le chômage ont
été réaménagés et transformés dans la forme et dans le fond.
L’organisation de ces dispositifs par structure de gestion se présente
comme suit : dispositifs d’insertion sociale gérés par la DAS ; dispositifs
d’aide à l’insertion professionnelle gérés par l’ANEM ; dispositif de
Création de micro-entreprises de l’ANSEJ ; dispositif de Soutien à la
création et à l’extension d’activités de la CNAC ; enfin, dispositif
microcrédit de l’ANGEM.
3.1. Dispositifs d’insertion sociale
Ils sont gérés par l’Agence de Développement Sociale. Le contenu de
chaque dispositif est présenté brièvement dans le tableau ci-après.
Tableau 2: Dispositifs d’insertion sociale
Dispositifs
Objectifs
Activités pour
les Besoins
Collectifs
(ABC)
Concerne les jeunes tâcherons titulaires d’un registre ou d’une carte
d’artisan, a pour objectif la création massive d’emplois temporaires
notamment dans les zones les plus enclavées par la réalisation des
petits projets d’utilité publique.
Développement
Communautaire
Permettre aux populations vivant dans des espaces marginalisés de
bénéficier des équipements et d’infrastructures de base. Le
financement des projets est assuré : 90% par la DAS et 10% par la
commune bénéficiaire. Les projets retenus sont ceux dont l’impact sur
l’amélioration des conditions de vie et sur l’emploi est important.
Programme
« Blanche
l’Algérie ».
Il consiste en la création de micro-entreprises de nettoyage, de tri et de
transport des déchets solides des ménages par les jeunes chômeurs
dans la commune de résidence. Ce programme permet aux jeunes sans
emploi d’être promus au statut de tacherons, avec comme condition
principale de créer sept emplois.
Prime
d’Insertion des
Diplômés
(PID).
Destiné aux diplômés de l'enseignement supérieur et TS, âgées de 19 à
35 ans et primo-demandeurs d’emploi. Il vise l’insertion de ces
personnes dans la vie active, leur permettre d’acquérir une
qualification professionnelle et accroitre leur employabilité
Dispositif
d’Activités
d’Insertion
Sociale (DAIS)
S’adresse aux personnes inscrites au service du filet social de la
commune de résidence. Depuis 2011, l’indemnisation mensuelle passe
de 3.000 DA à 6000 DA
Indemnité pour
l’Activité
d’Intérêt
Général (IAIG)
Concerne les ménages sans revenus dont l’un des membres participe
aux activités d’intérêt général. L’indemnité, qui est de l’ordre 6000 DA
par mois depuis 2011, est subordonnée à l’inscription du chef de
famille auprès des services de la commune de résidence et d’un
engagement de l’intéressé pour l’exercice de toute activité
programmée au niveau de la collectivité locale.
Source : Nos regroupements
6
Il y a de noter que dans la Wilaya, depuis 2008, la gestion administrative
et financière des dispositifs de l’ADS est transférée vers la DAS de la
Wilaya. Jusqu’à la fin de l’année 2010, ces dispositifs ont contribué en
moyenne à la création de 4.378 emplois chaque année (Tableau 3). Le
dispositif qui participe le plus à la création d’emplois est celui d’IAIG qui
représente 49,66% du total des emplois créés, suivi d’ABC avec 19,31%.
Les autres dispositifs : DAIS, PID et Blanche Algérie représentent
chacun, dans l’ordre : 16,22%, 10,58% et 3,96%.
Tableau 3 : Bilan des dispositifs d’insertion Sociale au 31/12/2010
Dispositifs
Personnes insérées
Coût
ABC
2.536
207.465.849,08
520
142.730.000,00
PID
1.425
324.736.140,00
DAIS
2.130
41.023.800,00
IAIG
6.522
200.390 400,00
13.133
916.346.189,08
Blanche Algérie
TOTAL
Source : DAS de Tizi-Ouzou
3.2. Dispositif d’Aide à l’Insertion Professionnelle (DAIP)
Institué en 2008 et placé sous la responsabilité de l’ANEM et de la
DEW, le DAIP a pour but de favoriser l’insertion professionnelle des
jeunes âgés de 18 à 35 ans, primo-demandeurs d’emploi et d’encourager
toutes autres formes d’actions et mesures visant la promotion de l’emploi
des jeunes. Il prévoit trois types de contrats : le contrat d’insertion des
diplômés (CID), destiné aux diplômés de l’enseignement supérieur et aux
techniciens supérieurs ; le contrat d’insertion professionnelle (CIP),
destiné aux jeunes sortant de l’enseignement secondaire de l’éducation
nationale, des centres de formation professionnelle ou ayant suivi un
stage d’apprentissage. Enfin, le contrat formation emploi (CFI) destiné
aux jeunes sans formation ni qualification.
Par ailleurs, les jeunes insérés dans le cadre de ce dispositif peuvent
bénéficier d’un contrat de formation-emploi afin d’améliorer de leurs
qualifications. Cette formation est financée par l’Etat à hauteur de 60%
pour une durée maximale de 06 mois.
Le DAIP prévoit également des mesures d’incitation des entreprises au
recrutement des jeunes insérées dans ce programme à travers la
contribution de l’Etat aux salaires dans le cadre d’un contrat de travail
aidé (CTA). Cette contribution s’étale sur une période de 3 ans pour les
CID, 2 ans pour les CIP et 1 année pour CFI.
Dans la Wilaya durant la période 2008 à 2012, le DAIP a contribué en
moyenne à la création de 4.342 emplois par an (Tableau 2). Les
universitaires se taillent la part du lion avec 43% des emplois créés,
techniciens supérieurs avec 16%, suivis des personnes sans qualification
professionnelle placées dans les chantiers avec 25%, les diplômés de la
formation professionnelle avec 11%, les jeunes ayant un niveau scolaire
secondaire avec uniquement 4%.
Tableau 4 : Placements effectués dans le cadre du DAIP à la WILAYA
Année
2 008
2 009
2 010 2 012 Total
CID
508
3 289
1 989
1 461
7 247
CIP
289
2 036
3 817
1 310
7 452
CFI
469
1 891
129
178
2 667
1 266
7 216
5 935
2 949
17 366
Total
Source : DEW de Tizi-Ouzou.
S’agissant des CTA, durant l’année 2012, 499 permanisations ont été
enregistrées, dont 265 dans le cadre des CID, 169 dans le cadre des CIP
et 92 hors dispositif.
En plus de ces dispositifs, les sept agences locales d’emploi contribuent à
la promotion et la gestion de la main d’œuvre à travers la mise en relation
de l'offre et de la demande de travail. Durant l’année 2012, selon les
données de la DEW, les agences locales ont enregistré 46.665 demandes
d’emplois, au moment où l’offre exprimée n’est que de 7.888 postes dont
le nombre des placements n’a atteint que 5.836 personnes.
3.3. Dispositif ANSEJ
Institué en 1996, le dispositif ANSEJ a connu un engouement important.
Il porte sur la création d’emplois par la création de micro-entreprises.
Sont éligibles à ce dispositif les chômeurs âgés de 19 à 35 ans, ayant une
qualification professionnelle ou un savoir faire en relation avec l’activité
envisagée et disposant d’un apport personnel. Le coût de l'investissement
ne doit pas dépasser 10 millions de DA et le financement se fait, selon le
montant de l’investissement, à travers deux formules : le financement
triangulaire (l’apport personnel est complété par un prêt sans intérêt
accordé par l'ANSEJ et un crédit bancaire avec un taux d’intérêt bonifié)
et le financement mixte (l’apport personnel du jeune entrepreneur est
complété par un prêt sans intérêt accordé par l'ANSEJ).
Selon le cas, le programme consacre d’autres avantages financiers et
fiscaux comme des prêts non rémunérés pour l'acquisition de véhicules
ou pour la prise en charge du loyer des locaux destinés à la création
d'activités sédentaires, l’achat des équipements et services en hors taxe,
l’application de taux réduit de droits de douane pour les équipements
importés, exonération de l’IRG, IBS et la TAP.
Dans la Wilaya de Tizi-Ouzou, rien que durant l’année 2012, selon les
données de la DEW, le nombre de projets financés par ce dispositif est
de 1.898 micro-entreprises, ce qui correspond à 4.658 emplois créés. Ce
8
constat peut être confirmé par le recensement économique réalisé par
l’ONS en 2011 qui montre que sur les 37.276 entités recensées dans la
wilaya 29.679 d’entre elles (79,61%) ont été créées entre 2000 et 2011.
Toutefois, malgré la pertinence de ce dispositif, le manque de suivi et
d’accompagnement des bénéficiaires induit une mort certaine d’un
nombre important des entreprises créées (environ 50% au niveau
national)
3.4. Dispositif CNAC
La CNAC est un autre dispositif de création d’emplois par la création
d’activités. A la différence de celui de l’ANSEJ, le dispositif CNAC
(depuis 2010) s’adresse aux personnes âgées entre 30 et 50 ans et
disposant d’une qualification professionnelle ou d’un savoir faire en
relation avec l’activité envisagée. Le seuil maximum de l’investissement
est fixé à 10 millions de dinars et un seul mode de financement est prévu,
à savoir, le financement triangulaire. Le dispositif prévoit aussi d’autres
avantages financiers fiscaux, comme : l’application d’un taux réduit des
droits de douanes ; exonération de la TVA sur les équipements
et services entrant directement dans la réalisation de l'investissement ;
exonération de l’IRG, de l’IBS, de la TAP...
Dans la WILAYA, entre 2009 et 2012, ce dispositif a permis la création
en moyenne de 1600 emplois par an (1002 emplois en 2009, 828 en 2010
et 2992 en 2012).
3.5. Dispositif ANGEM
Créée en 2002, le dispositif ANGEM a pour objectifs de favoriser l’auto
emploi, le travail à domicile, les activités artisanales et promouvoir les
activités économiques et culturelles de production génératrices de
revenus. Il consiste à accorder des microcrédits, non rémunérés ou
bonifiés dont le montant varie entre 100.000 DA et 1.000.000 DA aux
individus sans revenus ou disposant de petits revenus irréguliers.
Durant l’année 2009, l’antenne locale de l’ANGEM de Tizi-Ouzou a
contribué à la création de plus de 1.500 postes d’emploi.
En résumé, nous pouvons dire que la contribution des dispositifs
présentés précédemment à l’emploi est très insuffisante aussi bien d’un
point de vue quantitatif (par rapport à l’évolution de la demande) que
d’un point de vue qualitatif (vue la nature des emplois créés). Le rythme
de création d’emplois dans la Wilaya de Tizi-Ouzou est nettement très
insuffisant comparativement à l’évolution de la demande. Pendant
l’année 2012, le nombre total d’emplois crées à travers les différents
dispositifs DAIP, ANSEJ, CNAC et à travers les placements classiques
des agences d’emploi est d’environ 14.796 emplois ; alors que, durant la
même période, la demande enregistrée à travers les agences d’emploi est
de 33.284 personnes. Ce qui donne un déficit de 18.488 emplois (55,54%
de la demande enregistrée). Selon les données de l’ANEM de TiziOuzou, la demande d’emploi non satisfaite est de 23.710 personnes en
2009, 19.995 en 2010 et 40.829 en 2012. A noter qu’il y a une forte
corrélation entre le chômage et la précarité d’emploi. Ainsi, la cause
principale de la croissance des emplois précaires est le de chômage élevé.
Par ailleurs, l’essentiel des emplois créés relève du secteur des services :
sur les 37.276 entités économiques recensées par l’ONS en 2011, 84,76%
relèvent des secteurs commerce et services ; le secteur de l’industrie et
celui de la construction représentent respectivement 13,66% et 1,58%.
La croissance économique et, par conséquent, la création d’emplois sont
des dynamiques impulsées dans une large mesure par l’Etat à travers les
dépenses publiques.
Le problème posé n’est pas celui de la remise en cause de ces dispositifs ;
c’est celui de leur efficacité en termes d’absorption du chômage et de
création d’emplois rependant aux aspirations minimales de la population
inoccupée. Ils sont devenus juste un moyen pour les jeunes d'avoir un
petit pécule qui leur permet de plus ou moins survivre sachant à l'avance
qu'au bout du contrat ils ne seront pas recrutés par l'employeur. L’emploi
qui doit être un élément clé dans le développement social et de la
promotion de l’individu est remplacé par des aides sous forme de
solidarité cachant très mal la précarité de l’emploi.
4. La précarité de l’emploi dans la Wilaya de Tizi-Ouzou
La précarité de l’emploi recouvre des situations très variées. Elle renvoie
simultanément à l’instabilité, à l’insécurisé, à l’absence de perspectives, à
la pauvreté, aux conditions de travail difficiles, etc. (Desvé et Laurençon,
2002). S’agissant de ce travail, qui porte principalement sur les emplois
créés dans le cadre des dispositifs étatiques, notre champ d’investigation
concernant l’emploi précaire se compose des éléments suivants : les
personnes qui occupent des emplois pour une durée déterminée, les
personnes dont le revenu est inférieur ou égal au SNMG, les personnes
occupant des activités réduites ou exerçant simultanément plusieurs
activités, les personnes en situation du chômage récurrent.
4.1. Principaux déterminants de l’emploi précaire
En l’absence de données exhaustives et qui couvrent une période
continue sur la question, nous nous contentons de déterminer pour
chaque déterminant la tendance globale.
4.1.1. La durée de l’emploi
La prise en charge du problème du chômage ne se résume pas à une
arithmétique des emplois créés. Il faut également que ces emplois soient
durables. A l’exception des emplois créés à travers les dispositifs ANSEJ,
CNAC et ANGEM, ceux créés à travers les autres dispositifs ont une
durée moyenne d’une année renouvelable. La plupart des personnes
10
recrutées dans le cadre des dispositifs d’insertion, une fois le contrat
arrive à son terme, elles ne sont pas permanisées. A Tizi-Ouzou, durant
l’année 2010, le nombre de permanisations est de 92 personnes (hors
dispositifs) et de 499 personnes (sur contrat de travail aidé), ce qui est
insignifiant par rapport 5.935 placements effectués dans le cadre DAIP à
la même période. Pour plus de flexibilité dans la gestion de la ressource
humaine, nous assistons de plus en plus à la dépermanisation de l’emploi
(Bouadam. et Meliani, 2011) et la généralisation des contrats de travail à
durée courte.
4.1.2. Le chômage récurrent
Le chômage récurrent désigne toutes les personnes qui ont connu
plusieurs fois le chômage durant une période considérée. A Tizi-Ouzou,
la quasi-totalité des personnes recrutées dans le cadre des dispositifs
présentés précédemment se retrouvent à nouveau, à la fin de leurs
contrats, en situation du chômage avec l’impossibilité de postuler à ces
mêmes dispositifs. Aussi, la totalité des personnes enquêtées déclare de
n’avoir pas choisi le poste occupé. Quant aux perspectives de
changement d’activités, à Tirmitine, la totalité des personnes souhaite
changer d’activités dans l’avenir et à Tizi-Ouzou, 60% des personnes
souhaitent être confirmés dans le même poste.
Ce constat est valable également pour plusieurs jeunes entrepreneurs,
issues des dispositifs ANSEJ, CNAC et ANGEM, qui se retrouvent au
chômage suite à la faillite des micro-entreprises créées. Le niveau élevé
de mortalité des très petites entreprises est un autre aspect qui alimente le
chômage dans la Wilaya avec des pertes nettes des milliers d’emplois.
4.1.3. Le niveau de rémunération
La rémunération mensuelle diffère d’un dispositif à un autre. Elle varie
de 6.000 à 15.000 dinars par personne. L’indemnité la plus importante est
celle accordée aux universitaires dans le cadre des CID qui est de 15.000
dinars par mois. Celle-ci est inférieure au SNMG (18.000 DA par mois)
et très loin du salaire moyen national (hors agriculture et administration)
qui est de 41.200 DA dans le secteur public et 23.900 DA dans le secteur
privé en 2011(ONS, 2013).
Lors de notre enquête, la totalité des personnes déclare que le niveau de
leur salaire est nettement insuffisant. Ceci montre que les emplois créés
ne règlent pas le problème de précarité ; d’autant plus que la quasitotalité des ces personnes n’ont aucune prise en charge durant la période
du chômage (bien évidement, il s’agit de prise en charge financière).
4.2. Les catégories concernées
4.2.1. Les jeune : la frange de la population active la plus touchée par les
emplois précaires est celle dont l’âge ne dépasse pas 35 ans. D’ailleurs, la
plupart des dispositifs d’emploi présentés précédemment s’adresse aux
jeunes. L’âge moyen des personnes enquêtées et qui occupent des
emplois précaires est d’environ 30 ans. Le seul dispositif qui s’adresse
exclusivement aux personnes âgées de plus de 30 est celui de la CNAC.
Le jeune âge de la population et les déperditions scolaires considérables,
d’autant plus que les formations suivies à l’école et à l’université ne pas
qualifiantes, sont les principales explications de cette situation.
4.2.2. Les femmes : selon les résultats de notre enquête, dans les deux
communes, les femmes sont les plus concernées par les dispositifs
d’insertion. Elles sont les plus exposées au phénomène la précarité de
l’emploi. Les personnes du sexe masculin préfèrent travailler dans le
secteur informel dont la rémunération est plus importante.
4.2.3. Les diplômés : la part des diplômés (universitaires et techniciens
supérieurs) occupant des emplois précaires suit une évolution croissante.
70% des cas concernés par l’enquête à Tizi-Ouzou sont CIP et 80% des
cas à Tirmitine sont des CID. Les non diplômés sont davantage
concernés par l’emploi informel. Par ailleurs, l’inadéquation entre la
formation suivie par rapport au poste occupé concerne la majorité des
diplômés : deux personnes sur trois à Tizi-Ouzou et une personne sur
une personne sur deux à Tirmitine déclarent qu’il n’existe aucune relation
entre la formation suivie et le poste occupé.
5. Travail au noir et cumul
Le travail au noir (ou clandestin) « … est celui qui est d’une façon
habituelle exécuté en violation des lois sociales et fiscales, soit par un
salarié, soit par un particulier, soit par un employeur pour son propre
compte, que cet employeur soit ou non inscrit au registre des métiers ou
au registre de commerce » (Klatzmann, 1982, 43).
En Algérie, ce type de comportement, durant la période de plein emploi,
correspondait au travailleur au noir qui bricolait durant les week-ends
pour avoir un supplément de salaire. Les réformes engagées dans le cadre
de la transition vers l’économie de marché ont engendré la mise en
chômage d’une masse de main d’œuvre renforçant les rangs des
demandeurs d’emploi et exerçant temporairement des activités au noir
clandestinement. Les différents programmes, temporaires financés à
coûts de milliards, lancés par les pouvoirs publics pour la dynamisation
du secteur de l’emploi, ont largement contribué au renforcement de la
précarité de ces catégories d’employés eu égards au niveau des salaires
qu’ils perçoivent.
Le cumul d’emploi se manifeste sous deux formes essentielles : des
travailleurs au noir qui s’occupent de deux ou plusieurs activités ; ou bien
ceux qui occupent un poste d’emploi légal et occupant un autre poste en
parallèle durant les horaires de travail régulier ou en dehors. Le cumul
renvoie, souvent, au fait que « le travailleur au noir est un cumulard ...il
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cumule un emploi non déclaré avec un autre emploi, avec une allocation
chômage ou avec une retraite » (Adair, 1985, 23).
5.1. Les formes diverses du travail au noir
Le travail au noir s’effectue de nos jours non seulement sous forme de
cumul d’emploi, où l’un est légal l’autre illicite, mais également comme
activité principale et secondaire en même temps. Aussi, il s’exerce soit
par des travailleurs salariés, soit par des indépendants exécutants le
travail d’une façon autonome durant certaines périodes ou de façon
permanente.
Le travail au noir peut prendre différentes formes : des salariés non
déclarés suite à un commun accord tacite entre l’employeur et le
travailleur ou à une situation imposée à ce dernier par son employeur. Le
travail au noir peut être pratiqué d’une façon habituelle mais non
continue, pour cause de manque d’occasions de travail ; ou de façon
occasionnelle et qui peut prendre parfois une longue durée.
En ce qui concerne la situation professionnelle des cumulards, il apparait
que généralement ils sont beaucoup plus préoccupés par leurs activités
secondaires (dérivant directement ou pas de la fonction qu’ils occupent
formellement ou pas), qui leur garantit le manque à gagner ; l’activité
principale exercée ne les préoccupe pas, puisque les revenus sont fixes et
ne sont pas tenus par un résultat.
5.2. Les causes du travail au noir des cumulards
Il est important de relever les raisons pour lesquelles les entreprises et les
particuliers sollicitent le travail au noir et celles pour lesquelles les
travailleurs l’acceptent. Pour les entreprises, surtout les très petite, le non
respect de la législation du travail (recrutement sans contrat de travail,
salaire inférieur au SNMG, non déclaration à la sécurité sociale…)
s’explique par l’objectif de la réduction des coûts (Adair, et Bellache,
2008) et celui de la flexibilité dans la gestion du facteur travail. Pour ce
qui est des employés, les principales causes évoquées sont : l’insuffisance
des salaires et des pensions de retraite, pour combler le manque à gagner
durant les périodes creuses et pour faire face au déficit budgétaire. Les
revenus provenant du travail clandestin permettent aux travailleurs
d’assurer à leurs familles des moyens élémentaires de subsistance, ceci,
nonobstant les aspects négatifs qu’engendre le recours à ce type
d’emploi. D’après notre enquête, une personne sur deux (parmi les
hommes) déclare assurer des activités secondaires pour combler le déficit
flagrant du revenu.
6. Conclusion
La question de l’information pose une problématique de fond en Algérie.
Les différentes données disponibles font l’objet des manipulations par
les Pouvoirs Publics. Notre enquête confirme que les chiffres d’emploi et
du chômage sont en déphasage avec la réalité. En effet, la tendance à la
baisse du taux de chômage annoncée officiellement n’est qu’un
maquillage porteur de facteurs aggravant la précarité et le recours au
travail au noir à travers le cumul d’emploi.
Le bilan des dispositifs d’emploi nous amène à poser la question de leur
efficacité en termes d’objectifs, particulièrement, celui de la création
d’emplois. Des années durant, des dépenses budgétivores ont été
consenties pour créer des emplois sans lendemain, dans la mesure où la
majorité de ces emplois n’ont pas été confirmé. Ainsi, ces dispositifs
jouent beaucoup plus un rôle d’amortissement du choc de la crise
structurelle du chômage en Algérie. Il suffit d’un choc des prix des
hydrocarbures à la baisse pour que l’Algérie se retrouve dans une crise
sans précédent. A cet effet, il est urgent de repenser la politique de
l’emploi en intégrant des variables objectives orientées vers la création
d’activités pérennes.
Les politiques d’emploi actuelles sont assimilables à la gestion du
chômage déguisé qu’a connu l’Algérie durant les années 70. Plus grave
encore, les emplois créés dans maintiennent les bénéficiaires dans la
précarité en termes du niveau des revenus, de stabilité, de la durée des
contrats, etc. Il y a lieu de distinguer, dans le traitement du chômage,
entre l’approche sociale et l’approche économique. La première consiste
à prendre en charge les effets du chômage assimilée à de l’assistanat
freinant toute motivation et valorisation du sens du travail. Quant à
l’approche économique, elle consiste à cibler les causes de ce phénomène
à travers la création d’activités. En Algérie, la confusion entre les deux
approches est entretenue sciemment à partir du moment où les
indemnités (modiques) de certains chômeurs sont comptabilisés comme
des emplois créés. Aussi, le traitement social, qui demeure nettement
insuffisant, l’emporte sur le traitement économique voire même une
confusion entre les deux.
La prise en charge réelle du problème du chômage ne peut se concrétiser
sans une relance économique générée par des variables internes et non
par des dépenses publiques. L’Etat au lieu des financements dispendieux
des emplois à durée très réduite, doit réorganiser le marché du travail par
la mise en place d’institutions de suivi, de formation et l’instauration des
conditions de croissance endogène.
De plus en plus, nous assistons à une segmentation du marché du
travail : un marché officiel où les normes du travail sont relativement
acceptables et un marché informel, dominé par le travail au noir, où se
développent les emplois précaires. Pire encore, les dispositifs d’emplois
en Algérie ont propagé la précarité même vers le marché officiel, dans la
mesure où ils créent officiellement des opportunités aux entreprises
d’exploiter gratuitement les jeunes chômeurs des années durant.
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La régulation des salaires doit se faire en tenant compte des nouveaux
facteurs régissant l’activité économique. Il ne s’agit pas de faire jouer ce
rôle au secteur informel. C’est pour cela qu’il est impérativement
indispensable d’instituer des mécanismes mettant fin aux situations
d’exploitation de la misère des employés par les employeurs qui réalisent
des surprofits consubstantiels.
On évoque très rarement les conséquences et les répercussions que le
travail au noir peut avoir. Les travailleurs au noir ne jouissent en général
d’aucune protection sur le plan des conditions de travail ni même de la
sécurité sociale. Toutefois, si le travail clandestin engendre des effets
négatifs pour la société, il faudra lui reconnaître sa capacité à répondre
aux besoins de sa clientèle particulière.
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