Transform ? Ni pour ni contre, bien au contraire !

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Transform ? Ni pour ni contre, bien au contraire !
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Le 27 août 2012
Transform ? Ni pour ni contre, bien au contraire !
A
la demande expresse de salariés gourmands voire gourmets de nos billets d’humeur et qui
semble-t-il trouvaient le temps long, du moins nous l’a-t-on par de quotidiennes sollicitations
exprimé ainsi, la CFTC se décide à sortir du maquis, pour tenter de dépeindre la curieuse
atmosphère dans laquelle se retrouvent les salariés, depuis le coup de tonnerre de la ratification
des si controversés accords du personnel au sol, dénommés Transform 2015.
La section syndicale est l’un des défouloirs favori de salariés soumis à des pressions constantes qui
déstabilisent tellement certains d’entre eux, que l’on se demande ce qu’ils deviendraient si cet
endroit devait à terme être remis en question, en raison d’un pragmatisme économique dont on
ne sait quels dommages collatéraux celui-ci pourrait engendrer ?
Nous avons reçu une foultitude de personnels et les avons attentivement écoutés, nous en avons
entendus par téléphone interposé, nous en avons lus tant d’autres, plus à l’aise avec le filtre des
nouvelles technologies, que dans le contact humain direct, que nous ne savons plus parfois ce qui
prédomine dans nos attributions, entre les prérogatives de la branche du transport aérien, le
périmètre d’activité Air France, la Direction Générale Industrielle ou les rôles au pied levé
d’assistant social, de confident sinon de psychologue, auxquels nous n’avons pas été préparés ni
formés, mais que nous exerçons avec le plaisir de voir ceux-ci nous quitter toujours en meilleure
forme et avec meilleur moral, que celle et celui qu’ils avaient précédemment.
Petite boutade, ce n’est pas toujours loin de là notre cas, la largeur de nos épaules en matière de
port de toute la misère réelle et/ou parfois supposée par eux-mêmes des personnels, trouve
parfois ses limites et c’est alors que l’on retrouve et expérimente avec bonheur la notion de
congés payés, pendant qu’il en est encore temps, avant que cela ne soit aussi encore un peu plus
remis en cause, pragmatisme économique oblige.
« On est libre de ce que l’on accepte ; on est prisonnier de ce que l’on refuse et avec quoi on
rentre en conflit » (Arnaud Desjardins)
Cette citation vient fort à propos corroborer la petite boutade précédente, car point n’est besoin
de se planter en permanence des banderilles pour se faire mal et refuser l’inexorable, dès lors que
l’on a plus prise sur les choses et les faits qui s’imposent à nous.
Conserver notre forme, équilibre et santé, requiert de notre part à tous un aggiornamento, seul à
même de nous permettre à l’avenir de poursuivre nos chemins tant personnels que professionnels
et nous ne pouvons que recommander aux salariés qui nous consultent, de conserver leur énergie
dans ces temps incertains, pour travailler ensemble à la perpétuation de notre outil de travail,
grande cause s’il en est, où un consensus sur le sujet ne nous semble pas relever du domaine de
l’impossible, parce qu’ « il s’agit de transformer les obstacles que nous rencontrons en points de
départs » professait Martin Luther King.
Le minimum syndical pré requis d’honnêteté, commande non seulement de ne pas dire n’importe
quoi, mais de sortir du manichéisme qui voudrait qu’il y ait les forces syndicales et patronales du
bien ou du mal contre les forces patronales et syndicales du mal ou du bien…
Trop simpliste sinon primaire à notre goût, l’entreprise étant constituée d’une telle multiplicité de
profils, chacun d’entre eux construit par sa propre histoire et ayant plus ou moins progressé et poli
son galet en roulant sa bosse au gré des services et des affectations professionnelles, sans oublier
l’emprise du monde extérieur sur le développement pédagogique et l’adaptabilité ou non, de
l’homo personnel au sol d’Air France, forme évoluée et aboutie de l’homo sapiens à qui il a
récemment succédé.
Comme l’a écrit Michel Audiard : « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards
sauvages ! » aussi la démocratie a-t-elle encore une fois eu bon dos, mais il en est de la
responsabilité des organisations signataires qui sont dans leurs prérogatives, que cela nous agrée
ou non et ce sera à leurs adhérents et sympathisants de manifester en temps et en heure leur
approbation des politiques conduites ou la sanction de celles-ci.
Nous prenons acte des contorsions des uns ou des autres et de la danse du ventre effectuée pour
séduire tant les personnels sensibles à l’intérêt de certaines mesures que ceux résolument contre
et leur rappelons que comme le dit si bien la sagesse populaire - il est difficile de faire plaisir à
tout le monde et à son père – et que le rôle de quelque organisation politique ou syndicale que ce
soit, n’est pas forcément de plaire au plus grand monde quoiqu’il puisse parfois leur en coûter.
Mark Twain disait qu’il y a 3 sortes de mensonges, le mensonge, le sacré mensonge et les
statistiques ; nos amis ultramarins ont inventé le rhum arrangé, nous avons inventé la démocratie
arrangée… « Les voix ne se pèsent pas, elles se comptent », disait Georges Clémenceau.
Puisse le plus grand nombre y retrouver son compte et l’entreprise s’en sortir haut la main, dans
cette déstabilisation économique qui affecte tous les entrepreneurs de transport aérien.
Comme dit la chanson, le temps qui passe ne se rattrape guère et celui-ci comme chacun sait
étant de l’argent, a précipité la rapidité d’exécution de la belle époque qui précédait la remise en
cause drastique de notre modèle social, contribuant ainsi fortement à laisser à nombre de salariés
un sentiment amer et désabusé, par la violence de la rigueur de ce plan.
Ce terme de rigueur, d’ailleurs banni par les politiques, à tel point que l’on se demande s’il ne va
pas sortir un jour du dictionnaire, le commun des mortels n’en connaissant plus le sens, bien que
les personnels au sol retrouvent celui-ci dans l’acception la plus rude du terme avec la signature de
Transform ; à quelque chose, malheur serait-il donc toujours bon, si peu que ce soit ?
L’insouciance de l’entreprise jusqu’à l’automne 2011, qui pourtant n’en était plus depuis belle
lurette aux prémices de l’adolescence, n’a pas été sans laisser les compagnons passablement
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désemparés, car si nombre de pilotes chevronnés étaient bien aux commandes de l’avion et si la
critique est toujours plus facile que l’exercice de l’art, ceux-ci restent encore un peu abasourdis
par les menus de la nouvelle carte, dans l’attente de la dégustation de leurs nouveaux modes de
fonctionnement.
Ils ont déjà peu ou prou éprouvé la mise en bouche des congés, mais le plat de résistance qui les
attend sitôt les départs volontaires effectués, laisse à penser que si ceux qui sont partis ne sont
pas morts un peu, ce sera dur pour ceux qui restent.
Quel que soit la précision de l’affutage des chiffres prévus de réduction d’effectifs, la mise en
regard des charges souhaitées et souhaitables auprès des « survivants » sera probablement l’objet
de palabres et les managers de proximité s’en donneront certainement à cœur joie, pour réguler
et gérer les nouvelles donnes.
Gageons toutefois qu’un peu de bonne volonté de part et d’autre, devrait faciliter la réfection de
ces parcours professionnels qui sera mise en pratique et ce sera à eux d’inventer la vie qui va avec
Transform.
A part pour quelques érudits que cela pourrait intéresser, nous ne savons pas vraiment lequel des
deux a commencé, du philosophe et essayiste Alain ou de l’écrivain et théoricien du politique
Antonio Gramsci, mais seuls comptent les messages qu’ils nous ont laissés.
Alain disait : « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté »
Gramsci lui : « Je suis pessimiste avec l’intelligence, mais optimiste par la volonté », il disait
aussi : « La crise, c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître », plus
littéraire : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaitre, et dans ce clairobscur surgissent les monstres »
De précédentes époques détestables étaient explicitement visées, mais cela pourrait
opportunément concerner tant d’autres époques antérieures à ce constat et peut tout aussi bien
s’appliquer à notre actualité économique générale ou particulière à Air France.
On peut remplacer « le vieux monde » par « la vieille compagnie » et « le nouveau monde » par
« la nouvelle compagnie », mais dans le clair-obscur où nous sommes, je vous laisse présager de ce
que pourraient être les monstres qui pourraient surgir… en formulant les vœux que ceux-ci
demeurent tapis dans l’ombre, facilitant ainsi l’incontournable mue permettant à ceux qui
resteront de gagner honorablement leur vie et de créer de nouvelles opportunités de
développement et d’embauches pour leurs successeurs.
Alors que vous soyez en accord ou pas avec Transform, prenant en compte tout autant la moitié
pleine du verre que la moitié vide et le fait que paradoxalement, il appert que nombre de salariés
non éligibles pour quelques raisons que ce soit au très populaire plan de départs volontaires,
souhaitent ardemment profiter dans l’avenir d’un encore hypothétique énième PDV, nous nous
demandons s’il est bien raisonnable de souhaiter que cycliquement, la compagnie se retrouve
dans de telles situations, détruisant ainsi massivement des emplois, pour sauter sur l’effet
d’aubaine dès lors qu’elle se présente ?
Rien là nous objecterez-vous que de très humain et c’est tout naturel, mais il faut se projeter
encore plus en aval pour appréhender correctement les dommages de telles pratiques.
Il est impossible de ne pas tenir compte de l’actualité dans sa globalité, qui nous enseigne que
beaucoup d’entreprises détruisent des emplois, pas toujours avec des accords limitant un tant soit
peu la casse et que cette destruction rend d’autant plus aléatoire la probabilité pour nos enfants
de mettre le pied à l’étrier du salariat.
Parce qu’il est impensable pour la CFTC de faire l’impasse sur l’avenir, nous devons prendre en
compte tous les aspects de la situation, si nous voulons en temps et en heure pouvoir s’opposer,
mais toujours proposer des alternatives en capacité d’éviter le pire, que serait l’inexorable érosion
du savoir être, faire et vivre ensemble, dans un but commun dépassant et de loin, les petits sinon
grands intérêts aussi légitimes soient-ils, de chacun.
Mettez votre mouchoir sur la rancune que vous pourriez éprouver, elle est toujours mauvaise
conseillère et vous fera plus de mal qu’à ceux auxquels vous aimeriez qu’elle le fasse, acceptez les
faits en faisant contre mauvaise fortune bon-cœur, car dans les résultats des consultations, la
démocratie eut-elle été arrangée pour certains ou non pour d’autres, seul le résultat global est à
prendre en considération.
Nous avons déjà utilisé récemment en matière de suffrages, une métaphore politique suite aux
résultats électoraux de la présidentielle, car à ce propos aussi, nous n’avons pas rencontré, écouté
et lu que des heureux et à ceux-ci, nous avons demandé s’ils auraient préféré que le précédent
gouvernement se comporte comme celui de son homologue syrien, tellement rancœur et détresse
exprimées étaient manifestes ?
Cela a semble-t-il instantanément coupé court à leur « malheur » tant l’image que nous renvoie la
Syrie est si loin de nos « contrariétés existentielles » aussi prégnantes soient-elles pour certains et
nous avons certainement moins de mal à inventer la vie qui va avec celles-ci, que tant d’autres qui
se débattent avec toute l’énergie et la force du désespoir, dans d’indicibles horreurs.
P
our ceux qui extrapoleraient le raisonnement, ne pensez pas qu’il faille tout avaler et la
fermer… ce qui serait un comble pour le syndicalisme, mais remettre les choses en
perspective, prendre du recul, donner du temps au temps et au final, comme l’exprimaient
nos prédécesseurs cités en amont, privilégiez l’optimisme de la volonté au pessimisme de la
raison, il en va de votre santé, elle le vaut bien et vous le valez bien !
Armand RUDE
Secrétaire général honoraire du SNGAF/CFTC
Tél : 01 41 56 71 21 - Fax : 01 41 56 97 78 - Courriel : [email protected]
SNGAF-CFTC Le Dôme C.P 10957 Tremblay en France 95 733 Roissy Charles de Gaulle CEDEX
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