ovins, note de synthèse

Transcription

ovins, note de synthèse
Etat des lieux partagé de l’agriculture Iséroise
La production ovine
(Version provisoire)
1.
La production en Isère
La production ovine du département de l’Isère est une production de viande, mis à part un tout petit nombre
de troupeaux laitiers au sud (une demi-douzaine de troupeaux) . La production 2004 est estimée à 49 000
têtes, pour 946 Tonnes Equivalent Carcasse. En valeur, cette production représente 1,2 % de la production
agricole du département en tenant compte des subventions spécifiques. En volume, la production est en
recul depuis 2000, de l’ordre de 5 %.
Les animaux vendus sont essentiellement des agneaux lourds atteignant de 15 à 22 kg de carcasse.
Quelques éleveurs vendent également de l’agneau de lait, abattu pour 10 à 13 kg de carcasse (361 agneaux
livrés à la Coopérative de Grillon en 2005).
2.
Les producteurs de l’Isère
•
•
3.
En 2005, 400 éleveurs ( ils étaient 700 en 1994) déclarent 42 500 brebis pour bénéficier de la PBC, soit
une moyenne de 106 brebis par troupeau. Parmi eux, 66 adhèrent à une Organisation de Producteurs
(OP), Coopérative de Grillon ou Agneau des Alpes, et déclarent 17 000 brebis, soit une moyenne de 260
brebis par élevage. Les 334 autres déclarent 25 500 brebis, soit une moyenne de 75 brebis. Au cours de
la décennie qui vient de s’écouler, la baisse du nombre d’éleveurs ovins a pu être atténuée en Isère
grâce au plan de restructuration de l’élevage ovin, rendu possible par le Conseil Général, qui a permis à
des éleveurs de maintenir leur activité et à d’autres de s’installer.
La taille des troupeaux est très variable. Lorsqu’il s’agit d’ateliers complémentaires, les troupeaux vont
de 50 à 200 têtes, et lorsqu’il s’agit de troupeaux au sein d’exploitations spécialisées les troupeaux sont
plus gros : de 300 à 500 et plus, selon le nombre d’UTH sur l’exploitation. Les éleveurs d’ovins
spécialisés sont surtout situés en zone de montagne dans le sud du département : Trieves, Mathésyne,
Belledonne. Ailleurs les ovins sont souvent associés à d’autres productions (la noix dans les
Chambarans et le Bas-Grésivaudan, les grandes cultures, mais aussi l’aviculture, le bois, le tabac,
etc…) ou concernent des double-actifs.
Evolution et état actuel du marché:
• La consommation française
Avec 232 200 Tonnes Equivalent Carcasse (TEC), la France est le deuxième pays consommateur de viande
ovine en Europe, derrière le Royaume Uni. La production ne représente que 106 900 TEC, soit 46 % de la
consommation.
• Les nombreuses importations
Les importations françaises, 125 200 TEC, proviennent majoritairement du Royaume Uni (41 %), de
Nouvelle-Zélande (environ 25 %) et d’Irlande (24 %).
Au niveau européen, les importations représentent 271 800 TEC. La Nouvelle-Zélande, où les coûts de
production permettent de pratiquer des prix défiant toute concurrence, est le premier fournisseur de l’Union
Européenne avec 81,9 % de ces importations, loin devant l’Australie (6,8 %).
• Les débouchés
Le principal produit est l’agneau (viande d’agneau). Le marché des brebis est peu porteur car l’animal adulte
ne propose pas une viande appréciée par le consommateur occidental. En revanche les animaux adultes
sont mieux vendus auprès d’une clientèle musulmane, mais en général les brebis non productives sont
vendues à un très petit prix ( de 1 à 30 €uros à la Coopérative de Grillon).
Plusieurs types de débouchés sont possibles pour les éleveurs de l’Isère
Ø La vente aux coopératives
La principale coopérative implantée sur l’Isère est la Coopérative de Die-Grillon. Elle vient chercher les
agneaux dans les exploitations et s’occupe de leur commercialisation. Elle propose un appui technique
et sanitaire ainsi qu’une vente d’aliments, de matériel et de produits vétérinaires pour ses adhérents. Un
tout petit nombre d’éleveurs du Sud sont adhérents à la Coopérative de l’Agneau des Alpes. Les
coopératives présentes sur l’Isère assurent un ramassage sur l’ensemble du territoire ce qui permet à
priori de produire de la viande ovine sur tout le département.
Si une petite partie de ce qui est vendu en coopératives est exportée (animaux vivants vers l’Espagne
par exemple ), la grande majorité de la production iséroise est consommée en France (abattoir à Grillon
dans l’enclave des papes et à Corbas).
Ø La vente aux bouchers
Pôle Economie ; Jean-Michel Cicéron
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Certains éleveurs ovins vendent directement à des bouchers qui commercialisent la viande en Isère ou
dans les départements limitrophes.
Ø La vente directe
La vente directe est possible grâce aux abattoirs existant dans le département : Grenoble (Fontanil), La
Côte-Saint-André, La Tour du Pin, La Mure et Bourg d’Oisans. Les abattoirs de Grenoble et de La Mure
peuvent également assurer la découpe. 6 points de vente collectifs offrent de la viande d’agneau à
Estrablin, Voreppe, Apprieu, La Frette, Bourgoin-Jallieu et Voiron. Dans ce cas, la production fournie par
l’éleveur doit être étalée sur l’année.
Ø La vente d’agneaux pour la fête de l’Aïd El Kébir
Elle est extrêmement fragilisée depuis 2004. En effet il était coutume que l’Isère accueille de nombreux
sites dérogatoires d’abattage destinés à faire face aux énormes besoins d’abattage pour cette fête.
Depuis Septembre 2004, ces sites sont résiduels : O en 2005 et 2 en 2006. Or la présence de ces sites
est nécessaire pour satisfaire les consommateurs musulmans, et de plus, le revenu d’un bon nombre
d’élevages dépend grandement des recettes liées à cette fête (cette situation semble favoriser l’achat
d’animaux vivants extérieurs au département).
La vente d’animaux vivants
Les éleveurs peuvent également vendre des agneaux vivants à des particuliers qui possèdent de petites
prairies à entretenir et à valoriser. Ces agneaux sont ensuite généralement abattus par les particuliers
pour leur consommation familiale.
La vente de reproducteurs
Certains éleveurs vendent à d’autres éleveurs des animaux pour la reproduction : béliers et agnelles.
Cas de la laine
Le prix de vente de la laine ne paie pas le coût de la tonte, mais certains marchés pourraient se
développer (isolation en laine, réflexions sur la vente de laine lavée).
4.
Les prix payés aux producteurs
Globalement en France, les prix ont assez fortement progressé en 2000 et 2001, et n’ont pas trop baissé
depuis. Contrairement au cours national de l’agneau, le prix de l’agneau livré en coopérative est en baisse
depuis 2001. En Coopérative le prix de l’agneau est fixé selon les prix du marché dont dépend la
coopérative et varie de semaine en semaine. Le prix de l’agneau est au plus bas en été et au plus haut en
fin d’année, ce qui correspond à une production d’agneaux déssaisonnés, au moment où ils sont les moins
nombreux. Ce prix est lié principalement à la conformation de la carcasse et il existe également des
« Filières Qualité » (Agneau de l’Adret, Agneau Terre d’Agneau et Grillonnet pour la Coopérative de Grillon)
exigeant le respect d’un cahier des charges précis.
En vente directe ou en vente d’animaux vivants, le prix varie selon le marché, mais de toute manière un
agneau est toujours mieux valorisé par ce type de vente que par une vente en Coopérative.
5.
Les perspectives et les enjeux
L’avenir de la production ovine est lié à plusieurs facteurs :
• La réforme de la PAC :
le recouplage à 50 % de la Prime à la Brebis devrait limiter les arrêts de production qu’aurait impliqué un
découplage total.
• Les importations :
les pays gros producteurs d’agneaux proposent des prix contre lesquels les éleveurs français ne
peuvent pas rivaliser ; les discussions en cours à l’OMC, avec en perspective la réduction des droits de
douane, ne permettent pas d’envisager une réduction de ces importations.
• La vente directe :
elle cherche a se développer mais les troupeaux importants ont souvent besoin de la coopérative pour
écouler toute la production d’agneaux.
• La lourdeur du suivi administratif en matière d’identification et du reste de la conditionnalité :
elle risque de décourager un certain nombre d’éleveurs qui sont lassés des contrôles. Beaucoup
d’éleveurs ressentent la dernière réforme comme pénalisante, aussi bien sur un plan financier que dans
leur travail au quotidien.
• La Tremblante :
si un jour on découvre des cas d’ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine) sur les ovins, cela pourrait
être aussi néfaste pour la filière que ça le fut pour la filière bovine. C’est pour cela que la France a mis
en place le programme de résistance contre la Tremblante.
• La sensibilisation de la population :
au sein du département comme au sein du pays, un des enjeux est de sensibiliser la population sur la
qualité de la viande ovine française (pour relancer sa consommation).
• La production ovine : dernier rempart de l’activité agricole :
L’élevage ovin est souvent la dernière production possible dans les zones difficiles. Il est donc le dernier
rempart qui garantit une activité agricole, bien souvent dernière activité humaine. En outre le
pastoralisme ovin prévient des risques d’avalanche et des risques d’incendie puisqu’il entretient des
territoires qui sans lui deviendraient friches. Ajoutons aussi que les moutons qui côtoient la montagne
ont depuis quelques années un ennemi bénéficiant de l’opinion publique, le loup, qui fragilise un peu
plus la stabilité des élevages dans ces zones.
Pôle Economie ; Jean-Michel Cicéron