DaralShaga_BIS_web - Opéra

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DaralShaga_BIS_web - Opéra
le projet
a
g
a
h
s
l
a
r
da
• opéra circassien en création mondiale
Jeudi 25 et vendredi 26 septembre 2014 à 20 h 30 en ouverture de saison
• musique
Kris Defoort
• livret
Laurent Gaudé
• mise en scène
Fabrice Murgia
• PERSONNAGES
La jeune Nadra – son père qui deviendra Daral Shaga – un émigré qui dialogue avec le chœur et
symbolise avec lui tous ceux qui sont partis
en quelques mots...
Opéra circassien pour 3 chanteurs, 3 musiciens, 5 acrobates et un chœur fantomatique
Daral Shaga, c’est d’abord l’histoire d’un mur qui sépare deux mondes, un mur que certains franchissent et que beaucoup
n’atteignent jamais, un mur qui les sépare de tout mais surtout de la liberté. La jeune Nadra, son père, un émigré et le
chœur racontent le voyage, la traversée, la perte de l’identité. Dans ce rêve d’exil, si actuel et si intemporel, tous les arts
se mêlent pour créer un conte universel, où l’indignation fait face au désespoir et la liberté à l’oubli. Entre les deux se
dresse un dieu nouveau qui naît en abandonnant la course : Daral Shaga est celui qui n’a pas pu sauter.
Tous les arts ? D’abord, la musique acoustique et enregistrée des instruments et de la voix, le cirque, la vidéo-live et le
texte (chanté, parlé, crié, surtitré), que Fabrice Murgia rassemble en une mise en scène brute, créant ainsi un cadre de
désespoir et d’injustice.
Tous les arts ? Plus particulièrement, le livret-poème de Laurent Gaudé qui met des mots sur un mythe que l’on ne
veut pas dire, prose contemporaine et chant antique à la fois ; et aussi le discours musical de Kris Defoort qui construit
avec trois chanteurs de Vocaal Lab (soprano, baryton, basse) et quelques instruments (piano, clarinette, violoncelle) un
univers onirique entre mélodie et rythme, entre avant-garde et évocation du passé, et où les voix réelles répondent à un
chœur fantomatique et virtuel.
Tous les arts ? Cinq acrobates de la compagnie Feria Musica, qui évoluent dans l’espace infini du premier opéra
circassien.
la réalité du monde qui l’entoure : elle abandonne
la quête d’au-delà pour se consacrer à la mise
en valeur de nos richesses d’ici-bas. Et au trésor
de la multiplicité des arts — arts légitimes comme
le théâtre, la danse et la musique, mais aussi
arts illégitimes dévolus aux classes populaires,
auxquels longtemps appartint le cirque.
Une nouvelle expression de
l’art total au XXIe siècle
Tout au long du XXe siècle, les compositeurs se
sont posé la question du renouvellement de l’art
lyrique. Que faire après Wagner ? Les révolutions
musicale, esthétique, artistique qu’ont fait naître
l’œuvre wagnérienne ont marqué les générations
— chacun de ses successeurs a tenté dans
son propre style et sa propre époque de faire la
synthèse des apports du Ring, de Tristan et de
Parsifal, que ce soit en France (déjà dans Pelléas
et Mélisande de Debussy), en Angleterre (Britten)
et, bien sûr, en Allemagne (Hindemith, Berg puis
Stockhausen).
Inspirée par les siècles passés, où danse (à l’ère
baroque) et théâtre (à l’ère classique) côtoyaient
la musique sur les scènes, la juxtaposition
des arts est devenue un pilier de notre culture.
Mais de tous les arts, cette fois : arts du cirque,
arts numériques, musique(s), littérature… Plus
question aujourd’hui d’imaginer un spectacle
en solo : la juxtaposition requiert une création à
plusieurs têtes où chacun apporte son expertise,
son idée, sa culture. Et si chez Wagner tout se
jouait au moment de la représentation (c’est dans
cette optique que fut construit le Festspielhaus
de Bayreuth, temple de l’art total), pour que
le spectateur accède à l’idéal recherché,
aujourd’hui le travail de préparation semble tout
aussi important — c’est là que se créent les liens,
que se confrontent les personnes, les idées, les
disciplines. Là est la vraie différence : le spectacle
contemporain est avant tout l’aboutissement
d’une recherche entre créateurs, pas forcément
l’élément qui doit la susciter auprès du spectateur.
Révolution musicale : celle de l’écriture ; révolution
artistique : celle du traitement de l’action ;
révolution esthétique : celle de l’œuvre d’art
totale, la Gesamtkunstwerk. La fusion entre les
arts, expérimentée avec succès à Bayreuth,
propose à l’auditeur-spectateur une vision
supérieure du spectacle habituel, portée par sa
symbolique et sa signification. Cette fusion est
possible lorsqu’un seul homme est à l’origine de
l’œuvre : dans Parsifal, créé pour et à Bayreuth,
Wagner, déjà librettiste et compositeur, en plus
d’être directeur de festival, donna de nombreux
conseils aux metteurs en scène et remplaça le
chef pour la dernière. Ce n’est qu’en 1914 que
les autres maisons d’opéra furent autorisées à
produire Parsifal : pendant plus de trente ans,
le Festspielhaus de Bayreuth en avait gardé le
monopole, dans la mise en scène de création.
Parsifal, c’était son œuvre à lui, où création
et production, composition et interprétation se
fondaient dans un tout — l’œuvre d’art totale de
Richard Wagner.
Dans cette recherche de création, chacun a sa
place, dans une totale cohérence et sans aucune
hiérarchie ; on ne cherchera pas à mettre une
musique sur un livret, ni à coller un texte sur
une musique ; on ne cherchera pas non plus à
interpréter dans la mise en scène la volonté du
compositeur… Non : le travail entre compositeur,
auteur, metteur en scène, compagnie, interprètes
(acrobates, chanteurs, instrumentistes) est
une œuvre simultanée, à même échelle. Elle
s’élabore pas à pas : Kris Defoort compose
après avoir choisi ses musiciens et fait évoluer sa
partition au fur et à mesure des répétitions — il y
aura même des parties improvisées ; le directeur
de compagnie et le metteur en scène sont eux
aussi en synergie pour construire l’esthétique
acrobatique ; toutes les têtes de Daral Shaga
créent ensemble une œuvre unique et plurielle.
Le concept de la Gesamtkunstwerk a largement
influencé les successeurs de Wagner et l’art
lyrique en général. Mais le XXe siècle multiculturel,
où tout se confronte, où tout se métisse, se
méfie de la fusion idéaliste et transcendante du
postromantisme. En se reconstruisant après
les grands désastres de la guerre, la culture
contemporaine cesse de chercher dans le
symbole un ailleurs supérieur pour s’intéresser à
Commande de l’OpéraThéâtre de Limoges et
de la Cie Feria Musica
aux auteurs
2012
Composition de
la musique
2013
Premières
séances de
recherche sur
la scénographie
Nov.
2013
Composition de
la musique
Premières
Travail
répétitions
acrobatique
de Vocaal lab
Répétitions
2e phase
de création
Janv.
2014
Avr.
2014
Mai
2014
musicales
Juin
2014
Laurent
GAUDÉ
AUTEUR
Kris
DEFOORT
L’écrivain imagine, compose, dessine
un texte nu et juste, qui décrit avec
une poétique précision l’espoir de
Nadra, la résignation de son père,
la sagesse de l’émigré-coryphée,
la détresse du chœur des émigrés.
Plus qu’un simple livret d’opéra,
le texte de Laurent Gaudé est la
charpente de l’œuvre, entre onirisme
et réalisme, au même titre que les
échelles des agrès et que les portées
de la partition.
metteur en scène
ensemble vocal
DIRECTEUR ARTISTIQUE
À la tête de la compagnie Feria Musica,
le directeur artistique met en piste : il
crée le mouvement, la « manipulation
des corps et des machineries ». Tandis
que Fabrice Murgia imagine le spectacle
et la confrontation des arts, Philippe de
Coen imagine le cadre acrobatique et
la confrontation des corps voltigeant au
mur qui fait obstacle.
3e phase
de création
Résidence et
création à
l’Opéra-Théâtre
de Limoges
Représentations à
la Scène nationale de
Besançon
SILBERSEE
(EX-VOCAAL LAB)
« Atelier sans frontière » de la musique
renaissance au hip-hop, les trois
chanteurs de Silbersee (ex-Vocaal Lab)
dessinent la courbe mélodique des
trois personnages, à laquelle font écho
les mouvements des acrobates… Dans
un numérique venu d’ailleurs, le chœur
virtuel et fantomatique de leurs voix
enregistrées chante dans la détresse
des émigrés.
Mettre en scène un opéra qui n’existe
pas encore : Fabrice Murgia ne
donne pas son interprétation d’une
pièce du répertoire, mais imagine
depuis l’origine la construction de
l’œuvre, l’imbrication des arts, la
confrontation des forces artistiques.
Philippe
DE COEN
FERIA
MUSICA
Co-commanditaire de l’œuvre, la Cie
Feria Musica s’est toujours lancée
dans l’aventure de la rencontre : celle
des acrobates et des chorégraphes,
celle des agrès et des décors, celle
du cirque et du théâtre, celle du
plateau et de la musique. Ils ont
imaginé un opéra où les acrobates
n’étaient ni de simples figurants ni
les acteurs principaux, mais une
rencontre de plus.
compositeur
Avec un piano, un violoncelle, une
clarinette et une clarinette basse,
le compositeur imagine, au fur et à
mesure de la construction de l’œuvre,
un discours musical immensément
riche, nourri d’inspirations classiques,
modernes, jazz, arabisantes, du solo
a cappella d’un chanteur à la palette
harmonique quasi orchestrale des
instruments et du chœur...
Fabrice
Murgia
compagnie circassienne
Représentations au
Maillon (Strasbourg)
daral shaga
Extrait
Extraits du livret
Toi, moi,
Et des milliers d’autres,
Aimantés par les lumières,
Sans fatigue,
Concentrés sur l’idée qu’il est des terres,
Là-bas,
Où l’on ne souffre pas
[…]
Ce qui ne tient pas dans les sacs,
Regarde-le longtemps.
Ce qui ne rentre pas dans nos poches…
Emmène-le en pensée.
[…]
Où vas-tu, alors ?
Là où j’ai perdu un peu de moi.
[…]
Tous nos voyages,
Toutes nos errances
Nous mèneront à ce point :
La grille.
Qui ne laisse passer personne sans le saigner.
[…]
Daral Shaga.
Le vieil homme qui ne meurt pas
Et veille sur ceux qui défient la barrière
Laurent Gaudé (né en 1972), 2013
Août
2014
Sept.
2014
Oct.
2014
Déc.
2014
Pour aller plus loin...
Pour seul cortège (roman, Actes Sud, 2012)
Mille orphelins suivi de Les Enfants Fleuves (théâtre, Actes Sud, 2011)
Ouragan (roman, Actes Sud, 2010)
Sodome, ma douce (théâtre, Actes Sud, 2009)
La Porte des Enfers (roman, Actes Sud, 2008)
Le Tigre bleu de l’Euphrate (théâtre, Actes Sud, 2002)
Kris Defoort Trio (jazz, W.E.R.F, 2012)
Kris Defoort Solo (jazz, W.E.R.F, 2012)
The Woman Who Walked into Doors (opéra, Fuga Libera, 2010)
The House of Sleeping Beauties (opéra, Fuga Libera, 2009)
ConVerSations / ConSerVations (musique de chambre, De Werf, 2005)
Autour de l’ÉMIGRATION
> Cinéma
L’Emigrant de Charlie Chaplin (1917)
America, America d’Elia Kazan (1963)
Eden à l’ouest de Costa-Gavras (2009)
Welcome de Philippe Lioret (2009)
Le Havre d’Aki Kaurismäki (2011)
Photo couverture : O. Jobard | Rédaction : C.-C. Guibert | Conception : A. Jouffriault / Opéra-Théâtre de Limoges | 09/2014
> Littérature
La Terre et le Sang, roman de Mouloud Feraoun (Seuil, 1953)
La Goutte d’or, roman de Michel Tournier (Gallimard, 1985) sur la quête
d’identité d’un petit berger saharien qui émigrera à Paris.
Persépolis, bande dessinée de Marjane Satrapi (L’Association, 2000-2003)
Partir, roman de Tahar Ben Jelloun (Gallimard, 2007) sur le rêve d’exil d’une
petite fille de Tanger.
Nouvelles Odyssées, 50 écrivains racontent l’immigration sous la direction
de Laure Barbizet-Namer (Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 2009)
> Musique
Mare Nostrum, livre-disque de Jordi Savall (Alia Vox, 2011) sur les
échanges musicaux, littéraires, culturels en Méditerranée au travers des
bouleversements de l’Histoire et des migrations des hommes
Laurent Gaudé
1972 /
Naissance à Paris
1999 /
Première pièce de théâtre Combat de possédés
2001 /
Premier roman Cris (Babel)
2002 /
Goncourt des Lycéens pour
La Mort du roi Tsongor (Babel)
2004 /
Goncourt pour Le Soleil des Scorta (Babel)
2006 /
Parution de son roman Eldorado (Babel)
qui narre la rencontre d’un garde-côte de
Lampedusa et d’une jeune survivante d’un
bateau de la mort…
Kris Defoort
1959 /
Naissance à Bruges
2001 /
Création de son premier opéra The Woman
Who Walked into Doors à Anvers
2004 /
Prix de la Communauté flamande
2009 /
Création de son second opéra The House of
Sleeping Beauties à La Monnaie de Bruxelles
2012 /
Sabam Jazz Award et Jazzmozaïek Award
2014 /
Création de Human Voices Only (commande de
l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam) et
résidence au KlaraFestival
EN PROJET...
2015 /
Concerts avec l’orchestre baroque belge B’rock,
qui mêle baroque et contemporain
2018 /
Création de son opéra The Time of our Singing
à La Monnaie de Bruxelles
(m.e.s. Ivo van Hove)
Autour de l’opéra circassien
> Sur le web
« Daral Shaga, portrait d’une création » : le blog, semaine après semaine, de la création de l’opéra – interviews, vidéos, textes, photos,
coulisses… http://www.feriamusica.org/daralshaga/
> Littérature
L’œuvre d’art totale, E. Konigson (CNRS Editions, 1995)
Le cirque contemporain : un voyage artistique, O. Leclerc (Éd. Prochaine Escale, 2013)
Avant-garde, cirque ! Les arts de la piste en révolution, J.-M. Guy (Éd. Autrement, 2001)
> Musique
Sama Samaruck Suck Suck, opéra cirque de Carles Santos, créé en 2002 à Valence
Le Sourire au pied de l’échelle, opéra cirque pour tous publics de François Raulin, créé en 2002 à l’Amphithéâtre Bastille.