LE GRAND CHIC

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LE GRAND CHIC
OBJETS DÉCO
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LE GRAND CHIC
Banquette, divan, lit de jour, des structures conçues pour le repos, la réflexion, la rêverie…
Esthétique du confort à l’horizontale.
PAR ANNE-FRANCE REMY
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DES LITS DE REPOS
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1/ Paris, en hêtre stratifié et lamelles élastiques, revêtement tissu ou cuir, design Bruno Mathsson, 5 043 €. La Boutique Danoise. 2/ Eyre, structure chêne, revêtement simili
cuir, 500 €. Habitat. 3/ Flavigny, structure chêne, revêtement tissu, design Jean Prouvé, collection Prouvé Raw, édition limitée 1945, 3 636 €. Vitra. PHOTOGRAPHE : JORMA
MUIJTJENS 4/ Day Bed One, structure chêne, matelas en laine et latex, 2 390 €. Another Country. 5/ Morini, piètement chrome et revêtement cuir, 1 725 €. BoConcept.
6/ Banquette Bi, structure en teck, tissu velouté, 1 540 €. Kann Design. 7/ Barcelona, cadre en bois, pieds en acier poli, sangles en cuir, revêtement cuir, design Ludwig Mies
van der Rohe, à partir de 10 632 €. Knoll. 8/ William, structure aluminium et revêtement tissu ou cuir, design Damian Williamson, à partir de 2 500 €. Zanotta.
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OBJETS DÉCO
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JA(E)UNE
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Le retour des années 1980 se traduit par la résurgence de coloris oubliés
comme le jaune qui opère un come-back détonnant – une couleur jeune qui
vous met une pêche d’enfer.
PAR ANNE-FRANCE REMY
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1/ Fauteuil bridge équipé d’un astucieux système pour varier la hauteur de l’assise. Structure en chêne, revêtement en Skaï jaune, 300 €. Rien à cirer.
2/ Lampe de table FlowerPot en aluminium laqué. Design Verner Panton, 269 €. And Tradition. 3/ Table d’appoint Around en bois. Design Thomas
Bentzen, 319 €. Muuto. 4/ La chaise Kuskoa affiche un recto en laine et un verso en bois. Design Jean-Louis Iratzoki, 370 €. Alki. 5/ Le canapé Coogee
est inspiré du design des fifties, 1 700 €. Sentou. 6/ Applique Pigeon Light en Plexiglas. Design Ed Carpenter, 98 €. Design de Collection. 7/ Chaise en
chêne. Design Sylvain Willenz pour la marque japonaise Karimoku, 700 € chez FR66. 8/ Bibliothèque sans fond disposant de huit compartiments, deux
tablettes avec butée arrière et un serre-livres, à partir de 1 460 €. USM. 9/ Le buffet FJ-6 à deux portes coulissantes encadré de teck est équipé de
six tiroirs assortis à la couleur des portes. Design Finn Juhl, 6 019 €. Galerie Triode et Design Ikonik.
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DESIGN, VOUS AVEZ DIT DESIGN
Habitat : Favresse élu,
promesse tenue
Hervé Giaoui, le nouveau président d’Habitat, a demandé au designer Pierre
Favresse (34 ans) d’en dessiner le futur. En magasin à partir de mars prochain,
sa collection printemps-été 2013 forme une offre globale pleine d’un bon sens
qui sublime la fonction.
PAR GUY-CLAUDE AGBOTON
E
n décembre 2011, Pierre Favresse s’est d’abord installé dans son nouveau
studio du faubourg Saint-Antoine avec juste quelques feutres et des feuilles
de papier A4. Première mission : dessiner et développer les collections d’Ha-
bitat. « Quand j’oriente les collections, ça doit rester très ouvert », précise-t-il. La
collection printemps-été 2013, qui sera dévoilée en magasin à partir de mars, a été
travaillée pendant un an, sans corset, avec ses cinq coéquipiers et de concert avec
les chefs de produits d’Habitat, des limiers rompus à la géo-localisation du bon matériau et des bons fabricants. Toujours soucieux de leur nécessité, Favresse suit tout
le développement des produits. De fait, sa collection n’est pas extravagante. Elle privilégie l’émotion de l’objet simple en sublimant un peu sa fonction. « Je reste Pierre
© FRANCK JUERY
Favresse. Si j’ai accepté ce poste, c’est en pensant que mes dessins pouvaient correspondre à l’univers d’Habitat », ajoute-t-il. Sa table Butler en chêne n’a rien de
basique. Protégée du soleil par un auvent qui se range à l’intérieur du plateau, Butler devient à l’intérieur un élégant espace de convivialité. « Il faut savoir mettre les
curseurs au bon endroit pour faire dialoguer les matières et les formes », ajoute
Favresse. Même sa carafe Alfie le démontre. Paraison trempée de bleu, elle fait penser à de la verrerie rare, mais sans le prix premium.
Redonner de la douceur à Habitat
« Rendre la création accessible fait partie des fondamentaux d’Habitat », confirme
son auteur. Pour la bibliothèque Banon, il est parti des cubes de rangements modulables à succès qu’Habitat avait abandonnés. Il a ajouté à ce meuble bon marché en placage de chêne des portes en forme de voilage en métal laqué. Léa Padovani et Sebastien Keller, le duo de Pool, lui a aussi dessiné Parasol, une lampe à
poser en métal laqué évoquant l’instrument qu’on a planté cet été sur le sable.
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En haut à gauche :
La table Butler est dotée d’un auvent qui
se range dans sa structure.
En haut à droite :
Pour la bibliothèque Banon, Pierre Favresse
s’est inspiré des cubes de rangement
modulables, un best-seller historique
d’Habitat.
Ci-dessus :
Pour Pierre Favresse, le but est de faire
d’Habitat « une marque créative, douce et
généreuse ».
« Pour moi, Parasol est magique. C’est avec ce type de produit qu’Habitat peut se
démarquer. » Côté sofa et fauteuil, l’œil s’arrête sur les Bumpy aux accotoirs et dossiers rebondis comme des savonnettes, le tout tendu de tissu extensible taupe. « Je
voulais redonner de la douceur à Habitat, donner l’envie de caresser les choses »,
commente Favresse. Il veut voir arriver ou revenir chez Habitat les amateurs de design accessible, les urbains prescripteurs et tous ceux qui recherchent simplement
des objets pratiques. Habitat leur propose de fait tout un univers, outdoor compris.
Les petits objets de la maison sont cette saison bleu, orange et blanc. Même le panier à bouteilles est sexy, en bleu ou blanc. « Je pense que les gens aiment bien ce
qui est joli, l’élégance des choses », conclut le Jiminy Cricket d’Habitat. Les produits
Ci-dessus, de gauche à droite :
Casier Bouteille, canapé Bumpy
et lampe à poser Parasol vont renouveler
l’image d’Habitat.
sortis, le catalogue adoptera le régime Favresse. Ce n’est pas du lifting, c’est juste
du design !
Hervé Giaoui, président du groupe
CAFOM, leader de la vente en ligne de
mobilier dans les Dom-Tom, a racheté il
y a un an Habitat Europe (à l’exception
du Royaume-Uni et de l’Irlande). Cet
entrepreneur et le directeur de la création qu’il a choisi professent la même
soif de design au pays du réel.
•
que chez Habitat. Notre ambition, c’est que
mettre à jour. Vous savez, si Terence Conran
dans cinq ans, Pierre Favresse soit un grand
a été anobli, c’est parce qu’il a démocratisé le
designer. Quand bien même il partirait juste-
design. On va aussi faire venir à nouveau des
ment parce qu’il a atteint ce statut, il reste-
produits du Japon.
rait à vie l’homme du renouveau d’Habitat.
Pourquoi organiser aux Puces des ventes
Qu’est-ce qui va changer chez Habitat ?
permanentes de mobilier chez Habitat vin-
On peut très bien imaginer des hôtels Habi-
tage ?
tat, des bagages Habitat, des parfums d’in-
Toutes les grandes marques devraient avoir
Pourquoi Pierre Favresse ?
térieur Habitat, des meubles, des luminai-
leur magasin de vintage. Sinon, les faussaires
Il avait compris qu’Habitat n’était pas qu’un
res… Nous sommes en train de signer un
auront le champ libre pour fabriquer du faux
marchand de meubles mais un fabricant de
accord avec un groupe hollandais qui va dis-
vintage. Si un produit est très demandé en
design. Il m’a dit aussi qu’il se verrait bien des-
tribuer nos produits, notamment en Austra-
vintage, nous pouvons même le rééditer. Plus
siner des vélos. Là, on est déjà en train de pré-
lie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du
la boutique vintage réussira, plus Habitat
parer des bagages, des produits audio et de
Sud. Nous avons toutes les archives Habitat
s’installera pour l’éternité. Les grands desi-
l’électroménager qui ne seront pas vendus
en dessins que nous allons progressivement
gners sont éternels !
IDEAT 95
HAPPY BIRTHDAY A gauche :
La chaise haute pour bébé
Ovo (Micuna) est devenue
la carte de visite du studio
Culdesac.
A droite :
Alberto Martinez (à gauche)
et Pepe Garcia, les créateurs
de Culdesac, autour de
la desserte MInimar Mist
(Punt Mobles).
Ci-dessous :
Dessinée pour l’horloger
italien Lorenz, la montre
Neos (2006) a reçu un
Compasso d’Oro et
un Reddot Award, deux
récompenses prestigieuses.
L’affaire est
dans le sac
CuldeSac vient de souffler ses dix bougies ! Rencontre à Valence avec le duo
fondateur de ce studio de design 100 % ambitieux et 0 % chichis.
PAR MIKAEL ZIKOS
D
ans le décor pavillonnaire d’un quartier populaire de Valence, derrière une
BIO EXPRESS
anonyme porte de garage, fourmille en open-space une trentaine de créa-
2002 : Ouverture du studio et
tifs décontractés derrière leurs Mac. Bienvenue chez CuldeSac ! L’effer-
bouteille pour La Mediterrannea.
vescence est palpable à quelques heures de leur rétrospective à La Rambleta, le tout
2006-2007 : Fauteuil Whisper
proche centre culturel. Pepe Garcia et Alberto Martinez sont à la tête de cette pe-
(Bernhardt), montre Neos (Lorenz)
tite famille au nom évoquant leur premier studio situé dans une impasse. Boudant
et Sofa lamp avec Héctor Serrano
Londres (où ils ont étudié au RCA) et Barcelone (« trop effervescente »), ils sont re-
(Moooi).
venus à leur Valence natale. Après des premiers jets remarqués avec une bouteille
2008-2011 : Evénements pour
en terre cuite (clin d’œil aux carafes traditionnelles) et une collaboration avec l’his-
Tiffany & Co, LVMH, H&M, Roca…
torique Lladró, ils étendent vite leur champ d’action pour séduire l’étranger : « Du
2011 : Chaise haute Ovo (Micuna)
design produit et Web à l’architecture d’intérieur, du branding à l’événementiel »,
et autoproduction des
précise Alberto. Automobile (Aston Martin, Seat…), luxe (LVMH, Swarovski,
tables Welding Wood.
Tiffany…) et firmes lifestyle gourmandes (huile d’olive El Poiag, pinceaux pour
2012 : rétrospective « The Positive
Valentine…) ont toqué à leur porte pour leur expertise, union de concepts expéri-
Collide! » pendant la Feria Hábitat
mentaux et d’un style contemporain et international aux lignes pures. « Nous
Valencia et branding pour Aston
avons le goût du risque mais nous nous devons de produire des objets commer-
Martin et Delpozo.
cialement viables avant tout… Et tout sauf hispanisants ! » défend Pepe alors
qu’Alberto confie ses rêves les plus fous : « On pourrait construire une église ?! »
A l’instar de leur montre Neos, lauréate des prestigieux Compasso d’Oro et Red Dot
Award, leurs pièces destinées à l’habitat jouent une partition technique efficace par
l’usage réduit des matériaux : assises racées pour Bernhardt, desserte raffinée chez
Punt Mobles et leur best-seller, une chaise pour bébé en kit. Le tout, sans céder aux
sirènes du green : « Nous ne sommes pas intéressés par l’éco-design, cher à produire et encore renié par la majorité des entreprises. » A trois employés par
projet et à hauteur de cinq livraisons par an, CuldeSac carbure global, au carburant
smile et au discours sans plomb : « Nous gagnons peu de royalties mais la bonne
tenue des relations au sein de la boîte est ce qui nous rend heureux et permet l’autocritique. » La bonne recette pour rouler encore longtemps.
www.culdesac.es
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JEUNE DESIGNER
Arnaud Lapierre,
Révélation design des Audi Talents Awards 2011 qui récompensèrent son luminaire Field, Arnaud Lapierre revendique une certaine liberté de création. Une autonomie
assumée qui n’empêche pas le jeune homme de fourmiller
de projets. Si Field illumine désormais le catalogue de Petite
Friture, c’est en architecture d’intérieur qu’Arnaud pourrait
prochainement briller.
© BERTHIER
électron libre
PAR PIERRE LESIEUR
P
lus inspiré par Pierre Soulages que par Philippe Starck,
Arnaud Lapierre n’hésite pas à marcher en dehors des
clous. « J’essaye de ne pas me focaliser sur l’univers
du design, de rester en dehors de ce vase clos », avoue-t-il.
Préférant s’intéresser à l’art contemporain, au cinéma ou à la
photo qu’à sa place parmi ses pairs, il confesse tout de même
apprécier le travail de certains d’entre eux comme les frères
Bouroullec, Benjamin Graindorge ou encore Konstantin Grcic.
Le discours est d’ailleurs à l’image du parcours du jeune homme,
éclectique. Enfant, ce n’était déjà pas les objets qui captivaient le
petit garçon, mais leur histoire : « Ma première fascination était
pour les objets anciens. Avant de m’initier au design à l’ENSCI,
j’ai d’abord étudié l’archéologie à la Sorbonne. »
Après ses études, Arnaud décroche un poste de responsable designer chez Jean Nouvel avec qui il partage le goût de la narration
et du contexte. Pendant quatre ans, il y suivra des projets d’édition de mobilier pour Molteni ou Poltrona Frau.
En 2011, Arnaud reprend son indépendance en se consacrant à
son propre studio de création. Depuis son domicile parisien, le
jeune homme multiplie les projets. Collaborant avec Cinna pour
qui il crée Arnaud, une superbe lampe vide-poche très graphique,
exposant dans des galeries telles que Triode ou Maat il y a
quelques mois, sa sculpture Ring – un énorme cylindre composé
de miroirs – destructure la place Vendôme à Paris. « J’aime les objets en deux temps : perception et utilisation, explique-t-il, quand
il faut que l’utilisateur mette du sien pour comprendre l’objet. »
Dernièrement, Arnaud a ajouté la corde de l’architecture d’intérieur à son arc. Outre des appartements et une pâtisserie à Paris, il travaille sur un projet de station de métro londonienne,
complètement automatisée et fonctionnant grâce à l’énergie solaire. Dès février, sa lampe Field sera éditée par Petite Friture.
« C’est un objet qui marque un tournant dans mon expression
de designer. On reste dans la notion d’usage, mais aussi de
contemplation. »
98 IDEAT
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De haut en bas :
Le luminaire Field a gagné l’enthousiasme du jury des Audi Talents Awards 2011.
Arnaud, lampe vide-poche (Cinna). Ring, sculpture installée place Vendôme à Paris.
ÉCO-DÉCO
Y’a pas
le feu au lac
prépare son avenir
en douceur
Née sur les terres jurassiennes, la jeune maison d’édition propose une ligne de
produits simples et ludiques en s’appuyant sur un savoir-faire local qu’elle
contribue à préserver. Ou comment faire d’un pur produit du terroir l’expression même de la modernité.
PAR OLIVIER WACHÉ
A
l’heure où le « made in France » tend à devenir LA formule qui fait vendre,
Y’a pas le feu au lac en possède tous les atouts. La jeune entreprise est née
au milieu des bois, sur les terres fertiles du Jura, de la rencontre de Gré-
gory et Marie Bodel, tourneurs-tabletiers, avec le designer FX Balléry. « C’est notre conseiller financier qui a eu l’idée de nous mettre en contact », explique Grégory Bodel. Pour ne pas être qu’une maison d’édition de plus, le couple choisit un
positionnement précis : l’artisanat local et le bois, pour développer une offre d’objets de décoration et de petit mobilier design. Au printemps 2010, la rencontre avec
FX Balléry fait mouche : le designer, lui aussi originaire de la région, partage les
mêmes envies. Si bien que contrairement à son nom, Y’a pas le feu au lac démarre
sur les chapeaux de roue. FX Balléry dessine les objets et s’entoure de designers
rencontrés au Royal College of Art de Londres où il a étudié, comme Ed Carpenter,
André Klauser ou Laurens Van Wieringen. Il complète l’équipe en sollicitant Alissia Melka-Teichroew (by AMT), Adrien Haas et Véronique Maire. Grégory Bodel s’occupe de la gérance, supervise la production, la logistique et les achats ; Marie pilote le back-office. « En quelques mois, un premier catalogue a vu le jour, et deux
ont suffi pour le prototypage des produits », se souvient Grégory Bodel. Y’a pas le
feu au lac naît juridiquement en décembre 2010 et le lancement officiel s’effectue
trente jours plus tard, lors du salon Maison & Objet de janvier 2011.
Un accord gagnant-gagnant
L’offre rencontre immédiatement son public. Les objets séduisent par leur fraîcheur,
leurs formes ludiques, comme « Perrette », une série de contenants évoquant les
pots au lait d’antan, ou « Kart », une collection de plats à roulettes… Mais aussi
pour leur « vernis » écolo. « Cet aspect durable a séduit les consommateurs et les
revendeurs, estime Grégory Bodel. Tout est fait main, les matériaux sont locaux,
100 IDEAT
Page de gauche, en haut :
Fruit Boom est une coupe à fruits
dessinée par Laurens Van Wieringen.
En bas :
Les boîtes gigognes Matriochka
créées par André Klauser.
Ci-contre, de gauche à droite :
Le designer FX Balléry est à l’origine
de PIK et du bougeoir Les Perles XXL.
Tous ces produits sont réalisés
en acier, en hêtre, laqué ou non.
En bas :
Grégory Bodel, gérant
de Y’a pas le feu au lac.
nos fournisseurs sont à moins d’un kilomètre à la ronde. » Si la maison d’édition
revendique son côté traditionnel et artisanal, elle cache une autre spécificité.
« Nous nous appuyons sur un partenaire principal qui réalise 90 % de nos produits », explique le gérant. Un pari dangereux ? Plutôt une façon d’assurer un avenir commun dans un accord gagnant-gagnant. Car le prestataire en question est
AS’BOIS, l’entreprise de tournerie-tabletterie des parents de Marie, qu’elle et Grégory devraient reprendre dans quelques années. La décision de créer Y’a pas le feu
au lac a d’ailleurs été mûrie en famille. « Faire d’AS’BOIS notre principal fournisseur, c’est à la fois compter sur leur savoir-faire et limiter les coûts puisque nous
n’avons pas eu à investir dans le matériel, explique Grégory. Pour eux, c’est l’assurance d’un chiffre d’affaires additionnel, car Y’a pas le feu au lac représente déjà
15 % de leur activité. »
Progression mesurée
En limitant ses frais de fonctionnement, l’éditeur peut se concentrer sur d’autres aspects, comme la communication, véritable nerf de la guerre. Avec les salons, importants pour s’assurer une notoriété, ce budget représentait en 2012 pas moins de 10 %
du chiffre d’affaires. Mais le jeu en vaut la chandelle. Ces rendez-vous permettent à
la maison d’édition de se faire connaître du grand public, mais surtout des professionnels et distributeurs français et étrangers. Conséquence directe, elle réussit à exporter 60 % de sa production en Europe, mais aussi vers la Chine, le Japon, la Corée… Sa présence sur le salon de Milan en avril dernier lui a ainsi permis de
décrocher un contrat de distribution avec Neo-Utility pour les Etats-Unis. En France,
l’offre se retrouve dans des points de vente haut de gamme parisiens (Printemps,
Home autour du Monde, Le Bon Marché), dans des boutiques phares de province et
sur Internet avec des sites à forte notoriété comme Madeindesign.com. Cette approche
Y’A PAS LE FEU AU LAC, C.A. :
à la fois prudente et raisonnée a pourtant entraîné une progression spectaculaire du
2011
chiffre d’affaires de Y’a pas le feu au lac. De 47 000 € sur le premier exercice (9 mois),
47 000 € (9 mois d’exercice).
il est passé à 210 000 € en 2012. « Nous allons atteindre l’équilibre, indique Grégory,
2012
avec un premier objectif fixé à 300 000 € cette année, puis à 500 000 €. » Dans les
210 000 €.
prochains mois, d’autres designers viendront apporter leur contribution, comme l’ont
2013 (objectif)
fait récemment Axel Delbrayère et Godefroy de Virieu, diplômés de l’ENSCI. Tout en
300 000 €.
conservant la même typologie de produits, l’éditeur devrait évoluer vers le petit mo-
60 % à l’export
bilier, « sans viser le gros meuble ou la chaiserie, qui ne sont pas notre domaine ».
(Europe, Asie, Etats-Unis),
Une progression à pas comptés, à l’image de la marque.
•
40 % en France.
IDEAT 101
RENCONTRE
LIGNES DE DÉMARCATION :
le charme discret de l’appareil chic
Lignes de démarcation, nouvel éditeur de luminaires, vient d’être lancé par Claude et Didier Delpiroux, père et fils à la tête
de l’atelier qui produit les lampes cultes du designer Serge Mouille. Leur nouveau label démarre avec les magnifiques rééditions de quatre luminaires fifties de Michel Buffet. Eclairage, côté éditeur.
PROPOS RECUEILLIS PAR GUY-CLAUDE AGBOTON / PHOTOS FRANK KAPPA
Pourquoi avoir créé Lignes de démarcation ?
Impossible d’imaginer ces lampes en couleur ?
Didier Delpiroux : Mon père et moi avons tou-
A la demande de Michel, nous n’éditons que du blanc. Le lampadaire
jours eu l’idée d’éditer d’autres designers que
B211 n’a été édité à l’origine qu’en blanc. Si vous le trouvez en cou-
Serge Mouille. Notre rencontre avec Michel Buf-
leur, c’est qu’il a été repeint ou que c’est un faux.
fet et le début de Lignes de démarcation sont
concomitants. D’autres designers seront ensuite
Les lampes de Michel Buffet sont-elles vendues en édition limitée
édités, comme François Azambourg.
ou à la commande ?
A la commande. Ce n’est que du travail artisanal. Quelqu’un d’autre
Pourquoi Michel Buffet ?
pourrait le faire, mais aurait-il respecté scrupuleusement la démarche
Ses créations sont contemporaines de celles de
de Michel Buffet ? Il est venu au moins dix fois à l’atelier pour assu-
Serge Mouille. Dans les deux cas, c’est la même intransigeance, la
rer la direction artistique et technique de ses créations.
même recherche d’épure et le même style. Prenez le lampadaire tripode B211 de Michel Buffet, avec ses deux mâts et sa coupole, c’est
Qu’apporte le design des fifties aujourd’hui ?
proche de notre travail.
On pourrait croire que les lampes de Michel Buffet ont été dessinées
l’année dernière. Quand mon père et moi les avons vues, on ne s’est
Peu de matériaux, peu d’effets, c’est ça le style Buffet ?
pas posé de questions. C’est un coup de cœur… et une chance !
Oui, d’ailleurs j’aime assez sa façon un rien surannée de parler d’« appareils d’éclairage ».
Michel Buffet a écrit tout un livre sur son parcours, de ses luminaires
au Concorde. Le fait d’être à peu près de la même génération,
Il relativise ainsi la tendance arty de certains luminaires…
Claude Delpiroux, cela a-t-il aussi joué pour vous ?
Oui, il donne plutôt dans le très concret. S’il fait des luminaires
Claude Delpiroux : Lui et moi sommes nés le même jour… de la
blancs, c’est parce qu’à l’inverse de Serge Mouille qui préférait que les
même année : le 1er novembre 1931 ! C’est un hasard incroyable. Nous
lampes soient noires et graphiques, il joue plutôt sur l’idée du lumi-
avons donc en commun, indépendamment d’un certain esprit pour
naire vecteur de lumière. Il ne se focalise pas sur l’objet.
produire des lampes, des tas de souvenirs.
102 IDEAT
•
De gauche à droite : lampadaire B211 (1952), applique B206 (1953), lampe orientable B203 (1954) et lampe à poser B201 (1953). En bas à gauche : Claude et Didier Delpiroux,
éditeurs de Serge Mouille et Michel Buffet. Ci-contre : Le designer Michel Buffet.
Michel Buffet, dans quel contexte sont nées ces quatre lampes au-
vous disiez que vous faisiez du de-
jourd’hui rééditées ?
sign, on vous regardait comme si
J’étais encore à l’école et je commençais alors à travailler avec les rares
vous tombiez de la Lune. Au-
personnes qui tournaient autour du contemporain. J’avais d’abord
jourd’hui, la coqueluche populaire
imaginé le lampadaire en pensant le produire moi-même. C’était in-
s’est emparée de ce mot. J’oserais à
fernal… Par ma mère, acheteuse pour un grand magasin parisien, j’ai
peine dire que j’ai fait du design
connu l’éditeur Robert Mathieu qui l’a produit en 1952. Les trois au-
(rires) !
© DIDIER DELPIROUX
A 81 ans, le designer Michel Buffet a vécu des pans entiers de la grande époque du design français, aux côtés de Raymond
Loewy pour l’intérieur du Concorde. Il a assuré la direction artistique de la réédition de ses quatre lampes.
tres ont été éditées ensuite par Luminalite.
Quelle serait, selon vous, la définiLes matériaux étaient-ils les mêmes qu’aujourd’hui ?
tion la plus juste du design ?
Pratiquement. J’utilisais du métal laqué, de l’acier ou de l’aluminium,
Celle de Tomás Maldonado, du International Council of Societies of
comme pour le lampadaire. Pour la lampe à poser près de la télévision
Industrial Design : « Le design est une activité créatrice dont le but est
(B201), j’ai utilisé du Rhodoïd, abandonné ensuite pour des raisons de
de déterminer les qualités formelles des objets produits industrielle-
sécurité. On est donc passé au Lexan, le Celluloïd des petits canards
ment. Par qualité formelle, on ne doit pas seulement entendre les qua-
de bain de votre enfance.
lités extérieures, mais les relations structurelles et fonctionnelles qui font
de l’objet une unité cohérente. »
Pourquoi des lampes uniquement blanches ?
Parce que c’est la couleur la plus proche de la lumière et je voulais
N’y a-t-il que chez Lignes de démarcation que l’on pouvait éditer ces
jouer avec l’ombre et la lumière. La plupart de mes appareils misent
lampes comme vous le vouliez ?
sur la lumière indirecte. Pour moi, un appareil d’éclairage, c’est un ou-
Tout est fortuit dans cette rencontre. Une cinéaste, Danielle Schir-
til utile. A partir du moment où il est allumé, son but est d’éclairer.
man, faisait un film sur le Concorde. J’avais des souvenirs et du ma-
Eteint, il disparaît dans l’habitat. C’est un objet technique, mais qui
tériau. Elle a vu chez moi des appareils d’éclairage que j’avais gardés.
ne doit pas en avoir l’air.
Elle me parlait de l’intérêt de les rééditer. Et quand elle a fait un film
sur les lampes noires de Serge Mouille et rencontré les Delpiroux, elle
Vous êtes partisan du design efficace…
s’en est souvenue. Pour la suite, on verra après, j’ai encore dans mes
Aujourd’hui, le terme même de design est galvaudé. Avant, quand
cartons plein de projets qui n’ont pas été réédités.
•
IDEAT 103
ARRÊT SUR MARQUE
Le monde
de Pedrali
Des formes essentielles, des produits durables, une multitude de finitions et de
couleurs… Pedrali n’en finit plus d’étoffer son catalogue ni de multiplier les
collaborations avec de talentueux designers. Un succès florissant qui n’empêche pas cette entreprise italienne de mobilier pour le bureau et la maison de
conserver un éternel esprit de famille.
PAR PIERRE LESIEUR
S
i l’Italie est une terre de design, c’est aussi un pays où le sens de la famille
compte énormément. En 2007, une étude européenne révélait ainsi que
93 % des entreprises italiennes étaient familiales quand la France culmi-
nait à seulement 60 %. Loin de faire exception à cette règle culturelle, l’histoire de
Pedrali, une entreprise d’ameublement de la région de Bergame, est indissociable
de la famille de son fondateur homonyme, Mario Pedrali. C’est en 1963 que tout démarre, quand cet artisan commence à travailler le métal pour créer des chaises et
des tables. Faisant de ce matériau sa première spécialité, l’homme s’associe un peu
plus tard avec l’architecte Luigi Vietti. Cette collaboration se traduit par le développement progressif du catalogue Pedrali. A la fin des années 1990, l’entreprise
prend un virage stratégique avec l’arrivée aux commandes des deux enfants de Mario. Monica devient responsable marketing et Giuseppe s’occupe de la production
et du développement des nouveaux produits. « Nous avons commencé par ajouter
la production de matériaux plastique à celle du métal, se souvient Monica, mais
c’est au début des années 2000 que nous avons apporté une vraie valeur émotionnelle à nos collections en débutant les collaborations avec des designers indépendants comme Claudio Dondoli ou Marco Pocci. » Cette dynamique
va conduire l’entreprise à créer en 2006 la filiale Pedrali Lab, spécialisée dans le
développement, l’ingénierie et la production de sièges design en bois. Et en 2009,
la collection Pedrali s’étend aux luminaires en proposant des modèles adaptés à l’intérieur comme à l’extérieur.
Cette politique d’expansion va conduire l’entreprise à s’exporter à travers le monde. Aujourd’hui représentée dans 99 pays, Pedrali réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’étranger malgré une production 100 % italienne. « Nous développons et
réalisons nos meubles dans nos établissements de Bergame et Udine, mais notre
processus de conception mêle l’exigence de l’ingénierie de l’entreprise au génie
créatif de designers de renommée internationale », précise Monica. Si l’essentiel
104 IDEAT
En haut :
Croquis préparatoire pour le stand de
Pedrali à la dernière Fiera de Milan pensé
par les architectes Migliore+Servetto.
Ci-dessus :
Chaise Malmö de Michele Cazzaniga,
Simone Mandelli et Antonio Pagliarulo.
Ci-dessous :
Chaise Frida d’Odoardo Fioravanti.
© PAOLO SPINAZZÈ
A gauche : Le stand Pedrali lors de la dernière Fiera milanaise. A droite : Assemblage graphique de chaises et fauteuils Pedrali. En bas : Les designers Michele Cazzaniga,
Simone Mandelli et Antonio Pagliarulo, auteurs de la chaise Malmö pensée comme « une excursion imaginaire sur les rives d’un lac de Scandinavie ».
de ses créateurs sont italiens, l’entreprise enregistre à son palmarès quelques fi-
PEDRALI EN 5 DATES
gures étrangères comme le Français Marc Sadler ou l’Argentin Jorge Pensi. « Cer-
1963 Naissance de l’entreprise.
taines collaborations durent depuis des années, poursuit-elle, mais elles sont tou-
1988 Première participation au
jours le fruit d’un partage d’idées et de méthodes de travail communes. »
Salon du meuble de Milan.
Dernières-nées de ces fructueuses collaborations externes, Pedrali a sollicité en
2001 Début des collaborations
2012 le trio Michele Cazzaniga, Simone Mandelli et Antonio Pagliarulo (photo) qui
avec des designers indépendants.
signent la collection « Malmö », ainsi que les frères Toso pour la gamme de tables
2011 La chaise Frida reçoit le
« Ikon ». « “Malmö” est née d’une excursion imaginaire sur les rives d’un lac de
Compasso d’oro.
Scandinavie, décrypte Monica. De cette expérience, cette collection composée
2013 50e anniversaire.
d’une chaise, d’un fauteuil et d’une table, conserve la saveur du bois qui réchauffe
l’atmosphère. Quant aux tables indoor et outdoor “Ikon”, elles parlent le langage
PEDRALI EN 5 CHIFFRES
de l’architecture avec leur ligne aussi simple que forte. » Les collaborations ex-
49 977 produits figurent
ternes et ponctuelles ne sont pas les seuls procédés créatifs de Pedrali qui compte
aujourd’hui au catalogue Pedrali.
également une équipe de concepteurs internes. Elle signe cette année une autre nou-
99 pays proposent la marque.
veauté du catalogue de l’entreprise, la table Arki. « Il s’agit d’une table linéaire et
171 personnes sont employées
rigoureuse dans son concept, mais polyvalente par son adaptation aux diffé-
par l’entreprise.
rentes situations, un peu comme les meilleurs architectes d’aujourd’hui ! »,
55 000 m2 d’établissements
s’amuse Monica.
dans le monde.
22 % de croissance annuelle
moyenne.
Famille nombreuse, famille heureuse !
En à peine un demi-siècle, Pedrali est devenu un fabricant reconnu au niveau international dans le secteur de l’ameublement. Très concernée par l’image véhiculée par
l’entreprise fondée par son père, la jeune femme désigne la chaise Frida comme la
pièce la plus emblématique du catalogue : « Combinaison parfaite de technologie et
de design, elle explore des nouvelles possibilités dans le façonnage du bois tout en
gardant une esthétique dynamique pour une chaise en bois. » Récompensée du
XXIIe Compasso d’oro en 2011, Frida est devenue la vitrine d’une famille de meubles
en pleine expansion, à l’image de la famille Pedrali qui comptera un nouveau designer surprise parmi ses collaborateurs dès cette année. « Je ne peux pas encore vous
donner son nom, mais je peux vous dire qu’il est français ! » Souhaitons-lui d’avance
la bienvenue dans l’une des grandes familles du mobilier italien.
•
www.pedrali.it
IDEAT 105
HAPPY BIRTHDAY
Calligaris,
nonagénaire encore très vert
Des chaises et des hommes, mais aussi des matériaux, une région, des outils spécifiques, une identité de marque, un esprit d’ouverture, de service et
d’adaptation. Calligaris, voilà quatre-vingt-dix ans que ça dure.
PAR MARIE GODFRAIN
L’
histoire de Calligaris commence en 1923, dans le Nord-Est de l’Italie et sous
le signe du bois. Antonio Calligaris crée son entreprise à Manzano, dans la
région du Frioul, très riche en matières premières, puisqu’elle est proche
à la fois des zones de production de bois des montagnes et de la paille des lagunes.
Ce premier atelier est alors exclusivement dédié à la production de chaises en bois…
Quatre-vingt-dix ans plus tard, Calligaris est une entreprise présente dans 69 pays
dont les valeurs phares sont la fiabilité et l’ingéniosité, synthétisées au sein de la
signature « Italian Smart Design ». Le produit n’est plus simplement beau et bien
fait, mais il est aussi modulable, déclinable, ergonomique et imaginé pour simplifier la vie au quotidien. Alessandro Calligaris, petit-fils du fondateur et président du
groupe, nous raconte l’histoire d’une réussite.
Calligaris va fêter ses 90 ans cette année. Comment expliquez-vous sa longévité ?
Au fil des années, Calligaris a créé des objets séduisants par leur modernité et leur ergonomie. Son savoir-faire s’exprime dans la conception et la production de mécanismes d’ouverture pour ses meubles, mais aussi dans l’emploi de nouveaux matériaux, comme le polycarbonate, souvent utilisés en complément de matières plus classiques comme le bois
ou le métal.
Comment l’entreprise s’est-elle adaptée durant ces années ?
En résumé, nous avons évolué au rythme de la révolution industrielle, en nous développant à l’international et en restructurant l’entreprise. Plus précisément, en 1950, lorsque
Romeo, le fils du fondateur, a repris la gestion de l’usine, il a fait passer les systèmes de
106 IDEAT
production de l’artisanat à l’industrie (avec notamment l’introduction d’une machine automatique pour le paillage des chaises en 1960). Parallèlement, Calligaris a commencé à
élargir son offre avec la production de tables destinées aux fabricants de cuisines, séjours
et chambres. En 1966, Romeo a cédé la gestion de l’activité à mon frère et à moi. A cette
époque, nous avons surtout travaillé sur la création d’une identité de marque. Au cours
des années 1970, nous avons lancé notre premier catalogue et nous nous sommes ouverts
à l’international. A partir des années 1980, nous avons élargi notre offre avec l’introduction de meubles, lits, canapés, objets, luminaires. Après une première période de vente
indirecte par le biais des grossistes et de production pour des tiers, la marque a développé
• Le CA 2011 : 141 M€.
• En 2011, l’export représentait
son propre réseau de vente.
57 % du CA.
• Prévisions pour 2013 : 65 % du
Quels sont vos best-sellers ?
Parmi nos meilleures ventes, nous comptons la table Orbital designée par Pininfarina
(2011), les tables Airport, Omnia et Baron, les chaises Basil, Parisienne, Cream, Bloom et Skin.
CA à l’export et 35 % en Italie.
• Le groupe Calligaris emploie
600 personnes dans le monde.
Ces deux dernières ont été présentées au Salon du meuble de Milan 2012.
• Les meubles Calligaris sont
commercialisés dans 69 pays.
La France semble être un marché qui compte beaucoup pour vous…
Deuxième marché derrière l’Italie et devant les Etat-Unis, la France est le nouvel eldorado de Calligaris. D’ailleurs, 2012 a été une année résolument française pour la marque :
après une collaboration d’envergure avec le Palais de Tokyo pour l’ameublement de tous
les espaces publics du musée, la marque a ouvert en juin dernier son premier flagshipstore parisien au cœur du triangle d’or du design, rue du Bac. Nous visons le doublement
du nombre de points de vente d’ici trois ans, exclusivement sous forme de contrats de
partenariat.
• Le catalogue inclut plus de
800 modèles, avec
7 000 déclinaisons de produits.
• En France, Calligaris est présent
dans 51 points de vente. Un
magasin vient d’ouvrir à Marseille,
rue Grignan, ce qui porte à 11 le
total des enseignes en nom propre
en France (Paris, Lyon, Besançon,
Comment travaillez-vous avec les designers : sont-ils intégrés ou indépendants ?
La majorité des produits Calligaris sont réalisés en collaboration avec de nombreux designers extérieurs à la marque, mais qui connaissent parfaitement nos exigences. Nous travaillons souvent avec des jeunes designers puisque nous souhaitons valoriser les jeunes
talents. Le « Design Department » de Calligaris est composé de quatre personnes qui coordonnent les designers extérieurs et conçoivent avec eux les nouveautés, qui sont ensuite
mises en production industrielle par le département Recherche & Développement.
CALLIGARIS EN CHIFFRES
•
Tarbes, Saint-Etienne…).
• 2 flagship-stores : à Milan (2008)
et Paris, rue du Bac (2012, photo).
• Depuis 2007, le fond privé
L Capital (Groupe LVMH) a investi à
hauteur de 40 % dans le capital du
groupe Calligaris S.p.A. Le restant
appartient à la famille Calligaris.
Ci-contre :
Les chaises Basil et la table Baron.
Page de gauche :
Alessandro Calligaris.
Page de gauche, de gauche à droite :
Les chaises Cream et Bloom.
IDEAT 107
Extravaganza
18-22 JAN. 2013
PARIS NORD VILLEPINTE
www.scenesdinterieur.net
preview, © Cyril Lagel. Getty Images. Assiettes John Derian - Astier de Villatte © Chihiro Owaki. Design et Nature. Ibride © A. Narodetzky. Hubert le Gall © B. Simon. Marie Daâge © Bernard Winkelman. Massant. Organisation SAFI, filiale des Ateliers d’Art de France et de Reed Expositions France
Le salon des grandes griffes
internationales de la déco
Salon réservé aux professionnels
The trade show for the major
international brands in decoration
Trade only
Depuis la France
Tél. 08 11 04 00 96 (prix d’un appel local)
From outside of France
Tel. +33 (0)1 76 21 18 39
[email protected]
RÉTROVISION
French Touch
Beaucoup de gens pensent que Cinna est une marque italienne et pourtant, c’est certainement l’une des
marques les plus représentatives de la vraie création française, une marque 100 % française qui fabrique
en France. Petite sœur anticonventionnelle de Ligne Roset depuis 1975, elle connaît ses classiques sur
le bout des doigts – comme son nom inspiré de la pièce de Corneille le laisse deviner. Enfin une marque
qui soutient activement la nouvelle génération de jeunes talents repérés avec flair et passion par son
PAR ANNE-FRANCE BERTHELON
charismatique DG Michel Roset, militant incontestable du « good design ».
IDEAT 109
RÉTROVISION
OTTOMAN
de Noé Duchaufour-Lawrance
S
ouvent surnommé le Petit Prince du design français, Noé
nombre pas moins de cinq densités différentes pour l’assise, le
Duchaufour-Lawrance ne pouvait qu’emboîter le pas, à
dossier, la base… Un patchwork technique ultrasophistiqué au
sa manière, à Antoine de Saint-Exupéry. C’est d’ailleurs
service du confort, une vertu jamais négociable chez Cinna. Cette
en puisant dans les souvenirs de l’année où il habitait, étudiant,
famille de sièges faussement informels, proposés en monochrome
non pas en plein Sahara, mais dans un cabanon de pécheur sur
ou en bicolore, en monomatière ou en mix résille/drap, n’aurait
une plage près de Rabat, qu’il a trouvé l’inspiration pour pas pu s’inviter dans nos intérieurs sans la détermination de
Ottoman. Cette série de sièges est constituée d’un canapé 2 et
Michel Roset. Noé explique : « Lorsque le projet du W s’est arrêté
3 places, d’un fauteuil et d’un pouf, tous édités par Cinna en
en plein vol avec la crise de 2008, Michel Roset a eu envie de
2010. Initialement dessiné pour l’hôtel W qui devait ouvrir à
poursuivre et d’éditer Ottoman. » Ce qui démontre au passage
Marrakech, Ottoman est une transposition du pouf oriental dans
combien la porosité contract/particuliers est aujourd’hui plus
l’archétype du sofa en mousse version Cinna. Une ode au bien-
forte que jamais. Et ce n’est pas Noé Duchaufour-Lawrance qui,
être au ras du sol qui colle aussi bien à l’art de vivre tradition-
très tôt, a su se frotter avec succès au « design d’hospitalité »
nel à la marocaine qu’à l’anticonformisme fondateur de Cinna.
(l’aménagement du restaurant Sketch à Londres, du Ciel de
Avec quelques bonus tout de même : « J’avais commencé à des-
Paris au 56e étage de la tour Montparnasse ou du tout nouveau
siner le fauteuil en me disant que ce qui manque à un pouf, c’est
Megu au sein de l’hôtel Alpina à Gstaad) qui dira le contraire.
un dossier », raconte Noé. Loin de se limiter à une simple pos-
Pour ce dernier projet, le dialogue fertile avec Cinna a été réac-
ture narrative évocatrice des motifs mauresques, le matelassage
tivé et IDEAT peut même vous dévoiler que le petit fauteuil
en étoile sert la cause du duo tenue/moelleux. D’autant qu’« avec
développé pour le Megu sera introduit en version encore plus
la mousse, on s’affranchit de la structure. J’ai vraiment profité
japonisante, « avec quatre coussins en amande aux formes sa-
de l’expertise Roset/Cinna en ce domaine », poursuit-il. On dé-
vonnées » au salon Maison & Objet le 18 janvier.
110 IDEAT
2
0
1
0
À PARTIR DE 1 983 € POUR LE CANAPÉ, 1 187 € POUR LE FAUTEUIL ET 709 € POUR LE POUF.
IDEAT 111
RÉTROVISION
LA SECRÈTE
de Philippine Dutto
C
e Cabinet, titre à la connotation délicieusement rétro,
qui me tient à cœur et qui peut évoquer plus clairement le lien
synthétise le projet de diplôme 2010 de Philippine Dutto
avec Jacques Tati ? Le cale-pied de La Secrète est un trapèze qui
à l’ENSCI. Aujourd’hui discrètement installée à Toul
balance ou fixe les pieds de l’utilisateur, selon son envie… » Mais
(Meurthe-et-Moselle), la jeune designer avait choisi de s’intéres-
pourquoi un secrétaire et pas un bureau ? « D’une part, précise
ser aux « objets propices à l’étude ». Encouragée par ses deux di-
Philippine, parce que j’ai été élevée par des ébénistes et que je
recteurs de projet, Inga Sempé et Gilles Belley, elle avait notam-
reste émerveillée par tous ces vieux meubles. Ce qui m’intéresse
ment imaginé « un fauteuil d’arbitre de tennis permettant de
n’est pas de bloquer sur l’ancien mais de trouver un pont avec
prendre de la hauteur pour échanger des points de vue, deux
aujourd’hui. » D’autre part, parce que l’usage n’est pas le même.
lampes, une étagère et un secrétaire. » Résultat ? Les félicitations
Si La Secrète peut accueillir un ordinateur portable de 17 pouces,
du jury et une nomination aux Audi Design Awards 2011 où elle
« on peut aussi juste venir y écrire un courrier. C’est un meuble
rencontre Michel Roset, membre du jury en perpétuelle quête de
qui est vraiment conçu pour travailler debout, comme dans un
jeunes talents. Un mois plus tard, il lui demande les plans de son
bar où on gribouille. » Sans oublier le fameux compartiment se-
néo-secrétaire aux rangements aussi malins que multiples. Re-
cret, sans lequel un secrétaire ne serait pas vraiment un secré-
baptisé La Secrète, ce parfait exemple de « smart design » est
taire. A défaut d’en comporter un authentique (trop compliqué à
édité par Cinna depuis 2012 en MDF et plaqué noyer avec un piè-
fabriquer), La Secrète invite crânement à ranger, voire dissimu-
tement en noyer massif. Un vrai travelling avant pour cette
ler des objets dans ses différents recoins. Le câble d’alimentation
inconditionnelle de James Bond et de Jacques Tati ! « Depuis tou-
pour ordinateur portable est ainsi mis hors champ dans le volume
jours, je suis impressionnée par ces films car il y existe une vraie
fermé à l’arrière gauche, tandis qu’une bannette coulissante se
réflexion sur les objets – pas seulement des gadgets – qui béné-
déplace, même quand le meuble est fermé. « Rien, c’est toujours
ficient d’un traitement presque chorégraphique. Un petit détail
bien ! » conclut, convaincue, Philippine Dutto.
112 IDEAT
RÉTROVISION
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PRIX : 2 982 €
IDEAT 113
RÉTROVISION
PEYE
de Numéro 111
A
vec son abat-jour surdimensionné (sa taille : 1,88 m !), sa
« L’idée était de travailler sur une mise en scène dans un vieux
silhouette graphique (qui ne déparerait pas dans une
cinéma, d’où cette échelle amplifiée pour permettre une interac-
bande-annonce des studios Pixar) et son ruban de 492
tion avec les objets. » Du théâtral donc, mais épuré, à l’image du
LEDs qui génèrent une lumière douce et diffuse, le lampadaire
prototype du lampadaire qui, outre sa taille, avait pour particula-
Peye (en hommage à Popeye et à ses épinards) occupe une place
rité d’être aussi intéressant de face que de dos ou de profil. « Il y
singulière, à la fois dans le paysage domestique et dans le monde
a plusieurs échelles de découverte, c’est un objet autour duquel
du design français, probablement l’un des luminaires les plus
on se plaît à tourner », raconte le trio de designers. Aussitôt re-
créatifs du moment. Fruit d’une première collaboration entre
péré par Michel Roset, son avenir de produit fini n’était plus
Cinna et le collectif stéphanois Numéro 111, Peye est une dé-
qu’une question de temps et de mise au point. De fait, début 2012,
monstration de la pensée « out of the box » qui caractérise Michel
Peye figurait dans le catalogue Cinna. Le challenge a consisté à
Roset et les marques du groupe qu’il pilote. Le message est sans
« redimensionner la lampe pour un usage plus domestique, tout
équivoque : il n’y a pas que Paris, Londres ou Eindhoven qui
en restant dans la démesure puisqu’il n’y a, au final, que 20 cm
soient des viviers de jeunes talents. A l’heure où le Louvre s’offre
d’écart entre le prototype et la version réalisée par Cinna », ex-
une antenne hautement désirable à Lens, il était temps ! « La
pliquent de concert les trois fondateurs de Numéro 111. « Le
Biennale de Saint-Etienne nous a beaucoup aidés », affirment So-
processus d’industrialisation a été assez périlleux, mais par
phie Françon, Jennifer Julien et Grégory Peyrache (soit 1+1+1 =
chance nous sommes géographiquement assez proches des usines
Numéro 111). Il est vrai que leur exposition « Le Quatrième Mur »
Cinna dans l’Ain et le lampadaire est assemblé à Saint-Etienne,
était l’un des événements du off qui avaient généré le plus de buzz
ce qui a fluidifié les choses. » Né dans l’esprit alternatif des an-
en 2010. Leur coup de génie était aussi un coup de cœur : convier
nées 1970, Cinna démontrerait-il ainsi, comme le défend au-
deux de leurs ex-professeurs (Eric Jourdan et François Bauchet,
jourd’hui Terence Conran, que la prochaine révolution du design
tous deux édités chez Cinna et Ligne Roset) à exposer avec eux.
passera par une relocalisation du duo création/production ?
114 IDEAT
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2
PRIX : 2 497 €
IDEAT 115
TÊTIÈRE
GRAND JEU IDEAT & CINNA
RÉTROVISION
Avec CINNA, gagnez l’une
de ces 3 icônes du design
Le slogan « Cinna, révélateur de talents » est mérité. L’un
des (trop) rares éditeurs français de mobilier contemporain
– à la tête duquel Michel Roset officie avec autant d’expertise que de sensibilité – défriche chaque année grâce à son
concours pour jeunes créateurs les pistes d’un design pour
demain. Si elles sont signées de designers confirmés, les
trois pièces proposées dans le cadre de notre jeu-concours
démontrent le caractère invariablement innovant et précurseur de cet éditeur qui compte dans le paysage du mobilier
contemporain. La Secrète, le joli petit bureau de Philippine
Dutto, l’incroyable lampadaire Peye du collectif Numéro 111
et Ottoman, le fauteuil signé Noé Duchaufour-Lawrance,
s’inscrivent déjà dans l’histoire du design français.
1er PRIX :
SECRÉTAIRE
LA SECRÈTE,
D’UNE VALEUR
DE 2 982 €
2e PRIX :
LAMPADAIRE
PEYE,
D’UNE VALEUR
DE 2 497 €
116 IDEAT
en vous rendant dans
l’un de ses points de vente
POUR PARTICIPER AU JEU-CONCOURS CINNA-IDEAT,
IL SUFFIT DE VOUS RENDRE CHEZ L’UN DES
CONCESSIONNAIRES CINNA POUR COMPLÉTER LE
BULLETIN DE PARTICIPATION DISPONIBLE SUR PLACE
DU 17 JANVIER AU 17 MARS 2013.
CINNA ET IDEAT RÉALISERONT LE TIRAGE AU SORT
DES TROIS GAGNANTS DÉBUT AVRIL 2013.
CEUX-CI SERONT INFORMÉS PAR MAIL ET RECEVRONT
L’UNE DE CES TROIS ICÔNES DU DESIGN.
3e PRIX :
FAUTEUIL
OTTOMAN EN
ALCANTARA
D’UNE VALEUR
DE 1 455 €
LISTE DES MAGASINS PARTICIPANTS
• 01 BOURG-EN-BRESSE Echavidre Contemporain / FERNEYVOLTAIRE L’Habitation • 05 GAP Meubles Hermitte • 06
MANDELIEU Déco et Boiseries / SAINT-LAURENT-DU-VAR Cinna •
10 SAINT-PARRES-AUX-TERTRES Ligne Design • 13 MARSEILLE
Cinna / LES PENNES-MIRABEAU Cinna / SALON-DE-PROVENCE
Meubles Espi / LA PENNE-SUR-HUVEAUNE Meubles Lacaux •
14 MONDEVILLE Inedit • 16 ANGOULÊME Aubin Contemporain •
18 BOURGES Meubles Poubeau • 19 BRIVE-MALEMORT Flamary
• 20 AJACCIO Belle Epoque / FURIANI Design 2B-Cinna •
26 VALENCE Cinna - Espace Contemporain / MONTÉLIMAR Two Be
Design • 29 QUIMPER Meubles Couturier / BREST Arc •
31 TOULOUSE Cerezo Selection / PORTET-SUR-GARONNE
Cerezo Contemporain • 33 BORDEAUX Cinna-Docks Design •
34 LATTES Cinna • 35 MONTGERMONT MDI • 37 TOURS
Armony’s • 38 GRENOBLE Cinna • 42 SAINT-ÉTIENNE
Ameublement Saint Vincent • 44 NANTES Cinna - Bize / SAINTELUCE Cinna - Bize / GUÉRANDE Casaligne • 45 FLEURY-LESAUBRAIS Chamacris • 49 ANGERS Cinna - Diagonale • 53 LAVAL
Cinna Campo • 54 NANCY Cinna • 56 VANNES Credey Décoration /
LORIENT Art Form-Cinna • 57 THIONVILLE Cinna / STIRINGWENDEL Meubles Trani / AUGNY Cinna • 59 LILLE Cinna /
DUNKERQUE LV Riem • 62 SAINT-LÉONARD Meubles Flahaut /
ARRAS-THELUS Wackens Mobilier & Décoration • 63 AUBIÈRE
Ouno • 64 PAU-IDRON Cinna / ANGLET J. Sable Contemporain •
66 PERPIGNAN Cinna - Renzo • 67 STRASBOURG Cinna •
68 COLMAR Quartz / MULHOUSE Meubles Klein / SAINT-LOUIS
Scan Studio • 69 LYON 1 Ameublement Saint-Vincent / LYON 3
Cinna / SAINT-PRIEST Ameublement Saint-Vincent • 71 CHÂLONSUR-SAÔNE Cinna • 72 LE MANS Cinna • 73 CHAMBÉRY
Madelon • 74 ANNECY Ameublement Saint-Vincent / LA ROCHESUR-FORON Moenne-Loccoz / ANNEMASSE Moenne-Loccoz •
75 PARIS 2 Cinna / PARIS 7 Cinna / PARIS 8 Cinna / PARIS 14 Cinna
/ PARIS 6 Le Bon Marché / PARIS 9 Lafayette Maison / PARIS 9
Printemps de la Maison • 76 ROUEN Cinna / MONT-SAINT-AIGNAN
Okxo • 78 ORGEVAL Cinna / VIROFLAY L’Œil du jour (ouverture
début mars) • 80 AMIENS Bienvenu Design • 83 LA VALETTE
Mobilier de France / OLLIOULES Mobilier de France • 84 AVIGNON
Inove • 85 LA ROCHE-SUR-YON Billaud Décorateur • 86 POITIERS
Bien-être • 87 LIMOGES Cinna • 92 BAGNEUX Cinna •
RETROUVEZ LA LISTE AVEC LES ADRESSES
COMPLÈTES SUR WWW.CINNA.FR ET WWW.IDEAT.FR
Jeu gratuit sans obligation d’achat organisé du 17/01/2013 au 17/03/2013 par IDEAT
ÉDITIONS pour Cinna. Ce jeu est ouvert à toute personne majeure vivant en France
métropolitaine. Pour y participer, il suffit de se rendre dans l’un des 80 magasins
participant à l’opération et de remplir un bulletin de participation disponible sur place
puis de le remettre au gérant qui le tamponnera au dos (une participation par foyer).
Les bulletins seront cumulés jusqu’à la fin du jeu-concours et ensuite envoyés à IDEAT
ÉDITIONS à Paris. IDEAT ÉDITIONS recevra les différentes enveloppes (une par magasin)
contenant les bulletins tamponnés au dos et réalisera un tirage au sort des
trois gagnants en présence d’un huissier. IDEAT ÉDITIONS informera les trois gagnants
via leur adresse e-mail inscrite sur bulletin ou par courrier. Dès accusé de réception de
cette notification, Cinna prendra contact avec les gagnants afin d’organiser la livraison
à l’adresse de leur choix en France métropolitaine. Valeur des lots : secrétaire La Secrète
(2 982 €), lampe Peye (2 497 €), fauteuil Ottoman en Alcantara (1 455 €). Prix indicatifs
TTC. La participation au jeu implique l’acceptation du règlement déposé chez maître
PROUST, huissier de justice à Paris. Ce règlement est disponible dans son intégralité sur
simple demande à l’adresse suivante : IDEAT ÉDITIONS, jeu-concours, 12-14, rue JulesCésar, 75012 Paris.
IDEAT 117
ARCHITECTE D’INTÉRIEUR
© WEI SHEN
Les nouveaux desseins
de Bruno Moinard
118 IDEAT
© VEUVE CLICQUOT
© JÉRÔME GALLAND
Pour capter l’univers de l’architecte designer français Bruno Moinard, une visite à son agence 4BI s’impose. Son bureau exhale le même soin reconnaissable dans ses projets éparpillés dans plus de soixante villes du monde.
Boutiques de luxe, musées, galeries, restaurants, résidences privées et bientôt un grand hôtel… Le designer vient d’ajouter à son arc la corde de l’édition
de mobilier avec « Bruno Moinard Editions ».
PAR GUY-CLAUDE AGBOTON
sif, Moinard a dit oui à cette belle pièce inondée de lumière, haute de pla-
fond et dénuée d’angles droits. Il règne ici une paix royale. Derrière son bureau, une
flaque de laque blanche immaculée qu’il a conçue, six caissons blancs ont été fixés
au mur pour créer une bibliothèque. Ses livres y sont rangés en pyramides parfaites.
© JÉRÔME GALLAND
A
u 41 de la très fashion avenue Montaigne, pas de cordonnier mal chaussé.
Le traitement de l’espace vaut celui de la lumière. En dessinateur compul-
Posé sur le bureau, son sac conçu sur mesure par le sellier Serge Amoruso déborde
de crayons glissés dans deux poches. Déjà dans les eighties rugissantes, avec un appareil photo mais pas encore d’iPad, Moinard voyageait beaucoup avec la décoratrice Andrée Putman. Pilier de l’éditeur Ecart International, il y était entré à 22 ans.
Depuis 1995, il veille à relever le défi « de ne jamais faire moins bien ». Moinard
est connu dans la bataille du luxe pour bâtir tous les postes avancés de l’empire Cartier dans le monde. Les codes de cette armada de boutiques demeurent, sans se répéter. Jamais. Cet habitué des maisons de luxe (dont le siège parisien d’Hermès,
coratifs. A Reims, sa refonte de la maison Veuve Clicquot, à l’hôtel du Marc, étonne
d’entrée avec son escalier ceinturé d’une « jupe plissée » de verre bullé, composée de pans argentés 0 % bling-bling.
Bruno Moinard pourrait s’en tenir là. Mais non, par tempérament et vu la conjoncture, il ferraille comme les autres. Il fait partie de ceux pour qui dessiner des résidences privées à Paris, Casablanca, Le Caire ou Zurich n’est pas une annexe de l’architecture. Quand Moinard en parle, on le sent à l’écoute de ses commanditaires.
« On entre dans la vie des gens qui parfois ne disent que progressivement ce qu’ils
veulent vraiment », souligne-t-il. Le client voit son projet se modifier au fil des
échanges rythmés par les croquis à l’aquarelle de Moinard, de vrais story-boards,
© STUART WOODS
cantine comprise) a également rénové à Paris la grande nef du musée des Arts dé-
En haut à gauche :
Le bureau de Bruno Moinard dans son
agence parisienne baptisée 4BI.
En haut à droite :
Le vestibule de l’hôtel du Marc, réalisé à
Reims pour Veuve Clicquot.
Ci-dessus :
La nef du musée des Arts décoratifs à Paris
et la boutique Cartier de Hong-Kong.
IDEAT 119
© BRUNO MOINARD
ARCHITECTE D’INTÉRIEUR
ou de graphiques mémos d’inspiration. C’est le même Moinard, Parisien made in
Normandie et amateur de vacances en Ecosse, qui sillonnera sous le cagnard le gigantesque marché de Dantokpa à Cotonou (Bénin) en se disant : « Je veux voir ça. »
Ci-dessus :
Les croquis à l’aquarelle de Bruno Moinard
(de gauche à droite pour un hôtel en
Chine, la banque Julius Baer et une villa au
Bénin) forment de véritables story-boards.
Ci-dessous :
Lampes Knokke et Londres en licence
chez Ecart International.
Récemment, il a fini par créer Bruno Moinard Editions pour éditer les meubles
conçus pour ses projets. Il présente aussi cet hiver du mobilier chez Ecart Paris. Sa
lampe à poser Londres en laiton et pierre, le lampadaire Knokke à l’abat-jour tambour, le sculptural tabouret Stockholm et le fauteuil Bridge en chêne qui libère l’archétype de ses chaînes : tout cela construit l’image d’Ecart aujourd’hui. Cette année, un piano pour Pleyel et un projet pour les Designer’s Days 2013 sont prévus.
Pour le label de design italien Interna, Moinard a imaginé pour le prochain salon
de Milan une collection de mobilier de bureau pour open space. A Londres, Moimemoria, un as de la haute facture.
Designer depuis toujours
Moinard ne monte pas, il mute. Il s’explique : « Après mon quinzième voyage en
Chine en trois ans, je me suis retrouvé avec trois projets de maison dans la
© PATRICIA CANINO
nard carbure sur un projet de maison avec l’Italien Romeo Sozzi de la maison Pro-
concession française de Shanghai. J’en ai aussi deux à Toronto, une à Casablanca
et une autre à Knokke-le-Zoute. Quand on fait une maison sublime pour un particulier et qu’arrive le moment du choix des meubles, je sais toujours lesquels choisir. » Sur sa lancée, Moinard construit actuellement un hôtel à Chengdu (Chine), travaillant aussi sur les espaces publics des Plaza Athénée à Paris. Un projet de
showroom de mobilier est prévu à Hangzhou, à une demi-heure de Shanghai.
Moinard a aussi été contacté pour un siège social de 41 000 m2 à boucler en quatre mois. « En Chine, tout se fait en direct », explique-t-il. Là encore, le contact
des businessmen chinois en visite ; ils ne se sont plus quittés. Un jour, après
72 heures de travail sur un projet présenté en grande pompe devant un parterre
de 60 men in black, le grand patron a déclaré : « Depuis que j’ai rencontré Bruno,
j’ai appris à penser autrement. » Dans un monde de plus en plus global qui ne fait
pas de cadeaux, c’est plutôt pas mal comme image de la France.
120 IDEAT
•
© PATRICIA CANINO
prime. Il s’est noué au chai de Château-Latour à Pauillac. Il était venu rencontrer
AG15141
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POUR UN VOYAGE AU LONGCOURS
“ Une revue que je vous conseille vivement ”
Emmanuel Khérad, France Inter
“ La nouvelle bible des lecteurs
à l'âme d'explorateur ”
Elle
“ Une invitation au voyage”
Bernard Thomasson, France Info
“ Long Cours nous emmène
vers des terres que l'on aimerait découvrir
et que la vie moderne ne nous laisse
pas le temps d'arpenter ”
Christophe Barbier, L'Express
N°2
REVUE
TRIMESTRIELLE
196 PAGES
15 EUROS
Pour en savoir plus : www.revue-longcours.fr
EN KIOSQUE ET LIBRAIRIE
THEMA
SALON
Chaise longue indoor/outdoor Tokyo de
Charlotte Perriand (Cassina), un projet
de 1940 édité pour la première fois.
Fauteuil de réalisateur pliable Orson en
teck et tissu Canatex (Gordon Guillaumier
pour Roda). La lampe 604 fait partie du
« Progetto Domestico », un programme
de recyclage mené par le designer milanais
Vincenzo De Cotiis. Meuble bas en fer
fabriqué artisanalement en Argentine
(Sumampa). Tapis en soie fabriqué à la
main (Altai Seta). Canapé doté de poches
latérales Metropolitan de Jean-Marie
Massaud (Poliform). Table basse Kubic
de Roberto Gobbo (Désirée) surmontée
de vases en porcelaine chinois (Nader).
Lampe sur pied Billy de Nicolo Taliani et
Garth Roberts (Kalmar Lighting).
122 IDEAT
Maison rêvée
Comme sorti d’un songe, cet intérieur désincarné et subtil mélange icônes
du design et mobilier contemporain arty et pointu. Visite guidée pièce par
pièce…
STYLISME A. LELLI MAMI ET C. DI PINTO (STUDIOPEPE) / PHOTOS ROBERT NEUMANN
IDEAT 123
THEMA
SALLE À MANGER
Banc d’extérieur en aluminium Falster
(Ikea) et coussin en tissu Cloqué de Coton
(Dominique Kieffer). Au mur, la boîte en
noyer Divisum de Gabriele Centazzo
(Valcucine Living) contient des bougeoirs
en liège Revolve (Zest Design). Tabouret
en châtaignier (Understate). Table en métal
et bois Don Giovanni (Cantori) sur laquelle
a été disposée de la vaisselle Tonale de
David Chipperfield (Alessi). Lampe à poser
Bellevue AJ3 d’Arne Jacobsen (&tradition).
Tabouret à trois pieds Stool 60 d’Alvar
Aalto (Artek). Chaise Breva d’Arik Levy
(Molteni&C). Tapis pure soie (Altai Sera).
124 IDEAT
IDEAT 125
THEMA
SALLE DE BAINS
Paire de suspensions A110 d’Alvar Aalto
(1952, Artek). Chaise en bois Stratos
de Francesco Faccin (Danese). Table basse
en ébène Artwood d’Antonio Citterio
(Flexform). Bibliothèque Primitive de Nucleo
(Galerie Nilufar) surmontée d’un téléviseur
LCD 8” de Naoto Fukasawa (Plus Minus Zero).
Baignoire Vieques de Patricia Urquiola
(Agape) et robinetterie monocommande
Faraway de Ludovica+Roberto Palomba
(Zucchetti). Sur la table haute Gray 47
de Paola Navone (Gervasoni), vase chinois
en porcelaine (Nader).
126 IDEAT
CHAMBRE
Sur la table basse en bois artisanale
d’Argentine (Sumampa), lampe blanche
Behive de Werner Aisslinger (Foscarini) et
vase en porcelaine (Nader). Tabouret La
Locanda en hêtre massif, design
Manganèse (Calligaris) surmontée d’une
suspension Willy en verre soufflé (Panzeri).
Lit de la collection « Contemporaneo »
(Ennerev).
IDEAT 127
THEMA
BUREAU
Tables basses en métal et bois de récup’
031 (Dimore Studio). Elément de canapé
modulable Replay (Divanidea). Echelle
en châtaignier faite à la main (Understate).
Rangement jaune Bento (Eno). Sur le
bureau en métal Edgar d’Antonino Sciortino,
théière suédoise des années 1950 chinée,
ordinateur Samsung. Chaise Wogg 50 de
Jörg Boner (Wogg). Fixée au tronc, lampe
Piantama de Raimondi Malerba (Zest).
128 IDEAT
NATURE MORTE
Vase en éventail signé Claude Lalanne ,
assiette surélevée Dou de Kate Chung
(Jia Inc), vase de pharmacie en céramique
Panacea de Carlo Trevisani (Botteganove),
vase chinois en céramique antique,
plat de service en porcelaine blanche Ding
(Jia Inc), gobelet en laiton de Ricordi Sfera
(Sfera Senses). Au mur, assiettes A Tavola
de Stefania Di Petrillo. Lampe à poser en
marbre pentélique Heavy Light de Matteo
Zorzenoni (Sartori Marmi). Suspension
Babele en aluminium verni, design Marc
Sadler (Martinelli Luce).
IDEAT 129
DÉCOROOM 1
130 IDEAT
À MONACO
Revival 60’s
sur la Riviera
Situé au troisième étage d’un immeuble construit
dans les années 1970, cet appartement, réinterprété par les architectes d’intérieur Emil Humbert
et Christophe Poyet, présente dans une palette
de camaïeux une belle sélection de mobilier vintage et d’œuvres d’art. Le tout face à la mer.
TEXTE SERGE GLEIZES / PHOTOS VÉRONIQUE MATI POUR IDEAT
Ci-contre :
Pour le salon, les décorateurs ont pioché
le canapé en cuir, le guéridon en ébène et le
bout de canapé chez Flexform. De part
et d’autre du canapé, suspensions en albâtre
et bronze dessinées par Humbert & Poyet et,
au-dessus, toile Bomber Harris d’Adam
McEwen (2008). Au premier plan, lampe sur
pied des années 1950, fauteuil Lady de
Marco Zanuso habillé de tissus Kvadrat
(1950, Arflex). Table basse en noyer
(Minotti). Sur le mur de gauche, photo
Auditorium Easton Theater d’Yves Marchand
et Romain Meffre (2008).
IDEAT 131
DÉCOROOM 1
S
ur ces 250 m2 (dont 60 m2 de terrasse) dominant la mer, plane la philosophie qu’Emil Humbert et Christophe Poyet défendent dans toutes leurs réalisations : un classicisme pétillant et coloré nourri de la passion qu’ils
Des volumes traités
dans des camaïeux
pour accueillir mobilier
vintage et œuvres d’art
conceptuelles
vouent aux années 1950 à 1970. A l’exception du sol en marbre beige rosé d’origine, l’ancien appartement a complètement disparu. Les cloisons ont été détruites
afin de créer de nouveaux volumes : un grand salon comprenant un espace de réception, un bureau et deux chambres. « Nous avons conservé le marbre au sol pour
sa tonalité, confirment les architectes, pour son effet miroir, mais également parce
qu’il évoque le Monaco de cette époque-là, chic et glamour, tel qu’en témoigne également la façade en céramique de l’immeuble. » Pour inscrire le lieu dans l’intemporalité, la palette chromatique fait cohabiter d’harmonieuses tonalités gris-bleu
pastel, ne serait-ce que pour se fondre avec les œuvres d’art murales souvent très
fortes signées Pierre Le Tan, Yves Marchand et Romain Meffre, Ned Vena…
« Nous avons découvert le travail d’Yves Marchand et Romain Meffre lors de l’exposition “LE SILENCE, une fiction” qui eut lieu en février dernier au musée d’Art
moderne de Monaco, raconte Christophe Poyet. Les artistes présentaient trois de
leurs œuvres. Ce fut un choc et nous les avons rencontrés par la suite. Je suis très
sensible à leur univers et en particulier à la dégradation naturelle des choses, à
132 IDEAT
Ci-dessus à gauche :
Des fauteuils en osier Vibo d’Audoux Minet
(1940) entourent une table basse en noyer
et marbre (Flexform). Au mur, Untitled,
œuvre de Ned Vena (2011). Lampes sur
pied en albâtre et bronze
(Humbert & Poyet), tapis Fashion for Floors.
Ci-dessus à droite :
Devant un bahut suédois en palissandre et
Formica des années 1950, fauteuil Lady de
Marco Zanuso habillé de tissu Kvadrat
(1950). A droite, lampe à balancier
Lightolier (circa 1950). Au mur, photo Peter
Reed de Robert Mapplethorpe (1980).
Page de droite :
Christophe Poyet (à gauche) et Emil
Humbert derrière le fauteuil Lady de
Marco Zanuso. Au mur à gauche, Astoria
d’Yves Marchand & Romain Meffre (2008) ;
à droite, applique en Inox et Plexiglas
d’Olivier Peyricot (2008).
IDEAT 133
DÉCOROOM 1
celle de l’architecture, à l’érosion, à ce temps qui passe. » C’est en revanche le gra-
Des espaces lumineux
décorés d’un mobilier
aux lignes très
architecturales
phisme, le noir et blanc, la rigueur qu’ils affectionnent chez Ned Vena, artiste dont
ils ont découvert le travail dans une galerie de New York il y a quatre ans. « La photo
de Slim Aarons placée au-dessus d’une petite table, dans l’embrasure d’une porte,
est en revanche une sorte de témoignage, de clin d’œil à l’époque de cet appartement, poursuit-il. L’artiste a fait des clichés célèbres de la côte Ouest des EtatsUnis, esthétiques et passionnants, qui sont de véritables documents sociologiques,
mais il a également réalisé de nombreuses photos de Monaco et de la Côte d’Azur
dans les années 1970. »
Un univers éclectique et harmonieux
L’autre challenge fut de meubler le lieu de créations vintage chinées dans les galeries spécialisées en mobilier du XXe siècle. Le choix des pièces s’est porté sur des
canapés et des tables basses contemporaines (Flexform), mélangés à des meubles
mythiques comme le lit de jour Barcelona de Mies van der Rohe, une chaise Thonet, une bibliothèque venant d’une véritable institution italienne, La Permanente
Mobili Cantù. Même émotion avec un day bed de Wim Rietveld trouvé dans une bro134 IDEAT
Ci-dessus :
Dans l’espace bureau, à gauche, lampe sur
pied de Jo Hammerborg (1960) et
bibliothèque en acajou provenant de la
manufacture La Permanente Mobili Cantù
(Italie, 1960). Au-dessus du bureau,
suspension en cuivre (Fabricius & Kastholm,
1965). Tapis Fashion for Floors. Lit de jour
Barcelona de Mies van der Rohe (Knoll).
A droite, lampe sur pied Lit Lines de
Michael Anastassiades (édition spéciale
galerie Nilufar).
cante et qui a été complètement réinterprété, ou encore avec les lampes de Michael
Goût pour la lumière,
couleurs fortes, rouge
et orangé, bois sombre
et mobilier vintage
Anastassiades, des pièces uniques éditées par la galerie Nilufar. Dans cet univers
éclectique et harmonieux, le bureau en bois tropical de Don S. Shoemaker qui décore la partie bureau du grand séjour, devient également table de salle à manger.
« Nous avons eu un coup de foudre pour cette pièce qui meublait autrefois le bureau de son créateur, confirme Emil Humbert, nous l’avons acheté à Mexico, chez
un antiquaire, alors que nous réalisions notre premier BeefBar. »
Métissage et couleur
Parisien d’origine vivant à Monte-Carlo depuis maintenant dix ans, Emil Humbert
est architecte DPLG. Il est sorti diplômé de Paris-Belleville en 2004. Natif de MonteCarlo, Christophe Poyet est diplômé CFAI d’architecture intérieure de l’académie
Charpentier et vit sur le fameux rocher depuis toujours. Il y a cinq ans, ils ont créé
leur agence d’architecture intérieure, à Monaco donc, et bien que très jeunes, ils ont
déjà à leur actif de nombreuses réalisations luxueuses dans lesquelles ils mixent leur
goût pour la lumière, les volumes épurés, le sens du détail, les couleurs fortes, rouge
et orangé, les bois sombres, la pierre, le mobilier vintage et enfin les associations
Ci-dessus à gauche :
Dans la cuisine, devant un canapé habillé
d’un tissu Kvadrat, sous une applique en
cuivre italienne Stilnovo (1950), Red Cross
Print de Damien Hirst (2012). Devant
le placard aux portes en étain, chaise
de Max Bill (1950).
Ci-dessus à droite :
Les chaises Kreuzzargenstuhl de Max Bill
(1950) entourent un bureau en bois
tropical de l’ébéniste américain
Don S. Shoemaker (1970) sur lequel
est posé un vase en argent de Vico
Magistretti (1972). Au mur, encres
de Chine et aquarelles de Pierre Le Tan
(2012, galerie Art & Rapy).
IDEAT 135
DÉCOROOM 1
Ci-contre :
A gauche, une lampe sur pied de
Jo Hammerborg (1960) éclaire le lit
de jour Barcelona de Ludwig Mies
van der Rohe (Knoll), sur lequel
sont posés un plaid Hermès et des
coussins (Osborne & Little). A
droite, chaise Thonet (1930). Au
mur à gauche, Astoria d’Yves
Marchand et Romain Meffre (2008) ;
à droite, applique d’Olivier Peyricot
(2008). Dans l’encadrement de la
porte, la table basse en noyer et
marbre calacatta (Flexform) est
surmontée du Poolside gossip de
Slim Aarons (1970).
136 IDEAT
IDEAT 137
DÉCOROOM 1
atypiques mariant le simple et le précieux, comme l’albâtre, le métal, le bois et la
pierre. « C’est vrai que nous adorons le mobilier d’architecte des années 1950 à
1970, confirment-ils, les créations de Jean Prouvé, de Charlotte Perriand, Le Corbusier, pour la sobriété de leurs lignes, la noblesse des matières, leur simplicité,
leur intemporalité. » Partageant leur activité entre Paris et Monte-Carlo, Emil
Humbert et Christophe Poyet réalisent 75 % de leurs chantiers dans le Sud, des villas essentiellement, mais également de nombreuses boutiques, restaurants, bureaux, showrooms de voitures, dans lesquels on retrouve leur passion de l’architecture, des volumes soignés et le sens d’une certaine théâtralité sans excès. A
Monaco, ils ont réalisé le Bouchon, l’Avenue 31, le BeefBar qu’ils ont également créé
à Luxembourg et Mexico (une prochaine déclinaison sera bientôt inaugurée à
Londres). A Paris, ils ont réalisé la boutique du couturier Alexis Mabille, achevée
cette année, et ils travaillent actuellement sur des projets à Moscou et Barcelone.
« Nous essayons de traiter les espaces comme des scénographies, concluent-ils, de
penser au déplacement, de créer des aires de respiration, afin de procurer des émotions différentes au sein d’un même lieu. »
AGENCE HUMBERT & POYET. 5, impasse de la Fontaine, 980000 Monaco.
Tél. : +377 93 30 22 22. www.humbertpoyet.com
138 IDEAT
•
En haut :
Sur un buffet de Cees Braakman (1970), au
centre, céramique française des fifties et, à
droite, lampe de la même époque. Au mur,
applique italienne en acier chromé de
Mario Torregiani (1980).
Ci-dessus :
Sur un chevet suédois (1960), lampe des
années 1960. Au-dessus du lit, photo de la
série « Nada USA » d’Aleix Plademunt
(2004). Sur le mur de gauche, Pink Cone de
Donald Baecheler (2008, galerie Art &
Rapy). Dessus de lit Osborne & Little et
tapis Fashion for Floors.
www.annickgoutal.com