Vers l`organisation 2.0 : Un nouveau mo
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Vers l`organisation 2.0 : Un nouveau mo
£ Résumé Sous l'impulsion des évolutions technologiques et sociales (particulièrement ici Web 2.0 et la génération Y) d’aujourd’hui, les organisations sont en train d'être transformées dans un environnement économique plus que jamais bouleversé. On parle désormais de l'Organisation 2.0 où la participation des utilisateurs, l'émergence des réseaux sociaux et des communautés virtuelles, la collaboration de masse et l’innovation ouverte, sont devenues des nouveaux leviers pour mettre l’intelligence collective et l'efficacité collaborative au service de l’organisation pour développer ses capacités d'innovation et booster sa performance. Face à ces évolutions, les modes de travail, de management et d’organisation doivent forcément s’adapter et même parfois être repensés. Les modèles d’affaire et d’organisation seront directement impactés par ce contexte d’évolution. Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective Imed Boughzala Département Systèmes d’Information TELECOM Ecole de Management 9 rue Charles Fourier 91011 Evry Cedex France [email protected] Gert-Jan de Vreede Mots clefs: Web 2.0, Génération Y, capital social, Management des connaissances, Collaboration ouverte, Intelligence collective. Center for Collaboration Science University of Nebraska at Omaha, USA [email protected] £ Abstract Faculty of Technology, Policy and Management Delft University of Technology The Netherlands In today’s era of globalization and due to the recent technological and social changes (especially here Web 2.0 and Generation Y), organizations are transformed in an economic environment that is more than ever competitive. In the context of the Social Organization – the “Organization 2.0”- in the 2.0 age-, user participation, social networking, online communities, mass collaboration and open innovation have become new levers to put collective intelligence and Social Capital at the service of the organization to boost its performance and to develop its creative capabilities. In such an organization, all workers can equally participate in using, sharing and creating information and knowledge. Faced with these changes, organizational models and enterprise strategies must necessarily be adapted and even sometimes be rethought. Business and organizational models will be in the forefront in this evolutionary context. Key-words: Web 2.0, Generation Y, Social media and capital, Knowledge management, Open collaboration, Collective intelligence. Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective 1. Introduction Les organisations ont beaucoup évoluées au cours des deux derniers siècles. Leurs caractéristiques ont changé à travers le temps pendant les différentes évolutions économiques (Galbreath 2002, Torkia & Cassivi 2008), depuis l’économie industrielle à l’économie informationnelle, et de la connaissance d’aujourd’hui. Le développement accéléré des STIC1, depuis ces deux dernières décennies (dans la société en général et dans le monde des affaires en particulier), a conduit à des changements au niveau des pratiques et des comportements individuels, collectifs et organisationnels (Siebdrat et al. 2009). De plus et en raison de l’avènement des technologies Web 2.0 ces dernières années des nouveaux modes d’usage de l’information et de partage de la connaissance ont émergé. L’Entreprise 2.0 (ou Enterprise Social Software) est une nouvelle culture d’utilisation des technologies. Tel que défini initialement (mais ayant beaucoup évolué depuis) par Andrew McAfee (McAfee 2006), elle se réfère à l'utilisation des technologies Web 2.0, des plates-formes sociales émergentes dans ou entre les entreprises, et leurs partenaires ou clients. La nouvelle génération d'employés (génération Y) a développé de nouvelles habitudes au travail. Ils utilisent quotidiennement dans la sphère privée les technologies Web 2.0 (blogs, wikis, RSS2, plates-formes sociales, Folksonomie, Podcasting, Mashups, mondes virtuels, etc.), et par conséquent ils apportent leurs pratiques en entreprise. En effet, ces deux évolutions majeures (la génération Y et les Web 2.0) qui co-existent aujourd'hui, sont en train de transformer l'organisation profondément vers ce que l’on appelle l'organisation 2.0 - une organisation « sociale » basée sur l’intelligence collective (Arina 2008). La première évolution est donc technologique avec l'émergence rapide des technologies Web 2.0 depuis 2005 (O'Reilly 2005, Anderson 2007) dans le préambule de la nouvelle ère d'Internet (Internet 3D, Internet ubiquitaire ou encore Internet des objets) pour un monde plus intelligent – Smart world (Walsh, 2001; Ma et al. 2005, Smart et al. 2007, Dodson 2003, 2008). Ces technologies, également appelées les médias sociaux (Kaplan & Haenlein 2010), sont centrées sur l’utilisateur final, conviviales, intuitives, souples, faciles à installer et moins formelles. Elles sont participatives et personnalisables avec un contenu très dynamique, généré par les utilisateurs eux-mêmes. Ces technologies s’avèrent utiles pour l'auto-expression, la mise en réseau des individus, l'interaction sociale, et la coconstruction de contenu, l'identification des compétences et des talents, etc. Elles sont abordables pour tous types d’entreprises petits ou grandes. Cette nouvelle 1 Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication 2 Really Simple Syndication génération de la technologie est en train de bousculer le marché des logiciels. C'est aussi une bonne occasion pour les organisations pour améliorer le partage des bonnes pratiques, stimuler/développer les interactions entre individus clés pour favoriser l’innovation participative, ascendante et ouverte (Chesbrough & Appleyard 2007). La seconde évolution (transformation) est sociale avec l'arrivée sur le marché de l'emploi de la nouvelle génération de salariés - la génération Y (Why en anglais), Digital Natives ou encore « Milennials » (Dudezert et al. 2008). Une génération de jeunes dont le niveau d’études est assez élevé, nées entre 1978 et 1995 et ayant grandi avec l'Internet et la téléphonie mobile. Ils sont passionnés, inventifs, individualistes, ambitieux, impatients, et à la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cette génération succède à la génération X (anonyme) qui succède à son tour à (mais est moins marquante que) celle de la génération des baby-boomers. Ces jeunes Y sont attirés par les nouvelles technologies (un nouveau rapport avec la technologie) et avides de trouver simplement et très rapidement les bonnes informations et connaissances, n'importe quand et n'importe où, et ne sont pas intimidés par la complexité des connaissances et de la hiérarchie organisationnelle (une nouvelle posture vis-à-vis du savoir et de la hiérarchie) (Forrester Consulting, 2006). Cette nouvelle génération bouleverse dors et déjà l'organisation traditionnelle. C'est aussi une bonne occasion pour les organisations d'intégrer les employés enthousiastes et créatifs. En somme, ces deux évolutions conduisent à un bouleversement profond à tous les niveaux de l'organisation touchant à ses fondements, à tous ses acteurs et à son environnement. Cela semble être la première fois depuis l'ère industrielle que l'organisation est tellement affectée d'une telle façon (Uhl-Bien, Marion et al. 2007, Arina 2008). Ces changements impactent en particulier la place et le rôle des individus vis-à-vis de l’information et des connaissances. En effet, tous les employés à l'ère « sociale ou de socialisation » d’aujourd’hui sont égaux dans l'usage, le partage et la création de l'information et des connaissances. Les connaissances ne sont plus seulement l’affaire des experts (Boughzala & Limayem 2010). Chaque individu joue un rôle plus central dans le nouveau modèle de l’organisation par la génération (consciente et/ou inconsciente) des contenus d’information et de connaissances. La connexion, l'interaction et la collaboration des individus et la nature de leurs relations sont également une source de connaissances. Par exemple, le comportement d'un utilisateur sur une plate-forme sociale telle que Facebook est porteur de connaissances (par profilage, traçage et combinaison : contacts, téléchargements, discussions auxquelles il a participé, etc.). C'est ce qu'on appelle l'Intelligence Collective qui se réfère aux connaissances créées à partir des interactions humaines et des réseaux interpersonnels (Smith & Duin 1994, Malone et al. 2009). Ce qui contribue à la 2 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective construction du capital social (Nahapiet & Ghoshal 1998) par référence à l'ensemble des ressources incorporées dans les rapports entre les acteurs au sein d'un réseau. Dans le même sens, Shimazu et Koike (2007 p.52) définit la gestion des connaissances 2.0 (KM 2.0) comme « un modèle qui place l'intelligence collective au niveau central et encourage son utilisation en accélérant la diffusion de l'information »3. Il décrit les nouvelles tendances de changement dans la manière de gérer les connaissances dans une économie et société basées sur le savoir, qui repose principalement sur les connaissances interpersonnelles (capital social) à travers la mise en relation des individus et la socialisation (Dudezert & Boughzala 2008). La socialisation permet la conversion de connaissances tacites à travers l’interaction directe entre individus via des activités conjointes par l'observation, l'imitation, la pratique et la mise en réseau (Polanyi 1966, Nonaka 1994, Spender 1996). Une confusion pourrait exister entre les différents concepts tels que Web 2.0, Entreprise 2.0, Organisation 2.0, Management 2.0, KM 2.0, Collaboration 2.0, etc. Le but de ce papier est justement d’introduire et de définir clairement la notion d'organisation 2.0 comme étant une nouvelle conception de l’organisation ou plus exactement le nouveau modèle d’organisation par comparaison au modèle de l’organisation traditionnelle selon plusieurs dimensions. Toutes celles-ci doivent nécessairement être réexaminées et la compréhension archaïque de l'organisation devrait être revue. Les fondements du modèle organisationnelle doivent être remis à jour puisque l'organisation elle-même est actuellement en cours de mutation. Une des questions de recherche ultime visée dans le présent papier est la suivante: Comment tirer profit de l’évolution technologique (Web 2.0) en adaptant l’organisation à l’évolution sociale (génération Y) dans une perspective de performance organisationnelle et d'innovation ? Ou encore, comment s'adapter aux nouveaux modes de travail de la génération Y, liés à l’usage intensif des technologies Web 2.0, sans pour autant compromettre la survie de l'organisation moderne? Ce papier plutôt conceptuel et prospectif essaye de servir de point de départ pour des futurs travaux de recherche dans ce domaine (c’est plus donc un lancement d’une réflexion). Il est évident que ce papier avance un certain nombre d’affirmations qui sont encore à vérifier théoriquement et pratiquement/empiriquement. Il conduit par conséquent à davantage de questions qu’à des réponses. Il cherche surtout à entamer un débat scientifique autour de la problématique de l'organisation 2.0, ses opportunités et ses risques. Le papier est structuré de la manière suivante. La prochaine section décrit les différences entre l'organisation traditionnelle et l'organisation 2.0 par rapport au mo3 A model that places collective intelligence at its core and promotes its use by accelerating the distribution of information dèle organisationnel et d’affaire selon différents aspects et dimensions. Plusieurs voies pour bien intégrer les technologies Web 2.0 et la génération Y à travers cette nouvelle organisation sont détaillées dans la section 3. Les implications pour les organisations, les managers/décideurs, les chercheurs et les concepteurs des technologies sont examinés dans la section 4. Le papier se termine par un résumé des principales orientations de recherches futures. 2. Le nouveau modèle d’organisation : de l’organisation traditionnelle a l’organisation 2.0 Les principales différences entre l'organisation traditionnelle (pouvant être appelée Organisation 1.0 maintenant) et l'organisation 2.0 sont étudiées dans cette section selon différentes dimensions. La figure 1 ciaprès compare les deux types d'organisation à travers quatre facteurs clés de management : l'information, les acteurs, les processus et les technologies. Cette figure met en évidence le fait que l'organisation traditionnelle est centrée sur l'information ou encore la connaissance (et plus généralement le contenu) et l'organisation 2.0 est centrée sur le social – les acteurs - contributeurs. Collaborateur 2.0 RH 2.0 Collaboration 2.0 Management 2.0 Apprentissage 2.0 Leadership 2.0 Processus Information Connaissance (Capital de connaissance ) Acteurs (Intelligence individuelle) Technologies Usage 2.0 KM 2.0 Culture 2.0 Processus DSI 2.0 Innovation 2.0 Acteurs (Intelligence collective & Capital social ) Connaissance Technologies (Web 2.0) Figure 1 - Du modèle de l’organisation traditionnelle au modèle de l’organisation 2.0 (adaptée de Boughzala & Limayem 2010) Ces quatre éléments clés pourraient aussi nous renseigner sur le passage du management traditionnel au management 2.0, et ceci en termes de : - Information : Le modèle de l'organisation traditionnelle était fondée d'abord sur l'information et plus tard plus généralement sur la connaissance (étant l’information une connaissance explicite). Ces connaissances pour la plus part proviennent des experts (intelligence individuelle). Dans le contexte de l'organisation 2.0, toute connaissance provenant de n’importe quel individu pourrait être intéressante. En outre, la nature même des relations entre individus peut être source de connaissances (intelligence collective). Par exemple, avec Facebook ou LinkedIn – des plates-formes sociales célèbres, les gens peuvent se connecter avec d’autres et bâtir des relations personnelles et professionnelles à 3 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective travers des groupes d'intérêt, des communautés de pratique et de collaboration. Si l'organisation traditionnelle était basée sur le capital connaissance (Knowledge Capital) principalement composé de connaissances impersonnelles4 et de connaissances personnelles5, l'organisation 2.0 est basée sur le capital social (Social Capital) comprenant les connaissances, leurs espaces de socialisation et leurs détenteurs (connaissances interpersonnelles6). - Acteurs : La place et le rôle de l'individu sont également différents d'une organisation à une autre. Dans l'organisation traditionnelle, les salariés sont principalement utilisateurs de la connaissance. Dans l'organisation 2.0, les individus jouent un rôle plus central dans le dispositif de gestion des connaissances, et ceci en générant consciemment et inconsciemment des connaissances. Ces derniers participent activement à la co-construction du contenu. Ainsi, les notions de la participation des utilisateurs, les réseaux sociaux et la collaboration ouverte deviennent fondamentales dans le contexte de l'organisation 2.0, et le concept d'intelligence collective joue un rôle majeur dans son modèle. En conséquence, de nouvelles approches de la performance organisationnelle doivent être inventées. La reconnaissance/récompense des individus doit être faite en fonction de leurs capacités sociales et leurs compétences collaboratives à rentrer en contact avec les autres, à fédérer d'autres autour d’une idée ou projet, à partager des connaissances avec d’autres et à travailler d’une manière collective et collaborative (Boughzala 2007). La génération Y se caractérise par une nouvelle culture d’éveil, de partage et d'innovation. - Processus : Dans le cas de l'organisation 2.0 l'utilisateur final est beaucoup plus impliqué dans les processus d'affaires. On parle de self-care lorsque celui-ci est amené à exécuter une partie du processus à ses propres frais (Bitner et al. 2002). L'enregistrement en ligne avant un voyage via le site web d’une compagnie aérienne est un bon exemple en termes de temps consommé et de coût de connexion Internet. Plus encore, les processus collaboratifs, en plus des processus traditionnels de production, prennent une place plus importante. Les processus informels sont devenus cruciaux pour l'innovation ouverte à travers le réseautage, la collaboration émergente, le partage de contenu et la coconstruction de connaissances. Le développement des logiciels libres est le meilleur exemple. Comme de nombreux autres acteurs de l'Internet, Google s'appuie fortement sur les communautés de pratique pour favoriser la créativité et l'innovation ascendante. 4 5 6 Impersonal knowledge consists of ideas and information made explicit in documents and files (explicit knowledge). Personal knowledge which is tacit and stored in the brains (tacit knowledge). Interpersonal knowledge which is communicated implicitly in the conversations and connections of people (implicit knowledge). - Technologies : Les technologies Web 2.0 bouscule à la fois les pratiques de travail et le marché des logiciels. La génération Y utilise ces technologies au quotidien dans leur sphère privée et, par conséquent, considère que ces technologies pour la collaboration de masse (émergente et ouverte) et l'auto-organisation sont les meilleurs moyens de travailler. Les réseaux sociaux et les communautés en ligne sont pour elle les meilleures ressources pour la résolution collective de problèmes, pour nouer des liens et des partenariats, et pour profiter de l’intelligence collective. Cette génération veut choisir elle-même les technologies dont elle juge bonnes à utiliser. Ces pratiques sont quelque peu inquiétantes pour les responsables informatiques/systèmes d’information (DSI). Ces nouvelles pratiques de collaboration avec une utilisation intense des technologies Web 2.0 sont parfois appelées Collaboration 2.0 (Coleman & Levine 2008). En comparaison aux technologies Web 2.0 d'aujourd'hui qui sont centrées sur l'utilisateur, les anciennes technologies de collaboration (e.g. Groupware - GSS7) et de gestion de connaissances (KMS8) qui sont centrées sur les tâches, semblent incroyablement primitives en termes de gestion des connaissances interpersonnelles et de socialisation. Celles-ci offrent des renseignements limitées et formelles sur les experts et des connaissances explicites en termes de collaboration. Ils souffrent de leur manque de fonctionnalités d'auto-expression, d'interaction sociale et de visualisation. Ces anciennes technologies, tels que les Intranets et les portails de connaissances, sont souvent passives avec un contenu statique et la plus part de temps généré par des experts, des administrateurs ou des professionnels. Les technologies Web 2.0 sont participatives et personnalisables avec un contenu dynamique généré par les utilisateurs eux-mêmes. Alors que les anciennes technologies sont trop complexes et rigides, les technologies Web 2.0 sont souples et faciles à utiliser et à installer. Par exemple, n'importe qui peut créer un blog en quelques minutes et être capable de partager ses idées avec d'autres. Le lancement d'un wiki pour le partage des éditions est une tâche facile pour une équipe de projet. Les Groupware, GDSS9 et KMS nécessitent en général des investissements considérables que seules les grandes entreprises peuvent se les permettre. Ce n’est pas le cas avec les technologies Web 2.0 qui sont beaucoup plus accessibles même pour les PME/PMI. Des technologies telles que les ERP10, SCM11, CRM12 et CAD13 7 Group Support Systems 8 Knowledge Management Systems 9 Group Decision Support Systems 10 Enterprise Resource Planning 11 Supply Chain Management 12 Customer Relationship Management 13 Computer-Aided Design 4 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective ont commencé à intégrer des outils (fonctionnalités) faciliteraient et permettraient la collaboration 2.0 et le KM 2.0 tels que les Wikis. Mode de management Management traditionnel Hiérarchie Organisation verticale Plus globalement, on peut s’attendre avec l’arrivée des technologies Web 2.0 à une transformation des systèmes d’information, qui gagneraient entre autres en personnalisation, adaptabilité et évolutivité. La mission même des DSI14 tendrait à changer. Environnent autoritaire Structure prédéfinie Projets séparés Décision Planification TopDown Actions planifiées Le tableau suivant permet de résumer les différences entre l’organisation traditionnelle et l’organisation 2.0 selon différentes dimensions : Contrôle InformationConnaissance Management des connaissances Organisation traditionnelle Capital informationnel, capital connaissance Accès local à l’information Connaissance impersonnelle et personnelle Connaissance provient des experts Acteurs et mode de travail Processus et structure organisationnelle Intelligence individuelle Action individuelle Un à plusieurs Réactif Collaboration programmée Contrôle Individualisation Standardisation Processus prescrits (structurés et précis) – orientés tâches Organisation en silos et opaque Equipes de projets – mode inclusif Technologies et usage Plus d’équipes en colocalisation Outils orientés tâches Outils rigides Contenu statique et usage passif Usage professionnel Mode projet Organisation 2.0 Capital social Accès globale et instantané à l’information Connaissance impersonnelle, personnelle et interpersonnelle Connaissance provient de toute personne dans l’entreprise Intelligence collective Participation sociale Plusieurs à plusieurs Proactif Collaboration émergente et ouverte (de masse) Auto-organisation Socialisation Adaptation Processus émergents (ad hoc et ouverts) – orientés socioémotions Organisation ouverte et transparente Equipes ouvertes – mode progressif e.g. Communautés virtuelles Plus d’équipes distribuées Outils centrés sur les utilisateurs Outils flexibles et personnalisables Contenu dynamique et usage participatif Usage professionnel et privé Réseaux sociaux et collaboration massive Direction des Systèmes d’Information “Wirearchie” - Réseau Organisation horizontale / flatte Environnent collaboratif Structure émergente Approche globale Influence Planification Bottom-up Actions sur demande Communication et responsabilisation Tableau 1 – Comparatif des deux types d’organisation (Boughzala 2009b) D'autres dimensions, liées à un niveau plus global et macro de l’organisation, pourraient être analysé dans l'étude de l'organisation 2.0 en référence au modèle étoile de Galbraith (2002). Par exemples : les valeurs de l'organisation, la stratégie et les modèles d’affaire, la structure et les modèles organisationnels, le leadership, la gestion des ressources humaines, la gestion de la performance, l’implémentation et le management des systèmes d'information, l’alignement des TIC, etc. Ces dimensions pourraient être traitées avec différents points de vue : social, managérial, technique, économique, légal, écologique, etc. Toutes les dimensions d’analyse présentées dans cette section méritent toutes davantage d’approfondissement théorique et de vérification empirique dans le cadre de futures recherches. 3. Vers l’organisation 2.0 : Voies pour intégrer les technologies web 2.0 et la génération Y Les organisations d’aujourd’hui d'être bousculées encore plus par pide des technologies Web 2.0 principales voies pour bien les 2009a) : seraient susceptibles le développement radans l’avenir. Trois intégrer (Boughzala 1- Intégrer les Web 2.0 avec l’ancienne génération de technologies : Les technologies Web 2.0 ne remplacent pas mais enrichissent et complètent l'ancienne génération des technologies de la collaboration et de la connaissance en termes de socialisation (autoexpression, réseautage, interaction, partage et collabo15 ration) et d'ubiquité (connectivité, mobilité et virtualité). Des fonctionnalités pour gagner en efficacité collective devraient être proposées et intégrées à l’ancienne génération. Il y a une nécessité de guider leur intégration (comme services) avec une agrégation des contenus. Deux actions sont à envisager : Soigner le choix des technologies dans une logique 15 14 Management 2.0 L'ubiquité est la capacité d'être présent en plusieurs lieux simultanément. Le terme est dérivé du Latin ubique qui signifie « partout » (Wikipédia). 5 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective d’intégration globale et adopter un déploiement progressif à l’aide d’une approche d’accompagnement du changement. 2- Rationnaliser le choix des technologies Web 2.0 et leurs usages : La technologie Web 2.0 amène parfois à confondre les espaces privées et professionnelles. L'utilisation privée de ces technologies influence nécessairement la productivité et la performance organisationnelle. Des logiques et des règles d'usage devront être clarifiées et précisées à l'avance. Il est donc nécessaire d'inventer de nouveaux systèmes d'apprentissage originaux adaptés à la génération Y (M-learning, Vlearning), et d'appliquer des méthodes de suivi (surveillance) plus efficace pour superviser et contrôler le déploiement "sauvage" des outils en entreprise. Pour cela, trois mesures devraient être prises en considération : Etudier et réglementer les usages en fonction des structures et des processus de collaboration, rendre les processus collaboratifs plus transparents, et s’appuyer sur des champions et des compagnes de communication. 3- Etudier leurs apports pour l’organisation sans pour autant les surestimer par avance : Les technologies Web 2.0 ne résolvent pas tout mais peuvent aider à instaurer une culture de partage et de transversalité entre les métiers, et à impulser une dynamique de créativité dans le groupe. Des indicateurs d’adoption (utilité, acceptabilité, sociabilité, fréquence d’usage, etc.) sont à mettre en place. Il y a une nécessité de suivre l’évolution des usages au fil du temps à titre individuel et collectif. Trois actions devraient être considérées dans ce cas : Revoir les processus d’apprentissage, veiller à les faire vivre et les animer, et capitaliser sur les usages. D'autre part, les organisations sont aujourd'hui confrontés à un défi de taille avec l'intégration de la génération Y parmi les autres générations. Trois principales voies pour bien les intégrer (Dudezert, Boughzala et al. 2008, Boughzala 2009a) : 1- Redonner du sens au travail collectif en passant du rapport de force au rapport de séduction : Le salarié « Génération Y » a un rapport passionné au travail. Il est disposé à investir de son propre temps pour apprendre, mais aujourd’hui les modes de valorisation de ce salarié « rationnel » sont totalement insuffisants. Il y a une nécessité de rentrer avec lui dans un rapport privilégiant la séduction plutôt que le pouvoir. Pour cela, quatre mesures doivent être prises en considération : Clarifier et communiquer sur les objectifs stratégiques de l’entreprise, parler à l’imaginaire (Storytelling, métaphores, etc.) et à l’affectif de ces nouveaux embauchés, utiliser des techniques de compagnonnage et de coaching, et inventer un nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie privée (souplesse au niveau du temps de travail, avantages sociaux, etc.). 2- Reconcevoir les modes de travail en commun en passant de l’organisation hiérarchique à l’auto- organisation pilotée : Le salarié « Génération Y » utilise les technologies dans sa vie quotidienne, il a développé l’idée que le réseautage et l’auto-organisation sont les modes d’organisation standard. Il y a une remise en cause des relations hiérarchiques et de l’organisation par tâches. Les modes de management traditionnels seraient donc à revoir. Il y a une nécessité d’anticiper les changements à mettre en œuvre dans les modes d’encadrement et de gestion au quotidien. Deux actions sont à envisager : Inventer de nouveaux systèmes d’évaluation (maturité collaborative, usage des technologies, etc.) et encadrer l’auto-organisation et la collaboration (gestion de projet collaboratif, assistance dans l’usage des technologies, autonomisation et responsabilisation). 3- Dépasser les schémas préconçus d’organisation en faisant évoluer le schéma mental des managers : Le salarié « Génération Y » est différent, n’ayant pas connu le monde socio professionnel sans internet. C’est un grand utilisateur des technologies capable de travailler parfaitement à distance et en réseau. Il n'a pas besoin d'être en co-localisation pour travailler efficacement, partager des connaissances et co-innover. Il s’appuie sur les technologies de la collaboration, les réseaux sociaux et les communautés en ligne pour se faire. Son réseau de collaboration ne s'arrête pas aux frontières de l'organisation. Il est prêt à échanger avec n’importe qui dans une logique Donnant-Donnant. Les modes de travail actuels doivent donc évoluer pour s’adapter au travail en réseau. Il y a une nécessité de comprendre ses habitudes et son mode de pensée. Trois actions devraient être considérées dans ce cas : Lui proposer des technologies à la pointe pour sa mobilité, prévoir un cadre formel adapté pour le télétravail, et mettre en place des nouveaux indicateurs de performance individuelle et collective. 4. Implications 4.1. Implications pour les organisations L'émergence du modèle de l'organisation 2.0 affecterait les organisations selon les dimensions suivantes mais non les moindre : • La dimension sociale : La socialisation est le plus important mode de création de connaissances dans l'organisation 2.0. Les réseaux sociaux, les hubs, les communautés en ligne et les mondes virtuels sont les principaux instruments importants dans lesquels les organisations doivent investir pour gérer leurs connaissances et pour améliorer leur créativité et leur innovation ; Alors comment contrôler/gérer efficacement ces nouvelles formes d'organisation ? Quels moyens et stratégies faudrait-il adopter? Etc. En outre, la génération Y est à prendre en charge. Ces individus sont familiers avec les technologies Web 2.0 ; Comment donc intégrer cette génération dans les organisations actuelles ? Comment faire pour gérer leur comportement à travers l'usage de ces technologies ? 6 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective Comment résoudre les problèmes liés au gap générationnel ? Etc. • La dimension managériale : Dans l'organisation 2.0, les modes d’organisation et de management sont amenés à changer. Par exemples, les méthodes de recrutement, les modes de formation et de tutorat, les méthodes de suivi et de gestion de projet au quotidien, les approches d’évaluation de la performance, le développement de carrière, et l’accompagnent du changement doivent forcément évoluer. Non seulement les technologies évoluent, mais aussi les attitudes et les comportements des employés, les méthodes de travail, les compétences requises, la dispersion accrue des équipes, etc. Alors, quel sera l'impact sur la performance organisationnelle ? Quel mangement de projet adapter à la génération Y ? Quel sera le profil du manager de demain ? Dans ce sens, certaines sociétés, comme Google, n’hésitent pas à engager les chefs de guildes des jeux électroniques (i.e. MMORPG16); mais quels types de compétences pourraient être transférés du monde virtuel au monde réel ? D’autres sociétés, tels que Dell, Microsoft, Accenture, utilisent les jeux sérieux (Serious Games) pour former la nouvelle génération Y, mais comment concevoir de bons jeux pour assurer l'efficacité de la formation ? Etc. leurs technologies selon les situations collaboratives ? Comment assurer leur intégrité, interopérabilité et évolutivité ? Comment adapter la formation aux technologies ? Comment les autres technologies (comme par exemples les téléphones mobiles) doivent intégrer et s’interfacer avec les technologies Web 2.0 ? Quels sont les problèmes de sécurité qui doivent être pris en compte ? Etc. • Les dimensions légale et éthique : Dans l'organisation 2.0, certains problèmes juridiques pourraient être associés à la fuite d'information, surtout quand les individus mélangent les activités d’ordre privé avec leurs activités professionnelles. Cela pourrait être révélateur d’information stratégique ; Alors comment contrôler les flux d'information ? Ceci ne devrait pas être mentionné dans les contrats de travail ? La génération Y à l’habitude de travailler à distance. Comment les contrats de travail devraient en tenir compte ? Dans cette nouvelle organisation, les informations privées sont extraites à travers l’usage des technologies, le plus souvent à l’insu de l'utilisateur, ce qui pose évidemment des problèmes éthiques en termes de confiance et de protection de la vie privée. Alors comment rendre ceci plus transparents ? Etc. De plus, la génération Y ne se sent pas identifié à une organisation en particulier dans le long terme. Alors, comment faire pour les retenir et vice-versa? Quels types d’avantages les organisations devraient-elles leur proposer ? Ils confondent souvent l'usage privé et professionnel des technologies. Comment faire alors pour répartir les coûts d’utilisation ? Comment évaluer leur maturité collaborative et leur performance ? Etc. L’organisation 2.0 implique beaucoup plus d’échanges informels et formels, et de partage des connaissances entre personnes et partenaires. Ce qui soulève les problèmes de la propriété intellectuelle et de partage de la valeur créée. La question est entre autres de savoir, comment prendre en compte ces problèmes ? A qui appartient la valeur créée ? Comment faire pour gérer ce partage de connaissances qui semble profitable pour l'innovation mais délicat à terme ? Etc. • La dimension économique : Le modèle de l’organisation 2.0 affecte les modèles d'affaires des entreprises puisqu’à la fois les produits et les services seront amenés probablement à évoluer. De même que les cycles de production et de distribution. Les relations inter-organisationnelles (entre clients, fournisseurs et partenaires) seront forcément différentes. • La dimension écologique : En mettant l'accent sur l'interaction des individus, l'identité organisationnelle, les connaissances critiques, et les facteurs environnementaux, ce système adaptatif complexe s'apparente à un écosystème naturel ; Alors comment gérer celui-ci en intra et inter organisationnel ? Etc. L'investissement en termes d'acquisition de technologies pourrait être moindre mais des coûts additionnels sont à prévoir en termes de sécurité des données, confidentialité et protection de l'information privée ; Alors comment tirer un vrai avantage de ces technologies ? Comment mesurer le retour sur investissement ? Etc. • La dimension technologique : Les technologies devraient être plus adéquates pour connecter les individus entre eux, et favoriser l'émergence des réseaux, la collaboration de masse et l'innovation. Par rapport à la précédente génération de technologies, elles doivent offrir beaucoup plus de possibilités en termes de suivi, de mobilité, d'ubiquité et de virtualité. Plusieurs questions liées aux technologies se posent dans ce cas: Comment sélectionner/choisir les meil16 Dans l'organisation 2.0, l'utilisation des technologies est intensive. Cela conduit à beaucoup moins de déplacements/voyages et de coûts associés, mais est-ce vraiment écologique ? N'est-il pas compensé par le déploiement des infrastructures technologiques gigantesques ? Etc. • La dimension culturelle : La culture doit être pris en compte dans l'étude de l’organisation 2.0 comme par exemples pour les modèles d’affaires (les produits et les services proposés), le choix et la conception des outils de la collaboration, les modes de gestion, la motivation et l'incitation des salariés, l’intergénérationnel, etc. ; Alors comment cette nouvelle organisation peut intégrer les cultures individuelles ? Comment profiter de la diversité culturelle ? Comment instaurer une culture de partage qui dépasse l’individualisme prédominant ? Etc. Massively-Multiplayer Online Role-Playing Game 7 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective Beaucoup de questions parmi d’autres sont importantes mais restent à présent sans réponse et donc à creuser et à étudier théoriquement et empiriquement. 4.2. Implications pour la recherche D'un point de vue de la recherche, l'étude de l’organisation 2.0 peut conduire à plusieurs questions de recherche intéressantes. En plus des enjeux liés à la maîtrise de son champ d’intervention, l’idée serait de donner des réponses concrètes aux organisations souhaitant anticiper ces évolutions et tirer profit de ce nouveau modèle d’organisation. Les recherches en organisation 2.0 peuvent être orientées vers : • La théorie (cadres conceptuels, modèles, méthodes, etc.); l’organisation 2.0 représente un nouveau champ d’investigation théorique. Plusieurs théories devraient être réadaptées et d'autres peut être proposées. • L’expérimentation (expériences sur le terrain, simulations, etc.); • L’observation (usages, études de terrain, etc.). La recherche en organisation 2.0 pourrait: • Etre pluri-, inter- and trans disciplinaires couvrant les sciences de gestion, les systèmes d’information, l’informatique, la sociologie, les sciences de l’éducation, etc ; • Utiliser plusieurs approches et méthodologies : L’analyse qualitative et quantitative, la théorie à partir des données (Grounded theory), design science, etc. • Etre traitée selon différentes dimensions: Sociale (« behavioristique »), managériale (apprentissage organisationnel), économique, technologique, éthique (propriété intellectuelle), écologique (écosystème), etc. • Etre associée à différentes perspectives épistémologique: Critique, logique, positiviste ou interprétiviste. • S’ouvrir à plusieurs futures directions de recherche en science de gestion (stratégie d’affaires, modèles organisationnels, etc.), en systèmes d’information (usage, évaluation et transformation) et en informatique (conception de nouvelles technologies). 4.3. Implications pour la conception des technologies Le modèle de l’organisation 2.0 s’appuie sur des technologies variées. Les technologies proposées ne sont pas définis par la richesse de leurs fonctionnalités ou la complexité des processus qu’elles appuient, mais par leur capacité à capter les connaissances interpersonnelles et les liens implicites entre les individus, les données et les systèmes. Ces technologies permettent la valorisation de l’intelligence collective et favorisent l'innovation ascendante et participative. Elles sont in- différentes à l'identité des entreprises et aux structures et aux frontières organisationnelles. D'un point de vue de la conception, l’organisation 2.0 fera appel à plusieurs nouvelles tendances techniques tels que les Social, Mobile, Ubiquitous, Grid, Cloud Computings, les technologies ambiantes, la réalité virtuelle, les technologies haptiques, les mondes virtuels 3D, les nanotechnologies, les technologies vertes, etc. Dans l'avenir, elles bénéficieront des techniques ontologiques, le Web Sémantique, les moteurs basés sur les agents intelligents, etc. 5. Discussion et conclusion Le concept de la nouvelle organisation – l’organisation 2.0 (peu importe l’appellation qui sera retenue dans le domaine de la recherche), n’est pas de tout lié à un effet de mode passagère (de l’ère 2.0) mais à une véritable transformation (de fond) de l’organisation (Boughzala 2009b). L'utilisation des mondes virtuels, l’Internet 3D et l’internet des objets, va se développer dans l’avenir. L’organisation 2.0 profitera certainement de ces évolutions technologiques, et vice versa. Avec la notion de Smart world ou monde intelligent (Ma et al. 2005), les deux mondes réels et virtuels seront amenés à fusionner (hybridation des mondes réels et virtuels). Probablement dans dix ans, nous vivrons dans un monde intelligent et utiliserons des terminaux beaucoup plus « intelligents ». Tous les objets autour de nous auront une identité et seront contrôlables à distance. Non seulement les individus peuvent communiquer entre eux mais aussi les objets (entre eux et avec les individus). Le concept de Smart World ne pourra pas prendre forme concrètement sans s’inscrire dans une logique d'efficacité et d'efficience des organisations. Nous parlerons peut-être de « Smart Organisation » à l'ère du x.0 avec la génération Z (2000 -). Il va sans dire que toute cette évolution aura des répercussions directes et profondes sur d'autres domaines connexes, tels que l’e-business, le marketing, la finance, l’administration électronique, la santé, etc. Dans ce papier, nous avons essayé d'introduire et de définir le concept d'organisation 2.0 comme étant le nouveau modèle d'organisation pour l’ère du nouveau Web. Il est vrai que ce modèle peut tirer avantage de l'intelligence collective pour le partage et la co-création de connaissances, la consolidation du capital social et l’accélération de l'innovation, mais il présente aussi plusieurs risques liés à l'utilisation des technologies Web 2.0 et aussi aux caractéristiques même de la génération Y. En effet, l’utilisation mal cadrée/guidée des technologies Web 2.0 peut être contre-productive et source de plusieurs dérives : Maîtrise du temps de travail, détournement de l’usage initial des technologies, surcharge informationnelle, répartition des coûts liés à l’utilisation, isolement/addiction, débordement, etc. En plus, la génération Y pourrait être source de problèmes. Livrée à elle même, elle pourrait contribuer à l'anarchie, la perte de pouvoir des managers, la fuite d'informations, le conflit de générations, trop grande auto- 8 Vers l’organisation 2.0 : Un nouveau modèle basé sur l’intelligence collective nomie des salariés centrés sur le développement de leurs connaissances propres, etc. Par conséquent et pour conclure, l’intégration de la génération des technologies Web 2.0 conduit à l’amélioration des pratiques collaboratives et donc à l’innovation sous conditions. D'autre part, l'intégration de la génération Y conduit à une mutation organisationnelle importante avec tous les risques que cela peut engendrer. Il y a un besoin entre autres de : Adapter les systèmes d'information, réinventer la KM traditionnel (KM 2.0, voir Boughzala & Limayem 2010), adapter les systèmes d'évaluation de la performance, prendre en considération la diversité culturelle à la fois au niveau managérial et au niveau technique, et faire en sorte que l'innovation devienne une préoccupation majeure de l'organisation. Références Anderson P. (2007). What is Web 2.0? Ideas, technologies and implications for education. JISC Technology and Standards Watch, Available at: http://www.jisc.ac.uk/media/documents/techwatch/tsw07 01b.pdf Arina T. (2008). The vision of the future Organization 2.0. http://www.slideshare.net/infe/vision-of-the-futureorganization-20-presentation Bitner M., Ostrom A., Meuter M., Clancy A. (2002). 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