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Observatoire du Management Alternatif
Alternative Management Observatory
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INITIATIVE
L’initiative de la
Free Software Foundation
Raphaël Saillant – Novembre 2010
Majeure Alternative Management – HEC Paris – 2010-2011
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
1
L’initiative de la Free Software Foundation
Cette fiche a été réalisée dans le cadre du cours « Grands défis planétaires » donné par
Denis Bourgeois, David Khoudour-Castéras et Thanh Nghiem au sein de la Majeure
Alternative Management, spécialité de 3ème année du programme Grande Ecole d’HEC Paris.
Résumé : La Free Software Foundation défend le logiciel libre face au logiciel propriétaire,
pour que chacun puisse avoir librement accès non seulement au logiciel, mais aussi au code
source du logiciel, pour pouvoir modifier ce dernier à tout moment.
Mots clés: Hacker, Logiciel libre
The Initiative of the Free Software Foundation.
This review was presented in the « Global challenges » course of Denis Bourgeois, David
Khoudour-Castéras and Thanh Nghiem. This course is part of the “Alternative Management”
specialization of the third-year HEC Paris business school program.
Abstract: The Free Software Foundation supports the free software against the proprietary
software, so that anyone can have a free access not only to the software, but also to its code,
to its fabrication recipe, to be able to change it anytime.
Key words: Hacker, Free software
Sommaire
1. Données élémentaires : p. 3
2. Histoire : p. 4
3. Mission(s) et valeurs : p. 6
4. Analyse de l’auteur de la fiche : p. 8
5. Références : p. 10.
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Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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1. Données élémentaires
La Free Software Foundation (FSF) est une fondation qui défend le logiciel libre, parfois
appelé « open-source » (bien qu’il y ait une nuance entre les deux termes), et proposant une
licence libre pour les logiciels informatiques. Son objectif est de promouvoir la liberté de
créer, de modifier, d’améliorer, de distribuer et d’utiliser les logiciels, en s’opposant aux
logiciels propriétaire dont le code n’est pas disponible, et ne peut être changé, car protégé par
des droits de propriété intellectuelle. Le logiciel libre le plus connu est le système
d’exploitation Linux, mais il y en a de nombreux autres.
La FSF est une fondation à but non-lucratif créée en 1985 par Richard Stallman à Boston,
où se trouve le Massachussetts Institute of Technology (MIT). La fondation, qui compte
aujourd’hui douze salariés, gère notamment le programme GNU de logiciels libres à l’image
de Linux, et aussi des campagnes de sensibilisation et d’information sur le libre.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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2. Histoire
L’élément déclencheur de cette initiative est particulièrement intéressant pour expliquer
l’énorme avantage du logiciel libre sur le logiciel propriétaire1. En 1983, Richard Stallman,
hacker de la première heure, était chercheur au MIT, et son laboratoire possédait une
imprimante Xerox. Seulement, le logiciel exploitant l’imprimante était incapable d’alerter les
utilisateurs lorsqu’elle bourrait, c’est-à-dire lorsque des feuilles de papier se coinçaient dans
l’imprimante. Stallman et ses collègues ne se rendaient compte du problème que lorsqu’ils
voulaient récupérer leurs copies, qui par conséquent, n’étaient pas imprimées. Pour régler ce
petit problème, Stallman a voulu modifier le logiciel de l’imprimante édité par Xerox pour
ajouter une fonction « m’alerter lorsque l’imprimante bourre ». Ici intervient le gros
problème : les utilisateurs ne peuvent accéder au code source du logiciel Xerox qui est protégé
par une licence copyright. Ainsi, il est impossible, et même illégal d’améliorer le logiciel
Xerox.
Le 27 septembre 1983, Richard Stallman lance donc le projet GNU, qui s’organise en sousgroupes pour créer un système d’exploitation informatique ainsi qu’une gamme complète de
logiciels. L’objectif est de créer un système d’exploitation qui soit entièrement libre, construit
avec une communauté de hackers que tout le monde peut rejoindre. Le terme « libre » ne se
limite pas du tout à gratuit, il signifie que le logiciel peut être accessible librement, que le
code source du logiciel peut être librement observé, qu’il peut être librement modifié par ses
utilisateurs, et qu’il peut être librement distribué. En fait, cette démarche s’inscrit dans une
conception nouvelle des droits de propriété intellectuelle, exprimée dans le manifeste du
GNU2 rédigé en 1985. L’anagramme GNU est intéressant : il signifie « GNU’s Not Unix »,
formant une boucle infinie. Unix était un système d’exploitation d’AT&T qui était libre au
balbutiement de l’informatique, comme tous les logiciels, mais qui en 1977 est devenu
propriétaire : le projet GNU refuse cette appropriation du logiciel par un copyright. En 1985
est créée la Free Software Foundation, qui est le porte-drapeau et le financeur du projet GNU.
C’est cette fondation qui va coordonner le projet GNU, recueillir les dons en permettant de les
défiscaliser, communiquer autour du projet.
En 1989, la première version de la licence publique GNU voit le jour : elle permet de
1
Stallman R. 2001 « Free software: Freedom and cooperation » in New York University
http://www.gnu.org/events/rms-nyu-2001-transcript.txt, consulté en novembre 2010.
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« GNU Manifesto » The GNU operating System, http://www.gnu.org/gnu/manifesto.html, consulté en
novembre 2010.
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développer des logiciels sous cette licence qui garantit la liberté (au sens sus-indiqué) du
logiciel, qui ne peut donc plus être approprié comme Unix l’a été par AT&T. On parle
souvent de copyleft, par opposition au copyright, illustrant l’antagonisme entre le libre et le
propriétaire. En 1991, apparaît le premier système d’exploitation Linux, projet réalisé par des
centaines (puis des milliers, voire des dizaines de milliers) de contributeurs et coordonné par
l’étudiant finlandais Linus Torvalds. Il s’agit du logiciel phare du projet GNU, le plus connu
et le plus répandu dans le monde.
A partir des années 1990, de nombreuses nouvelles démarches du logiciel libre voient le
jour en dehors du projet GNU et de la Free Software Foundation, illustrant l’ouverture et la
liberté de ce type d’initiatives. Parmi les logiciels les plus connus (même si le grand public
n’est pas forcément familier avec ces noms), on peut citer Apache, qui est un logiciel de
serveur web très répandu, développé sous une licence libre « Licence Apache ». Par ailleurs,
on voit l’émergence d’un courant nouveau : le mouvement « open source », qui donne
notamment naissance au navigateur Mozilla Firefox.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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3. Mission(s) et valeurs
La Free Software Foundation a pour mission de préserver la liberté des logiciels
informatiques. Libres de quoi ? De droit de propriété intellectuelle qui sont déposés par les
entreprises. Sous le mot liberté se cachent quatre dimensions indispensables : la liberté
d’utiliser le logiciel, la liberté d’observer le code source de logiciel (c’est-à-dire d’observer la
façon dont a été construit le logiciel), la liberté de modifier le logiciel et la liberté de
distribuer le logiciel. Dans son discours à la New York University en 20013, Stallman fait une
analogie intéressante entre un logiciel et une recette de cuisine, illustrant la nécessité du
logiciel libre. Lorsque vous cuisinez, il peut vous arriver de demander à des amis une recette
qu’ils réussissent particulièrement bien. Vous reproduisez alors la recette, mais vous y ajoutez
votre grain de sel, votre petite touche personnelle : vous modifiez la recette pour l’adapter à
votre goût, et vous créez ainsi une nouvelle recette. De la sorte, lorsque quelqu’un vous
demande votre recette parce qu’il a les mêmes goûts que vous, vous lui transmettez votre
recette modifiée, et il peut en profiter. C’est la logique de partage du logiciel libre : chacun
peut avoir accès aux recettes de cuisine des autres, chacun peut modifier les recettes des
autres, tout le monde peut cuisiner et tout le monde peut transmettre ses recettes : on retrouve
les quatre principes essentiels du logiciel libre. La cuisine propriétaire serait peut-être
l’obligation d’utiliser des plats Picard à décongeler…
Les valeurs qui sont promues par l’initiative de la Free Software Foundation sont donc le
partage et la co-création. On peut utiliser le modèle de la pyramide pour illustrer ces valeurs :
le logiciel propriétaire est fait par le sommet de la pyramide, c'est-à-dire les entreprises, à
destination de la base de la pyramide, c'est-à-dire les consommateurs, et il y a une séparation
infranchissable qui cloisonne la base du sommet : le droit de propriété intellectuelle. La Free
Software Initiative veut aplanir la pyramide et se débarrasser de la cloison en mettant au point
des logiciels co-créés par la base de la pyramide pour la base de la pyramide : c’est une
démarche résolument horizontale.
Comme nous l’avons vu, il existe d’autres démarches qui portent parfois des valeurs
identiques mais surtout qui ont la même mission, à l’image de l’initiative open source. A ce
sujet, il existe une controverse encore ouverte entre le mouvement open source et celui du
logiciel libre promu par Stallman, ce dernier accusant de l’open source de ne pas s’en tenir
3
Stallman R. 2001 « Free software: Freedom and cooperation » in New York University
http://www.gnu.org/events/rms-nyu-2001-transcript.txt, consulté en novembre 2010.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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aux principes quasi-philosophiques de la Free Software Foundation de liberté. Effectivement,
le mouvement open source n’est pas militant comme peut l’être celui de Stallman, cependant,
les logiciels produits par le mouvement open source tel Firefox sont tout aussi libres que ceux
du projet GNU. En fait, il y a ironiquement une différence de marque : celle du logiciel libre
d’un côté, celle de l’open source de l’autre. Drôle de contradiction pour des chantres du libre
et de la non propriété intellectuelle que de se battre pour une marque !
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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4. Analyse de l’auteur de la fiche
Il est tout d’abord important de souligner l’importance du mouvement de la Free Software
Foundation, et des autres mouvements proches du logiciel libre. En prenant l’exemple de
Linux, on s’aperçoit que si ce système d’exploitation n’est utilisé que sur 0,7%4 des
ordinateurs de particuliers (contre 5,6% pour le système d’exploitation Mac, et à peu près tout
le reste pour Windows), il est en revanche le système d’exploitation de loin le plus utilisé
pour exploiter les serveurs web, où sont hébergés les sites internet que nous utilisons tous les
jours. Par exemple, 90% des cinq cent superordinateurs sont exploités sous Linux5, contre
seulement 1% sous Windows ! Apache est le logiciel de serveur web le plus répandu
aujourd’hui, avec 72% de part de marché6, et il y a parmi les concurrents d’autres logiciels
développés sous licence libre. Parmi les autres logiciels libres plus connus, il y a le navigateur
web Mozilla Firefox qui représente 31% de part de marché7 (deuxième navigateur web) et ne
cesse de progresser. Ces chiffres illustrent l’importance du mouvement libre/open-source, qui
ne se limite pas seulement au projet Linux.
Ces initiatives (utilisons maintenant le pluriel pour parler de toutes les initiatives « libres »)
ont une force incroyable par rapport aux logiciels propriétaires : c’est leur capacité de rebond,
leur rapidité d’adaptation. En effet, des dizaines de milliers de hackers améliorent en
permanence le logiciel, alors qu’il n’y a « que » des centaines d’ingénieurs qui développent
les logiciels propriétaires, et chaque ajout à ces logiciels propriétaires doivent être validés par
des process inhérents aux entreprises. Dans le même temps, les hackers contribuent à
l’amélioration du logiciel en continu, ils valident le travail de leurs pairs et font avancer
rapidement le logiciel. C’est pourquoi, aujourd’hui, Linux est bien plus performant que
Windows, Firefox qu’Internet Explorer.
Les grandes entreprises technologiques ont compris l’importance des mouvements hackers,
et cherchent à s’en inspirer dans leur esprit d’entreprise, dans leur organisation. Par exemple,
le réseau social Facebook organise régulièrement des « Hackathons » : il s’agit de nuits
4
“Top five Operating Systems”, Statcounter – Global Stats:
http://gs.statcounter.com/?PHPSESSID=geoiqffc6u9d715pqfrkf1mvj6#os-ww-monthly-200910-201010-bar,
consulté en novembre 2010.
5
“Operating System Family Share”, Top500 – Supercomputer sites: http://www.top500.org/stats/list/34/osfam,
consulté en novembre 2010.
6
Filippone D. 2008, « Serveurs Web : 72,45% de parts de marché pour Apache », Le Journal du Net :
http://www.journaldunet.com/solutions/systemes-reseaux/actualite/serveurs-web-72-45-de-parts-de-marchepour-apache.shtml, consulté en novembre 2010.
7
“Top five browsers”, Statcounter – Global Stats :
http://gs.statcounter.com/?PHPSESSID=geoiqffc6u9d715pqfrkf1mvj6, consulté en novembre 2010.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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blanches durant lesquelles les ingénieurs de l’entreprise développent un nouveau produit
selon leur choix dans la nuit, et le meilleur produit est primé au petit matin, tout le
« Hackathon » étant arrosé de bière et de bonne humeur. Le fondateur de Facebook, Mark
Zuckerberg, participe même régulièrement à ces nuits des hackers ! Autre entreprise à la
pointe de l’innovation technologique et sociale de la Silicon Valley, Twitter a organisé sa
première « Hack Week » au début de l’automne 2010 : l’entreprise a été en standby pendant
une semaine complète, et les ingénieurs se sont regroupés en petits groupes pour inventer de
nouveaux produits web, ou une nouvelle caractéristique du réseau social. Twitter comme
Facebook ont bien compris l’importance de la créativité spontanée de leurs ingénieurs, ainsi
que la force de la collaboration dans la création de nouveaux produis innovants.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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5. Références.
. « GNU Manifesto » The GNU operating System, http://www.gnu.org/gnu/manifesto.html,
consulté en novembre 2010.
.
“Operating
System
Family
Share”,
Top500
–
Supercomputer
sites:
http://www.top500.org/stats/list/34/osfam, consulté en novembre 2010.
.
“Top
five
browsers”,
Statcounter
–
Global
Stats:
http://gs.statcounter.com/?PHPSESSID=geoiqffc6u9d715pqfrkf1mvj6, consulté en novembre
2010.
.
“Top
five
Operating
Systems”,
Statcounter
–
Global
Stats:
http://gs.statcounter.com/?PHPSESSID=geoiqffc6u9d715pqfrkf1mvj6#os-ww-monthly200910-201010-bar, consulté en novembre 2010.
. Filippone D. 2008, « Serveurs Web : 72,45% de parts de marché pour Apache », Le Journal
du Net : http://www.journaldunet.com/solutions/systemes-reseaux/actualite/serveurs-web-7245-de-parts-de-marche-pour-apache.shtml, consulté en novembre 2010.
. Stallman R. 2001 « Free software: Freedom and cooperation » in New York University
http://www.gnu.org/events/rms-nyu-2001-transcript.txt, consulté en novembre 2010.
Raphaël Saillant – Free Software Foundation – Novembre 2010
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