Impact des travaux domestiques sur la scolarisation des filles au
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Impact des travaux domestiques sur la scolarisation des filles au
Programme des subventions ROCARE pour la recherche en éducation / ERNWACA Research Grants Programme Edition 2010/ 2010 edition IMPACT DES TRAVAUX DOMESTIQUES SUR LA SCOLARISATION DES FILLES AU SUD DU BENIN Chercheurs/researchers • • • • QUENUM Cossi Venant Célestin DOSSOU TCHEGBE Emilienne ZOUNMENOU Alexandre MANZI PIDALATAN Pimam 1 Parrain/Mentor : Pr. IGUE B. Charlemagne, Université d’Abomey-Calavi, Bénin. ……………………………………………….. BENIN Recherche financée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE) avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas ---------------------------------------------------------Research financed by Education Research Network for West and Central Africa (ERNWACA) With project support from UEMOA regional Centre of Excellence and the Ministry of Foreign Affairs of the Netherlands Janvier 2011 1 Chercheur Principal: Université d’Abomey-Calavi, Bénin. e-mail : [email protected] ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée • Mali • Mauritanie • Niger • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • République Centrafricaine • Togo www.rocare.org/ www.ernwaca.org 1 RESUME La présente étude a pour objectif d’estimer l’impact des travaux domestiques sur l’accès à l’école et la réussite scolaire des filles au Bénin. Les résultats de nos d’enquêtes montrent que les filles font jusqu’à 2 heures de travaux domestiques les soirs et 40 minutes les matins. Par contre, les garçons en font généralement moitié moins. En utilisant des modèles économétriques de comportement décisionnel de type logit, nous avons montré que les travaux domestiques dans leur ampleur actuelle, ne constituent pas encore une entrave majeure à la scolarisation des filles. Mots clés : scolarisation des filles – travaux domestiques – performances scolaires ABSTRACT Impact of housework on girls schooling This study aims to estimate the impact of housework on school access and academic success of girls in Benin. The results of our surveys show that girls are up to 2 hours of housework in the evenings and 40 minutes each morning. On the other hand, boys did generally less than half. Using econometric models of decision behavior of logit, we have shown that domestic work in their current scale, does not yet constitute a major barrier to girls schooling. Key words : girls schooling – housework – academic performance 2 SOMMAIRE SOMMAIRE .......................................................................................................................................... 2 I INTRODUCTION ......................................................................................................................... 6 II CONTEXTE ET JUSTIFICATION ............................................................................................. 8 III PROBLEMATIQUE...................................................................................................................... 9 IV CADRE THEORIQUE ............................................................................................................... 10 V METHODOLOGIE ..................................................................................................................... 15 VI TRAVAUX DOMESTIQUES ET SCOLARISATION DES ENFANTS ............................... 19 VII TRAVAUX DOMESTIQUES ET PERFORMANCE ACADEMIQUE DES ELEVES............. 31 VIII CONCLUSION ET RECOMMANDATION............................................................................. 42 IX REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................................................... 43 ANNEXE...................................................................................................................................... 45 3 SIGLES ET ABREVIATIONS BAC BAD BEPC CAP CEP CM CUA EDSB ILO INSAE MEMP OIT OMD RGPH UNESCO : : : : : : : : : : : : : : : Baccalauréat Banque Africaine de Développement Brevet d’Etude du Premier Cycle Certificat d’Aptitude Pédagogique Certificat de l’Etude Primaire Cours Moyen Commission de l’Union Africaine Enquête Démographique et de Santé du Bénin International Labor Organization Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique Ministère de l’Enseignement Maternel et Primaire Organisation International du Travail Objectifs du Millénaire pour le Développement Recensement Général de la Population et de l’Habitat Organisation des Nations Unies pour L’Education, la Science et la Culture LISTE DES TABLEAUX Tableau 6.1 : Répartition des familles enquêtées par départements et par type d’habitat…. 19 Tableau 6.2 : Situation matrimoniale du père et de la mère………………………………………. 20 Tableau 6.3 : Situation professionnelle du père…………………………………………………….. 20 Tableau 6.4 : Situation professionnelle de la mère………………………………………………… 21 Tableau 6.5 : Secteur d’activité du père et de la mère…………………………………………… 22 Tableau 6.6 : Répartition des pères et des mères selon le niveau d’instruction………………… 23 Tableau 6.7 : Répartition des familles selon le lien de parenté avec l’enfant…………………… 24 Tableau 6.8 : Distance entre la résidence et les services sociaux (école et eau)………………. 26 Tableau 6.9 : Heure de réveil et de départ des enfants les jours d’école………………………... 27 Tableau 6.10 : Durée des travaux domestiques du matin…………………………………………... 28 Tableau 6.11 : Durée des travaux domestiques du soir…………………………………………….. 28 Tableau 6.12 : Estimation logit des déterminants de la scolarisation des filles 30 Tableau 7.1 : Nombre d’année d’expérience des enseignants 33 4 Tableau 7.2 : Niveau d’instruction des parents d’élèves………………………………………… 37 Tableau 7.3 : Exécution des travaux domestiques selon le sexe des élèves…………………… 38 Tableau 7.4 : Durée des travaux domestiques……………………………………………………… 39 Tableau 7.5 : Répartition des élèves enquêtés par heure de réveil……………………………… 40 Tableau 7.6 : Estimation des déterminants de la performance scolaire des filles..................... 40 LISTE DES GRAPHIQUES Graphique 1 : Revenu mensuel des parents………………………………………………………… 22 Graphique 2 : Raisons de non scolarisation………………………………………………………… 25 Graphique 3 : Raisons d’abandon…………………………………………………………………….. 26 Graphique 4 : Répartition des élèves par âge……………………………………………………….. 32 Graphique 5 : Répartition des enfants par lien de parenté………………………………….......... 32 Graphique 6 : Statut scolaire………………………………………………………………………… 34 Graphique 7 : Statut scolaire par sexe…..…………………………………………………………… 34 Graphique 8 : Proportion d’élèves possédant des fournitures…………………………………… 35 Graphique 9 : Résultats au CEP par département………………………………………………….. 36 Graphique 10 : Proportion d’élèves faisant des travaux domestiques……………………………... 38 5 I INTRODUCTION L’éducation représente un droit inhérent à tout être humain, un droit acquis à la naissance par chaque enfant. Ce droit occupe une place centrale dans l’éventail des droits humains, car il est essentiel à l’exercice de tous les autres droits. C’est pourquoi, il a été consacré dès 1948 par la Déclaration universelle des droits de l’homme en son article 26 en ces termes: « Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire...». Dans la même sève juridique, la Constitution du 11 décembre 1990 a proclamé le droit à l’éducation à l’article 13 qui dispose que : « L’Etat pourvoir à l’éducation de la jeunesse par des écoles publiques. L’enseignement primaire est obligatoire. L’Etat assure progressivement la gratuité de l’enseignement public ». Mais, force est de constater que tous les enfants ne bénéficient pas de ce droit fondamental dans tous ces aspects (enseignement des règles de conduite sociale et formation des facultés morales, intellectuelles, physiques, etc.). En effet, le rapport de suivi 2007 sur l’éducation pour tous (EPT, 2007) indique que 77 millions d’enfants en âge d’être au primaire ne sont pas toujours scolarisés. L’édition 2011 du même rapport, estime que le nombre des enfants non scolarisés diminue trop lentement, car en 2008, on en comptait encore 67 millions et si les tendances actuelles se poursuivent, les enfants non scolarisés pourraient être plus nombreux en 2015 qu’aujourd’hui. De plus, les statistiques du rapport montrent que de nombreux enfants abandonnent l’école avant d’avoir achevé un cycle complet d’enseignement primaire. Par exemple, pour la seule Afrique subsaharienne, 10 millions d’enfants abandonnent chaque année l’école primaire. S’agissant des aspects de genre, seuls deux tiers des pays ont atteint la parité entre les sexes dans les écoles primaires, et un tiers seulement dans l’enseignement secondaire. De nombreux facteurs socioéconomiques et culturels sont avancés pour expliquer cette disparité entre fille et garçon en matière de scolarisation et de réussite scolaire. Dans le cadre de ce travail, nous soupçonnons également les travaux domestiques comme faisant partie de ces facteurs, du fait que les enfants y sont inégalement soumis dans notre société et ce notamment en fonction de leur sexe. Les travaux domestiques désignent une multitude de tâches (puiser l’eau, entretenir la maison, préparer les repas, assurer la garde des frères, participer au petit commerce des parents, faire la transformation du manioc, des noix de palme, fournir un service, etc.) quotidiennes exécutées par les enfants pour aider leurs parents. C’est aussi l’aide ménagère qu’apporte la fillette à la famille qui a accepté de l’accueillir. Ainsi, 6 l’ampleur de ces travaux peut varier selon que les enfants résident avec leurs parents biologiques ou non, qu’ils aient ou non des frères et sœurs, etc. Face à la persistance de l’inégalité selon le sexe par rapport à la scolarisation et des retards de scolarisation, le sommet des chefs d’Etat de Dakar de 2000 sur l’Education pour Tous (EPT) a adopté la déclaration pour aider les pays à réussir la scolarisation primaire pour tous. Au lendemain de ce sommet, chaque pays a développé des activités qui permettront de satisfaire aux exigences de la scolarisation universelle de qualité qui visent à assurer l’éducation primaire pour tous. Aussi, le Bénin a-t-il retenu dans ses priorités de réaliser l’objectif de l’accès universel à l’éducation primaire et l’équité entre les sexes d’ici 2015. A l’approche de l’échéance, l’atteinte de ces objectifs reste encore difficile au Bénin malgré les multiples actions mises en œuvre ainsi que les progrès réalisés par les autorités béninoises et les partenaires au développement. Dans ce contexte le problème des autorités béninoises est donc de déterminer quelle peut être l’origine du retard constaté dans l’atteinte de certains objectifs liés à la scolarisation de filles. Cette étude se propose d’évaluer l’impact spécifique des travaux domestiques sur la scolarisation des filles. Elle nous permettra de répondre à des questions telles que : Peut-on atteindre l’objectif d’élimination des disparités entre les sexes, dans l’enseignement primaire d’ici à 2015, s’il existe une inégalité entre fille et garçon dans l’accomplissement des tâches domestiques ? Les travaux domestiques, quelle que soit leur ampleur, empêchent t-ils la scolarisation des filles et réduisent-ils leur chance de réussite scolaire? Une redistribution des travaux domestiques entre garçons et filles permettrait-elle de rétablir l’égalité dans leur scolarisation ? Les travaux domestiques sont souvent évoqués comme une cause de non scolarisation et de faible performance scolaire des filles. Mais, l’ampleur de cet effet reste à isoler et quantifier. A notre connaissance, sur le plan national, il y a peu d’études sur l’impact des travaux domestiques sur la scolarisation des filles. En conséquence, cette étude nous permettra de compenser cette insuffisance. Ceci nous permettra d’envisager des choix stratégiques judicieux dans la définition des plans d’action nationaux en matière de la scolarisation des filles. Le présent travail est structuré en huit sections. Les cinq premières sections sont consacrées au contexte, à la justification de l’étude ainsi qu’au cadre méthodologique. La section 6 traite des travaux domestiques et de la scolarisation des filles. La section 7 7 présente l’impact des travaux domestiques sur la performance scolaire des filles. Le travail s’achève par une conclusion et des recommandations (section 8). II CONTEXTE ET JUSTIFICATION Au Bénin, 66% des enfants dont la scolarisation est obligatoire (5-14 ans) travaillent. Cette proportion est plus importante chez les filles (70%). Le pourcentage des filles de 5-17 ans faisant des travaux domestiques est de 62,1% contre 37% pour les garçons (EDSB, 2006). Du point de vue sociologique, cette situation s’explique par le fait que dans nos sociétés traditionnelles, la jeune fille est perçue comme une main d'œuvre au service de sa mère. Ainsi, elle est sollicitée dès son jeune âge (âge d’aller à l’école) pour aider sa mère à préparer les repas, acheter les condiments et rester avec elle dans la cuisine ou pour faire le ménage. C’est en même temps un apprentissage pour la jeune fille pour assumer convenablement son rôle au sein du foyer. Ce phénomène hérité des traditions, africaines, condamne des millions de filles à la non-scolarisation. Lorsqu’une fille a la chance d’être inscrite à l’école, les tâches domestiques qu’elle doit réaliser ne lui permettent pas toujours de se consacrer à ses devoirs scolaires. En conséquence son rendement scolaire devient faible et la fille finit par abandonner ou être exclue de l’école. En 2006, le taux brut de scolarisation, au Bénin, était estimé à 100% pour les garçons alors que celui des filles était de 86%. En ce qui concerne le taux d’achèvement, le déséquilibre est encore en défaveur des filles (66% contre 54% pour les filles) (Rapport- OMD-Bénin, 2008). Suivant le milieu de résidence, on observe également une différence de fréquentation scolaire. En effet, dans le milieu urbain, c’est 73% des enfants qui fréquentent l’école primaire alors qu’en milieu rural, ce taux est de 60% (EDSB, 2006). Dans les départements du Sud du pays les performances de scolarisation sont nettement au-dessus de ceux des départements du Nord. Ainsi, le Mono et le Littoral (département du Sud) ont des taux de fréquentation primaire respectivement de 114% et 100% ; alors que l’Alibori (département du Nord) détient le taux le plus faible du pays (40%) Or, les Chefs d’Etat et de Gouvernements en fixant les Objectifs du Millénaire pour le Développement lors du sommet du Millénaire, ont mis l’accent sur deux objectifs qui concernent directement les femmes à savoir : assurer une éducation primaire pour tous et promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’atteinte de ces objectifs, passe principalement par une scolarisation réussie des filles. 8 Au regard d’un contexte culturel béninois globalement défavorable à la scolarisation des filles, nous devons analyser la part qui est imputable aux travaux domestiques. III PROBLEMATIQUE La scolarisation des filles est au cœur des grands débats internationaux notamment en ce qui concerne la question du développement durable et équitable. Elle prend une nouvelle tournure avec la déclaration de Jomtien de 1990 qui affirme que « La priorité absolue devrait être d’assurer l’accès des filles et des femmes à l’éducation et d’améliorer la qualité de la formation qui leur est dispensée, ainsi que de lever tous les obstacles à leur participation active et de bannir de l’éducation tous les stéréotypes sexuels.» Cependant, une analyse des statistiques de l’éducation en Afrique de l’Ouest, du Centre, et du Nord révèle qu’il existe une faible disparité entre les sexes dans l’accès à l’enseignement préscolaire et donc, l’équité garçons/filles dans l’accès à cet ordre d’enseignement ne pose pas de problèmes dans la quasi-totalité des pays concernés. Par contre on ne peut dire autant de l’éducation primaire où la parité entre les sexes n’est effective que dans 4 des 26 pays dont les données sont disponibles (Ghana, Sénégal, Gabon et Tunisie). Il est à remarquer aussi que dans la plupart des pays, les taux brut de scolarisation (TBS) diminuent progressivement en passant du primaire au secondaire puis au supérieur (par exemple, au Bénin en 2009, le TBS au primaire était de 111,90%; au secondaire 40% et au supérieur 5% ; MEMP, 2010) et les disparités entre les sexes se creusent davantage. L’analphabétisme quant à lui a beaucoup plus un visage féminin que l’on se retrouve soit en Afrique Occidentale, Centrale ou au Maghreb. Au Bénin, les résultats de l’EDSB (2006) montrent que 58% des personnes de sexe féminin n’ont aucun niveau d’instruction, contre 37% chez les hommes. Face à cette situation, la question fondamentale qui se pose est celle de la détermination des facteurs influençant négativement l’éducation des filles et des femmes en Afrique en général. Ainsi parmi les nombreux facteurs, obstacles de la scolarisation des filles, on note : le statut traditionnel de la fille/femme qui fait du genre féminin un être inférieur dans la société , la situation économique des parents qui détermine le choix des enfants à scolariser, le travail des enfants qui constitue un facteur qui influence négativement la scolarisation des enfants en Afrique, le niveau d’analphabétisme des parents surtout des mères qui affecte de façon significative la scolarisation des enfants, le mariage coutumier précoce, le mariage par échange et la dot, les activités sexuelles et grossesses précoces, 9 les pratiques religieuses comme l’internement au couvent, le harcèlement sexuel en milieu scolaire, l’inadéquation formation - emploi. Pour pallier les difficultés d’accès et assurer le maintien des filles/femmes dans le système éducatif, les politiques et stratégies nationales de développement du secteur éducatif en Afrique se basent d’une part sur les conventions et instruments internationaux2 auxquels ces pays adhèrent. Cependant, l’analyse de ces stratégies en relation avec les éléments du contexte révèlent que malgré l’adéquation et la pertinence de ces stratégies, elles ne suffisent pas à elles seules pour atteindre l’équité genre dans l’accès, le maintien et la réussite des filles aux différents niveaux de l’éducation (BAD/CUA/UNECA, 2009). En effet, les statistiques montrent qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre, toute politique tendant à accroître de manière significative les taux d’accès et de maintien des filles dans le système éducatif doit viser à améliorer l’environnement de l’éducation : infrastructures de qualité, diversité de l’offre d’éducation, adéquation des enseignements et apprentissages avec les contextes économiques, etc. Beaucoup reste encore à faire en Afrique pour régler la question de la disparité entre les sexes qui préoccupe aujourd’hui les dirigeants ; que ce soit à l’échelle nationale ou internationale. Telle est la constatation que l’on peut faire à ce jour, suite à la publication du rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous (2010). Mais quels sont les facteurs spécifiques qui affectent plus la scolarisation des filles que celle des garçons ? La répartition des travaux domestiques, dans les familles, en serait-elle pour quelque chose ? Les travaux domestiques contribuent-ils à la disparité entre sexes en matière de scolarisation ? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans le cadre de ce travail. Pour y parvenir, nous nous sommes fixés les objectifs et hypothèses contenus dans notre cadre théorique. IV CADRE THEORIQUE Cette section précise les objectifs de notre étude, les hypothèses de recherche ainsi que la revue de littérature. 4.1 Objectifs L’objectif général de cette étude est d’estimer l’impact des travaux domestiques effectués par les filles, aussi bien sur leur accès que leur rétention et leur résultat à l’école au Bénin. 2 UNESCO, 2000 : Cadre d’action de Dakar ; l’éducation pour tous, tenir nos engagements. 10 De façon spécifique, il s’agira : de quantifier l’ampleur des travaux domestiques réalisés par les filles ; d’évaluer le poids des travaux domestiques dans la décision de scolarisation ou non des filles ; d’estimer l’effet réel des travaux domestiques sur la performance scolaire des filles scolarisées et proposer des mesures de correction le cas échéant. Pour atteindre ces objectifs, nous avons formulé des hypothèses qui serviront de fil conducteur à l’analyse. 4.2 Hypothèses de recherche En cohérence avec les objectifs, deux hypothèses sont retenues : H1 : Les travaux domestiques influencent négativement la décision des parents de scolariser leurs filles ; H2 : Les travaux domestiques quotidiens n’affectent significativement la performance scolaire des filles scolarisées que s’ils dépassent une certaine durée. Pour la vérification de nos hypothèses, nous faisons recours à la littérature afin d’en extraire les résultats empiriques sur le sujet et la démarche méthodologique susceptible de nous permettre de répondre adéquatement à nos préoccupations. 4.3 Revue de littérature Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous (2010), rappelle que le principe d’égalité des sexes, prôné et défendu par tous les Etats, requiert surtout une égalité de résultats entre femmes et hommes dans tous les domaines. Ceci implique par exemple de supprimer toutes les normes sociales qui conduisent à traiter l’homme et la femme de façon différente dans le ménage et la société. L’Afrique est un continent qui a une forte croyance, culture qui est à l’origine des inégalités de traitement entre hommes et femmes. C’est pour cette raison que pour arriver à faire régresser les croyances, et résoudre les questions d’inégalités, il faudrait rééduquer la population sur la question des égalités entre femmes et hommes. L’éducation est, à bien des égards, la base de ce processus qui permettra de faire évoluer les croyances. Il est évident que les premiers acteurs dans la décision de scolarisation des enfants, ce sont les parents. Dans cette optique, pour déterminer les causes de l’extrême inégalité entre les niveaux de scolarisation des filles et des garçons il convient de se référer en premier lieu à la sphère familiale. De fortes corrélations ont été 11 trouvées entre le faible niveau de scolarisation général et les conditions socio économiques des ménages. Ainsi, l’inégalité dans la participation à l’éducation et dans les résultats de l’éducation reflète généralement des inégalités plus larges au sein de la société. Les familles africaines à l’image des autres familles dans le monde sont stratifiées. Il existe donc une répartition sexospécifique des rôles de chaque membre composant le ménage. Les familles répartissent entre leurs membres non seulement le temps à consacrer à différentes activités mais aussi les ressources affectées à la consommation, à l’épargne ou à l’investissement, y compris celles associées à la formation du capital humain. Au regard de la littérature, nous relevons, qu’il existe dans la plupart des pays africains, de fortes disparités entre les sexes dans la répartition des enfants à la main d’œuvre. La main d’œuvre féminine restant toujours la plus sollicitée en termes de durée (Marcoux, 1995). Il en résulte que, la participation des filles à l’école ainsi que leurs résultats scolaires tendent à être inférieurs à ceux des garçons. Les recherches empiriques et théoriques ayant abordé le sujet, ont montré que, si l’incidence du travail des enfants, et celui des filles en particulier, reste toujours très élevée en Afrique subsaharienne, c’est parce que les taux de fécondité sont très élevés faisant ainsi diminuer les ressources consacrées à l’éducation. Dans un second temps, la scolarisation d’un enfant entraîne des coûts indirects liés au manque à gagner pour les parents en termes de travaux domestiques (Boninin, 1995). De ce fait, une faible scolarisation des filles peut également s’expliquer par la pratique de travaux domestiques. Pour Droy (1990), les travaux domestiques peuvent être ceux liés à la collecte de bois, la corvée d’eau, les travaux liés à la préparation des repas, l’entretien et l’hygiène du ménage ; ainsi que la garde des enfants ou des personnes âgées. Selon l’Enquête Nationale sur le Travail des Enfants (ENTE/ BIT/ INSAE, 2008) du Bénin, les travaux domestiques sont quasi-universels au Bénin. En effet 88,7% des enfants effectuent des tâches ménagères dans leur propre ménage. Cette proportion augmente avec l’âge des enfants : 67,8% chez les enfants de 5 ans et 97,2% chez les enfants de 17 ans. Les principales tâches domestiques effectuées par les enfants au Bénin consistent à cuisiner ou nettoyer les ustensiles/ la maison (62%) et à faire les courses pour le ménage (41,2%). Les autres tâches ménagères similaires occupent 14,2% des enfants. Ces types de travaux domestiques contribuent au développement des enfants et au bien-être de leur famille ; puisqu’ils permettent d’acquérir des compétences, des habitudes et de l’expérience qui renforceront leur rentabilité et leur productivité une fois adultes (ENTE/BIT/INSAE, 2008). 12 Mais, le travail domestique reste encore sous-estimé, c’est ce qui ressort de l’analyse de Maurisson (1993), qui en traitant la question du travail domestique affirmait qu’il « ne se voit que lorsqu’il n’est pas fait ». La participation des enfants aux travaux domestiques est plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Pour Marcoux (1995), les travaux domestiques en milieu urbain ne sont pas souvent étudiés car on considère qu’il existe des infrastructures et services permettant d’alléger le poids des travaux domestiques. Parmi ces infrastructures et services on peut citer, l’eau courante, l’électricité, le moulin à grain, les domestiques qui sont plus accessibles aux populations urbaines que celles rurales. Mais ce qu’on ignore c’est aussi qu’au sein même de la population urbaine, il existe une répartition inégale desdits services. La forte segmentation, basée sur le sexe, dans les types d’activités domestiques exercées par les enfants, spécialise les filles dans les travaux domestiques tels que : la garde des enfants, la contribution à la préparation des repas, le ménage, la corvée de l’eau ou encore le ramassage du bois. Les garçons étant sollicités pour aider à l’exploitation agricole familiale, surveiller le bétail. Mais de constat général, les filles aident davantage au fonctionnement du ménage que les garçons ainsi qu’en témoignent les travaux de Colclough (2003) et Cockburn (2001), lorsqu’on se base sur la fréquence ainsi que la diversité des travaux effectués par chacune de ces catégories. Peu de travaux se sont penchés sur le poids que constituaient les travaux domestiques effectués par les filles. En effet, la contribution des filles aux travaux domestiques est la principale cause d’abandon précoce de l’école ou de leur faible performance scolaire. C’est le résultat auquel a abouti Colclough et al. (2003) après des enquêtes menées en Ethiopie et en Guinée. De son côté Marcoux (1995) trouvait que la présence de jeunes filles célibataires plus âgées (15-29 ans) permet de libérer leurs jeunes sœurs (8-14 ans), pour aller à l’école. Mais aussi, toujours selon le même auteur, la présence d’un homme de 30-59 ans diminue la probabilité de fréquentation scolaire des filles de 50%. Pour Marcoux (1995) en effet, la sphère familiale dans laquelle se situent les enfants est aussi déterminant dans leur scolarisation. En outre, il montre que le lien de parenté influe beaucoup sur la probabilité de fréquentation des enfants. Si le lien de parenté qui unit les garçons au chef de ménage n’a aucun effet sur leurs chances de fréquenter l’école, pour les filles par contre, le fait de n’avoir aucun lien de sang ou d’alliance avec le chef diminue de plus de 80% la probabilité qu’elles ont de fréquenter l’école. On remarque alors aisément que la scolarisation des filles est mieux assurée lorsqu’elles sont à l’intérieur de la sphère familiale. Dans les ménages les moins aisés, il se pose un problème d’arbitrage dans la 13 scolarisation des enfants où la présence d’un nombre élevé d’enfants diminue les chances de scolarisation des filles. Les garçons sont toujours davantage privilégiés que les filles parce que dans la compréhension des parents, la fille est appelée à quitter la famille pour se marier, et donc les bénéfices de sa scolarisation seront pour sa belle famille. De plus, l’échec des garçons est plus toléré que celui des filles. Ainsi, lorsque la fille échoue la probabilité qu’elle arrête sa scolarité est plus élevée que chez le garçon. Aussi, cet échec peut avoir une forte influence dans la décision de scolarisation de ses jeunes sœurs ; ce qui n’est pas souvent le cas des garçons. Les filles restent confrontées aussi à un problème de grossesse précoce, pouvant entraîner un arrêt de leur scolarisation. D’autres facteurs sociaux revêtent également une importance. Parmi ces facteurs sociaux, nous citerons la religion. Les religions catholique et protestante étant plus favorables à la scolarisation, contrairement aux religions musulmane et animiste qui, elles, diminuent la probabilité de fréquentation des enfants (Pilon, 1995). Kouwono (2005) a étudié les interactions entre les travaux domestiques et la fréquentation scolaire au Togo. Il mesure le travail des enfants par le fait que l’enfant accomplit ou non des activités domestiques pendant plus de 4 heures par jour. Par contre, ses résultats montrent que les filles réussissent autant que les garçons dans l’enseignement primaire et que les garçons seraient plus nombreux que les filles à se livrer aux activités productrices ou domestiques du ménage. De même, il montre que la possession de l’électricité dans le logement semble augmenter les chances des élèves de réussir leurs examens de fin d’année. Au total, la décision de scolarisation des enfants dépend fortement des ménages, notamment des comportements et des caractéristiques de leurs chefs. C'est pourquoi, il convient de s'appesantir sur les déterminants familiaux de la scolarisation pour mieux appréhender tous les facteurs, aussi bien économiques que socioculturels (ethnie, religion) et environnementaux ( milieu de résidence). Ainsi, pour l’analyse des effets des travaux domestiques sur la scolarisation des filles, plusieurs niveaux d’analyse peuvent être adoptés : - le niveau individuel, qui permet d’étudier la situation scolaire des enfants et leurs performances académiques selon leurs caractéristiques individuelles telles que : le sexe, l’âge, le lien de parenté avec le chef de ménage, le temps consacré aux travaux domestiques, la distance ou durée d’accès à l’école, etc. ; - le niveau du ménage, qui permet de distinguer l’impact de la situation socioéconomique, culturel ou le poids des travaux domestiques, etc., dans la décision d’envoyer ou non l’enfant à l’école ou bien de l’y maintenir. 14 Aborder la question des travaux domestiques des filles et leurs impacts sur la scolarisation conduit logiquement à introduire la problématique des rapports de genre, que ce soit au niveau du système éducatif lui-même ou au sein des familles et de la société dans son ensemble. Si la dimension sociologique est à ce propos évidente, à travers l’importance des représentations, des statuts et rôles des individus, les approches statistique et économétrique apportent aussi leur éclairage. Dans le cadre de la présente analyse, on s’intéressera successivement donc à l’impact des travaux domestiques au niveau ménage puis au niveau individuel. La section méthodologique qui suit présente la forme empirique de nos modèles d’estimation. La démarche méthodologique adoptée est basée sur des techniques d’analyse quantitative et qualitative. V METHODOLOGIE La méthodologie s’articule en quatre points et traite successivement des modèles d’analyse des données, des techniques de collecte des données, de traitement des données et de leur analyse. Elle se base à la fois sur les théories microéconomiques de décision et leur modélisation. La théorie microéconomique analyse la décision familiale de scolarisation comme le résultat d’un arbitrage avec le travail. D’après Gary Becker (1964), le résultat de cet arbitrage est que les enfants sont envoyés à l’école tant que le profit à terme anticipé de l’éducation est supérieur au coût d'opportunité. Pour Sevestre (2002), la modélisation des comportements décisionnels peut se faire à travers des modèles Logit. Ce type de modèle est notamment développé pour l’analyse des choix des ménages en fonction d’un certain nombre de caractéristiques. 5.1 Modèles à estimer Pour appréhender les facteurs déterminant la probabilité pour un ménage de scolariser tous ses enfants scolarisables ou de ne pas en scolariser, l’étude a opté pour l’utilisation d’une méthode d’analyse multivariée fondée sur l’utilisation de la régression logistique binaire. Elle a consisté à étudier l’influence des caractéristiques socio-économiques (situation matrimoniale, sexe du chef de ménage, le milieu de résidence, niveau d’instruction, groupe d’âges et niveau de vie) sur la scolarisation de tous les enfants par le ménage qui les abrite. 15 En régression logistique, on estime la probabilité d’apparition d’un événement selon que celui-ci se produit ou non. Elle présente l’avantage de fournir l’effet de chacune des variables indépendantes en présence des autres. Le modèle théorique de base des équations qui nous permettent de mener l’analyse de régression est la suivante : soit p = probabilité pour que le ménage scolarise un enfant scolarisable et 1-p = - probabilité pour que le ménage ne scolarise pas un enfant scolarisable. le modèle de régression permet de poser l’équation Z = log [p/(1-p)] soit sous - forme linéaire Z = β0 + β1 *X1 + β2*X2 +…………+ βn*Xn, soit sous forme multiplicative ez = p/(1-p) <=> p = ez /(1- ez). Notons que ez = p/(1-p) est égale à l’odd ratio qui est le rapport de chance pour un ménage de scolariser un enfant scolarisable. Au regard du modèle de base et de la littérature spécialisée qui analyse les déterminants de la scolarisation, nous allons procéder à l’estimation de deux modèles économétriques. Le premier porte sur les facteurs explicatifs de la scolarisation des filles et le second sur les déterminants de leurs performances académiques. • Le premier modèle met en exergue les facteurs explicatifs de la scolarisation des filles et se présente comme suit : sf = a0 + a1 (durtd) +a2 (rp) + a3 (gp) + a4*fraes + a5 nsp + a6 *durtd2 + a7 dist+ε [1] Avec: sf : Scolarisation des filles qui prend les valeurs 1 si une fille en âge d’être scolarisée l’est, et 0 sinon ; durtd : Travaux domestiques, qui est appréhendée par la durée des travaux domestiques effectués par la fille; rp : Revenu des parents, évalué comme la somme des revenus mensuels de la mère et du père ; gp : Grossesses précoces, qui prend la valeur 1 si la fille est victime d’une grossesse précoce et 0 sinon ; fraes : Fréquence (nombre) des redoublements, abandons et échecs scolaires de la fille 16 nsp : Niveau de scolarisation des parents, il prend les valeurs allant de 0 pour analphabète, 1 pour alphabétisé en langue nationale, 2 pour primaire, 3 pour secondaire et 4 pour enseignement supérieur ; durtd2 : Travaux domestiques au carré, quantifiés en termes de durée, dist : Distance de l’école à la résidence, elle est évaluée en durée du parcours, ε: le terme d’erreur ; les ai, les coefficients à déterminer par l’estimation du modèle. La prise en compte des travaux domestiques au carré permet d’isoler l’existence d’un effet de seuil. C’est-à-dire s’il existe une quantité au-delà ou en dessous de la quelle les travaux domestiques produisent ou non des effets sur la scolarisation de filles. • Le deuxième modèle permettra d’analyser les déterminants de la performance académique des filles avec prise en compte également de l’effet spécifique des travaux domestiques. Dans sa forme fonctionnelle, ce modèle se présente comme suit : pfsco = b0 + b1 ag1 + b2sex1 + b3thab+ b4nsp + b5durtd + b6 frt + b7 dist + b8 redoub + b9dfs + b10sexenseig + ε [2] Avec : pfsco : Performance Scolaire, évaluée par la moyenne de fin d’année, puis par la réussite au CEP, ag1 : âge de l’enfant sex1 : Sexe de l’enfant thab : Type d’habitation de résidence de l’enfant nsp : Niveau de scolarisation des parents, il prend les valeurs allant de 0 pour analphabète, 1 pour alphabétisé en langue nationale, 2 pour primaire, 3 pour secondaire et 4 pour enseignement supérieur ; durtdm : Travaux domestiques du matin (durtds pour ceux du soir), qui est appréhendée par la durée de ces travaux ; frt : fratrie, nombre de frères et sœurs de l’enfant ; dist : Distance de l’école à la résidence, elle est évaluée en durée du parcours, redoub : Redoublant; dfs : Dotation en fournitures scolaires, sexenseig : sexe de l’enseignant, 17 ε: le terme d’erreur ; les bi, les coefficients à déterminer par l’estimation du modèle. La liste des variables avec les signes attendus est en annexe 1. Pour estimer les modèles, nous avons collecté des données. La technique de collecte des données est présentée dans la sous-section suivante. 5.2 Collecte des données La collecte des données est assurée par deux méthodes : (i) l’étude documentaire et ; (ii) et une enquête par l’administration de questionnaires dans des ménages et à des élèves. Pour tenir compte de nos moyens financiers et du délai limité pour la réalisation de l’enquête, quatre départements du Sud Bénin ont été retenus. L’enquête s’est donc déroulée dans les villes de Lokossa (Mono), Cotonou (Littoral), Calavi et Hèvié (l’Atlantique) ; Dangbo et Porto-Novo (Ouémé) au cours des mois d’août et septembre 2010. Une enquête légère auprès d’un échantillon de 120 familles ayant des enfants en âge d’être scolarisés. Dans chaque ville, 20 familles on été tirées au hasard et enquêtées. Puis dans une dizaine d’écoles primaires de chaque ville, nous avons enquêté sur la performance de 300 élèves (filles et garçons) des classes de CM2. Notre échantillon est prévu pour être composé en parité de filles et garçons à raison de 30 élèves par école. Des compléments d’information ont été obtenus par entretien direct avec les parents d’élèves, les enseignants et autres acteurs du système éducatif. L’échantillon contient 30% d’élèves des écoles privées et 70% d’élèves du secteur public. L’échantillon d’élèves est réparti à raison de 20% dans l’Atlantique, 30% dans le Littoral, 17% dans le Mono et 33% dans l’Ouémé. Sur les 300 élèves enquêtés, nous avons eu, après retour des questionnaires, un total de 136 individus de sexe masculin (soit 45,3%de garçons) contre 164 de sexe féminin (soit 54,7% de filles). 5.3 Traitement des données Après la collecte des données, la saisie et le traitement des statistiques descriptives sont réalisés à l’aide du logiciel SPSS. L’estimation des modèles économétriques est faite sous Stata. Aussi bien pour les données sur les ménages que sur les élèves, l’analyse est réalisée en deux étapes. Dans un premier temps, elle est faite à partir des statistiques descriptives et dans un second temps, sur la base des résultats des régressions 18 économétriques. Dans les deux sections suivantes, nous allons successivement analyser, au niveau des ménages, l’effet des travaux domestiques sur la scolarisation des filles et ensuite, au niveau des élèves, son impact sur leurs performances. Mais à chaque fois, nous présenterons les caractéristiques socio-économiques des enquêtés ainsi que les facteurs susceptibles d’influer sur la scolarisation ou la réussite académique des filles. VI TRAVAUX DOMESTIQUES ET SCOLARISATION DES ENFANTS Cette section est consacrée à l’évaluation de l’effet des travaux domestiques sur la décision des familles d’envoyer tous leurs enfants à l’école ou non. Pour ce faire, nous analysons d’abord les caractéristiques socioéconomiques des familles. 6.1 Cadre de vie des familles enquêtées La caractérisation des familles est faite dans chaque département par type d’habitation afin d’appréhender le niveau de vie relatif de chaque famille enquêtée. En effet, le mode type d’habitation est souvent considéré comme un indicateur du niveau de vie du ménage. Le tableau 6.1 suivant présente la répartition des familles selon le type d’habitat par département. Tableau 6. 1 : Répartition des familles enquêtées par départements et par type d’habitation Habitat En matériaux En brique En banco Atlantique 87,5% 0 12,5% 100% Littoral 86,1% 11,1% 2,8% 100% Mono 40% 60% 0 100% Ouémé 85% 15% 0 100% 78,3% 18,4% 3,3% 100% Départements Total précaires Total Source : auteurs, données d’enquête, 2010. 19 Il découle de ce tableau que les constructions en brique apparaissent comme premier type d’habitation dans les trois départements (78,3%), suivi des constructions en banco 18,4%. Seulement 3,3% des familles vivent dans des maisons construites en matériaux précaires. Nous pouvons en déduire que la grande majorité des enquêtés vie dans un type d’habitat acceptable et relativement décent. Seulement, dans le Mono, la proportion des familles en habitat en brique est largement en-dessous des 50%. Ceci traduit probablement le plus faible niveau de vie des populations de ce département par rapport aux autres, une habitude culturelle, mais aussi la disponibilité des matériaux facilitant la construction de ce type d’habitat. La présence des habitations en matériaux précaires exclusivement dans les départements du littoral et de l’Atlantique (supposés au plan national, de niveau de vie relativement plus élevé que ceux du Mono et de l’Ouémé) est paradoxale, mais semble être le fruit de l’exode rural et révélateur du fait que les populations tiennent à vivre à proximité des grands centres urbains quelque soit leur condition d’habitation. 6.2 Caractéristiques socio-économiques des familles Les caractéristiques socio-économiques des familles regroupent la situation matrimoniale des parents, leur profession, leur niveau d’étude ainsi que leur secteur d’activité et revenu. 6.2.1 Situation matrimoniale du père et de la mère Il s’agit ici de faire la répartition des familles selon la situation matrimoniale du père et de la mère. Elle est décrite par le tableau 6.2. Tableau 6.2 : Situation matrimoniale du père et de la mère Situation matrimoniale du père et Pourcentages de la mère Père Mère Marié 94,2 99,2 Divorcé 3,3 0 Célibataires 2,5 0,8 Total 100 100 Source : auteurs, données de l’enquête, 2010. Il ressort des données de ce tableau que 94,1% des pères sont mariés et 99,2% des mères le sont aussi. Nous devons souligner que les données ne nous permettent pas de faire la 20 différence entre les types de mariages contractés (coutumier, civil ou religieux). Parmi les 94,1% des pères mariés, 70,8% sont des monogames et 23,3% des polygames. Il apparaît ainsi que le mariage monogamique est le plus courant, même si le mariage polygamique demeure relativement important (près d’un homme marié sur quatre) dans les départements enquêtés. 6.2.2 – Situation professionnelle des parents Pour faciliter l’analyse de la situation professionnelle des parents, nous avons procédé à un regroupement des métiers en cinq grandes catégories. Ainsi, les pères exercent principalement les activités relevant des secteurs agricoles, de l’artisanat, du commerce, de la fonction publique transport (auto ou moto). En ce qui concerne les femmes, à la place de l’activité de conducteur, on retrouve des activités de ménagère. Le tableau 6.3 suivant présente la situation professionnelle du père. Tableau 6. 3 : Situation professionnelle du père Profession du père Fréquences Pourcentages Artisans 40 33,3 Commerçants 10 8,3 Fonctionnaires 39 32,5 Conducteurs 18 15,0 Agriculteurs 13 10,8 Total 120 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Comme on peut le constater, notre échantillon semble à peu près équilibré entre artisans et fonctionnaires d’une part, puis entre commerçants, agriculteurs et conducteurs d’autre part. En effet, 33,3% des pères sont artisans et 32,5% sont des fonctionnaires. Les pères commerçants représentent 8,3% des enquêtées, les agriculteurs 10,8% et les conducteurs 15%. Ceci montre que les hommes ne s’investissent pas beaucoup dans les activités de commerce. Qu’il y ait plus de conducteurs que d’agriculteurs dans notre échantillon est inattendu, mais correspond bien à la montée en puissance des effectifs des conducteurs de taxi moto dans tous les départements. 21 Tableau 6.4 : Situation professionnelle de la mère Profession de la mère Fréquences Pourcentages Artisanes (couturière, cambiste, coiffeuse) 22 18,3 Commerçantes et revendeuses 68 56,7 Employées (secrétaire, agent d’hygiène, etc.) 5 4,2 Enseignantes 6 5,0 Ménagères 19 15,8 Total 120 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Conformément à la pratique courante, les femmes sont majoritairement dans le secteur du commerce (56,7%). Viennent ensuite, celles qui exercent différentes activités considérées comme relevant de l’artisanat (telles que la couture, la coiffure etc.) dans 18,3% des cas. Les femmes se consacrant entièrement aux travaux domestiques représentent 15,8% des femmes enquêtées. Enfin, une faible proportion des femmes enquêtées se retrouve dans les secteurs nécessitant un certain niveau d’instruction. Ainsi, nous avons 5% d’enseignantes et 4,2% d’employées de bureau. Cette répartition pose le problème d’emploi des femmes dans les secteurs autre que le commerce et l’artisanat. Un regroupement des familles enquêtées suivant le statut de l’emploi (secteur formel privé, secteur public et secteur informel) aboutit presqu’à la même typologie qu’on observe au plan national. En effet, une très forte proportion des enquêtés exerce dans l’informel. Les hommes sont 64,2% à travailler dans l’informel et 92,5% du côté des femmes, comme il apparaît dans les statistiques du tableau 6.5 qui suit. Tableau 6.5 : Secteur d’activité du père et de la mère Pourcentages Secteur d’activité du père et de la mère Père Mère Salariés du secteur privé 16,7 2,5 Salariés du secteur public 19,1 5,0 22 Informel 64,2 92,5 Total 100 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. 6.2.3 Revenu des parents Les données d’enquête nous permettent d’analyser, par tranche, séparément le revenu du père et de la mère de famille. Le niveau de revenu variant suivant les secteurs d’activité, il était prévisible qu’il en soit ainsi entre les pères et les mères du fait qu’ils sont inégalement répartis dans les secteurs. Le graphique 1 suivant montre qu’une grande proportion des mères (47%) a un revenu inférieur à 30.000fcfa alors que 80% des pères ont un revenu supérieur à 30.000fcfa. Ce résultat est conforme à ce qui est généralement observé ; car même à niveau de scolarisation égal, les femmes gagnent généralement moins que les hommes. Graphique n° 1: Revenu mensuel des parents 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% Proportion des pères par tranche de revenu mensuel Proportion des mères par tranche de revenu mensuel [0; 30.000[ [30.000; [50.000; [75.000; [100.000; [150.000; 50.000[ 75.000[ 100.000[ 150.000[ ++[ Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Beaucoup de travaux établissent un lien direct entre le revenu des individus et leur niveau d’instruction. Dans la section suivante, nous passerons en revue, le niveau d’instruction des parents enquêtés. 6.2.4 Niveau d’instruction des parents 23 La répartition des parents enquêtés selon le niveau d’instruction se présente comme le montre le tableau 6.6. Nous distinguons cinq catégories de niveau d’études. Tableau 6.6 : Répartition des pères et des mères selon le niveau d’instruction Pourcentages Niveau d’étude Père Mère Aucun 15,0 36,7 Primaire 41,7 37,5 Secondaire 26,7 22,5 Supérieur 15,8 0,8 Alphabétisé en langue nationale 0,8 2,5 Total 100 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Il ressort globalement de ce tableau 6.6 que les hommes sont majoritairement de niveau d’instruction plus élevé que les femmes. En effet, 36,7% des mères n’ont aucun niveau d’instruction tandis que seulement 15% des pères sont frappés par cet analphabétisme total. Pour ce qui est des études supérieures, la proportion des femmes ayant accès à ce niveau est très faible (seulement 0,8% des mères) contre 15,8% des pères. Du primaire au secondaire, les pères sont plus représentés que les mères. Par contre, pour ce qui est de l’alphabétisation en langue nationale, elles sont largement plus impactées que les hommes. Ceci se comprend, d’autant plus que le taux de femmes sans instruction est plus élevé que celui des hommes et les programme d’alphabétisation ciblent souvent les populations analphabètes. De façon équivalente, nous pouvons dire que les cours d’alphabétisation sont plus organisés à leur intention. De manière globale, les données montrent un niveau d’étude nettement plus élevé des pères par rapport aux mères. En effet, du primaire au supérieur, ils sont largement plus présents que les femmes. Tout ceci montre l’importance qu’il faut accorder à la scolarisation et au maintien des filles à l’école si l’on pense rétablir l’égalité entre les sexes. La réussite de ce pari passe évidemment par la capacité des familles à scolariser effectivement toutes leurs progénitures. Il convient de souligner que ce postulat est bien entendu fonction de la taille de la famille, de sa composition, du rang des filles dans la fratrie et de leur lien de parenté. 24 6.2.5 Composition de la famille Il s’agit ici de préciser le nombre d’enfants résidant dans la famille, le sexe de ces enfants et leur situation scolaire. Aussi, cette partie renseigne sur le lien de parenté des enfants vivant dans les familles enquêtées. Le nombre moyen d’enfants vivant dans les familles enquêtées est de 3,96 soit environ 4. Ce chiffre est légèrement en dessous de la moyenne nationale au Bénin qui se situe à environ 5,53 personnes par ménage (RGPH3). Le nombre maximum d’enfants vivant dans les ménages enquêtés est de 10 et le minimum 1 enfant (ce minimum était d’ailleurs exigé comme préalable pour l’administration de ce questionnaire).Pour ce qui concerne le lien de parenté avec l’enfant, le tableau 6.7 montre la répartition des familles selon le lien de parenté avec l’enfant. Tableau 6.7 : Répartition des familles selon le lien de parenté avec l’enfant Lien de parenté Fréquences Pourcentages Confié 10 8,3 Enfant 110 91,7 Total 120 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Il ressort de cette répartition que dans 8,3% des familles l’on rencontre des enfants confiés. Mais dans la grande majorité des familles (91,7%) les parents vivent avec leurs propres enfants seuls. Enfin, sur les 120 familles enquêtées, 95% ont des enfants scolarisés et dans 5% des familles, les enfants ne sont pas scolarisés. Dans 20,83% des familles les enfants ont redoublé et dans 16,66% des familles des enfants ont abandonné l’école. Nous nous intéresserons dans la suite de l’analyse aux raisons de la non scolarisation, de l’abandon et de redoublement des enfants telles qu’énoncées par les parents eux-mêmes. 6.2.6 – Quelques facteurs de non scolarisation Le graphique 2 montre quelques raisons de la non scolarisation des enfants. 25 Graphique n° 2: Raisons de non scolarisation 14,70% 17,60% 47,10% 20,60% Travaux domestiques Manque de moyens financiers Aides familiales Autres raisons Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. De l’analyse du graphique 2, il ressort que 20,6% familles qui ne scolarisent pas leurs enfants, le font parce qu’ils utilisent ces enfants comme aide familiale. Pour 17,6%, c’est plutôt par manque de moyens financiers qu’ils n’ont pas scolarisé leurs enfants et 14,7% des familles ne scolarisent pas leurs enfants à cause de leur utilisation dans des travaux domestiques. Quoique faible, ce taux d’environ 15%, montre que la place des travaux domestiques dans la scolarisation des enfants ne doit pas être négligée. Outre ces raisons, les familles n’envoient pas leurs enfants à l’école parce que ces enfants ont des âges inférieurs ou parce qu’ils sont des adeptes de vodou. 6.2.7 Quelques causes des abandons scolaires Le graphique 3 suivant fourni le poids de quelques causes des abandons scolaires. Graphique n° 3: Raisons d'abandon 3,80% 11,50% 7,70% 76,90% Grossesse Insuffisance de résultats scolaire Trop de travaux domestiques Autres Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. 26 Suivant le graphique 3, la grande majorité (76,9%) des élèves abandonnent l’école pour cause d’insuffisance de résultats ; 7,7% l’ont fait à cause des travaux domestiques et 3,8% à cause de grossesse. L’insuffisance de résultats est donc la principale cause des abandons scolaires. Ici également, l’effet des travaux domestiques ne doit pas être négligé même s’il ne représente pas 10% des causes.. 6.2.8 Distance entre la résidence, l’école et le point d’eau le plus proche La distance entre le domicile et l’école est parfois, au-delà de certaine limite, dissuasive pour que les parents envoient leurs enfants en bas âges à l’école. Mais l’effet de la distance peut être contrebalancé par la possession d’un moyen de déplacement pour le transport des enfants. C’est pourquoi, il est plus judicieux d’évaluer la distance en termes de temps nécessaires pour se rendre à l’école. En ce qui concerne la distance résidence au point d’eau le plus proche, il est facteur de sollicitation, plus ou moins grande de la main d’œuvre des enfants en général et des filles en particulier, pour la corvée d’eau. Tableau 6.8 : Distance entre la résidence et les services sociaux (école et eau) Distance domicile Ecole % Point d’eau % [0 ; 500 m [ 45,0 40,83 [500 m ; 1000 m [ 38,33 30,00 [1000 m ; 4000 m [ 16,67 29,20 100 100 Total Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Il ressort du tableau 6.8 que la plupart des familles (83,33%) sont dans un rayon de moins d’un kilomètre de l’école et 70,83% le sont par rapport à l’eau. Mais, pour 16,67% des familles enquêtées, les enfants parcourent entre un à quatre kilomètres pour se rendre à l’école. S’agissant des points d’eau, c’est environ 30% des familles qui l’ont à plus d’un kilomètre. On remarque bien que l’école est généralement plus accessible que l’eau potable pour les familles. 27 Tableau 6.9 : Heure de réveil et de départ des enfants les jours d’école Tranche d’heure de : Réveil % Départ école (%) [5h00, 5h30[ 9,2 [5h30, 6h00[ 6,7 - [6h00, 6h30[ 57,5 - [6h30, 7h00] 26,7 3,3 [7h00, 7h30[ - 42,5 [7h30, 8h00] - 54,2 100 100 Total Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Au regard de l’heure de départ pour l’école, les enfants font en moyenne 30 minutes pour se rendre à l’école. En effet, 42,5% des enfants partent de leur maison pour l’école entre 7h et 7h30 ceci correspond à environ 45minutes de parcours et 54,2% mettent environ 15 minutes En tenant compte des heures de réveil les jours d’école, on peut estimer à environ 1 heure, le temps disponible pour les enfants pour les travaux domestiques et les préparatifs (toilette, habillement) pour se rendre à l’école. 6.2.9 Durée des travaux domestiques dans les familles Dans la plupart des familles, il y a des travaux domestiques qui se font les matins (balayage, vaisselle, cuisson des restes d’aliments, etc.) et d’autres les soirs (préparation du repas, vaisselle, corvée d’eau, etc.). Chacun de ces travaux nécessite un temps d’exécution différents, et sont traditionnellement répartis par sexe. Tableau 6.10 : Durée des travaux domestiques du matin Tranche d’heure Pourcentages Filles Garçons [0, 20 mn [ 26,1 48,7 [20 mn, 40 mn [ 60,5 46,2 [40 mn, 60 mn [ 7,6 3,3 [60 mn, 80 mn [ 4,2 1,7 [80 mn, 100 mn [ 1,7 0 Total 100 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. 28 Il ressort du tableau 6.10 que, les garçons comme les filles, dans plus de la moitié des familles, font un temps compris entre 20 mn et 40 mn de travaux domestiques les matins. Seulement 5% des garçons consacrent plus de 40 mn de travaux domestiques le matin tandis que près de 15% des filles sont concernés. La différence de temps consacré aux travaux domestiques du soir est plus importante et toujours en défaveur de filles. En effet, alors que la grande majorité (58,8%) des garçons ne consacre qu’à peine 20 mn pour les travaux domestiques du soir (Tableau 6.11), plus des trois quart des filles y consacrent plus de 20 minutes. Ceci confirme le fait que les filles passent plus de temps que les garçons à faire les travaux domestiques. Tableau 6.11 : Durée des travaux domestiques du soir Pourcentages Tranche d’heure Filles Garçons [0, 20 mn [ 19,3 58,8 [20 mn, 40 mn [ 25,2 27,7 [40 mn, 60 mn [ 16,8 5,9 [60 mn, 80 mn [ 29,4 7,6 [80 mn, 100 mn [ 2,5 0 [100 mn, 120 mn ] 6,7 0 Total 100 100 Source : Les auteurs à partir des données de l’enquête, 2010. Le tableau 6.11 montre également que les filles font jusqu’à 2 heures de travaux domestiques les soirs tandis que le temps maximal des garçons aux travaux domestiques du soir est de 80 minutes (soit 1h20mn). Cette différence peut être principalement liée à la discrimination dans les types de travaux qui se font les soirs (préparation des repas pour les filles et seulement vaisselle pour les garçons). 6.3 Travaux domestiques et scolarisation des filles (estimation du modèle 1) Nous avons effectué deux estimations en augmentant le nombre de variables explicatives qui sont, selon la littérature, importants dans l’explication de la scolarisation des filles. 29 Aux termes de nos deux estimations nous pouvons retenir, en plus des raisons évoquées par les parents lors de l’enquête et exposées dans les sections précédentes, que les travaux domestiques peuvent influencer la scolarisation des enfants. En effet, les estimations donnent des coefficients significatifs aussi bien pour les travaux domestiques du matin et du soir. Mais l’introduction du carré de cette variable révèle que l’impact des travaux domestiques intervient seulement au-delà d’une certaine durée que l’enfant y consacre par jour. Le coefficient de la variable durée des travaux domestiques du matin des filles (durtdmf) est de 0,176 avec un signe positif inattendu. Mais son carré (durtdmf2) de signe négatif apporte la preuve que son effet change avec l’augmentation de la durée des travaux. Ce résultat est en cohérence avec les statistiques descriptives, précédemment calculées, qui montrent que la durée des travaux domestiques du matin sont faibles comparativement à ceux du soir. C’est logiquement qu’on observe des coefficients négatifs pour ce qui concerne l’effet des travaux domestiques du soir des filles (durtdsf = -0,005), mais cet effet n’est pas significatif. Nous pouvons donc retenir que notre première hypothèse, qui affirme que les travaux domestiques influencent négativement la décision des parents de scolariser leurs filles, n’est pas validée par ces résultats. La variable (en) qui intègre les déterminants évoqués par les parents à savoir nécessité d’utiliser la main d’œuvre de l’enfant, problèmes financiers, âge des enfants qui ne permet pas de l’inscrire, est très significatif avec un signe négatif. C’est dire que ces facteurs sont prépondérants dans la non scolarisation des filles plus que les travaux domestiques quotidiens dont l’intensité, peut être variable en fonction du nombre d’enfants dans le ménage, et du moment de la journée où ils sont exécutés. Dans la deuxième estimation, la variable nombre d’enfants dans le ménage (ne) à un coefficient négatif et très significatif. Cela veut dire que plus il y a d’enfants dans le ménage, plus grand est le risque de non scolarisation des filles. Le signe positif significatif de la variable (fraes) qui traduit la fréquence des redoublements et abandons scolaires est un résultat inattendu, puisqu’il signifie que ces facteurs pourraient accroître la chance des filles d’être scolarisées. Ce résultat est d’autant plus surprenant que le coefficient de la variable situation scolaire des filles (sitsco) est du signe négatif significatif attendu. Ce dernier résultat traduit le fait que les mauvaises performances solaires sont source de déscolarisation des filles. Enfin, le coefficient de la variable âge des filles (ag1) montre avec une valeur positive significative, que les filles ont plus de chance d’être scolarisées si elles sont d’un âge plus élevé. 30 Tableau 6. 12 : Estimation logit des déterminants de la scolarisation des filles Estimations logit I II Variables exogènes Coefficients Variables Coefficients Durtdmf 0,176 ** (0,029) durtds 0,030* (0,060) Durtdmg -0,056 (0,654) durtdm 0,040 (0,170) Durtdsf -0,005 (0,912) rep 0,219 (0,318) Durtdsg 0,086 (0,349) rem -2,876 (0,258) Rp -0,035 (0,563) ne -1,096*** (0,006) Fraes 0,234 (0,349) fraes 0,472* (0,060) Nspp 0,695 (0,267) nspp 0,149 (0,698) Nsm 0,526 (0,432) nsm -0,788 (0,817) durtdmf2 -0,001 ** (0,044) sex1 0,338 (0,541) durtdsf2 -0,0001 (0,661) sitsco1 -3,115** (0,022) durtdmg2 0,0024 (0,478) distep 0,002 (-0,392) durtdsg2 -0,0022 (0,175) durtds2 -0,0007 (0,766) Distec 0,000 (0,860) distec 0,0001 (0,781) Distep 0,000 (0,984) thab -0,185 (0,715) En -1,424*** (0,000) en -0,919 *** (0,000) constante -2,25 ea 0,306 (0,863) rea 0,151 (0,831) ag1 0,206** (0,027) lp1 -0,758 (0,581) constante 0,715 (0,400) 2 (0,767) 2 Pseudo R = 0,656 Pseudo R = 0,674 Prob > chi2 = 0.000 Prob > chi2 = 0.000 Source : auteurs, estimation logit sur STATA 10, données d’enquête 2010. (cf. résultats brut en annexe) NB : *** coefficients significatifs au seuil de 1% ; ** coefficients significatifs au seuil de 5% ; * coefficients significatifs au seuil de 10%. Les chiffres (.) sont les probabilités. Si le temps pendant lequel les filles s’adonnent à l’accomplissement des travaux domestiques ne constitue pas, pour l’heure, un handicap à leur scolarisation, il peut tout de même influencer leurs performances académiques. C’est ce que nous tenterons d’explorer dans la section suivante. VII TRAVAUX DOMESTIQUES ET PERFORMANCE ACADEMIQUE DES ELEVES 31 Avant d’estimer l’impact des travaux domestiques sur la performance académique des filles, il sied au préalable de montrer les caractéristiques sociales des 300 élèves (filles et garçons) enquêtés ainsi que celles de leurs parents. 7.1 Caractéristiques des élèves enquêtés L’âge des enquêtés des élèves de CM2 est compris entre 9 et 17 ans. L’âge moyen des élèves est de 11,65 ans. On remarque en outre que près de 75% des élèves de CM2 ont au plus 12 ans. Ces élèves, pour la plupart (95%), vivent avec leur parents, mais 5% sont en situation d’enfants placés (ou confiés) dans d’autres familles. Cette proportion d’enfants placés dans des familles d’accueil, varie sensiblement par département. En effet, dans l’Ouémé et l’Atlantique, la proportion d’élèves ne vivant pas auprès de leurs parents est respectivement de 6% et 8,3%, alors qu’il est de 2,2% dans le Littoral. Parmi les enfants placés dans d’autres familles, il y a autant de filles que de garçons. 97% des élèves de l’échantillon, ne sont pas enfants uniques. Toutefois, mentionnons que, seuls 2,3% des élèves interrogés ont affirmé n’avoir ni frères ou sœurs. Pour la plupart (75% des élèves), ils ont en moyenne 2 frères ou sœurs. Graphique 4: Répartition des élèves par âge 100 Pourcentage 28,3 30 23 25 e ga 20 t n e cr 15 u 10 o P 5 Graphique 5: Enfants par lien de parenté 20 12,7 7,7 4,3 3 91,7 97,8 96 94 80 60 40 20 8,3 2,2 4 6 Enfants avec parents (%) Enfants confiés (%) 0 0,7 0,3 0 9 10 11 12 13 âges 14 15 16 17 Départements Nous nous sommes par ailleurs intéressés aux confections religieuses des élèves enquêtés, puisqu’elle est un déterminant de scolarisation (Pilon, 1995). Contrairement aux statistiques nationales, notre échantillon contient 79,3% de chrétiens, 9% de musulmans et 11,7 d’animistes. Ce résultat pourrait être lié aux localités d’enquête. En effet, certaines régions du pays sont bien connues pour leur concentration en adeptes de certaines 32 religions. Le sud du Bénin connaît, depuis ces dernières années, une floraison des Eglises évangéliques. 7.2 Cadre de vie des élèves enquêtés Le cadre de vie est souvent considéré comme un élément influençant les performances des élèves ; puisqu’il est par ailleurs révélateur du niveau de vie général de la famille. Parmi les élèves enquêtés, 21% ne vivent pas dans des maisons électrifiées. Ceci peut bien être en relation avec le type d’habitation dans lequel ils vivent et pénaliser leur apprentissage scolaire. Cependant, parmi les trois types d’habitat retenu (brique, banco et précaire) pour définir le type de maison dans lequel vivent les élèves, il apparaît que 25,7% sont en banco (habitation de type traditionnel). Plus des deux tiers (69,7%) des élèves habitent dans une maison en briques (type moderne). Mais 25,7% des élèves vivent dans des maisons en banco contre et 4,7 en matériaux précaires. Toutefois, il existe une grande disparité au niveau départemental, entre les types d’habitations majoritaires. Si dans l’Atlantique 90% des élèves vivent dans des maisons en brique, dans le Mono, 78% des élèves sont dans des maisons en banco. Paradoxalement, les deux départements relativement plus développés, l’Atlantique et le Littoral abritent respectivement 42% et 50% des élèves vivant dans de maisons précaires. Le croissement entre type d’habitation et la possession de l’électricité montre que, 91% des maisons construites en briques sont pourvues d’électricité et 64% des maisons construites en matériaux précaires ; alors que, seulement 46,8% des maisons en banco ont l’électricité. En effet, les maisons en matériaux précaires se retrouvent le plus souvent dans les banlieues des grandes villes pourvues d’électricité. Par contre, les maisons en banco sont dans des villes pas forcément elles-mêmes bien électrifiées. 7.3 Contexte scolaire des élèves enquêtés Alors qu’il est largement démontré (RESEN-Bénin, 2008 ; UNESCO/BREDA, 2007) que la présence d’enseignantes produit un effet positif sur la performance et la réussite scolaire des filles, la proportion de femmes enseignantes au CM2 est relativement faible. Seulement 20,7% des enseignants des élèves enquêtés sont des femmes contre 79,3% de maîtres. Toutefois, la présence des femmes enseignantes est inégale dans les départements. Dans 33 le Mono par exemple, on n’a eu aucune enseignante pour les élèves enquêtés alors qu’elle représente 28,9% des enseignants pour ceux du Littoral. En moyenne, les enseignants des élèves de classe de CM2 enquêtés ont quatorze (14) ans d’expérience. Pour la plupart, ils ont entre 4 et 15 années d’expérience professionnelle. Plus d’un quart d’entre eux (27,67%), sont à quelques années de la fin de leur carrière qui se situe à 30 ans d’expérience professionnelle. En ce qui concerne le diplôme, on constate que la majorité des enseignants a le BEPC (35,3%) et 24,3% le BAC. Les titulaires du CAP sont 22,7% et quelques autres (1,7%) ont une licence. Cette composition du corps enseignant est le résultat de la nouvelle politique de recrutement des enseignants (politique de contractualisation de la fonction enseignante). Tableau 7.1: Nombre d’année d’expérience des enseignants Années d’expérience de l’enseignant Effectif Pourcentage [4-15[ 201 67% [15 -25[ 16 5,33% [25-30] 83 27,67% Source: Auteurs, enquête 2010. L’échantillon retenu pour cette étude comprend 18% d’élèves redoublant la classe de CM2. (cf. graphique 6) Ce taux de redoublement est le double des 9% observés au plan national en 2006 (EDBS, 2006). Le RESEN-Bénin (2008), montre également que le taux de redoublement au primaire a fortement diminué (passant de 24% à 11% entre 2003 et 2006) après la mise en place de la politique de non-redoublement dans les sous-cycles. Même si 53,8% des passants sont des filles, le taux de redoublement est plus élevé dans le rang des filles. En effet, la proportion des filles redoublantes est de 18,9% contre 16,2% chez les garçons. 34 La mesure des performances scolaires des élèves, suite aux réformes du ministère de l’enseignement maternel et primaire, s’opère seulement par le nombre de matières validées. En conséquence, le calcul des moyennes sur la base des notes des élèves n’est plus obligatoire. Pour décider du passage en classe supérieure d’un élève, on voit si l’apprenant a validé un certain nombre de matières sur le total (au moins la moitié). Mais, pour certains établissements il a été possible d’avoir la note moyenne des élèves, alors que pour d’autres, nous n’avons eu que le nombre de matières qui ont été validées. Pour ce dernier cas, nous avons calculé la moyenne en faisant le rapport entre le nombre de matières validées et le nombre total des matières. Sur cette base, nous avons évalué la moyenne générale de l’échantillon qui est égale à 6 sur 10; la moyenne la plus élevée est 10 et la plus faible 2,50. La norme de 40 élèves par groupe pédagogique est l’objectif poursuivi au Bénin dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement. Cet effectif est considéré comme adéquat pour assurer un encadrement normal des apprenants (RESEN, 2008). Dans notre cas, le plus grand effectif de classe est de 70 élèves, à l’inverse, le plus petit rencontré est de 14 élèves. La moyenne des effectifs est de 36 élèves par classe. Au total, 75% des élèves sont dans des classes d’au plus 40 élèves. Ce résultat peut être, en partie, lié à la présence dans notre échantillon des écoles privées qui n’ont pas souvent des effectifs pléthoriques. Par ailleurs, depuis quelques années, on observe un effort réel de l’Etat et des parents d’élève dans l’achat des fournitures scolaires que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural. Sur l’ensemble des élèves enquêtés 5,70% seulement n’ont pas toutes leurs fournitures scolaires. Une analyse de la dotation en fournitures scolaires des élèves, selon leur sexe, a montré que parmi les élèves qui n’ont pas la totalité des fournitures scolaires 52,9% sont des garçons alors que 47,1% sont des filles. Les filles ont plus généralement la totalité des fournitures scolaires contrairement aux garçons comme l’indique le graphique 8 ci- dessous. 35 Source : auteurs, à partir des données d’enquête, 2010. Sur l’ensemble des élèves enquêtés, 71,30% sont admis au CEP alors que 28,70% ont échoué à leur examen. Le taux de réussite dans le groupe des filles est de 70% contre 72,8% du côté des garçons. En conséquence, le taux d’échec des filles est d’environ 3 points de pourcentage plus élevé que celui des garçons. Les résultats scolaires ne sont pas les mêmes suivants les départements. On observe le taux de réussite le plus élevé dans le département du littoral soit 81,1%. Le taux d’échec le plus élevé s’observe dans le département du Mono (38%). Source : auteurs, enquête 2010. 7.4 Statut social des parents Les élèves ont majoritairement des parents instruits. En effet, 68,7% des élèves ont déclaré que leurs parents sont scolarisés contre 31,3% ayant des parents qui n’ont pas été à l’école. 36 C’est dans les départements du Mono et de l’Ouémé qu’on retrouve les pourcentages les plus élevés de parents non instruits ; soit respectivement des taux de 66% et 34% Ainsi qu’on l’observe au plan national, ici également, les pères et les mères n’ont ni les mêmes taux de scolarisation, ni les mêmes niveaux d’instruction. Pour preuve, 34% des élèves ont des géniteurs n’ayant aucun niveau d’instruction ; alors que ce taux est de 52,7% pour les mères. La proportion des pères ayant arrêtés leur cursus scolaire au niveau primaire est de 28,7% contre 27,3 pour les mères. L’écart de scolarisation, entre les deux parents, est également important au secondaire et au supérieur. Cet écart se creuse même au fur et à mesure que le niveau augmente. Il passe de 8 points de pourcentage au secondaire à 10 points au supérieur (cf. tableau 7.2). Tableau 7.2 : Niveau d’instruction des parents d’élèves Niveau d’instruction Pourcentage Pourcentage Père mère Aucun 34 52,7 Alphabétisé 0 1 28,7 27,3 24 16 Supérieur 13,3 3 Total 100 100 Primaire Secondaire Source : auteurs, enquête 2010. La répartition des parents des élèves enquêtés par secteur d’activité révèle qu’ils sont majoritairement dans des activités informelles. On retrouve ainsi 70% des pères et 91% des mères dans des activités du secteur informel. Si 15% des pères sont employés dans le secteur privé, ont n’y retrouve que 4% des mères. En ce qui concerne le secteur public, les pères y sont employés dans 12% des cas contre 4% pour les mères. Il est important de souligner que, même si les parents non instruits travaillent majoritairement dans le secteur informel (à 95,7%), il n’en demeure pas vrai que 58,7% des parents instruits, sont également dans l’informel. C’est dire toute l’importance du secteur dans aussi bien pour l’économie que pour la capacité des parents à pouvoir prendre en charge la scolarisation de leurs enfants. 7.5 Poids des travaux domestiques accomplis par les élèves enquêtés 37 L’analyse des données sur les travaux domestiques, exécutés par les élèves en classe de CM2, montre que dans leur immense majorité ils effectuent ces travaux quotidiennement avant d’aller à l’école, référence graphique 10. Les résultats du tableau 7.3 suivant montrent que, l’ensemble des élèves enquêtés, 94,3% exécutent les travaux domestiques avant d’aller à l’école. Il n’y a que 5,7% qui ne font pas ces genres de travaux. Cependant, il existe une certaine inégalité dans la réalisation des tâches. Parmi les 5,7% qui n’effectuent pas les travaux domestiques, plus de la moitié sont des garçons soit 58,8% contre 41,2% pour les filles. En corollaire, parmi les 94,3% qui exécutent les travaux domestiques avant d’aller à l’école, 55,5% sont des filles contre 44,5% de garçons. Au total, il ressort de l’analyse que les filles effectuent globalement plus de travaux domestiques que les garçons. Cette situation s’explique par le fait que dans nos sociétés, les travaux domestiques constituent une forme d’éducation de la jeune fille qui lui permet d’assumer parfaitement dans le futur son rôle d’épouse et de mère. Mais le fait que nombre de garçons accomplissent de plus en plus ces tâches, dénote d’une certaine évolution culturelle favorable à la parité entre fille et garçon. Les élèves qui ne sont pas soumis aux travaux domestiques, sont parfois de familles aisées, à même de faire assurer ces travaux par une domestique, afin de faciliter la scolarisation de leurs progénitures. Tableau7.3 : Exécution des travaux domestiques selon le sexe des élèves Sexe de l’enquêté Travaux Total domestiques Masculin Féminin NON 58,8% 41,2 100% OUI 44 ,5% 55,5% 100% Source: auteurs, enquête, 2010. 38 Suivant le moment de la journée où ils sont réalisés, le temps consacré aux travaux domestiques n’est pas le même (cf. tableau 7.4). Ainsi, les matins, les élèves passent en moyenne 22,41 min pour réaliser les travaux domestiques. Sur l’ensemble des élèves enquêtés, 25% passent 15 min à faire les travaux du matin tandis que 75% de ces élèves font 30 min pour les tâches à effectuer. Quelques uns des élèves font jusqu’à 1 heure de travaux domestiques les matins. Cette situation ne laisse pratiquement pas de temps pour une révision des leçons, d’autant plus que nos enquêtés évaluent à environ 16 minutes le temps moyen nécessaire pour se rendre dans leur l’école, avec un maximum d’une (1) heure. Il faut reconnaître que, certains parents déposent leurs enfants à l’école, ce qui réduit la durée du travail. Tableau 7.4 : Durée des travaux domestiques Temps consacré aux travaux domestiques (en minutes) Durée Matin Soir 22,41 40,67 Dominante 30 30 Maximale 60 180 25% des enquêtés 15 15 75% des enquêtes 30 60 Moyenne Source: Auteurs, enquête 2010. Les travaux domestiques du soir occupent visiblement deux fois plus les élèves que ceux du matin. En effet, la durée moyenne passe de 20 mn à 40 mn le soir et le temps maximum consacré à ces travaux passe de 60 mn le matin à 180mn le soir. Cette situation est liée au fait que la plage horaire disponible les soirs est grande et les élèves une fois sortis de l’école, aident les parents à effectuer différents types d’activités (corvée d’eau, activités culinaires, vaisselle, etc.). Etant donné que les enfants des deux sexes ne sont pas astreints aux mêmes activités domestiques, on constate une différence entre le temps que les filles et les garçons y consacrent les soirs. Toutefois, lorsque les garçons appartiennent aux ménages où la majorité des enfants sont des garçons ou que les filles qui s’y trouvent ne sont pas encore aptes à effectuer ces travaux, les garçons passent autant de temps que la majorité des filles, à faire des travaux domestiques. 39 Compte tenu du temps passé à faire les travaux du matin, dans leur immense majorité (72%), les élèves se réveillent les jours de classe, à 6 heures. Ils prennent le chemin de l’école dans 75% des cas vers 7heures 30. Suivant nos données d’enquête, les filles sont plus matinales que les garçons et se couchent également plus tard qu’eux, puisqu’elles passent plus de temps à faire les travaux domestiques. Tableau 7.5 : Répartition des élèves enquêtés par heure de réveil Heure de réveil Proportion d’élèves se réveillant par tranche d’heure des élèves [5h00- 5h30[ [5h30-6h00[ [6h00-6h30[ [6h30-7h00[ [7h00-7h30] Ensemble 5,0% 2,7% 64,3% 18,3% 0,3% Masculin 46,7% 62,5% 43% 41,8% 100% Féminin 53,3% 37,5% 57% 58,2% 0% enquêtés Source: auteurs, enquête 2010 7.6 Travaux domestiques et performance académique des filles (estimation du modèle 2) Notre démarche a consisté à estimer deux variantes de notre modèle. Nous avons dans un premier temps évalué la performance scolaire des filles par la réussite à l’examen du CEP qui sanctionne la formation au cycle primaire. Cet examen à l’avantage d’être national et donc plus objectif pour l’évaluation de la performance des filles. Mais l’inconvénient est que, ainsi traité, la performance scolaire des filles est dichotomique (1 pour réussite et 0 pour échec) et ignore toute la variabilité de la performance capturée par les moyennes des notes. C’est pourquoi, dans une deuxième partie, nous avons estimé le modèle en prenant comme variable endogène, la moyenne de classe. Dans les deux cas, les estimations ont porté uniquement sur l’échantillon des élèves filles. 40 Tableau 7.6 : Estimation des déterminants de la performance scolaire des filles Pfsco Estimations logit Moyclas Estimation MCO Variables exogènes Coefficients Variables exogènes Coefficients Td -1,188 (0,370) Durtdm 0,018 (0,971) Nspm 0,608** (0,032) Durtds -0,008 (0,888) Dist 0,023 (0,234) Nspm -0,246 (0,251) redoub 1,088** (0,032) Dist -0,003 (0,854) Dfs -1,360 (0,167) Redoub 0,507 (0,291) religion -0,400 (0,154) Agelev 0,005 (0,971) sexenseig 1,037** (0,046) Religion -0,495 Frt -0,254 (0,869) Sexenseig 0,063 (0,904) expensgt -0,059 ** (0,008) Elect 0,845 (0,201) Bac -0,999** (0,044) Expensgt -0,284 (0,104) constante 3,43 Nspp 0,542** (0,037) Tmaison 0,032 (0,924) Tecl -1,759** (0,014) Effectclass 0,0205 (0,305) Nbsr -0,456** (0,012) exp2 0,009* (0,064) (0,175) 2 Pseudo R =0,161 Constante Prob > chi2 = 0.0004 (0,209) 2 R = 0,54 Prob > F = 0.0024 Source : auteurs, estimation logit sur STATA 10, données d’enquête 2010. (cf. résultats brut en annexe 2) NB : *** coefficients significatifs au seuil de 1% ; ** coefficients significatifs au seuil de 5% ; * coefficients significatifs au seuil de 10%. Les chiffres (.) sont les probabilités. Des deux estimations, nous pouvons retenir que les travaux domestiques ont un effet négatif, mais pas significatif. L’effet négatif des travaux domestiques est essentiellement lié aux travaux du soir qui sont souvent plus longs en durée. Ainsi, ils pénalisent la révision des leçons, et les séances d’exercices du soir. Les principaux facteurs expliquant la performance des filles sont leur statut de redoublante, le niveau d’instruction de leur parent, le sexe de leur enseignant, le type d’école publique ou privée, le nombre de sœurs. Au total, nous pouvons affirmer que les travaux domestiques dans leur ampleur actuelle, ne constituent pas une entrave majeure à la réussite scolaire des filles. Mais, il est difficile de prédire la durée au-delà de laquelle apparaîtront les effets négatifs de ces travaux sur la performance des filles. Notre deuxième hypothèse qui postule que les travaux domestiques 41 n’affectent significativement la performance scolaire des filles scolarisées que s’ils sont quotidiens et dépassent une certaine durée, se trouve vérifiée. VIII CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS En abordant cette étude, nous avions pour objectif d’isoler l’impact des travaux domestiques sur la scolarisation et les performances scolaires des filles. Comme il est apparu dans la littérature empirique, l’effet des travaux domestiques sur la scolarisation des filles est fortement craint et postulé, mais il n’est pas toujours prouvé empiriquement. Kouwono (2005) a montré dans le cas du Togo, que les filles réussissent autant que les garçons dans l’enseignement primaire malgré la réalisation des travaux domestiques. Aux termes de nos analyses statistiques et économétriques, nous pouvons dire qu’il existe une certaine inégalité entre fille et garçon dans l’exécution des travaux domestiques. Les travaux domestiques du matin sont moins importants en terme de durée que ceux du soir. Les travaux domestiques ne produisent pas d’effets significatifs sur la scolarisation des filles, mais pourraient en produire sur leur performance scolaire s’ils dépassent une certaine durée par jour, comme l’indique le signe du carré de la variable durée des travaux domestiques. Nous n’avons pas pu identifier ce seuil dans le cadre de ce travail. Ceci pourrait bien faire l’objet d’un approfondissement de la présente étude. En somme, nous pouvons affirmer que les travaux domestiques dans leur ampleur actuelle, ne constituent pas une entrave majeure à la réussite scolaire des filles. Mais il est difficile de prédire la durée au-delà de laquelle apparaîtront les effets négatifs de ces travaux sur la performance des filles. Une redistribution des travaux domestiques entre garçons et filles permettrait probablement d’accroître la performance scolaire des filles et contribuer à rétablir l’égalité dans leur scolarisation. De plus, dans la logique d’une contribution des travaux domestiques au développement des enfants et au bien-être de leur famille, nous recommandons aux parents d’y impliquer davantage leurs garçons. Vu que les résultats de ENTE/ BIT/INSAE, 2008, montrent que la sollicitation des filles dans les travaux domestiques augmente avec l’âge. Il serait donc nécessaire de faire l’analyse de l’impact des travaux domestiques sur la scolarisation et la performance scolaire des filles au secondaire avant toute conclusion définitive. Dans ce cas, l’extension de l’étude aux départements du nord du pays doit constituer une priorité. 42 IX REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Aboudou Karimou Adjibade, L'enfant en Centrafrique: famille, santé, scolarité, travail Publié par KARTHALA Editions, 2004. 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ANNEXES 45 Annexe 1 nbsr Nombre de sœur Signe attendu - + ne Nombre d’enfants - Age de l’élève + nsp Niveau scolaire des parents + Dep Département +/- nspm Niveau scolaire de la mère + Dfs Dotation en fourniture scolaire + nspp Niveau scolaire du père + diplengt +/- pfsco Performance scolaire - prfm Profession de la mère - distec Diplôme de l’enseignant Distance maison-école (en heure) Distance maison-école (en km) - prfp - distep Distance maison-eau potable - rea Profession du père Raison de l’abandon de l’enfant - redoub redoublement - + religion Religion - - relprt Relation parentale + + rem Revenu de la mère + - rep Revenu du père + + rp Revenu des parents (père + mère) + - setam Secteur d’activité de la mère - + setap Secteur d’activité du père - - sexe Sexe de l’enfant + Variables Définition adfs Achat des fournitures scolaire Ag Age de l’enfant agelev Dist Signe attendu + Variables Définition - Ea Durée des travaux domestiques du matin de la fille Durée des travaux domestiques du matin de la fille au carré Durée des travaux domestiques du matin du garçon Durée des travaux domestiques du matin du garçon au carré Durée des travaux domestiques du soir de la fille Durée des travaux domestiques du soir de la fille au carré Durée des travaux domestiques du soir du garçon Durée des travaux domestiques du soir du garçon au carré Enfant ayant abandonné l’école effeclass Effectif de classe - sexelev Sexe de l’élève + elect Electricité + sexenseig Sexe de l’enseignant + En Enfant non scolarisé - sf Scolarisation des filles expenseig + sitab Situation d’abandon - - sitred Situation de redoublement - Frt Expérience de l’enseignant Fréquence des redoublements, abandons et échecs scolaire de la fille fratrie - sitso Situation scolaire de l’enfant + Hd Heure de départ pour l’école - statmait Statut du maître - Hr Heure de réveil - td Travaux domestiques - Lp Lien de parenté + tecl Type d’école + moyclas Moyenne de classe thab Type d’habitation - durtdmf Durtdmf2 durtdmg durtdmg2 durtdsf durtdsf2 durtdsg durtdsg2 fraes 46 nbfr Nombre de frère - tmaison Type de maison - Annexe 2 Logistic regression Number of obs LR chi2(1 1 1) Prob > chi2 Pseudo R2 Log likelihood = -26.393765 sf Coef. durtdmf durtdsf rp fraes nspp nsm durtdmf2 durtdsf2 distec distep en _cons . 189 57 29 -. 040 05 85 -. 047 30 14 . 130 35 12 . 398 14 43 . 492 08 11 -. 001 56 98 .0 00 09 . 000 21 97 . 000 21 92 -1 .42 62 16 -. 398 56 31 Std. Err. . 07 12 35 1 . 04 29 29 3 . 05 66 90 8 . 21 25 99 3 . 52 71 67 4 . 64 31 31 5 . 00 07 38 7 . 00 03 24 1 . 00 12 16 9 . 00 31 61 2 . 28 80 35 5 2 .1 80 93 8 z 2 .6 6 -0 .9 3 -0 .8 3 0 .6 1 0 .7 6 0 .7 7 -2 .1 2 0 .2 8 0 .1 8 0 .0 7 -4 .9 5 -0 .1 8 Logistic regression Coef. durtdmf durtdmg durtdsf durtdsg rp fraes nspp nsm durtdmf2 durtdsf2 durtdmg2 durtdsg2 distec distep en _cons . 176 05 39 - .05 64 09 -. 005 07 86 . 086 89 82 -. 035 95 71 .23 44 35 . 695 32 57 . 526 47 11 -. 001 49 73 -. 000 15 78 .00 24 76 - .00 22 55 . 000 27 09 . 000 07 58 -1 .42 49 07 -2 .25 54 73 Std. Err. . 08 06 83 5 . 12 58 96 3 . 04 60 71 2 . 09 28 11 9 . 06 21 54 3 . 25 00 71 4 . 62 68 10 5 . 67 04 83 3 . 00 07 43 2 . 00 03 59 4 . 00 34 85 8 .0 01 66 3 . 00 15 40 1 . 00 37 14 3 . 31 78 39 8 2 .6 81 45 3 z 2 .1 8 -0 .4 5 -0 .1 1 0 .9 4 -0 .5 8 0 .9 4 1 .1 1 0 .7 9 -2 .0 1 -0 .4 4 0 .7 1 -1 .3 6 0 .1 8 0 .0 2 -4 .4 8 -0 .8 4 Logistic regression Coef. td nspm dist redoub dfs religion sexenseig frt expensgt bac _cons -1 .18 85 56 . 608 94 89 . 023 88 11 1 .08 87 93 -1 .36 09 79 -. 400 72 54 1 .03 77 23 -. 254 51 36 -. 059 00 56 -. 999 37 88 3.4 31 84 0. 02 9 0. 65 4 0. 91 2 0. 34 9 0. 56 3 0. 34 9 0. 26 7 0. 43 2 0. 04 4 0. 66 1 0. 47 8 0. 17 5 0. 86 0 0. 98 4 0. 00 0 0. 40 0 Std. Err. 1. 32 45 7 . 28 41 96 2 . 02 00 87 3 . 50 63 93 2 . 98 54 11 1 . 28 14 36 1 . 52 10 13 2 1 .5 42 33 7 . 02 21 94 8 . 49 56 66 6 2 .5 30 27 7 z -0 .9 0 2 .1 4 1 .1 9 2 .1 5 -1 .3 8 -1 .4 2 1 .9 9 -0 .1 7 -2 .6 6 -2 .0 2 1 .3 6 P>|z| 0. 37 0 0. 03 2 0. 23 4 0. 03 2 0. 16 7 0. 15 4 0. 04 6 0. 86 9 0. 00 8 0. 04 4 0. 17 5 = = = = . 32 919 11 . 04 408 14 . 06 381 06 . 54 703 83 1 .4 313 73 1 .7 525 96 -. 00 012 19 . 00 072 53 . 00 260 47 .0 064 15 -. 86 167 73 3 .8 759 97 1 19 92. 23 0 .00 00 0 .65 64 [95% Conf. Interval] . 01 79 17 1 -. 30 31 61 2 -. 09 53 76 6 -. 09 50 09 8 -. 15 77 77 2 - .2 55 69 6 -. 53 32 00 2 -. 78 76 52 1 -. 00 29 54 1 -. 00 08 62 2 - .0 04 35 6 -. 00 55 14 4 -. 00 27 47 6 -. 00 72 04 1 -2 .0 47 86 2 -7 .5 11 02 4 Number of obs LR chi2(1 1 0) Prob > chi2 Pseudo R2 Log likelihood = -82.851214 pfsco P>|z| 1 19 87. 73 0 .00 00 0 .62 43 [95% Conf. Interval] . 04 99 54 8 -. 12 41 98 4 -. 15 84 13 4 -. 28 63 35 8 -. 63 50 84 7 -. 76 84 33 5 -. 00 30 17 7 -. 00 05 45 3 -. 00 21 65 4 -. 00 59 76 7 -1 .9 90 75 6 -4 .6 73 12 3 Number of obs LR chi2(1 1 5) Prob > chi2 Pseudo R2 Log likelihood = -24.141007 sf P>|z| 0. 00 8 0. 35 1 0. 40 4 0. 54 0 0. 45 0 0. 44 4 0. 03 4 0. 78 1 0. 85 7 0. 94 5 0. 00 0 0. 85 5 = = = = = = = = . 33 419 06 . 19 034 31 . 08 521 93 . 26 880 61 .0 858 63 . 72 456 59 1 .9 238 52 1 .8 405 94 -. 00 004 06 . 00 054 67 .0 093 08 . 00 100 44 . 00 328 93 . 00 735 56 -. 80 195 27 3 .0 000 78 1 63 31. 89 0 .00 04 0 .16 14 [95% Conf. Interval] -3 .7 84 66 6 . 05 19 34 5 -. 01 54 89 3 . 09 62 8 -3 .2 92 34 9 -. 95 23 30 1 .0 16 55 6 -3 .2 77 43 9 -. 10 25 06 6 -1 .9 70 86 7 -1 .5 27 41 2 1 .4 075 55 1 .1 659 63 . 06 325 16 2 .0 813 05 . 57 039 12 . 15 087 92 2. 058 89 2 .7 684 12 -. 01 550 46 -. 02 789 01 8 .3 910 92 47 Source SS df MS Model Residual 72 .47 43 42 8 60 .36 77 62 5 16 40 4 .5 296 46 43 1 .5 091 94 06 Total 13 2.8 42 10 5 56 2 .3 721 80 45 moyclas Coef. agelev frt durtdm durtds tmaison nspp nspm tecl dist redoub dfs religion elect sexenseig effeclass nbsr exp2 expensgt _cons .00 55 25 (d rop pe d) .01 81 95 -. 000 86 82 . 032 83 17 . 542 42 45 -.2 46 81 -1 .75 96 98 -. 003 28 55 . 507 64 15 (d rop pe d) -. 495 64 16 .84 59 08 . 063 33 52 . 026 52 01 -. 456 11 83 . 009 90 21 -. 284 91 35 7 .06 92 88 Number of obs F( 16, 40) Prob > F R-squared Adj R-squared Root MSE = = = = = = 57 3. 00 0 .00 24 0 .54 56 0 .36 38 1 .22 85 Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval] . 15 33 06 3 0 .0 4 0. 97 1 -. 30 43 18 6 . 31 536 87 . 01 87 66 7 . 00 61 35 8 . 34 04 68 5 . 25 19 71 3 . 21 18 31 6 . 68 28 87 2 .0 17 68 9 . 47 41 73 8 0 .9 7 -0 .1 4 0 .1 0 2 .1 5 -1 .1 7 -2 .5 8 -0 .1 9 1 .0 7 0. 33 8 0. 88 8 0. 92 4 0. 03 7 0. 25 1 0. 01 4 0. 85 4 0. 29 1 - .0 19 73 4 -. 01 32 69 2 -. 65 52 80 8 . 03 31 71 5 -. 67 49 37 6 -3 .1 39 86 4 -. 03 90 36 3 -. 45 06 99 5 . 05 612 39 . 01 153 28 . 72 094 41 1 .0 516 77 . 18 131 76 -. 37 953 14 . 03 246 53 1 .4 659 83 . 38 77 32 2 . 64 99 05 5 . 52 00 97 8 . 02 55 10 7 . 17 37 65 6 . 00 51 93 6 . 17 11 28 2 2 .3 16 76 5 -1 .2 8 1 .3 0 0 .1 2 1 .0 4 -2 .6 2 1 .9 1 -1 .6 6 3 .0 5 0. 20 9 0. 20 1 0. 90 4 0. 30 5 0. 01 2 0. 06 4 0. 10 4 0. 00 4 -1 .2 79 27 7 - .4 67 6 -. 98 78 21 6 - .0 25 03 9 -. 80 73 11 8 -. 00 05 94 5 -. 63 07 76 5 2 .3 86 93 1 . 28 799 44 2 .1 594 16 1 .1 144 92 . 07 807 92 -. 10 492 49 . 02 039 87 . 06 094 94 1 1. 751 65 . Annexe 3 QUESTIONNAIRE POUR LA FAMILLE Numéro du Questionnaire Date de l’enquête :…………………………... I- IDENTIFICATION DE LA FAMILLE Département :…………………………………………………………………………………… Arrondissement :……………………………………………………………………………….. Village ou Quartier de ville :………………………………………………………………… Type d’habitation de la famille En brique = 1 en banco = 2 en matériaux précaires =3 I - CARACTERISTIQUE DE LA FAMILLE 1.1- Situation matrimoniale 1.1.1 – Quelle est la situation matrimoniale du Père de famille? Monogame.=1 Polygame =2 Divorcé/remarié = 3 Célibataire = 4 1.1.2 – Quel est la situation matrimoniale de la Mère ? Mariée =1 Divorcée/remariée =2 Divorcée/Célibataire =3 1.2- Profession des parents 1.2.1 – Quelle est la profession du Père ? ....................................................................... 1.2.2 Quelle est la profession de la mère ?......................................................................... 1.3 Secteur d’activité des Parents 1.3.1 Quel est le secteur d’activité du Père ? Salarié du secteur Privé =1 Salarié du secteur Public. =2 Informel (Commerçant, Agriculteur, Eleveur, Pêcheur, Conducteur, Artisan)…= 3 1.3.2 Quel est le secteur d’activité de la Mère ? Salarié du secteur Privé =1 Salarié du secteur Public…… =2 48 Informel ;(Commerçant, Agriculteur, Eleveur, Pêcheur, Conducteur, Artisan)… = 3 1.4 Revenu de la famille (Dans quelle tranche se situe le revenu (salaire + autres ressources ; montant en FCFA)? 1.4.1 Revenu du Père par mois -[0 ; 30.000[…..=1 - [30.000 ; 50.000[…….=2 75.000[…….=3 - [75.000 ; 100.000[…….=4 - [100.000 ; 150.000[…=5 ++[………=6 1.4.2 Revenu de la mère -[0 ; 30.000[………..=1 75.000[…….=3 - [75.000 ; 100.000[…….=4 ++[…….…=6 - [50.000 ; - [150.000 ; - [30.000 ; 50.000[…….=2 - [50.000 ; - [100.000 ; 150.000[….=5 - [150.000 ; 1.5 Niveau d’étude des Parents 1.5.1 – Quel est le niveau d’étude du Père Primaire…………………=1 Secondaire…………………..=2 Supérieur………………..=3 Alphabétisé………………...=4 Aucun …………..…..…. =5 1.5.2 Quel est le niveau d’étude de la Mère Aucun = 0...Primaire…=1 Secondaire…=2 Supérieur…=3 Alphabétisée...=4 II- COMPOSITION DE LA FAMILLE 2.1- Demandez le nombre d’enfants résidant dans la famille tableau suivant en commençant par le plus âgé. Scolarisé Redoub N° prénoms de Sexe M = Oui = 0 l Oui = d'ordr l'enfant Age 0 et F = 1 et Non = 0 Non = (pas obligatoire) e 1 1 et remplissez le Abando n Oui = 0 et Non =1 Lien de parenté (enfant, domestique, confié…) 2.2 Il y a des non scolarisés ? oui = 0 Non = 1 2.2.1 Si oui, pourquoi ne sont-ils pas scolarisés ? Travaux Domestiques = 1 Manque de moyens financiers = 2 Aide familiale (petit commerce, apprentissage, ) = 3 Autres raisons (à préciser)…= 4 49 …………………………………………………………………..…………………………….……… ………………………………………………………………………………………………….……… …………………………………………………………………………………………..……………… 2.3- Il y a-t-il des abandons ? oui = 0 Non = 1 2.3.1 Si oui, pourquoi ? Grossesses précoces = 1 Insuffisance de résultat scolaire =2 Trop de travaux Domestiques = 3 Autres (à préciser) = 4………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………..……… …………………………………………………………………………………………... 2.4- Quelle est la distance qui vous sépare de l’école la plus proche ? mètres 2.5 Quelle est la distance qui vous sépare du point d’eau potable ? mètres 2.6 A quelle heure vos enfants se réveillent les jours d’école ? heure 2.7 A quelle heure vos enfants partent t-ils généralement de la maison pour l’école ? heure 2.8 Combien de temps passent vos enfants pour faire les travaux domestiques du matin ? ( en minute) Filles garçon 2.9 Combien de temps passent vos enfants pour faire les travaux domestiques du soir ? ( en minute) Filles garçon 2.10 Quels sont les facteurs qui bloquent la scolarisation, le maintien et la performance de vos filles à l’école ? ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… 2.11 Que faites vous concrètement pour favoriser l’inscription de vos filles à l’école ? ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… 2.12 Que faites vous concrètement pour faciliter l’assiduité de vos filles à l’école ? ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… 2.13 Que faites vous concrètement pour faciliter la performance de vos filles à l’école ? ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………… 2.14Quels sont les obstacles à l’inscription, le maintien et la promotion des filles dans votre localité ? MERCI POUR VOTRE COLLABORATION QUESTIONNAIRE POUR LES ELEVES DES ECOLES PRIMAIRES IDENTIFICATION DE L’ECOLE 50 Département :………………………………Date de l’enquête …………N° questionnaire … Arrondissement :……………………………………………………………………………….. Village ou Quartier de ville :…………………………………………………………………… Dénomination de l’école :… …………………………………………………………………… Nom et Prénoms de l’élève……………………………………………………………………. Type d’école Privée = 0 Publique = 1 1- Quelle est ta classe ? CM1 = 0 et CM2 = 1 2- Sexe de l’enquêté ? M = 0 et F = 1 3- Quel âge as-tu ? 4- Vis-tu avec tes parents ? Oui = 1 Non =0 5- Avez-vous l’électricité à la maison ? Oui = 1 Non =0 6- Dans quel type de maison vous vivez ? En brique = 1 en banco = 2 en matériaux précaires =3 7- Quel est le sexe de ton enseignant ? M = 0 et F = 1 8- Quel est ton statut scolaire ? Doublant = 0 et passant = 1 9- Quelle a été ta moyenne de classe ? Ton rang ? 10- As-tu des frères et sœurs ? Oui = 1 Non = 0 Si oui combien de : Frères as-tu ? Sœurs as-tu ? 11- Combien de minutes (environ) fais-tu sur la route pour venir à l’école ? 12- Tes parents ont-ils été à l’école ? Si oui : 12.1 Niveau d’étude de ton Père Aucun …. = 0 Primaire = 1 Oui = 1 Secondaire.= 2 Supérieur..=3 12.2 Niveau d’étude de ta Mère Aucun …. = 0 Primaire = 1 Secondaire.= 2 Supérieur..=3 12.3 Niveau d’étude de ton tuteur Aucun …. = 0 Primaire = 1 Non= 0 Alphabétisé...= 4 Alphabétisé...= 4 ( si réponse non pour la question 4) Secondaire.= 2 Supérieur..=3 Alphabétisé...= 4 13- Profession des parents 13.1Quelle est la profession ton Père ? ................................................................ 13.2 Quelle est la profession de ta mère ?......................................................................... 13.3 Quelle est la profession de ton tuteur ?......................................................................... 14- Secteur d’activité des Parents 14.1 Quel est le Secteur d’activité de ton Père ? Salarié du secteur Privé….… =1 secteur Public.. =2 Informel (Commerçant, Agriculteur, Eleveur, Pêcheur, Conducteur, Artisan)…= 3 14.2 Quel est le secteur d’activité de ta Mère ? Salarié du secteur Privé…=1 Salarié du secteur Public… =2 Informel (Commerçant, Agriculteur, Eleveur, Pêcheur, Conducteur, Artisan)… = 3 14.3 Quel est le secteur d’activité de ton tuteur ? Salarié du secteur Privé…=1 Salarié du secteur Public… =2 Informel (Commerçant, Agriculteur, Eleveur, Pêcheur, Conducteur, Artisan)… = 3 51 15- Fais-tu des travaux domestiques ? Oui = 1 Non= 0 15.1 Si oui quels sont ces travaux ? ………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………….……………… ………………………………………………………………………………….. ……………………. 16- Combien de temps passes-tu pour faire tes travaux domestiques du matin ? en minute 17- Combien de temps passes-tu pour faire tes travaux domestiques du soir ? minute 18- A quelle heure te réveilles-tu les jours d’école ? heure 19- A quelle heure parts-tu généralement de la maison pour l’école ? en heure 20- As-tu généralement toutes les fournitures scolaires ? Oui = 1 Non= 0 Si oui qui te les achète ? 20.1 Tes parents ? Oui = 1 Non= 0 Autre (à préciser) = 2…………………… …………………………………….....................………………………………… ………………………………………………………………………………………………….……… Te tresses-tu régulièrement les cheveux ? Oui = 1 Non= 0 21- Combien de fois en moyenne par mois 22- Combien de temps passes- tu chez la coiffeuse en général par séance ? minutes 23- As-tu souvent les maux de tête après t’être tressée ? Oui = 1 Non= 0 24- Résultats au CEP (Pour les élèves de CM2) Admise = 1 Echoué = 0 25- De quelle réligion es-tu ? Chrétienne = 1 Islamique = 2 Animiste = 3 26- Diplôme le plus élévé ou grade de ton maître (ta maîtresse) : 27- Nombre d’années d’expérience de ton maître (ta maîtresse) ans 28- Statut de ton maître (ta maîtresse) APE = 1 Contratuel = 2 Autre = 3 (Préciser) …………………………………………………… Merci pour ta collaboration 52