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Situation des prisons au Kasaï Oriental CENTRE D’ETUDES ET DE FORMATION POPULAIRE POUR LES DROITS DE L’HOMME CEFOP/DH Etat des lieux de la situation des prisons dans la Province du Kasaï oriental en République démocratique du Congo (Résultats d’une enquête menée de septembre 2012 à juin 2013 dans les villes de Mbuji-Mayi et Mwene Ditu) Juin 2013 1 Situation des prisons au Kasaï Oriental INTRODUCTION La RDC a souscrit à plusieurs instruments internationaux de droits de l’homme, en ce inclus ceux de la personne en détention. Au delà de cette souscription, elle garantit dans plus de cinquante articles de sa constitution en vigueur, les droits humains et les libertés fondamentales dont notamment l’article 18 alinéa 5 impose les règles qui promeuvent les droits de la personne en détention par cette prescription : « tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie, sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité ». Dans les faits, malgré cette protection légale, la personne en détention dans les prisons du Kasaï – Oriental, plus précisément celle de Mbujimayi et Mwene –Ditu est victime de plusieurs atteintes à ses droits dont notamment des abus et violences physiques dus. Il convient également de signaler que certaines de ces atteintes se font par la faute de l’autorité publique compétente selon le rapport des enquêteurs1 commis par le CEFOP/DH2 dans le cadre de la mise en œuvre de son projet de déblocage des cas bloqués en justice et plaidoyer pour une Cfr. Fiches de récolte des données en prison, septembre – novembre 2012, en archives. 2 Centre d’Etudes et de Formation Populaires pour les Droits de l’Homme 1 2 Situation des prisons au Kasaï Oriental administration de la justice efficace dans la Province du Kasaï Oriental en République Démocratique du Congo3. Ce rapport fournit un diagnostic très alarmant, quant au non respect des normes, nationales et internationales relatives à la protection de personnes privées de liberté de manière générale, d’une part, et d’autre part, en ce qui concerne les conditions de détention des personnes incarcérées et la légalité de la détention dans les prisons centrales de MbujiMayi et de Mwene Ditu. De manière générale, les conditions de détention dans lesdites prisons sont inacceptables. Les déficiences graves dans l’alimentation, l’hygiène, les soins de santé transforment ces prisons en véritables mouroirs. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’à Mbujimayi et /ou à Mwene–Ditu, être condamné par un tribunal, parfois pour des faits bénins, à trois, six, douze mois ou cinq ans d’emprisonnement équivaut, en fait, à une condamnation à mort, tant les risques de décéder en prison sont élevés. Cela arrive à cause justement du fait que les droits fondamentaux reconnus aux personnes arrêtées et placées en détention ne sont pas respectés engendrant ainsi plusieurs conséquences dont notamment : Projet financé par la Fondation Américaine pour la Démocratie (NED) 3 3 Situation des prisons au Kasaï Oriental - - le développement de certaines maladies chez les détenus telles que la tuberculose, les maladies de la peau, la malnutrition ou sous alimentation, … ; l’inaptitude physique chez certains prisonniers pendant leur séjour en prison ; la mort. Partant, il se dégage clairement que dans les prisons ciblées (Mbujimayi et Mwene – Ditu) du Kasaï – Oriental, les conditions générales de détention méritent une attention particulière de l’autorité publique compétente en faveur d’une amélioration très significative tendant à redorer la dignité des personnes en détention pendant toute la période de leur séjour dans lesdites prisons en conformité avec les normes tant nationales qu’ internationales relatives à la protection des droits de l’Homme et celles relatives à la protection des droits des personnes privées de liberté. Ainsi, le CEFOP/DH se propose de commenter, dans les lignes qui suivent, au-delà de la présente introduction et la conclusion et/ou recommandations qui s’en suivront, une esquisse de l’état des lieux des prisons de Mbujimayi et de Mwene – Ditu dont le contenu repose sur 3 points essentiels : · Le premier point est relatif à l’approche méthodologique utilisée par le CEFOP/ DH dans le cadre de la documentation des cas ; 4 Situation des prisons au Kasaï Oriental · · I. Le deuxième point fait l’état des lieux des prisons ciblées en rapport avec les conditions de détention ; Le troisième point est consacré à l’état des lieux desdites prisons en rapport avec l’administration des prisons. APPROCHE METHODOLOGIQUE La démarche suivie par le CEFOP/DH pour la documentation des cas qui a conduit au diagnostic sur la situation générale des prisons de Mbujimayi et Mwene – Ditu s’est révélée être une combinaison de plusieurs axes complémentaires : les descentes de terrain, les séances de travail, les interviews et l’analyse du cadre légal. A cet effet, une mission d’enquête a été effectuée dans deux des prisons de la province du Kasaï – Oriental, en l’occurrence la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle Mwene- Ditu. Le mandat confié à cette mission d’enquête consisté à faire un état des lieux des prisons, et, en même temps, à assurer les activités de surveillance du respect des Droits de l’homme dans lesdites prisons pendant la période de la mission. Les objectifs ci – après ont été poursuivis : Ø s’assurer du respect des procédures légales d’arrestation et de détention par le monitoring des dossiers judiciaires des prévenus en détention au niveau de chacune de deux prisons et de documenter les cas 5 Situation des prisons au Kasaï Oriental bloqués en justice sur base des données fournies par prévenus en détention lors des séances d’écoute ; Ø évaluer les conditions de détention des personnes privées de liberté sur leur conformité avec les normes internationales et nationales ; Ø dresser un état des lieux sur la situation carcérale de deux prisons cibles ; Ø élaborer des recommandations sur le fonctionnement et la réforme/réhabilitation du système pénitentiaire congolais avec un accent particulier sur la situation de la province du Kasaï – Oriental. Pour rendre fiables les résultats de cette enquête, une séance de dépouillement et de validation des donnés récoltées, a été organisée à Mbujimayi, en date du 13 au 14 décembre 2012, regroupant différents acteurs intéressés, savoir : les gestionnaires des prisons ciblées ou leurs délégués, le délégué du Ministère provincial de la justice, le délégué du ministère Provincial des droits humains, le délégué de la division de la justice, le délégué de la division des droits humains, les avocats et défenseurs judiciaires enquêteurs, et les membres de l’équipe du CEFOP/DH qui ont eu la charge de conduire le projet. 6 Situation des prisons au Kasaï Oriental II. ETAT DES LIEUX DES PRISONS EN RAPPORT AVEC LES CONDITIONS DE DETENTION L’analyse des conditions générales de détention dans les prisons de Mbujimayi et de Mwene – Ditu, a conduit à relever les constats tels que développés dans points ci– après : 2.1. Par rapport à la population carcérale Les lieux de détention de la province du Kasaï Oriental sont surpeuplés. Ce surpeuplement est plus grave dans la prison centrale de Mbuji-Mayi où les études rapportent, qu’elle n’a pas regorgé moins de 600 détenus au cours de la période allant juin 2012 à juin 2013 alors que cette dernière serait construite pour contenir au maximum 200 personnes. D’une manière générale ce surpeuplement a pour causes : · L’étroitesse des prisons et autres lieux de détention ; · L’insuffisance du nombre des lieux de détention ; · La fréquence de condamnation à des peines d’emprisonnement de longue durée; · Le placement et le maintien d’un trop grand nombre de personnes en détention préventive sans respect du délai légal ; · Les retards dans la procédure d’instruction ; · La rareté des audiences dans certaines juridictions (cas du Tribunal de Grande 7 Situation des prisons au Kasaï Oriental · · · Instance de Lukalaba et de la Cour d’Appel de Mbuji-Mayi) ; Le prononcé des décisions judiciaires hors délais légaux ; Le nombre très réduit des juges dans certaines juridictions (cas des Tribunaux de Paix de Mbujimayi et de Mwene – Ditu, la Cour d’Appel, etc.) La multiplicité des catégories des détenus (militaires et civiles) L’ensemble de ces maux ont conduit à de graves atteintes aux droits de l’homme relatives au droit à une justice équitable et spécifiquement aux conditions de détention humaines que nous analysons à travers les points suivants : La séparation des catégories de détenus, les locaux de détention, hygiènes dans les prisons, alimentation dans le prisons, les soins médicaux, l’information des détenus sur le droit, le contact et communication entre les détenus avec le monde extérieur, le travail de détenus, exercice physique ainsi que la religion dans les prisons. 2.2. Par rapport à la séparation catégories de détenus de Aux termes de l’article 8 des Règles minima des Nations Unies pour l’élaboration de mesures non privatives de liberté (dites Règles de Tokyo), les détenus doivent être placées dans des établissements ou quartiers d'établissements 8 Situation des prisons au Kasaï Oriental distincts, en tenant compte de leur sexe, de leur âge, de leurs antécédents, des motifs de leur détention et des exigences de leur traitement. Partant de cette disposition, il est important pour le CEFOP/DH de relever le fait que cette disposition est loin d’être observée dans les prisons de Mbujimayi et celles de Mwene – Ditu autant il est rapporté ce qui suit : · Séparation entre les détenus civils et militaires Dans toutes les prisons de Mbujimayi et de Mwene - Ditu, il est rapporté qu’il n’existerait aucune séparation de détenus militaires et civils. Et le cas de la prison centrale de Mbuji-Mayi pourrait servir d’illustration. Dans cette prison le nombre des prisonniers militaires s’élève à 27,5 % sur l’ensemble de l’effectif total des personnes en détention chiffré à 804 en date du 27 juin 2013. · Séparation entre les condamnés et les prévenus en détention Dans lesdites prisons, le principe de séparation des catégories énoncé aux termes de l’article 10.2 du pacte international relatif aux droits civils et politiques relatif à la séparation de détenus condamnés et prévenus demeure non respecté dans la mesure où on y retrouve les détenus tant condamnés que 9 Situation des prisons au Kasaï Oriental prévenus dans les mêmes cellules et soumis au même régime. . · Séparation mineurs entre les majeurs et les Cette situation pose problème dans certaines prisons du Kasaï – Oriental. Cependant, elle s’est quelque peu améliorée dans certains établissements de détention tel que la prison centrale de Mbujimayi à la suite de l’intervention d’organismes comme le BICE (Bureau International Catholique de l’Enfance) à travers l’aménagement des locaux propres réservés pour la détention des mineurs. C’est le cas des pavillons des mineurs aménagés au niveau de la prison centrale de Mbuji-Mayi, pouvant accueillir les enfants mineurs en conflit avec la loi. Cependant, malgré cette séparation des cellules à la prison centrale de Mbuji-Mayi, l’on rencontre encore certains mineurs en détention dans les cellules des adultes. A titre illustratif, les enquêteurs du CEFOP ont documenté, lors de leur passage au mois d’octobre 2012 dans la prison de Mbuji-Mayi, le cas des sieurs KANDA MUKENDI alias KADAFI et NKOLOMONI KASONGO nés en 1996, Dossier : RMP 10774 / MUM/012 (Auditorat de Garnison). · Séparation entre hommes et femmes La séparation entre détenus hommes et femmes est généralement respectée dans certaines prisons du Kasaï Oriental même si certaines modalités 10 Situation des prisons au Kasaï Oriental pratiques de cette séparation laissent à désirer. C’est le cas de la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle de Mwene – Ditu. Il sied de noter, malgré cette séparation dans lesdites prisons, que la survenance de certains abus sexuels sur les détenues femmes et le cas de grossesse en prison sont signalés. Le cas récent a été signalé dans la prison de Mwene – Ditu en octobre 2012. C’est le cas du dossier RMP 4081/TP de Mwene Ditu dans lequel une fille née en 1992 ; a été arrêtée et condamnée au mois de Mai 2009 pour tentative de meurtre d’un bébé. Alors qu’elle avait 17 ans (mineure d’âge), le juge instructeur, a eu à la condamner sur base du code pénal ordinaire sans se référer à la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en vigueur depuis janvier 2009. Selon la victime, pendant son séjour en prison de Mwene Ditu purgeant sa peine qui, du reste, était presqu’à terme, elle aurait été victime d’un viol qui lui aurait été commis par le Directeur de cette prison en 2012 et s’en est tirée avec une grossesse non désirée. 2.3. Par rapport aux locaux de détention Les normes internationales et nationales énumèrent certaines règles minima à respecter en ce qui concerne l’hébergement des détenus dans les locaux de détention et l’hygiène qui doit y régner. 11 Situation des prisons au Kasaï Oriental C’est à ce titre que l’on évoque les règles minima 10 et 12 qui stipulent respectivement : « les locaux de détention et, en particulier, ceux qui sont destinés au logement des détenus pendant la nuit, doivent répondre aux exigences de l'hygiène, compte tenu du climat, notamment en ce qui concerne le cubage d'air, la surface minimum, l'éclairage, le chauffage et la ventilation » ; « Les installations sanitaires doivent permettre au détenu de satisfaire aux besoins naturels au moment voulu, d'une manière propre et décente ». Cependant, il convient de constater que les prisons de la province du Kasaï Oriental sont, dans leur majorité, en mauvais état. Les détenus hommes de la Prison Centrale de Mbuji-Mayi passent nuit dans sept (7) salles considérées comme dortoirs d’une dimension estimée de 10 m sur 8 m chacune, où, généralement plus de 50 détenus sont placés dans chacune et y passent nuit dans des conditions infrahumaines, l’aération et l’éclairage y faisant défaut. Pour sa part, la prison de Mwene Ditu fonctionne, depuis 1964, après son détachement de Kabinda, dans un bâtiment de trois cellules jadis servant de dépôts d’huile de palme, cependant non adaptées aux conditions maximales propices à la vie humaine. A cet 12 Situation des prisons au Kasaï Oriental égard, les conditions de détention y demeurent très déplorables. 2.4. Par rapport prisons à l’hygiène dans les Les conditions hygiéniques minimales font particulièrement défaut dans la plupart des prisons de la province du Kasaï Oriental. Sans eau pour se laver et nettoyer les locaux ainsi que leurs vêtements, les prisonniers vivent souvent dans une crasse indescriptible. Les lieux d’aisance (WC) font défaut, soit sont en nombre insuffisant, mal entretenus ou encore dans un état malpropre. Ainsi nous tenterons dans les lignes qui suivent d’analyser les conditions hygiéniques des prisons cibles de la manière ci- après : · En rapport avec les mesures de propreté Les règles relatives aux mesures de propriété contenu dans l’ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 relatif au régime pénitentiaire, à son article 48 qui dispose que « Chaque prison, chaque camp de détention et chaque maison d'arrêt doit disposer d'installations hygiéniques et, autant que possible, de douches et d'étuves à désinfecter. Le règlement d'ordre intérieur prescrit toutes les mesures relatives à la propreté et à l'entretien des locaux, des objets de couchage et des vêtements, ainsi qu'à la toilette des détenus ». 13 Situation des prisons au Kasaï Oriental En marge de ces prescriptions, dans les prisons de la province du Kasaï Oriental, plus précisément dans la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle de Mwene Ditu, les règles minima ainsi que les stipulations du règlement intérieur sont constamment violés par l’Etat congolais du fait que les lieux d’aisance (WC) font défaut, soit sont en nombre insuffisant, mal entretenus ou encore dans un état malpropre. Et, de surcroit, le règlement intérieur reste inconnu et /ou inobservé. Les efforts jusqu’ici conjugués au niveau local demeurent faibles et incapables d’améliorer la situation. Pour mémoire, au cours de ce deux dernières années, les fausses septiques de la prison centrale de Mbuji-Mayi ne sont pas régulièrement débouchées et partant indisposent, à longueur des journées, la population tant incarcérée que celle passagère ou avoisinante par des odeurs sous l’œil impuissant de l’autorité publique. · En rapport avec les soins corporels Au Kasaï – oriental, dans la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle de Mwene Ditu, les règles relatives aux soins corporels de détenus prescrites dans l’ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 relatif au régime pénitentiaire dans ses articles 49 et 50 sont constamment violées. Ces règles exigent qu’à l’entrée des détenus en prisons, ils passent à la douche. Leurs vêtements sont inspectés et subissent un traitement de désinfection; s'ils sont porteurs de parasites, ils sont traités à l'aide d'un 14 Situation des prisons au Kasaï Oriental produit adéquat ou placé dans une étuve. Et, afin de permettre aux détenus de se présenter de manière convenable et de conserver le respect d'eux-mêmes, le règlement d'ordre intérieur doit prévoir des mesures pour faciliter le bon entretien de la chevelure et de la barbe. Dans la pratique, à l’arrivée des détenus, il ne passe ni par la douche, ni encore par la désinfestation de leurs vêtements. Ils sont, par contre, accueillis avec brutalité, rasés avec les gilettes donc ils ne connaissent ni la conservation ni l’origine. · En rapport avec les vêtements Dans la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle de Mwene Ditu, les règles relatives aux soins corporels de détenus prescrites dans l’ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 relatif au régime pénitentiaire en ses articles 51 et 52, ne sont pas régulièrement observées. Ces articles stipulent respectivement que « Les détenus des prisons et des camps de détention sont revêtus d'une tenue. Le gardien peut prescrire que les détenus des maisons d'arrêt ou certaines catégories d'entre eux soient revêtus d'une tenue. Cette tenue doit être appropriée au climat et suffisante pour maintenir le détenu en bonne santé. La tenue ne peut d'aucune manière être dégradante ou humiliante. Les vêtements doivent être maintenus constamment en bon état de propreté et d'entretien». 15 Situation des prisons au Kasaï Oriental En pratique, d’une manière générale, les détenus sont habillés dans leurs tenues ordinaires. Cependant, lorsqu’ils sont appelés à comparaitre dans les séances d’audiences qui se tiennent hors prisons, ils bénéficient d’une tenue de la prison qui permet de les identifier. 2.5. Par rapport à l’alimentation Dans ce domaine particulièrement les normes internationales4 et nationales5 sont bafouées avec des conséquences dramatiques voire mortelles pour bon nombre de détenus. En effet, alors que le prescrit de l’ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 relatif au régime pénitentiaire en son article 61 alinéa premier précise que les détenus reçoivent une nourriture correspondant le plus possible à leur nourriture habituelle. Cette nourriture doit avoir une valeur suffisante pour maintenir le détenu en parfaite condition physique », la pratique, quant à elle, se révèle très parallèle à cette prescription. A titre d’information, pour le cas de la prison centrale de Mbuji-Mayi, le Gouvernement National RM 20. 1) Tout détenu doit recevoir de l'administration aux heures usuelles une alimentation de bonne qualité, bien préparée et servie, ayant une valeur nutritive suffisant au maintien de sa santé et de ses forces. 2) Chaque détenu doit avoir la possibilité de se pourvoir d'eau potable lorsqu'il en a besoin. 5 Article 61 : Ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 portant organisation du régime pénitentiaire (RP) les détenus reçoivent une nourriture correspondant le plus possible à leur nourriture habituelle. Cette nourriture doit avoir une valeur suffisante pour maintenir le détenu en parfaite condition physique. 4 16 Situation des prisons au Kasaï Oriental de la RDC déclare, à travers le Ministère National de la Justice et Droits Humains, qu’il alloue, à titre des frais destinés au fonctionnement et à l’alimentation des détenus, plus de 29.000$ (vingt neuf mille dollars américains) par trimestre. Cependant le calcul fait de cette allocation gouvernementale, à cette période, rapportait seulement une somme de 400Fc (Quatre cents Francs Congolais) par détenu, par jour soit 0,43$. De surcroit, il sied de souligner non seulement la modicité de l’allocation journalière de détenus mais aussi le détournement de ladite allocation, par les fonctionnaires publics commis pour la gestion quotidienne de cette prison, au mois de septembre de l’année 2012, selon les propos de Madame la Vice Ministre à la Justice en séjour à Mbuji-Mayi pendant cette période. Au regard de cette faible allocation, les familles des détenus, le CICR et certaines ONG et confessions religieuses aident à subvenir aux besoins des détenus à des fréquences parfois peu régulières. Toutefois, il est à noter le monnayage des visites familiales pour remise de la nourriture aux détenus organisé, en complémentarité, par les agents de services de l’ordre et ceux des services pénitentiaires commis à cette prison. Au minimum, une somme allant de mille (1.000) à deux mille francs congolais (2.000Fc) doit être versée à chaque visite selon les témoignages de différentes sources concordantes. Cette somme varie d’une famille à une autre. Elle est versée entre les 17 Situation des prisons au Kasaï Oriental mains d’au moins 4 acteurs différents en l’absence de toute pièce justificative l’attestant, savoir : 1) Agents de l’ordre, 2) Agents pénitentiaires ayant la charge de fouiller les visiteurs avant tout accès en prisons, 3) Agents pénitentiaires commis à la garde à l’entrée principale de la prison, 4) Agents pénitentiaires commis au poste à l’entrée intermédiaire et à la salle d’attente qui sert parfois de salle d’audience en chambre foraine. De l’autre côté, il est signalé la même situation pour la prison de Mwene Ditu où le manque de soins médicaux et d’assistance alimentaire aurait entraîné des conséquences graves sur les détenus. A cet effet, la prison enregistre, généralement, les cas de décès allant jusqu’à au moins 5 cas tous les deux mois nous ont indiqué les sources inédites. Préoccupés par cette situation, la congrégation des Sœurs Missionnaires du Christ Roi et certains membres des Eglises de réveil y apportent un soutien alimentaire sporadique. 18 Situation des prisons au Kasaï Oriental 2.6. Par rapport aux soins médicaux Dans ce domaine aussi, les règles internationales6 et nationales7 ne sont pas respectées avec des conséquences tout aussi meurtrières. RM22. 1) Chaque établissement pénitentiaire doit disposer au moins des services d'un médecin qualifié, qui devrait avoir des connaissances en psychiatrie. Les services médicaux devraient être organisés en relation étroite avec l'administration générale du service de santé de la communauté ou de la nation. Ils doivent comprendre un service psychiatrique pour le diagnostic et, s'il y a lieu, le traitement des cas d'anomalie mentale. 2) Pour les malades qui ont besoin de soins spéciaux, il faut prévoir le transfert vers des établissements pénitentiaires spécialisés ou vers des hôpitaux civils. Lorsque le traitement hospitalier est organisé dans l'établissement, celui-ci doit être pourvu d'un matériel, d'un outillage et de produits pharmaceutiques permettant de donner les soins et le traitement convenables aux détenus malades, et le personnel doit avoir une formation professionnelle suffisante. RM25. 1) Le médecin est chargé de surveiller la santé physique et mentale des détenus. Il devrait voir chaque jour tous les détenus malades, tous ceux qui se plaignent d'être malades, et tous ceux sur lesquels son attention est particulièrement attirée 2) Le médecin doit présenter un rapport au directeur chaque fois qu'il estime que la santé physique ou mentale d'un détenu a été ou sera affectée par la prolongation ou par une modalité quelconque de la détention. 7 Article 56 RP : La visite médicale des malades a lieu journellement à la prison, à la maison d’arrêt, et au camp de détention si les conditions du service médical le permettent. Tous les matins au réveil, le gardien inscrit les détenus qui se déclarent malades sur le cahier des visites médicales. Les malades sont conduits à la visite médicale à l’heure fixée par le médecin. Les détenus qui se sont déclarés malades et qui n’ont pas été reconnus comme tels par le médecin peuvent être punis disciplinairement. Article 60 RP : Si le médecin estime qu’en raison de la gravité ou de la nature de la maladie, il est impossible de soigner le 6 19 Situation des prisons au Kasaï Oriental En effet, sur l’ensemble de la Province, il a été signalé que la santé des détenus est déplorable. L’Etat n’offre pas de soins médicaux de qualité. Si les infirmiers et les médecins de l’Etat sont encore en place, ils manquent néanmoins de médicaments. La majorité des détenus est en mauvaise santé et parmi les maladies les plus récurrentes, on retrouve la galle, la diarrhée, la tuberculose, etc. 2.7. Par rapport au contact et communication entre détenus et le monde extérieur Les règles internationales8 garantissent aux détenus le droit de communiquer non seulement avec un avocat, mais également avec le monde extérieur. Les communications avec le monde extérieur sont importantes pour protéger les droits du détenu, mais aussi pour qu’il puisse être traité avec humanité. Des règles nationales9 existent aussi en la matière. détenu dans la prison, le camp de détention ou la maison d’arrêt, celui-ci est conduit à la formation médicale la plus proche. A la formation médicale ou hospitalière, le détenu est placé dans une chambre séparée; sa garde est assurée par la police locale. 8 RM 37. Les détenus doivent être autorisés, sous la surveillance nécessaire, à communiquer avec leur famille et ceux de leurs amis auxquels on peut faire confiance, à intervalles réguliers tant par correspondance qu'en recevant des visites. 9 Art.74.RP Les détenus peuvent recevoir des visites aux jours et heures fixés par le règlement intérieur, moyennant une autorisation spéciale du gardien. Sauf autorisation contraire 20 Situation des prisons au Kasaï Oriental Cependant, ces prescriptions sont loin d’être observées et vécues dans les prisons de Mbujimayi et de Mwene – Ditu. Dans ces prisons, les visites sont certes autorisées mais le temps qui y est consacré varie d’une prison à l’autre. En générale, à l’instar des visites familiales pour remise des nourritures, tout visiteur est obligé de donner de l’argent aux militaires ou policiers de garde en poste à la prison, aux agents pénitentiaires stationnés à la porte d’entrée, ceux ayant la charge de fouiller les visiteurs et ceux en poste à la porte intermédiaire de la prison centrale de Mbujimayi. En plus, parfois, l’entretien avec le détenu est également monnayé lorsqu’il a été enregistré un dépassement des temps accordés aux visiteurs. Ce qui décourage finalement les visiteurs. 2.8. Par rapport à l’information des détenus sur leurs droits Les détenus ne sont, en général, pas informés de leurs droits et devoirs ni libération conditionnelle tels qu’ils figurent dans l’ordonnance n° 344 portant régime pénitentiaire dans son article 46. Ce qui ouvre la porte à l’arbitraire. Cela prive les détenus de la possibilité de demander le respect de leurs droits et l’application de la procédure de libération du magistrat instructeur, les visites aux détenus peuvent être autorisées. Le gardien ou un surveillant doit assister à ces visites. 21 Situation des prisons au Kasaï Oriental conditionnelle10 dont un grand nombre de condamnés remplissent pourtant les conditions pour être bénéficiaires et contribuerait, par ailleurs, à une forte diminution de la surpopulation pénitentiaire. 2.9. Par rapport aux travaux Alors qu’au terme de l’article 64 de l’ordonnance n° 344 portant régime pénitentiaire « le travail est obligatoire pour les détenus des prisons et des camps de détention », dans les prisons cibles, la prison centrale de Mbuji-Mayi et celle de Mwene Ditu ne font pas application de cette disposition. La possibilité d’affecter les détenus par groupes à des travaux d’intérêt général en dehors de l’enceinte de la prison ou du camp de détention comme l’autorise ladite ordonnance portant régime pénitentiaire11 Art 91 à 103 RP Art. 64 RP : Le travail est obligatoire pour les détenus des prisons et des camps de détention. Le travail des mineurs âgés de moins de 18 ans , détenus dans les prisons est régi par des dispositions particulières. Les détenus des maisons d’arrêt ne peuvent être mis au travail que s’ils en font la demande. Ils sont néanmoins tenus d’entretenir en parfait état les locaux qu’ils occupent, leurs effets d’habillement ainsi que le matériel et les objets qui sont à leur disposition. Art.65 RP : (…) Les détenus peuvent pour autant qu’il soit possible de les entourer d’une surveillance efficace, être affectés par groupes à des travaux d’intérêt général en dehors de l’enceinte de la prison ou du camp de détention. 10 11 22 Situation des prisons au Kasaï Oriental n’est pas usuelle dans lesdites prisons alors que les travaux d’intérêt général ne manquent certainement pas dans un pays presque complètement à reconstruire. Toutefois, selon l’information obtenue d’une source privée, il y aurait une possibilité de l’opérationnalité d’un atelier des travaux manuels au niveau de la prison centrale de Mbujimayi, cadrant avec la mise en œuvre d’un projet initié à cette fin. 2.10. Par rapport à l’exercice physique Les normes internationales12 et nationales13 qui imposent de faire bénéficier les détenus d’un minimum d’exercice physique ne sont pas respectées dans la prison centrale de MbujiMayi et celle de Mwene Ditu où il n’est fait mention d’aucun endroit aménagé pour un RM 21. 1) Chaque détenu qui n'est pas occupé à un travail en plein air doit avoir, si le temps le permet, une heure au moins par jour d'exercice physique approprié en plein air. 2) Les jeunes détenus et les autres détenus dont l'âge et la condition physique le permettent doivent recevoir pendant la période réservée à l'exercice une éducation physique et récréative. A cet effet, le terrain, les installations et l'équipement devraient être mis à leur disposition. 13Art.53 RP. Les détenus confinés dans le quartier de sécurité ou au cachot jouissent deux fois par jour, le matin et l’après midi, d’une demi-heure de promenade ou d’exercice physique à exercer dans l’enceinte de la prison, du camp de détention ou de la maison d’arrêt. Le Gardien peut en priver les détenus dont il craint qu’ils ne causent du désordre. 12 23 Situation des prisons au Kasaï Oriental quelconque type de sport. Cependant, malgré ce défaut d’aménagement d’espaces, les gardiens desdites prisons n’autorisent ni promenade ni exercice physique en plein air par crainte des risques d’évasion. 2.11. Par rapport à la religion Sur le plan spirituel, la liberté du culte est généralement respectée, conformément aux règles internationales14 et nationales15. En effet, les prisonniers bénéficient presque partout des cultes et d’un encadrement des prêtres et pasteurs. On peut souligner la RM 41. 1) Si l'établissement contient un nombre suffisant de détenus appartenant à la même religion, un représentant qualifié de cette religion doit être nommé ou agréé. Lorsque le nombre de détenus le justifie et que les circonstances le permettent, l'arrangement devrait être prévu à plein temps. 2) Le représentant qualifié, nommé et agréé selon le paragraphe 1, doit être autorisé à organiser périodiquement des services religieux et à faire, chaque fois qu'il est indiqué, des visites pastorales en particulier aux détenus de sa religion. 3) Le droit d'entrer en contact avec un représentant qualifié d'une religion ne doit jamais être refusé à aucun détenu. Par contre, si un détenu s'oppose à la visite d'un représentant d'une religion, il faut pleinement respecter son attitude. RM 42. Chaque détenu doit être autorisé, dans la mesure du possible, à satisfaire aux exigences de sa vie religieuse, en participant aux services organisés dans l'établissement et en ayant en sa possession des livres d'édification et d'instruction religieuse de sa confession. 15 Art.76 RP : L’exercice de leur ministère auprès des détenus est facilité aux ministres du culte. Les conditions en sont déterminées par le règlement d’ordre intérieur, après arrangement avec le ou les représentants de culte intéressé 14 24 Situation des prisons au Kasaï Oriental position général. III. dominante du christianisme en ETAT DES LIEUX EN RAPPORT AVEC L’ADMINISTRATION DES PRISONS En rapport avec l’administration des prisons de la province du Kasaï Oriental, le CEFOP/DH a eu à relever les cas ci – après : a. En rapport avec la tenue de registres Alors que les registres ont une grande importance, entre autres pour permettre un contrôle et une vérification de la légalité de la détention, la plupart des dossiers de détenus analysés par les enquêteurs du CEFOP dans la prison centrale de Mbuji-Mayi ne renseignaient pas sur l’ensemble d’éléments minimums exigés par l’article 31 de l’ordonnance n° 344 portant régime pénitentiaire causant ainsi d’énormes préjudices à l’égard des plusieurs personnes en détention. Cet article dispose : « à la réception de tout prisonnier, il est procédé sur le champ à son inscription au registre d'écrou. Ce registre contient dix colonnes où sont respectivement mentionnés: - un numéro d'ordre; les noms, prénoms, surnoms et sexe du prisonnier; sa profession; la circonscription administrative territoriale dont il est originaire et la localité ou la circonscription où le prisonnier était 25 Situation des prisons au Kasaï Oriental - autorisé à résider au moment de son arrestation; la date de son entrée; la désignation et la date de l'acte en vertu duquel a eu lieu l'incarcération; la durée de la peine ou de l'internement à subir; la date de la sortie; la signature du libéré ou, si celui-ci ne sait pas signer, celle du gardien; toutes observations utiles relatives au prisonnier, telles que la date de son transfert dans une autre localité, celle de sa relaxation anticipée et l'énonciation du motif de cette mesure, celle de son décès, etc. Le registre d'écrou est coté et paraphé par première et dernière pages par un juge du tribunal de district ». En pratique, comme précédemment souligné, plusieurs mentions exigées pour la tenue du registre d’écrou ne sont pas observées par les tenanciers de ce registre au niveau de la prison centrale de Mbujimayi. Devant ce déficit, il a fallu, pour les enquêteurs déployés par le CEFOP/DH, dans le cadre de la documentation des cas bloqués en justice avec prévenus en détention, de recourir aux greffes et secrétariats des parquets, des cours et tribunaux pour un complément d’informations. 26 Situation des prisons au Kasaï Oriental b. En rapport avec les retards dans la procédure pré juridictionnelle et juridictionnelle Le retard en rapport avec la procédure tant pré juridictionnelle que juridictionnelle a des incidences très déplorables sur la situation des prévenus en détention d’autant plus qu’il contribue certainement l’allongement de la durée de détention. En effet, au Kasaï - Oriental, de nombreuses personnes arrêtées ne sont traduites devant un tribunal qu’après des jours, des mois voire parfois des années. Ce retard est causé par le mauvais fonctionnement de la justice et particulièrement de la justice militaire. A titre illustratif, le CEFOP/DH a eu à documenter plusieurs cas dont notamment : Ø Au niveau des Juridictions civiles et Parquets · Le cas B.K., RMP 12875/PR/NOD, arrêté le 05 novembre 2012, présenté en chambre du conseil le 17 novembre 2012, au delà de 5 jours requis ; · Le cas TSHIB. T, RMP 2326/PR/SNK, arrêté le 24 octobre 2012, présenté en chambre du conseil le 17 novembre 2012, au delà de 5 jours requis. Ø Au niveau de l’Auditorat de Garnison 27 Situation des prisons au Kasaï Oriental · Le cas K. M., RMP 0018/LBK/09 qui a fait son appel depuis 3 ans selon la victime et qui jusqu’à ce jour aucune comparution en appel n’a eu lieu ; · Le cas K. KA., RMP 10568/RMA/O11 en appel depuis le 15 mars 2011, qui jusqu’à ce jour la décision du tribunal au deuxième degré n’est pas encore prononcée par les instances compétentes ; · Le cas M. M.A, RMP 662/BMB/05 en appel depuis l’année 2005, jusqu’à ce jour la décision du tribunal au deuxième degré n’est pas encore prononcée par les instances. Ø Au niveau de la Cour Militaire · Les cas K. AU. sous RPA 033/08 en appel sous le banc depuis le 18 août 2012 qui jusqu’à ce jour, l’intéressé n’a jamais comparu devant la cour militaire ; · Le cas J MB. sous RP 037/2006 en appel depuis le 30 août 2012 devant la cour militaire qui jusqu’à ce jour, l’intéressé n’a jamais comparu au deuxième degré; · Le cas E K. sous RPA 062/2012 dont le prévenu, jusqu’à ce jour, n’a jamais comparu au deuxième degré. 28 Situation des prisons au Kasaï Oriental IV. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Il ressort de l’analyse sur l’état des lieux des prisons du Kasai –Oriental cas de la prison centrale de Mbuji-Mayi et de Mwene – Ditu que la violation des règles relatives aux droits de la personne en détention reste une réalité constante qui en appelle à une prise de conscience de l’autorité publique compétente et l’expression d’une volonté politique rationnelle en faveur de l’amélioration des conditions générales de détention. Il est vrai, qu’à ce jour, au regard des normes tant internationales que nationales en rapport avec la protection des droits de la personne en détention, beaucoup de cas de violation des droits de l’homme et d’abus sont documentés par le Centre d’Etudes et de Formation Populaire pour de Droits de l’Homme, en cycle CEFOP/DH. Cependant les causes à leur base sont innombrables et quelques une sont épinglées à titre illustratif, dans le présent rapport. Ainsi, l’implication de toutes les parties prenantes s’avère donc indispensable pour espérer tant soit peu, l’amélioration des conditions générales de détention. Pour cela, il appartient à chaque acteur de mesurer sa part de responsabilité – le présent rapport constituant à la fois une « alerte » et un instrument de plaidoyer en faveur de l’amélioration des conditions de détention dans les prisons du 29 Situation des prisons au Kasaï Oriental Kasaï-Oriental. Ce faisant, le CEFOP/DH formule les recommandations suivantes. 1. En rapport avec les conditions de détention a. Aux autorités polico –administratives Ø Prendre des dispositions nécessaires et mesures utiles visant à désengorger la prison centrale de Mbuji-Mayi en la réhabilitant et en construisant de nouvelles infrastructures qui feraient face au nombre croissant de la population carcérale ; Ø Renforcer les capacités des agents pénitentiaires en matière des normes relatives à la gestion des lieux carcéraux et les droits de l’homme en organisant des séances de recyclage ; Ø Mettre sur pied un programme d’occupation des détenus par le travail pendant leur séjour en prison en vue de favoriser leur resocialisation (intégration sociale) après la prison; Ø Prévoir des moyens financiers nécessaires permettent de fournir une ration alimentaire équilibrée et proportionnelle aux nombre des personnes en détention et assurer la régularité de cette dotation ; Ø Assurer le contrôle régulier des prisons et autres lieux de détention et le contrôle de dossiers pénitentiaire ; Ø Faire application du régime disciplinaire en cas de monnayage des services pénitentiaires (donner accès aux visiteurs 30 Situation des prisons au Kasaï Oriental pour cas de visite familiale, dotation de nourriture, etc.); Ø Affecter les juges et magistrats dans certaines juridictions du Kasai – Oriental, entre autre les tribunaux de paix de MbujiMayi et Mwene – Ditu, la cour d’appel de Mbuji-Mayi et la cour militaire. b. Aux autorités judiciaires Ø Veiller au strict respect du délai légal en matière de détention préventive en le régularisant chaque fois qu’il en échait et en rendant la décision de justice dans le délai légal, et la procédure d’instruction de cause avec prévenu en détention et le prononcé du jugement ; Ø Assurer la régularité dans la tenue des audiences au niveau des juridictions telles que (Tripaix, TGI/Lukalaba, cour d’appel de Mbuji-Mayi, cour militaire, etc.) ; Ø Réprimer les auteurs de la concussion (Agents sécurité et pénitenciers) pour monnayage des services pénitenciers. c. Aux agents pénitenciers Ø Maintenir les lieux de détention en état de propreté ; Ø Renforcer les mécanismes de surveillance des prisonniers pendant leur séjour afin d’empêcher le cas d’abus ; 31 Situation des prisons au Kasaï Oriental Ø Organiser les jeux et exercice physique à l’intérieur de la prison ; Ø Afficher et vulgariser le règlement intérieur de la prison ; Ø Faire le suivi de dossiers et informer de manière permanente les autorités judiciaires sur tout les cas des irrégularités ; Ø Veiller à l’aération suffisante des cellules ; Ø Assurer une bonne gestion des dotations et offrir aux prisonniers un repas équilibré ; Ø Veiller aux soins corporels de détenus. 2. En rapport prisons avec l’administration des a. Aux agents pénitentiaires Ø Corriger la tenue de registre d’écrou. b. Aux autorités judiciaires Ø Régulariser la procédure pré – juridictionnelle et juridictionnelle des dossiers irréguliers. 32 Situation des prisons au Kasaï Oriental TABLE DES MATIERES Page INTRODUCTION 1 I. Approche méthodologique ………………………………. 4 II. Etat des lieux des prisons en rapport avec les conditions de détention…………………………………….. 6 III. Etat des lieux en rapport avec l’administration des prisons …………..………………………………………….. 24 V. Conclusions et recommendations ………………………… 28 33 Situation des prisons au Kasaï Oriental Le Centre d’Etudes et de Formation Populaires pour les Droits de l’Homme, le CEFOP/DH, est une Organisation Non Gouvernementale des Droits de l’Homme de Droit Congolais qui a son siège à Mbujimayi, en République Démocratique du Congo. Il a une personnalité juridique aux termes de l’arrêté ministériel n°183/CAB/MIN/J & DH/2008 du 23 octobre 2008 et a été créé le 14 novembre 1994. Il œuvre principalement dans deux domaines : les Droits de l’Homme et l’Education Civique. Au travers du volet « Droits de l’Homme », le CEFOP/DH assure le monitoring quotidien de la situation des droits de l’homme (observation, enquêtes, plaidoyers, assistance juridique,…), organise le renforcement des capacités de différents groupes cibles (organes de presse, organisations de la Société Civile, organisations paysannes, etc.) en droits de l’homme avec l’accompagnement de plusieurs partenaires tant internationaux que nationaux. Son volet « Education Civique » vise l’éducation de la population à la citoyenneté responsable, car « sans conscience critique et politique du peuple, sans leaders politiques issus de la base, la démocratie ne sera pas possible en République Démocratique du Congo ». Pour toute information, consulter le site web : www.cefopdh.org Ce document a été réalisé avec l’aide financière du National Endowment for Democracy (NED) 34