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SCHAFFAUSER Mathias De: Envoyé: À: Objet: Envoi test <[email protected]> vendredi 24 janvier 2014 14:55 [email protected] Pénibilité, égalité, contrat de génération : comment les « pénalités sociales » influent sur les négociations en entreprise Dépêche n° 192273 Lucie Prusak Paris, lundi 13 janvier 2014, 10:52:18 Ligne directe : 01 53 10 30 03 Domaine : Ressources humaines Rubriquage : Analyse - Expertise - Cotisations - Contributions sociales - Entreprises - Négociation collective Reproduction et diffusion interdites sans autorisation écrite de AEF Pénibilité, égalité, contrat de génération : comment les « pénalités sociales » influent sur les négociations en entreprise Le 1er janvier 2010, pour inciter les entreprises à négocier sur l'emploi des seniors, était inauguré un nouveau dispositif de sanction : l'obligation de négocier sous peine de payer une pénalité pouvant aller jusqu'à 1 % de la masse salariale. Depuis, le mécanisme a été étendu à plusieurs autres négociations sociales : pénibilité, égalité professionnelle, et, plus récemment, contrat de génération. Quel effet cette contrainte du législateur produit-elle sur le dialogue social ? Au-delà de l'impact statistique, ces négociations sous pression aboutissent-elles à des accords de qualité ? Entre respect formel des obligations et véritables avancées sociales, AEF fait le point après quatre ans de mise en oeuvre. Le mécanisme est désormais bien connu des partenaires sociaux, sommés de négocier sur un sujet donné, souvent dicté par des enjeux de société. Dernier thème imposé en date : le contrat de génération. Le gouvernement vient d'adresser les premières mises en demeure aux entreprises de plus de 300 salariés qui ne disposent pas d'un accord ou plan d'action sur le sujet, après un délai de tolérance de trois mois (AEF n°192256). Celles qui ne se seront pas mises en conformité d'ici un à quatre mois verront la sanction tomber. « On observe un renforcement des contrôles sur ces différentes pénalités sociales », assure Daniel Martins, directeur performance du cabinet de conseil RH Leyton. « En 2010, pour la première génération de pénalités sur les seniors, il y avait une certaine tolérance. Quatre ans plus tard, on est passé d'une sanction hypothétique à un contrôle systématique. » Conséquence : « Les entreprises sont obligées de s'emparer de ces sujets. La situation macro-économique est un peu compliquée, les entreprises ne sont pas en zone de confort sur le plan financier, donc les directions générales ne veulent pas entendre parler de sanctions, et elles sont prêtes à dégager des moyens. » De fait, « la coercition a permis de faire bouger les lignes dans les entreprises ». EFFETS PERVERS En effet, remarque Franck Morel, avocat associé au cabinet Barthélémy et Associés, la sanction a pu constituer « un aiguillon qui a conduit à agir un certain nombre d'entreprises qui sans cela n'auraient rien fait ». Mais la menace de la pénalité financière a pu aussi mener au respect « purement formel du droit, au détriment du fond ». Ce type de dispositif « part d'un bon sentiment, à savoir pousser les partenaires sociaux », reconnaît Benjamin Castaldo, DRH du groupe Partouche. « Dans la pratique, c'est effectivement le cas : dans mes quelque 50 filiales qui ont des délégués syndicaux, la menace d'une sanction pousse au dialogue social, ce qui est plutôt positif. Sauf qu'il y a quand même des sujets plus ou moins mobilisateurs pour les deux parties. Le risque, c'est de se retrouver à négocier des choses rapidement, selon un modèle prémâché, parce qu'on a une épée de Damoclès au dessus de la tête ». « Il y a une pression réelle sur les agendas de négociation, qui finissent par n'être conditionnés que par la loi, et non par les enjeux de la branche ou de l'entreprise », regrette de son côté Hubert Mongon, vice-président RH de McDonald's France. « On finit par ne négocier que sur ces sujets, avec l'idée que, si on n'aboutit pas, le bâton nous est tendu. C'est déresponsabilisant de part et d'autre, à la fois pour les organisations syndicales et pour les entreprises. » Benjamin Castaldo pointe un autre « effet pervers » de ce type de mécanisme : « les partenaires sociaux ne sont pas très fiers de ces négociations, car elles se font à la dernière minute, pour éviter la sanction, en suivant le modèle de l'administration. On n'en retire pas de satisfaction professionnelle. Et ça ne rend pas service non plus aux syndicats, car ils y passent beaucoup de temps, au détriment d'autres sujets, sans que les salariés comprennent forcément à quoi ça sert ». « Ces négociations sont très consommatrices de temps et d'énergie et nous éloignent souvent d'autres priorités identifiées en interne », confirme Hubert Mongon. MULTIPLICATION DES SANCTIONS Pour Franck Morel, « le problème n'est pas tant le principe de la sanction de 1 % de la masse salariale que l'accumulation. S'il n'y avait qu'une seule sanction de ce type, bien ciblée, cela pourrait marquer une volonté des pouvoirs publics d'affirmer une priorité. Mais aujourd'hui, les entreprises se disent submergées d'obligations de toutes parts », et perdent de vue les priorités. « Le mécanisme du 1 % de la masse salariale n'est pas en soi criticable, ce qui l'est davantage, c'est l'utilisation non maîtrisée et accumulée qui en est faite. » 1 À l'inverse, Daniel Martins estime que « la multiplication des sanctions peut se révéler suffisamment significative pour que les entreprises réagissent. 1 % de la masse salariale reste supportable pour une entreprise qui se dit qu'il y aura d'abord une mise en demeure, et qu'elle dispose d'un certain délai. Mais si l'on cumule l'ensemble des sanctions, on arrive à des montants sensiblement différents, qui peuvent menacer l'entreprise. Et si l'entreprise est mise en demeure, trois ou six mois ne suffiront pas à se mettre en conformité ». Cependant, ajoute Daniel Martins, « l'empilement d'obligations de négociations n'a pas véritablement enclenché une dynamique de fond. On n'est que sur la première marche d'un escalier qui en compte beaucoup plus ». Selon lui, « il faudra des années, voire des dizaines d'années, pour que le changement de mentalité s'opère » sur les sujets que sont l'égalité professionnelle, la pénibilité, ou la gestion des âges. « Pour ne prendre que l'exemple de l'égalité professionnelle, beaucoup d'entreprises n'ont même pas conscience des pratiques discriminatoires qu'elles laissent perdurer. Il faudra beaucoup plus qu'une pénalité financière pour que ça change ». LEVIERS D'ACTION Pour « faire adopter un comportement par les entreprises », les pouvoirs publics disposent de trois leviers d'action, rappelle Franck Morel : l'incitation, c'est-à-dire l'aide financière, avec ses limites (les effets d'aubaine) ; la sanction financière, pénale ou administrative, qui, si elle est excessive, risque de ne pas être appliquée ; et la sanction d'image (« name and shame »), jusqu'à présent peu utilisée. Dans le seul cas où elle l'a été pour le stress au travail, avec un mécanisme de « code couleur » défini pour valoriser ou sanctionner les pratiques des entreprises en matière de stress au travail, elle « n'était pas assez maîtrisée », et avait été immédiatement abandonnée (AEF n°129823). Il faut donc « se poser la question des leviers d'action des pouvoirs publics en matière sociale et de la bonne utilisation de ces leviers. » « Il n'est pas complètement faux que ce pays n'avance que sous la contrainte », reconnaît Hubert Mongon. De ce fait, « les marges de manoeuvre des gouvernements sont réduites. On peut discuter à l'infini de la pertinence des sanctions, mais il faut en tout cas mieux tenir compte des pratiques de chaque entreprise ou branche, et cesser de traiter de la même manière les bons et les mauvais élèves ». Franck Morel suggère par exemple d'instaurer « des NAO fléchées vers certains sujets », avec une possibilité offerte aux entreprises de définir leurs priorités parmi plusieurs thèmes. « On pourrait ainsi aboutir à des négociations plus approfondies, de meilleure qualité, car elles correspondraient plus aux préoccupations des entreprises ». Lire aussi dans les dépêches : Incitations de l'État à la négociation : quelle légitimité, pour quelle efficacité ? (Séminaire DG Trésor) AEF n° 145289 du jeudi 10 février 2011 - RH Handicap, seniors, égalité : les « pénalités sociales » visent à « instaurer une égalité des chances en entreprise » (D. Martins, Leyton) AEF n° 138651 du jeudi 7 octobre 2010 - RH Stress, seniors, handicapés : des négociations sous contrainte. Une analyse d'Hubert Landier AEF n° 125279 du mardi 5 janvier 2010 - RH Emploi des seniors : « l'appel aux sanctions est symptomatique d'un manque de maturité des relations sociales » (J.-F. Pilliard, UIMM) AEF n° 122407 du jeudi 5 novembre 2009 - PE Contrat de génération: 50 entreprises mises en demeure de se doter d'un accord, 200 autres en passe de l'être AEF n° 192256 du vendredi 10 janvier 2014 - RH Mes paramètres Ne plus recevoir de mail Interruption provisoire Désabonnement © Copyright AEF - 1998/2014 - etConformément au code sur la propriété intellectuelle, toute reproduction ou transmission, de cette dépêche est strictement interdite, sauf accord formel de AEF. Accéder au site de AEF : http://www.aef.info Impossib le d'afficher l'image liée. Le fichier a peut-être été déplacé, ren ommé ou su pprimé. Vérifiez que la liaison pointe v ers le fichier et l'emplacement corrects. -- -- -- 2