MN - Simon de Montfort est aussi devenu russe

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MN - Simon de Montfort est aussi devenu russe
Mauvaise Nouvelle - Simon de Montfort est aussi devenu russe
Simon de Montfort est aussi devenu russe
Par Maximilien Friche
« Et comment vous voyez l’avenir, vous ? » Cette question véhicule toujours tellement de pessimisme nécessaire
que celui qui répond qu’il n’en voit pas paraît toujours comme un furieux optimiste, voire un collaborateur de tout ce
qui est déjà établi. Or, la curiosité devrait faire naître en nous des scenarii toujours plus excitants. Ce qu’il y a
d’excitant dans les dissertations futuristes, c’est la détection de la jouissance du narrateur à débusquer une future
ironie du sort. Et, c’est sur les phrases du type le pire n’est jamais certain, l’avenir est toujours moins caricatural,
rien n’est jamais sûr, que l’on peut recommencer à gamberger.
D’un coté le Royaume est déjà advenu puisque le Christ est ressuscité et d’un autre autre nous croyons aussi à la
fin du monde. De ce paradoxe naît une posture de fatalisme dans l’Espérance qui seule, peut autoriser l’humour, la
dérision, la distraction. On ne rit pas autant que le peuple élu, quand on est chrétien, mais on rit quand même.
Martyrs de la reconquista française
Imaginons donc la France d’aujourd’hui pour commencer à s’effrayer de ce qu’elle n’est plus et donc pourrait
encore devenir. Déchristianisés, nous le sommes. Mais pas seulement, nous sommes aussi dé-nationalisé et pour
ainsi dire, dé-francisés. Les fanatiques de l’intégration ont permis la désintégration du pays. Mais ça, ce n’est pas
le futur, c’est l’actualité. Donc, pour l’avenir, un point certain sur lequel nous nous accordons entre lucides réactifs,
c’est que la France sera une terre musulmane, elle l’est déjà un peu, elle a ainsi été baptisée par nos colons, elle le
sera réellement. Cela ne signifie pas que nous serons tous demain musulmans, cela signifie que ce sera la
principale minorité influente, efficace et prospère. Les plus romantiques, incapables de se dépouiller réellement de
leur optimisme, envisagent avec gravité la guerre civile, sont prêts à l’attiser, sans jamais consentir à y prendre
part. Dont acte, partons donc pour la guerre civile. D’un côté les furieux islamistes abrutis par leur internationalisme
sanguinaire, de l’autre les Français de souche toujours révolutionnaires en parole et réactionnaires en actions.
« Méfiez-vous Monsieur Ramadan, méfiez-vous, il y a des Français qui ne l’accepteront pas ! » disait un jour
télévisé (1), Monsieur Philippe de Villiers au fanatique helveto-égyptien. Sous-entendu, je n’arriverai peut-être pas
à empêcher le bain de sang. Il serait regrettable qu’un jour les Français excédés en viennent à se faire justice eux
même. Aux révoltes ethniques des banlieues peut succéder un retour à l’ordre brutal par épuration systématique.
La France sait faire, plus quand elle est animée par une idéologie que par racisme néanmoins. Mettons que son
idéologie soit soudain une espèce de patriotisme laïcard, alors la guerre civile peut faire quelques dégâts. C’est à
ce moment que l’ironie du sort peut poindre. Quelle serait la posture des Chrétiens, c’est à dire de ceux parmi les
Chrétiens qui ont averti des dangers de la déchristianisation, de la perte de la culture française, de l’islamisation de
l’occident ? La posture de ces Chrétiens là serait à coup sûr de cacher les musulmans chez eux pour empêcher
leur massacre. Leur destinée serait donc d’être des martyrs de la reconquista française : Soit exécutés pour
collaboration avec l’ennemi, ou mieux égorgés par le musulman ainsi protégé. Tant mieux, c’est dans le sang de
ces martyrs là qu’à défaut de France, l’Eglise, restera éternelle.
Camus, Abellio et Simon de Montfort
Mais cet avenir là garderait quelque chose de caricatural et de fantasmé. Comme le souligne Renaud Camus dans
« Que va-t-il se passer ? » (2), le scénario de guerre civile est peu probable car « l’effondrement moral, intellectuel,
culturel, grammatical, spirituel, « religieux », que dis-je, « hormonal », d’une des parties éventuelles au conflit
l’empêchera sans doute de se lancer dans une résolution aussi extrême que le conflit armé… » D’ailleurs, on peut
constater que les mosquées qui poussent aujourd’hui en France ne subissent aucun attentat ou graffiti. L’avenir du
blanc français est donc plus celui d’un dhimmi ou d’un exilé que d’un Hidalgo. Donc pas de guerre civile mais une
dégringolade culturelle à deux moteurs : l’islamisation et le mercantilisme. Il faut pourtant bien qu’il se passe
quelque chose dans le futur, sinon ce n’est pas drôle, sinon à quoi bon vieillir ? Je me souviens des « yeux
d’Ezéchiel » et de « la Fosse de Babel », je me souviens de comment le narrateur, dans ce livre de Raymond
Abellio (3), voyait l’avenir. Empêtré dans les idéologies trotskistes, communistes, maoïstes, le futur restait
romantique pour lui, c’est à dire surtout pas cynique comme l’époque mercantile qui s’est déroulée jusqu’à nous.
Cependant, dans son analyse, quelque chose sonnait juste autour du diagnostique. Notre occident ressemble
étrangement à l’Occitanie de l’époque des Cathares. Le commerce et la démocratie y règnent. La tolérance y est
de mise. Les Cathares peuvent bien être des fanatiques, si ça leur fait plaisir. Tout se vaut du moment que c’est un
choix et que cela ne m’empêche pas de continuer mon petit commerce. Et je me souviens avec beaucoup de
tendresse de la première phrase que le grand-père de ma femme m’a adressée à mon arrivée dans sa famille :
« Simon de Montfort, quel Saint homme ! » J’avais souri comme une Joconde. On ne sait jamais c’est peut-être un
piège. On ne sait jamais, c’est peut-être vrai. Mais je comprends aujourd’hui que bien sûr, l’homme n’était pas un
saint, mais qu’on avait le droit de se réjouir que la France soit restée catholique. Aujourd’hui les islamistes
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remplacent les Cathares et j’en appelle à un nouveau Simon de Montfort pour vouloir notre bien à notre place, pour
regretter de nous voir prêter asile et encourager les pires fanatiques. Un Simon de notre monde, mais du nord,
resté brutal, d’un monde cousin de l’occident, comme le nord de la France l’était de l’Occitanie. Je perçois un
monde blanc et froid à l’Est. Je perçois dans mon futur fantasmé que Simon de Montfort peut être russe. Il ne lui
manquerait qu’une chose, l’universalité. Pour avoir l’ambition de sauver ces « malgré-nous » que nous devenons, il
faudrait que son église nationale rejoigne l’Eglise universelle. Ce futur pourrait être le début d’un scénario. L’ironie
du sort est bien là, puisque nous serions alors amenés à combattre celui que les générations futures espèreraient
voir gagner, tout en affichant leur solidarité romantique avec nos faiblesses. Plus tard, plus tard.
1. Emission Riposte la 5 du 28/01/2007 animée par Serge Moati.
2. Texte suivant le communisme du XXIième siècle de Renaud Camus, éditions Xénia, ISBN 978-2-88892-034-2
3. Les Yeux d'Ézéchiel sont ouverts, Roman, Éd. Gallimard, 1949.
La Fosse de Babel, Roman, Éd. Gallimard, 1962.