Programme de coopération entre le Comité Populaire de la Ville de

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Programme de coopération entre le Comité Populaire de la Ville de
 Programme de coopération entre le
Comité Populaire de la Ville de Hanoï
et le Comité Régional du Tourisme
Paris Ile-de-France
CITADELLE DE CO LOA
ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
Septembre 2011
RC HERITAGE
7 rue du Laos
75015 - PARIS
Programme de coopération entre le
Comité Populaire de la Ville de Hanoï
et le Comité Régional du Tourisme
Paris Ile-de-France
CITADELLE DE CO LOA
ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
Septembre 2011
RC HERITAGE
Simone Ricca & François Cristofoli
CITADELLE DE CO LOA
ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
TABLE DES MATIERES
1.
Remarques liminaires
3 2.
Présentation générale du site et des enjeux
4 3.
4.
5.
2.1.
Introduction et limites de l’étude
4 2.2.
Considérations préliminaires sur le site
5 2.3.
Les enjeux
6 7 Note de synthèse du rapport
3.1.
Les principes du plan
7 3.2.
Commentaires généraux
7 Analyse du projet d’aménagement du VIAP
10 4.1.
Planches d’analyse de l’état actuel : 1-10
10 4.2.
Planches de projet: 11-19
12 Le plan d’aménagement - Hypothèses de travail
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ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
1.
Remarques liminaires
Les commentaires présentés dans les pages suivantes résultent de la consultation et de l’analyse
des documents graphiques inclus dans le document remis par les autorités vietnamiennes lors de
leur visite à Paris en juillet 2011. Copie électronique (en format .jpg) des planches du dossier
(originaux format A3) nous a été communiquée par le CRT- Ile de France. Ce document, élaboré
par le VIAP (Vietnamese Institute for Architecture and Planning) comporte 17 Planches en
couleur (avec légendes en langue vietnamienne) et quelques pages de présentation en
vietnamien.
Étant donné notre ignorance de la langue vietnamienne, nos commentaires ne se baseront que
sur les éléments graphiques du rapport (dont les légendes aussi dépassent notre compréhension).
Toute remarque est donc à considérer comme « préliminaire » dans l’attente d’une traduction
du document. Nous tenons à nous excuser d’avance si certains commentaires découlent d’une
mésinterprétation des planches due à la non compréhension des légendes et des textes les
accompagnant.
Néanmoins — vu le cadre temporel très serré qui régit la préparation et l’approbation formelle
du projet du VIAP — nous avons quand même souhaité remettre aux autorités vietnamiennes
responsables de la gestion du site du patrimoine mondial de la Citadelle de Thang Long et de la
citadelle de Co Loa cette première lecture critique du projet, même fortement handicapée par
les limitations linguistiques rappelées ci-dessus.
Nous souhaitons que ce rapport informel et préliminaire puisse aider le Centre Co Loa - Thang
Long dans le suivi d’un processus d’élaboration du projet d’aménagement qui devra prendre en
compte les principes de développement durable et de conservation requis par un site de cette
importance.
Ce rapport n’est donc pas le premier volet d’un processus de « contre-expertise » formelle du
projet, mais constitue seulement une réflexion « préliminaire » sur le projet en cours
d’élaboration par le VIAP qui a pour but de donner des outils complémentaires de réflexion à
l’équipe en charge de rédaction du plan.
Les notes proposées dans les pages suivantes viennent reprendre et compléter les commentaires
faits lors de la présentation du projet à Co Loa par les membres du VIAP lors de la mission du
CRT à Hanoi en mai 2011.
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2.
Présentation générale du site et des enjeux
2.1.
Introduction et limites de l’étude
Le projet pour l’aménagement et la mise en valeur du site de Co Loa, la première citadelle
impériale vietnamienne, située quelque 17 km au nord de la ville de Hanoi au-delà du Fleuve
Rouge, est actuellement à l’étude par une équipe du VIAP (Vietnamese Institute of Architecture
and Planning).
À la différence du projet d’aménagement que la même équipe développe pour le site du
patrimoine mondial de la Citadelle de Thang Long/Hanoi, ce projet est encore dans une phase
d’études préliminaires et ne propose pas encore de solutions précises pour le développement et
la mise en valeur touristique du site de Co Loa.
Lors de la préparation du plan de gestion touristique de Thang Long, le CRT avait été sollicité
par les responsables vietnamiens au sujet d’une coopération pour la site de Co Loa. Des membres
des missions techniques envoyées par la Région Ile-de-France et le CRT ont déjà eu l’opportunité
de visiter le site à plusieurs reprises. La dernière visite à eu lieu lors de la mission de mai 2011,
lorsque messieurs. Y. Quéguiner, Y. Soum, S. Ricca et J.-F. Robin ont brièvement visité le site de
Co Loa avec les responsables du Centre de préservation de Co Loa/Thang Long.
Néanmoins, les auteurs de ce rapport, Simone Ricca et François Cristofoli, avaient auparavant
visité le site, à deux reprises, en 2007 et 2008.
Il est important de souligner, néanmoins, que la connaissance du terrain et de l’histoire du site
de Co Loa par les experts du CRT n’est pas comparable à celle qu’ils possèdent du site de Thang
Long, où les nombreuses missions — étalées sur plusieurs années — et la rédaction de parties du
Dossier de candidature pour l’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, ont donné l’occasion
aux experts d’acquérir une réelle familiarité avec le site. Nous espérons donc que les remarques
qui forment ce dossier soient considérées avec une certaine indulgence et que toute erreur due à
notre ignorance concernant le site, ses vestiges et son histoire soit excusée.
Il est aussi essentiel de souligner que l’impossibilité de lire les textes et les légendes en
vietnamien qui complètent les plans a été un vrai handicap pour l’analyse de ce projet. En effet,
une partie importante des informations le concernant est présentée dans des textes (inclus dans
les planches de projet) dont nous ne pouvons que partiellement interpréter les données.
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2.2.
Considérations préliminaires sur le site
Avant d’entamer l’analyse critique du document dans le chapitre suivant, il paraît utile de
rappeler brièvement les atouts du site de la citadelle de Co Loa en vue de son éventuel
développement et mise en valeur comme destination touristique culturelle. Les atouts de la
citadelle de Co Loa se situent notamment au niveau de :
-
la valeur patrimoniale des vestiges (patrimoine matériel),
-
la valeur mémorielle et symbolique du site (patrimoine immatériel),
-
sa valeur paysagère,
-
les conditions et opportunités de gestion.
En effet, même si, en l’état actuel, le site ne présente pas des émergences monumentales et
historiques propres à justifier son inclusion dans la Liste du patrimoine mondial, la citadelle de
Co Loa possède des éléments architecturaux d’une importance majeure au niveau national et des
vestiges archéologiques qui s’échelonnent sur plusieurs millénaires, témoins de toutes les phases
d’occupation de la région du delta du Fleuve Rouge.
Co Loa possède notamment des collections archéologiques importantes (exposées dans le musée
du site à l’étage du centre d’accueil des visiteurs), des sites de fouilles avec des recherches en
cours, des temples, pagodes et monastères de grandes importance et charme, des constructions
vernaculaires traditionnelles en bois, typiques de la région du delta, et une structure
topographique « urbaine » unique, d’un grand impact visuel.
Mais la valeur patrimoniale matérielle du site ne doit pas faire oublier les valeurs immatérielles
profondes rattachées à ce lieu. Ces valeurs immatérielles représentent encore aujourd’hui un
attrait majeur pour la population de la région qui afflue en masse lors des festivals et des
célébrations historico-religieuses qui se tiennent annuellement à Co Loa. Légendes et histoire,
passé et présent, se mêlent et se superposent, comme souvent au Vietnam, contribuant à garder
vivant le souvenir de l’importance de la citadelle antique.
Au niveau paysager, Co Loa profite d’une situation particulièrement intéressante où les rizières,
qui s’insèrent entre les remparts concentriques en terre, créent des plans d’eau de grande
suggestion qui pourraient en faire une destination extrêmement intéressante pour les visiteurs
étrangers de passage à Hanoi et un pôle touristique périurbain pour les habitants de la capitale.
Finalement, le fait que le gestionnaire de Co Loa soit aussi en charge du site de Thang Long — et
les importants liens historiques existants entre les deux sites — est certainement une opportunité
majeure pour le développement du site. Cette situation permet en effet d’imaginer et de mettre
en œuvre des synergies entre les deux citadelles et de concevoir des plans de développement qui
puissent miser sur la mise en réseau de la citadelle de Co Loa avec les autres sites majeurs de la
région et du pays.
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2.3.
Les enjeux
Comme dans le paragraphe précédent pour ce qui concerne les atouts du site, il paraît important
d’identifier au préalable les principaux enjeux qui doivent être traités par tout plan de
développement du site de Co Loa. Ces enjeux se situent notamment à trois niveaux :
-
les aménagements d’urbanisme,
-
les interventions sur les vestiges (militaires, religieux et civils),
-
la mise en tourisme et la création d’un réseau centré sur la ville/région de Hanoi et la
citadelle de Thang Long.
En ce qui concerne l’urbanisme, il convient de rappeler que le Plan Directeur pour le
développement de la ville et de la région de Hanoi prévoit la construction d’un nouveau pont
enjambant le Fleuve Rouge, ce qui permettra de réduire la distance entre Co Loa et le centre
ville à une douzaine de kilomètres seulement — réduisant ainsi grandement les temps de
parcours pour rejoindre Co Loa depuis Hanoi.
Par ailleurs, il existe des études et des propositions (encore non approuvées) pour la remise en
état du chemin de fer qui relie Co Loa à Hanoi développées dans le cadre des activités de l’IMV.
Ces deux éléments, qui vont au-delà des questions abordées par des plans strictement centrés
sur Co Loa, permettent de souligner le fait que la pression foncière, l’urbanisation rapide de la
campagne et la densification de la population constituent de réelles menaces pour la protection
et la mise en valeur du site de Co Loa. La proximité de la ville n’est pas seulement une grande
opportunité pour le développement touristique du site, mais est aussi une cause majeure
d’inquiétude pour la sauvegarde et la survie même de la citadelle de Co Loa dont les fragiles
vestiges en terre ont traversé les siècles.
Pour les interventions de restauration, il convient de rappeler que le lien avec Thang Long
impose que les solutions proposées respectent les chartes internationales et la théorie de la
restauration architecturale. Notamment, toute proposition de reconstruction, même partielle,
de monuments ou d’aménagements défensifs, devra répondre à de stricts critères d’authenticité
et devra s’appuyer sur des données scientifiques incontestables.
Finalement, au niveau de la mise en valeur, deux éléments semblent particulièrement
importants dans le cas de Co Loa : La signification religieuse du site au niveau national, d’une
part, et la possibilité de développer un tourisme culturel durable et de qualité pour les visiteurs
étrangers, de l’autre.
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3.
Note de synthèse du rapport
3.1.
Les principes du plan
Il est à noter qu’une première version du plan de développement pour le site de Co Loa avait été
préparé il y a une dizaine d’années et avait reçu une approbation formelle en 2002. Ce premier
projet, affiché dans les locaux du gestionnaire du site à Co Loa, est basé sur une approche
différente de celle suivie par le VIAP. Il a néanmoins servi de point de départ pour les réflexions
en cours sur les aménagements du site et il risque de continer à grandement influencer les
nouvelles hypothèses de projet.
Par ailleurs, ni le plan de 2002, ni les premières esquisses présentées dans le rapport
préliminaire du VIAP, ne semblent inclure et prévoir des mesures légales et/ou économiques
pour le contrôle de la croissance naturelle du site et pour enrayer une éventuelle nouvelle
immigration vers Co Loa depuis la campagne.
L’étude des pièces graphiques inclues dans le rapport remis par le VIAP nous a permis
d’identifier une série de principes qui se retrouvent dans toutes les différentes versions du
projet. Les plans pour l’aménagement et la mise en valeur du site de Co Loa prévoient
notamment (quoique à des degrés différents) :
-
La remise en eau d’une partie importante des canaux et des installations portuaires de
l’ancienne citadelle ;
-
La reconstruction « à l’identique » d’une partie des trois périmètres concentriques des
remparts en terre qui cernent le site et en constituent l’élément le plus caractéristique et
plus marquant ;
-
La création d’une « zone touristique » en dehors de la citadelle.
De même, toutes les versions du plan — encore au stade d’esquisse de principe — ne prévoient
pas de développement de l’habitat à l’intérieur du site qui devrait être maintenu dans sa taille
actuelle sans extensions et additions (environ 20.000 personnes résident aujourd’hui à l’intérieur
des enceintes).
3.2.
Commentaires généraux
Les propositions d’aménagement et de mise en tourisme actuellement à l’étude ne semblent pas
encore suffisamment détaillées et restent à l’état d’esquisse et de plan à grande échelle, sans
visions perspectives, ni détails d’urbanisme (voirie, trafic, tourisme, etc.). Ces projets se
réfèrent tous, de façon souvent très directe, au plan de 2002 dont ils reprennent, en moindre
mesure, l’approche en même temps « grandiose » et « traditionnelle ».
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Le plan de 2002 se caractérisait déjà par la volonté de restituer d’importants plans d’eau pour
miser sur l’attrait des canaux et de la navigation fluviale (alors qu’aujourd’hui les anciens
canaux sont enterrés et utilisés pour la culture du riz), et par une approche de l’offre touristique
qui ne répond pas aux visions actuelles d’un tourisme durable et culturel. Il proposait
notamment des aménagements de grande envergure par rapport à la taille réelle du site. Cette
« démesure » se manifestait aussi bien dans le nouveau réseau de voiries proposé que dans la
taille de la zone touristique et les « solutions » prévues pour la restauration et la mise en valeur
des vestiges.
Le rapport actuel du VIAP se compose de 17 planches graphiques auxquelles ne semblent pas
être joints des études et des outils légaux, sociologiques et économiques — études sur la
population (tranches d’âge, niveau d’éducation, activités économiques, composition des
familles, etc.) l’économie locale ou l’habitat — qui permettraient de mieux cerner le cadre
général de l’intervention et de vérifier l’impact et la faisabilité réelle des hypothèses de
développement esquissées. À la première vision du document — et sans avoir eu la possibilité
d’en discuter avec l’équipe en charge du projet — il semblerait que le plan d’aménagement ait
été conçu de façon presque indépendante par le VIAP. À ce stade, nous ne pouvons pas nous
rendre compte si une coordination effective avec les autres organismes locaux et nationaux
chargés de la gestion et du développement de la région environnant la citadelle et le village de
Co Loa a été mise en place .
L’approche du développement touristique des différents versions du projet du VIAP reprend deux
idées fortes du projet de 2002 : la création de parcours de loisir sur l’eau d’une part, et la
création d’un « centre » touristique de l’autre.
Au niveau de la gestion du territoire et de l’écologie, il nous paraît important de souligner le fait
que la population villageoise cultive aujourd’hui ces rizières et que leur éventuelle mise en eau
pourrait modifier profondément l’économie locale du village. De même, il est évident que les
propositions concernant la création de vastes secteurs aménagés en tant que « parcs publics » et
« plans d’eau » imposeraient l’attribution régulière de fonds considérables pour leur entretien,
alors que l’activité agricole même « protège » et « maintient » le paysage naturel anthropisé
entourant les remparts en terre de l’ancienne citadelle.
Il semblerait donc plus prudent de réduire drastiquement l’étendue de ces nouveaux plans d’eau
(la réelle possibilité d’en garantir l’entretien, la propreté et le rechange régulier des eaux par
rapport au complexe système hydrologique du delta ne semble par ailleurs pas encore
suffisamment étudiée), afin de permettre la continuité de l’exploitation agricole sur une partie
significative des parcelles concernées comme partiellement prévu par l’Option n° 1.
Mais quelques remarques préliminaires plus générales, liées à l’approche même au
développement touristique, nous paraissent nécessaires :
-
La faisabilité économique d’un projet de cette envergure ne semble pas garantie
d’avance. La proximité avec Hanoi rend peu probable l’installation d’hôtels et de resorts à
Co Loa et pourrait limiter l’offre touristique essentiellement à des activités mineures
(cafés, restaurants et boutiques où l’on pourrait acheter des produits artisanaux)
incapables d’engendrer des revenus importants. L’élaboration d’une étude de faisabilité
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économique détaillée est donc une priorité absolue pour la définition du plan de
développement.
-
L’approche consistant à « isoler » et a « décentrer » la zone touristique par rapport au site
culturel est aujourd’hui dépassée, à la faveur d’une approche plus « légère » qui permette
la création de multiples activités économiques à l’intérieur même du tissu villageois, à
proximité immédiate des éléments patrimoniaux les plus importants. Une approche de ce
type aurait non seulement l’avantage d’éviter d’altérer le paysage environnant le site par
de nouvelles constructions et un nouveau pôle « urbain » (comme présenté sur les plans),
mais permettrait aussi la participation directe de la population à la définition de l’offre
touristique, et la possibilité d’en « moduler » le développement sur une période longue
afin d’adapter l’offre aux besoins des visiteurs.
-
Les constructions du village moderne, qui s’est développé à l’intérieur de l’enceinte,
pourraient éventuellement, une fois intégrées dans les plans de développement,
constituer un atout pour le développement d’activités touristiques sur place, basé sur la
participation des habitants et sur la création de micro-entreprises touristiques.
Finalement, les projets, tels qu’ils sont présentés actuellement, ne semblent pas porter
suffisamment attention aux questions de conservation et de restauration posées par le site, dont
les remparts en terre devraient être en grande partie « reconstruits ». En effet, le projet prévoit
la reconstruction de vastes secteurs des enceintes en terre dont le profil d’origine n’est pas
vraiment connu et dont les vestiges existants renvoient nécessairement une image différente.
Nous tenons particulièrement à souligner cet élément et à attirer l’attention sur le fait que si
une partie de l’enceinte est reconstruite elle le sera nécessairement à la hauteur originale,
devenant ainsi inévitablement plus imposante que les sections antiques visibles aujourd’hui dans
les secteurs conservés. Ces parties originales des enceintes se caractérisent par la présence
d’arbres de haut fût qui ont poussé sur les talus antiques et marquent le paysage, alors que les
secteurs « reconstruits » présenteront un aspect complètement différent. Une réflexion plus
poussée sur l’impact visuel réel des parties reconstruites vis-à-vis des parties existantes (qui sont
authentiques et donc plus importantes du point de vue culturel et historique) semble nécessaire
et pourrait amener à reconsidérer l’un des principes directeurs du projet.
planche 6 - remparts et canaux
planche 7 - extrait
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ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
4.
Analyse du projet d’aménagement du VIAP
4.1.
Planches d’analyse de l’état actuel : 1-10
Les dix premières planches du rapport présentent un état des lieux. Elles décrivent la position
géographique, le réseau hydrologique et les éléments les plus significatifs aux niveaux
architectural et paysager de la citadelle de Co Loa.
Ces planches mettent en exergue les interruptions des enceintes causées par les activités
récentes de l’homme (champs cultivés, routes, etc.) et montrent les différents « quartiers » qui
composent le village de Co Loa. Elles présentent aussi un premier « inventaire » des émergences
monumentales, avec photos et tableaux indiquant les dates de construction et les
caractéristiques architecturales des principales constructions. Ces données, recueillies par les
experts du VIAP en collaboration avec l’équipe du Centre de gestion de Co Loa, constituent une
référence de qualité essentielle pour toute réflexion autour du développement du site.
Planche 1 : La planche présente l’ensemble de la région administrative de Hanoi en localisant la
citadelle de Co Loa par rapport à la capitale. Le plan permet notamment d’apprécier le rôle du
Fleuve Rouge comme « barrière » limitant longtemps la croissance de la capitale vers le Nord, et
de vérifier l’importance et l’extension des plans d’eau (fleuves, rivières, canaux, lacs, mares,
etc.) dans les alentours de la citadelle. La proximité du site avec l’aéroport international de
Hanoi est aussi un élément important pour le développement touristique du site.
Planche 2 : Cette planche « zoome » sur le site de Co Loa, mettant en évidence le réseau routier
et le réseau hydrologique de la région. Il nous est impossible de comprendre s’il existe la
possibilité de prévoir une liaison par voie d’eau entre Co Loa et Hanoi (ou si elle existe déjà, ou
si elle a existé par le passé). Le plan identifie aussi clairement la zone concernée par le projet
qui s’étend, autour des remparts concentriques en terre, sur une surface de 830 hectares.
Planche 3 : Elle est difficile d’interprétation sans pouvoir comprendre les textes. Les schémas
montrent la localisation des remparts par rapport aux plans et voies d’eau et l’évolution subie
par le site à travers les siècles avec la progressive diminution des zones inondées, la croissance
du tissu urbain à l’intérieur des enceintes et la disparition partielle de celles-ci causée par les
phénomènes naturels, les guerres, et l’urbanisation (habitations et routes).
Planche 4 : Plan d’utilisation des sols en couleur présentant l’ensemble de la zone d’étude. Le
détail du plan permet d’identifier toutes les parcelles comprises dans le secteur, aussi bien
urbaines que agricoles, et les différents hameaux qui composent le village de Co Loa, le réseau
viaire et les talus des remparts en terre.
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ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DU VIAP
Planche 5 : inventaire des richesses patrimoniales de Co Loa. Le plan localise précisément
l’ensemble des temples, pagodes, sites archéologiques (particulièrement nombreux) et
monuments vernaculaires existants. Une série de photos couleur des sites cités complète ce plan
essentiel pour la compréhension des atouts patrimoniaux du site. Même si la plupart des sites se
trouvent à l’intérieur des enceintes, des zones archéologiques et des temples sont aussi localisés
à l’extérieur de la citadelle (mais à l’intérieur des limites de l’étude). Les photos des
monuments permettent de se rendre compte de la qualité architecturale des bâtiments
historiques.
Planche 6 : La planche localise sur le plan une série de vues du paysage, des plans d’eau et des
remparts en terre dans leur état actuel. Les vues qui ont été retenues pour cette planches sont
probablement les plus représentatives des vestiges défensifs de la citadelle. On notera que,
même si les remparts apparaissent très clairement dans les images satellitaires et aériennes du
site, leur impact à hauteur d’homme est nettement moins évident et imposant.
Planche 7 : Présentation des données concernant l’habitat moderne à Co Loa : les images sur la
gauche de la planche offrent un aperçu des nouvelles constructions existantes sur le site, alors
que les images sur la droite montrent les équipements publics et les écoles. Une troisième liste
semblerait identifier les activités industrielles et économiques. Le bas de la planche présente
des vues d’ensemble du site sur les différents côtés. La densité significative du village moderne
et la présence importante de constructions et d’activités modernes à Co Loa rendent encore plus
nécessaire la prise en compte des besoins et des exigences de la population locale dans la
réflexion sur le développement et la mise en tourisme du site.
Planche 8 : Analyse du réseau de voiries du village. Les images montrent les différents
revêtements de sol qu’on retrouve dans le site. À noter la présence d’un axe principal traversant
le site du Nord-Ouest au Sud-Est et coupant les remparts. La solution la plus adaptée pour traiter
cet axe devra découler de la vision d’ensemble prévue pour le développement du village afin
d’en limiter son impact visuel et son niveau de pollution sonore et atmosphérique à l’intérieur
du site. Les photos montrent également la permanence de ruelles traditionnelles pavées en
briques et des voies en terre au-dessus des remparts.
Planche 9 : Inventaire des maisons traditionnelles à l’intérieur du village. Pour chaque bâtiment
cité est indiquée l’année de construction, le nom du propriétaire et le hameau où il se trouve.
L’analyse montre qu’il subsiste encore de nombreuses constructions traditionnelles en bois, de
qualité, et qui pourraient faire l’objet d’un programme de rénovation et de restauration pour
être éventuellement utilisées dans le cadre de l’exploitation touristique du site (il faudrait ici
s’inspirer du cas de Duong Lam).
Planche 10 : Présentation/inventaire des sites paysagers de plus grand intérêt de la citadelle.
Les photos montrent aussi les interruptions, visibles depuis le terrain, des fortifications
concentriques.
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4.2.
Planches de projet: 11-19
Planche 11 : Positionnement de la citadelle de Co Loa par rapport aux grandes infrastructures de
communication de la région (à gauche), et par rapport aux autres citadelles de la région (Son
Tay et Thang Long). Co Loa est la plus ancienne parmi celles-ci, la citadelle de Thang Long est
celle qui a été en activité le plus longtemps et celle de Son Tay date de l’époque Nguyen. Le
plan de gauche montre aussi l’ensemble des sites et des zones protégées (quartiers historiques,
monuments historiques, villages traditionnels, lacs et zones humides historiques, parcs et
réserves naturelles) dans la région de Hanoi.
Planches 12/13: Les planches, à l’échelle 1/2000è, présentent le projet approuvé pour le site de
Co Loa en 2002. C’est ce plan, qui nous avait été montré lors de la mission, et qui est
actuellement en cours de révision par le VIAP. Ce projet est affiché dans les bureaux du Centre
de gestion à Co Loa et a été brièvement discuté lors de notre visite en mai 2011. Le planche 13
n’a pu être commentée, les légendes et textes expliquant cette planche étant en vietnamien.
Planche 14 : Plan présentant des croquis à la main, alternatifs au plan de 2002. Ce nouveau plan
est notamment censé mieux prendre en compte les besoins de conservation du patrimoine. Ce
projet (Option 1) tout en reprenant de nombreux éléments du plan de 2002, est nettement moins
ambitieux et monumental que celui présenté dans la planche 12. La voie d’eau autour du
deuxième rempart n’est plus d’actualité, la zone « portuaire » est conservée pour les visites du
site en bateau mais à une échelle plus compatible et, surtout, la « zone touristique » est
nettement réduite et semble pouvoir être conçue plus en accord avec les caractéristiques
architecturales et paysagères du site (même si les croquis ne permettent pas encore vraiment de
se faire une idée). Cette option, certainement plus sensible par rapport au plan de 2002, reste
néanmoins encore très vague au niveau des propositions de projet.
Planche 15 : Deuxième version du projet (Option 2), nettement plus proche du projet
« approuvé » en 2002. Les différences sembleraient concerner surtout la taille des nouveaux
aménagements (on supprimerait notamment le parc le long de la voie d’eau aux limites Sud de la
zone, mais on conserverait l’approche générale au projet de développement). L’échelle du plan
ne permet pas de comprendre vraiment les différences entre les deux plans (planches 12 et 15)
au niveau des solutions techniques pour les enceintes en terre, ni de vérifier les hypothèses
prévues pour la croissance du village. Par l’analyse croisée des deux planches, on comprend que
le nouvel axe routier qui devrait traverser la zone sud du site serait nettement plus réduit et
aurait donc un impact moindre sur le site (mais la nouvelle route n’est indiquée que par une
ligne pointillée).
Planche 16 : L’Option 3 : ce troisième plan se caractérise par l’absence d’une nouvelle « zone
touristique » et par une forte présence de zones aménagées en parc urbain. L’autre élément fort
du plan, outre la remise en eau des canaux et du « port », serait le renforcement de l’axe
transversal Nord-Sud qui traverse le site et permet d’accéder en voiture à l’intérieur du village.
Le trait paraît hors de proportion ; il pourrait s’agir autant d’un boulevard urbain que d’une
artère primaire — il est important de rappeler que réduire l’impact de cette voie permettrait de
sauvegarder le tissu urbain du village/citadelle.
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Planche 17 : Il s’agit d’un deuxième schéma à main levée qui semble reprendre et détailler
l’option 1 (qui nous paraît à ce stade la plus compatible avec les caractéristiques du site) en
présentant une ébauche de plan pour la zone touristique. Ce plan identifie aussi un large secteur
protégé au Nord pour les fouilles archéologiques (en marron foncé). Aucune zone d’extension
pour le village ne serait prévue par cette hypothèse d’aménagement.
planche 12 - plan 2002
planche 14 - Option 1
planche 16 - Option 3
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5.
Le plan d’aménagement - Hypothèses de travail
L’élaboration d’un plan d’aménagement pour un site culturel habité et situé à proximité d’une
grande capitale asiatique est un défi majeur, rendu plus ardu encore par notre ignorance du
cadre légal et administratif du Vietnam, ce qui nous empêche de proposer des solutions
« techniques » au niveau de l’urbanisme diminuant ainsi l’efficacité de nos remarques
conclusives sur ce projet.
Il nous paraît important néanmoins d’essayer de reprendre brièvement une série de points sur
lesquels les architectes et les cadres vietnamiens pourraient avancer dans le cadre de leur
travail pour le développement du site de Co Loa.
Le travail d’inventaire et de récolte de données sur le patrimoine du site déjà accompli par le
VIAP a été considérable et constitue une base essentielle pour tout travail de planification
territoriale sérieux. Cette même approche peut être utilement appliquée à de nombreux autres
secteurs : il nous paraît essentiel de dépasser une vision purement « architecturale » du plan de
développement (dessin des nouvelles zones touristiques, zonage, plans de restauration /
reconstruction des vestiges, etc.) pour arriver à une approche « intégrée » au développement et
à la planification. Un projet de ce type, en effet, impose d’intégrer à la réflexion architecturale
des considérations d’ordres économique, administratif, politique et écologique.
Les prochaines étapes dans l’élaboration du plan de développement pourraient donc viser à :
-
Créer ou renforcer les mécanismes de concertation et de coopération avec les organismes
publics responsables des plans directeurs de la ville de Hanoi et de la planification du
territoire du Delta du Fleuve Rouge ;
-
Inclure dans la réflexion sur le futur du site la population locale qui devrait devenir l’un
des acteurs et bénéficiaires principaux de la transformation économique de Co Loa ;
-
Lancer des études de faisabilité économiques pour vérifier les réelles possibilités de succès
d’un plan de mise en tourisme du site ;
-
Intégrer des considérations d’ordre écologique et paysager pour affiner l’hypothèse d’une
remise en eau partielle du site ;
-
Analyser et vérifier les implications de la théorie de la restauration sur les hypothèses de
reconstruction des remparts.
En considérant le niveau d’avancement des études, il nous semble tout à fait réalisable
d’intégrer ces préconisations dans la deuxième phase d’élaboration du plan, sans totalement
remettre en cause l’énorme travail d’analyse et les différents concepts d’aménagement déjà
esquissés, en conservant par exemple les meilleures idées des 3 propositions.
RC HERITAGE
Septembre 2011
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