Rapport du Diagnostic des territoires d` Abomey
Transcription
Rapport du Diagnostic des territoires d` Abomey
www.ecocite.org Cebedes Centre béninois pour l’environnement et le développement économique et social Faculté des sciences agronomiques- Université d’abomey-Calavi Département d’économie , de socio-antrhopologie et de communication Série « documents de travail » Rapport du Diagnostic des territoires d’ Abomey-Bohicon Bénin Document de travail n°6 Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale FLOQUET et MONGBO (eds.) CEBEDES – DESAC – LARES Mars 2003 Coordination Avec le concours de l’Union européenne ICA4°CT-2002-100064 Résumé Pour appréhender les interactions entre expansion de la conurbation Abomey-Bohicon et l’agriculture, un diagnostic des territoires a été conduit en Février 2003 par les chercheurs du programme ECOCITE. Il trace un premier état des lieux des systèmes de production et filières agroalimentaires significatives de la localité, identifie des enjeux fonciers liés à l’expansion de la ville ainsi que des problèmes environnementaux que le maintien de l’agriculture pourrait contribuer à résoudre. Sur la base de ce diagnostic, les chercheurs ont identifié des filières et questions environnementales à investiguer plus avant pour faciliter les concertations entre les acteurs locaux directement touchés par l’expansion urbaine. Mots clefs Agriculture urbaine et périurbaine. Filières agricoles périurbaines. Le foncier en zone urbaine et périurbaine. Problèmes environnementaux. Coordonnées des auteurs Floquet A., Mongbo R., Nansi J., CEBEDES, 02 BP 778 Cotonou, [email protected] Tossou R., Fanou J., Vodouhè S., Babadankpodji P., Kouévi A., DESAC, FSA, UAC, Abomey-Calavi, [email protected] Edja H., Soulé G., Aboudou R., LARES, Parakou, [email protected] Référence du document Floquet A. et R. Mongbo (eds.), 2003, rapport du diagnostic des territoires, CEBEDESDESAC-LARES, série document de travail Ecocité, www.ecocite.org, 91 p. L’objectif général du programme de recherche Ecocité est de réaliser une analyse fine et partagée des processus en cours à l’interface milieu urbain/milieu rural dans deux sites au Sénégal (Thiès-Fandene et Mboro) et au Bénin (Abomey-Bohicon, Parakou). Plus spécifiquement le projet vise 1) à identifier et analyser les processus de mutation de l’espace rural dans les franges d’expansion urbaine, 2) les dynamiques de changement des activités agricoles et de leurs performances économiques, face aux nouvelles opportunités et contraintes liées à l’expansion urbaine, 3) les enjeux écologiques des espaces naturels et/ou agricoles à l’interface rural/urbain, et les pratiques innovantes en matière de préservation de la biodiversité et de diminution des nuisances dans un contexte de rareté des ressources en eau et en terres. Le programme étudie également si, en quoi et comment, une meilleure connaissance des dynamiques et des enjeux par les acteurs locaux peut contribuer à favoriser une gestion plus concertée et plus durable de l’espace rural à proximité des villes, par une meilleure articulation entre processus d’extension de la ville et préservation/valorisation des espaces agricoles et naturels ayant un enjeu économique ou environnemental important. i Ont contribué à ce document : Ramanou ABOUDOU, assistant de recherche LARES Dossa AGUEMON, chercheur CEBEDES AKOBI Innocent, chercheur LARES Pascaline BABADANKPODJI, chercheur DESAC Honorat EDJA, chercheur LARES Joseph FANOU, chercheur DESAC Anne FLOQUET, chercheur CEBEDES Victor GBESSEMEHLAN, chercheur Université de Mainz Christophe JOEKER, étudiant Université de Mainz Augustin KOUEVI, assistant de recherche LARES Roch MONGBO, chercheur CEBEDES Juste NANSI, assistant de recherche Ursula NICA, étudiant Université de Mainz Bio Goura SOULE, chercheur LARES Peggy TOHINLO, chercheur CEBEDES Sénan TOSSOU, étudiant CEBEDES Rigobert TOSSOU, enseignant chercheur DESAC Simplice VODOUHE, chercheur DESAC Avec l’assistance de Armand DOSSOU-KAGO, enquêteur CEBEDES Geoffroy AGNAME , assistant adjoint CEBEDES Références Floquet A. et J. Nansi, 2003. Expansion urbaine, processus passés et en cours. Analyse bibliographique et exploration, pp. 2-12 Floquet A. et J. Nansi, 2003. Les activités socio-économiques à Abomey et Bohicon. Analyse bibliographique et exploration, pp. 13-26 Tossou R. et R. Aboudou, 2003. Production végétale périurbaine et urbaine autour d’Abomey et de Bohicon, pp. 27-35 Tohinlo P., 2003. Petit élevage urbain et périurbain à Abomey et Bohicon, pp. 36-46 Floquet A., et A. Kouévi, 2003. Elevage bovin dans la zone urbaine et périurbaine d’Abomey, pp. 47-55 Assogba P. et I. Akobi. Transformations agroalimentaires A Abomey et Bohicon , pp. 56-58 Gbessèmèhlan V. et D. Aguèmon , 2003. Approvisionnement des villes de Bohicon et d’Abomey , pp. 59-74 Edja H., J. Fanou et R. Mongbo, 2003. Aménagement des espaces urbains et périphériques, pp. 75-88 Vodouhè S.,Floquet A., Kouévi A. et J. Nansi, 2003. Gestion des ordures, des déchets industriels et des eaux de ruissellement, pp. 89-10. ii Sommaire Liste des tableaux ............................................................................................................. vi I. INTRODUCTION ....................................................................................................................1 1. 2. 3. II. Cadre de l’étude, objectifs et participants ...................................................................1 Méthodes de travail et calendrier ................................................................................1 Structuration des présentations ...................................................................................1 EXPANSION URBAINE, PROCESSUS PASSÉS ET EN COURS .......................................................2 1. 2. 3. 4. Dynamique de l'occupation du sol du plateau d'Abomey ...........................................2 La ville d’Abomey et son expansion...........................................................................6 La ville de Bohicon et son expansion..........................................................................9 Questions pour le diagnostic des territoires ..............................................................12 III. LES ACTIVITÉS SOCIO-ECONOMIQUES A ABOMEY ET BOHICON ..........................................13 1. 2. Présentation des secteurs d’activités économiques ...................................................13 Importance de l’agriculture, de l’élevage et des transformations agroalimentaires ...............................................................................................................15 3. Les cultures en zones urbaine et périurbaine ............................................................18 3.1 Les champs de case...........................................................................................18 3.2 Les cultures annuelles sur parcelles vides en zones périurbaines.....................18 3.3 Le cas du maraîchage........................................................................................18 3.4 Les vergers domestiques ...................................................................................19 4. L’élevage de la volaille et du petit bétail......................................................................20 4.1 Elevages domestiques .......................................................................................20 4.2 Elevage semi intensif de petit bétail .................................................................21 4.3 L’élevage de bovins ..........................................................................................23 5. Les transformations agro-alimentaires et les spécialités de pays ..............................25 6. Questions pour le diagnostic des territoires et méthodes ..........................................25 IV. PRODUCTION VEGETALE PÉRIURBAINE ET URBAINE AUTOUR D’ABOMEY ET DE BOHICON ..27 1. 2. Principales caractéristiques des systèmes de production de plein champ .................28 Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la péri urbanité......................................................................................................................32 2.1 Problèmes fonciers............................................................................................32 2.2 Aptitudes et disponibilité des terres..................................................................33 2.3 Problèmes environnementaux...........................................................................33 2.4 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation........34 2.5 Thèmes de recherche pour Ecocité et autres acteurs ........................................34 3. Maraîchage ...................................................................................................................35 3.1 Principales caractéristiques...............................................................................35 3.2 Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la périurbanité .............................................................................................................35 V. PETIT ÉLEVAGE URBAIN ET PÉRIURBAIN A ABOMEY ET BOHICON ......................................36 iii 1. 2. 3. 4. 5. Principales caractéristiques .......................................................................................36 Les systèmes de production de l’élevage urbain « conventionnel » .........................37 Les systèmes de production de l’élevage urbain « non conventionnel » ................41 Les systèmes de production animale en milieu rural ................................................42 Les contraintes, opportunités et perspectives de l’élevage, particulièrement celles liées à la péri urbanité .....................................................................................44 VI. ELEVAGE BOVIN DANS LA ZONE URBAINE ET PÉRIURBAINE D’ABOMEY ..............................47 1. 2. 3. Caractéristiques de l’élevage urbain .........................................................................47 1.1 Origine et développement de l’élevage.............................................................47 1.2 Typologie des élevages en milieu urbain et rural .............................................48 1.3 Les bouviers et les propriétaires d’animaux .....................................................48 1.4 Zones de pâturage et itinéraires techniques ......................................................49 Valorisation des produits d’élevage ..........................................................................50 2.1 Le marché de bovins de Bohicon......................................................................51 2.2 Organisation des Fulani ....................................................................................52 Opportunités et contraintes liées à la péri urbanité ...................................................52 3.1 Maintien de l’accès aux ressources fourragères et problèmes fonciers ............52 3.2 Problèmes liés au pâturage des animaux en ville..............................................53 3.3 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation........54 3.4 Thèmes de recherche et de concertation inter-acteurs ......................................54 VI. TRANSFORMATIONS AGROALIMENTAIRES A ABOMEY ET BOHICON ...................................56 1. Principales transformations ..........................................................................................56 1.1 L’afitin ..............................................................................................................56 1.2 Le lio .................................................................................................................57 2. Opportunités et contraintes des transformations .......................................................57 3. Enjeux et groupes stratégiques..................................................................................57 4. Thèmes de recherche.................................................................................................58 VII. APPROVISIONNEMENT DES VILLES DE BOHICON ET D’ABOMEY ...........................................59 1. 2. Le marché de Bohicon ..............................................................................................59 1.1 Description sommaire du marché .....................................................................59 1.2 Les flux au niveau du marché de Bohicon........................................................61 1.3 Modes et stratégies d’approvisionnement et d’écoulement .............................65 1.4 Gestion du stock avarié.....................................................................................66 1.5 Conditions d’accès au marché ..........................................................................67 1.6 Gestion du marché de Bohicon .........................................................................67 1.7 Opportunités et contraintes des filières et plus particulièrement celles liées à la péri urbanité ...............................................................................................68 1.8 Problèmes environnementaux...........................................................................69 1.9 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins de concertation........69 Le marché d’Abomey................................................................................................70 2.1 Description sommaire du marché Houndjro .....................................................70 2.2 Les flux au niveau du marché de Houndjro ......................................................71 iv 2.3 2.4 2.5 2.6 3. Modes et stratégies d’approvisionnement et d’écoulement .............................72 Conditions d’accès au marché ..........................................................................72 Gestion du marché Houndjro ............................................................................73 Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la périurbanité .............................................................................................................73 2.7 Problèmes fonciers et environnementaux .........................................................73 2.8 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins de concertation........74 Thèmes de recherche pour Ecocité............................................................................74 VIII. AMÉNAGEMENT DES ESPACES URBAINS ET PÉRIPHÉRIQUES ...............................................75 1. 2. 3. 4. Principaux instruments d’aménagement ...................................................................75 1.1 Le Plan Directeur d’Urbanisme ........................................................................75 1.2 Le lotissement ...................................................................................................76 1.3 Contraintes et opportunités sur les instruments d’urbanisme ...........................80 Problèmes fonciers en périphérie des villes de Bohicon et Abomey ........................81 2.1 Les modes d’accès à la terre .............................................................................81 2.2 Le marché de la terre ........................................................................................81 2.3 Les dynamiques foncières liées aux lotissements des zones périphériques......82 2.4 Les enjeux d’accès aux terres à fort potentiel agricole .....................................82 Problèmes environnementaux ...................................................................................83 Enjeux, groupes stratégiques et expériences et besoins en concertation...................84 4.1 Une diversité des acteurs de la planification urbaine et du lotissement ...........84 4.2 Une diversité des enjeux ...................................................................................85 4.3 Besoins en concertation ....................................................................................87 4.4 Thèmes de recherche...........................................................................................87 IX. GESTION DES ORDURES, DES DÉCHETS INDUSTRIELS ET DES EAUX DE RUISSELLEMENT .........89 1. 2. 3. Gestion des ordures ménagères à Abomey et Bohicon .............................................89 1.1 Caractéristiques de la gestion des ordures à Abomey.......................................89 1.2 Caractéristiques de la gestion des ordures à Bohicon .......................................91 1.3 Enjeux, groupes stratégiques et besoins en concertation ....................................93 1.4 Questions de recherche et thèmes de concertation inter acteurs.......................94 Gestion des déchets industriels .................................................................................95 2.1 Principales caractéristiques des déchets industriels ..........................................95 2.2 Les opportunités et contraintes liées à la péri urbanité .....................................96 2.3 Les initiatives de protection de l’environnement : atouts et contraintes...........98 2.4 Enjeux, groupes stratégiques et besoins en concertation ..................................99 Eaux de ruissellement .............................................................................................100 X. CONCLUSIONS, CHOIX DE THÈMES DE RECHERCHE ET PLANIFICATION ..................................101 1. 2. Choix de filières et systèmes de production............................................................101 Enjeux environnementaux traités par Ecocité .........................................................102 2.1 Gestion des ordures ménagères.......................................................................102 2.2 Gestion des eaux de ruissellement ..................................................................103 v 2.3 Gestion de déchets agroindustriels ayant des valorisations agricoles potentielles ......................................................................................................103 3. Enjeux fonciers traités par Ecocité..........................................................................103 4. Besoins en concertation et animation facilitées par Ecocité ...................................104 5. Conclusions ................................................................................................................104 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................105 ANNEXES ..................................................................................................................................107 1. Guides d’entretien.......................................................................................................107 2. Répartition des tâches de recherche des étudiants et chargés de recherche programmés pour 2003 ...........................................................................................109 3. Liste des personnes rencontrées et thèmes de discussion durant le diagnostic ......110 Liste des tableaux Tableau 2.1 : Données sur l’occupation des sols du plateau d’Abomey (1954 et 1982)...........................3 Tableau 2.2 : Les unités administratives de la commune d’Abomey........................................................6 Tableau 2.3: Les unités administratives de la commune de Bohicon......................................................10 Tableau 3.1 : Secteurs d’activités des actifs en 1992 ..............................................................................13 Tableau 3.2 : Répartition des actifs selon les secteurs d’activité (1999).................................................14 Tableau 3.3: Superficies cultivées selon les communes en 1998............................................................15 Tableau 3.4: Effectif des animaux selon les communes en 1998............................................................16 Tableau 3.5 : Données sur quelques éleveurs de bovins à Abomey........................................................24 Tableau 4.1 : Evolution de l’utilisation des terres dans le village de Sodohomè ....................................29 Tableau 4.2 : Importance de l’utilisation des produits chimiques sur les différentes cultures ................29 Tableau 4.3 : Destinations des productions entre commercialisation et consommation ........................30 Tableau 4.4 : Destination des productions agricoles de l’arrondissement de Sodohomè........................31 Tableau 4.5 : Proportions des paysans ayant des plantations (cas de Détohou)......................................31 Tableau 5.1 : Historique de l’élevage du petit bétail...............................................................................36 Tableau 5.2 : Typologie des systèmes d’élevage en milieu urbain .........................................................38 Tableau 5.3 : Données sur quelques éleveurs de petits bétails à Abomey et Bohicon ............................39 Tableau 5.4: Matières premières des élevages semi-intensifs.................................................................41 Tableau 5.4 : Marchés d’écoulement des produits d’élevage..................................................................41 Tableau 5.5 : Typologie des systèmes d’élevage en milieu rural............................................................42 Tableau 5.6: Destination des produits d’élevage de l’arrondissement de Sodohomè .............................43 Tableau 7.1 : Destination du stock de produits avariés ...........................................................................66 Tableau 8.1: Les lotissements à Abomey - Bohicon ..............................................................................78 Tableau 9.1 : Matrice de choix de filières à étudier ..............................................................................102 vi Cartes Carte 2.1 : Carte d’état major Abomey 1982 ..............................................................................2 Carte 2.2: Occupation des sols sur le plateau d’Abomey en 1982 ..............................................4 Carte 2.3 : Occupation des sols sur le plateau d’Abomey en 1954 .............................................5 Carte 2.4 : Carte administrative de la commune d’Abomey .......................................................6 Carte 2.5 : Plan de la ville d’Abomey en 1986............................................................................7 Carte 2.6 : Carte administrative de la commune de Bohicon ......................................................9 Carte 2.7 : Plan de la ville de Bohicon en 1986 ........................................................................11 Carte 3.1 : Flux des produits vers les marchés de Bohicon et Abomey ....................................17 Carte 3.2: Les parcs de bovins d’Abomey................................................................................23 Carte 4.1 : Localisation des villages et fermes étudiés..............................................................27 Graphique Figure 7.1 : Schéma du marché de Bohicon avec positionnement des stands de produits agricoles.............................................................................................................................60 Schéma 7.2 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en légumineuses...............61 Schéma 7.3: Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en gari ...............................62 Schéma 7.4 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en huile rouge ..................62 Figure 7.5 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en huile d’arachide.............63 Schéma 7.6 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en tomate et piment..........63 Schéma 7.7: Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en orange...........................64 Photos Photo 2.1 : Maraîchage intra urbain à Bohicon .........................................................................19 Photo 2.2 : Elevage à la maison en ville de cochons métissés ..................................................22 Photo 6.2 : Chargement d’animaux sur le parc à bétail de Bohicon en direction de Cotonou ..52 Encadrés Encadré 3.1: Les zones périurbaines .........................................................................................16 Encadre 6.1 Rencontre avec un retraité, petit propriétaire de bovins du quartier Adandokpodji, Abomey urbain ..................................................................................................................48 Encadré 8.1 : Perceptions du lotissement en zone rurale ..........................................................86 vii Ecocité- Document de travail n°6 I. 1. Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon INTRODUCTION Cadre de l’étude, objectifs et participants Alors que les villes s’étendent et empiètent sur des espaces jusqu’alors agricoles, le programme de recherche ECOCITE vise à analyser les modalités de la gestion des espaces urbains et périurbains et à proposer des appuis pour une meilleure concertation entre les acteurs concernés par ces espaces. Pour identifier les thèmes de recherche précis à traiter dans les différentes équipes, des thèmes transversaux à travers les sites et les thèmes pour lesquels il y a des besoins en concertation auxquels ECOCITE va chercher à répondre, un diagnostic a été conduit regroupant l’ensemble des équipes de recherche du DESAC, du LARES, du CEBEDES et de l’Université de Mainz impliquées dans le programme ECOCITE. 2. Méthodes de travail et calendrier La diagnostic a été précédé par une étude monographique réalisée par le CEBEDES qui précisait les processus passés de l’expansion urbaine, les principales activités économiques de la région. Le diagnostic a eu lieu du lundi 24 février au samedi 1er mars 2003. La démarche retenue est exploratoire et consiste en une série d’entretiens avec des personnes ressources autour de quelques thèmes permettant de mieux en décrire les processus et les acteurs impliqués et leurs perceptions respectives de ces processus. Les entretiens sont conduits à chaque fois par deux chercheurs. Le soir une restitution permet de vérifier le niveau d’avancement et d’identifier le cas échéant de nouveaux thèmes. Le lundi, les résultats de l’étude monographique élaborée par le CEBEDES ont été présentés et des grands thèmes de travail dégagés. Un calendrier des entretiens avec les lieux, thèmes et interlocuteurs a été élaboré (cf. annexe ). Les résultats ont fait l’objet d’une présentation synthétique générale le vendredi. Les systèmes de production et filières à analyser dans le cadre de ce programme ont été alors identifiés, de même qu’une série d’enjeux environnementaux et fonciers majeurs sur lesquels des recherches permettraient d’améliorer le niveau de connaissances des acteurs. Les domaines dans lesquels il est nécessaire d’apporter des informations aux acteurs ont été identifiés. Les différents thèmes ont été répartis entre les équipes de recherche. L’étude des cadres de concertation entre ces acteurs va se poursuivre après le diagnostic. 3. Structuration des présentations Les informations obtenues ont été restituées selon le plan suivant, qui donc charpente le rapport à partir du chapitre IV: a) Principales caractéristiques b) Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la péri urbanité c) Problèmes fonciers d) Problèmes environnementaux e) Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation f) Thèmes de recherche pour ECOCITE et autres acteurs 1 Ecocité- Document de travail n°6 II. Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon EXPANSION URBAINE, PROCESSUS PASSÉS ET EN COURS Floquet A. et J. Nansi 1. Dynamique de l'occupation du sol du plateau d'Abomey Le plateau d’Abomey est une zone anciennement et très densément peuplée. Aujourd’hui, zones urbaines et agglomérations en zones rurales constituent un continuum (Carte 2.1). Compte tenu de la densité importante du plateau d’Abomey (589 habitants au Km²), il est difficile de délimiter zones urbaines et rurales autrement que d’un point de vue administratif. La densité de population ne cesse de s’accroître. En se basant sur les données démographiques de 1979 à 1992, l’accroissement moyen annuel de la population est estimé à 5 habitants/Km² soit une augmentation de près de 150 habitant/Km² sur le plateau de 1954 à 1982. Carte 2.1 : Carte d’état major Abomey 1982 2 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Tableau 2.1 : Données sur l’occupation des sols du plateau d’Abomey (1954 et 1982) Unités cartographiques 1954 1982 1954-1982 Ha Ha changements Agglomérations 1448 6740 +5292 Champs et jachères 90616 92570 +1953 Forêts claires 5705 1449 -4256 Forêts galeries 2278 3487 +1208 Plantations 2637 3801 +1163 Savanes arborées 10922 1139 -9530 Savanes arbustives 7385 11564 +4179 Les résultats (tableau 2.1) d’une étude1 comparant 1954 et 1982 indiquent que les principales causes de destruction du couvert végétal du plateau d’Abomey sont liées aux transformations suivantes (cartes 2.2 et 2.3): o Le taux d’occupation du sol par les agglomérations est passé de 1% en 1954 à 6% en 1982, soit une augmentation de près de 5300 hectares. La principale cause de cet accroissement est la poussée démographique sur le plateau durant ces 3 décennies. Cette augmentation de la superficie des agglomérations s’est faite surtout au détriment des superficies des champs et jachères (3800 ha), de la savane arbustive (850 ha) et de la savane arborée (600 ha). Ces données confirment l’implantation des nouvelles agglomérations à proximité des champs qu’illustre la carte d’occupation de 1982. o Du point de vue quantitatif, la variation de l’occupation du sol par les champs et jachères de 1954 à 1982 est insignifiante, tandis que la transformation des autres unités cartographiques au profit des champs et jachères a été observée. Ainsi près de 1300 ha de forêts claires, 1080 ha de plantations et 6900 ha de savane arborée ont été transformées en champs et jachères. Ce dynamisme est la conséquence de la pratique de l’intensification de l’agriculture. Les systèmes de culture basés sur la jachère arbustive ou arborée se sont transformés en agriculture quasi permanente. 1 Vodougnon Marie-Rufine et Karsten Vennemann, 2000. in : Stahr et Vennemann, 2000. Atlas des Ressources Naturelles du Bénin et du Niger. Universität Hohenheim, Stuttgart. 3 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Carte 2.2: Occupation des sols sur le plateau d’Abomey en 1982 4 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Carte 2.3 : Occupation des sols sur le plateau d’Abomey en 1954 5 Ecocité- Document de travail n°6 2. Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon La ville d’Abomey et son expansion La commune d’Abomey comprend 7 arrondissements (Djègbé, Gbècon-Hounli, Vidolé, Agbokpa, Dètohou, Sèhoun, Zounzonmè), 11 quartiers, 18 villages (carte 2.4). Carte 2.4 : Carte administrative de la commune d’Abomey Source : Plan d’Abomey en 1992 Tableau 2.2 : Les unités administratives de la commune d’Abomey Type Urbain Rural arrondissements Population Population 1992 2002 Quartiers de ville et villages Djègbé 16 374 19 695 Djegbé, Djimè, Gbécon-Houégbo Gbécon-Hounli 14 218 16 590 Agblomè, Hounli, Zassa, Agnagna Vidolé 20 734 23 387 Agbodjanangan, Ahouaga, Hountondji, Adandokpodji Agbokpa 4 012 5 042 Dokou, Sonou-Fiyè, Gnassata, Sonou-Akouta Détohoun 2 931 4 112 Allomakamè, Détohou, Guéguézogon, Kodji Sèhoun 2 655 2 816 Séhoun, Houélé, Lèlè, Houawo Zounzonmè 5 671 6 689 Gbéyizankon, Lègbaholi, Lokokanmè, Zounzonmè Total Commune 66 687 78 341 Source : Annuaire monographique des communes 6 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon La population d’Abomey croit à un taux annuel moyen de 2,2%. Abomey est à la fois le siège d’immigrations des zones environnantes vers le centre urbain et d’émigration de jeunes vers les grandes villes plus prospères. On observe donc une forte migration des jeunes qui viennent gonfler les effectifs des artisans et autres prestataires de services des pôles urbains. La population urbaine au recensement de 1992 était de 48.032 habitants soit 72,1% de la population totale de la commune. Au recensement de 1999, elle est passée à 64.091 habitants soit 85%, ce qui dénote une plus forte pression démographique dans la zone urbaine. Pendant ce temps la population rurale diminuait et passait de 18.563 à 10.889 habitants (MISD, 2001). La pression démographique induit une extension des limites géographiques de la ville malgré le régime foncier (en particulier les paramètres d’occupation du sol) particulier de la ville d’Abomey. En effet, la répartition spatiale de la population d’Abomey est marquée par l’histoire de la ville. La capitale du royaume de Danhomè a vu l’émergence d’un tissu urbain particulier lié étroitement à l’épanouissement de la dynastie des ALLADAHONOU pendant un siècle et demi. Les quartiers de la ville forment une spirale dont le centre est le palais royal. Chaque quartier a été crée autour de la construction du palais d’un prince héritier, de temples et de lieux de culte. Carte 2.5 : Plan de la ville d’Abomey en 1986 Anignikin (1981, p.362) écrit, suite à son enquête ethno foncière, que les Alladahonou ont « conçu un urbanisme pour magnifier leur règne, honorer leurs morts, adorer leurs dieux et péren2 Anignikin, S., 19 . Perception du phénomène urbain en Afrique Noire précoloniale : l’exemple d’Abomey, capitale du Danxome. In : Coquery-Vidrovitch (ed.). Processus d’urbanisation en Afrique. Paris, L’Harmattan. 7 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon niser leur dynastie ». A leur majorité les princes héritiers étaient sortis du palais et se voyaient attribuer une zone où établir leur propre palais autour duquel se créait un quartier dont le nom reflète l’histoire originelle. A cette expansion dans l’espace s’ajoute une volonté de peupler la ville. Or de nombreux Aboméens étaient envoyés dans les provinces conquises pour en assurer l’administration, aussi Abomey fut elle largement peuplée d’esclaves, mais aussi d’artisans appelés par les rois, et enfin d’adeptes de culte également invités. Les Aboméens se voyaient attribuer par le roi une concession de terre (kpatin tun tun). En 1890, la ville comptait entre 45.000 et 50.000 habitants (dont 10.000 princes et dignitaires), un effectif qui va tomber à 10.000 en période coloniale (de 1910 à 1930). Aux palais venaient s’adjoindre de nombreux temples et leurs places, et chaque concession avait des étendues de culture adjacente, ce qui explique l’expansion spatiale de la ville d’Abomey. En période précoloniale, la ville et la campagne s’interpénétraient, bien que pour les habitants la distinction entre la ville, à l’intérieur des fossés, et la campagne, à l’extérieur de ces fossés, ait été nette. Après la colonisation, la ville se vida vers les campagnes. Aujourd’hui encore, la densité de la population est assez faible dans la ville. En 1985, la densité moyenne de la ville était de 18 habitants à l'hectare suivant les limites administratives des 3 communes urbaines alors que le quartier HOUNTONDJI a une densité de 80 et les zones périphériques comme DJIME Nord des densités de 4 à 10 habitants à l'hectare. La ville n’a retrouvé que récemment ses effectifs de la période précoloniale. L’époque coloniale a brisé la dynastie mais les dynamiques sociale et spatiale d’Abomey ont survécu et ont beaucoup limité les tentatives d’opérations d’urbanisme de l’époque coloniale (lotissement du marché Houndjro à la préfecture) et de l’époque révolutionnaire (lotissement de Goho). Le projet Plan d’urbanisme en République Populaire du Bénin a donc en 1987 planifié la densification de la ville en respectant le mode d’occupation traditionnelle du sol, la densification et la mise en valeur du lotissement de Goho, le lotissement de Djimè et la stabilisation de la population rurale périphérique par la création de pôles d’équipements à Zouzonmè, Agbokpa et Adingnigon. C’est ainsi que de 1985 à 2001, Abomey devait s’étendre vers le nord au delà des limites des quartiers Ahouaga et Agbodjannankan aux quartiers d’Agbokpa et Détohou ; vers le sud au delà des limites des quartiers Agnagna et Gbèkon-Houégbo aux anciennes communes de Adingnigon et de Zounzonmè3. Durant la royauté, la ville étendit son contrôle selon deux axes : Houawé-Adingnigon et Oungbega-Dokon. Ces axes sont demeurés les axes de l’expansion urbaine avec une densité de population forte qui contraste avec l’absence d’expansion vers l’ouest (Detohou). Remarquons que les zones de forte expansion correspondent aux terres de barre, et donc aux palmeraies, tandis que les zones sur socle cristallin (zones d’igname) n’ont été mises en valeur que plus tardivement. 3 Les limites administratives actuelles ne correspondent pas aux délimitations royales des quartiers à l'exception de HOUNTONDJI et AHOUAGA. 8 Ecocité- Document de travail n°6 3. Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon La ville de Bohicon et son expansion Bohicon comprend 17 quartiers et 34 villages organisés en 10 arrondissements : Bohicon 1, Bohicon 2, Agongointo, Avogbana, Gnidjazoun, Lissèzoun, Ouassaho, Passagon, Saclo et Sodohomè. L’extension de la ville vers ces communes rurales est liée à son influence aussi bien sur le plan des infrastructures socioculturelles que sur le plan des services publics. Carte 2.6 : Carte administrative de la commune de Bohicon 9 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Tableau 2.3: Les unités administratives de la commune de Bohicon Type arrondissements Population1992 Population 2002 Quartiers de ville et villages Urbain Bohicon 1 18 605 28 428 Ahouamè, Hèzonho, Sèhouèho Urbain Bohicon 2 24 848 37 546 Agonvezoun, Zakpo, Kpokon, Honmèho, Ahito, Gbangnikon, Sogba Urbain Agongointo 2 616 4 014 Rural Avogbana 4 312 5 173 Urbain Gnidjazoun 2 206 2 377 Rural Lissézoun 2 892 3 821 Rural Ouassaho 6 338 8 350 Rural Passagon 6 361 7 916 Urbain Saclo 3 407 4 028 Rural Sodohomè 10 305 11 429 Total Commune 81 989 113 091 Source : RGPH, 1992 et 2002 La ville de Bohicon est une ville née au 20ème siècle par l’installation de la gare ferroviaire et du marché central. C’est donc autour de ces deux éléments que s’est organisé le peuplement de la ville. La ville n’a commencé à croître que tardivement (6.000 habitants en 1961). La population urbaine est passée de 19.274 habitants en 1979 à 54.113 habitants en 1992 puis à 68.357 habitants en 1999 soit un taux d’accroissement annuel moyen de 3,74%. Les projections démographiques indiquent que le seuil des 100.000 habitants sera dépassé en 2006 pour le noyau urbain de la commune. La ville est située sur un site qui pour les urbanistes présente des « contraintes urbanistiques mineures ». Le régime foncier y serait moins complexe et moins contraignant que celui d’Abomey. En d’autres termes, les habitants sont prêts à lotir et s’aligner sur les propositions des urbanistes. Bohicon dispose d’un potentiel industriel important, ce qui lui permet d’occuper le troisième rang sur le plan national après Cotonou et Parakou. Enfin, Bohicon fait partie du petit nombre de villes du Bénin qui constituent de grands carrefours car elle est reliée par deux axes bitumés en bon état, Cotonou-Malanville (Sud-Nord) et d’Est en Ouest Azovè-Bohicon que prolonge une voie de terre en cours de bitumage, Bohicon-KétouIllara4, et une voie ferrée Cotonou-Bohicon-Parakou. Cette position dans le réseau routier national en fait un pôle de convergence de grands flux économiques vers un marché régional et international. La population de Bohicon a un taux d’accroissement annuel moyen de 3,74% fortement influencée par le grand flux migratoire dont les principales sources sont le Mono, le Couffo et les Collines. Il faut remarquer que cette migration est beaucoup plus alimentée par les femmes que par les hommes, contrairement aux observations courantes dans les autres villes. Ce sont en général des commerçantes qui s’installent et s’insèrent sans grande difficulté. 4 Voie d’accès reliant le Togo au Nigéria 10 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Abomey accueille une partie importante de populations rurales attirées par la ville (13,9 %) mais connaît un exode urbain important vers toutes les autres villes du Bénin, spécialement Cotonou, Parakou et Natitingou, ce qui explique un taux d'accroissement faible. La ville de Bohicon, par contre, attire beaucoup de ruraux des communes avoisinantes et de plus connaît un exode urbain faible même vers Cotonou qui explique son fort taux d'accroissement (en 1984, une grande partie de la population de Bohicon était d'origine rurale (28,2 %) et particulièrement du Zou (districts de Covè, Zagnanado, Zakpota, etc...). La ville a « bénéficié » d’un plan d’urbanisme en 1936, ce qui explique sa structure en damiers. Une partie du lotissement de la ville a été effectivement réalisé dans la partie Nord de l'ancienne voie ferrée. On y trouvait en 1985 des densités allant jusqu'à 100 habitants à l'hectare autour du marché. Une zone d'équipement (CARDER, SONICOG...) prolonge ce lotissement vers l'Ouest sur la route d'ABOMEY. Le reste de la ville n'était pas loti, l'habitat y était semi rural et dispersé avec des densités de 7 à 20 habitants à l'hectare. Seule la partie Nord plus peuplée était en cours de lotissement. Carte 2.7 : Plan de la ville de Bohicon en 1986 La pression démographique induit une extension des limites géographiques de la ville. En effet, la ville s’étend suivant les grands axes routiers qui s’y croisent, notamment à l’ouest de la voie Bohicon-Dassa où un lotissement a été récemment exécuté, le long de la voie Bohicon-Zakpota, de la voie Bohicon-Abomey dans le sens d’une conurbation et vers le sud le long de la voie CotonouBohicon. Depuis plusieurs décennies, il est prévu de créer un grand marché régional entre les deux agglomérations (Djimè) sur une superficie de 12 ha. Ceci accentuerait le processus de conurbation. Il y a de nombreux mouvements journaliers, hebdomadaires (marchés, formation) entre villes et campagnes environnantes de populations allant en ville pour des raisons commerciales, pour ac- 11 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon céder à diverses infrastructures sanitaires et administratives, aux lieux de scolarisation, aux banques, postes, aux divers services publics et privés. Pour les achats courants de vivriers, beaucoup de petites commerçantes fréquentant également les marchés périphériques profitent des recettes de leurs ventes pour faire les emplettes pour la famille (à Agbangnizoun, Oungbega sur Abomey ; Zogbodomey, Za Kpota ). 4. Questions pour le diagnostic des territoires Changements fonciers Quels sont les changements induits sur les modes d’accès à la terre, la propriété foncière, la sécurité foncière : aire d’influence de la ville vue au travers des changements fonciers (zonage 1). Enjeux fonciers et groupes stratégiques ? Zonage par les flux d’approvisionnement des villes et des campagnes : flux de personnes, de biens et services, leur origine. Quelles sont les aires d’influence de la ville en relation avec les mouvements des hommes ? Qui achètent sur les marchés et les boutiques et d’où viennent-ils ? Probablement aire d’influence couvrant tout le département (sauf Ouinhi qui sera dans l’aire de Porto-Novo) pour des achats particuliers. Quelles sont les zones périurbaines et rurales liées à la ville par les collèges d’Enseignement secondaire deuxième cycle, Centre Hospitalier Départemental? Quels sont les flux liés aux activités génératrices de revenu urbaines et rurales pouvant déterminer les zones d’influence de la ville sur la campagne et vice versa ? 12 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon III. LES ACTIVITÉS SOCIO-ECONOMIQUES A ABOMEY ET BOHICON 1. Présentation des secteurs d’activités économiques Dans toute la commune d’Abomey, le commerce et les services constituent les sources de revenu de respectivement 40,6 et 15,4% des actifs. A Abomey ville, la prépondérance du secteur tertiaire s’accentue : 87,13% des entreprises recensées par le BIT5 font du commerce, en général dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration, ou fournissent des services tandis que 10,99% sont dans la production (tableau 3.1). Tableau 3.1 : Secteurs d’activités des actifs en 1992 LOCALITE agriculture manufacture commerce Transport bâtiment, TP services autres ZOU 66,5 7,1 15,3 1,9 2,0 5,4 1,9 Abomey 14,3 16,2 40,6 4,7 6,6 15,4 2,3 Agbangnizoun 61,3 8,4 22,5 0,8 1,4 4,2 1,3 Bohicon 24,8 15,8 26,8 7,0 6,0 15,9 3,8 Covè 57,6 9,5 15,1 2,9 4,7 7,2 3,0 Djidja 80,8 3,8 10,2 0,6 0,5 1,6 2,5 Ouinhi 58,1 7,1 30,2 0,2 0,3 2,1 1,9 Zagnanado 68,7 4,8 18,7 1,5 1,7 3,2 1,3 Za-Kpota 85,4 3,0 7,6 0,7 0,5 1,8 0,9 Zogbodomè 74,9 4,9 13,6 1,3 0,8 3,4 1,1 Source : RGPH, 1992 Le secteur tertiaire est également fortement prépondérant à Bohicon. Le commerce et le transport à eux seuls occupent environ 41,3% de la population active. Le marché de Bohicon est animé tous les 5 jours par 12.000 vendeurs constitués de producteurs mais surtout de collecteurs intermédiaires. Le secteur du transport dans la ville est animé par 15 gros-porteurs essentiellement destinés au transport du coton et des billes de tecks vers les usines, 80 automobiles et camionnettes destinées au transport en commun et au transport des marchandises des localités environnantes vers le marché de Bohicon (il faut ajouter à ce parc automobile les véhicules provenant des autres grandes villes). La moyenne des voyageurs est estimée à 900. Le transport urbain est assuré par environ 600 taxi motos. Il faut noter que le secteur informel prend une part importante de l’activité économique de la ville. 5 7726 entreprises du secteur informel ont été recensées à Abomey en 1992 (Maldonado et al., 1996) dont près de la moitié sont du type semi-sédentaire. 13 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Tableau 3.2 : Répartition des actifs selon les secteurs d’activité (1999) Agriculture, pêche, chasse Urbain : Rural : Urbain : Rural : Bohicon Ouassaho Abomey Zounzonmè 5,7 18,4 5,9 29,2 20,3 17,1 19,6 11,8 8,1 7,1 7,8 4,6 Commerce, restaurants, hôtels 32,2 41,5 41,9 41,9 Transports, Communications 9 ,0 2,9 5,8 2,3 Autres services 24,0 13,0 18,6 9,9 Industrie manufacturière Entreprises BTP Source : Atlas monographique des communes du Bénin Le secteur secondaire à Bohicon compte 5 unités de transformation industrielle : 2 unités d’égrenage du coton de la Société Cotonnière du Bénin et de la Société Nationale de la Promotion Agricole, une huilerie de la Société des Huileries du Bénin, un grand moulin industriel et une unité de transformation du bois de l’Office National du Bois. Toutes ces unités de transformation emploient un effectif assez important de travailleurs. A côtés de ces grandes unités industrielles, il y a l’artisanat de production orienté vers la transformation agricole (arachide, palmiste). L’agriculture emploie 6% des actifs à Abomey et Bohicon contre respectivement 18 et 29% dans des arrondissements ruraux périurbains. La superficie cultivée serait de 6500 ha sur l’ensemble de la commune de Bohicon (51, 3% de la superficie de la commune) et de 4430 ha à Abomey (22,1% de la superficie communale) en 99. L’enquête sur les activités économiques des villes d’Abomey et Bohicon réalisée en 1992 par le BIT donnait des chiffres encore plus faibles d’implication dans l’agriculture. A Bohicon-ville, sur les 7.726 unités économiques recensées, seules 0,4% avaient déclaré l’agriculture6 comme activité principale contre 60% pour le commerce (de détail essentiellement, et au deux tiers de produits alimentaires), 18,6% pour la restauration. 73% des unités étaient conduites par des femmes. Les producteurs primaires font essentiellement la couture, la forge et la maçonnerie, après quoi viennent la menuiserie, la meunerie, le tissage. Fabrication d’huiles, distillation et élevage viennent loin derrière et ne concernent que des petites dizaines d’individus. Pour ce qui est du commerce, un nombre assez élevé de personnes ont déclaré comme activité la boucherie et la poissonnerie. Ces entreprises ont une durée de vie souvent éphémère. 70% des chefs d’établissement auraient eu plus de 50 ans. A Abomey-ville sur les 3424 unités économiques recensées, 0,1% avaient déclaré l’agriculture comme activité principale contre 65% pour le commerce (de détail essentiellement, et au deux tiers de produits alimentaires) et 19,4 % pour la restauration. 74% des unités étaient conduites par des femmes. Le dernier secteur significatif dans les deux communes en terme d’emploi est celui du transport. Si on en croit ces chiffres, l’agriculture aurait disparu des agglomérations et n’existerait plus qu’à la périphérie des villes. Mais ceci est contredit par l’observation à l’œil nu. 6 La méthode d’identification des entreprises y a peut-être été pour quelque chose. 14 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Contribution des activités génératrices aux revenus des ménages En 1984, l’enquête « revenu des ménages urbains » montrait que les revenus étaient assez élevés à Bohicon et faibles à Abomey. 2. Importance de l’agriculture, de l’élevage et des transformations agroalimentaires Tableau 3.3: Superficies cultivées selon les communes en 1998 Commune Superficie Forêts Marécages (ha) Abomey 14200 Bohicon 13900 Agbangnizoun 24400 Za-Kpota cultivée en 85 Superficie Intensité cultivée en 97 d’utilisation 1805 6361,5 44,9 3694 6819,5 49,1 6450 10521 43,2 40900 7760 30991 75,8 Cove 41800 7801 17539 42,0 Ouinhi 34200 8584 10893 34,1 Zangnanado 54000 8568 15056 27,9 Djidja 218400 1900 30855 31486 14,5 82500 11730 21365 11685 16,5 96882 141352 27,8 Zogbodomey 30 Superficie 20 2220 524300 13630 2270 Source : CARDER Si les statistiques sont exactes, la superficie cultivée a augmenté fortement depuis 1985, et ce phénomène a aussi touché les communes d’Abomey et de Bohicon, malgré l’urbanisation et la réduction des superficies cultivables. L’intensité d’utilisation des terres se rapproche probablement de 100 %. Les marchés de Bohicon et dans une moindre mesure d’Abomey jouent des rôles de transit et de redistribution important dans le commerce national et sous-régional. C’est pourquoi pour les produits vivriers, les flux de longues distances dominent sur les flux de zones limitrophes (carte 3.1). 15 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Tableau 3.4: Effectif des animaux selon les communes en 19987 Animaux Bovins Ovins Caprins Porcins Volailles Lapins Ville Abomey 884 333 10937 4500 49000 200 Agbangnizoun 294 68 8098 3000 27000 120 Bohicon 783 408 9140 3000 37000 200 Covè 94 162 1771 500 6000 70 Djidja 5526 4930 15787 3000 48000 20 Ouinhi 127 2096 3474 500 10000 Zagnanado 2343 1361 4764 1000 15000 40 Za-kpota 1010 316 13983 7000 39000 20 Zogbodomey 760 3130 12908 2500 44000 30 Total 11821 12804 80862 25000 275000 700 Source : CARDER-Zou, 1999 Encadré 3.1: Les zones périurbaines La zone périurbaine de Djidja est composée des arrondissements de Mougnon, de Dowimè, d'Agondji et de la partie sud des arrondissements de Oumbèga et de Dan. Cette zone est située sur une terre de barre dégradée, résultat de la très ancienne et longue exploitation qu'elle a subie. On y rencontre principalement l'artisanat traditionnel dominé par les activités de poterie et les transformations agro-alimentaires surtout les huiles de palme, d'arachide et de palmiste. On y pratique secondairement une petite agriculture constituée essentiellement des cultures d'arachide, de niébé, de maïs et de sorgho. Quant à la production animale, elle est réduite aux petits ruminants, aux porcins et à la volaille. La zone périurbaine de Za-Kpota est périphérique à Bohicon et constituée des arrondissements de Zeko, Kpozoun et d'Assanlin, elle est spécialisée dans les activités de transformations agroalimentaires (Klui-klui, huile d'arachide, huile rouge, sodabi) et le petit commerce qui s'appuie sur les marchés de Bohicon et de Covè. Cette zone a hérité d'une terre de barre dégradée résultant d'une utilisation très prolongée. La disponibilité en terres de cette partie périurbaine est très réduite. En effet, elle constitue également une zone de palmeraies traditionnelles dans lesquelles sont cultivées des légumineuses telles que l'arachide et le niébé. Aussi, on y rencontre des terres vendues aux non- ruraux. Remarquons tout de même qu'il existe une agriculture de case permettant la culture du maïs qui constitue la base alimentaire pour la commune de Za-kpota en particulier et pour le département en général. Sources : Mongbo et al. 2000 7 Probablement sous-estimés à Abomey 16 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Carte 3.1 : Flux des produits vers les marchés de Bohicon et Abomey 17 Ecocité- Document de travail n°6 3. Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Les cultures en zones urbaine et périurbaine Des transects d’utilisation des terres ont permis de recenser différents systèmes de culture dans la ville et à la périphérie d’Abomey. 3.1 Les champs de case Certains ménages cultivent les terres libres environnant leur maison, jusqu’au bord des voies. Les cultures annuelles les plus remarquables sont par ordre d’importance le pois d’angole, le maïs, le sorgho, le niébé, la patate douce et le manioc. Ces exploitations agricoles couvrent généralement quelques dizaines de m². La superficie emblavée est de plus en plus importante à mesure qu’on s’éloigne de la ville. Les parcelles bénéficient des ordures des maisons avoisinantes et des déjections des animaux qu’on y aurait attaché au piquet. Les fonctions de ces formes d’exploitation de la terre sont multiples et varient d’un acteur à l’autre : participation au revenu, sécurité alimentaire, occupation de parcelle non clôturée ou en attente de vente. Ce système de production est prédominant dans les quartiers périphériques de Gbècon-Houégbo, Zounzonmè et Ahouaga compte tenu de la disponibilité de terrains vides et de la fertilité relativement acceptable des terres. Les domaines des palais sont également exploités en pleine ville. Par exemple, sur le domaine royal des palais à Hountondji, derrière le musée, une douzaine de cultivateurs empruntent l’étendue de terres entourant les palais moyennant paiement d’un fermage saisonnier. Outre le maïs et le pois d’angole, il y serait cultivé du gombo qui alimenterait le marché de Houndjro en saison des pluies. Bien que les superficies soient réduites, ces micro-exploitations constituent des sources de revenu et les terres sont convoitées. Remarquons que la culture de champs de case se poursuit dans les villages de zones rurales dont les terres sont particulièrement surexploitées et épuisées. Ce sont même les seules parcelles qui peuvent abriter du maïs dans des villages comme Adingnigon. 3.2 Les cultures annuelles sur parcelles vides en zones périurbaines On observe dans les zones périurbaines des champs de 0,25 à 1 ha isolés de toute habitation, ce qui les distingue des champs de case. Les cultures les plus courantes visibles en saison sèche sont : pois d’angole, maïs, sorgho et manioc. A cela s’ajoutent le niébé et l’arachide. Une partie de ces cultures est sous palmier. Ce système de production s’observe surtout à l’ouest d’Agblomè et à Détohou compte tenu de la fertilité encore satisfaisante des terres. « Pull or push » ? Que deviennent les agriculteurs de ces zones. La ville les attire, semble-t-il, avant même de les repousser. Beaucoup de jeunes partiraient faire des jobs en ville, comme taximoto à tel point qu’il serait difficile de trouver de la main d’œuvre salariée pour cultiver les champs en périphérie de la ville. 3.3 Le cas du maraîchage En saison sèche, il semble n’y avoir qu’un seul maraîcher dans la ville de Bohicon. Même dans les cours des maisons, pas de pieds de cultures annuelles, et quelques rares plantes pérennes végétant (Vernonia amygdalina, Ocinum sp., etc.). La grande cause en est le manque d’eau. Le seul maraîcher est installé sur le site de la gare de Bohicon et a accès à l’eau via une pompe Nagueze. 18 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Il produit en pleine saison sèche des salades, des choux et les carottes qu’il commercialise devant son site, sur la route principale, et à proximité du grand carrefour. Des commerçantes des zones agricoles apportent d’autres maraîchers qu’il commercialise à son étalage, assez bien fourni. Ce maraîcher a longtemps été délégué de son quartier et a bénéficié des conseils d’agents du CARDER. Il utilise les fientes des élevages, les graines de coton, les ordures et résidus pour fertiliser ses cultures. Les autres maraîchers n’exercent qu’en saison des pluies puis doivent s’arrêter faute d’eau. Pendant ce temps des eaux de ruissellement stagnent dans des « réservoirs » et constituent des nuisances et des lieux de prolifération des moustiques insupportables pour les riverains ! Photo 2.1 : Maraîchage intra urbain à Bohicon Source : Floquet, 2003 3.4 Les vergers domestiques On observe dans 90% des cas des fruitiers au centre de la cour, à la devanture ou autour des maisons. Le manguier est le plus répandu et on y distingue des pieds de tous âges aussi bien de variétés locales que de variétés sélectionnées. Les bananiers, cultivés dans une moindre mesure à Abomey mais beaucoup plus à Bohicon, sont généralement plantés dans les arrière-cours à proximité des douches ou à l’extérieur de la maison sur les décharges d’ordures ménagères. On observe également dans ces vergers des agrumes, des goyaviers et quelques palmiers. Ces différentes cultures contribuent relativement au revenu des ménages et participent à leur sécurité alimentaire tout ayant une fonction ornementale. On retrouve aussi à l’intérieur et autour de ces maisons quelques pieds de Azadirachta, Tectona, Eucalyptus et Acacia qui participent la plupart du temps à la fonction ornementale mais sont parfois exploités pour leur tronc à des occasions de construction de bâtiment. A Abomey, il y a même beaucoup de petites plantations sur les terrains des collectivités à l’extérieur de la maison (clôturée). 19 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon La palmeraie et la plantation d’essences forestières en zones périurbaines Les transects urbains révèlent qu’il subsiste de nombreux restes de palmeraies promues par Ghézo auxquelles viennent s’adjoindre des plantations forestières de quelques hectares dans les zones périurbaines. Les essences les plus courantes pour ces dernières sont Acacia auriculiformis, Tectona grandis et Eucalyptus. Les acteurs du système de production à plantation agroforestière sont généralement des « néoruraux » et la plupart de ces plantations se retrouvent à l’ouest de d’Adandokpodji vers Détohou. Les propriétaires de palmiers sont au contraire des autochtones, assez âgés pour avoir hérité de terres ou des « daa » chefs de collectivité ayant reçu la gestion de parcelles en propriété familiale indivise (« hweceju ») dont les palmiers permettent de financer les cérémonies. L’investissement dans ces plantations est relativement faible, si on les compare aux vergers fruitiers, et leur durée de vie plus limitée. Ce type de plantation ne constitue donc pas une « barrière » à l’extension de la ville. Quand il devient pertinent de vendre la terre, les palmiers sont abattus et les arbres forestiers aussi. Par contre on trouvera une « couronne » un peu plus loin avec de nombreuses plantations. Les plantations fruitières d’agrumes et les palmeraies denses, améliorées ou non, se retrouvent sur ZaKpota sur les piémonts, à Zogbodomè vers le fleuve, tandis que la palmeraie associée domine à Za-Kpota et au sud de Djidja sur les plateaux de terre de barre. Trois éléments pourraient à l’avenir influencer la situation. Le premier est lié à l’épuisement rapide des ressources forestières des zones de savane située au nord de la conurbation (Djidja et Zagnanado). Ces zones fournissent pour l’instant un charbon et du bois qui n’intègrent pas le coût de la reconstitution du couvert ligneux. Que ces réserves soient épuisées (terme assez proche mais encore non évalué) ou qu’une politique soit instaurée qui oblige ceux qui coupent à reboiser, et les plantations à bois de feu périurbaines, déjà rentables, deviendront des investissements très intéressants. Pour l’instant, seuls les producteurs ayant de grandes superficies en consacrent une partie aux plantations, car il faut atteindre 4 à 5 ans avant de pouvoir mettre une partie des terres sous plantations et se permettre d’attendre que le bois soit récolté tout en cultivant le reste, et sans doute parce que la rentabilité ne justifie pas encore une substitution avec l’arachide. Le deuxième est lié à une amélioration de l’accès à l’eau qui profiterait aussi à l’agriculture en permettant même d’irriguer les plantations fruitières en période critique. Un dernier point est lié à la politique nationale en matière de production d’alcool. Jusqu’à présent elle est inexistante et l’importation d’alcools consomme une partie importante des devises du pays. La sortie de l’informalité de ce secteur pourrait permettre une promotion des alcools à base de vin de palme et de fruits et une amélioration de leur qualité. 4. L’élevage de la volaille et du petit bétail 4.1 Elevages domestiques Certains ménages élèvent des volailles et des caprins soit sur la cour de la maison soit en divagation dans leur quartier. Mais le phénomène de divagation des animaux n’est pas particulièrement perceptible dans la ville d’Abomey. L’élevage dans les cours de maison ne peut être assimilé à un système semi intensif car les acteurs n’aménagent pas d’habitat particulier pour les animaux. Ils sont maintenus à la maison pour réduire les risques de vol, de perte ou d’accidents sur les routes. Ces animaux sont généralement destinés aux occasions culturelles de fêtes ou de cérémonies rituelles. Il faut remarquer que l’élevage domestique permet de rentabiliser les restes d’aliments et les rejets de cuisines (céréales infestés par les parasites, épluchures, son de maïs…). Longtemps, l’élevage a été limité par le très faible nombre de points d’eau sur Abomey et Bohicon. Il n’y avait déjà pas assez d’eau pour les hommes ! 20 Ecocité- Document de travail n°6 4.2 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Elevage semi intensif de petit bétail Les transects d’utilisation des terres nous ont permis d’identifier quelques sites d’élevage semi intensif de volailles et de lapins. L’élevage de porcs a constitué une source importante de revenu à Abomey mais aussi à Agbangnizoun avant la peste porcine. Les charcutiers de Porto-Novo et Adjarra venaient s’approvisionner à Abomey (le font-ils encore ?). Depuis la crise de la peste en 1995, la filière porcine a presque disparu de l’échiquier de la production animale à Abomey. Néanmoins, de petites porcheries abritent les porcins qui sont élevés en claustration. Les acteurs de cette filière se sont pour la plupart reconvertis dans la cuniculture. La taille, la fonction et l’importance économique de ce système de production seront étudiées lors des étapes suivantes de la présente recherche. Un entretien avec un grand éleveur de porcs à Abomey ville nous a révélé qu’il engraisse les porcs à Abomey ville mais garde les truies (Large White et Land race) et leurs suites dans sa ferme à Detohou, ce qui limite les risques d’infection par la peste porcine. Les éleveurs viennent de loin pour lui acheter des reproducteurs. Il combine l’élevage avec la gargoterie (tenue par sa femme qui propose du civet de porc « han kpete »). Une petite enquête a été réalisée au niveau d’une dizaine d’éleveurs dans chaque ville et permet de classer par ordre d’importance la volaille avant les lapins et porcins. L’élevage semi-intensif d’ovins et de caprins est presque inexistant. Les producteurs sont très souvent confrontés aux problèmes d’approvisionnement en produits vétérinaires pour lesquels ils sont doivent souvent se déplacer vers Cotonou. La cuniculture exige aussi la provende produite par le CECURI dont le seul point de vente semble être à Abomey-Calavi. Autrement, les éleveurs enquêtés s’approvisionnent en matières premières disponibles sur place (tourteaux d’huilerie, farines de maïs) pour alimenter leurs animaux. Les problèmes de voisinage ne semblent pas inquiéter ces producteurs qui se débarrassent des excréments et restes d’aliments sur les tas d’ordures, sur les parcelles vides ou pour ceux qui sont en zones périurbaines, sur les champs des agriculteurs. Les plaintes des voisins relatives aux mauvaises odeurs et aux cris des animaux n’ont pas d’influence particulière sur le mode de production. 21 Ecocité- Document de travail n°6 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Photo 2.2 : Elevage à la maison en ville de cochons métissés 22 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 4.3 ECOCITE L’élevage de bovins Traditionnellement, les gens du sud ne savent pas élever des bovins et les confient toujours à des peuhls. L’élevage bovin se caractérise par quelques grands troupeaux, notamment à Djimè et Djègbé appartenant à des familles nanties et des éleveurs plus petits qui possèdent quelques têtes. A ces élevages d’autochtones (souvent des chefs de collectivités) s’ajoutent des élevages appartenant à des Fulani sédentarisés et quelques élevages de bouchers. Le repérage des parcs où les animaux séjournent la nuit dans Abomey a permis d’identifier 26 parcs, dont certains en plein centre ville, certains en proches périphéries et les autres en zones rurales vers Detohou. Cinq appartiennent à des éleveurs peuhls sedentarisés, un à des bouchers et le reste à des autochtones souvent chefs de collectivités familiales (tableau 3.5). Les bovins sont conduits au « pâturage » par des bouviers, et pâturent sur les bords de chemins ou les zones incultes. Il se fait aussi sur les terres incultes des zones périurbaines (Adandokpodji). Les races utilisées sont souvent des croisements de race lagunaire et borgou afin d’assurer une certaine trypanotolérance. Carte 3.2: Les parcs de bovins d’Abomey Source : ECOCITE 23 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Tableau 3.5 : Données sur quelques éleveurs de bovins à Abomey N° Remarque Taille Position parc Zone actuelle de pâturage (saison sèche) T1 Autochtone 120 Hountondji Cana T2 Autochtone 40 T3 Autochtone 40 T4 Autochtone 20 T5 Autochtone 70 T6 Autochtone 40 T7 Autochtone 100 T8 Autochtone 15 T9 Autochtone 100 T10 Autochtone 30 T11 Autochtone 80 T12 Autochtone 50 T13 Autochtone 60 T14 Autochtone 40 T25 Autochtone 20 Agblomè T26 Autochtone 30 Sèhoun T15 Eleveur Peulh 30 Détohou T16 Eleveur Peulh 60 T17 Boucher 50 T18 Autochtone 40 T19 Autochtone 80 T20 Autochtone 120 T21 Autochtone 120 T22 Eleveurs Peulh >400 T23 >400 T24 >400 Agnagna Abomey et périphéries : alentours du palais royal, Zassa, Agblomè-Lévi, interstices entre Adandokpodji et Sota, vers Sèhoun, Sonou, Gnassata, Tognizali, guéguézougou. Eau : puits, citernes ou SBEE. Zounzonmè Djègbé Gbèkon-Hounli Kinta Passagon Agbangnizoun 24 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 5. ECOCITE Les transformations agro-alimentaires et les spécialités de pays Le fort développement des transformations agro-alimentaires s’explique par trois facteurs : o la maîtrise par beaucoup de femmes Fon d’une gamme de transformations, o la réduction des sources de revenu agricoles, l’absence de capital pour faire du commerce, et donc la reconversion vers les transformations et o la demande soutenue en certains produits (huiles rouges, alcool), demande qui ne se limite pas à la zone. Les transformations les plus courantes sont : o Celles à base du maïs, aliment de base, mais qui n’est presque plus produit localement. Ces transformations sont nombreuses, essentiellement destinées à la consommation dans la zone de production. Combien de vendeuses de lio et gowé sur le marché de Bohicon ou d’Abomey ? o Celles à base de noix de palme et palmistes, produites encore localement, en zones périurbaines et rurales, et la fabrication de savon, o Celles à base de vin de palme, en zones périurbaines et rurales, o Celles à base d’arachide, produites localement et complétées par des apports de la zone des collines8 o Celles à base de néré et soja, qui ne sont pratiquement pas produits localement. La moutarde est une spécialité qui demande une assez grande technicité, et le partage du savoirfaire et des « places » pour sa commercialisation s’acquièrent difficilement. De toutes ces transformations, seules celles du moutarde et lio sont spécifiques à AbomeyBohicon et le produit offert est bien différent du produit fabriqué au nord du Bénin. En plus de ces activités traditionnelles, il y en a d’autres plus récentes comme le séchage des fruits et leur conditionnement, l’apiculture et le conditionnement du miel, le conditionnement de sucreries à base d’arachide, qui concernent un petit nombre d’acteurs ciblant les marchés urbains aisés, voire les marchés extérieurs. Certaines activités artisanales sont basées aussi sur les ressources locales et plus ou moins spécifiques à la zone : o Le tissage est une tradition développée par le royaume d’Abomey et qui fait vivre quelques centaines d’artisans locaux. o La poterie se développe autour d’une terre argileuse à Oungbega au Nord d’Abomey. Les femmes qui faisaient des jarres et des canaris diversifient un peu leur production. 6. Questions pour le diagnostic des territoires et méthodes Pourquoi n’observe t’on pas de développement de cultures liées aux nouveaux débouchés urbains en périphérie ? Quelques hypothèses. 8 Mais les grandes spécialistes de cette transformation semblent être localisées en zone urbaine à Covè. 25 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Les marchés urbains drainent de nombreux produits vivriers mais qui viennent de zones plus éloignées : piments et poivrons des bas-fonds de Covè, tomates de la dépression et du plateau Adja, légumes feuilles des bas-fonds d’Agbangnizoun, bois et charbon de Djidja-Agouna, etc. Pour ce qui est des vivriers de base, le niveau de dégradation des terres autour de la ville empêche les producteurs de cultiver des espèces exigeantes (même le maïs est devenu une culture de champ de case) et d’avoir un rendement intéressant qui permettrait à la zone de concurrencer des grandes zones de production éloignées. Jusqu’à présent, il semble y avoir peu de créneaux sur lesquels les producteurs bénéficieraient d’avantages comparatifs du fait de leur proximité du marché. L’agriculture et le maraîchage se heurtent à des contraintes majeures de fertilité et d’eau respectivement qui limitent leur capacité de réponse à la croissance du marché urbain ; le suivi de maraîchers ayant un accès potentiel à l’eau et le suivi de producteurs ayant un accès potentiel à des sources de fertilité bon marché serait néanmoins intéressant dans le cadre du diagnostic. Les grands et moyens planteurs sont en nombre limité vu le morcellement des exploitations et leurs intérêts contredisent ceux des producteurs de vivriers de subsistance. L’absence d’eau limite l’extension de vergers. De plus, la consommation de fruits des habitants reste faible (habitudes alimentaires). La production locale de bois de feu en zone périurbaine n’est pas négligeable et devrait s’amplifier Y a t-il des différences selon les directions ou au contraire une forte homogénéité ? A priori la bordure Sud (Saclo) devrait être plus fertile que la bordure Ouest (Agbangnizoun) ou Est (Za Kpota). L’élevage a un bon potentiel de développement, tant les porcins, les volailles, lapins et aulacodes, que les bovins, mais est limité par les sources d’alimentation puisque l’agriculture produit peu d’aliments de bétail et fourrages locaux pour l’instant. L’intégration de l’agriculture et de l’élevage est encore faible bien que la recherche agronomique mette au point des technologies en ce sens. Les transformatrices d’huile d’arachide et de palme ont saisi depuis longtemps les opportunités qui s’offraient à elles. La péri urbanité constitue-t-elle un avantage pour la mise en marché de ces produits ? Ou ces transformatrices ont-elles plus facilement accès aux nouveaux matériels et savoir-faire ? Nous ne savons rien des changements dans les modes de consommation alimentaires qui s’opèrent dans les deux villes et leur ceinture et qui pourraient influencer la demande en produits. 26 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE IV. PRODUCTION VEGETALE PÉRIURBAINE ET URBAINE AUTOUR D’ABOMEY ET DE BOHICON Rigobert TOSSOU et Ramanou ABOUDOU Durant le diagnostic des territoire, les travaux ont été menés à Détohoun (commune d’Abomey, arrondissement rural de Détohoun, localisé sur le bord du socle cristallin), à Sodohomè (commune de Bohicon, arrondissement rural de Sodohomè, sur terres de barre), à Kpassagon (commune de Bohicon, arrondissement de Kpassagon, sur terres de barre) et à Dan-Tota (commune de Djidja, arrondissement de Dan, au Nord de Bohicon, sur le bord du socle cristallin). Les distances respectives de ces villages par rapport à l’agglomération urbaine peuvent être estimées à 7 km pour Détohoun-Abomey, Sodohomè-Bohicon centre, 8-10 km pour Bohicon-Kpassagon et une quinzaine de kilomètres pour Bohicon à Dan-Tota. L’hypothèse a en effet été faite que les systèmes de production autour de la ville sont influencé par la ville et par les types de sol. Carte 4.1 : Localisation des villages et fermes étudiés Autour d’Abomey-Bohicon, les terres de plateau qui occupent la très grande partie des superficies cultivables sont des sols ferrallitiques fortement insaturés appelés communément terres de barre, le plateau est posé sur le vieux socle cristallin sur lequel se développent des sols ferrugineux et 27 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE hydromorphes rajeunis par l’érosion, et l’ensemble est parcouru par deux grands fleuves Nord Sud, le Couffo à l’Ouest et le Zou à l’Est au bord desquels se développent des sols alluviaux hydromorphes. Pour ajouter quelques brèves caractéristiques, sur les plateaux de terres de barres, la nappe phréatique est à grande profondeur et il n’y pas de petits cours d’eau, tandis que sur le socle dont le relief est ondulé, on trouvera des petits cours d’eau souvent temporaires et des bas-fonds. Les sols du socle sont souvent plus riches mais sensibles au tassement et à l’érosion. 1. Principales caractéristiques des systèmes de production de plein champ Les enquêtes réalisées auprès de quelques producteurs de Détohou (Ouest d’Abomey) et de Sodohomè (Est de Bohicon) qui sont considérés comme des «greniers» d’Abomey et, respectivement, de Bohicon ainsi que ceux de Kpassagon et Dan-Tota ont révélé que les activités agricoles sont les principales, pour ne pas dire les seules formes d'utilisation des terres dans ces localités périurbaines. Les populations, majoritairement paysannes, développent une agriculture aux multiples spéculations fondée essentiellement sur la production des biens de consommation locale. En effet, dans les années 1990, les principales cultures étaient le maïs, le niébé, l'arachide, le manioc et les légumineuses. Elles représentaient respectivement 60% du total des productions pour le maïs, 20 à 40% pour les autres productions à l’exception des légumineuses dont les proportions avoisinaient 10%. L'arachide et le coton étaient les deux cultures « industrielles » des dites localités avec respectivement 20 et 40% des productions. Or l’arachide est transformée localement. De nos jours, l'agriculture demeure la principale source de survie et de revenus des populations. Ainsi, aujourd’hui, 70% des paysans cultivent le maïs et l'arachide ; 60% le niébé ; 30% le manioc et le coton ; 20% le piment ; 10% le gombo et 5% les légumes. 1.1 Expansion des superficies cultivées Les superficies emblavées ont doublé en l'espace de 10 ans à Détohou et Dan-Tota, mais elles ont plutôt nettement régressé à Sodohomè en raison de la forte croissance de Bohicon induite par les lotissements. Ces évolutions contredisent un peu la vision du plateau d’Abomey comme un terroir où la production ne peut plus évoluer. Les raisons qui expliquent l’évolution de ces surfaces cultivées sont diverses. Il s’agit de : o la pression démographique qui accroît de plus en plus les besoins alimentaires des populations ; o l’importance que revêtent certaines cultures comme le maïs, le niébé et le manioc dans l’alimentation et les revenus immédiats que leur procurent d’autres tels que le coton, l’arachide, le niébé et même le maïs ; o enfin, la qualité de l’encadrement des agents du CARDER qui leur fait maîtriser certaines techniques culturales et percevoir les intérêts des activités agricoles. Les paysans ont souligné la disponibilité des terres à Détohou et Kpassagon et leur rareté à Sodohomé et Dan-Tota. Les champs sont situés, en moyenne, à entre 2 et 6 km des habitations et les terres sont différemment acquises. 28 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Du point de vue de l’évolution des cultures, on constate que les productions du maïs sont en augmentation, celles du coton sont en régression 9, alors qu’il y a stabilité au niveau des légumes et de l’arachide. Les évolutions du manioc et du niébé diffèrent d’un site à l’autre. Tableau 4.1 : Evolution de l’utilisation des terres dans le village de Sodohomè Il y a 10 ans Maïs Aujourd’hui (2003) 6% 40% Arachide 34% 30% Niébé 11% 10% 3% 10% 46% 10% Marginal Marginal 100% 100% Manioc Coton Sorgho Total Source : ECRIS, Février 2003-02-27 Il subsiste par ailleurs une agriculture urbaine dans Abomey avec la culture du maïs et pois d’angole de case autour des collectivités, souvent sur les tas d’ordures de maison. Ajoutons aussi la mise en culture des terres des palais royaux (quelques centaines d’hectare). La fonction de cette agriculture d’autoconsommation n’a pu être bien évaluée. Les moyens de production Les moyens utilisés par les paysans restent rudimentaires. Dans 92% des cas, ils utilisent la houe, le coupe-coupe et la daba ; 8% des paysans utilisent les bêtes de trait alors que le tracteur est utilisé par un seul agriculteur en la personne de Monseigneur. Tableau 4.2 : Importance de l’utilisation des produits chimiques sur les différentes cultures Cultures Maïs Paysans utilisant l’engrais Paysans utilisant l’insecticide (%) (%) 60 - Niébé - 70 Arachide - - Manioc - - Coton 100 100 Piment 20 - Gombo 30 40 Légumes 20 - Source : Enquêtes de terrain 9 Les difficultés enregistrées ces dernières années dans la production cotonnière, le non paiement des revenus de coton à temps sont selon les paysans les raisons qui les ont poussés progressivement à abandonner le coton au profit du maïs qui est facilement vendu sur le marché. 29 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Dans le même temps, 92% des producteurs, notamment ceux du coton, bénéficient des crédits en nature (engrais et pesticides) et 20% de crédits en espèces dans les institutions comme le PAPME, le CARDER pour les crédits vivriers et surtout la CLCAM. Les paysans ne remplissant pas les conditions d’obtention des crédits, généralement des producteurs pauvres, se débrouillent pour entretenir leurs champs et n’utilisent pas les engrais pour toutes les cultures qui le nécessitent. Le tableau 2.2 indique la proportion des paysans utilisant les produits chimiques pour différentes cultures : On note au sujet de l’utilisation des intrants, une faible utilisation des engrais et une forte utilisation des pesticides surtout sur le niébé et les gombos. Cela constitue de graves problèmes à la santé des populations d’autant que les pesticides adaptés à la culture légumière ne semblent pas disponibles et seraient donc remplacés par les pesticides destinés au coton. Quelques producteurs parviennent à négocier l’accès aux coques de coton en provenance des huileries et les incorporent dans les billons. Néanmoins, il s’agit encore d’un phénomène sporadique. 1.2 Objectifs de production, commercialisation et consommation Détohoun, zone périurbaine d’Abomey Contrairement à l’hypothèse d’une agriculture de subsistance combinée à des activités génératrices de revenu en milieu urbain, les producteurs interrogés à Détohou ont déclaré que les cultures produites sont commercialisées à au moins 50% comme le montre le tableau 2.3. Tableau 4.3 : Destinations des productions entre commercialisation et consommation (cas de Détohou) Cultures Commercialisation Consommation Maïs 50 50 Niébé 60 40 Arachide 80 20 Manioc 80 20 Coton 100 00 Piment 80 20 Gombo 96 04 légumes 96 04 Source : Enquêtes de terrain L’analyse du tableau 4.3 confirme que l’alimentation des populations est basée sur le maïs, le niébé et le manioc (en période de soudure). Les marchés fréquentés sont surtout ceux de Houndjro et de Bohicon ; les hommes s’y rendent à vélo alors que les femmes y vont à pied. Il n’est pas rare que les petits commerçants d’Abomey viennent intercepter les producteurs de Détohou en cours de route pour leur acheter leurs marchandises. Les riches commerçantes eux, descendent jusqu’au village avec des bâchées ; 10% parmi elles avancent de l’argent aux producteurs afin qu’ils leur garantissent les marchandises surtout le maïs. 30 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Sodohomè, zone périurbaine de Bohicon Tableau 4.4 : Destination des productions agricoles de l’arrondissement de Sodohomè Cultures Proportion auto- Proportion consommée vendue Maïs Arachide Niébé Marché d’écoulement (% des ventes) Bohicon Houndjro Cotonou Sodohomè 63% 37% 73% 9% 9% 9% 0% 100%10 50% 25% 0% 25% 50% 50% 50% 25% 0% 25% Le total sur marché d’ecoulement fait 100% alors que proportion vendu =50% a revoir 37% de la production de maïs, 100% de la production d’arachide et 50% de celle du niébé sont commercialisés. La proportion vendue est essentiellement écoulée sur le marché de Bohicon qui reçoit 73% du maïs, 50% de l’arachide et 50% du niébé. Le marché urbain de Houndjro et celui rural de Sodohomè accueillent 9% du maïs (confère tableau 4.4). Cotonou, le marché le plus lointain vient en dernière position et n’accueille également que 9% de la quantité de maïs vendue. Il reste que Bohicon constitue un marché de transit tant pour les flux entrant extérieurs que les vivriers provenant des localités environnantes. Une bonne partie de la production de Sodohomè placée sur le marché de Bohicon est sans doute revendue sur celui de Cotonou. A cet effet, tenir uniquement compte de la proportion de produits agricoles directement écoulée sur Cotonou telle que déclarée par les paysans conduirait à une sous-estimation. Signalons également qu’une partie de la production vendue à Sodohomè s’effectue à la ferme. En effet, à partir du mois de Juin, les commerçants venant de Malanville vont dans les villages et font le porte-à-porte pour acheter les produits vivriers et surtout le maïs. Selon les paysans, les prix offerts par ces derniers sont souvent plus élevés que pratiqués sur le marché de Bohicon. De ce fait, certains n’hésitent pas à stocker leurs produits afin de saisir cette opportunité. Les autres activités agricoles Elles se résument à l'installation de plantations de tecks, d'anacardiers, de palmiers, d'orangers et de manguiers. A titre d’exemple, le tableau 4.5 donne la proportion des paysans ayant des plantations dans l'arrondissement de Détohou. Tableau 4.5 : Proportions des paysans ayant des plantations (cas de Détohou) Plantations Proportions (%) Tecks 30 Anacardiers 30 Palmiers 10 Orangers 20 Manguiers 10 Source : Enquêtes de terrain 10 25% de cette proportion est vendue sous forme d’arachide « fo » c’est de l’arachide frais ???. 31 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Par rapport à l'implantation de ces vergers, contrairement à ce que l'on peut penser, les palmeraies diminuent au profit des plantations de tecks et d'anacardiers qui jouent le double rôle de diversification des sources de revenus et de stabilisation des terres. Dans la zone de Sodohomè, ce sont surtout les agrumes qui sont installés. 2. Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la péri urbanité Les principales cultures développées dans les périphéries d’Abomey et de Bohicon jouent un rôle très important dans la vie des populations en ce sens qu’elles participent aussi bien à l’alimentation, à la génération de revenus qu’à la création d’emplois. Les principales opportunités qui existent pour l’agriculture dans les environs d’Abomey et de Bohicon sont l’existence de grands marchés pour l’écoulement des productions, la disponibilité de terres dans certaines localités rurales ainsi que de la main d’œuvre. On voit même les grands commerçants du Nord s’approvisionner directement chez les producteurs à Sodohomè pour contourner le marché de Bohicon. Quant aux contraintes, elles peuvent être résumées en cinq points essentiels. Il s’agit de : o manque de financement ou d'accès aux crédits ; o insuffisance de moyens pour développer l'attelage ; o raretés saisonnières ou mauvaise répartition des pluies et ; o ravage des semis par les rongeurs ; et o l’insécurité foncière due à l’acquisition de plus en plus de terres par les urbains. Il faut ajouter la difficulté à trouver de la main d’œuvre agricole dans certaines localités proches de la ville où les jeunes ont d’autres opportunités (Sodohomè). La main d’œuvre prend alors souvent l’argent à l’avance et ne vient pas faire le travail, ce qui aurait occasionné pas moins de 200 conflits à Sodohomè en une année. 2.1 Problèmes fonciers Il existe quatre modes d'acquisition des terres dans la périphérie d’Abomey et de Bohicon. Il s'agit des modes d'acquisition par héritage, par achat, par prêt et par location. Il y a 20 ans, les héritages et les prêts (quasi gratuits) de terres étaient les plus importants et représentaient respectivement 60 et 20% de la totalité des terres cultivées. Quant aux modes d'accès par achat et location, ils étaient faibles et représentaient chacun 10% des emblavures. Aujourd'hui, les réalités que recouvrent ces modes d'acquisition des terres sont tout autres. En effet, à Détohou, les héritages des terres ont complètement diminué de 40% passant de 60 à 20%. Les prêts et les locations ont connu de légères hausses de 4 et 6% passant respectivement de 20 à 24% et de 10 à 16%. Le mode d'acquisition par achat est d'actualité actuellement dans la région périurbaine dans la mesure où 40% de l'ensemble des emblavures sont sur terres achetées contre 20% il y a 10 ans. Les paysans pensent que dans un futur proche, les terres cultivées achetées ainsi que celles prêtées augmenteraient encore de 6% en moyenne alors que celles cultivées héritées chuteraient dans les mêmes proportions. Ces évolutions des modes d'acquisition des terres s'expliquent par le simple fait que beaucoup d'étrangers citadins en provenance surtout d'Abomey viennent acheter les terres et, dans l'impossibilité de les mettre immédiatement en valeur, les louent ou les prêtent aux paysans. Cette situation fait diminuer la proportion des terres cultivées héritées au profit des autres notamment 32 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE achetées. On observe par exemple des achats de fermes à Détohou mais aussi à l’Est de la route inter état à hauteur de Dan (sur le socle cristallin). Certains acheteurs mettent leurs terres en valeur eux-mêmes et installent des plantations et des élevages, préparant ainsi leur retraite. En zone proche de Bohicon (Sodohomè), le lotissement a entraîné la chute des superficies cultivables qui sont passées de 75% des superficies disponibles il y a 20 ans à 33% aujourd’hui. Les producteurs vont mettre en valeur des terres beaucoup plus éloignées et partent alors dans leurs fermes pour quelques jours avant de revenir au village. Les conflits fonciers Il sont fréquents et sont surtout liés à : - des problèmes de délimitation ; - l'ingratitude des paysans ayant bénéficié des prêts vis à vis des propriétaires ; - des problèmes de non respect des engagements de location et - la gestion des carrières (Dan-Tota et Djidja). Tous ces conflits sont souvent réglés auprès des institutions de l'administration moderne en commençant par le niveau villageois jusqu'au niveau départemental. 2.2 Aptitudes et disponibilité des terres Les paysans reconnaissent à l'unanimité l'appauvrissement continu des terres cultivées et leur entière disponibilité à Détohou et Kpassagon. Quant à Dan-Tota et Sodohomè, la proportion des terres cultivables a considérablement chuté en raison non seulement des lotissements mais aussi les achats des parcelles par les citadins. Deux types de terre sont distingués à savoir les terres de barre dégradées et les terres de bas-fonds. Ces dernières représentent 10% du total des emblavures. Du point de vue de la taille des exploitations, sur le socle (Détohoun, Dan-Tota), les producteurs estiment que 50% des agriculteurs possèdent entre 5 et 10 ha ; 30% moins de 5 ha et 20% plus de 10 ha. Malgré cette disponibilité des terres, des conflits fonciers subsistent par endroits. L’évolution de la fertilité des terres provoque tout d’abord un mouvement d’éloignement des champs cultivés, les terres proches du village étant déjà épuisées. C’est ce qui s’observe à Dan Tota et à Sodohomè (où les producteurs vont jusqu’à Samionta sur le socle chercher des terres). Mais ensuite, on peut observer le mouvement inverse, quand toutes les terres sont épuisées. Les producteurs se rapprochent des zones cultivées pour profiter des ordures ménagères et des déchets de coton (Kpassagon). 2.3 Problèmes environnementaux Les mauvaises utilisations des pesticides qu’on observe actuellement dans la périphérie des villes peuvent induire à terme des effets indésirables. Par ailleurs, la seule utilisation d’engrais minéral sans apport de matière organique peut accélérer la perte de fertilité des sols. Par contre, l’évolution continue des superficies allouées aux plantations de diverses espèces présente un double avantage. En effet, au-delà des revenus que cette activité procure aux producteurs, elles peuvent contribuer à la stabilisation des sols et à l’équilibre environnemental. Néanmoins, ces superficies ne compensent pas les réductions de superficies de jachère arbustives ou arborées et si on en croit les problèmes de ruissellement qui affecte Bohicon et Abomey, la couverture végétale en amont n’est pas suffisante pour freiner l’eau et favoriser son infiltration. 33 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 2.4 ECOCITE Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation Deux enjeux principaux ont été identifiés : enjeu lié à l’accès à la terre et enjeu relatif à l’accès aux intrants agricoles. Enjeux liés à l'accès à la terre Quand on aborde la problématique des modes d'accès à la terre, il s’avère que la mise en valeur indirecte des terres limitera les investissements des paysans à cause de l'insécurité foncière émanant des prêts ou locations des terres. Cette situation qui, incontestablement, ne réduirait ni le nombre d'agriculteurs, ni les superficies emblavées, posera des problèmes d'intensification des cultures. Par ailleurs, une partie non négligeable des terres est désormais achetée et mise en valeur par des nouveaux acteurs, retraités de la fonction publique par exemple. Enfin, le lotissement repousse l’agriculture dans des zones éloignées des agglomérations. Les producteurs installent à nouveau des campements agricoles pour s’éviter des va et vient. Deux groupes stratégiques se dégagent par rapport à l'accès à la terre: les utilisateurs des terres que sont les agriculteurs et les propriétaires ; on se demande à ce niveau si on ne risque pas d'évoluer vers un métayage. Il ne semble pas y avoir de remise en cause globale des ventes de terre par les descendants des anciens propriétaires ayant vendu leur patrimoine, comme cela s’observe couramment autour de l’agglomération de Cotonou. Néanmoins le phénomène de vente de terres sera à observer pour identifier les nouveaux propriétaires et les usages qu’ils font de ces terres d’une part, les producteurs qui vont se retrouver prochainement « sans terre » et leurs stratégies de survie d’autre part. Enjeux liés à l'accès aux intrants En ce qui concerne l'utilisation des engrais, on est en présence de trois groupes stratégiques : le premier est celui des paysans responsables des GV (…) ? qui bénéficient de beaucoup de facilités d'accès aux intrants chimiques. Le second lui concerne les paysans producteurs de coton et membres des GV qui eux, bénéficient à volonté des intrants et le troisième groupe qui prend en compte les paysans producteurs de vivriers et non membres de GV. La subordination de l’accès aux engrais à la culture du coton est assez défavorable, d’une part parce que le coton n’est pas très rentable dans la zone, d’autre part parce que les engrais coton n’ont une composition adaptée ni aux terres de barre, ni aux principales cultures vivrières. Par rapport à la problématique d'accès aux crédits en nature, on se demande quelle est l'effectivité d'accès à ces produits pour les deux premiers et quelles stratégies doivent mener les derniers pour avoir le maximum d'intrants pour leurs exploitations? Un cadre de concertation doit pouvoir réunir ces trois groupes stratégiques avec d’autres comme les membres des organisations paysannes, les agents d’encadrement du CARDER, les ONGs intervenant dans le domaine agricole ainsi que les élus locaux afin d’asseoir une véritable politique de développement agricole qui n’exclut aucun acteur important. 2.5 Thèmes de recherche pour Ecocité et autres acteurs On voit donc se profiler des changements importants et contradictoires dans les systèmes de production : - mise en valeur extensive due à l’absence de sécurité foncière dans des zones où les transactions foncières se multiplient, - mais aussi développement d’agriculture intensive utilisant les sous-produits des usines d’égrenage et les ordures ménagères, 34 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon - - ECOCITE mise en valeur de zones éloignées des agglomérations par les producteurs « chassés » par le lotissement, et déplacement en quelque sorte de la zone périurbaine à quelques dizaines de kilomètres de la ville mais, semble-t-il, pas de modification majeure des choix de production et techniques agricoles. 3. Maraîchage 3.1 Principales caractéristiques L’eau étant un facteur très rare dans la zone, le maraîchage est limité tant en zones urbaines que périurbaines. En zone urbaine, on trouve du maraîchage pluvial sur des espaces de palais royaux à Abomey. Les cultivateurs louent des terres aux chefs de collectivités royales pour y installer du gombo. Le seul maraîcher identifié permanent est installé sur un site de la gare de Bohicon et a accès à l’eau en permanence avec une pompe Naguézé. En zone périurbaine, il faut atteindre des cours d’eau pour voir des maraîchers. Les bords du Couffo, à l’Ouest, sont intensivement mis en culture par des producteurs Adja descendus du plateau et intégrant leur savoir-faire en matière de culture de tomates. On y voit des cultures intensives de tomate à assez grande échelle avec des pompes et systèmes d’irrigation. A Dan-Tota aussi, au Nord, les cours d’eau constituaient des lieux traditionnels de maraîchage mais à petite échelle et surtout pratiqué par les jeunes filles. Les migrations vers la Côte d’Ivoire s’étant ralenties, on voit apparaître en ce moment des maraîchers spécialisés (tomates, piments, gombo, légumes feuilles). Leurs produits sont évacués directement vers Cotonou car les producteurs trouvent que la commercialisation sur Bohicon ne serait pas intéressante. Par contre les cours et points d’eau du sud et sud–est de Bohicon ne sont pas valorisés par le maraîchage. Même les forages artésiens dont l’eau coule en permanence ne constituent pas des sites de production. Quant aux cours d’eau, ils sont surtout des sites de palmeraies. 3.2 Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la périurbanité Le marché local de Bohicon et Abomey n’est pas approvisionné en toute saison par les producteurs des environs. En saison sèche, le marché est approvisionné par des arrivées de Malanville et Cotonou/Nigeria ! 35 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon V. ECOCITE PETIT ÉLEVAGE URBAIN ET PÉRIURBAIN A ABOMEY ET BOHICON par Peggy TOHINLO 1. Principales caractéristiques Les caractéristiques générales du petit élevage en milieu urbain Les élevages visités présentent les caractéristiques suivantes : o la localisation des unités de production dans les habitations qui sont au centre ville ; o la mauvaise gestion des déchets (rejet sur les dépotoirs sauvages ou devant les maisons) ; o les plaintes des voisins par rapport aux odeurs puantes des déchets d’élevage et la non réaction des éleveurs ; o la perspective de déplacement des élevages dans les périphéries moins urbaines pour non seulement agrandir les cheptels mais aussi pour résoudre les problèmes de voisinage ; o une tendance d’adoption de l’élevage semi intensif en ville, quelque soit les espèces du petit bétail considérées; la dominance du mode d’élevage dit « en divagation » dans les villages o une tendance à la diversification des espèces d’élevage chez les éleveurs ; o une tendance à l’intégration de la production végétale à l’élevage ; o une tendance à une organisation des éleveurs. Les caractéristiques actuelles, le dynamisme et la relative diversité des élevages rencontrés en milieu urbain s’expliquent par l’histoire récente (tableau 5.1) Tableau 5.1 : Historique de l’élevage du petit bétail Période Evénements majeurs Causes Conséquences Jusqu’aux années 80 Prédominance de l’élevage Elevage considéré comme activité secondaire extensif (divagation des animaux) Non développement de l’élevage 1980-1985 Début de l’élevage en claustra- Introduction des coqs de race par le projet intégré du Début d’intensification de l’élevage tion (semi-enclos) Zou 1985-1990 Premières expériences d’élevage Installation des néo-ruraux (intellectuels admis à la Une spécialisation en élevage, introduction des races semi-intensif (pondeuses, porcs retraite) avec le projet PISEA importées pour diverses espèces animales dans les locaux/ métisses) élevages 1990-1995 Premières expériences d’élevage Promotion de ce type d’élevage par les Projets et Diversification des animaux d’élevage non conventionnel (escargots, ONG (CECURI, PISEA, etc.) l’installation de plusieurs cuniculteurs aulacodes, lapins) 1996-1998 Peste porcine africaine (PPA) 1998-1999 Boum de la cuniculture avec Abattage des porcs ; création de l’ANEP et de ses démembrements (CVE, Sous-section et Sections) ; réduction de l’élevage des races locales au détriment de celles métissées et importées avec un développement du système semi intensif Déception des anciens éleveurs de porcs avec les Installation d’au moins 49 cuniculteurs pour Abodégâts de la PPA mey- Bohicon dont le nombre est passé à au 70 en 2002 Politique de vulgarisation et de subvention de la cuniculture adoptée par la coopération CECURIADRAÏ (actuel LOUVAIN développement) 36 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE On traitera successivement des caractéristiques de l’élevage urbain conventionnel et non conventionnel. 2. Les systèmes de production de l’élevage urbain « conventionnel » Les espèces considérées sont la volaille (poules, pintades, canards, dindes), les petits ruminants (caprins et ovin) et les porcins. Les systèmes d’élevage des villes d’Abomey-Bohicon se différencient en élevage familial et élevage commercial. Pendant que l’élevage commercial (objet principal de ce rapport) est à but lucratif avec deux variantes que sont les types intensif et semi- intensif, l’élevage familial n’est pas destiné à la vente et se résume au type traditionnel en divagation ou en semi-liberté dans la cour de la maison. Selon les éleveurs, il existe quatre différents types de système d’élevage commercial auxquels s’ajoute type traditionnel en divagation. Les systèmes d’élevage semi-intensif et/ou intensif adoptés varient d’un individu à un autre compte tenu de l’origine des animaux, de leur mode d’alimentation, de la diversification/ spécialisation de l’élevage, de l’intégration/ou non de la production végétale, du mode de gestion des déchets d’élevage, … (cf. tableau 2.7). Les volailles constituent le point de départ de tous les systèmes de production animale. Les élevages intensifs se sont soit spécialisés dans la filière volaille soit en sont sortis pour se spécialiser dans le porc ou le lapin pendant que la volaille reste associée à différentes espèces (porcs, caprins/ ovins, lapins,…) dans les systèmes semi- intensifs. Abomey et Bohicon comptent au total 7 élevages modernes de types intensifs dont 6 spécialisés dans la volaille (filière pondeuse) et un seul en porcins. 2.1. Aviculture Ces éleveurs de pondeuses ont un cheptel qui varie de 1000 à 3000 têtes. L’élevage de 3000 pondeuses visité produit au moins 100 plateaux d’œufs par jour à raison de 1600 FCFA le plateau. La demande est si forte qu’il ne parvient pas à la satisfaire à tout moment. Les acheteurs sont obligés de passer des commandes des jours à l’avance. Seulement 20% de cette production alimente le marché de consommation des deux communes (Abomey-Bohicon). Selon l’enquêté, le niveau actuel de la production des œufs de l’ensemble des aviculteurs des deux villes est largement en dessous de la demande sur le marché de consommation de telle sorte qu’il envisage de déménager son cheptel du centre de la ville de Bohicon en fin 2003 pour sa ferme à Cana afin de l’élargir à 30.000 pondeuses. Il a aussi en perspective la diversification de son centre d’élevage en introduisant la cuniculture, l’aulacodiculture, l’élevage porcin et l’élevage des caprins/ ovins. N’ayant pas d’électricité sur la ferme, l’éleveur envisage prendre contact avec le projet Songhaï pour la production de biogaz comme source d’énergie à partir des fèces d’animaux qui pour le moment forment un immense tas devant son centre. Signalons que cet éleveur n’envisage point de se lancer dans la production végétale malgré l’ambition d’installation d’une ferme d’élevage ; il préfère acheter les matières premières pour alimenter ces animaux au lieu de les produire car leur production, selon lui, lui reviendrait trop cher. La principale difficulté de ces éleveurs (importateurs) de poussins est la non disponibilité à tout moment sur les marchés nationaux des produits vétérinaires. Pour minimiser cette contrainte, beaucoup d’éleveurs ont choisi l’option de poussins métis en croisant les coqs importés (d’Europe ou du Sahel) avec les poules locales. Ces élevages semi intensifs se sont spécialisés dans la vente des poules et coqs avec l’installation de couveuse artisanale. 37 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Tableau 5.2 : Typologie des systèmes d’élevage en milieu urbain Intégration à l’agriculture Pas de production végétale Mode de gestion des déchets Rejet des déchets ou parfois vente aux producteurs agricoles Production de manioc, de maïs, du soja pour nourrir les Utilisation des déchets pour fertilisation des animaux et pour la consommation terres Non intégré à la production végétale Aucune Pas vraiment Aucune 2.2 Elevage de porcs Beaucoup d’aviculteurs ont associé à la volaille l’élevage de porcs avec des porcs métis dont ils sont aujourd’hui les spécialistes. Par conséquent, l’élevage porcin est en plein développement depuis l’avènement de la PPA. Les éleveurs de porcs jugent cette production plus rémunératrice que celle de la volaille et ils ont bénéficié des incitations et appuis après la peste porcine. Il y aurait 47 éleveurs semi intensifs à Abomey, organisés en groupement coopératif. De nouveaux éleveurs apparaissent parmi les diplômés sans emploi et retraités. Ceux qui manquent de place en ville envisagent de se déplacer en milieu périurbain et, en attendant, pratiquent le système de confiage avec partage des porcelets. Le marché de consommation interne n’est pas négligeable car culturellement le porc est utilisé pendant les cérémonies funéraires lors du « nu kan gnan gni honton ton ». On note aussi la création de nombreux points de vente de viande par des charcutiers dans la ville d’Abomey. La vente des animaux s’effectue dans les maisons avec des pisteurs sur le marché. On voit également le développement de l’intégration entre élevage et gargotes et un intérêt poindre pour la transformation en charcuterie. Néanmoins, une grande quantité de la production est écoulée vers les régions de Porto-Novo, ce qui constitue un risque pour les producteurs qui pourraient se voir à l’avenir concurrencer par des producteurs plus proches de Porto-Novo. 2.3 Elevage d’ovins et caprins Au nombre des animaux d’élevage conventionnel, seuls les caprins et les ovins n’ont pas fait l’objet d’une spécialisation ni d’une production intensive ou semi intensive malgré leur importance culturelle. Seuls les systèmes en divagation (en enclos la nuit ou pendant les saisons pluvieuses et en divagation le jour ou en saisons sèches) ont été rencontrés. Les animaux sont rentrés en raison des vols. Les autochtones élèvent les caprins essentiellement et les Fulani ont des troupeaux d’ovins. La principale raison de cette non spécialisation des éleveurs en production de caprins/ ovins est la faible rentabilité économique de cette filière (espèce peu prolifique, durée de croissance longue, faible prix de vente). 2.4 Matières premières et sources d’approvisionnement Pour faciliter l’approvisionnement en intrants, les producteurs se sont organisés soit en groupement coopératif ou en association où l’adoption du système semi intensif ou intensif est le principal critère d’adhésion. Ainsi, il existe aujourd’hui dans chacune des deux villes un groupement d’éleveurs de porcs et une section ANEP. Une association des aviculteurs d’Abomey et de Bohicon a été créée depuis bientôt 8 mois. Toutefois, ces organisations d’éleveurs n’ont aucune perspective de gestion des déchets. 38 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Tableau 5.3 : Données sur quelques éleveurs de petits bétails à Abomey et Bohicon Localisation Animaux élevés (stock actuel) Destinations de la production Type et Zone provenance clients Type d’intrants d’approvisionnement lieux Déchets et problèmes de voisinage Stratégies adoptées ou envisagées Vidolé 90 porcins Vente sur pied Particuliers, éleveurs et charcutiers Abomey, Bohicon et environs Lapins : herbe et provende produits avec MP locales Bohicon et environs Porcins : tourteaux palmiste, farine de maïs, son de blé de Bohicon SHB, meuniers. Produits vétérinaires : cotonou Excréments et restes d’aliments : tas d’ordures Aucune 40 lapins et Mauvaises odeurs Gbèkon-Hounli 100 poulets Vente sur pied Particuliers et commerçants Abomey-Bohicon et environs Provende avec MP locales et produits vétérinaires de Cotonou Excréments : tas d’ordures ou champs agriculteurs Aucune Gbèkon-Hounli 600 pondeuses Vente sur pied Particuliers et commerçants d’Abomey et environs Provende avec tourteaux coton (SHB), soin de soja (Fludor), son de maïs (maïserie) Excréments : champs les Aucune 100 poulets locaux Jeter dans Produits vétérinaires : Cotonou 25 canards 20 pigeons Goho 308 lapins Vente sur pied Eleveurs, particuliers et commerçants d’Abomey, Bohicon, Dassa, Cotonou Provende CECURI (Cotonou), branches de palmiers et produits vétérinaires (Cotonou) Excréments et restes d’aliments jeter dans les champs Aucune Zakpo 343 lapins Vente sur pied, vente après abattage, vente après transformation Particuliers, éleveurs et charcutiers de Bohicon et environ Lapins : provende CECURI Crottes de lapins offertes aux agriculteurs ou jetées dans la brousse Aucune Vente sur pied Particuliers, éleveurs et charcutiers de Bohicon et environ 30 porcins Adamè Ahito 31 porcins Porcs : tourteaux de palmiste, farine de maïs, son de blé de SHB et meuniers ; produits vétérinaires de Cotonou tourteaux palmiste, farine de maïs, son de blé de meuniers Bohicon . Produits vétérinaires : cotonou Mauvaises odeurs Excréments stockés et jetés sur parcelles vides ou offerts aux maraîchers Aucune Mauvaises odeurs 39 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon Hézonho 900 poulets Vente sur pied Particuliers et éleveurs de Bohicon et environ Provende fabriquée avec matières premières locales achetées à Bohicon et environ Produits vétérinaires : Cotonou Ouassaho 3000 poulets Vente sur pied Particuliers et éleveurs Bohicon, Cotonou, Parakou Natitingou, Djougou Provende fabriquée avec matières premières locales achetées à Bohicon et environ Produits vétérinaires : Cotonou Lissèzoun 1000 poulets Vente sur pied Bohicon et environ, Cotonou Provende fabriquée avec matières premières locales achetées à Bohicon et environ Produits vétérinaires : Cotonou ECOCITE Crottes offerts aux agriculteurs pour enfumer leurs champs Mauvaises odeurs nuisibles à la santé humaine Réflexion en cours pour recyclage ou traitement Crottes et restes d’aliments non consommés vendus à 400F/sac aux agriculteurs mais écoulement difficile Aucune Crottes et restes d’aliments non consommés offerts aux agriculteurs mais écoulement difficile Aucune Le bruits des poulets Source : enquête monographique 40 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Les éleveurs semi intensifs rencontrés utilisent tous les mêmes matières premières et se ravitaillent sur le même marché (tableau 5.3). Tableau 5.4: Matières premières des élevages semi-intensifs Matières premières Lieu d’approvisionnement Tourteau de palmiste Centre ville (Abomey- Bohicon), Sèhoun, Zounzonmè, Lissèzoun Son de blé Cotonou Son de maïs Maïzerie de Bohicon, les meuniers et vendeuses d’akassa Cossette de manioc Glazoué Tourteau de graine de coton SHB, Société Coporel à Bohicon Farine de poisson Société Coporel à Bohicon, Cotonou Coquille Société Coporel à Bohicon, Cotonou Lysine Société Coporel à Bohicon, Cotonou Sel de cuisine Marchés locaux Soja Champs périphériques, marchés locaux, Glazoué La SHB exportent ses tourteaux sauf 10t consommés localement. L’utilisation de déchets industriels est coûteuse et les éleveurs cherchent à l’associer avec des maniocs ou à la transformation in situ des palmistes. 2.4 Lieux d’écoulement des produits d’élevage Tableau 5.4 : Marchés d’écoulement des produits d’élevage Produits d’élevage Prix Lieux d’écoulement Œufs 1600 fcfa/ plateau Abomey, Bohicon, Covè, Cotonou, Dassa, Parakou, Tanguiéta Poule réformée 2500- 3000 fcfa Abomey, Bohicon, Covè, Cotonou, Dassa, Parakou, Tanguiéta Poule métisse 1500- 2000 fcfa Abomey, Bohicon, Cotonou Poule locale 1000- 1500 fcfa Abomey, Bohicon Porcins 10.000- 25.000 fcfa Abomey, Bohicon, Porto-Novo Lapins 2500- 4000 fcfa Abomey, Bohicon, Cotonou, Dassa 3. Les systèmes de production de l’élevage urbain « non conventionnel » La cuniculture est le type d’élevage non conventionnel qui se développe le plus dans les communes d’Abomey et de Bohicon grâce à la politique de vulgarisation, de formation et de subvention mise en place par le CECURI. A l’instar de l’élevage conventionnel, la cuniculture est soit intensive soit semi- intensive. 95% des cuniculteurs des deux villes adoptent le système semi-intensif contre 5% pour le système intensif. La cuniculture familiale qui est faite de quelques têtes de lapins destinées à la consommation domestique n’est pas prise en compte par ses statistiques. Les 41 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE systèmes semi-intensifs, malgré leur spécialisation en production de lapins, associent parfois d’autres élevages conventionnels (porcs, volailles, etc.) Ainsi, nous avons plusieurs systèmes d’élevage de lapins qui peuvent se résumé en : o Système intensif : spécialisation en lapin avec accouplement des lapines tous les 10 jours après mise bas, o Système semi- intensif : spécialisation en lapin avec accouplement des lapines tous les 35 jours après mise bas, o Système semi intensif (accouplement 35 jours) : spécialisation lapin + porcs (métis en semi intensif), o Système semi intensif (accouplement 35 jours) : spécialisation lapin+ volailles (métisses ou importées) En dehors des lapins, il y a quelques élevages semi intensifs d’escargot à Abomey (une trentaine). Mais l’aulacodiculture qui a été essayé dans les années 90 a presque disparu des centres d’élevage. 4. Les systèmes de production animale en milieu rural Une étude approfondie a pu être menée à ce propos dans Sodohomè. Le porcin, le caprin et la volaille constituent dans cet ordre les espèces les plus importantes élevées dans Sodohomè. L’élevage porcin n’est pas possible dans tous les villages en raison d’interdits. Néanmoins, certains paysans contournent cet interdit en pratiquant l’élevage du porc et en s’adonnant à son commerce en dehors de ces villages. Ceci dénote l’enjeu financier associé à cette activité. Signalons que l’élevage du porc est essentiellement aux mains des hommes qui constitueraient 80% des éleveurs11 . Ils détiennent les cheptels les plus nombreux. Ces animaux ont une alimentation essentiellement à base de tourteaux de palmiste achetés dans la ville de Bohicon. Les porcins causent des dégâts sur les cultures et sont à l’origine de conflits entre éleveurs et producteurs. La volaille est constituée à 80% de poulets, 15% de pintade et 5% de canards. La divagation est le mode d’élevage le plus répandu. A l’instar du milieu urbain, on rencontre les modes intensifs et semi intensifs d’élevage qui cohabitent avec le système traditionnel de divagation. Les systèmes de production animale se présente comme suit (tableau 5.5): Tableau 5.5 : Typologie des systèmes d’élevage en milieu rural Système Habitat Intensif claustration totale Provende achetée et/ ou soins rigoureux fabriquée Oeufs (volailles), engrais- Race locale sement Race améliorée ou Vente des petits et des métisse adultes Semi- intensif Claustration semi Provende fabriquée et Moins rigoureux ou totale restes de cuisine Vente des petits et des Race locale et /ou adultes métisse Extensif Inexistant, piquet Cérémonies, tion, vente 11 Alimentation Soins sanitaire au Aucune (animaux laissés Aucun à eux même) Objectif de l’élevage Origines des animaux consomma- Race locale Le cheptel porcin le plus important signalé dans le village de Sodohomè avoisinerait 200 têtes. 42 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE L’élevage porcin connaît un changement notable surtout après les effets dévastateurs de la peste porcine africaine. Ce changement se traduit par une tendance à l’intensification ou à la semi- intensification de l’élevage au détriment du système en divagation. Ainsi, on dénombre parmi les élevages de porcs respectivement 25% et 50% en systèmes intensif et semi intensif. Le système traditionnel existe encore à hauteur de 25%. 4.1 Elevage de caprins Cet élevage s’est développé à nouveau dans certains villages surtout après la peste porcine. Les objectifs poursuivis par les éleveurs sont essentiellement la constitution d’une épargne sur pied, plus rarement un revenu régulier (Kpassagon ou chez les femmes en ville), et pas seulement un élevage pour les cérémonies (Abomey). L’écoulement se fait sur les marchés de Tindji12 ou d’Abomey (Houndjro) où le prix est supérieur. On n’observe pas de changement dans les modes d’élevage, pas d’intensification pour approvisionner le marché en période de cérémonie ni de points de vente au détail de viandes cuites en ville qui permettrait d’écouler régulièrement des quantités de viande. Le marché est contrôlé par une organisation des revendeurs de cabris qui contrôlent la mise en marché à Houndjro. 4.2 Destination des produits d’élevage L’élevage du porc répond essentiellement à une demande extérieure. La presque totalité de la production porcine de Sodohomè et de ses environs serait entièrement vendue à des acheteurs en provenance du département de l’Ouémé. Les caprins sont également surtout vendus. A Sodohomè, 80% des caprins sont commercialisés sur le marché de Tindji et le reste sur celui de Houndjro à Abomey. Les prix des caprins pratiqués sur le marché de Houndjro serait nettement supérieur à ceux de Tindji. Découragés par la distance, les éleveurs de Sodohomè saisissent rarement cette opportunité et préfèrent écouler leur production sur le marché le plus proche. Même la volaille est plutôt commercialisée que consommée. Elle est entièrement écoulée sur le marché de Bohicon qui offre des prix nettement avantageux par rapport aux autres marchés. Les animaux élevés sont donc essentiellement commercialisés, mais pas tous dans les villes les plus proches. Le tableau ci-après (5.6) résume les lieux d’écoulement. Tableau 5.6: Destination des produits d’élevage de l’arrondissement de Sodohomè Espèces animales Proportion autoconsommée Proportion vendue Marché d’écoulement Bohicon Tindji Houndjro Région de Porto-Novo Porcin Marginale 100% 0% 0% 0% 100% Caprin Marginale 100% 0% 80% 20% 0% Volaille marginale 100% 100% 0% 0% 0% 12 Depuis la période des Rois d’Abomey, il est interdit de faire le commerce de cabris sur le marché de Bohicon. 43 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Compte tenu de ce qui précède, plusieurs critères peuvent être utilisés pour une typologie des exploitations animales en milieu rural : o espèces élevées, o niveau de diversification, o niveau d’intensification, o objectifs assignés à l’élevage, o le niveau d’intégration entre agriculture et élevage. 5. Les contraintes, opportunités et perspectives de l’élevage, particulièrement celles liées à la péri urbanité Les contraintes concernent : o accès aux crédits ; o accès à l’eau ; o disponibilité des produits vétérinaires sur le marché local ; o le vol et l’insécurité dans les villes ; o la gestion des excréments en ville et les conflits de voisinage ; o l’approvisionnement en provende à des coûts raisonnables en ville surtout. 5.1 Les opportunités du petit bétail Les opportunités pour le développement de l’élevage et pour son intégration à l’agriculture sont énormes. On peut retenir : o l’existence du marché pour la plupart des produits d’élevage. Par exemple, les différentes cérémonies organisées dans Abomey consomment des porcins « nu kan gnan gni honton ton », des caprins et de la volaille ; o l’existence d’un marché de consommation potentiel dès que le niveau de vie des populations va s’améliorer et le prix de la viande va diminuer. Pour l’instant, la viande reste un produit de consommation exceptionnel (cérémonie, réception d’ « étrangers ») et non usuel en raison de son coût, plus élevé que celui des produits de substitution tels que les fretins, poissons fumés, etc. Elle pourrait entrer dans la composition des sauces, au moins de façon hebdomadaire, si son coût diminue et si le revenu des habitants s’améliore ; o la plupart des éleveurs intensifs disposent de vastes domaines non encore exploités ou peu exploités qui pourraient permettre une agriculture intégrée à l’élevage ; o disponibilité de ressources humaines pouvant s’investir dans le domaine ; o création des syndicats d’éleveurs pour chaque espèce d’élevage. Les revenus sont variables suivant les types d’élevage et leur ampleur. L’élevage porcin semble être très rentable. A titre d’exemple, un éleveur de porc a encaissé 28.000.000 F pour 14.000.000 environ de dépenses. 44 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Ce type d’élevage utilise de la main d’œuvre locale (création d’emploi) et contribue à la formation de jeunes éleveurs ou de jeunes techniciens d’élevage. La quasi totalité des éleveurs ont démarré leurs activités sur fonds propres et font des prélèvements pour la vente. Certains éleveurs utilisent une partie des revenus soit pour améliorer les infrastructures ou pour diversifier leur élevage (cas de l’élevage intensif et des élevages de prestige/d’épargne en constitution). Cette activité semble générer des revenus dont une partie peut être réinvestie. En termes de perspectives on peut retenir : o couplage production et transformation pour les grands éleveurs ; o intégration élevage agriculture (de plus en plus d’éleveurs s’installent sur leurs propres exploitations) ; o spécialisation de l’élevage porcin soit en reproducteurs ou vers l’engraissement ; o développement de l’élevage de lapin et multiplication des points de vente ; o spécialisation (encore rare) de l’élevage bovin vers la production laitière. Le lapin constitue un exemple de développement assisté d’une filière. En effet, les éleveurs bénéficient du soutien du CECURI pour leur approvisionnement en provende et l’écoulement de leurs produits. Partie de rien, cette filière compte aujourd’hui plus de 70 éleveurs en ville (regroupés en association). Les atouts de la filière sont la durée faible du cycle et le bon taux de croissance de l’espèce. Il reste des opportunités de commercialisation, non seulement via les gargotes locales, mais aussi sur les marchés ou autres centres de vente en ville. Par ailleurs, pour l’instant cuirs et peaux ne sont pas utilisés. 5.2 Problèmes environnementaux Il faut noter qu’en dehors de quelques rares éleveurs intensifs qui valorisent les déjections animales, la pratique n’est pas courante. Les nuisances de ces déjections animales constituent l’essentiel des problèmes environnementaux que pose le petit élevage. La nouvelle loi sur l’hygiène risque de provoquer quelques changements dans les élevages urbains et périurbains et pourrait amener les éleveurs à mieux valoriser et éliminer les déchets et effluents liquides des élevages. Rares sont les grands élevages qui ont des puisards ou des cuves pour récupérer les lisiers et les évacuer. De grands tas de fientes et sciures constituent la devanture d’élevages avicoles, alors que les producteurs voisins cultivent des terres dégradées et épuisées. 5.3 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation Parmi les enjeux, nous retiendrons, les enjeux liés - au bon voisinage des éleveurs et des habitants en milieu habité, - à la possibilité de s’approvisionner localement en aliments du bétail à faible coût, - à la possibilité de conserver un contrôle des débouchés locaux et d’autres débouchés (Porto Novo pour le porc, divers centres de grande consommation pour les œufs et le lapin, Bohicon pour les caprins d’Abomey, etc.), 45 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE - à la concurrence interne que peuvent se livrer les éleveurs ayant des systèmes d’élevage très différents, ou au contraire à leurs complémentarités (production de géniteurs, de petits par les gros intensifs par exemple). Un paradoxe de l’élevage est de ne pouvoir mieux valoriser ses sous-produits, malgré la présence de nombreux producteurs agricoles cultivant sur des terres très dégradées à une faible distance. Une meilleure information sur la valeur des produits, des tests en milieu paysan et une concertation entre agriculteurs et éleveurs devraient permettre de régler ce problème. Un autre paradoxe est que les grandes industries agroalimentaires produisent de très grandes quantités de tourteaux et que ceux-ci sont essentiellement utilisés ailleurs, y compris à l’exportation. Un dernier paradoxe est la dépendance de l’élevage des sources d’aliments industriels ou venant d’ailleurs, alors qu’une partie pourrait provenir de l’agriculture locale. 5.4 Questions de recherche pour Ecocité Cette étude exploratoire a révélé que l’élevage porcin est en plein essor dans les communes d’Abomey et de Bohicon, mais elle n’a pu donner plus de détail sur la filière. Il nous semble qu’il serait intéressant d’étudier et d’analyser cette filière porcine depuis la production jusqu’à la consommation dans tous ses différents aspects. Ainsi nous retenons pour la recherche des thèmes suivants : - l’étude de la filière porcine dans Abomey et Bohicon, - les alternatives de valorisation des déchets d’élevage en milieu urbain et périurbain, - les forces et faiblesse du système de confiage du petit bétail en milieu urbain et péri- urbain, - les possibilités d’intégration de la production végétale à l’élevage en milieu péri- urbain. L’élevage du petit bétail est en pleine intensification dans les communes d’Abomey et de Bohicon avec une très forte demande interne. Toutefois la faible valorisation des déchets d’élevage constitue un problème environnemental auquel les éleveurs n’ont pas trouvé d’issue. 46 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE VI. ELEVAGE BOVIN DANS LA ZONE URBAINE ET PÉRIURBAINE D’ABOMEY Anne Floquet et Augustin Kouévi Les travaux ont été menés à Abomey ville et à Lanta au bord du Couffo à la périphérie Ouest du plateau sur la route Abomey-Azovè. La ville de Bohicon n’abrite pas d’élevage bovin. 1. Caractéristiques de l’élevage urbain 1.1 Origine et développement de l’élevage A Abomey traditionnellement, l’élevage bovin était constitué de bovins de race lagunaire qui étaient attachés au pied de palmiers. L’introduction de grandes races et de pâturages en troupeau serait assez récente et a été située à la période coloniale vers les années 30. Des commerçants fulani se seraient installés pour mieux pratiquer leurs activités commerciales et auraient crée le quartier Zongo puis auraient démarré un élevage. Des autochtones se seraient alors intéressés à cet élevage des Fulani et auraient demandé à confier des animaux. Ce confiage n’aurait pas démarré tout de suite pour raison de méfiance et incompréhension linguistique. C’est du temps du père de notre interlocuteur, actuel chef des Fulani13 dans la ville, que la pratique s’est développée (années 50-60). Puis des éleveurs ont commencé à venir du Nord en quête de travail et se sont faits recommander par le père de l’intéressé aux autochtones en quête de bouviers. Aujourd’hui, c’est l’intéressé qui joue ce rôle. Les bouviers arrivent du Niger, du Burkina, du Mali, du Nigeria. En milieu rural influencé par la ville, en particulier le long du fleuve Couffo (à une trentaine de kilomètres de la ville), ce sont également des urbains qui au départ sont à l’origine de l’élevage Bovin. En effet, certains Fulani descendant avec des animaux en transhumance ont été sollicités par des propriétaires fonciers intéressés par l’élevage. A Lanta, le long du Couffo sur la route Abomey-Azovè, l’interrogé est arrivé dans les années 60 et a été sollicité par un Fon d’Abomey, chef de collectivité, intéressé à investir dans l’élevage. Celui-ci a acheté un vaste domaine en bord de rivière. Les terres de la zone n’étaient alors pas cultivées. Le Fulani s’est vu confier 12 têtes puis le troupeau a crû. Les cultivateurs Adjas qui se sont installés dans la zone s’intéressent depuis à cette activité et sollicitent le premier peuhl arrivé pour qu’il les aide à trouver des bouviers. Il est ainsi devenu « gouverneur des peuhls ». Il y aurait aujourd’hui une vingtaine de collectivités Fulani dans l’arrondissement de Lanta, qui pour certaines ont plusieurs bouviers. La zone de pâturage est aujourd’hui très intensivement cultivée avec, entre autre, de la tomate de contre-saison le long du Couffo et de ses affluents14 . L’intensification s’explique par la double combinaison route goudronnée et eau. La tomate approvisionne les marchés d’Abomey et d’Azovè. Ce développement rend le pâturage des animaux plus difficile, et l’accès à l’eau quasiimpossible. Même aux confins du plateau d’Abomey en bord de fleuve donc, la conurbation 13 Le grand-père du chef des Peuhls d’Abomey n’était pas venu pour le commerce mais comme interprète d’un prisonnier politique guinéen, Alpha Yaya, assigné à résidence à Abomey. Il venait lui même du Sénégal et parlait le français. 14 Le domaine foncier du propriétaire est aujourd’hui cultivé par près d’une centaine de cultivateurs qui lui en ont demandé l’autorisation. 47 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE d’Abomey-Bohicon exerce une influence certaine en incitant les producteurs à exploiter intensivement les bas-fonds pour le maraîchage. 1.2 Typologie des élevages en milieu urbain et rural Aujourd’hui en milieu urbain, les élevages se répartissent comme suit : - 70% sont des troupeaux gérés par des bouviers salariés ne détenant pas d’animaux euxmêmes, - 12% sont des troupeaux gérés par des bouviers qui se constituent un cheptel propre de quelques têtes en plus des troupeaux de leurs propriétaires - 18% sont des troupeaux gérés par leurs propriétaires Fulani eux-mêmes. La taille des troupeaux varie de quelques têtes à plusieurs centaines de têtes pour quelques grands éleveurs peuhls. Le chef des Peuhls en a dénombré 24 de 15 à plus de 400 têtes, auxquels il faudra sans doute ajouter des élevages de moins de 15 têtes. A ces élevages, il faut ajouter les élevages des commerçants du parc à bétail qui engraissent une partie des animaux qu’ils parviennent à acheter. Par exemple, un commerçant qui parvient à acheter 100 bêtes va en revendre 40 pour se reconstituer un capital et poursuivre ses achats, et en engraisser 60. Cette activité intéresse aussi beaucoup les Fulani de la localité mais ils sont limités par le capital et en particulier, n’ont aucun accès au crédit des marchés financiers formels. De ce fait seule une dizaine de commerçants parvient à pratiquer cette activité. Les Fulani de Bohicon ne peuvent garder leurs animaux à Bohicon, qui est trop urbanisé et les envoient à Abomey ou à Agbangnizoun. Contrairement à ce qui est observé à Abomey, il n’y a en milieu rural que des élevages d’autochtones confiés à des bouviers, qui eux-mêmes se constituent un troupeau en propre. Parmi les autochtones, il faut différencier des troupeaux de 60-70 têtes appartenant à des individus et des troupeaux appartenant à plusieurs personnes (5-10) se regroupant en association et ayant jusqu’à 90-100 têtes. Dans les associations on aurait même des propriétaires qui n’ont pas de terre, ni de cultures. Encadre 6.1 Rencontre avec un retraité, petit propriétaire de bovins du quartier Adandokpodji, Abomey urbain Il possède quelques têtes de bovins (taurins) qu’il confie à un bouvier contre prélèvement du lait. Quand il était plus jeune il les menait lui même au pâturage et en trayait le lait. Le lait constitue selon lui une source de revenu très appréciable car une vache va produire un à deux litres par jour pendant plusieurs mois et ce lait se vend 200 à 250 fcfa le litre. Mais il n’a pu convaincre un de ses enfants à prendre la relève, contrainte culturelle oblige. Quand il a des besoins d’argent, il vend des animaux. Il élève également deux à trois truies de race améliorée et leur suite dans des enclos bétonnés et en claustration. La petite taille de l’élevage lui évite semble-t-il de produire des nuisances. 1.3 Les bouviers et les propriétaires d’animaux Il n’existerait qu’une forme de contrat entre bouvier et propriétaire de bovins. Le bouvier amène les animaux au pâturage en début de journée et les ramène en fin d’après-midi. Il surveille avec attention les différents comportements des animaux et signale les anomalies au propriétaire. Il trait le lait chez les vaches allaitantes et contrôle l’allaitement des petits. En fonction des relations avec le propriétaire ou des facteurs inclus dans la structure de la rémunération, il s’occupe du nettoyage des enclos, du stockage des bouses. 48 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Les propriétaires en contrepartie du travail exécuté par les bouviers leur doivent le lait des vaches et un salaire mensuel négocié compris entre 6.000 et 12.500FCFA en fonction de la taille du troupeau, de la composition (la présence de vache allaitante entraîne une réduction du salaire), et des activités supplémentaires incluses dans les obligations du bouvier. Il faut noter que certains bouviers gagnent 15.000 à 20.000F par mois. Les propriétaires se chargent de tous les autres investissements liés à l’élevage : traitements sanitaires, approvisionnement en eau (eau courante, puits, citernes ou retenue d’eau de ruissellement), aménagement et réfection des enclos… En milieu rural, il semble que le salaire soit de l’ordre de 10.000 FCFA par mois auquel s’ajoute le lait. Les bouviers qui restent longtemps peuvent se constituer un troupeau. Les dégâts en divagation s’arrangent encore à l’amiable avec dédommagements. Il n’y a pas de relations suivies entre le responsable de la zone et les peuhls d’autres régions limitrophes. Le lait est un droit irrévocable du bouvier. Il peut être vendu frais (200 à 300F le litre) ou transformé en woagashi, un lait caillé qui entre ensuite après friture dans la composition des sauces. Le lait participe parfois plus au revenu du bouvier que son salaire ! Le chef des peuhls de la localité a des répondants au niveau des quartiers où il y a des peuhls (Agnagna, Hountondji, Djegbé), qui règlent les petits différents, ou portent les autres à son niveau. Les conflits portent sur des ruptures de contrat entre propriétaires et bouviers salariés, entre bouviers et leurs apprentis. Les commerçants menant des troupeaux vers le parc à bétail ne relèvent pas de son autorité et ces convois n’occasionneraient pas beaucoup de dégâts. 1.4 Zones de pâturage et itinéraires techniques Les itinéraires techniques des élevages urbains semblent varier selon les modes de pâturage et les objectifs des propriétaires des animaux. Les objectifs des propriétaires autochtones sont, pour certains chefs de collectivité, d’avoir chaque année un lot d’animaux à abattre lors de grandes cérémonies, pour d’autres d’avoir une caisse d’épargne sur laquelle se rabattre lors de crises ou de grosses dépenses. Selon les objectifs et possibilités des propriétaires, le troupeau peut être déstocké de façon impromptue ou au contraire, maintenu voire agrandi par vente des mâles contre achat de femelles. Les objectifs des bouviers sont d’avoir beaucoup de lait et peu d’accidents et de pertes qui créent des tensions avec les propriétaires. Mais ils n’ont semble-t-il guère de marge de manœuvre. Un autre élément de typologie est la zone de pâturage, cantonnée à la ville et ses abords immédiats d’une part, éloignée d’autre part. Beaucoup d’autochtones refusent que leurs animaux pâturent loin d’Abomey et exigent que les animaux reviennent chaque soir à la maison afin de contrôler leurs bouviers. Ils craignent en effet le vol. Les animaux pâturent alors dans les pourtours de la ville, en centre ville dans les zones incultes des palais, et sont abreuvés en ville avec l’eau de la SBEE. Ce mode de pâturage est courant avec les petits troupeaux de quelque têtes ou dizaines de têtes. Les Fulani quant à eux vont plus loin dans les zones de plus grande disponibilité fourragère. Ils vont par exemple vers la rivière de Detohoun et dans les bas-fonds d’Agbangnizoun. Détohoun constituait traditionnellement une zone de pâturage mais la zone a été vendue à de nouveaux propriétaires qui y installent des fermes et font des cultures au bord du cours d’eau au point d’en rendre impossible l’accès. La négociation entre ces propriétaires et les Fulanis n’a pas abouti à un compromis (malgré la présence de l’ancien maire) et l’accès est toujours difficile. Selon l’interlocuteur, c’est une tactique pour décourager l’arrivée de bouviers. Les bas-fonds d’Agbangnizoun ne constitueraient pas une zone très favorable au pâturage non plus. En saison des pluies, les bas-fonds sont trop humides et en saison sèche, ils sont mis en culture. Le problème de délimitation de couloirs de passage a été posé aux autorités (directeur de l’élevage) mais rien ne se produit. 49 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Le pâturage est rarement complémenté par des graines de coton. L’affouragement n’est pas non plus pratiqué. Le chef des peuhls voit néanmoins la nécessité de cultiver des fourrages sur des parcelles comme des agents de développement le lui ont expliqué. Mais il n’a jusqu’à présent pas eu l’information ni pu voir de parcelles de recherche avec de telles cultures15 . Les élevages Fulani et ceux des « bons propriétaires » sont suivis pas les vétérinaires. Mais l’accès aux produits vétérinaires est difficile et le seul vétérinaire à Bohicon semble décourager l’installation d’un dépôt de produits pharmaceutiques pour conserver un monopole sur la vente de produits. Certains animaux sont parqués la nuit dans des carrés lotis mais non construits. Une petite habitation est installée pour le bouvier et sa famille. Un bac permet d’abreuver les animaux. Les animaux n’ont pas toujours d’abri, semble-t-il. En milieu rural, en saison des pluies, les animaux se déplacent sur 1 à 1,5 Km et en saison sèche sur 5 km. Ils reviennent le soir dans leurs parcs. Ces parcs sont clôturés. Des abris sont construits pour les veaux et la traite. Dans notre cas, le troupeau s’est agrandi progressivement et il est réparti aujourd’hui en trois troupeaux qui sont confiés à trois bouviers différents. Le propriétaire fait venir un vétérinaire qui assure le suivi des animaux. Le pâturage devient de plus en plus difficile, non seulement en bas-fonds comme énoncé plus haut, mais aussi en plein champ, car beaucoup de parcelles sont en rotation maïs-coton-manioc sous coton. Il est alors presque impossible de rentrer en saison sèche pour faire pâturer les résidus à cause de la présence du manioc. Les adjas ne connaissent pas l’utilité des bouses de vaches, même pas pour les maraîchers et donc ne cherchent ni à faire pâturer et parquer des animaux dans leurs champs ni même à ramasser la poudrette dans les parcs (sauf une exception qui vient chercher ces bouses par sac pour ses orangers). Ce manque d’intégration rend encore plus difficile le pâturage des résidus de récolte. Les cultivateurs arguent que le piétinement cause d’ailleurs trop de dégâts. Pourtant les Fulani interrogés déplacent régulièrement leurs parcs et cultivent derrière. Ils obtiennent de très bons rendements en maïs qui étonnent les riverains. Les mises bas ont lieu en fin de saison sèche (beaucoup de veaux actuellement). Les animaux mâles sont vendus vers l’âge de 3-4 ans, « quand ils dérangent les femelles ». 2. Valorisation des produits d’élevage Le lait est valorisé par la famille Fulani. Chaque vache donne 1,5 à 2 litres de lait pendant 2 à 3 mois de lactation puis la production diminue. Les femmes transforment le lait en fromage. Des commerçants viennent régulièrement d’Abomey surtout et déposent même de l’argent pour s’assurer l’approvisionnement. En ville, le lait se vend frais et en foura dans le quartier Zongo. Certains autochtones viendraient eux aussi en commander. Le lait se vend à 200 FCFA le litre, ce qui ne serait pas assez attractif. Le fromage se vend en boule de caillé provenant d’un litre et demi de lait et se vend à 350 f, rarement 400 FCFA. Ce mode de valorisation est donc aussi intéressant qu’en frais et le produit coule bien sur le marché. La demande pour les animaux de boucherie ne cesse de croître avec l’urbanisation. C’est pourquoi les éleveurs Fulani ne souhaitent pas partir loin du marché au bétail de Bohicon, fréquenté par de nombreux acheteurs du sud. A la campagne, les animaux malades sont vendus aux boucheries de la localité (Klouekanmè). Une bonne partie des animaux est abattue lors des grandes cérémonies annuelles organisées par 15 Pourtant nous connaissons plusieurs parcelles d’essai en milieu paysan à proximité de la ville installées sur initiative de la recherche-développement (INRAB) et de l’IITA/ILRI. 50 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE les chefs de collectivités familiales. Les achats de femelles pour reconstituer le troupeau se font sur le parc à bétail de Bohicon. L’objectif du propriétaire est donc essentiellement une « autoconsommation cérémonielle ». 2.1 Le marché de bovins de Bohicon L’ancien site utilisé comme marché de bovin a été occupé par de nouveaux propriétaires suite aux travaux de lotissement. La Circonscription Urbaine de Bohicon a alors octroyé un nouveau site à Saklo, mais les marchands de bovins ont refusé de s’y installer parce qu’ils le jugent éloigné et insécurisant pour les grandes transactions qui sont faites chaque jour. Ce refus est aussi lié à la crainte de l’imposition de taxes et aux menaces des personnes expropriées pour dégager ledit site. Les courtiers du marché ont alors négocié avec des membres de la famille royale Béhanzin la location de l’actuel site au coût de 20000FCFA par mois. L’actuel site, une palmeraie proche du « goudron » reliant Abomey à Bohicon, n’est pas clôturé et ne dispose d’aucun point d’eau. Le marché est composé de plusieurs acteurs dont les plus importants sont les marchands de bovins, les acheteurs, les courtiers, les chargeurs, les transporteurs, les bouviers, les vétérinaires et les restauratrices : o Les courtiers (qui sont tous des Peulhs) sont les véritables gestionnaires du marché de bovins. Ils perçoivent chez les acheteurs de bêtes une taxe appelée “sossoukwè” de 1500F par tête. Ils se sont donc organisés en Comité de Gestion pour assurer grâce à une cotisation journalière par courtier, les charges liées au fonctionnement du marché. o Les autres acteurs du marché ne sont pas impliqués ni financièrement ni moralement dans cette organisation. o L’accès au marché est libre et gratuit pour tous les marchands de bovins. Ces derniers viennent de Djidja, Sèto, Savè, Glazoué, Pahouignan, Dassa, Agouna, Tchèti, Abomey, Burkina-faso, Togo. o Les bouviers assurent le pâturage des animaux pendant leur séjour (1 semaine en moyenne) au marché aussi bien pour les marchands (avant vente) que pour les acheteurs (avant enlèvement) pour une somme de 500F par bête. o Les chargeurs s’occupent de l’embarquement des animaux à bord de véhicules utilitaires (bâchés et camions) à raison de 1000F par bête. o Les vétérinaires examinent les animaux sur pieds et délivrent des laisser-passer aux véhicules devant les transporter hors de la ville de Bohicon. o Les clients viennent de toute la région au sud de Bohicon (Cotonou, Porto-Novo, Ouidah, Lokossa, Aplahoué, Azové) et même du Nigéria. Une partie des animaux vendus au marché de bovins est abattue à l’abattoir de Bohicon, une partie encore probablement achetée par les bouchers de la ville qui les stockent sur pied plus ou moins longtemps. En période de fêtes, les moutons transitent sur le marché de bovins car l’accès leur est strictement interdit au marché central. La fonction d’embouche sur place ne semble pas être développée (à vérifier auprès des bouchers locaux par exemple ou de peuhls résidents). 51 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Photo 6.1 : Chargement d’animaux sur le parc à bétail de Bohicon en direction de Cotonou 2.2 Organisation des Fulani C’est une association nationale16 dont un démembrement a été installé à Abomey en 1989 sous la présidence du Père de l’enquêté. Le fils a pris la succession du Père après son décès en 1999. Cette association s’est fixé comme objectifs de : o Contrôler les déviances sociales observées chez certains Peulhs comme l’abus d’alcool, la consommation de chanvre indien, le vol, la violence et les difficultés d’intégration dans les communautés où ils s’installent o Défendre les professions de bouvier et éleveurs et gérer les conflits entre bouviers et paysans L’association dont le siège national est à Parakou souffre d’un grand désordre depuis le décès du Président National Osséni Ouga en 2000. Cette situation affecte la légitimité et l’autorité des responsables d’antennes aussi bien aux niveaux départementaux que ex sous-préfectoraux. L’antenne “Laawolfulfuldé” d’Abomey comprend une vingtaine de bouviers au service des autochtones et une dizaine d’éleveurs tous résidents. Les transhumants s’orientent plutôt vers les zones où sont disponibles en saison sèche l’eau et le pâturage, ce qui n’est pas le cas à Abomey. Le responsable de l’association coordonne le recrutement des bouviers par les autochtones et participe au règlement d’éventuels conflits entre bouviers et propriétaires d’animaux. 3. Opportunités et contraintes liées à la péri urbanité 3.1 Maintien de l’accès aux ressources fourragères et problèmes fonciers En ville, une contrainte majeure est liée à la suppression des zones de pâturage et à la disparition des couloirs d’accès aux points d’eau en zones périurbaines en raison d’une utilisation plus inten16 Entretien avec le chef des peuhls d’Abomey sur l’Association nationale des Peulhs “Laawolfulfuldé” traduction « la voix des Peulhs » 52 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE sive des terres de cultures, et plus particulièrement des bords de cours d’eau. L’avenir de cet élevage est conditionné par le maintien de l’affouragement qui suppose: o La délimitation de zones de pâturage périurbaines et de couloirs de passage vers ces zones et points d’eau, ce qui suppose une planification concertée de l’utilisation de l’espace qui devient de plus en plus difficile quand l’espace est approprié de façon privative et cultivé de façon intensive. Néanmoins, les intérêts des éleveurs peuvent coïncider avec ceux des ressources naturelles si cette délimitation permet de mettre en défens des zones de forêts galerie, des zones sensibles à l’érosion, des zones de protection en amont des villes qui les protègent en partie des ruissellements excessifs. o Le développement d’affourragement complémentaire (soles fourragères installées en relais dans des parcelles cultivées avant leur mise en jachère, « cut and carry » à partir de plantations agro-forestières, « mise au propre grâce à du pois d’Angole » de carrés encore en attente de construction, utilisation des résidus –mais là la concurrence avec les autres élevages qui en dépendent est rude-, échanges des fanes d’arachide contre des bouses de vaches, etc.). Il conviendrait de bien cibler les animaux qui vont bénéficier de ces compléments. L’embouche d’animaux arrivant du Nord constitue probablement une activité économiquement intéressante qui valoriserait des compléments. Il en est de même pour le lait. o Le maintien en milieu urbain d’espaces publics inconstructibles et des zones de palais également inconstructibles pouvant également constituer ou demeurer des zones de pâturage de proximité, surtout en saison sèche. Ces zones peuvent être des pâturages de graminées à usage de pelouses, des jachères saisonnières dans des zones de culture pluviale, des plantations forestières du type Acacia dont le recru est pâturé, ou des plantations sylvopastorales. Cette alternative nécessite un peu de réflexion car il n’est pas évident que la coexistence entre urbains, qui utiliseraient ces espaces pour circuler d’un point à un autre ou comme espaces récréatifs, et bovins soient jugée acceptable par les premiers. L’embouche des animaux maigres arrivant sur les parcs à bétail en provenance du Nord pourrait constituer une opportunité encore sous-développée. Elle dépend d’un accès aux marchés financiers qui jusqu’à présent semblent ignorer les éleveurs, même sédentaires, bien que ceux-ci soient détenteurs d’un capital sur pied aisé à chiffrer et plus aisé à prendre en caution que la terre. Ces nouveaux systèmes seront plus faciles à mettre en place quand le propriétaire élève lui-même ses animaux. Quand les animaux sont confiés à des bouviers, ceux-ci sont intéressés par le lait, le propriétaire par des animaux à abattre. Qui cultivera les parcelles fourragères sachant que les bouviers n’ont alors pas de terre, et que certains propriétaires n’en ont pas non plus, en dehors des carrés qui abritent les animaux ? A la campagne, les bouviers ne voient guère de possibilités de négociation pour se garantir un droit à l’espace, surtout si c’est la même propriétaire foncier qui décide de l’installation des bouviers et des cultivateurs. L’idée d’investir dans la terre ne leur paraît pas faisable (à creuser). 3.2 Problèmes liés au pâturage des animaux en ville La circulation des animaux en ville pose un problème de sécurité pour les usagers et les riverains des routes. Le pâturage et l’approvisionnement en eau des animaux deviennent de véritables casse-tête en saison sèche. En dehors des alentours du palais, des zones Zassa et Agblomè-Lévi, les bouviers sont obligés de s’éloigner vers les zones périphériques entre Adandokpodji et Sota, vers Sèhoun, Sonou, Gnassata, Tognizali, Guéguézougou pour faire paître les animaux sur les parcelles non clôturées, les terres cultivées et brûlées après la dernière saison de pluie. Certains 53 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE éleveurs sont obligés de déplacer leurs troupeaux à Cana, Kinta (vers le Hlan), Sinwé (vers les affluents du Couffo) pour avoir de l’herbe fraîche et de l’eau. 3.3 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins en concertation Le grand enjeu est l’avenir même de ces élevages et l’espace qui leur sera réservé à l’avenir tant en milieu urbain que rural. Leur maintien dépend o de l’apport de l’élevage à l’approvisionnement de la ville, qui peut ou non inciter les propriétaires d’animaux à eux aussi investir dans la terre pour en faire des espaces de pâturage ou d’affouragement, o de la contribution future de l’élevage à la gestion de la fertilité des terres (qui encourage les agriculteurs à les laisser occuper les même espaces qu’eux), o de la contribution de l’élevage à la gestion d’espaces boisés reconnus d’utilité publique, à la gestion d’espaces encore incultes (mais cela ne peut être que transitoires) et à la gestion d’espaces de palais. Par ailleurs, un enjeu est le lait et sa valorisation. Si le lait constitue le salaire d’un bouvier ayant peu d’influence sur le système d’élevage, il y a peu d’intérêt tant pour le propriétaire à intensifier le système d’élevage et peu de possibilité pour le bouvier de le faire. Et nous ne sommes pas entrés dans les sphères de négociation au sein des familles d’éleveurs, alors que le lait est transformé en fromage par les femmes. Enfin un enjeu est le contrôle des parcs à bétail où sont commercialisés les animaux. L’importance du parc de Bohicon est clairement apparue durant le diagnostic. Or ce parc est informel, provisoire et pas équipé (ni clôture, ni eau). Vu l’importance de la demande en bétail qui afflue sur Bohicon, la modernisation et le déplacement du parcs à bétail est un enjeu qui concerne les responsables des communautés peuhl et les élus des deux communes. Le chef des peuhls à Abomey envisage même un financement à crédit pour la construction d’un parc attractif à Abomey et une gestion par les éleveurs (de l’avis de l’enquêté, ceci constituera une source de recettes et d’emploi assez intéressantes pour la commune). Ce thème devra être approfondi ultérieurement. 3.4 Thèmes de recherche et de concertation inter-acteurs Que ce soit à la périphérie des villes ou dans les zones favorables au pâturage, donc à proximité des cours d’eau, l’élevage devient de plus en plus difficile du fait de la culture de plus en plus intensive en particulier dans les bas-fonds. La position sociale des Fulanis, éternels étrangers de passage ne favorise pas l’expression de leurs droits à l’espace. Pour l’instant, ils se maintiennent grâce à des relations de patronage. De plus les cultivateurs n’exploitent pas les interactions positives potentielles que constituent la valorisation des bouses de vache et à terme l’introduction de soles fourragères pour produire des fourrages à commercialiser ou à faire consommer par son élevage ou en échange de parc nocturne. La valorisation de la fumure organique a fait l’objet de nombreuses études techniques mais plus rarement d’études socio-économiques prenant en compte les différentes options qui s’offrent aux paysans. Le désintérêt des cultivateurs pour ces apports, alors qu’ils utilisent de l’engrais chimique, est-il justifié économiquement ? Il apparaît que les seuls agents de développement que les éleveurs connaissent sont les vétérinaires et qu’ils n’ont pas accès aux informations techniques de la vulgarisation et de la recherche. La production de fourrages de complément, sous toutes ses options, n’a jamais été testée avec ces 54 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE éleveurs. Pourtant le milieu urbain et périurbain constitue à priori un terrain favorable à l’adaptation et à l’adoption de telles mesures. Un thème de concertation inter acteurs pourrait porter sur la constitution de zones, respectivement de culture et de pâturage sur les terroirs ruraux et périurbains, ainsi que la délimitation de couloirs de passage. Une telle mesure, qui suppose le « recasement » de certains agriculteurs trop amputés, demande un travail presque aussi important que le lotissement (!) pour des enjeux un peu moins importants, du moins à court terme. Pour s’engager dans une telle voie, une bonne base de cartes détaillées sur les ressources naturelles et leurs potentialités et risques, le foncier et les divers ayant droits, les modes passés, actuels et futurs des utilisations serait indispensable. En zone périurbaine, on prendra en compte aussi les zones à fort ruissellement en amont de la ville. Un bon reboisement et aménagement de petites retenues en amont ne permettraient ils pas de s’épargner des kilomètres de canaux de drainage en ville et les problèmes d’évacuation de ces eaux en sortie de la zone urbaine tout en contribuant à résoudre les problèmes de pâturage? Ceci pourrait constituer un thème de recherche pour les aménagistes. Une bonne base de cartes permettrait également de faciliter la discussion. 55 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE VI. TRANSFORMATIONS AGROALIMENTAIRES A ABOMEY ET BOHICON Pascaline Assogba et Akobi Innocent 1. Principales transformations La plupart des spéculations vivrières font l’objet de transformation agroalimentaire dans les villes d’Abomey et de Bohicon et dans leurs périphéries. Cette activité se réalise aussi bien dans le cadre familial que dans les groupements de femmes. Le développement ci-dessous concerne essentiellement les transformations agro-alimentaires commercialisées. Il s’agit par exemple de : o la transformation des graines de néré en afitin, o la transformation du maïs en lio, akassa, gowé, klèklè o la transformation des noix de palme en huile de palme et en huile palmiste, o la transformation du manioc en gari et en tapioca, o la transformation de l’arachide en kluiklui et en huile o la transformation du vin de palme en alcool (sodabi) La distillation est en expansion, à la fois pour le marché local et pour tout le Nord du pays : le ‘B↵hik↵n’ est une appellation courante pour l’alcool produit (origine plateau d’Abomey et plateau Adja, plateau d’Allada, avec ou sans sucre). Les techniques de transformation sont essentiellement rudimentaires et artisanales sauf dans le cas de la fabrication du gari où les râpes et les presses sont utilisées pour améliorer la productivité du travail et pour réduire la pénibilité du travail des femmes. Il existe des spécialités localisées : les noix de palmiste (Tendji, Kpassagon) constituent une base du marché de Kpassagon et un « s↵ji » à Bohicon, le lio. 1.1 L’afitin La production d’afitin est une spécificité d’Abomey-Bohicon et de sa périphérie. L’afitin est produit un peu partout dans la zone périurbaine d’Abomey et de Bohicon et plus particulièrement à Dètohoun, Agbokpa, Zounzonmè, Sèhoun, Saclo. Le néré, matière première de l’afitin est un produit de cueillette qui provient des forêts et des jachères des communes environnantes ainsi que des départements des Collines et du Nord. Le néré est vendu dans les marchés de Houndjro et de Bohicon. La production du afitin s’étend sur quatre à cinq jours et implique les femmes de tous les âges. L’afitin produit est déposé dans un panier, transporté jusqu’au marché (Houndjro, Bohicon, Ahito) pour être vendu au cours de la journée. Le transport se fait au moyen de vélo conduit par les transformatrices elles-mêmes. Malgré la saisonnalité de la cueillette du néré, l’afitin est produit par les transformatrices régulièrement et en toute période de l’année. Les transformatrices ont indiqué qu’elles font un chiffre 56 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE d’affaire journalier de 10.000 à 12.000F CFA pour la transformation de 25 mesures de graines de néré. Le prix de la mesure (tohoungodo) de graine de néré varie entre 250F et 300F CFA. Selon les femmes, il n’y a pas de mévente malgré le nombre de femmes transformatrices de graines de néré dans la région périurbaine d’Abomey-Bohicon. La demande semble augmenter ces dernières années (à vérifier). Du fait des difficultés d’approvisionnement en néré, on parle de plus en plus de l’introduction du soja dans la fabrication de l’afitin. 1.2 Le lio Le lio est le produit de transformation du maïs le plus couramment rencontré à Abomey-Bohicon et environs. Il est consommé quotidiennement par la plupart de la population. Le lio est surtout produit par les femmes des villages Lèlè, Houawé, Zounzonmè, Gboli, Tanvi. Le lio produit dans cette région du pays a une renommée régionale. Le maïs, principale matière première de la fabrication de lio provient de la propre production et aussi de l’achat. Le maïs est acheté au marché lorsque le prix est bas et est stocké pour la production du lio. Selon les transformatrices, 20 mesures (Tohoungodo) de maïs sont nécessaires pour la préparation d’environ 200 boules de lio. Le lio est emballé dans les feuilles de manioc ou de « za » (Daniella oliveri). Le zaman se cherche encore dans la brousse mais les feuilles de manioc se vendent. Il faut entre 300 et 400F CFA de feuille de manioc pour emballer les 200 boules de lio. Le processus de transformation s’étend sur deux jours. Après la double cuisson, le lio est vendu soit dans le village par certaines femmes productrices, soit au marché Houndjro ou Bohicon ou Ahito ou au bord des voies bitumées en direction de Cotonou ou de Parakou. Certaines femmes se lancent en achetant à crédit du maïs en période d’abondance qu’elles transforment. Cela leur permet de se constituer progressivement un capital. 2. Opportunités et contraintes des transformations La demande croissante est une opportunité pour ces deux types de transformation. Le facteur limitant à la production d’afitin est la disponibilité de graine de néré. Ce produit semble maintenir voire accroître sa clientèle locale et dans les grandes villes et ne serait pas concurrencé par le « cube » avec quelques efforts17. Le lio est un produit qui n’a pas conquis les marchés urbains de la côte comme d’autres. Il est moins populaire que l’akassa et aussi que les gowé, akpan, etc. Mais vu la faible production locale de maïs, sera-t-il possible de lui garantir une place plus importance dans le panier de la ménagère hors des zones de production ? 3. Enjeux et groupes stratégiques Afitin : Un enjeu tourne autour de la qualité du produit puisque certaines femmes commencent à produire le afitin-soja en mélangeant les graines de soja et de néré. Cela règle en partie les difficultés d’approvisionnement en néré et serait plus facile à produire mais cela risque de ternir la 17 Une étude au Sénégal a montré qu’il n’y a pas de concurrence entre le « cube » et le nététou, condiment à base de néré 57 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE réputation de cette spécialité. Le contrôle de qualité et le maintien de la réputation du produit constitue un enjeu aussi au sein des productrices d’afitin-fon (néré pur) car parfois, une femme « rate » le processus de fermentation et tente de le camoufler, vendant ainsi un produit frelaté. Un autre enjeu tourne autour des places de vente sur le marché (cf. marché). Lio : Un enjeu tourne autour de la capacité à produire localement du maïs qui puisse être transformé. 4. Thèmes de recherche Ces filières de transformation spécifiques à la région Abomey-Bohicon et environs seront décrites de la transformation à la consommation; offre et demande seront comparés. Les relations entre consommations respectives d’afitin, cube et afitin soja seront étudiées. La contribution de ces filières au maintien d’espaces cultivés et de ligneux (emballage, graines de néré, bois de feu) sera évaluée. 58 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE VII. APPROVISIONNEMENT DES VILLES DE BOHICON ET D’ABOMEY Victor Gbessèmèhlan & Dossa Aguèmon 18 1. Le marché de Bohicon 1.1 Description sommaire du marché Administrativement, le marché de Bohicon relève du quartier d’Ahouamè-Ahito, arrondissement de Bohicon II. Premier marché du Zou et quatrième au plan national, Bohicon a deux composantes : Sèhi et Ganhi. Il est constitué d’un noyau central continu de divers stands et se prolonge sous forme de tentacules le long des rues adjacentes. De cette façon, certains stands se sont dédoublés aujourd’hui. En 20 ans, la taille de ce marché a quintuplé. On y rencontre des hangars de fortune essentiellement concentrés en son centre mais aussi des bâtiments en dur abritant les marchandises19 . Plusieurs stands de produits y sont rencontrés y compris les produits manufacturés. Il s’agit : o des produits agricoles (céréales, légumineuses, oléagineux, l’igname, le taro, les produits maraîchers), o les produits de transformation (gari, lio, cossette d’igname, farine d’igname, afitin, huiles20 , savons21 ), o les produits d’élevage (animaux sur pieds : volaille, chat, chien ; viandes de bœuf et de caprin), o les animaux morts séchés ou autres ingrédients magico religieux ; o les produits de pêche : poisson fumé ou frais congelé ; o les produits de la vannerie et de la poterie ; o les produits manufacturés (tissus, produits utilisés dans la coiffure et la tresse, produits cosmétiques, etc.) ; o les produits alimentaires industriels (tomate en boite, lait condensé, sucre, pâtes alimentaires, etc.). Outre la vente de produits, un certain nombre de services y sont offerts : c’est notamment le cas de la coiffure, de la tresse, de la couture, Nous nous sommes surtout intéressés aux produits agricoles dans le cadre de cette étude exploratoire du programme Ecocité. 18 Ce rapport est la synthèse des rapports des binômes Tossou & Ramanou ; Tohinlo & S. Tossou ; Babadankpodji & Akobi; Gbessèmèhlan et Aguèmon. 19 Il existe en outre des latrines publiques dont l’accès est payant. 20 Il s’agit de l’huile de palme, l’huile d’arachide et de palmiste. 21 Outre le savon artisanal appelé ‘Kooungui’, à base d’huile de palmiste et de cendre, on y rencontre les savons de fabrication industrielle comme le palmida, les savons cosmétiques, etc. 59 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Figure 7.1 : Schéma du marché de Bohicon avec positionnement des stands de produits agricoles 60 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 1.2 ECOCITE Les flux au niveau du marché de Bohicon Les céréales, les légumineuses, l’igname, les huiles, le gari, le lio 22, le afitin 23, la tomate et le piment, l’oignon, l’orange, les cossettes d’igname et de manioc sont les produits auxquels nous nous sommes intéressés pour en analyser les flux. Les céréales Les terres de barre entourant le marché étant fortement dégradées, la zone périurbaine contribue très peu à l’approvisionnement en céréales des villes. De plus, Bohicon est un grand marché de transit et de redistribution entre les zones de production du nord et les zones de consommation du sud et la plus grande partie des céréales commercialisées sur ce marché sont une partie des flux Nord – Sud ou, plus rarement, en provenance du plateau Adja (cf. étude exploratoire). Les légumineuses Plus de 70% des légumineuses présentes sur le marché de Bohicon provient de la commune de Savalou (schéma 7.2). Le reste est fourni par la région Adja, les marchés de Malanville et de Ouèssè. La clientèle est constituée de consommateurs sur place ou de commerçants en provenance des marchés de Covè, Glo, Zê, Sékou, Ouègbo, Allada, Toffo, et Cotonou. Il est très probable que Cotonou soit la première destination des légumineuses vendues sur le marché de Bohicon. Schéma 7.2 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en légumineuses Savalou Adja Malanville Ouèssè Source : ecocité, 2003 Le gari Le marché de Bohicon dépend à 80% du plateau Adja (Klouékanmè et Azovè) et à 20% de Houègbo pour son approvisionnement en gari ordinaire (schéma 7.3). Le gari ‘’de luxe’’ dit Sohoui en provenance de Savalou constitue une quantité marginale. Le gari est acheté par les consommateurs et détaillantes sur place ou réexporté vers Malanville qui semble en constituer la première destination. 22 Pâte de maïs fermentée et conditionnée sous forme de boule emballée dans des feuilles de palme. Ressemble à l’akassa. Constitue une spécialité régionale. 23 Condiment préparé à bas de graines de néré fermentées et cuites, pouvant être utilisé cru ou cuit. Cette « moutarde » diffère de celle du nord Bénin et constitue une spécialité locale appréciée 61 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Schéma 7.3: Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en gari Adja Houègbo Source : Op. cit L’huile de palme L’huile de palme vendue sur le marché de Bohicon provient à hauteur de 50% d’Allada suivie de Toffo (20%). Zogbodomè, Zakpota et Bohicon même se partagent la part restante à proportion égale (schéma 7.4). C’est ici une des rares exceptions où Bohicon contribue à son approvisionnement. L’achat peut se faire directement dans ces zones de production ou sur le marché où les commerçantes locales en provenance de ces zones viennent vendre les jours du marché. La période d’abondance va de Décembre à Avril. L’huile de palme est vendue aux femmes détaillantes ou directement aux consommateurs. Une majeure partie est réexportée vers les départements du Nord et celui des Collines. Schéma 7.4 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en huile rouge Allada Toffo Zogbodomè Zakpota Bohicon Source : op. cit Huile d’arachide Le nombre de commerçants toutes catégories confondues au niveau de cette filière est estimé à 200. C’est l’un des rares produits pour lesquels la commune de Bohicon approvisionne son propre marché à hauteur de plus de 50% (schéma 7.5). Apparemment, les transformatrices de cette ville s’approvisionnent en arachide dans les zones de production. Soulignons que dans certaines localités de Bohicon comme l’arrondissement de Sodohomè, l’arachide constitue derrière le maïs la deuxième culture. Deux autres localités assez proches (Zakpota et Covè) fournissent le reste à proportion égale, soit 22% chacune. 62 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Figure 7.5 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en huile d’arachide Bohicon Zakpota Covè Source : op. cit. L’huile d’arachide est vendue sur place aux consommateurs ou à des commerçants venus en majorité de Cotonou. L’huile de palmiste Toute l’huile de palmiste vendue sur le marché de Bohicon proviendrait de la commune de Zakpota. Particulièrement abondant durant la période de Janvier à Août, ce produit devient rare le reste de l’année où sa production est négativement influencée par celle du coton dans Zakpota. Ce produit est essentiellement écoulé en direction des Collines ou transformé en savon artisanal destiné à l’usage local ou exporté. La tomate et le piment 50% de la tomate et du piment vendus sur marché de Bohicon proviennent de Malanville 24 comme en témoigne le schéma 7.6. Le reste est fourni par les localités du plateau Adja, par Sèhouè, Djidja et Houègbo. Schéma 7.6 : Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en tomate et piment Malanville Adja Sèhouè Djidja Houègbo Source : op. cit 24 En saison sèche, 100% de la quantité de tomate rencontré sur le marché de Bohicon provient de cette localité. 63 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Ces produits sont essentiellement écoulés sur place où viennent s’approvisionner les femmes détaillantes et les consommateurs individuels. Remarquons que les flux sont fortement saisonniers et se succèdent dans le temps, les tomates de plein champ alternant avec celles de décrue et de zones irriguées. L’orange 80% des oranges rencontrées sur le marché de Bohicon proviennent de Zakpota qui de surcroît constitue la seule source d’approvisionnement en saison sèche. Le reste provient du plateau Adja (Klouékanmè, Azovè, Dogbo et Toviklin) et de Covè comme en témoigne la figure ci-dessous. Ce produit est essentiellement écoulé sur place où viennent s’approvisionner les consommateurs locaux et les femmes détaillantes de la localité. Schéma 7.7: Source d’approvisionnement du marché de Bohicon en orange Zakpota Adja Covè Source : ECRIS (Février 2003) L’igname Le Togo, le Nord Bénin, le département des Collines et la commune de Djidja constitueraient dans cet ordre les sources d’approvisionnement les plus importantes du marché de Bohicon en igname. Faisons remarquer que Djidja, la plus proche de ces sources d’approvisionnement de Bohicon, et qui en a été le grand pourvoyeur durant des décennies, n’intervient plus qu’en dernière position. Ceci s’explique à la fois par la réduction de la production dans les savanes de Djidja, déjà passablement déforestées et par le rôle de transit que joue Bohicon dans l’approvisionnement des villes du sud. Une grande partie des productions d’igname arrivant sur le marché sont en fait réexportées. Environ 20 grossistes permanents commerçants d’igname dont 5 hommes et 15 femmes sont présents sur le marché. Ce chiffre avoisinerait 40 en saison d’abondance du produit entre Décembre et Mars. Outre la mévente, la faiblesse des moyens financiers des commerçants explique cette tendance enregistrée durant la période de soudure. Le produit est écoulé sur place où il est vendu directement à des consommateurs ou à des détaillantes venues des localités environnantes. Cotonou semble en constituer la plus grande destination. 64 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Le lio et le afitin Le lio, un produit de transformation à base de maïs constitue une spécialité des régions d’Abomey et de Bohicon. Il existe même un label de ce produit dans Bohicon : le lio de Houawé25 réputé de qualité exceptionnelle. Disponible en toute période de l’année, ce produit dispose d’un stand sur le marché mais est aussi vendu au bord des artères de la ville. Il est essentiellement écoulé sur place et en direction de Cotonou. L’intégration dans cette filière semble se faire par un mode de succession, les filles étant initiées par leurs mères et cela de génération en génération. A l’instar du lio, le afitin est un produit de grande consommation tant sur place que dans le reste du pays et il constitue une spécialité régionale dont on acquiert le savoir-faire en vivant quotidiennement auprès de celles qui pratiquent l’activité (filles et belle-filles). Le marché de Bohicon est approvisionné par les localités de Dan, Kpokissa, Tindji, Domè, et Agbangnizoun. Ce produit dispose d’un stand et se vend aussi à travers les artères de la ville. Beaucoup de consommateurs de passage vers Cotonou s’approvisionnent au niveau des stations services. En résumé, c’est seulement pour l’huile d’arachide, le lio, et le afitin que la contribution de la commune de Bohicon à l’approvisionnement de son propre marché est significative. Les localités qu’on pourrait considérer proches d’elles à savoir Djidja et Zakpota contribuent à son approvisionnement pour respectivement igname/maïs d’une part, et pour l’huile de palmiste et agrumes d’autre part. Bohicon semble dépendre surtout de l’axe Malanville, des régions de Savalou, de la région Adja pour son approvisionnement en vivriers, mais c’est aussi parce que la fonction de redistribution du marché de Bohicon est au moins aussi importante que celle d’approvisionnement local. 1.3 Modes et stratégies d’approvisionnement et d’écoulement On distingue plusieurs circuits d’approvisionnement/achat : o le circuit direct (producteur - commerçant) : ceci se rencontre dans toutes les filières explorées ; o le circuit court (commerçant - commerçant détaillant) : il s’observe généralement entre commerçants d’une même filière. Celui qui ne dispose pas du produit pour cause de pénurie ou d’incapacité financière négocie auprès de celui qui en dispose moyennant une majoration par rapport au prix de revient mais qui permet également à l’acheteur de réaliser un bénéfice en fonction du prix courant sur le marché. La confiance joue beaucoup dans ce type de transactions ; o le circuit moyen (producteur– intermédiaire -commerçant) : il se rencontre également au niveau de toutes les filières mais semble plus caractéristiques des secteurs comme l’igname (où les racoleurs et les relations semblent jouer un grand rôle), le gari, l’huile de palme, et en général pour tous les produits provenant de longue distance. Le produit peut être acquis au comptant, à moitié comptant, ou à crédit26 moyennant parfois des majorations de prix ; 25 26 Houawé est un quartier de Bohicon. Ce faible niveau d’organisation de ce secteur de commerce de vivriers limite l’accès des commerçantes aux crédits. La grande difficulté des commerçantes dans ce cadre est la garantie exigée par les structures de finances et de micro finances. En effet, les femmes ne disposent pas de garantie suffisante pour prouver leur solvabilité auprès de ces structures 65 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE « Tôt le matin les jours de marché, je me pointe sur l’une des places de stationnement des véhicules de commerçants d’huile rouge en provenance d’Allada ou de Houègbo. A leur arrivée, je négocie un certain nombre de bidons d’huile de palme à crédit. Je retourne à mon créancier la part correspondant au volume que j’ai pu vendre dans la journée. S’il me fait confiance, il me permet de garder la part du stock non vendu jusqu’au prochain jour de marché. Dans le cas contraire, ce stock lui est retourné » ; a déclaré une détaillante d’huile de palme. La vente à crédit intervient surtout en période d’abondance. Malgré ses inconvénients, elle permet à une bonne frange des commerçants de se maintenir dans la filière27. Mais toutes les quantités de produits déversées sur le marché de Bohicon ne sont pas consommées localement. En effet, une partie de certains produits comme les cossettes, l’oignon et l’igname sont ré-exportés vers les zones Adja et Malanville. Bohicon est donc à un carrefour pour le commerce des produits vivriers. Plus ou moins les mêmes types de circuit observés dans l’approvisionnement se répètent en matière de vente. La vente à crédit devient surtout importante en périodes de mévente (grande abondance ou renchérissement des prix) avec les risques associés déjà énumérés plus haut. 1.4 Gestion du stock avarié Des cas d’avaries sont observés28. Nous ne sommes pas en mesure d’avancer des chiffres à propos de ce phénomène. Mais l’ampleur de ce phénomène varie d’un produit à un autre et touche beaucoup plus les produits périssables comme la tomate. Le gari échappe à ce phénomène. Les réactions des commerçants en cas d’avarie varie selon les produits comme en témoigne le tableau ciaprès. Tableau 7.1 : Destination du stock de produits avariés Produits Orange Destination du stock avarié Déversement sur les tas d’ordures Igname Légumineuses Vente à prix réduit et à perte Alimentation des animaux Tomate et piment Vente à prix réduit et à perte29 En cas d’abondance, déversement sur tas d’ordures Huiles Directement recyclées dans la fabrication du savon ou revendu dans ce but Vannerie Raccommodé et revendu au prix de revient Poterie Recyclé dans le remblai des lieux de vente Source : op. cit. 27 Du côté de l’écoulement, elle permet de fidéliser une frange des clients en même temps qu’elle augmente les risques d’impayés, occasionnant parfois des conflits entre vendeurs et acheteurs. 28 C’est essentiellement le maïs et dans une moindre mesure les légumineuses qui font l’objet de mesures de conservation particulières. 29 Les gargotières semblent friandes de cette qualité de tomate pour la friture. 66 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE De l’analyse de ce tableau, il ressort que les produits avariés sont soit o jetés sur les tas d’ordures, ce qui entretient l’insalubrité ; o donnés aux animaux, ce qui constitue un excellent exemple de recyclage tout comme le traitement réservé aux produits de poterie avariés, et o revendus moins cher, ce qui pourrait comporter de menaces pour le consommateur. Il reste que ce dernier est conscient de ce qu’il achète, mais il n’a peut-être pas beaucoup de choix. Contrairement aux céréales et légumineuses, les huiles avariées sont recyclées dans la fabrication du savon artisanal dit ‘’Coungui’’. 1.5 Conditions d’accès au marché Les modes d’accès à une place dans le marché sont soit de type « moderne », soit de type « traditionnel » : o location de maison par les propriétaires des maisons voisines du marché, o location de magasins30 auprès de propriétaires, ce qui donne droit à la devanture pour vente en détails, o dons de place par un proche parent, o « héritage ou succession » : c’est notamment le cas dans le secteur de la poterie et de la filière lio, où les places sur les stands de marché sont transmises de mère en fille ou bellefille. Sur une même place, on peut assister à un système rotatif de vente planifié par les commerçantes elles mêmes : c’est notamment le cas avec les vendeuses d’afitin. Aujourd’hui, les possibilités d’expansion du marché de Bohicon sont limitées. Sa croissance reste conditionnée par la capacité des riverains à louer leur construction pour servir de point de vente ou de magasin. Et cette possibilité se réduit chaque jour un peu plus. Or les transactions sur ce marché continueront d’augmenter probablement, si l’on s’en tient uniquement à son caractère de marché de transit. Seule une croissance verticale ou une restructuration profonde pourrait permettre à ce marché de se développer sur quelques années encore. A cet effet, les constructions en hauteur entreprises par un opérateur économique privé au cœur de ce marché pourraient desserrer un peu la pression. Mais elle provoque une certaine privatisation du marché. 1.6 Gestion du marché de Bohicon Le marché de Bohicon s’anime avec une périodicité de 4 jours. Il est géré par un comité de gestion composé de 17 membres et présidé par le chef de la circonscription urbaine ; cette présidence est transférée aujourd’hui au maire de la commune. Ce comité veille au fonctionnement du marché31. Les recettes communes du marché sont constituées de taxes prélevées sur les commerçants par des agents collecteurs au service du comité de gestion. Mais le taux de recouvrement des taxes a connu une baisse inquiétante ces dernières années pendant que le marché s’agrandit de jour en jour. A l’origine de cette situation, le refus de certains commerçants de s’acquitter de ces taxes par 30 Les frais de location varie entre 8.000 et 22.000 francs CFA selon les cas. Il est aussi possible d’avoir une place à la devanture d’un magasin pour ses ventes le jour du marché moyennant 50 F CFA. 31 Notamment assurer les dépenses de fonctionnement et d’investissement, collecter les ordures. 67 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE incivisme, résistance à un système politique, etc. Des percepteurs sont même passés à tabac de temps en temps et souvent sans recours efficace pour, entre autres causes, l’absence de synergie et de vision différente entre services techniques. L’encadré ci-après présentant le compte rendu d’une séance de travail à la veille de la décentralisation entre une équipe du PADeCom-Zou et le chef de la circonscription urbaine entouré de ses collaborateurs illustre suffisamment cette situation. Encadré : Entretien sur le marché avec le Chef de la circonscription urbaine de Bohicon entouré de ces collaborateurs Chef cir : Notre marché ne fonctionne pas bien car les recettes ont chuté de façon inquiétante ces dernières années. A quoi cela pourrait être dû ? Mr. Guédégbé, adjoint au CBAE : Entre temps, vous nous envoyiez sur le terrain pour prêter mains fortes aux collecteurs du marché. Avant cela, nous croyions que ces derniers détournaient une partie des recettes. Mais nous avons constaté que ce sont plutôt les usagers du marché en particulier les femmes qui résistaient à payer les taxes. Même le balayage du marché ne les intéresse pas. Mr Langanfin ; C/BAE : En plus de ces causes avancées par mon collaborateur, j’ajoute que le nombre de collecteurs est insuffisant, ce qui occasionne un faible taux de couverture. Mr le C/BAF : Selon moi, il y a 2 causes principales à l’origine de cet incivisme fiscal : Les usagers sont astreints à beaucoup d’autres taxes informelles par lesdits propriétaires terriens du marché, c’est urgent de lutter contre cette situation ; Il y a une tendance à intoxiquer la population. La politique s’en est mêlée. Même tout récemment, des gens ont publiquement promis de supprimer les taxes sur les marchés dès qu’ils seront aux affaires de la commune. Chef cir : Avez vous poursuivi les analyses pour savoir pourquoi cette résistance à payer les taxes ? Mr. Guédégbé : Ils soutiennent qu’ils ne vendent plus comme auparavant. Et quand nous leur demandons les raisons de cette chute des ventes, ils nous répondent « N’est-ce pas vous qui, pour avoir mangé du riz, avez confié la direction de ce pays au pouvoir en place32 ? » Chef cir : Quelles dispositions aviez-vous prises face à cette situation ? Mr Guédégbé : J’ai suggéré à mon supérieur hiérarchique direct (C/BAE) qu’on vienne vous voir. Force doit rester à la loi. Mais nous n’avons pas les moyens de les contraindre. Il est impérieux que les collecteurs soient couverts par la gendarmerie et la police. Les bonnes dames vont jusqu’à les tabasser. Et quand nous portons plainte devant la gendarmerie, les gendarmes nous disent de ne pas les embêter, qu’ils n’ont pas notre temps, que nous embêtons inutilement les bonnes dames, et tout ceci devant ces dernières. Il y a à peine un mois, Soglo et Toussaint ont été passés à tabac. Mêmes les Ghanéens passent nos collecteurs à tabac ! Chef cir : C’est préoccupant, cette situation. Car sans les recettes, on ne peut investir comme il le faut dans le marché. Même les dépenses de fonctionnement ne sont pas actuellement couvertes par les niveaux de recettes. En outre, il existe sur le marché des associations de commerçants qui essaient de coordonner les actions au niveau des stands. 1.7 Opportunités et contraintes des filières et plus particulièrement celles liées à la péri urbanité La situation géographique de la ville fait d’elle une ville carrefour favorable à l’approvisionnement provenant d’autres zones et l’écoulement allant vers d’autres régions. Bohicon constitue la commune la plus peuplée du Zou avec une population avoisinant 110.000 habitants, ce qui entretient une demande croissante en vivriers. C’est un atout potentiel pour 32 Allusion aux distributions de riz des partis politiques durant les campagnes électorales 68 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE l’agriculture périurbaine. Mais d’un autre côté, cela peut constituer une contrainte pour cette même agriculture consommatrice d’espaces en réduisant les superficies cultivables. Le marché actuel est petit, insalubre et les capacités de stockage semblent limitées. Le projet de construction d’un nouveau marché pourrait permettre à Bohicon de garder sa place de marché carrefour. Certains produits agricoles périurbains et urbains ne sont pas commercialisés sur le marché, comme par exemple les lapins, agoutis, poulets de chair. Les consommateurs doivent s’adresser aux producteurs, les commerçants achètent chez ces producteurs et écoulent vers Cotonou, souvent hors marché. La poissonnerie semble également absente du marché. Le marché ne semble pas s’adapter aux changements des modes de consommation et ces segments de marchés sont au mieux pris en main par des boutiques. 1.8 Problèmes environnementaux Des problèmes environnementaux se posent sur le marché de Bohicon : o Le marché est encombré de déchets ménagers et de sachets plastiques, même certains riverains y déverseraient leurs déchets à la faveur de la nuit. Les produits avariés sont déversés sur les tas d’ordures. Le ramassage est assuré par la circonscription (périodicité). Les produits avariés ne paraissent pas être recyclés correctement. o Le marché fait l’objet d’inondations régulièrement à la faveur des pluies. o La progression tentaculaire du marché à travers les artères adjacentes pose des problèmes de sécurité aussi bien pour les usagers que pour les riverains. o Les conditions de stockage des produits vivriers font craindre pour leur qualité (souillures, aflatoxine). o Le stand d’animaux séchés constitue une source d’odeurs à l’origine de désagrément pour les riverains tout comme pour les passants. Un besoin d’assainissement de ce marché se fait sentir chaque jour un peu plus. 1.9 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins de concertation L’accès à une place dans le marché Le marché semble une plaque tournante incontournable pour de nombreuses personnes. En témoignent les diverses stratégies développées pour y avoir une place ou pour y être présent ne serait-ce que le jour du marché, comme par exemple ‘’payer 50 F CFA pour vendre ses marchandises durant la journée sur la place d’un autre vendeur’’. L’intégration dans les filières Il existe des barrières à l’entrée dans certaines filières au niveau du marché de Bohicon. Ne vend pas du afitin qui veut. Il en est de même de la poterie. Dans ces deux filières, on observe un mode d’intégration essentiellement basée sur les liens de parenté, de mère en fille et sur des générations. Des situations similaires sont observées dans d’autres filières. 69 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Perception des taxes sur le marché de Bohicon La bataille autour des taxes entre commerçants et agents collecteurs et tous les développements afférents illustrent suffisamment cet enjeu. Outre ces deux catégories, les forces de l’ordre et l’administration locale constituent les groupes stratégiques engagés sur ce front. On peut aussi ajouter les propriétaires terriens. C’est le contrôle des ressources et l’exercice du pouvoir des uns et des autres qui est en jeu. Un besoin de concertation entre ces acteurs semble nécessaire pour une meilleure performance du marché. 2. Le marché d’Abomey 2.1 Description sommaire du marché Houndjro Bien que plus ancien, le marché principal d’Abomey, Houndjro, est aujourd’hui beaucoup plus petit que celui de Bohicon. Les jours de marché des deux localités sont différents. Administrativement, le marché d’Abomey se situe à cheval sur Hountondji et Hounli, deux quartiers qui relèvent respectivement de l’arrondissement de Vidolé et de celui de Hounli même. A l’instar de la plupart des marchés du pays, celui de Houndjro est clôturé. En saison sèche, le marché s’anime à l’intérieur de l’enceinte où des emplacements sont définis. L’emplacement des animaux déborde sur la voie bitumée. Les vendeuses de lio et de pain s’installent au bord des voies, tout autour du marché. En face du marché de Houndjro, on observe des boutiques bien achalandées. Ces boutiques utilisent une partie de l’espace des maisons qui entourent le marché. Mais contrairement au marché de Bohicon, celui de Houndjro n’a encore englouti des maisons. Les rues qui mènent au marché ne sont pas complètement bondées en saison sèche. La situation peut être inversée en saison pluvieuse. Un peu plus loin sur les chemins qui desservent les villages environnants, certaines femmes s’installent pour acheter égussi, maïs et autres produits agricoles provenant des environs: c’est une sorte de marché périphérique. Plusieurs stands de produits sont rencontrés sur le marché de Houndjro. Il s’agit o des produits agricoles (céréales, légumineuses, oléagineux, l’igname, le taro, les produits maraîchers), o les produits de transformation (gari, lio, cossette d’igname, farine d’igname, afitin, huiles33 , savons34 ), o les produits d’élevage (animaux sur pieds : caprins, volaille, chat, chien ; la viande de bœuf et de caprin), o les produits de pêche : poisson fumé ou frais congelé, o les produits de la vannerie et de la poterie, o les produits manufacturés (tissus, produits utilisés dans la coiffure et la tresse, produits cosmétiques, etc.), o les produits alimentaires industriels (conserves, pâtes alimentaires, sucre etc.). A l’instar de Bohicon, les services de coiffure, de tresse, et de couture y sont offerts. 33 34 Il s’agit de l’huile de palme, l’huile d’arachide et de palmiste. Outre le savon artisanal appelé ‘Kooungui’, on y rencontre les savons de mode de fabrication industriels comme le palmida, les savons cosmétiques, etc. 70 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 2.2 ECOCITE Les flux au niveau du marché de Houndjro Les animaux, en l’occurrence les caprins et ovins, les produits maraîchers, et dans une moindre mesure le afitin et le lio sont les produits auxquels nous nous sommes intéressés. Les animaux Le marché des animaux à Houndjro reste dominé par les caprins. On y observe quelques ovins, de la volaille, des porcins et accessoirement des chiens. A 8h 40’, 152 cabris y étaient déjà dénombrés et 135 personnes35 avec autant d’hommes que de femmes. Seulement cinq vendeurs ont un hangar, chacun d’eux disposant d’une moyenne de 10 têtes de cabris. Apparemment, ce sont les plus grands du secteur. Les autres vendeurs restent debout en tenant en mains les cordes attachées au cou de leurs animaux. Les moyens utilisés dans le transport des animaux pour le marché sont le vélo et la moto. La majeure partie des cabris vendus sur le marché de Houndjro provient des maisons situées dans les villes d’Abomey et de Bohicon 36, et des villages environnants. Les animaux arrivent aussi de la périphérie plus lointainte (jusqu’à 40 km) : Djidja, Agouna, Mougnon, Agonli, Tindji, Zakpota, Zakpo, Agbangnizoun, Da-Handjigon, Kinta, Zounzonmè, Zoungbo, Sinwé, Avokanzoun, Sonou, Gnizinta, Zogbodomey, Doumè, Otola, Lagbado, Avogbana, Zangonou, etc. Les vendeurs de petits ruminants sont bien organisés en association. Toute intégration à cette filière est subordonnée à un accord et au versement d’une « dot ». Les animaux volés sont également vendus dans le marché Houndjro. Selon les dires des vendeurs, les anciens reconnaissent les animaux volés et ne les achètent pas. Les nouveaux qui intègrent le segment sont initiés à cette technique, ce qui permet de préserver une certaine intégrité aux niveaux des vendeurs. Comment se fait cette initiation ? Comment reconnaît-on les animaux volés ? Secret professionnel. La vente sur le marché est très réglementée. Un acheteur occasionnel a peu de chance d’acheter sa bête auprès des cyclistes ou motocyclistes qui viennent des villages environnants du marché comme on l’observe dans le cas des vivriers. Les porcins sont vendus dans les maisons ou après abattage, en quartiers de viande dans une multitude d’étalages situés partout dans la ville. Les cultures maraîchères Le gombo, les légumes feuilles tels que le gboman (Solanum sp.), le soman (Celosia sp.), la tomate et le piment sont les produits maraîchers les plus répandus sur le marché de Houndjro. Les sources d’approvisionnement varient selon les saisons. La vallée du Couffo (Tandji, Togba) constitue l’unique source d’approvisionnement de Houndjro en saison sèche où les vendeurs sur le marché sont essentiellement constitués des femmes d’Agbangnizoun. Mais les hommes sont également présents sur ce segment. Cinq ont été dénombrés. En saison pluvieuse, c’est Détohou et les 35 36 Il s’agit des vendeurs, des acheteurs, et des intermédiaires. Bohicon ne dispose pas de marché de cabris. Cela semble interdit. 71 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE autres arrondissements d’Abomey qui constituent la source d’approvisionnement de Houndjro en maraîchers. Il y a même une production maraîchère entre les palais royaux. La majeure partie des produits maraîchers est écoulée sur place où viennent s’approvisionner des consommateurs et des revendeuses des environs de Bohicon et d’Abomey. Une faible quantité est écoulée sur Cotonou. En résumé, la contribution de la commune d’Abomey à l’approvisionnement de son propre marché semble significative pour les petits ruminants, la volaille, le lio, le afitin et en partie pour le maraîchage. 2.3 Modes et stratégies d’approvisionnement et d’écoulement On distingue plusieurs circuits d’approvisionnement/achat : o le circuit court (producteur-commerçant) : ceci se rencontre dans toutes les filières explorées. o le circuit moyen (producteur-intermédiaire -commerçant) : ceci se rencontre également au niveau de toutes les filières mais semble plus caractéristique des secteurs comme l’igname (où les racoleurs et les relations semblent jouer un grand rôle), le gari, l’huile de palme, et en général pour tous les produits provenant de longue distance. Le produit peut être acquis au comptant, à moitié comptant, ou à crédit moyennant parfois des majorations de prix comme cela a été observé à Bohicon. La vente à crédit intervient surtout en période d’abondance. Ici aussi, elle permet à une frange de commerçantes de se maintenir dans la filière. Très peu de produits ont été étudiés sur le marché de Houndjro. Mais les produits qui y sont vendus sont ceux identifiés sur celui de Bohicon. Il est très probable que les stratégies d’écoulement soient identiques sur les deux marchés. D’ailleurs, il y a des commerçants qui sont présents sur les deux marchés à la fois. Des cas d’avaries sont observés. Nous ne sommes pas en mesure d’avancer des chiffres à propos de ce phénomène. Mais l’ampleur de ce phénomène varie d’un produits à un autre et touche beaucoup plus les produits périssables comme la tomate. Le gari échappe à ce phénomène. Les réactions des commerçants en cas d’avarie varie selon les produits et sont identiques à celles observées à Bohicon. 2.4 Conditions d’accès au marché Le marché de Houndjro semble compartimenté selon les lieux de provenance. Ainsi, certains villages ont des emplacements sur le marché. Les cas de Détohou et de Zounzonmè sont rapportés. Ceci ne concourt pas au développement de stands homogènes selon les produits (soji) comme c’est le cas à Bohicon. Nombreux sont cependant les marchés qui fonctionnent suivant ce mode d’accès à l’espace de vente. C’est donc d’abord à l’intérieur de sa propre communauté géographique que les négociations d’accès à une place dans le marché sont engagées. Il est très probable que ceci offre plus de facilités d’accès au marché à un nouveau commerçant contrairement à ce qui prévaut en général à Bohicon. Il reste que les mêmes modes d’accès rencontrés à Bohicon vont se répéter ici. Mais certainement avec des ampleurs différentes. A l’instar du marché de Bohicon, les possibilités d’expansion de celui d’Abomey sont limitées même si le problème semble se poser avec moins d’acuité. Sa croissance reste conditionnée à la 72 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE capacité des riverains à louer leur construction pour servir de point de vente ou de magasin. Et cette possibilité se réduit chaque jour un peu plus. Seule une croissance verticale pourrait permettre à ce marché de se développer harmonieusement sur quelques années encore. 2.5 Gestion du marché Houndjro Le marché d’Abomey s’anime avec une périodicité de 4 jours. Il est géré par un comité de gestion présidé par le chef de la circonscription urbaine ; aujourd’hui le maire de la commune. Ce comité veille au fonctionnement du marché37. Les recettes communes du marché sont constituées de taxes prélevées sur les commerçants par des agents collecteurs au service du comité de gestion. Sur ces dernières années, les recettes générées par Houndjro sont supérieures à celles du marché de Bohicon qui est pourtant beaucoup plus grand. Une analyse comparée des modes de gestion de ces deux marchés serait intéressante. En outre, il existe sur le marché des associations de commerçants qui essaient de coordonner les actions au niveau des stands. Un magasin de stockage loue des places aux commerçantes qui veulent mettre leurs produits en lieu sûr. 2.6 Opportunités et contraintes, et plus particulièrement celles liées à la périurbanité L’essor du marché de Houndjro reste handicapé par celui de Bohicon. Il joue un rôle de second plan par rapport à Bohicon. Mais ce marché a une spécialité que n’a pas celui de Bohicon : la vente de petits ruminants. Abomey constitue avec Zakpota les communes les plus peuplées du Zou derrière Bohicon. Ce qui entretient une demande croissante en vivriers. C’est un atout potentiel pour l’agriculture périurbaine. Mais d’un autre côté, cela peut constituer une contrainte pour cette même agriculture consommatrice d’espaces en réduisant les superficies cultivables. Abomey est relié directement au plateau Adja ainsi qu’à Djidja qui demeure de grandes zones de production agricoles. Il peut servir de relais dans la commercialisation de ces régions. 2.7 Problèmes fonciers et environnementaux Quoique que apparemment mineurs, des problèmes environnementaux se posent sur le marché d’Abomey : o Le marché est encombré de déchets ménagers (feuilles d’emballage, légumes non vendues) et de sachets plastiques38 . o Houndjro est traversé de part et d’autres par de principales artères. Ce qui, à l’instar de Bohicon pose des problèmes de sécurité aussi bien pour les usagers que pour les riverains. o Le marché fait l’objet d’inondation régulièrement à la faveur des pluies. o Les stands d’animaux séchés constituent une source d’odeurs à l’origine de désagrément pour les riverains tout comme pour les passants. 37 38 Notamment assurer les dépenses de fonctionnement et d’investissement, collecter les ordures. Ainsi, les gens viennent de chez eux, polluent l’emplacement et repartent dans leurs maisons et ceci tous les 4 jours, ont illustré Babadankpodji et Akobi 73 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE A l’instar de celui de Bohicon, un besoin d’assainissement de ce marché se fait sentir chaque jour un peu plus. 2.8 Enjeux, groupes stratégiques, expériences et les besoins de concertation Marché et survie des acteurs Le marché semble une plaque tournante incontournable pour de nombreuses personnes. Ceci témoigne de son importance dans l’existence des acteurs. Les stratégies restrictives à l’intégration dans certaines filières vont dans le même sens. Enjeu financier Le marché de Houndjro constitue une source de revenu pour de nombreux acteurs à savoir : o la commune : le marché de Houndjro a drainé sur ces dernières années plus de recettes que celui de Bohicon qui pourtant fait l’objet de trafic plus intense. C’est une source de revenu importante pour la commune qui pourrait venir en appoint au secteur du tourisme. o De nombreux commerçant(e)s et intermédiaires sont présents sur ce marché les jours d’animation. Tous ceux-là tirent une part de leur revenu du fait de cette infrastructure. o Les propriétaires de locaux tirent un revenu substantiel de la location de ceux-ci. 3. Thèmes de recherche pour Ecocité Quelle est la contribution réelle de Bohicon à son propre approvisionnement en vivriers ? Les consommateurs trouvent-ils réellement tout ce dont ils ont besoin localement ? Quels filières, acteurs et structurations encourager pour que l’agriculture périurbaine et urbaine trouve facilement des débouchés. Pourquoi certains produits frais ne sont ils pas produits en zones de proximité et écoulés sur ces marchés de Bohicon et d’Abomey ? Dans quelles conditions le marché de Bohicon peut il croître durablement tout en restant à son site actuel ? Quel sera l’impact du projet de construction d’un nouveau marché sur l’actuel si ce projet était concrétisé ? A qui appartient le marché, qui en gère les taxes formelles et informelles et à quelles fins ? Les enjeux fonciers dans le marché de Bohicon : un marché public dans des espaces et avec des constructions privés ; modalités actuelles d’expansion du marché; et liés à ces enjeux, ceux de contrôle des taxes et droits de place sur le marché. Stockage, salubrité et sécurité dans le marché pour les différents types d’acteurs. Quelles sont les spécialités du marché d’Abomey et ses avantages comparatifs par rapport aux autres marchés, en particulier Bohicon, avantages qui pourraient être renforcés par une bonne concertation entre acteurs. Quels sont alors ces acteurs. On peut par exemple penser à faire d’Abomey non seulement un marché de petits ruminants à vocation régionale mais aussi un marché de gros bovins (avec fonction de transit est-ouest et nord-sud), sans oublier le reste des autres produits animaux qui pour l’instant ne transitent pas par les marchés. Dans quelles conditions le marché d’Abomey peut-il croître durablement tout en restant à son site actuel ? 74 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE VIII. AMÉNAGEMENT DES ESPACES URBAINS ET PÉRIPHÉRIQUES H. Edja, J. Fanou et R. Mongbo 1. Principaux instruments d’aménagement 1.1 Le Plan Directeur d’Urbanisme Le dernier Plan Directeur d’Urbanisme (PDU) des villes d’Abomey et de Bohicon a été élaboré en 1990 pour un horizon de 5 ans (1990-95). Les études préparatoires ont été menées entre 1987 et 1990 dans le cadre du Projet Urbanisme Bénin (PUB). Une de ses composantes importantes est le plan d’occupation des sols, qui dénote de la conception et de la vision des promoteurs dans leur stratégie d’aménagement de l’espace urbain et sa périphérie. Le plan d’occupation des sols distingue quatre catégories principales : Les zones d’habitation, les zones loties, les zones en cours de lotissement et les équipements. L’habitat, le lotissement et les mesures d’assainissement post – lotissements en sont donc les éléments principaux. Ces derniers font de ce plan un instrument essentiellement urbanistique qui laisse peu de place aux mesures d’aménagement et de protection de certains espaces sensibles comme les terres agricoles périphériques et les écosystèmes fragiles. Entre 1995 et aujourd’hui, les villes d’Abomey et de Bohicon n’ont pas disposé d’un plan directeur officiellement validé. Le processus de validation n’a pu être bouclé jusqu’en 1995, date limite officielle de l’expiration du plan élaboré en 1990. En 2001, des travaux d’actualisation ont démarré et on attend aujourd’hui que ces derniers aboutissent à l’adoption d’un nouveau plan directeur pour les années à venir. Pour comprendre les caractéristiques du PDU et les mutations ultérieures qu’il a subies, il est important d’analyser le processus de son élaboration et de sa mise application. L’élaboration du PDU de 1990 et le processus actuel de son actualisation sont en effet des moments importants de planification urbaine qui soulèvent ces divers problèmes. Emergence du PDU (1987 - 90) Au départ de l’élaboration de ce plan, il y aurait des besoins exprimés par les chefs de circonscription urbaine (CU) d’Abomey et de Bohicon. Puis, les services déconcentrés de l’Etat comme la DDEHU, et l’IGN en collaboration avec les services techniques départementaux comme les services d’urbanisme et des affaires domaniales sont chargés de la traduction technique de ces idées. L’idée de projet PDU rédigée et signée de ces deux chefs de circonscription urbaines est envoyée au ministère de l’habitat et de l’urbanisme qui, à travers ces requêtes, est officiellement invité à mettre ses compétences techniques (SERHAU-SA, Service d’urbanisme) au service des deux municipalités. 75 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Phase d’élaboration et de mise en application Dans une étape suivante, la commission départementale d’urbanisme examine le projet SERHAU – SA. Elle consulte les autres acteurs locaux et procède à des enquêtes de vérification de l’applicabilité de la proposition de plan directeur, eu égard à un certain nombre de réalités locales (par ex. la pertinence ou non de lotir certaines zones). Le plan corrigé est adopté par le comité départemental d’urbanisme après une procédure d’enquête et d’ouverture de registres dans les quartiers de villes des deux circonscriptions urbaines. La validation qui intervient par la suite oblige le projet de plan adopté à l’échelon local à passer devant la commission nationale d’approbation des plans, structure chargée de les introduire en conseil des ministres. Pour des raisons qui restent encore à élucider, cette phase de validation n’a pu être bouclée jusqu’en 1995, année d’expiration du PDU des villes d’Abomey et de Bohicon. Le PDU de 1990 n’ayant pas pu franchir l’étape de son adoption en conseil des ministres, il n’a jamais connu une validation officielle. Toutefois, il est resté (et reste encore) le document de base auquel les décideurs locaux se réfèrent pour des actions d’urbanisation (cf. ci-dessous les opportunités du PDU). Observations sur l’implication des acteurs dans la formulation du PDU 1990 La SERHAU – SA et l’IGN sont les deux structures techniques (du MEHU) les plus actives dans les phases initiales de l’élaboration du PDU de 1990. Leur intervention est remarquable dans les enquêtes préliminaires (SERHAU-SA), l’établissement des fonds de cartes (IGN) et l’élaboration d’un premier draft de plan directeur soumis à la commission départementale d’urbanisme. La place du MEHU est centrale dans la rédaction des besoins de la municipalité, y compris dans la recherche du financement et dans la mise en application du plan directeur. Le caractère central de sa position explique aussi le fait qu’il joue les premiers rôles dans les décisions d’actualisation des plans. Interrogé sur les logiques qui, dans le cadre de l’élaboration du dernier plan d’urbanisme des villes d’Abomey et de Bohicon, ont conféré une place centrale à la SERHAU - SA, un de nos interlocuteurs soulignait l’importance de la question du financement, notamment en rapport avec la possibilité d’obtention de fonds nécessaires à la réalisation du PDU. Pour notre informateur en effet, « … l’élaboration du plan d’urbanisme est un processus coûteux (tant en moyens humains que matériels) qui va au delà des moyens limités d’une CU (aujourd’hui commune). Pour lui, il n’est pas étonnant de voir les services du ministère (MEHU) jouer les rôles essentiels dans la formulation et la planification des besoins de la municipalité. De l’avis de cet agent de l’administration, tout se passe comme si la faible capacité de participation des mairies aux opérations de financement semble œuvrer à une situation tacite de "délégation" de certains pouvoirs de décisions aux services compétents du MEHU. 1.2 Le lotissement Les principaux éléments du plan de lotissement et de viabilisation des villes d’Abomey et de Bohicon sont les terrains (bâtis ou non), le plan de voirie, les réseaux d’eaux, les réseaux d’électricité, le plan d’assainissement, les équipements, les espaces verts et les réserves administratives. Pour ce qui concerne plus particulièrement le plan de lotissement, on pourrait ranger ces divers éléments en trois rubriques comprenant : - les éléments centraux du plan de lotissement : terrains bâtis ou non bâtis ; 76 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon - ECOCITE les éléments vulnérables ou instables : les espaces verts et les réserves administratives ; les éléments absents : les espaces agricoles (vergers, champs de cultures vivrières) et les écosystèmes fragiles. Les notions de « terrains bâtis », « terrains non bâtis » fondent l’essentiel du langage du lotissement. Les techniciens (géomètres) qui opèrent sur le terrain travaillent sur la base de cette distinction qui les amène bien évidemment à ignorer tout ce qui ne pourrait pas être rangé dans ces catégories (ex. des vergers et autres espaces agricoles). Les espaces verts et les réserves administratives sont ici considérés comme éléments vulnérables en ce sens que la probabilité de leur affectation à des fins auxquelles ils sont originellement destinés est inférieure à l’unité. Ils disparaissent dans la phase d’application, ou bien, dans le meilleur des cas subissent des réductions de superficies. L’espace agricole, les plantations, etc. sont ignorés et rangés dans la rubrique des terrains non bâtis. Ils constituent les grands absents du plan de lotissement. Le lotissement à Abomey: des opérations rarement bouclées Sur 9 arrondissements que compte la ville, trois ont un caractère urbain et les six autres, situées à la périphérie de la ville, ont un caractère rural. Diverses initiatives de lotissement (tableau 8.1) de certains quartiers de ville d’Abomey ont échoué, y compris les « lotissements forcés » ou « lotissements sous pression » menées pendant la révolution (1972-90). Le lotissement de Goho1, entamé en 1974, n’a pu franchir l’étape de l’« Etat des lieux ». A Goho 2, l’aventure du lotissement s’est arrêtée à l’étape de recasement, entre-temps devenu un casse – tête pour les initiateurs de ce projet. L’organisation socio - politique de l’espace dans le centre de la ville historique et royale n’est pas toujours compatible avec la logique du lotissement et de la parcellisation. Dans la périphérie d’Abomey par contre (cas du contournement), les opérations de lotissement se déroulent avec moins de difficultés. Toutefois, les présumés propriétaires ne manifestent pas une grande disposition à verser les contributions financières attendues d’eux. Le cas d’Abomey montre que la logique de lotissement tous azimuts n’est pas appropriée pour toutes les villes. Il révèle en particulier que certains noyaux de la ville pourraient être épargnés du lotissement au profit d’autres types d’actions d’urbanisation et d’assainissement : tracé des voies par exemple. 77 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Tableau 8.1: Les lotissements à Abomey - Bohicon Ville Quartier / Zone Année de Superficie démarrage Nbre de Cabinet en charge parcelles 1974 Service des TP Clôture administrative non faite SOCOGIM Moins de 78% recasement IGN Etat des lieux Goho1 1985 Goho2 (Djebé) Abomey Objectif (national) de 50 ha autour des villes Zone de contournement (tranche 1994 1 – 2 – 3) Djimè, Tohizanli, Sèhoun, 2002 Agnagnan (dans le cadre du lotissement du contournement de Bohicon) 1936 Etat d’avancement de Etat des lieux Objectif de tracé des voies Administration desservant le marché, le com- coloniale missariat de police Tracé de quelques voies qui convergent vers le centre - ville Centre – Ville IGN 1984 146 ha 77a 30ca 2ème phase contestée – non bouclée Honmèho A 1985 197 ha 8 a 59ca IGN & CTTC Honmèho B 1985 370 ha environ IGN Zakpo Bohicon Zones de contournement / zones 2002 périphériques (Avogbana, Saclo, Lissezoun, Sodohomé) 1ère phase bouclée cabinet Recasement en cours Phase d’application Etat des lieux Source : Enquête diagnostique des territoires Le lotissement à Bohicon: des opérations gérées avec succès La ville de Bohicon compte 10 arrondissements dont 2 de nature urbaine et 8 plutôt ruraux. Les 2 arrondissements urbains ont fait l’objet de lotissements aujourd’hui presque bouclés. La première expérience de lotissement a été vécue pendant la période coloniale. L’objectif de l’administration était de procéder à un tracé des voies convergeant tous vers le centre ville et permettant un accès facile au commissariat de police et au marché. Le lotissement de Zakpo, entamé en 1984, a connu des résultats mitigés. La première phase a été relativement bien conduite tandis que pour la deuxième phase, on signale de nombreuses irrégularités, avec une étape d’état des lieux bâclée (caractérisées par de nombreuses omissions de noms de personnes, des superficies mal enregistrées, des permutations de noms, des titres fonciers morcelés, etc.). Ce lotissement a généré des poursuites judiciaires à l’encontre de la circonscription urbaine. Les lotissements de Honmèho A et Honmèho B ont par contre connu des succès relatifs. Ils apparaissent comme des étapes importantes vers la mise en chantier de futurs projets de lotissement dans la commune au cours des prochaines années, dans la double perspective de donner à la ville de Bohicon un caractère urbain et, si possible, l’ériger au rang de « ville à statut particulier ». 78 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Les étapes du lotissement Selon les acteurs impliqués dans les lotissements, il s’agit d’une opération qui se déroule en plusieurs étapes. Les étapes successives et leurs contenus respectifs font l’objet d’une présentation quelque peu différente selon l’administration et des responsables de comité de lotissement. Le lotissement d’après l’administration Les agents de l’administration évoquent les étapes de l’initiation, de l’état des lieux, de l’étude, de l’application puis du recasement. 1) Initiation L’initiation commence avec l’expression du besoin de lotissement par le chef de quartier de ville ou autres acteurs de quartiers de ville. Elle se poursuit par la formulation de la demande à adresser au comité de lotissement, puis l’acceptation de la demande, le recrutement d’un cabinet géomètre et la mise en place du comité (local) de lotissement. 2) Etat des lieux Il correspond aux opérations de recensement des terres et de leurs détenteurs actuels sur la base de la distinction entre foncier bâti et foncier non bâti. Cette phase du lotissement est gérée par un cabinet géomètre et le comité de lotissement du quartier de ville ; l’administration ne se rend pas sur le terrain lors de la réalisation de ces opérations. 3) Etude C’est la phase d’élaboration du plan parcellaire provisoire à soumettre à l’enquête commodo incommodo. Durant cette phase, le comité départemental d’urbanisme et les services techniques déconcentrés travaillent sur les divers projets de viabilisation : plan de voirie, réseaux d’eau, d’électricité, d’assainissement, carte d’équipement et espaces verts. 4) Application Pendant cette phase, des opérations de tracé des voies et autres actions de viabilisation sont entreprises. 5) Recasement Le recasement concerne l’attribution des parcelles. Le lotissement d’après un membre du comité de lotissement de quartier de ville Sur la base de ses observations dans le cadre des lotissements de Goho 1 et Djimè – Tohizanli – Sèhoun), un des responsables de comité de lotissement évoque quant à lui les phases de la sensibilisation des propriétaires terriens, de l’état des lieux, du versement des frais de lotissement, du lotissement proprement dit puis du recase ment. 1) Sensibilisation des propriétaires terriens sur la nécessité du lotissement Un des points importants de cette étape serait l’invitation faite à chacun des propriétaires de marquer les limites de sa parcelle en prélude à l’étape suivante d’état des lieux. 2) Etat des lieux Recensement des propriétaires terriens et détenteurs de terres achetées. 3) Versement des frais de lotissement 79 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Invitation de chaque propriétaire à payer des frais de lotissement qui s’élèvent à 48.000 FCFA par parcelle lotie (pour le cas d’Abomey). 4) Lotissement C’est la phase où les voies sont tracées et les parcelles sont rendues visibles. 5) Recasement Installation des déplacés et autres acquéreurs de terres sur les terres loties. Comme on peut s’en apercevoir, la parcellisation et l’ouverture des voies sont les phases essentielles du lotissement dans la conception de notre interlocuteur. Le terme de lotissement est en particulier compris en rapport avec ces deux opérations. Le lotissement en zones périphériques A Bohicon, le lotissement des zones périphériques est une initiative assez récente qui fait suite aux lotissements de la frange urbaine. Dans la plupart de ces opérations, on en est encore à l’état des lieux. On observe ainsi des lotissements en cours à Kpassagon, Sodohomè (le long du contournement et au début de la grande voie Est-Ouest), etc. 1.3 Contraintes et opportunités sur les instruments d’urbanisme Contraintes et opportunités du plan directeur d’urbanisme Outil de référence : Quoiqu’il n’ait pas connu une validation officielle, le plan d’aménagement élaboré en 1990 est le document auquel les comités d’urbanisme et de lotissement des villes d’Abomey et de Bohicon se réfèrent pour prendre des décisions d’aménagement: construction de marché, délimitation de la zone de contournement des deux villes. C’est un important outil de support aux initiatives de raccordement de ces deux villes avec leurs périphéries ; Support important des actions de concertations: En l’absence d’un nouveau plan, le PDU de 1990 est un outil de support pour des concertations entre acteurs. L’ignorance du contenu du plan directeur d’urbanisme: Cette ignorance ne frappe pas que les populations à la base. Elle concerne divers acteurs, y compris ceux qui sont impliqués dans sa mise en application (certains responsables de l’administration par exemple). Détournement des réserves administratives à d’autres fins: Il se traduit par l’usage d’une partie des réserves administratives prévues par le plan d’aménagement à d’autres fins, par ex. le recasement des populations lors du lotissement, en particulier les personnes sinistrées. Contraintes et opportunités du lotissement Elles sont multiples : Attitude de méfiance et de crainte du lotissement: Chacun veut conserver ses terres, craignant qu’à la faveur des lotissements, ces dernières soient arrachées. Mauvaise compréhension de la logique du recasement: Les propriétaires ne comprennent pas que des acquéreurs de terres auprès de l’administration (ou même des propriétaires terriens) soient recasés sur des parcelles qui leur sont retirées par suite de l’application du coefficient de réduction; 80 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Problèmes liés aux irrégularités et erreurs techniques. La responsabilité de ces problèmes est généralement imputée aux cabinets géomètres; Assignation en justice : Par suite de la multiplication des erreurs (comme par exemple de morcellement de terres immatriculées), on a assisté à Bohicon à des poursuites judiciaires lors du lotissement de Zakpo. Difficultés de recouvrer les frais de lotissement: Peu de gens versent les frais de lotissement, rallongeant ainsi indéfiniment la durée du lotissement qui peut aller (dans le meilleur des cas) à 5, 10 ans ou même ne jamais connaître une clôture officielle. Le recasement dans des zones sacrées : Il procède des erreurs de la phase d’étude. Une mauvaise gestion de l’information: Certains déclarent ne pas être informés quand les géomètres arrivent sur le terrain. Pour les membres du comité de lotissement cependant, il s’agirait d’une mauvaise foi, car les populations seraient informées longtemps à l’avance de l’arrivée de ces géomètres ; soit les gens ne viennent pas aux réunions, soit ils envoient des enfants qui en profitent pour enregistrer des portions pour leur propre projet de construction. Non compréhension des intérêts d’un lotissement sans viabilisation: Certains ne comprennent pas les intérêts du lotissement sans viabilisation : pas d’ouverture de voies, pas des poteaux électriques (Djègbé). Outil de négociation des certains enjeux de la décentralisation, par exemple l’accès au titre de « ville à statut particulier ». La possibilité de raccorder la ville à sa périphérie et de pouvoir justifier une continuité de l’espace urbain sur 10 km est un des objectifs du lotissement à Bohicon. Espoir d’une viabilisation dans un proche avenir : Les populations espèrent l’arrivée prochaine de l’électricité, de l’eau courante, du téléphone, etc. L’intérêt des populations en général, de celles des zones périphériques en particulier, procède de cette attente et de cet espoir qu’offre le lotissement. 2. Problèmes fonciers en périphérie des villes de Bohicon et Abomey 2.1 Les modes d’accès à la terre L’achat et la location: Ils sont en pleine expansion à la périphérie d’Abomey. A Détohoun par exemple, l’achat aurait augmenté de 20 à 40% en 10 ans. Les urbains d’Abomey achètent des terres et les prêtent ou les louent aux paysans. A Kpassagon, en zone périphérique de Bohicon, la location est peu pratiquée. Le prêt: Cet arrangement est répandu. Là où le marché de la terre est peu développé en zone périphérique, le prêt occupe une place importante. A Kpassagon, le prêt est développé, les femmes obtiennent la terre à titre de prêt sans contrepartie de la part du mari, d’un frère ou du père. L’héritage: Il a diminué de 60% à 20% en 10 ans à Détohoun au profit de l’achat et de la location. Les arrangements fonciers peu fréquents : Ils concernent le métayage et le gage. A Kpassagon, les contrats de type location (et le métayage) ne semblent pas fréquents, mais les gages existent probablement. Dans tous les cas, l’exploitant entretient la palmeraie et ne peut exploiter les fruits sans autorisation du détenteur de terre. 2.2 Le marché de la terre Les ventes de terre ont commencé à Kpassagon depuis 1975 environ. Un champ d’un hectare était alors vendu à un autochtone à 20.000 FCFA environ. A partir des années 80, la terre est de plus en 81 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE plus vendues pour la résolution de divers problèmes : maladie, etc. Parmi les cédants, les héritiers non agriculteurs constituent une catégorie importante. Une bonne partie de ces terres est vendue à des autochtones qui en achètent pour agrandir leurs champs ou propriétés. Actuellement, un carré de 25m sur 25 proche du goudron coûte 100.000 FCFA. Plus loin en plein champ, 2 à 3 ha sont vendus avec palmeraie à 200.000 FCFA. De plus en plus, les étrangers commencent à s’y intéresser (fonctionnaires, commerçants etc.), pour l’instant sous la forme de champ plutôt que comme carré d’habitation. 2.3 Les dynamiques foncières liées aux lotissements des zones périphériques A Kpassagon, les populations cultivent dans la partie nord de la « zone industrielle viabilisée » où elles disposent des anacardiers, des palmiers et des champs de maïs. Ici elles pratiquent l’agriculture dans l’attente du recasement et du dédommagement qui accompagneront leur évacuation de la zone. D’autres paysans du même village anticipent et vont à la recherche de terres vers Za-Kpakpamè (commune de Za-Kpota) où subsistent encore des possibilités d’acquérir de la terre sous forme de prêt auprès de proches parents. 2.4 Les enjeux d’accès aux terres à fort potentiel agricole L’accès aux bas-fonds Le village de Dan-Tota est traversé par un faisceau de ruisseaux qui forment un petit bassin propice à l’activité de maraîchage de contre – saison. L’accès à ces terres - déjà appropriées par certains lignages du village – génère des arrangements entre détenteurs de terres et maraîchers. Il convient d’étudier en détail ces arrangements dans la phase d’enquête approfondie. Les conflits frontaliers Les villages de Dan et Dan-Tota nous en offrent un exemple, lié au fait que les ruisseaux ci-dessus cités traversent les deux villages protagonistes en répartissant les terres de maraîchage (d’étendue toutefois limitée) de part et d’autre des deux terroirs villageois. Les velléités à repousser les limites du terroir de l’autre côté de la frontière villageoise (par inclusion de nouvelles superficies dans le terroir d’appartenance) sont fréquentes. Les terres de maraîchage ne constituent pas la seule pomme de discorde entre les deux villages, il y a également les problèmes d’accès et de distribution des ressources des carrières de graviers. Les conflits d’accès et de contrôle de ressources naturelles non renouvelables Le contrôle des ressources de la carrière de graviers de Dan constitue un bon exemple de ce type de conflits. Il se rapporte à la distribution de la rente de prélèvement de graviers de la carrière de Dan. La rente est versée à ce village par des compagnies étrangères de construction de routes qui opèrent actuellement sur l’axe routier Cotonou – Dassa-Zoumé. La carrière se situe à cheval sur les terroirs de Dan (commune de Djidja) et Dan-Tota (Za-Kpota). Jusqu’ici, les sommes versées par les compagnies auraient seulement profité au seul village de Dan. Les enjeux de la décentralisation, notamment en rapport avec la recherche de recettes pour chacune de ces deux communes voisines (Djidja et Za-Kpota) expliquent en partie l’extériorisation de ce conflit. 82 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Les conflits d’usage de l’espace agricole et des zones de pâturage Ces conflits entre éleveurs de bovins et cultivateurs à la périphérie des villes sont abordés dans le chapitre VI. 3. Problèmes environnementaux Les problèmes environnementaux liés aux options de planification et d’aménagement de l’espace urbains tournent surtout autour de la question des ordures ménagères. Ils peuvent être regroupés en trois catégories : o Inexistence de zones de décharges (intermédiaires et finales) dans le plan d’aménagement Le plan directeur de 1990 ne prévoit pas de sites de décharges ni intermédiaires, ni finales. Les divers arbitrages qui ont récemment été menées pour affecter des portions de terres à des projets (ex. des zones viabilisées au nord et au sud de Bohicon) montrent qu’il existe des passerelles pour trouver des sites de décharge aux ordures ménagères et autres déchets industriels. La question ne semble pas d’actualité dans l’arène locale, si bien que les monticules d’ordures inondent toujours les villes (notamment Abomey). o Des dépotoirs sauvages qui créent des difficultés d’assainissement et d’aménagement Pour certaines personnes interrogées « les gens se résignent et vivent avec des ordures ... C’est quand on parle d’ordures qu’ils semblent conscients du problème ». « … la solution est d’avoir une décharge finale, transformer les ordures en autres choses utilisables par la population ». L’une des tâches urgentes est donc l’enlèvement des ordures existantes et leur convoyage vers les décharges finales qui restent à identifier. o Une inadaptation du concept de recouvrement des coûts de collecte au niveau de chaque ménage Les problèmes d’enlèvement d’ordures sont en partie liés à la difficulté de mettre en place des stratégies de recouvrement des frais de ramassage dans les zones non loties (cf. chapitre sur Ordures et Ruissellement). Dans le cas d’Abomey, cette difficulté se double du mode d’organisation sociale en collectivités familiales que les ONG de collecte n’arrivent pas à intérioriser dans leurs stratégies. Les collectivités comportent plusieurs noyaux qu’il convient d’identifier pour déterminer les modalités et le montant de la facture à régler par entité ou sous-entité familiale. 83 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE 4. Enjeux, groupes stratégiques et expériences et besoins en concertation 4.1 Une diversité des acteurs de la planification urbaine et du lotissement A l’aube de la décentralisation, la planification urbaine implique une série d’acteurs ci dessous énumérés mais qui devrait subir des modifications après transfert de compétences aux communes. Les chefs de circonscription urbaine Les chefs de circonscription urbaine (et aujourd’hui les maires) jouent des rôles importants dans la gestion du foncier. Déjà dans la phase de pré – décentralisation, le pouvoir de gestion foncière de ces autorités administratives est devenu plus évidente avec la mise en oeuvre des démarches participatives de planification urbaine exigeant, par exemple, une implication des populations dans l’élaboration des plans d’aménagement (obligation que les besoins de lotissement soient exprimés par la base, implication des populations dans la gestion du lotissement, etc.). Le maire est membre permanent du comité de lotissement qu’il préside. Le préfet Les préfets ont été activement impliqués dans la plupart des opérations d’aménagement de l’espace et de gestion du lotissement à travers les comités d’urbanisme et le service des affaires domaniales de la préfecture (cf. ci-dessous). Depuis la révolution à aujourd’hui, ils sont apparus tantôt comme des gestionnaires du processus ou bien des contre – poids aux chefs de circonscription urbaine. Depuis 2002, une nouvelle répartition des tâches est intervenue dans la gestion des opérations de lotissement dans la conurbation Abomey – Bohicon, parallèlement au démarrage du contournement de la ville de Bohicon et le lotissement de Djimé. Le chef de la circonscription urbaine devient le président du comité de lotissement et le préfet assure la coordination des travaux. Il s’agissait sans doute là d’une anticipation à la décentralisation qui attribue désormais l’essentiel des pouvoirs de gestion du foncier au maire. Les services techniques de l’administration locale Le service des affaires domaniales de la préfecture est l’un des plus actifs. Il est impliqué dans les opérations d’élaboration de plan d’urbanisme, de lotissement et de délivrance des permis d’habiter. Il dispose d’une représentation au niveau des deux circonscriptions urbaines : le service des affaires domaniales de la circonscription urbaine, organe d’exécution des tâches à l’échelon de la municipalité. Les services des affaires domaniales de la circonscription urbaine sont sous double tutelle : préfectorale et municipale (placé sous l’autorité du maire). Dans le cadre de la décentralisation, il conviendra d’observer et d’analyser les changements organisationnels nouveaux, de même que les attributions nouvelles de cette structure. Les services déconcentrés du MEHU et du MFE (finances) On distingue le DDEHU, l’IGN et le service des impôts. Les rôles et tâches de la SERHAU – SA et de l’IGN ont été analysés plus haut dans le cadre de l’élaboration du plan directeur d’urbanisme de 1990 pour les villes d’Abomey – Bohicon. 84 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE La commission départementale de l’urbanisme Elle comprend les services de l’OPT, de la SBEE et la circonscription urbaine. Tous ces acteurs sont impliqués, entre autres, dans les décisions relatives à la viabilisation des zones loties. Les cabinets privés d’experts géomètres Ils sont recrutés par le maire qui, dans son choix, donne la priorité aux cabinets locaux ou, au moins, ceux qui disposent d’une représentation sur place. Assez souvent accusé par les populations d’être en complicité avec l’administration (ex. de la détermination du coefficient de réduction) ou alors par l’administration (qui peut lui reprocher des erreurs techniques relevées par la phase de publicité commodo incommodo), le cabinet est au centre de la plupart des enjeux du lotissement. Les chefs d’arrondissement / chefs de quartiers Le chef d’arrondissement et les chefs de quartiers d’une zone à lotir sont d’office membres du comité de lotissement et participent à des actions de mobilisation et de sensibilisation. L’association de développement Son rôle est perceptible dans la phase de sensibilisation, de mobilisation et d’explication des étapes et exigences du lotissement. Les propriétaires terriens Ils disposent de 3 à 4 représentants dans le comité de lotissement (en fonction du nombre de propriétaires présumés recensés dans le quartier de ville à lotir). Cette catégorie s’implique dans la plupart des processus de négociation : coefficient de réduction, contre – proposition de plan de voirie (notamment la largeur des voies à retenir, etc.). Les représentants de propriétaires fonciers sont parfois le fer de lance de la contestation dirigée contre certains membres du comité de lotissement (ex. des chefs d’arrondissement ou bien des chefs de quartiers de villes) souvent parfois accusés d’être en connivence avec l’administration ou bien les cabinets privés de géomètres contre les intérêts des populations. Le comité de lotissement Il regroupe toutes les structures et autorités ci-dessus citées : chef de la circonscription urbaine (président du comité), préfet (coordonnateur), chef d’arrondissement, chef(s) de quartiers de villes, représentants de propriétaires terriens, services techniques de l’administration locale et services déconcentrés, association de développement et notables. Certains en sont membres permanents (chef de la circonscription urbaine, préfet, services techniques de l’administration locale et services déconcentrés), les autres y siègent seulement durant la période de lotissement dans le quartier de ville concerné par les opérations. 4.2 Une diversité des enjeux Les enjeux autour de l’aménagement urbain sont variés. Nous nous contenterons ici d’en donner quelques grandes catégories en évitant les détails, par ailleurs trop nombreux pour ce qui concerne le lotissement. Enjeux de l’élaboration et de l’adoption du plan directeur d’urbanisme La constitution de réserves administratives en est une des phases sensibles de la planification urbaine. Dans cette phase, les enjeux tournaient autour du contrôle du processus par la souspréfecture et la circonscription urbaine. La redistribution des cartes qui accompagne le processus 85 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE actuel de décentralisation imprimera sans doute un tout autre caractère à ces enjeux de pouvoirs et de contrôle des processus locaux de décisions relatifs à la planification urbaine. Enjeux du lotissement Chacune des phases du lotissement apparaît comme un moment crucial d’émergence des enjeux (état des lieux, réalisation du plan parcellaire provisoire, détermination du coefficient de réduction, réalisation du plan de voirie notamment les dimensions des voies, l’attribution des parcelles, le recasement, etc.). Les responsables de l’administration, les services déconcentrés, les cabinets privés, les populations, les membres villageois de comité de lotissement et de recasement, etc. sont autant d’acteurs qui jouent des intérêts particuliers. Sur un autre plan, le lotissement des zones périphériques a induit dans les villages périphériques des espoirs et attentes se traduisant par le fait que divers acteurs de l’échelon villageois (élus, propriétaires terriens, jeunes du village) se mettent d’accord pour accueillir l’urbanisation qui frappe à leurs portes. Le consensus se fait, même au prix de l’expropriation des terres (cas de Kpassagon en zone industrielle viabilisée où les populations n’ont pas opposé de résistances particulières à la cession de leurs terres contre un dédommagement qu’ils attendent). Perception des enjeux du lotissement chez les villageois (extrait des entretiens) Tout le monde veut le lotissement à Kpassagon, car cela est perçu comme synonyme de l’arrivée de l’eau et l’électricité et, peut-être, enfin un soutien pour la construction du marché du village. Encadré 8.1 : Perceptions du lotissement en zone rurale « Si mon domaine est loti, je transformerai le tout en carré en même temps. Tout ce que je peux construire, je le fais en même temps. Pour le reste, je cultive jusqu’au moment où j’aurai les moyens de construire » Quel serait alors le sort de ceux qui cultivent et vivent actuellement de ces terres? « Sè do nu non gon do ton mè wa kpon » (Dieu n’abandonne jamais les siens. Il leur ouvrira de nouvelles voies) Une femme : « Je transformerai toute la palmeraie en carrés que je construirai pour la location. Cela me permettra d’espérer quelque chose à chaque fin du mois » « En fait, nos champs se situent pour la plupart derrière les rails (Est et Nord-Est). Nous ne pensons pas que le lotissement irait jusque là » Et les champs situés au Sud et à l’Ouest comme celui qui vous a été prêté ? « Ce n’est pas bien grave. Au besoin, je pourrais partir en pays Maxi pendant la saison des cultures. Il y a de vastes terres cultivables. Je reviendrais au village collecter le loyer » . « De toutes les façons, quelles que soient les souffrances qui en découleraient pour nous, nous finirons par nous habituer. Il n’y a pas si longtemps que ceux de Zakpo (Bohicon) gémissaient ici du fait des dégâts que leur causait le lotissement. Maintenant, ils sont heureux. Ils ont tout. Si c’était à refaire, ils en demanderaient. C’est pour ça que cela ne nous fait pas peur, bien au contraire ». 86 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Enjeux du développement du marché de la terre Le développement du marché des terres constructibles et l’avancée du lotissement ont des répercussions sur les terres périphériques. A Kpassagon, les urbains sont de plus en plus nombreux à acheter la terre. Ils déclarent être intéressés par la pratique de l’agriculture. A Dan, leurs plantations sont discrètes, généralement pas au bord du goudron, dans des zones où ils peuvent acquérir des superficies plus importantes (quelques hectares). 4.3 Besoins en concertation PDU : Conciliation des intérêts spécifiques des mairies d’Abomey et Bohicon dans la réalisation des tâches prévues par le plan directeur commun aux deux villes. Parce que les villes d’Abomey et de Bohicon disposent d’un schéma directeur d’urbanisme commun, la préfecture jouait de façon implicite des fonctions de concertation à l’échelon supra – municipal. L’existence d’un tel cadre était nécessaire pour arbitrer les intérêts spécifiques de chacune des deux mairies et explique d’ailleurs en partie le rôle important des ex-préfets du Zou dans les procédures d’élaboration des plans d’urbanisme antérieurs. Dans le cadre de la décentralisation, la préfecture n’est plus juridiquement outillée pour jouer ce rôle et sera probablement obligée de libérer des espaces de concertation à des instances nouvelles comme les ONG et autres institutions de la société civile. Ordures : Concertation entre populations et administration locale pour la détermination d’une zone de décharge et de traitement des ordures ménagères en l’absence d’un point de chute prévu par le plan directeur d’urbanisme. Le plan de voirie nécessitera aussi des concertations entre usagers et services techniques. Les grands axes de collecte des ordures sont des éléments actuellement absents ou peu précis dans le plan d’aménagement. Aussi, la largeur des voies est un important point de discorde entre les techniciens et l’administration d’un côté, les populations de l’autre. Ces divers problèmes exigent la mise en place d’un cadre de concertation entre ces divers acteurs. Concertation entre industriels et populations locales En zone périphérique, la valorisation des rejets industriels (graines de coton à la SOCOBE à Avogbana) rentre dans les habitudes des populations qui les utilisent dans la fumure des champs. Des négociations doivent être menées sur le coût de cession de ces sous-produits en rapport avec les nuisances que causent les déchets non utilisées. En zone urbaine, des concertations sont nécessaires pour une démarcation de la zone industrielle des zones d’habitation. 4.4 Thèmes de recherche Les thèmes suivants nécessitent des investigations futures : o Analyse du processus d’actualisation du plan directeur d’urbanisme des villes d’Abomey et Bohicon : L’actualisation du Plan Directeur d’Urbanisme des villes de Bohicon et d’Abomey est une occasion pour observer et analyser le processus de négociation des éléments d’un plan en rapport avec la priorité que se fixent les divers acteurs. Dans le cadre d’Ecocité, il convient d’examiner les dynamiques nouvelles qui s’opéreront dans la gestion des processus d’élaboration des PDU, en particulier la capacité de ces élus et au- 87 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE tres acteurs locaux à négocier une marge de liberté plus importante qui les lierait moins à l’approche essentiellement urbaniste des services techniques d’Etat. o Le lotissement comme source de ressources communales : En raison des prélèvements en nature, le lotissement permet à la commune de se constituer des réserves foncières qui sont en partie au moins potentiellement des sources de revenus monétaires. Comment le lotissement est-il intégré dans la recherche de ressources financières pour la commune et dans les stratégies de spéculation individuelle des décideurs ? o Réflexions sur les alternatives du lotissement dans la ville d’Abomey et sa périphérie : La ville d’Abomey, nous l’avons vu ci-dessus, a connu très peu d’expériences de lotissement bouclé. Quelques facteurs liés à la structure de l’habitat et à l’organisation socio - politique de cette cité royale ont été évoqués pour expliquer les échecs de lotissement au plein cœur de la ville. Il serait illusoire de croire que, dans les zones périphériques immédiates (actuellement visées par les plans d’extension de lotissement), la plupart de ces difficultés ne subsisteraient pas. Comme le disait un des nos interviewés : « … les palais royaux ont des tentacules assez puissantes sur les zones périphéries, symboles de l’extension des formes d’organisation politique et sociale vers l’arrière pays …». Il convient d’identifier les facteurs et paramètres qui pourraient entrer en concurrence avec la logique de la parcellisation afin de dégager des alternatives au lotissement et amorcer des concertations entre élus et populations locales. o Dynamiques foncières liées aux lotissements de la frange rurale de la commune de Bohicon : A Bohicon, le lotissement des zones périphériques est une initiative assez récente qui fait suite aux lotissements de la frange urbaine. Dans la plupart de ces opérations, on en est encore à l’état des lieux. Les phases à venir : enquête commodo incommodo, tracé des voies, recasement seront des moments privilégiés d’analyse et d’observation des dynamiques de lotissement dans ces zones périphériques. o Accès et le contrôle des terres à fort potentiel de production de maraîchers à la périphérie des villes (ex. des abords du fleuve Couffo) et les dynamiques nouvelles de l’achat des terres à la périphérie des villes d’Abomey et de Bohicon. o Achat de terres par les urbains : il faudra répondre ici aux questions de savoir si le mouvement des vergers et autres plantations suit celui du lotissement (stratégie spéculative) ou bien si ces espaces agricoles ont souvent poursuivi des fonctions importantes de production agricole pour la ville. o Mutations de l’espace agricole à la périphérie des villes de Bohicon et d’Abomey. Dans le cadre du présent diagnostic, nos entretiens nous ont révélé que les populations n’attendent pas passivement les phases d’évacuation pour trouver des solutions aux mutations nécessaires à la réorganisation de l’activité agricole. Déjà par rapport aux lotissements dans la périphérie nord de Bohicon, des déplacements s’opèrent du côté de Za-Kpota (à partir de Kpassagon) pour apporter des réponses à l’avancée de l’urbanisation et la substitution de l’espace urbain aux terres agricoles. Dans les prochaines années, ces phénomènes pourraient se cristalliser davantage et il conviendrait de les suivre et les documenter. 88 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE IX. GESTION DES ORDURES, DES DÉCHETS INDUSTRIELS ET DES EAUX DE RUISSELLEMENT Anne Floquet et Augustin Kouévi, Juste Nansi et Simplice Vodouhè 1. Gestion des ordures ménagères à Abomey et Bohicon Les deux villes ayant des modalités de gestion des ordures ménagères très différentes, leurs cas seront traités successivement. 1.1 Caractéristiques de la gestion des ordures à Abomey Origine et ampleur des ordures Les ordures à Abomey sont essentiellement d’origine ménagère. Ceux qui les produisent sont les ménages /concessions et accessoirement les quelques services administratifs et infrastructures sociocommunautaires implantés (centres de santé). A cela s’ajoutent les ordures du marché (invendus, avariés). Compte tenu de la quasi-absence de gestion des ordures à Abomey, nous n’avons pu disposer de chiffres pour étayer l’envergure des déchets solides ménagers produits dans cette ville. Pour l’instant chaque ménage évacue ses ordures à la devanture de sa maison sur un tas plus ou moins volumineux. Une partie est de fait valorisée par les cultures pratiquées aux abords des maisons mais aucun tri préalable n’est effectué. Les abords même des palais royaux, patrimoine mondial de l’humanité, sont utilisés comme dépotoirs (cf. photos). Acteurs engagés dans la gestion des ordures Les acteurs actifs dans l’activité de gestion des déchets solides ménagers à Abomey sont la Commune Urbaine, l’Association Municipale d’Actions Environnementales d’Abomey (AMAE) et l’ONG ASPAB. Les interventions de la circonscription ont été quasi-inexistantes jusqu’à ce jour, sauf opérations sporadiques d’évacuation de grands tas d’ordures. La commune urbaine La commune urbaine s’est constituée un domaine destiné à devenir une décharge finale pour les ordures ménagères et situé à Détohou. Un entrepreneur a été sollicité pour la viabilisation de ce terrain mais il a consommé la majeure partie des fonds obtenus par un PIP sans remplir ses engagements. La commune ne dispose d’aucun moyen pour se charger de l’évacuation finale des déchets des décharges intermédiaires vers cette décharge finale. Il ne semble pas y avoir de concept pour le traitement des ordures ainsi accumulées. L’intervention de la commune urbaine s’est semble-t-il limitée à une opération « ville propre » où le tracteur du MEHU a été sollicité pour faire évacuer les tas les plus visibles. 89 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Association Municipale d’Actions Environnementales L’AMAE d’Abomey a été crée durant le processus d’élaboration du Plan Municipal d’Actions Environnementales. Le PMAE est élaboré sur incitation et avec la facilitation du Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme. C’est une association de citoyens élus pour mettre en œuvre ce plan et gérer les financements alloués à cet effet par l’Agence Béninoise pour l’Environnement. A Abomey, plusieurs microprojets ont été élaborés qui concernent la gestion des ordures ménagères mais tous n’ont pu être réalisés. L’AMAE a ainsi fait construire des bacs à ordures métalliques pour les infrastructures collectives comme les centres de santé et les marchés. Le projet d’achat d’un camion pour évacuer les ordures vers la décharge de Détohou n’a pu être financé (n’est du reste pas inscrit dans le PMAE). Par contre les séances d’IEC, le renforcement de la pré collecte par équipement de(s) ONG en charrettes et tracteur, la destruction des dépotoirs sauvages, la création de points de regroupement, activités qui étaient inscrites dans le PMAE n’ont pas été amorcées. Pourtant, le budget potentiel de 50 millions n’a été consommé qu’à moitié. Le contrat de l’ONG APEPAH, qui assurait une collecte des ordures et avait été équipée en tracteur par le MEHU a été dénoncé et l’ONG ASPAB qui travaille actuellement sur le terrain n’a pas de relations formalisées, ni avec l’AMAE ni avec la circonscription urbaine. Par contre l’AMAE a pu équiper plusieurs écoles en latrines et citernes hors sol, construire des ponceaux pour faciliter l’évacuation des eaux de ruissellement et la circulation (Mairie de Vidolé et Sohoué). Enfin, un petit square a été installé avec deux latrines encore non ouvertes aux usagers en face du Motel d’Abomey. L’usage de cet espace « vert » n’est pas encore très bien défini. Association de Solidarité et de Promotion des Artisans à la Base (ASPAB) C’est un collectif d’artisans (12 membres actifs et une centaine d’adhérents) qui s’impliquent dans la micro-finance, les mutuelles de santé, mais aussi la collecte d’ordures. Le collectif s’est constitué en ONG à cet effet. Les artisans se sont cotisés pour construire 4 charrettes et emploient des charretiers. Les charretiers sont payés au prorata de leur collecte (50% des recettes). Le nombre d’abonnés régulier est faible (50). Il faut y ajouter des abonnés sporadiques. N’ayant pas les moyens d’évacuer les ordures vers la décharge finale, celles ci sont accumulées en pleine ville. L’évacuation d’un dépotoir sauvage coûte 22.000 fcfca par jour de main d’œuvre, sans compter les coûts liés au tracteur, ici prêté par le MEHU. La décharge n’étant pas aménagée, finalement, les ordures ont été brûlées ! Une autre difficulté rencontrée par l’ONG est liée à la structure de l’habitat et à la pauvreté des habitants. Les ménages vivent dans de grandes collectivités. Un seul abonné produit de ce fait une grande quantité d’ordures. L’abonnement par maison est de 1000 fcfa/mois et 2000 fcfa/mois pour les institutions. De plus, la « volonté à payer » pour évacuer des ordures ailleurs que sur un tas proche de la maison ne semble pas très forte. « Pourquoi dépenser de l’argent alors qu’il y a des trous et tas gratuits ? » Les impayés sont nombreux. Les ONG travaillant sur les questions environnementales à Abomey cherchent à se regrouper. Pour l’instant, elles envisagent surtout des activités de formation (IEC). Gestion des ordures L’activité de l’ONG ASPAB consiste à passer de concession en concession pour collecter les ordures contre une somme mensuelle de 1000 fcfa par concession et 2000 fcfa par institution. Le nombre d’abonnés réguliers n’excède pas 50 ! Cette collecte se fait à l’aide de charrettes. Les 90 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE charretiers prennent 50% des recettes comme rémunération. Une fois collectées, ces ordures sont versées non loin de la mosquée de Houndjroto. L’évacuation des ordures du marché est assurée par des jeunes détenteurs de pousse-pousse ou charrettes qui se font payer par les femmes du marché. Ces ordures sont déversées dans des trous. La décharge finale n’est pas accessible par l’ONG faute de moyens roulants. La CU n’intervenait pas dans le transport de décharge intermédiaire vers la décharge finale. Cette décharge, située à Détohou, a fait l’objet d’un PIP pour son aménagement mais l’entrepreneur s’il a consommé le fonds en grande partie, n’a jamais fini les travaux. L’AMAE quant à elle n’a pu jusqu’ici que doter de poubelles le marché Houndjro et certains centres de santé. Pour ce qui est de l’évacuation des ordures, elle ne parvient à faire quoi que ce soit actuellement. Elle attend d’acheter un camion afin de mieux participer à l’assainissement de la ville d’Abomey. Une ONG avait été précédemment dotée d’un tracteur par le MEHU mais l’engin n’est pas en service dans ce secteur actuellement. 1.2 Caractéristiques de la gestion des ordures à Bohicon Origine et ampleur des ordures A Bohicon également, les ordures sont générées essentiellement par les ménages, le marché et les services administratifs et infrastructures socio–communautaires. Celles générées par les industries de cette ville sont en grande partie gérées par des organisations propres à ces dernières. La gestion des ordures de la ville de Bohicon est assurée par plusieurs ONG locales d’envergures différentes. De plus, les déchets solides du marché ont été évacués régulièrement par la circonscription urbaine de Bohicon (mairie actuelle de Bohicon). Trois des quatre ONG enquêtées réunissent à elles seules 772 concessions abonnées, avec en moyenne 5 ménages par concession (soit environ 772 x 5 = 1.870 ménages sur les 15.000 environ que compte la ville). Ne connaissant pas avec précision la qualité ni le nombre de voyages (de tracteurs ou de charrettes) par ONG, nous ne saurions donner de chiffre sur les quantités évacuées. En ce qui concerne les ordures du marché, le camion de la circonscription fait en moyenne 8 voyages de camion de 8 m3 par mois (soit 64 m3 d’ordures). Malgré ces efforts et organisations, il est toutefois remarqué que les tas d’ordure sont encore nombreux à travers la ville, qu’il s’agisse de dépotoirs « sauvages » ou des points de regroupement de l’AMAE remplis mais non vidés. Les ONG ne peuvent du reste que collecter les ordures pour les rassembler dans des dépotoirs intermédiaires, faut d’évacuation jusqu’à une décharge finale. Rappelons que la poubelle journalière moyenne au Bénin serait de l’ordre de 0,45kg par personne et par jour (chiffres obtenus à Cotonou en 1997) ce qui correspond à environ 35 tonnes par jour pour les quartiers urbains à Bohicon. Acteurs engagés dans la gestion des ordures Ici on note l’intervention de plusieurs ONG dont AGEPEUA, AGOMSE, GPCSH, AJPEC, ASCOM, RroECOSARDI , COVEC (femmes du marché), CBDIBA… En dehors des ONGs, il y a l’Association Municipale d’Actions Environnementales (AMAE) et la circonscription urbaine. AMAE L’AMAE a été mise en place en Juin 2001 dans le cours du processus d’élaboration du Plan Municipal d’ Actions Environnementales. L’élection du bureau a été difficile et finalement obtenue 91 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE sous la menace du MEHU de suspendre le financement du plan. Les dissensions n’étaient pas de nature programmatique mais politique. Le chef de circonscription poussait des candidats et l’opposition d’autres. Finalement les ONG engagées dans la gestion quotidienne des questions environnementales ont été exclues en grande partie des instances dirigeantes. Jusqu’à aujourd’hui, la communication ne semble pas être optimale. Le PMAE prévoyaient des actions pour un montant de 695 millions sur 3 ans ! Les actions engagées réellement n’ont pas dépassé 12 millions. Certains acteurs déplorent un manque de contrôle des services techniques de l’Etat pour faire pression et garantir le fonctionnement démocratique des instances (bureau, CA). ONG ASJEP (Association des Jeunes pour la Protection de l’Environnement et de la Culture) Il s’agit d’une ONG crée en 1994 par des jeunes cadres. Ils souhaitaient contribuer à la formation de la jeunesse et ont travaillé à l’appui à de nombreux groupements dans le Zou, à la création de pépinières subventionnées par le MEHU. A partir de 1996, ils ont tenté d’éliminer de grands dépotoirs en sollicitant l’aide de la circonscription urbaine puis en 1997 ont demandé des charrettes au DDEHU qui se sont révélées trop lourdes. Ils ont sollicité 2 charrettes de l’AMAE. Aujourd’hui, ils assurent la collecte de 50 abonnés pour une cotisation de 1000 f/maison et chargent ces ordures vers un lieu de collecte intermédiaire d’où elles ne sont plus que rarement évacuées par la Circonscription Urbaine. Selon eux beaucoup de groupements de producteurs seraient prêts à travailler dans des sites aménagés pour le maraîchage mais pour l’instant personne ne fait pression pour que les eaux de ruissellement et les composts urbains soient acheminés vers de tels sites. ONG AGePEUA (Association pour la Gestion et la Protection de Environnement Urbain et Agricole) A été crée en 1994 sous le nom de Coopefsa, coopérative de jeunes pour la gestion des déchets urbains qui bénéficia alors d’un appui au PISEA pour acheter un tracteur et d’un appui institutionnel de l’Ambassade des Pays-Bas (« seed money » pour aider les jeunes ONG au démarrage). Les premiers abonnés bénéficièrent également de 600 poubelles financées par la coopération canadienne. Aujourd’hui, l’ONG dessert 572 maisons (à raison de 5 ménages par maison en moyenne). Récemment, le CBDD a acheté un terrain à Cana à 10 km de Bohicon pour y installer une décharge finale où les ordures seront triées et traitées. Le projet bénéficie de l’appui technique des volontaires italiens (CISV). Les ONG participant à ce projet se sont regroupées en consortium (Tonamin). ONG AGOMS A été crée en 2000 pour collecter les ordures des quartiers Ahouamé, Zakpo, Ahito qui n’étaient pas encore bien desservis. L’ONG compte aujourd’hui 150 abonnés desservis par trois charretiers. Gestion des ordures Les ONG passent de concession en concession pour ramasser les ordures contre en général 1000 F CFA par concession. Dans certains quartiers, une concession regroupe cinq ménages mais dans les quartiers de vieilles collectivités familiales, le nombre de ménages par abonnement est encore supérieur. Malgré cela ces ménages à faible revenu ont des difficultés à payer régulièrement les percepteurs qui doivent passer plusieurs fois dans les maisons. 92 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Cette collecte se fait à l’aide de charrettes pour certaines, de charrettes et de tracteurs pour d’autres, jusqu’à des points de collecte intermédiaires. Une évacuation sporadique vers la décharge finale de la commune, qui avait été localisée à Sodohomè, est assurée par la circonscription urbaine. Le camion de la circonscription s’emploie surtout à dégager les ordures du marché. Ces ordures seraient vendues à des cultivateurs à raison de 2000 FCFA le voyage. Nous n’avons pu vérifier si la demande est suffisante pour absorber l’offre. Il est noté l’acquisition d’un site de décharge finale privé par une des ONG (AGEPEUA) à Cana, de même que la mise en œuvre très prochaine d’un projet en cours d’initiation par les volontaires italiens du CISV en collaboration avec un consortium de trois ONG (AGOMSE, AGEPEUA et GPCSH). Ce projet vise la gestion des déchets solides ménagers de la collecte à la valorisation de ces derniers. Les ordures de Bohicon seraient acheminées vers ce point central de collecte et triées, une partie compostée, d’autres proposées à diverses institutions de recyclage (des métaux, des tessons, des plastiques). L’AMAE qui a été mise sur pied depuis 2001 a, quant à elle, réalisé des points de regroupement d’ordure (12 au total). Mais il s’avère que ceux-ci sont à peine utilisés à certains endroits et à peine vidés à d’autres où ils sont déjà remplis. Il n’y aurait pas de contrats avec les ONG pour assurer cette tâche. Elle a également fait construire des charrettes en vue de les distribuer aux ONGs de collecte de la ville. 1.3 Enjeux, groupes stratégiques et besoins en concertation Concepts de gestion des ordures Plusieurs concepts s’affrontent actuellement sur la gestion des ordures à Bohicon tandis que le débat manque à Abomey. A Bohicon, nous avons identifié deux concepts assez antagonistes au niveau de la collecte : - Un premier concept est d’aller chercher les ordures chez des abonnés pour les acheminer vers des lieux de collecte intermédiaires puis de les évacuer vers un lieu central de décharge, de les trier et de se débarrasser de ce dont on peut se débarrasser. C’est le concept développé par les ONG de collecte, appuyées par une succession de partenaires au développement (SBEE-IGIP, puis CISV-CBDD). L’inconvénient est que tous les ménages n’ont pas une grande « propension à payer » pour ce type de services. - Un deuxième concept est d’installer des points de regroupement des ordures vers lesquels chaque ménage se déplace et qui sont vidés par des opérateurs (ONG) qui les acheminent vers de points de collecte intermédiaire. C’est le concept développé par l’AMAE, semble-t-il sur incitation du MEHU. L’inconvénient est que plus aucun usager n’est prêt à payer pour un service où il peut y avoir beaucoup de « free-riders ». Du reste, beaucoup d’usagers estiment que l’évacuation des points de regroupement vers une décharge finale est du ressort des pouvoirs publics. Ces points de regroupement, s’ils ne sont pas vidés régulièrement, vont vite devenir des sources de nuisance pour les riverains. Enfin, la « propension à marcher jusqu’à un point de regroupement » reste à évaluer pour les établir à des distances appropriées. Pour ce qui est de l’évacuation des ordures vers la décharge finale, dans un premier temps, la décharge finale et l’acheminement des ordures vers celle-ci étaient du ressort des pouvoirs publics (commune) mais dans un deuxième temps, on tend vers une privatisation de toute la chaîne de collecte et de traitement des déchets. Mais les coûts de l’évacuation vers une décharge éloignée de plus 5 kilomètres ne peuvent être semble-t-il intégrés dans la taxe d’abonnement. Pour ce qui est de la valorisation des déchets accumulés, remarquons l’absence de politique officielle. Les déchets qui devaient être amoncelés sur la décharge de Sodohomè semblaient ne devoir 93 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE y faire l’objet d’aucun traitement. Officieusement, le camion de la commune urbaine vendrait des ordures à des agriculteurs, probablement lorsqu’il s’agit de tas dont les ordures sont déjà partiellement décomposées, mais de toute façon sans tri. Un deuxième concept est de trier en aval sur la décharge finale, de composter en bonne et due forme et de vendre les composts. C’est le concept qui va être testé par le consortium d’ONG avec l’appui du CBDD. Les opérateurs eux-mêmes reconnaissent que cela risque de demander beaucoup de manutentions. Un troisième concept réside sur le tri en amont, au niveau des ménages. Des tentatives de tri à la maison avaient été initiées par AGePEUA qui avait installé plusieurs poubelles dans les ménages. Sans incitation ni sensibilisation, les ménages n’ont pas adhéré. Dans la mesure où un tel tri suppose un grand changement dans la façon dont les ordures sont gérées dans une maison (jetées par terre et balayées avec beaucoup de sable), une grande campagne d’information et de formation des parents et surtout des enfants qui sont en général chargés de ce travail serait nécessaire avant d’envisager un quelconque changement de comportement. Une étude serait nécessaire pour réduire au minimum le coût bord champ des matières organiques recyclées en agriculture. Cette réduction suppose probablement une décentralisation des points de collecte finale et de traitement des ordures de la ville. Un traitement rapide des ordures devrait permettre une réduction des nuisances (fermentation aérobie rapide avec une bonne montée en température) et cette délocalisation permettrait une évacuation rapide des produits ainsi précompostés, tout ceci dans le but d’éviter au maximum les nuisances pour les riverains. L’ajout de déchets d’origine industrielle pourrait être envisagés pour optimiser le rapport carbone sur azote. De l’avis du consortium d’ONG, la privatisation du financement de toute la filière n’est pas économiquement rentable. Il faudrait selon eux que les maisons payent 1500 f et qu’une subvention de 1000 f vienne s’y ajouter pour que la collecte et l’acheminement soient rémunérés (fonctionnement et amortissement du matériel). Il est à craindre que le concept proposé de tri en aval et compostage, qui demande beaucoup de manutentions, ne soit pas rentable non plus. Les ONG du reste ne l’envisagent que en combinaison avec d’autres activités génératrices de revenu sur les sites de décharge finale (maraîchage, élevage). Pour ce qui est du financement des diverses opérations le long de la chaîne, là aussi potentiellement plusieurs concepts sont possibles : subventions en espèces et en nature des ONG en complément au paiement du service par les abonnés, prise en charge par les services de la voirie des segments non rentables de la filière, taxation des ménages et gratuité du service associé avec une passation de marchés avec des opérateurs privés et ONG, etc. La tendance à Abomey est de responsabiliser la commune qui finance l’ensemble des opérations et qui passe contrat à des prestataires de service pour la collecte. 1.4 Questions de recherche et thèmes de concertation inter acteurs En matière de gestion des ordures, nous voyons qu’il existe à chaque étape de la collecte, de l’acheminement et de la valorisation des ordures plusieurs concepts potentiels. Tri en amont ou en aval, collecte dans les maisons ou dans des points de regroupement, décharge unique pour toute la ville ou décharges multiples réparties dans tous les points autour de la ville dans les zones d’utilisation. Beaucoup de questions se posent à chaque étape. La responsabilité des pouvoirs publics aussi n’est pas clairement définie. Les enjeux sont d’une part liés à la tentative de se décharger sur des opérateurs privés de responsabilités publiques, d’autre part au contrôle de ressources de programmes et bailleurs et des ressources politiques. C’est ainsi qu’on voit à Bohicon des décisions prises par l’AMAE sans concertation avec les ONG de collecte des ordures, et peut-être même en marge des anciennes autorités, pour raison de tendances politiques opposées. Quant aux ménages, ils n’ont, semble-t-il, jamais 94 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE été consultés sur leurs préférences et propensions. Autres grands absents du débat, les utilisateurs potentiels des produits, leurs intérêts, préférences et propensions à payer, qui influenceront fortement la nature du produit à leur offrir (gadoues non triées quasi gratuites dont ils assurent le tri – ce qui n’est pas sans poser des problèmes sanitaires, et sinon gadoues pré triées et partiellement fermentées, composts en bonne et due forme). Les pouvoirs publics (mairies, MEHU) et intervenants ont également des positions dans ce débat, dont les arguments ne sont pas encore connus. La concertation inter acteurs, pour réussir, requiert des études préalables permettant de bien poser les termes du débat. 2. Gestion des déchets industriels 2.1 Principales caractéristiques des déchets industriels Les sources de production de déchets industriels Pour la plupart, les unités industrielles du site Abomey-Bohicon sont situées dans la ville de Bohicon. De ce fait, les enjeux environnementaux, les processus d’adaptation de l’agriculture et le mode d’expansion urbaine intègrent beaucoup plus le facteur de l’activité industrielle dans cette ville. Les principales unités identifiées sont : - La Société des Huileries du Bénin (SHB) - La Société Fludor - Les usines d’égrenage de coton de la Société Nationale de Promotion Agricole (SONAPRA) - La scierie l’Office National du Bois (ONAB) Description des activités et identification des sous-produits La SHB La SHB qui est l’une des industries issues de la privatisation de l’ex SONICOG en 1997 est spécialisée dans la production d’huile végétale à partir des graines de coton. Elle transforme 46.900 tonnes de graines de coton par an (moyenne de 1998 à 2001) pour produire 3.263 tonnes d’huile. Les sous produits issus de cette transformation sont : o Les tourteaux de coton qui représentent 40 à 45% de la matière première ce qui équivaut à environ 19.900 tonnes par an. Ce sous-produit est d’une bonne valeur nutritionnelle pour le bétail et fait l’objet d’une grande valorisation au niveau de l’usine. o Les coques de coton (120 à 200 tonnes par jour.) Ils n’ont aucune valeur marchande et sont stockés sur une décharge à Lissèzoun (environ 500m à gauche de l’axe Abomey-Bohicon) dont le site de 1,5 à 2 ha a été négocié par l’usine auprès d’un paysan du village. o Les déchets liquides d’usinage et les cendres et imbrûlés des chaudières pour lesquels des statistiques ne sont pas disponibles, mais dont les quantités ne sont pas négligeables. Ils n’ont aucune valeur marchande et ne font l’objet d’aucune valorisation. Les eaux usées sont déversées par une canalisation derrière la propriété de l’usine et les cendres sont stockées en monticules dans les palmeraies adjacentes à l’usine et sur la décharge des coques. L’usine Fludor C’est une huilerie menant les mêmes activités que la SHB. Située beaucoup plus à la périphérie de la ville de Bohicon (Zogbodomey), cette usine a aussi des eaux usées mais celles–ci sont traitées puis déversées dans des caniveaux conduisant à des ruisseaux qui à leur tour débouchent sur la 95 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE rivière Hlan. Aussi faut-il signaler que des pneus seraient utilisés comme combustible dans les chaudières de l’huilerie. Les usines d’égrenage de coton de la SONAPRA L’usine a été construite depuis 1925 en dehors de la ville de Bohicon. Aujourd’hui, elle a été rattrapée par cette ville et y est complètement intégrée. Elle comprend deux chaînes d’égrenage d’une capacité totale de traitement de 300 tonnes de coton graine par jour. Elle est fonctionnelle quand il y a du coton graine (de décembre à avril.). L’usine est alimentée en matière première par les productions des sous préfectures environnantes. La circonscription urbaine de Bohicon produit elle -même peu de coton. Les sous produits de cette usine sont les graines et la poussière des fibres. L’ONAB Les activités de l’Office National du Bois visent à protéger les forêts naturelles et à assurer la production et la fourniture de bois d’œuvre. Il exploite 13.000 ha de plantations (constituées essentiellement de tecks) répartis en 4 zones : Agrimè (à la périphérie de Bohicon), Toffo, Djigbé et Lama. Ces plantations produisent 40.000 m3 de grumes par an, transformées au niveau de la scierie de l’ONAB (IBB Sa) située à Saklo, à la périphérie sud de Bohicon. Cette scierie produit des perches, des poteaux et des planches consommés à 75% par le marché national à travers 18 postes de vente sur tout le territoire national (le reste étant exporté vers le Togo). Elle produit également mais dans une moindre mesure des parquets et des composantes de meubles essentiellement destinés à l’exportation vers la France, L’Allemagne et les USA. Les sous-produits issus de cette unité de transformation sont les copeaux de grumes, les écorces et sciures de grumes, les copeaux et sciures de planches, parquets et composantes de meubles. La sciure représente en moyenne 15% de la production soit 5.500 m3 par an (à considérer en masse de bois et non en volume de sciure). Les copeaux conditionnés constituent 60.000 à 100.000 fagots de bois par mois. 2.2 Les opportunités et contraintes liées à la péri urbanité Les Huileries De tous les sous-produits issus des transformations de la SHB, seuls les tourteaux de coton sont valorisés dans l’élevage de gros bétail. La plus grande partie de ce déchet est donc conditionnée pour l’exportation vers les pays européens d’élevage bovins (l’Irlande en particulier), le reste étant destiné à satisfaire la demande locale (environ 10 tonnes par mois dont l’essentiel à la ferme agricole de Kpinnou.) Selon les responsables de l’usine, ce sous-produit est encore très peu connu des éleveurs locaux, ce qui explique leur faible niveau de consommation. Les coques de coton, les eaux usées et les cendres sont les plus importantes sources de pollution liées aux activités de la SHB. Les coques de coton sont transportées sans grande précaution sur le site négocié par la SHB, ce qui en explique l’ « épandage » sur tout le parcours. Le site est une palmeraie qu’un paysan de Lissèzoun a laissé à l’usine comme décharge depuis 1997. Au moment de la visite du site, la palmeraie avait disparu sur 0,5 à 0,75 ha suite à l’incinération des monticules de déchets de plus en 96 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE plus encombrants. Après les pluies, les eaux de ruissellement dispersent une partie des déchets dans un rayon de 500m, polluant les rues et les habitations sur leurs passages. Pendant la décomposition, ces coques de coton qui sont parfois mélangées aux ordures produites dans l’usine et aux cendres et imbrûlés des chaudières provoquent la prolifération d’insectes chez les riverains. Il faut noter que l’occupation de cette zone de Lissèzoun est récente. L’installation de la décharge et celle des habitations se sont faites parallèlement. Les eaux usées de la SHB sont stockées dans un grand trou situé au beau milieu des habitations derrière la clôture de l’usine. Selon les riverains, ces déchets liquides étaient déversés jusqu’en 2000 dans de petits trous aménagés par l’ex SONICOG et inondaient régulièrement des habitations du quartier Sogba. Mais la composition des eaux jusqu’à lors favorisait la fabrication artisanale de savon, ce qui limitait les réactions des populations. L’usine a révisé ses installations, ce qui a considérablement modifié la composition des effluents et ainsi a mis fin à l’exploitation qui en était faite. Aujourd’hui, tout le quartier baigne constamment dans une odeur nauséabonde et reste toujours exposé aux vidanges périodiques du grand trou (quand il est plein) vers les petits qui inondent les maisons. Les réactions des riverains se trouvent handicapées par le fait que certains sont employés dans l’usine et par conséquent servent de briseurs de mouvement. On observe que les autorités du quartier sont assez éloignées du site et ne réagissent que quand les vidanges sont faites. Néanmoins, une organisation des populations a été mise en place et a abouti à une plainte adressée au Ministère de l’Environnement en 2001. Mais cette initiative de plainte n’a pas connu un réel suivi et il règne actuellement un certain climat d’inaction et d’attente. Le Ministre a visité le site au cours de l’année 2002, mais aucun résultat notable n’est encore observé. Les effets des eaux usées déversées après traitement par Fludor dans la rivière Hlan ne sont pas immédiatement perceptibles dans le proche voisinage de l’usine. Toutefois, il faudrait noter que les conséquences pourraient se ressentir dans la qualité de l’eau du Hlan qui traverse plusieurs localités. La qualité de la faune et de la flore aquatiques pourrait s’altérer mais nous ne disposons pas à l’heure actuelle d’analyses prouvant la nocivité de ces effluents. Quant aux coques, nous avons constaté qu’elles sont stockées au niveau de l’usine et sont périodiquement incinérées. L’utilisation de pneus comme combustible dans les chaudières de l’usine pourrait être source de rejet dans l’atmosphère contribuant ainsi à la destruction de la couche d’ozone. Les usines d’égrenage de coton Outre les opportunités offertes par l’existence d’une usine à son environnement immédiat (habitation en location, emplois, restaurations et diverses activités économiques), l’usine offre comme sous produits les graines de coton qui approvisionnent les huileries de la place. L’existence de l’usine crée des nuisances aux populations riveraines. Il s’agit notamment des poussières de fibres, de l’exposition aux bruits des machines, aux risques d’explosions des chaudières et turbines et à la circulation des camions. Les poussières de fibre produites représentent 0,19 à 0,83% de la quantité de coton graine traitée. Elles polluent les cours, les arbres, les puits et les citernes des concessions environnantes ainsi que les voies publiques et caniveaux situés à proximité de l’usine. Les populations sont très peu organisées et leurs réactions n’ont aucun impact sur les activités de l’usine. La seule tentative a été une proposition de délocalisation d’un riverain plaignant mais cette initiative n’a connu aucune suite. Le fonctionnement des chaînes d’égrenage entraîne une grande pollution sonore et expose les riverains à des accidents comme l’explosion de turbine ou de chaudière. L’usine draine enfin un grand nombre de camions dont la fréquentation incommode les riverains aussi bien pour le bruit que pour la sécurité. 97 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE La SONAPRA, malgré ces différentes contraintes n’a aucun projet de déplacement de l’usine ou d’amélioration des techniques de traitement (pour réduire la production de poussière). La scierie Les copeaux de grumes sont morcelés et conditionnés en fagots de bois de chauffe. Ce sousproduit est livré à une entreprise privée qui le commercialise à Cotonou et Porto-novo. Les autres sous-produits (écorces, copeaux et sciures) sont répartis entre les populations de l’arrondissement de Saclo et les employés de l’usine (qui n’en garde qu’une faible proportion). Pour profiter des activités de l’ONAB, les populations de Saclo ont offert à la scierie un site de décharge de 1,5 à 2 ha où 10 à 15 camions viennent chaque jour déverser des sous-produits triés à la source. Ces différents sous-produits sont utilisés comme combustible pour la cuisine dans les ménages, les gargotes et les unités de transformations agroalimentaires (en particulier le afitin à Saclo). Au départ, l’accès à ces déchets était libre et gratuit à tous les intéressés mais la compétition a très tôt changé le site en champ de bataille, obligeant les autochtones à mettre en place un comité d’exploitation avec un mandat de 6 mois sous la supervision d’un comité de suivi. Les sousproduits sont alors stockés en deux lots : un lot pour les autochtones de Saklo qui gardent le droit d’accès libre et gratuit et un lot pour les allochtones dont l’accès est payant avec des unités de mesures précises. Ici, les sous-produits ont une autre classification : la sciure fine, la sciure grossière (mélangée avec des débris d’écorces), les écorces et les copeaux de planches. Aux allochtones, les sous-produits sont vendus suivant la grille suivante : Sciure fine : 150F par sac « de 100Kg » Sciure grossière : 65 à 75F par sac « de 100 Kg » Ecorce : 50F par sac « de 100 Kg » Copeaux de planche : 200F par bassine Les copeaux de planches sont les plus recherchés mais ne sont disponibles qu’en quantité limitée. Les revenus varient de 2000F à 12000F par jour. Le comité de gestion en garde 40% et verse les 60% restant sur un compte ouvert à cet effet à la CLCAM. Les fonds de ce compte permettent de financer la réalisation d’infrastructures communautaires pour le village de Saclo. Selon les populations de Saclo, l’opportunité d’emploi que constitue la présence de l’usine est très peu valorisée au profit des autochtones. Cette situation se justifierait par les problèmes d’organisation en leur propre sein qui viennent de trouver des solutions. 2.3 Les initiatives de protection de l’environnement : atouts et contraintes Valorisation des sous produits industriels L’exploitation de tourteaux de coton dans l’élevage constitue une stratégie d’adaptation de l’agriculture à l’expansion urbaine. En effet, l’élevage bovin en saison sèche est sujet aux grands déplacements des animaux pour le pâturage. L’utilisation des tourteaux de coton pourrait participer à l’intensification de la production qui correspond aux contraintes de disponibilité d’espace dans les centres urbains et limite les dégâts causés aux agriculteurs par les bêtes en déplacement. Pour le moment très peu d’éleveurs utilisent les tourteaux pour leur bétail mais à la longue cela pourrait être une opportunité qu’ils vont saisir. C’est aussi dans ce sens que la SHB projetterait une action de sensibilisation et de promotion de l’utilisation de cet intrant dans l’élevage du gros bétail pour accroître la consommation locale. 98 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Exploitation des sous-produits des plantations forestières Dans sa stratégie de protection des forêts par des plantations de tecks l’ONAB assure une ceinture verte à la périphérie sud de Bohicon (plantation d’Agrimè). Cette ceinture est entretenue et maintenue malgré l’exploitation du bois faite par la scierie grâce aux plans d’aménagement intégrant une planification rigoureuse des activités sylvicoles. Ces activités sylvicoles conduites par des professionnels comprennent globalement l’installation des plants, le suivi des peuplements, la planification des coupes et le reboisement par régénération naturelle ou par installation de nouveaux plants. Mais cette activité de protection et de valorisation de l’environnement pose dans son exécution de nombreux problèmes sociaux aux populations riveraines des plantations. Dans le cadre de notre enquête, l’accent a surtout été mis sur la plantation d’Agrimè à la périphérie de Bohicon. Cette plantation de 2500 ha a été installée depuis l’époque coloniale sur des terres dont les autochtones ont été expropriées et avec un plan d’aménagement n’intégrant aucune zone de culture. Les riverains sont restés insensibles à cette nouvelle ressource jusqu’à la reconnaissance du teck comme bois de bonne qualité et de grande valeur marchande (bois d’œuvre, de service, de chauffe et parfois carbonisé). Ces populations en pleine croissance démographique et très pauvres (les niveaux de productions agricoles seraient les plus faibles de la région) n’ont donc pu résister à une exploitation parallèle des ressources malgré les sanctions sévères appliquées aux contrevenants des prescriptions en vigueur. En effet, les riverains étaient strictement interdits d’accès à toutes les ressources disponibles dans les plantations (bois de chauffe, plantes médicinales, bois d’œuvre et de service) ce qui ne faisait qu’accentuer les frustrations déjà vives. Les droits d’usages étaient très restrictifs et parfois bafoués par les forestiers, ce qui alimentait de vives tensions avec des populations qui nourrissent toujours l’espoir de récupérer leurs terres. Les plantations sont donc sujettes à d’intenses pressions anthropiques longtemps réprimées par la violence. Des réformes ont été introduites dans la gestion des plantations depuis la fin des années 90 dans le sens d’une gestion participative des ressources forestières de l’ONAB pour une cohabitation durable entre les riverains et leur environnement. Avec un concept encore flou et difficilement intériorisé de la participation, l’ONAB à travers une cellule d’encadrement participatif travaille aujourd’hui avec des structures de cogestion mises en place par les populations (les COGEPAF : comités de gestion participative de la forêt). L’ONAB concède aux COGEPAF l’exploitation des rémanents (déchets de coupe constitués de souches, houppiers et branchages qui constituent 40 à 50% de l’arbre sur pied en terme de volume) contre nettoyage et protection des plantations. Néanmoins, la pression anthropique reste toujours forte, l’exploitation des rémanents ne couvrant que la période de décembre en mars. 2.4 Enjeux, groupes stratégiques et besoins en concertation Enjeux autour des ressources forestières La plantation de tecks constitue le théâtre de grands enjeux concernant l’appropriation licite ou non des produits forestiers qui ne nous concernent pas ici mais un enjeu est aussi l’accès au moins aux (sous-)produits de la plantation. Groupes stratégiques : diverses tendances parmi les forestiers, les membres de COGEPAF, les usagers sauvages, … Un autre enjeu est lié aux recettes communales : étant issues de la scierie et non de la plantation, cela profite à Bohicon et non à Zogbodomè. Enjeux autour des sous produits industriels 99 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Autour des déchets industriels et leur évacuation au moindre coût pour les usines, les groupes stratégiques sont les industriels, les riverains qui profitent et ceux qui ne profitent en rien de l’usine, le Ministère de l’Environnement, les autorités communales, les utilisateurs de coques qui parviennent parfois à s’en faire livrer un camion au bord de leur champ, les riverains de la décharge de coques, etc. Une partie des problèmes de sous valorisation des sous-produits pourraient être résolus si les utilisateurs potentiels des coques étaient organisés pour négocier avec les usiniers. Comment faciliter la concertation entre acteurs pour que des solutions accessibles et acceptables puissent être identifiées concernant les coques ? 3. Eaux de ruissellement La monographie avait permis de mettre en évidence l’importance du ruissellement et la gravité des dégâts qu’elle entraîne : - voies érodées - maisons déchaussées - inondation des voies et de certains quartiers à la moindre pluie, parfois même tombant à Djidja et non à Abomey ou Bohicon - zones de collecte et d’accumulation des eaux infestées de moustiques en pleine ville. Jusqu’à ce jour, la solution envisagée a toujours été de collecter les eaux dans des canaux de drainage le long des voies pour les envoyer en aval. Mais où en aval ? Les dégâts sont déplacés or l’urbanisation progresse plus vite que la construction des canaux. Par ailleurs, il ne nous a pas été possible de trouver un plan général des canaux pour une ville et encore moins pour les deux. Ceux qui construisent la nouvelle voie dite ABOK qui relie la frontière du Togo à la frontière du Nigéria via Abomey-Bohicon construisent des ouvrages importants de drainage mais ceux-ci ne s’intègrent pas, semble-t-il, dans un plan d’ensemble. De même l’association municipale d’actions environnementales d’Abomey a à son actif la construction d’un canal le long du voie dans le quartier de Djegbé, très souvent inondé. Le problème prend sa source sur les pentes Nord du plateau, en zone rurale déforestée, mais l’idée de prévention à amont n’a jusqu’à présent semble-t-il jamais été envisagée. Or ne pourrait-on pas obliger une bonne partie des eaux à s’infiltrer en amont, ou encore les collecter en amont pour des usages agricoles et pastoraux, ce qui limiterait de coût de la construction des collecteurs, qui deviennent toujours plus grands et profonds. De même, la valorisation en aval des eaux collectées devrait faire l’objet d’une meilleure concertation avec des potentiels usagers de ces eaux. Ainsi pour l’instant, ceux qui construisent des routes creusent parfois de grands réservoirs, mais sans se soucier de l’utilisation potentielle de leurs eaux. Nous avons pu observer des réservoirs situés le long du contournement qui sont difficilement accessibles aux personnes et aux bœufs. Les riverains n’y trouvant pas d’utilité se plaignent bien sûr des moustiques et du paludisme que de telles retenues provoquent. Plus au sud, vers Cana dans la commune de Zogbodomè, là où les eaux ont tendance à se rassembler, des idées sont avancées pour créer des retenues. Un tel projet paraît intéressant et permettrait par exemple le développement du maraîchage de contre-saison, d’autant qu’une décharge finale pourrait être localisée dans les environs. Un tel projet nécessiterait une concertation entre les élus communaux des trois communes concernées. Les recherches à conduire porteront 100 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE - sur l’historique des actions conduites dans le domaine de la gestion des eaux de ruissellement par les différents services techniques et les politiques des pouvoirs publics, sur l’implication des populations concernées : processus de décisions et de mise en œuvre. - sur les nuisances et dégâts des eaux de ruissellement, mais aussi sur les chemins de ces eaux (compléter la carte) - Quelle qualité de l’eau (pesticides) pour l’arrosage et pour quelles utilisations selon sa qualité ? - Quels sont les divers acteurs des valorisations potentielles des eaux de ruissellement ? Qui peut en profiter ? Qu’est ce qui empêche cette valorisation ? Pourquoi pas de valorisation agricole, pastorale ou autre ? Quelles mesures de prévention mettre en place ? X. CONCLUSIONS, CHOIX DE THÈMES DE RECHERCHE ET PLANIFICATION 1. Choix de filières et systèmes de production Quelques filières et les systèmes de production agricole inter reliés sont à choisir pour des études approfondies dans le cadre du volet 2. Les choix des filières se sont faits selon un certain nombre de critères (tableau 9.1): o Filière assurant le raccordement de la ville et sa périphérie ; o Filière influencée par l’expansion urbaine et en mutation ; o Contribution croissante à l’approvisionnement de la ville o Contribution de la filière à l’emploi ; o Contribution à la sécurité alimentaire ; o Impact sur l’environnement ; o Lieu de conflits liés à l’expansion urbaine, justifiant les concertations La notation a été réalisée par les chercheurs jusqu’à obtention d’un consensus. Du point de vue de la gestion des espaces naturels et agricoles, les filières les plus importantes retenues ont été : o Elevage bovin o Maïs et dérivés o Maraîchage Du point de vue économique, s’ajoutent : o Elevage de porcs o Afitin o Manioc 101 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Tableau 9.1 : Matrice de choix de filières à étudier Critères Elevage de porcs Elevage bovin Elevage de lapins Volaille Maïs Maraîchage Afitin Huile palmiste Manioc Contribution croissante à l’approvisionnement de la ville 5 1 2 3 1 4 4 3 4 Contribution croissante à l’emploi 3 2 1 1 5 3 4 3 2 Contribution à la sécurité alimentaire 1 2 0 2 5 2 2 1 5 Impacts sensibles sur l’environnement 3 5 2 2 3 1 2 2 3 Influence de l’expansion spatiale de la ville sur l’activité 2 5 0 2 5 2 3 3 5 Influence de l’activité sur le maintien d’espaces agricoles et naturels à la périphérie 1 5 1 1 4 3 0 0 2 Mutation de cette activité 5 1 1 4 1 3 2 1 0 Conflits 3 5 1 2 1 3 1 0 1 Total 23 26 8 17 25 21 18 13 22 Légende de 0 = faible à 5 = très élevé 2. Enjeux environnementaux traités par Ecocité 2.1 Gestion des ordures ménagères La gestion des ordures ménagères suscite plusieurs questions de recherche : 1. Quelles perceptions les différents acteurs ont-ils des ordures et de la pertinence de leur évacuation ? 2. Plusieurs concepts de la collecte et du traitement des ordures s’affrontent actuellement et il en est de même du financement de cette filière, comment faciliter les concertations qui permettent de choisir le plus approprié pour chaque commune ? 3. Quelle est la composition des ordures, comment permettre une bonne valorisation des ordures triées et traitées en agriculture, faut-il ou non composter, et quelles sont les conséquences sur les localisations des décharges finales ? 102 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 2.2 ECOCITE Gestion des eaux de ruissellement o Production de la carte des eaux de ruissellement et des ouvrages déjà en place à une échelle intercommunale o Identification des zones de reboisement pour l’infiltration et de collecte en amont et des zones de collecte en aval des agglomérations techniquement pertinentes et socialement acceptables o Concertation entre acteurs intéressés par la valorisation de ces eaux et acteurs perdant leurs possibilités d’usages de ces terres, ainsi qu’entre communes ayant des intérêts différents. 2.3 Gestion de déchets agroindustriels ayant des valorisations agricoles potentielles o Quantification des déchets agro-industriels (tonnage et qualité, utilisations potentielles) o Identification des utilisateurs potentiels et des conditions d’accès à ces déchets o Concertation entre les différents groupes d’acteurs 3. Enjeux fonciers traités par Ecocité Les nouveaux lotissements en frange périurbaine et zone rurale provoquent une perte d’espaces agricoles et naturels, et les agriculteurs développent des stratégies de « recasement ». Quels sont les impacts du lotissement sur les investissements agricoles dans leurs périphéries et sur leurs périmètres. Plus généralement quelles évolutions du marché de la terre observe-t-on dans la frange périurbaine, (les modes de faire valoir indirects se développent-ils par exemple). Cela ne réduit-il pas l’investissement dans la fertilité et provoque-t-il pas le changement de statut et la reconversion de certains producteurs ? Quelle est l’importance du mouvement d’achats de terres par les urbains et investissent-ils dans ces terres ? Comment l’aménagement du territoire est-il planifié ? et quelles concertations entre acteurs ontelles lieu ? Le processus d’actualisation du plan directeur d’urbanisme des villes d’Abomey et Bohicon pourrait fournir une étude de cas intéressante. Des concertations entre communes et acteurs pourront aussi être organisées et observées autour de la délimitation de zones de décharge finale, zones de collecte et de valorisation des eaux de ruissellement. La concertation pourrait aussi porter sur le maintien de zones à usages agricoles et de pâturage. Abomey, ville royale, a beaucoup d’espaces appartenant à des collectivités ou faisant partie du domaine royal. Comment sont gérés au quotidien ces espaces communs en zone urbaine. Comment les tentatives d’appropriation individuelles sont-elles perçues. Quelles perceptions se font les habitants de la bonne utilisation de ces espaces qui contribuent à « aérer » la ville, mais aussi servent de parcelles de culture et de pâturages. La ville d’Abomey, nous l’avons vu ci-dessus, a connu très peu d’expériences de lotissement bouclé. Certaines raisons sont liées au manque de transparence et à des malversations dont auraient été victimes les propriétaires terriens. Mais il y a aussi des facteurs qui pourraient entrer en concurrence avec la logique de la parcellisation, ou tout au moins avec le lotissement « en damier ». Leur connaissance permettrait d’amorcer des concertations entre élus et populations locales. D’autres thèmes de recherche pourraient concerner : L’accès et le contrôle des terres à fort potentiel de production de maraîchers à la périphérie des villes (ex. des abords du fleuve Couffo) 103 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE L’installation de vergers et fermes : est-ce une anticipation du lotissement (logique spéculative) ou une logique productive Le lotissement comme source de ressources communales et devenant une fin en soi Le marché de Bohicon, bien public, espace et bâtiments privés 4. Besoins en concertation et animation facilitées par Ecocité Tous les aspects traités ci dessus : o gestion des ordures, o gestion des eaux de ruissellement, retenues et leurs périmètres de mise en valeur, o cohabitation éleveurs et agriculteurs dans les zones traditionnelles de pâturage, o valorisation des déchets des fournisseurs agro-industriels et les agriculteurs, o concertations autour des filières, o aménagement du territoire, o lotissements en zones rurales, font l’objet actuellement de concertations imparfaites. Certains besoins en méthodes et outils de visualisation et d’information pour ces concertations ont pu être identifiés : Un système de SIG devrait prendre en compte : des cartes des eaux de ruissellement à l’échelle du bassin versant et zones de concentration des eaux/aménagements, des cartes de demande en ordures ménagères et déchets industriels ; d’offre en ordures ; aide au positionnement des décharges intermédiaires et finales, des cartes des espaces de pâturage et de cultures, des troupeaux, des ayants droits (échelle : des rivières à la ville) des cartes de systèmes de production avec les zones de production tenant compte des itinéraires techniques ; des cartes des filières dont des cartes de flux vers les marchés selon les saisons; des cartes des modes de gestion de la fertilité ; (deux échelles, le plateau d’Abomey et sa périphérie telle que délimitée par les agriculteurs qui en partent pour cultiver au delà ; une échelle réduite des deux communes urbaines ; deux ou trois périodes (-30, -5 ou -10 et 0). 5. Conclusions La démarche de diagnostic collectif a permis à toutes les équipes de recherche du programme ECOCITE de développer un fonds commun de connaissances et de questions de recherche. En un temps assez réduit, l’alternance d’enquêtes en sous groupes et de mise en commun se révèle efficace pour construire un objet collectif de recherche et de se partager le travail de façon efficace. 104 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE BIBLIOGRAPHIE Bureau d’Etude et d’Intervention pour le Développement. (1997) : Programme pluriannuel communal d’investissements prioritaires. Ville de Bohicon. Société d’Etudes Régionales d’Habitat et d’Aménagement Urbain (SERHAU-SEM) FIDESPRA et URADEL. (2000) : Le département du Zou à la veille de la décentralisation : ressources, acteurs et institutions : étude de base pour un programme d’appui à la décentralisation et au développement local dans le Zou. FIDESPRA/FSA/UAC. Floquet A. et R.L. Mongbo, 1998. Des paysans en mal d’alternatives. Dégradation des terres, restructuration de l’espace agraire et urbanisation au bas Bénin. Weikersheim, Margraf Verlag, 190p. Makpenon Michel, (1992) : Recensement des activités économiques, ville d’Abomey : analyse des résultats. Programme d’Etudes et d’Enquêtes sur le Secteur Informel (PEESI) du BIT, PNUD et de l’INSAE. Mongbo, R.L. et A. Floquet, 1995. Enjeux fonciers, pauvreté et stratégies de survie sur terre de barre au Bénin. Cotonou, MPRE/GTZ. Projet Plan d’Urbanisme en République Populaire du Bénin. (1985) : Analyses urbaines (Bohicon). Ministère de l’Equipement et des Transports, République Populaire du Bénin. Projet Plan d’Urbanisme en République Populaire du Bénin. (1985) : Analyses urbaines (Abomey). Ministère de l’Equipement et des Transports, République Populaire du Bénin. Projet tripartite bénino-franco-allemand d’appui à la décentralisation/ déconcentration. (2001) : Atlas monographique des communes du Bénin. Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, République du Bénin (MISD-RB) et Service Allemand de Développement (DED). Projet Plan d’Urbanisme en République Populaire du Bénin. (1985) : Analyse urbaines Bohicon. Ministère de l’Equipement et des Transports, République Populaire du Bénin. Projet Plan d’Urbanisme en République Populaire du Bénin. (1987) : Plans directeurs d’urbanisme : notes de présentation. Ministère de l’Equipement et des Transports, République Populaire du Bénin. Programme d’Etudes et d’Enquêtes sur le Secteur Informel. (1992) : Recensement des activités économiques, villes de Bohicon : tableaux statistiques. BIT, PNUD et INSAE. Vodougnon Marie-Rufine et Karsten Vennemann (2000) Dynamique de l'occupation du sol du plateau d'Abomey de 1954-1982 In Atlas des ressources naturelles et agronomiques du Niger et du Bénin Institute of Soil Science and Land Evaluation (310) Universität Hohenheim 105 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE Abomey Pub 43.02.01 : étude ethno foncière termes références avr. 1984 pub 43.02.02 : étude ethno foncière, rapport URBANOR oct. 1984 pub 43.03 : schéma de voirie oct. 1985 pub 43.04 : étude historique quartiers – (Anignikin, fev. 1986) pub 43.05 : analyses urbaines oct. 1985 pub 43/44.06 : note de présentation plan directeur juin 1986 Bohicon Pub 44.01 : adduction d'eau mai 1985 Pub 44.02 : programme urgence assainissement oct.1984 Pub 44.03 : schéma de voirie oct.1985 pub 44.04 : analyses urbaines avr.1985 Pub 43/44.06 : note de présentation plan directeur, juin 1986 Lokossa Pub 46.01 : analyses urbaines juin 1986 pub 46.02 : programme urgence assainissement mai 1986 Pub 46.03 : schéma de voirie juin 1986 Pub 46.04 : note de présentation plan directeur février 1987 106 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE ANNEXES 1. Guides d’entretien Guide d’entretien avec les commerçants des marchés de Bohicon et d’Abomey Produit commercialisé :………………………………………………………. 1. Repérage de l’origine des produits commercialisés Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct Nov Déc Provenance Quantité importée Distance Acteurs impliqués dans transport 2. Analyse des modes d’approvisionnement Modes Inconvénients Avantages 3. Stockage 3.1 Modes de stockage 1. 2. 107 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE 3. 4. 3.2 Dispositions prises en cas d’avaries 1. 2. 3. 4. Modes d’écoulement Modes Inconvénients Avantages 5. Stratégies/dispositions d’écoulement 6. Conditions d’accès à une place dans le marché 7. Analyse des contraintes/difficultés Contraintes/difficultés Stratégies développées 108 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon ECOCITE 2. Répartition des tâches de recherche des étudiants et chargés de recherche programmés pour 2003 Chargé de recherche Assistant DESAC de Activité et thème recherche Système production 1 (maïs) Etudiant agro V Entité responsable DESAC Filière 1 Système production 2 (maraîchage) DESAC Filière 2 Assistant CEBEDES Système production 3 (bovins) CEBEDES Puis étudiant CNEARC en Filière 3 2004 Victor (Mainz) Le marché de Bohicon CEBEDES XXX (Mainz) Foncier Mainz DESS ? Gestion des pâturages Bo Sénan (CPU) Gestion des ordures (appui à la concertation) CEBEDES DESS ? Gestion des eaux de ruissellement ? DEA gestion environnement ? Gestion des déchets industriels DESAC Assistant CEBEDES Concertations inter-acteurs CEBEDES 109 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 3. ECOCITE Liste des personnes rencontrées et thèmes de discussion durant le diagnostic Date Lieu Personne rencontrée Thème de discussion Equipe Thème : Foncier et aménagement du territoire 25/02/03 25/02/03 DDEHU Abomey Sinzalo Janvier, Abomey Assogba Désiré, Chef BAGD Préfecture Abomey Aissi Nicaise, chef SAD Plan d’Urbanisme Directeur Mongbo/ Fanou/ Edja Problèmes de lotissement Idem Mongbo/ Fanou/ Edja Djimadja Albert 26/02/03 Kpassagon Tangbé Houédanou, Chef Quartier Ayéwé Théodore, cultivateur Foncier urbain et périur- Mongbo/ Fanou/ Edja bain Guidiga Christine, commerçante Une groupe de 7 cultivateurs et transformateurs 26/02/03 Dan Tota Transformation Agassain Symphorien, instituteur Maraîchage Lahoué Sylvain, agriculteur Foncier Fanou/ Edja Thème : Systèmes de production et filières agricoles urbaines et périurbaine 25/02/03 Détohou Chef village Détohou Systèmes de production Tossou, Commerçants du marché Bohicon Marché Abomey Tossou, Akoha Edmond Elevage porcin Secrétaire GV 2 cultivateurs 26/02/03 Abomey Hountohetegbe Théodore 110 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 25/02/03 Abomey-Bohicon RDR Abomey-Agbangnizoun ECOCITE Filières Babadankpodji RDR Bohicon-Zogbodomè Président et secrétaire USPP Abomey Forestiers 26/03/02 Marché Abomey Houndjro Commerçants de petits ruminants Filières Vendeurs de maraîchers Vendeurs ressortissants de Detohoun et de Zounzonmè Collectrices le long des rues menant aux villages 27/03/02 Détohoun Chef village Détohou Secrétaire GV Filières et transformations afitin et lio 2 femmes 27/02/03 27/02/03 Lanta Abomey Papa Amadou, éleveur fulani Elevage bovin Visite des champs dans les bas-fonds Maraîchage El Hadj Elevage bovin , chef des Fulani, éleveur Conflits sur l’espace et les ressources A. Floquet, A. Koévi, S. Tossou A. Floquet, A. Koévi, S. Tossou Perspectives Thème : Gestion des déchets ménagers, industriels et des eaux de ruissellement 25/02/03 Bohicon S. Gnimadi, président de l’ONG AJPEC Collecte des ordures et A. Floquet, A. Koévi, protection de S. Tossou l’environnement 25/02/03 Abomey E. Ahouignan, responsable de l’ONG ASPAB Collecte des ordures A. Floquet, A. Koévi, S. Tossou 111 Diagnostic des territoires Abomey-Bohicon 26/02/03 Bohicon N. Gbogbo DE de l’ONG AGEPeUA ECOCITE Collecte des ordures A. Floquet, A. Koévi, S. Tossou A. Floquet, A. Koévi, S. Tossou F. Djivoeha DE de l’ONG AGOMS – consortium Tonamin 26/02/03 Abomey Mr Tchitou, membre de la commission PADeCom Collecte des ordures Hygiène et Assainissement Abomey 26/02/03 Abomey Visite d’ouvrages de canalisation et collecte des Collecte des eaux de ruis- A. Floquet, A. Koévi, eaux de ruissellement (quartier Djregbé jusqu’au sellement S. Tossou marché) 112
Documents pareils
monographie de la commune d`abomey
De cinq (5) Centres de Santé d’Arrondissement pour desservir les 7
arrondissements de la Commune,
Un centre de traitement de la tuberculose,
Une vingtaine de cliniques et cabinés privés de so...