L`Agefi Hebdo, date de publication : 15/11/2007 UN MARKETING
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L`Agefi Hebdo, date de publication : 15/11/2007 UN MARKETING
L'Agefi Hebdo, date de publication : 15/11/2007 UN MARKETING MULTIFACETTE DANS LES DERIVES ACTIONS - L'ENQUETE Soraya Haquani Si les organisations divergent, structureurs et équipes de vente sont systématiquement impliqués dans les politiques commerciales des banques. Avec une croissance de plus en plus rapide, une demande soutenue des investisseurs et une forte rentabilité, les dérivés actions figurent aujourd'hui parmi les segments les plus rémunérateurs pour les banques de financement et d'investissement, notamment pour Société Générale et BNP Paribas qui en ont fait leur spécialité. D'ailleurs, les derniers résultats trimestriels de la première font apparaître une hausse des revenus dans ce domaine, dans un contexte de baisse générale de l'activité du pôle Corporate & Investment Banking (CIB). Dans un marché qui vient de connaître des turbulences, les dérivés actions ont encore de beaux jours devant eux. D'autant qu'ils peuvent justement bien s'adapter à cet environnement post-crise. « Les opportunités offertes par les dérivés actions permettent d'apporter des réponses concrètes aux différentes problématiques des investisseurs : protection ou garantie du capital, amélioration de la liquidité sur certains produits (marché secondaire...), transparence accrue sur certains actifs comme sur les hedge funds, par l'utilisation de fonds sous forme de comptes gérés », affirme Fabien Hajjar, responsable mondial dans les dérivés actions et fonds chez Calyon. Produits classiques sur les actions ou mécanismes plus complexes, destinés à de grands clients comme les institutionnels ou les entreprises, aux clients des banques privées ou encore aux particuliers via les réseaux bancaires, la diversité de ce marché se reflète dans les approches marketing adoptées par les établissements. Premier acteur mondial dans les dérivés actions devant BNP Paribas, avec des revenus estimés à plus de 3,4 milliards d'euros en 2007 (selon les estimations de JPMorgan en janvier 2007), la Société Générale est organisée autour de deux pôles, correspondant aux deux grandes familles de produits, les instruments de Bourse et les outils structurés. Dans ce second pôle, les collaborateurs sont spécialisés par clients (institutionnels, réseaux retail, family office, banque privée et conseillers en gestion de patrimoine) ou par pays. La structuration, pièce maîtresse Pierres angulaires de la politique marketing, l'ingénierie financière et les équipes de vendeurs sont, de façon directe ou pas, parties prenantes dans la relation au client. « Notre marketing sur les dérivés actions intervient à plusieurs niveaux, explique Marie-Léone Gillet, responsable marketing Europe sur les dérivés actions chez SG CIB. D'une part, en amont, lors de la préparation des propositions commerciales utilisées par les vendeurs lors de leur prise de contact avec le client. En trinôme, l'ingénierie financière, le vendeur et les spécialistes du marketing travaillent ensemble cette proposition. D'autre part, en aval, lorsque le vendeur a vendu le produit, le marketing doit promouvoir ce dernier auprès des réseaux de distribution et plus précisément auprès du client final. » Et les aspects de marketing pur ne sont pas négligés. Bien au contraire. Ainsi, le produit est aussi mis en valeur dans une logique de « design produit », comme on peut le voir dans les entreprises industrielles. « Au-delà du discours et de l'innovation, le format du marketing a aussi son importance. Ainsi, nous proposons des kits à nos clients qui intègrent des éléments interactifs. Il s'agit de mettre en valeur une idée avec la collaboration de spécialistes des nouvelles technologies, du graphisme... », indique la responsable de SG CIB. Chez sa rivale BNP Paribas, où les produits structurés sont gérés par cinq plates-formes (Hong-Kong, Paris, New York, Londres et Tokyo), qui rassemblent une cinquantaine d'ingénieurs produits, la structuration est elle aussi placée au coeur du marketing. « L'équipe responsable de l'offre produit, c'est la structuration », souligne ainsi Bertrand Delarue, responsable de la structuration des produits dérivés. Du côté de JPMorgan, l'organisation du marketing des dérivés actions fait la distinction entre les clients distributeurs, les réseaux, les institutionnels et la banque privée. « Cette organisation permet d'avoir une meilleure connaissance de l'environnement de nos clients, qui ne recherchent pas les mêmes produits ni les mêmes services. En étant spécialisés, nous pouvons mieux répondre à leurs attentes », affirme Carole Savary, responsable de la vente et du marketing auprès des clients distributeurs France, Belgique et Luxembourg. La banque américaine a imbriqué l'une dans l'autre les fonctions de structuration et de marketing. La fonction de « marketers » (basés à Londres pour ces trois zones) a été créée. « Nos équipes de marketers sont elles aussi en charge de la conception, du lancement et du suivi des produits, déclare la responsable de JPMorgan. Pour cela, ils s'appuient sur les équipes de structuration qui développent des nouveaux produits et les équipes de marketing qui sont dédiées aux supports de vente, brochures, présentations, reporting... (une vingtaine de collaborateurs pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique). Cette plate-forme globale nous permet également d'offrir aux clients français une vision précise de l'actualité des autres marchés. » Une « tour de contrôle » chez Calyon Acteur plus récent sur le marché des dérivés actions, Calyon a fait pour sa part le choix d'une organisation centralisée. Créé en juin 2006, le département marketing de la filiale de financement et d'investissement du Crédit Agricole fonctionne comme une « tour de contrôle » sur toute la gamme de produits et toute la variété de clientèle. « Notre organisation est conçue comme un _hub' qui s'alimente de l'ensemble des équipes dérivés actions et offre un angle de vue global sur l'ensemble du marché. Elle permet ainsi de promouvoir et de faire circuler les idées de produits pour les différents types de clients et ce sur les différentes zones géographiques », précise Gilles Demonsant, responsable du marketing et développement dérivés actions et fonds chez Calyon. « Notre organisation est flexible. Nous travaillons sous forme de projets avec la participation des diverses compétences : selon la nature des produits, l'interaction se fait avec la structuration, le pricing, le trading, les analystes de marché, les spécialistes sur fonds... », poursuit-il. Un besoin fort d'innovation Des architectures marketing différentes donc, mais qui sont toutes soumises à la même contrainte : le besoin d'innovation, à un rythme parfois très rapide pour certains produits. « Toute la difficulté avec la conception d'un nouveau produit est liée à sa primauté dans le temps. La rapidité de l'innovation est primordiale dans un marché concurrentiel », souligne Nicolas Pourcelet, managing director chez Lehman Brothers, où les revenus de l'activité actions en Europe (au sein de laquelle les dérivés actions représentent une part substantielle) ont triplé en trois ans. Chez Calyon, on s'efforce ainsi de renouveler de façon très fréquente certains instruments. « La gamme des structures, ou formules de remboursement, notamment destinées aux réseaux de distribution, peut être enrichie toutes les deux ou trois semaines afin de proposer régulièrement de nouvelles solutions d'investissement, explique Gilles Demonsant. Les produits basés sur des stratégies d'investissement et les fondamentaux des marchés actions reposent sur des idées et une recherche propriétaire. Ces produits doivent être renouvelés tous les six mois car le marché, les besoins clients et les opportunités évoluent. » Mais chez JPMorgan, l'approche de la conception de produits pour les réseaux s'articule autrement. Elle est basée sur l'idée d'un travail mené conjointement avec ces clients pour créer du « sur mesure ». « Les réseaux sont toujours à la recherche de produits innovants afin de se démarquer. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux pour comprendre précisément leurs besoins et concevoir des solutions sur mesure, voire pour accompagner et former leurs équipes commerciales. Et ce, souvent trois à quatre mois avant le lancement du produit sur le marché. », indique Carole Savary. © 2007 L'Agefi - Hebdo. Tous droits réservés. 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