blue jeans - Théâtre des Marionnettes de Genève
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blue jeans - Théâtre des Marionnettes de Genève
Théâtre des Marionnettes de Genève Dossier pédagogique – saison 2013 – 2014 BLUE JEANS Création du Théâtre de Vidy Lausanne en coproduction avec le Théâtre des Marionnettes de Genève, Le Montfort Théâtre, Espace des Arts – Scène nationale de Châlon-sur-Saône, MA scène nationale – Montbéliard (F) ( ((( DU 22 AU 26 MA I 2014 Conception, scénographie et marionnettes : Yeung Faï Assistant à la mise en scène : Yoann Pencolé Dramaturge : Pauline Thimonnier Création lumière : Christian Peuckert Assistant lumière : Adrien Gardel Création vidéo : Stéphane Janvier et Jérôme Vernez Musiques et son : Ludovic Guglielmazzi Conseiller artistique : Thierry Tordjman Regard extérieur : Philippe Rodriguez Jorda Construction décor : Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne Chansons interprétées par : Elodie Pittet et Huanyu Pittet Jeu et manipulation : Yeung Faï, Yoann Pencolé, Inbal Yomtovian et JeanPierre Leguay Gaine chinoise, théâtre d’objets et marionnettes. Documentaire-fiction marionnettique Théâtre des Marionnettes de Genève 3 Rue Rodo | 1205 Genève Réservations : 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch 60 minutes Adultes, ados ~ 1 Le spectacle 1. L’histoire Après avoir sillonné 25 ans durant les routes du monde avec son solo Scènes de l’Opéra de Pékin, spectacle culte accueilli au TMG, Yeung Faï, virtuose de la marionnette chinoise, a créé en 2011 Hand Stories, le récit fantastique de sa propre vie, celle d’un marionnettiste héréditaire de Hong Kong. Il y était question de mains. Les siennes. Celles de son père. Celles de son frère. Pour Blue Jeans, on découvre, perdu dans une lointaine campagne asiatique, Blue Jeans un homme qui s’échine sous un ciel lourd à faire tourner son énorme meule de pierre. Victime d’un contexte ardu, un couple de paysans ne peut assurer un avenir pérenne à la ferme des deux sœurs jumelles venant de naître. On suit ainsi leurs parcours alors qu’elles sont devenues jeunes filles. L’une, Jasmin est contrainte de travailler seize heures quotidiennes dans un site de fabrication de jeans destinés aux plus grandes marques. L’autre est vendue à des Occidentaux et connaîtra une destinée sans doute plus clémente. Entre elles, défile toute l’actualité d’une mondialisation faisant d’un habit ultrapopulaire, la racine de toutes les exploitations. Mortel, le Jean a-t-il le blues ? Vêtement le plus porté au monde, le bleu a mal à ses coutures sociales et environnementales. Réalisé majoritairement en Chine pour une question de coûts low cost, il participe, dans sa production, d’une exploitation éhontée de juvéniles travailleurs migrants exilés des campagnes, causant une pollution qui ne cesse de s’étendre. Fable visuelle et politique, ouverte sur la contemplation de paysages en métamorphoses et d’éclats documentaires vidéo, la nouvelle création de Yeung Faï renoue avec une forme de théâtre marionnettique à haute teneur documentaire. Trois acteurs manipulateurs convoquent les techniques les plus diverses, des marionnettes à gaine et bunrakus nippones au théâtre d’objets. L’opus trempe dans une atmosphère proche du cinéma d’animation sur fond de paravents devenus paysages projetés d’une puissance médusante. Créateur de "Hand Stories", chronique familiale sur fond de crises et d’exils chinois au siècle dernier jouée au TMG, Yeung Faï nous immerge ici dans les profondeurs d’un monde du travail aussi bleu délavé que l’enfer sur terre. Et donc cette belle idée que l'Histoire serait moins affaire de voyage dans le temps que de voyage dans les lieux. 2 2. Synopsis Quelque part en Asie… Dans une famille de paysans, un homme semble être là depuis la nuit des temps. Sa femme, famélique, vient de mettre au monde deux enfants, deux sœurs jumelles. Dans un contexte de vie difficile, ils ne pourront pas nourrir ces deux bouches supplémentaires. Il faudra donc vendre l’une des deux filles. L’autre restera à la ferme mais partira, dès que son âge le lui permettra, pour ces grandes métropoles où des usines embauchent la jeune main d’œuvre. Il n’y a pas d’autre alternative pour une jeune fille car le travail des champs n’est pas pour elle. Blue Jeans L’avenir est là-bas, dans ces villes champignons où les usines étrangères s’installent pour produire des biens pour la terre entière. Blue Jeans interroge notre monde contemporain à l’heure de la globalisation en évoquant le destin de Jasmin, cette jeune chinoise condamnée à travailler dans des conditions épouvantables pour survivre. Sous la forme d’un spectacle documentaire, nous découvrons une famille traditionnelle en rupture d’un monde en quête de progrès, de modernité et d’urbanité. Pour sa nouvelle création, après le succès de Hand Stories qui l’a conduit du Brésil aux Etats-Unis, d’Avignon à Taïwan et dans de nombreuses villes françaises et européennes, le marionnettiste Yeung Faï s’est inspiré notamment des documentaires du réalisateur américain Greg Conn Jr. traitant de la fabrication des jeans dans le monde, et de la problématique du travail. Plusieurs techniques sont utilisées : marionnettes Bunraku, marionnettes à gaine, théâtre d’objet, sur fonds d’images, à la manière de Barry Purves, l’un des maîtres du cinéma d’animation contemporain, grâce à un système de paravents sur lesquels sont projetés des vidéos, créant un paysage et une scénographie mobile. Trois interprètes (Chine, France, Israël) seront les maîtres d’œuvre de ce documentaire marionnettique, véritable plongée dans les abysses du monde du travail. Blue Jeans se veut avant tout une fable visuelle poétique et politique. 3 3. Bleu comme l’enf er Entretien avec Yoann Pencolé, comédien, manipulateur et assistant à la mise en scène. La création aborde des thèmes graves. Comment le faites-vous ? Yoann Pencolé : Blue Jeans s’attache à dévoiler le fonctionnement d’un système de Esclaves contemporaines, ces jeunes filles production et d’exploitation qui semble satisfaire quasi tout le monde, à des degrés dans l’industrie du jeans sont souvent très divers. Si chacun porte des jeans à travers le monde, le dessein est de montrer les rouages mal rémunérées, voire pas du tout. de sa production en Chine, dont les conséquences tant humaines, sociales qu’environnementales devraient nous interpeller comme « consommacteurs ». La Chine produit ainsi le 70 % des jeans de la planète pour des salaires de misère, alors que ce vêtement est le symbole d’un supposé effacement de frontières entre sexes, cultures et classes sociales. D’où l’idée de proposer une forme de documentaire fiction en suivant l’histoire d’une jeune fille devant quitter le foyer familial à la campagne pour rejoindre une grande ville et son site de fabrication du célèbre pantalon. Des images directement tournées en Chine notamment à Xintang, la « capitale mondiale des jeans » dans la province de Guangdong, au sud-est du pays. Des réalités emblématiques de l'industrie textile chinoise dans son ensemble, qui devrait revoir ses pratiques et sa réglementation. Les situations en usines, elles sont inspirées, moins des Temps modernes de Chaplin, que du documentaire China Blue. Ce que cache le Made in China (2005) signé Micha X. Paled. Ce film suit la vie d’une jeune fille de dix-sept ans originaire du Sichuan, Jasmin, dont la création reprend le prénom, et les cadences soutenues imposées dans le cadre d’un travail à la chaîne de seize heures par jour. Esclaves contemporaines, ces jeunes filles ouvrières dans l’industrie du jeans sont souvent très mal rémunérées, voire pas du tout. Cette création met en œuvre nombre de techniques : marionnettes à gaine, marionnettes bunrakus japonaises. Mais aussi théâtre d’objets sur fond d’images parfois giratoires montées sur une tournette, comme le réalise l’une des grandes signatures du cinéma d’animation contemporaine, Barry Purves (Screen Play, 2007), qui a collaboré avec Tim Burton pour son Mars Attacks ! (1996). Comment est né Blue Jeans ? Depuis la création en 2011 de Hand Stories qui, par la technique traditionnelle de la gaine chinoise, abordait notamment la période de la Révolution culturelle et de l’exil hors de l’ancien Empire du Milieu, le marionnettiste et metteur en scène Yeung Faï n’a pu retourner dans son pays de crainte de ce qui pourrait lui arriver Egalement après la détention et la mort en camp de son père sous la Révolution culturelle. Hand Stories abordait aussi la notion de documentaire à travers la plongée au sein d’une chronique familiale. 4 Une scène de Blue Jeans s’inspire du documentaire tourné dans le style classique du cinéma vérité, Last Train Hope (2009) de Li Xin racontant le retour par millions des migrants (leur nombre total est estimé à 200 millions) en leurs foyers lors du Nouvel An chinois. Les migrants et familles partent l’essentiel de l’année travailler dans les villes afin d’apporter l’argent aux grands-parents s’occupant des enfants, faisant retour pour une poignée de jours seulement à cette occasion festive. Il montre comment les familles sont fragilisées par ce système de production. Yeung Faï a ainsi tenu à partir de cette réalité de paysans ayant du mal à survivre dans les campagnes. Est aussi explorée la déconsidération sociale frappant les filles dans cet univers d’exploitation agricole. Ainsi la jeune fille est-elle appelée à se sacrifier en usine pour que le petit frère, par exemple, puisse faire des études. 4. Nous portons tous des jeans Nous portons tous des jeans. Symbole de liberté. Ils conviennent à tous : hommes, femmes. Ils sont pratiques et confortables, vont avec tout, ne représentent aucunes catégories sociales et toutes à la fois. Le jeans nous rend égaux. A l’heure actuelle, 70% de la production mondiale de jeans est fabriqué en Asie. Les plus grandes marques sont américaines et européennes (Diesel, Levi’s...) Ces jeans sont majoritairement fabriqués par des mains jeunes, de femmes et d’enfants dans des conditions souvent inhumaines, qualifiées d’esclavage moderne. La Chine est loin, très loin. Mais cette économie basée sur l’exploitation de l’autre se rapproche de plus en plus. Et demain il se pourrait que vos enfants en soient les victimes. 5. Etre fille en Chine Entretien avec Yeung Faï, comédien, manipulateur et concepteur de Blue Jeans et Yoann Pencolé. L’enjeu de ce spectacle est d’associer le documentaire et la fiction. Dans ce spectacle, vous évoquez les conditions de travail en Chine. Pourquoi tenez-vous également à exposer la place des filles dans la société chinoise ? Yeung Faï : La politique de contrôle des naissances a commencé à l’époque de Mao Zedong, dans les années 1950. Le leader de la République populaire de Chine pensait qu’une Troisième Guerre mondiale allait éclater. Afin de préparer le pays à un tel conflit, on incita les Chinois à faire beaucoup 5 d’enfants. Cependant, la guerre n’est jamais arrivée. Entre 1970 et 1980, la population était devenue trop nombreuse. Pour y remédier, les autorités ont mis en place la politique de l’enfant unique. Depuis 1979, elle a provoqué une tragédie. Beaucoup de familles ont tué ou vendu leurs enfants pour qu’il n’en reste plus qu’un. Aujourd’hui, la politique s’est légèrement assouplie ; les familles ont l’autorisation d’avoir un deuxième enfant, moyennant un paiement. En plus des disparités entre les sexes que constitue cette société patriarcale, un autre problème se pose : celui des enfants non déclarés. La plupart du temps, ce sont des filles. N’ayant aucune identité, elles ne peuvent alors pas aller à l’école et deviennent ainsi la main-d’œuvre des usines. Dans Blue Jeans, j’ai voulu montrer les conséquences qu’une telle politique peut provoquer chez les paysans. A la campagne, les familles veulent avoir un garçon pour reprendre plus tard le travail ardu et physique des champs. Les filles ne peuvent rien faire, mis à part quelques travaux qui ne rapportent pas beaucoup d’argent. Elles doivent donc partir en ville pour être en mesure de vivre, aider le reste de la famille ou financer les études de leur frère ou de leur sœur. Une sorte de sacrifice. Blue Jeans raconte cette histoire qui est celle de nombreuses familles chinoises. Nous confrontons la réalité collective au récit poétique et politique que portent nos personnages. En un mot, l’enjeu de ce spectacle est d’associer le documentaire et la fiction. Vos deux créations évoquent la Chine. De quelle manière, et pour quelles raisons ? Yeung Faï : Hand Stories présente la situation de la Chine du temps de mes parents et de mon enfance. Il s’agit d’un hommage aux ancêtres. Blue Jeans évoque le pays tel qu’il est actuellement : l’« atelier du monde ». Il est nécessaire d’en révéler la face cachée. J’ai envie d’amener le public à se poser des questions à propos des ouvriers chinois qui produisent plus de 70 % des jeans de la planète. Je veux montrer aux gens ce qu’il se passe, les rendre attentifs aux conditions de travail inhumaines de ces usines et à la pollution qu’elles génèrent. Cette création est dédiée aux générations futures. Yoann Pencolé : La Chine vit une époque terrible qui ressemble à celle de la France au milieu du 19e siècle. La situation semble même encore pire, car il existe un problème supplémentaire : celui de la pollution. Les rivières sont sales à cause des usines de fabrication de jeans. Elles rejettent les colorants directement dans les cours d’eau. Pendant ce temps, le gouvernement estime que tout est en ordre. Les Occidentaux n’ont pas le droit de fermer les yeux là-dessus. Nous tentons de le démontrer à travers Blue Jeans. 6. Le cercle Le cercle et l’horizontale en forme de couperet. Tout s’articule autour de ces deux figures dans Blue Jeans. Cercle vicieux de la pauvreté et de l’exploitation Le cercle, c’est d’abord la meule de pierre qu’un paysan – emblème d’une paysannerie immémoriale – fait tourner à la force de ses 6 Blue Jeans seuls bras, tel un bœuf fatigué sur qui tombera à la fin une pluie de suie ou de sang noir. Il a « Blue Jeans » raconte la face cachée, beau vivre au rythme d’une nature puissante – admirablement évoquée par l’image en arrièreinhumaine, martyrisante de la plan et une bande-son enveloppante – sa production ne lui permet pas joindre les deux mondialisation. bouts. Il est condamné au cercle vicieux de la pauvreté, qui l’oblige à vendre l’une de ses deux filles – bébé – et à laisser sa seconde – Jasmin, adolescente – partir à la ville pour vendre sa force de travail. Au grand dam de son épouse qui n’a plus qu’une poule à bercer pour consoler son âme de mère esseulée. Une façon aussi de pointer du doigt une société qui condamne les femmes à n’être finalement que des pondeuses de main-d’œuvre corvéable à merci. Le cercle – symbolisée par un plateau tournant – c’est aussi la ronde des « labheures » qui n’en finissent pas dans l’usine textile où Jasmin a trouvé un emploi de repasseuse. Elle y laissera sa peau, asphyxiée par les vapeurs délétères et les poussières cancérigènes, épuisée par les cadences folles qui n’accordent pas le temps de se nourrir correctement, d’aller aux toilettes et de dormir. Un tempo infernal imposé par les marques de jeans occidentales qui dictent les prix à la baisse. Exploitée jusqu’à son dernier souffle, Jasmin sera jetée sur le trottoir comme un déchet, sous la même pluie battante que celle qui l’avait accueillie lors de son arrivée en ville. Couperet aliénant du système L’horizontale, ce sont les rails de la scène sur lesquels glissent des panneaux latéraux qui s’ouvrent pour mieux se fermer en claquant comme des couperets. Elle symbolise un système politicoéconomique hyper-hiérarchique, qui casse les liens affectifs et familiaux, arrache les enfants des mains de leurs mères, déracine les gens, monétarise toutes les relations humains, coupent les êtres humains de la nature pour les enfermer dans des mégalopoles bétonnées et bruyantes où tout – jusqu’à la vie – est transformé en marchandise. Blue Jeans raconte la face cachée, inhumaine et martyrisante, de la mondialisation : l’esclavage moderne des ateliers du monde asiatique, en particulier chinois avec une ville comme Xintang qui produit 200 millions de jeans par an. Horaires excessifs, salaires de misère, audits truqués, pollution massive des eaux et de l’air qui affecte la santé de populations entières… Ces informations – largement diffusées par les médias depuis des années – ne sont pas nouvelles. Elles méritent cependant d’être répétées, car un fossé énorme continue d’exister entre la conscience des problèmes et nos comportements de consommateurs. Elles appellent à notre responsabilité. Pour la planète et les générations futures. Poétique politique Cependant, au-delà de son message politique et éthique, ce qui constitue la valeur du spectacle de Yeung Faï et fait qu’il est à voir absolument, c’est l’originalité et la force créatrice de sa démarche artistique. Si le metteur en scène définit son spectacle comme une « documentaire-fiction », c’est en réalité une prodigieuse fable poétique qu’il nous offre. Blue Jeans n’a rien d’un manifeste idéologique ou d’un spectacle militant. C’est une authentique œuvre d’art. Un exemple accompli de mariage entre la poésie et le politique. Une démonstration époustouflante de la manière dont la 7 poésie peut ouvrir à la réflexion politique en la magnifiant et en touchant le spectateur-citoyen au plus profond de son être…. De la vie des marionnettes Les marionnettes, à gaine et selon la tradition théâtrale du bunraku, sont animées avec tant de doigté qu’on en oublie les manipulateurs, pourtant visibles. Elles se mettent à exister, vibrer, respirer de leur vie propre. Elles deviennent des personnages à part entière qui, par leurs épreuves, leurs souffrances, leurs soupirs et leurs regards, acquièrent une telle dimension personnelle qu’elles nous rappellent à notre humanité en révélant toute l’inhumanité du système qui va les briser. Un capitalisme globalisé qui, précisément, réduit l’être humain à n’être qu’une marionnette aux mains manipulatrices des pouvoirs établis et de la finance. Le poème de Victor Hugo, qui clôt le spectacle, résume magnifiquement les deux aspects de Blue Jeans. D’une part, l’horreur d’une économie qui condamne toute rose, comme la jeune paysanne Jasmin, à la mort. D’autre part, la puissance transfiguratrice – source d’espérance et de beauté – de l’art de Yeung Faï qui sait à la fois créer des « parfums d’ambre et de miel » et « faire des anges du ciel » avec la réalité matérielle et humaine, y compris la plus sombre : « La tombe dit à la rose : – Des pleurs dont l’aube t’arrose Que fais-tu, fleur des amours ? La rose dit à la tombe : – Que fais-tu de ce qui tombe Dans ton gouffre ouvert toujours ? » « La rose dit : – Tombeau sombre, De ces pleurs je fais dans l’ombre Un parfum d’ambre et de miel. La tombe dit : – Fleur plaintive, De chaque âme qui m’arrive Je fais un ange du ciel ! » Michel Maxime Egger 6. La Chine asphyxi ée par la pollution de l’industrie textil e Made in China. Ces étiquettes, nous les voyons sur une majorité de nos vêtements. Si nous savons que la Chine domine les exportations de textile et que cette production se fait dans des conditions sociales dégradées, nous connaissons moins la pollution environnementale qu'entraîne cette industrie. Dans un rapport, Greenpeace révèle des taux de pollution élevés et la présence de cinq métaux lourds dans les eaux de deux villes de la province de Guangdong, au sud-est du pays : Xintang, la "capitale du monde des jeans", et Gurao, une ville industrielle où 80% de l'économie tourne autour de la confection de sous-vêtements. Pour l'ONG, les pollutions auxquelles sont 8 confrontées ces deux villes sont emblématiques de l'industrie textile chinoise dans son ensemble, qui devrait revoir ses pratiques et sa réglementation. Avec une population de 215 000 habitants, 500 000 travailleurs migrants, 4 000 entreprises et Adultes, amis aussi enfants et vieilles une production annuelle chiffrée à 28 milliards de yuans (3 milliards d'euros), Xintang est connue personnes, fabriquent à longueur de comme la "capitale du monde des jeans". En 2008, elle a produit plus de 260 millions de journée des jeans. paires de jeans - soit 60% de la production totale de la Chine et 40% des jeans vendus aux EtatsUnis chaque année. 40% de ses jeans sont exportés en Amérique, en Europe ou encore en Russie. Petites et grandes usines, ainsi que des myriades d'ateliers familiaux, essaiment dans les rues de la ville. Adultes, mais aussi enfants et vieilles personnes, fabriquent à longueur de journée des jeans pour améliorer les revenus de leur famille. Le garçon sur la photo, dans le village de Dadun, à Xintang, gagne 0,15 yuan (1,5 centime) pour couper les fils qui dépassent d'un blue jeans. En une journée, près de 200 paires passent entre ses mains. Les villageois se plaignent des usines, qui effectuent l'impression et la teinture des jeans, dont les eaux usées sont rejetées dans la rivière de Xintang. "Tout le monde dit que les gens qui travaillent dans la teinture et délavage ont des problèmes de reproduction et de fertilité. Mon cousin a déjà travaillé dans une usine de teinture. Il est mort d'une pleurésie", témoigne Lin Zhixin, un travailleur migrant du Sichuan. Un militant de Greenpeace récolte un échantillon d'eau d'une rivière polluée près du village de Dadun, à Xintang. L'ONG a prouvé la présence de cinq métaux lourds - cadmium, chrome, mercure, plomb et cuivre - dans des quantités bien supérieures aux normes autorisées dans le pays. "Les procédés de teinture, lavage, blanchiment et impression sont quelques-uns des plus sales de l'industrie textile, nécessitant de grands volumes d'eau ainsi que des métaux lourds et autres produits chimiques", explique Mariah Zhao, chargée de campagne produits toxiques pour Greenpeace. A Gurao, surnommée "capitale du sexy", les panneaux publicitaires de lingerie foisonnent. La ville représente, elle, 150 000 habitants, 140 000 travailleurs migrants, 3 000 entreprises et une production de près de 4 milliards de yuans (440 millions d'euros). Les rues sont remplies d'ateliers familiaux, d'usines et de marchés consacrés à la fabrication et à la vente de sous-vêtements. Ces enfants vont à l'école pendant la journée et travaillent de nuit et le week-end dans un atelier de tissu. Ils obtiennent 0,3 yuan chacun pour cent bretelles qu'ils attachent à un accessoire de machine à coudre, qui sera utilisé à l'étape suivante du processus d'assemblage des soutien-gorges. En une journée, ils peuvent gagner de 20 à 30 yuans (2 à 3 euros). En 2009, Gurao a produit plus de 200 millions de soutien-gorges. La rivière locale, le Xi Xiao, en a souffert. Les villageois estiment que cette rivière, "sale et puante", n'est plus apte à la consommation ou à la lessive. Elle ne contient plus de poissons. Et quand elle déborde, les maisons et jardins de la population locale sont inondés par les eaux usées. 9 Des salariés impriment des motifs sur des tissus dans une usine. "L'eau est évacuée par les usines de teinture. Parfois, cela sent vraiment horrible. Et chaque fois, la couleur de l'eau est différente ; j'ai vu toutes les couleurs inimaginables", raconte Ren Shan, un travailleur migrant du Guizhou. Des élèves de Gurao essayent de se protéger des fumées de l'incinération des ordures. "Xintang et Gurao sont emblématiques de la vaste problématique de la fabrication polluante de textiles. La responsabilité de la réglementation des eaux usées et de l'élimination des substances chimiques dangereuses dans les textiles doivent revenir non seulement aux gouvernements de Xintang et Gurao mais aussi à toute la Chine", conclut Mariah Zhao. Audrey Garric 7. Les Jeans ont le blues Depuis le milieu du 14e siècle, le jean est devenu un accessoire majeur de la société actuelle. On pourrait même le qualifier d’emblème de la société de consommation, principalement depuis les Trente Glorieuses, qui représentent l’apogée du blue-jean. Plusieurs conjectures existent concernant l’origine de ce vêtement mais la plus probable reste celle affirmant que sa naissance a eu lieu aux États-Unis. En 1889, la société The Lee Company est créée. Bien que sa première activité ne soit pas centrée sur l’habillement mais plutôt sur le commerce de tissus et de produits d’épicerie, cette firme débuta la fabrication de jean et de salopette durant l’année 1911. Il est considéré dès 1950 comme le symbole de plusieurs mouvements. Associé au blouson en cuir noir et aux divers modèles de mot²o de l’époque (notamment la fameuse Harley), il constitue le phénomène «Rock». Il est ensuite modifié par le mouvement «hippies» en 1960, qui l'agrémente de broderies, de peinture, de motifs ou de bijoux et qui varient les couleurs ainsi que les coupes : le bas de la jambe du vêtement s’élargit et donne naissance aux pantalons «Patt’ d’Eph». Le jean est devenu un accessoire essentiel que chacun customise à sa façon. En 1969, le très célèbre festival Woodstock, qui compte un demimillion de spectateurs, est le plus grand rassemblement de porteurs de jeans. Aujourd’hui encore le jean est un moyen de se démarquer, de par sa marque ou sa coupe. Le jean est désormais présent sur tous les continents et parmi toutes les classes sociales : les prix du jean étant associés à une certaine catégorie de produits, on peut trouver des jeans très simples à 20 euros ou des jeans dessinés par de grands créateurs dont le prix peut atteindre 900 euros, voire plus. Cela permet même aux personnes les plus démunies d’en posséder un. De plus, la production de blue-jean est victime de la mondialisation, c’est-à-dire que certains processus de création ne sont pas effectués au même endroit et n’ont pas lieu dans le pays où ils seront vendus mais sont plutôt répartis dans le monde entier. On peut donc se demander si la production de jeans est néfaste ou salutaire pour les pays en développement ? Tout d’abord, il faut savoir que le jean est fait principalement de coton qui est ensuite transformé en grandes toiles de denim. Puis, ces toiles sont découpées selon la forme et la taille du jeans. Ensuite, ils sont envoyés dans une autre usine pour les coudre, les délaver, les colorer et pour faire les 10 finissions. Ils sont alors exportés dans le monde entier. Tout ceci se passe dans les pays en développement puisque les coûts de production sont beaucoup plus bas que ceux des pays du Nord. Les entreprises de fabrication de Blue Jeans sont nombreuses à délocaliser leurs usines, c’est-à-dire qu’elles implantent leurs locaux à l’étranger, où les conditions de productions leur sont plus avantageuses. Dans ces pays étrangers, les coûts entraînés par la production de Jeans sont bien moins chers que sur le territoire français, les grandes compagnies exploitent donc les petites entreprises locales afin de gagner plus d’argent. Tout d’abord, le premier critère en faveur de la délocalisation est la différence de la main d’œuvre. Le salaire versé aux employés qui travaillent dans ces entreprises est dix fois plus bas qu’en Europe. Pour nous, Français, cela nous paraîtrait insensé de travailler durement pour une si petite somme. Dans le documentaire de Yann-Arthus Bertrand «Vu du Ciel, Toujours Plus !», nous apprenons qu’en Tunisie, les ouvriers d’une usine de production de jeans localisée à Rasdjebel, ne gagnent que 150 euros par mois, presque le prix de deux jeans achetés dans notre pays, mais pour ces travailleurs, c’est un salaire acceptable, voire normal. D’après le film documentaire, China Blue, les salaires en Chine, varie entre 200 et 1000 yuan, en sachant que 100 yuan équivaut à 15 euros. Les heures supplémentaires, c’est-à-dire le travail de nuit (généralement jusqu’à 4h du matin) ne sont pas pris en compte, et les ouvriers ne peuvent pas protester car ils recevront un salaire bas et en retard si les commandes ne sont pas livrer à temps. Aussi, la plus part des travailleurs ne reçoivent pas de salaire pour leur premier mois de travail. 7. Retour sur Hand Stories. Une histoire de transmission entre générations Hand Stories est un spectacle visuel tout public pour deux acteurs manipulateurs et une vingtaine de marionnettes. Ce spectacle, comme son nom l’indique, est une histoire de mains, des mains qui façonnent, apprennent, construisent, des mains qui donnent, se transmettent de père en fils, des mains de marionnettiste qui travaillent, s’étirent, s’assouplissent, se transforment et racontent. Yeung Faï, le metteur en scène, est maître de marionnettes à gaine chinoise. Cette technique gantée spécifique à son pays se situe au cœur de l’histoire de sa famille depuis cinq générations. Son arrière grand père, le premier représentant de la dynastie, jouait dans les maisons de thé pour quelques spectateurs. Il a transmis cette technique a son fils (le grand père de Faï) qui l’a perfectionné et la confié à son fils aîné (le père de Faï). Ce dernier a énormément voyagé, en 11 Hand stories Photo du spectacle : Mario del Curto Chine et ailleurs et il a transmis la technique à son fils aîné (le frère de Faï) avant de disparaître. Ce n’est qu’après la révolution culturelle chinoise que Yeung Faï a appris ce savoir faire avec son frère aîné. Aujourd’hui, il est le dernier à maîtriser ce savoir, après lui il n’y aura pas de descendance directe. A travers cette histoire, Yeung Faï aborde donc la traversée de cette technique au cours de la seconde partie du 20e siècle, dans une Chine en proie à des changements politiques radicaux. Dans ce contexte politique parfois difficile, la technique et tout le savoir faire qui l’accompagne ont bien failli s’éteindre à plusieurs reprises. Hand Stories est donc une autobiographie familiale. L’histoire commence au milieu des années 60 et se termine aujourd’hui en ce début de 21e siècle. Dans le spectacle, deux histoires se croisent et s’entremêlent : Il y a d’abord l’histoire humaine de cette famille de marionnettiste chinois, les Yeung (la famille de Faï), et aussi, l’histoire des marionnettes en tant que savoir faire transmis. Pour raconter ces histoires, il y a deux styles esthétiques de marionnettes : pour la famille des Yeung, des marionnettes à gaine très réalistes, en noir et blanc ; pour l’histoire de l’héritage en tant que tel, des marionnettes plus petites et très colorées, dans la plus pure tradition de l’opéra de Pékin. Ces deux familles de marionnettes permettent de développer Hand Stories sur différents niveaux de jeu, en se passant d’explications verbales. Pour raconter cette histoire très personnelle, Yeung Faï a choisi de proposer un spectacle visuel basé sur la rencontre entre acteurs, marionnettes et vidéos. Dans sa recherche, c’est par le dessin qu’il a écrit son histoire. Ce spectacle autobiographique est une composition d’images. Ces images créés son empreintes d’humilités et de simplicité. La volonté du metteur en scène est de créer de l’espace pour laisser libre cours à l’imaginaire de chacun. L’idée est donc de privilégier l’élément pour raconter l’ensemble. Par une poétique du mouvement basé sur la métaphore ou la symbolique, l’émotion prend corps sur le plateau. Les marionnettes côtoient les acteurs et des vidéos d’époque en noir et blanc des ancêtres de Faï. La réalité et l’imaginaire se mêlent sans cesse pour raconter cette saga familiale. Dans ce projet, Yeung Faï insiste sur l’universalité de son propos. La notion de transmission et de savoir-faire dépasse largement les frontières de la marionnette et de la Chine. D’ailleurs ce qu’on nomme la marionnette à gaine chinoise, Yeung Faï le considère comme un savoir faire humain. Nous devons donc le protéger, le transmettre et ainsi lui permettre de continuer à se développer en se nourrissant d’autres arts, d’autres cultures. Yeung Faï s’est formé en famille bien sûr, mais aussi auprès d’autres maîtres chinois et japonais au cours de ses jeunes années. Ensuite, il a sillonné les routes du monde entier avec ses gaines pour raconter, comme ses ancêtres avant lui, les scènes de l’opéra de Pékin. Depuis une dizaine d’années, c’est en Europe et particulièrement en France qu’il a posé ses valises pour travailler à de nouveaux projets. Elevé en Chine et nourri de culture occidentale, Yeung Faï est ce qu’on appelle un artiste du monde. Pour cette nouvelle création, et sa toute première en qualité de metteur en scène, il s’est donc entouré d’une équipe multiculturelle pour réaliser son projet : une vidéaste Taïwanaise Yilan Yeh, qui s’intéresse dans son travail à la relation entre philosophie taoïste et nouveaux médias. Le musicien Colin Offord vient quant à lui d’Australie. Il compose ses musiques sur des instruments qu’il créée lui même. Enfin, sur le plateau, Yeung Faï travaille avec moi, jeune marionnettiste français sorti de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières. 12 Hand Stories est à l’image de Yeung Faï, au croisement entre l’Orient et l’Occident, entre la tradition et la modernité. Les notions abordées par Yeung Faï sont ancestrales et plus que jamais d’actualités. Yoann Pencolé 8. Histoire et marionnettes Tout est parti d’un story-board dessiné et écrit par Yeung Faï. Tant par son découpage dramaturgique éminemment cinématographique que son déploiement imagé, Hand Stories rappelle étrangement l’esprit de la bande dessinée silencieuse Là où vont nos pères de Shaun Tan, un artiste pluriel œuvrant aussi pour le meilleur du film d’animation contemporain grand public (Toy Story, Les Indestructibles, L’Âge de Glace). C’est l’histoire d’immigrés, réfugiés, exilés, clandestins et un hommage à ceux qui ont fait le voyage. De père chinois, Tan précise que « de nombreuses idées du livre ont été inspirées par de vieilles photographies de personnes et de lieux qui ont disparus depuis longtemps et qui furent à l’origine de plusieurs de mes peintures. Il existe un sentiment de mystère dans les documents historiques qui est lié à leur éloignement et à leur silence. Je dois donc faire travailler mon imagination pour bâtir un monde perdu à partir de ces petits fragments de mémoire. D’une certaine manière, l’absence d’information appelle à l’élaboration d’une fiction pour combler le vide. » Rituel C’est aussi ce qui semble à l’œuvre dans Hand stories, où l’on découvre une photo grisâtre de l’arrière grand-père de Yeung Faï, premier représentant de cette dynastie de maîtres de marionnettes à gaine chinoise, qui se produisait dans les maisons de thé pour un cercle restreint de spectateurs. Le thé que boivent rituellement les acteurs manipulateurs. De génération en génération, de perfectionnement en perfectionnement, la technique se transmet du maître à l’assistant, l’ultime scène montrant l’élève à l’exercice, comme hier le maître. Cette saga familiale sur fond de tragédies politiques, économiques et humaines s’ouvre sur un homme assis en tailleur, en habit noir marqué d’une écharpe rouge nouée à la taille. Vêtement traditionnel du montreur de figures en Chine faisant écho dans une scénographie tendue de noir, au deuil, face aux événements les plus sombres de l’histoire chinoise. C’est le rouge pour dire les réalités ensanglantées liées à la Révolution culturelle et au Grand Bond en Avant qui fit 40 millions de morts. Pour échouer à la répression de Tien An Men et l’exil consécutif de Yeung Faï en Bolivie puis à Hong Kong après une traversée des eaux mouvementées, sa figurine en suspension dans des flots stylisés. 13 9. Bibliographie La mondialisation • François Bon, Sortie d’usine, Paris, Ed. de Minuit, 2011 • Naomi Klein, No Logo. La Tyrannie des marques, Arles, Actes sud, 2001 • Sophie Van der Linden, La Fabrique du monde, Paris, Buchet Chastel, 2013. Sur la production de jeans et les migrants en Chine • Micha X. Paled, China Blue, 2011 (Documentaire. DVD) • Li Xin, Last Train Hope 2009, (Documentaire. DVD) • https://lebluejean.e-monsite.com/ Au sujet de la marionnette • Encyclopédie des arts de la marionnette, Montpellier, Ed. de l’Entretemps, 2009 ; Stéphanie Lefort, Marionnettes, le corps à l’ouvrage, Paris, A la croisée, 2007 • Gérard Defaux, Molière ou les métamorphoses du comique, Paris, Klincksieck, 1992 • Jacques Truchet (dir.), Thématique de Molière, Paris, Ecrivains de toujours, 1989 • Julie Sermon (dir.), « La Marionnette ? Traditions, croisements, décloisonnements », Revue Théâtre/Public, n° 193, Genevilliers, 2009. La Chine • Jean-Luc Buchalet, Chine. La Face cachée, Puteau, Editea, 2012 • Pan Yi, Made in China.Vivre avec les ouvrières chinoises, Aube, la Tour d’Aigues, 2012. 14 ► Les ouvrages cités dans cette sélection bibliographique ont été choisis pour vous. Ils sont disponibles dans le cadre des Bibliothèques Municipales et de la Bibliothèque de Genève. Pour des informations complémentaires : Bertrand Tappolet Théâtre des Marionnettes de Genève 3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4 tél. +41 (0 )22 807 31 04 mobile +41 (0) 79 517 09 47 e-mail [email protected] Pour les Réservations Ecoles : Joëlle Fretz Théâtre des Marionnettes de Genève 3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4 tél. +41 (0) 22 807 31 06 e-mail [email protected] Davantage d’informations sur : www.marionnettes.ch Théâtre des Marionnettes de Genève - Rue Rodo 3, 1205 Genève / Tél. 022/807.31.00 fax 022/807 31 01 Blue Jeans. Photos du spectacle libres de droits à télécharger sur : www.marionnettes.ch – presse – images. (mention obligatoire : photo : Mario Del Curto) 15