Vers une politique de protection et de valorisation du paysage de

Transcription

Vers une politique de protection et de valorisation du paysage de
Vers une politique de protection
et de valorisation du paysage
de Bonaventure
Octobre 2010
Rapport présenté à
la Ville de Bonaventure
Aurélien Bisson, consultant
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Crédits
Consultation, recherche et rédaction du rapport : Aurélien Bisson, consultant
Révision linguistique et mise en page du document : Chantale Bordeleau, RévisArt
Photos de la page couverture :

Coin supérieur gauche : Aurélien Bisson

Coin supérieur droit : Serge Arsenault (à R.)

Coin inférieur gauche : Claude Bernard
 Coin inférieur droit : Aurélien Bisson
Date de publication : Octobre 2010
REMERCIEMENTS
Nous remercions sincèrement les personnes suivantes de nous avoir facilité l’accès à différentes
sources d’information :








Claude Desbiens, directeur général, Ville de Bonaventure
Annie Dupéré, responsable, Urbanisme et zonage, Ville de Bonaventure
Gaétan Bélair, aménagiste responsable du service de l’aménagement du territoire de la
MRC de Bonaventure
David Bourdages, directeur général, Saumon Québec
Ronald Cormier, directeur général, ZEC de la rivière Bonaventure
Michel Chouinard, directeur général, Conseil de l’Eau Gaspésie Sud
Suzette Arsenault, ex-maire de Bonaventure
Gilles Soucy, conseiller, Direction régionale de la Sécurité civile
Nous remercions également les membres du comité paysage de la Commission culturelle de la
ville de Bonaventure, les membres du groupe de discussion et les citoyens de Bonaventure qui
ont pris part à la rencontre publique du 2 juin 2010 pour leur implication dans cette démarche :
Membres du comité paysage de la Commission culturelle de la ville de Bonaventure
 Serge Arsenault, conseiller municipal
 Caroline Duchesne, conseillère municipale
 Jean-Claude Cyr, citoyen
 Julie Leblanc, citoyenne
 Bernard Arsenault, citoyen
 Michel Chouinard, Conseil de l’Eau Gaspésie Sud
 Julie Roy, animatrice culturelle, Ville de Bonaventure
Membres du groupe de discussion
 Camille Arsenault
 Jean Poirier
 Gisèle Lacroix
 Laurent Bourdages
 Bernard Racine
 Robert Arsenault
 Maurice Quesnel
 Êve Préfontaine
 Jean-Pierre Henry
 Louis Grant
 Isabelle Rioux
 Vincent Landry
Enfin, nous remercions Dumoulin Électronique Informatique de Bonaventure, fier commanditaire
de l’enquête photographique.
MOT DU PRÉSIDENT DU COMITE PAYSAGE
La Ville de Bonaventure a adopté en 2008 la première politique culturelle de son histoire. Cette
politique et le plan d’action qui en découle témoignent de la volonté et de l’engagement du
conseil municipal pour le développement culturel de la ville.
Les citoyens qui ont élaboré cette politique ont été visionnaires à plusieurs égards, notamment en
incluant des préoccupations pour le paysage de notre territoire. Longtemps laissés pour compte,
les paysages reviennent à l’avant-plan dans le débat public et citoyen. D’ailleurs, le nouveau
projet de loi sur le patrimoine culturel déposé en 2010 à l’Assemblée nationale par la ministre
Christine St-Pierre inclut dorénavant la notion de paysage.
La Ville de Bonaventure a donc pensé qu’il serait bon de faire le point sur cette richesse
collective pour se doter d’une vision claire de ce que nous voulons et de ce que nous pouvons
faire afin de protéger et de valoriser ce merveilleux territoire que nous occupons depuis 250
ans. La Commission culturelle de la ville de Bonaventure a donc mis sur pied un comité de travail
afin de proposer des orientations et des moyens pour nous assurer de la cohérence de nos
actions afin de protéger cette ressource collective qui est au centre de nos vies.
Le paysage de Bonaventure a beaucoup changé au cours des cinquante dernières années,
parfois pour le mieux, parfois pour le pire. Le présent document viendra alimenter le débat et
donner des pistes de solutions à la Ville afin de préserver la qualité de nos paysages. Il est
apparu, au cours de cet exercice, qu’une partie de la population est intéressée et sensible à ces
enjeux. Nous croyons qu’une responsabilisation des citoyens est la clé du succès pour assurer la
prise en compte du paysage dans l’aménagement et le développement de notre territoire.
Le comité paysage est persuadé que la communauté de Bonaventure est prête à relever le défi
de la protection et de la mise en valeur de son paysage. La Ville de Bonaventure a le pouvoir
et les outils pour y arriver, et elle peut compter sur des citoyennes et des citoyens prêts à se
mobiliser autour d’objectifs communs et rassembleurs.
Le comité paysage de la Commission culturelle de la ville de Bonaventure tient à remercier tous
ceux et celles qui ont participé à ce travail de réflexion et d’orientation. Le regard que nous
avons porté ensemble sur nos paysages est résolument tourné vers l’avenir. Il devrait nous
permettre d’assurer un développement durable de notre territoire au bénéfice des générations
futures, et c’est probablement le plus bel héritage que nous pouvons leur laisser.
Serge Arsenault
Conseiller municipal
Président du comité paysage de la Commission culturelle de la ville de Bonaventure
Table des matières
MANDAT................................................................................................................................. 2
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE .................................................................................................... 2
Revue de littérature ................................................................................................................................. 2
État actuel de notre paysage ................................................................................................................ 3
Paysages identitaires .............................................................................................................................. 3
Rapport final ............................................................................................................................................. 3
DÉFINITION DU CONCEPT DE PAYSAGE ........................................................................................... 3
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU PAYSAGE DE BONAVENTURE ....................................................... 4
La rivière .................................................................................................................................................... 4
Le littoral .................................................................................................................................................... 5
L’avenue Grand-Pré ................................................................................................................................ 6
Le rang Thivierge et les autres rangs ................................................................................................... 6
ÉLÉMENTS D’UN PROJET DE POLITIQUE DE PROTECTION ET DE VALORISATION DES PAYSAGES DE
BONAVENTURE ......................................................................................................................... 7
Principes ..................................................................................................................................................... 7
Orientations ............................................................................................................................................... 8
Objectifs..................................................................................................................................................... 8
Mesures à mettre en œuvre ................................................................................................................... 8
La rivière ............................................................................................................................................... 10
Le littoral .............................................................................................................................................. 11
L’avenue Grand-Pré ............................................................................................................................ 15
Le rang Thivierge et les autres rangs ............................................................................................... 16
CONCLUSION ......................................................................................................................... 16
ANNEXE 1 : COMITÉ PAYSAGE DE LA COMMISSION CULTURELLE DE LA VILLE DE BONAVENTUREERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
ANNEXE 2 : GROUPE DE DISCUSSION SUR LE PAYSAGE DE BONAVENTURE ........ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
ANNEXE 3 : RENCONTRE PUBLIQUE DE CONSULTATION ................................ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
ANNEXE 4 : MODALITÉS DE PARTICIPATION À L’ENQUÊTE PHOTOGRAPHIQUE ...ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
ANNEXE 5 : EXTRAITS DU SCHÉMA D’AMÉNAGEMENT DE LA MRC DE BONAVENTUREERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
ANNEXE 6 : QUELQUES EXEMPLES D’OUVRAGES ACCESSIBLES SUR LE WEB ........ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Rapport
VERS UNE POLITIQUE DE PROTECTION ET DE
VALORISATION DU PAYSAGE DE BONAVENTURE
MANDAT
En collaboration avec la population et les organismes de Bonaventure :

À partir de la littérature existante, proposer les principes, les orientations et les objectifs
d’une politique de protection et de valorisation des paysages;

Mener une consultation auprès de la population et des organismes du milieu afin de les
mettre à contribution dans le choix des paysages à préserver;

Concevoir un plan d’action en précisant les priorités et les moyens d’intervention
souhaitables.
Le mandat est d’une durée de cinq (5) semaines ou 175 heures et s’échelonne sur une période
maximale de six (6) mois. La Ville de Bonaventure fournira un appui logistique dans
l’organisation des consultations avec la participation de l’animatrice coordonnatrice en culture
et patrimoine.
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE
Ce mandat s’est enclenché par une rencontre avec le comité paysage de la Commission
culturelle de la Ville (annexe 1), qui a permis de préciser les attentes de chacun afin
d’éliminer toutes les zones d’ombre pour faire en sorte que la méthodologie utilisée et le
résultat final conviennent à tous.
Revue de littérature
La démarche a débuté par une revue de littérature ayant pour objectifs :

De déterminer les motivations de différentes entités (pays, régions, MRC, villes) qui ont fait
le choix de protéger et de mettre en valeur leurs paysages;

D’inventorier les modes d’intervention préconisés par certains territoires qui ont fait le
choix de protéger et de mettre en valeur certains de leurs paysages;

De dresser une liste des différents outils à la portée des municipalités du Québec pour
leur permettre d’atteindre leurs objectifs en matière de protection et de valorisation de
paysages. Ce travail s’est terminé par une rencontre avec l’aménagiste de la MRC de
Bonaventure.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
État actuel de notre paysage
Considérant les ressources disponibles pour réaliser cette démarche, il a été convenu avec le
comité paysage de la Commission culturelle de la ville de Bonaventure qu’il ne s’agissait pas
de réaliser une caractérisation détaillée de l’ensemble du paysage de la ville de
Bonaventure, ce genre de travail étant habituellement du ressort de firmes spécialisées.
Toutefois, une description des principales caractéristiques du paysage de Bonaventure sera
rédigée. Le groupe de discussion (annexe 2), les rencontres individuelles et la rencontre
publique de consultation (annexe 3) ont été mis à contribution pour procéder à cette
opération.
Paysages identitaires
Le comité paysage de la Commission culturelle a fait le choix de mettre à contribution la
population pour déterminer les paysages identitaires de Bonaventure. Il sera plus facile par
la suite de préciser et de mettre en application les mesures de protection et de valorisation de
ces paysages si la population a préalablement participé à les identifier. L’appel de service
faisait état d’une consultation qui pourrait être menée auprès de la population. Il a été
convenu avec le comité paysage de tenir une activité populaire dont l’objectif était de faire
en sorte qu’un engouement se développe autour du choix des paysages identitaires de
Bonaventure. Le comité paysage, sur recommandation du chargé de projet, a décidé de tenir
une enquête photographique sur le paysage de Bonaventure (annexe 4). Si les résultats de
cette enquête photographique sont probants, elle donnera lieu à une exposition au Musée
acadien du Québec à Bonaventure du 15 au 21 novembre 2010. Lors de cette exposition, la
population de Bonaventure pourrait être invitée à choisir des paysages qu’elle considère
important de protéger et de mettre en valeur.
Rapport final
Outre les principes, les orientations et les objectifs d’une politique de protection et de mise en
valeur des paysages, le présent rapport propose à la Ville certaines mesures à déployer
pour atteindre ces objectifs. Ce rapport a préalablement fait l’objet d’une discussion avec le
comité paysage de la Commission culturelle qui en a validé le contenu avant qu’il ne soit
rédigé dans sa forme finale.
DÉFINITION DU CONCEPT DE PAYSAGE
Le comité paysage a convenu de se doter d’une définition du concept de paysage pour
s’assurer que tous les participants à la démarche et toutes les personnes consultées en aient la
même compréhension.
Le comité paysage s’est alimenté aux réflexions déjà faites sur le sujet par le Conseil du
paysage québécois, la Commission régionale des ressources naturelles et du territoire de la
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (CRNT) et le géographe Yvon Pesant.
Le paysage est à la fois le résultat et la reconnaissance des occupations
successives du territoire. Le territoire que l’on observe aujourd’hui allie un
ensemble des éléments environnementaux aux multiples actions de l’homme.
Dans ce processus continu, le territoire en constitue la matière première; il
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
devient paysage lorsque des individus et des collectivités lui accordent une
valeur paysagère1.
D’un point de vue social, le paysage est porteur d’une certaine mémoire
individuelle ou collective, et fonde l’attache des personnes envers un territoire.
Le paysage peut être emblématique d’un pays, d’une région ou encore d’une
plus petite communauté. Il participe au fondement des spécificités territoriales.
D’autre part, le paysage traduit les préoccupations sociales relatives à la
qualité de vie. Le paysage est d’intérêt public, et relève de la responsabilité
individuelle et collective2.
Le paysage, au sens large du terme, c’est le pays à travers les âges3.
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU PAYSAGE DE BONAVENTURE
Bonaventure présente une zone de basses terres, tout comme les municipalités voisines. Cet
élargissement de la plaine côtière est notable à partir de New Richmond, et s’étend jusqu’à
Port-Daniel4. Au cours des rencontres de travail avec le comité paysage, avec le groupe de
discussion et avec les gens présents lors de la consultation publique, la rivière, le littoral,
l’avenue Grand-Pré et le rang Thivierge ont été mentionnés comme étant les éléments qui font
l’unicité de la ville. Ce sont à ces éléments, qui constituent l’identité paysagère de
Bonaventure, qu’il faudra porter une attention particulière sur le plan de la protection et de la
mise en valeur.
Tout au long de la démarche, il a souvent été rappelé que le fait d’identifier les paysages
caractéristiques de Bonaventure ne devait pas dispenser la Ville de prêter attention à tous
les autres éléments qui constituent le paysage de Bonaventure.
La rivière
La place qu’a occupée et qu’occupe toujours la rivière dans la vie de la population de
Bonaventure, notamment sur le plan paysager, ainsi que la qualité réputée de son eau que lui
confère sa limpidité font de la rivière l’élément le plus distinctif du paysage de Bonaventure.
Selon la Fédération des gestionnaires de rivières à saumon du Québec, les rivières à saumon
de la Gaspésie génèrent des retombées économiques de 20 millions de dollars en Gaspésie
et créent 600 emplois directs, surtout saisonniers. La rivière Bonaventure étant l’une des plus
fréquentées de la Gaspésie, la communauté de Bonaventure bénéficie d’une part importante
de ces retombées. En moyenne, les retombées économiques par jour de pêche au saumon dans
l’économie québécoise sont de 613 $. Les 6 145 jours-pêche de la dernière année (2010)
représentent pour la communauté de Bonaventure des retombées de près de quatre millions
de dollars.
1. CONSEIL DU PAYSAGE QUÉBÉCOIS. Charte du paysage québécois, Québec, CPQ, 2000, p. 2.
2. COMMISSION RÉGIONALE DES RESSOURCES NATURELLES ET DU TERRITOIRE GASPÉSIE–ÎLES-DE-LAMADELEINE. Fiche d’information, Gaspé, CRNT, 21 septembre 2009.
3. Yvon Pesant est géographe et conseiller en aménagement et développement rural.
4. MRC BONAVENTURE. Schéma d’aménagement de la MRC Bonaventure, New Carlisle, MRC Bonaventure,
2008, p. 35.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Cime Aventure, pour qui la rivière est la matière première, a reçu plus de 30 000 visiteurs au
cours du dernier été, ce qui a nécessité l’embauche de soixante (60) personnes. Ces emplois
sont essentiellement saisonniers.
La notoriété internationale de la rivière est un atout dont peu de communautés peuvent
s’enorgueillir. Toutefois, si cette ressource n’est pas protégée, à plus long terme, la rivière
Bonaventure pourrait perdre de son lustre, être de moins en moins attrayante et ne plus être
l’un des moteurs importants du développement touristique et économique de la communauté.
Cette ressource n’est pas inépuisable.
Actuellement, la rivière est soumise à de fortes pressions qui risquent d’altérer le panorama
qu’elle offre aux citoyens de Bonaventure, aux pêcheurs, aux canoteurs et aux autres
villégiateurs. La construction y est en constante augmentation et elle est très souvent visible de
la rivière, parce que la bande riveraine, qui doit être de 20 à 25 mètres, a été abattue et
que les revêtements utilisés pour les bâtiments s’intègrent mal au décor. Il en résulte un
appauvrissement du paysage de la rivière. De plus, l’ajout de chalets ou de résidences, en
progression continuelle, génère auprès d’Hydro-Québec une demande de service, laquelle
nécessitera des infrastructures de distribution qui, à leur tour, risquent d’altérer le paysage de
la rivière Bonaventure. Des poteaux et des fils électriques apparaîtront nécessairement. Les
fils qui traversent la rivière inquiètent particulièrement bon nombre de citoyens rencontrés
dans le cadre de la démarche.
La limpidité de l’eau de la rivière, une constituante importante du paysage, pourrait
également être affectée. L’augmentation de la densité des constructions en bordure de rivière
pourrait générer un surplus de phosphore et favoriser la prolifération de fleurs d’eau de
cyanobactéries et avoir des conséquences d’ordre esthétique, récréotouristique et, par la
bande, socioéconomique et de santé publique. L’absence de bande riveraine à certains
endroits de même que les travaux de préparation de terrains pour la construction de
résidences ou de chalets favorisent le ruissellement et l’apport de sédiments dans l’eau.
Le littoral
La pointe Beaubassin et sa plage, l’île aux pirates, la plage Évangéline, le quai ainsi que le
barachois et ses îles sont des éléments importants du paysage de Bonaventure. Ces éléments
du littoral ont la particularité d’être à proximité du cœur du village. La route 132 surplombe
le barachois et offre une vue sur ses îles, sur la pointe Beaubassin et sur l’île aux pirates. La
passerelle (Wagamet) et les vieux ponts offrent également des percées visuelles intéressantes
sur certains bras de la rivière et sur les îles du barachois.
Depuis une cinquantaine d’années, le littoral et ses différentes composantes ont été soumis à
des pressions très importantes qui les ont considérablement modifiés. Parmi celles-ci, notons le
déplacement de la route 132 qui a entraîné l’érection des ponts au-dessus du barachois et la
construction domiciliaire sur la pointe Beaubassin. Ces deux éléments ont eu pour effet de
réduire considérablement les accès à la plage municipale. En cours de démarche, des citoyens
ont souligné le fait que bien que la plage Beaubassin était dans la cour arrière des résidences
de cette rue, elle était toujours la plage de tous les citoyens de Bonaventure.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
D’autre part, bien que plusieurs nouvelles constructions soient apparues sur les terrains entre la
route 132 et la baie des Chaleurs, les usagers de la route ont toujours un bon contact visuel
avec la mer. Il faudrait prendre les mesures pour qu’il en soit toujours ainsi.
La population de Bonaventure est quotidiennement en contact avec cette composante
importante de son paysage qu’est le littoral de son territoire. C’est le paysage du quotidien
des citoyens, et le paysage de carte postale des touristes.
L’avenue Grand-Pré
Bien qu’elle ne soit plus traversée par la route 132 depuis le début des années soixante-dix,
l’avenue Grand-Pré, contrairement à certaines autres rues principales de la région, a conservé
un certain achalandage et une certaine vitalité. Elle se caractérise notamment par l'ensemble
institutionnel et commercial d’intérêt patrimonial particulièrement concentré à l’intersection de
l’avenue Grand-Pré et de l’avenue Port-Royal (route 132). L’église, le musée et ses bâtiments
adjacents, le bureau de poste, le presbytère, le cimetière et le vieux couvent sont la vitrine de
la rue. Cette vitrine, nous la devons en partie à la Corporation de développement touristique
de Bonaventure qui a réussi in extremis en 1987 à convaincre la Ville de ne pas reconstruire
le garage municipal sur le site actuel du Musée acadien. La Corporation de développement
touristique avait alors proposé à la Ville plusieurs sites potentiels pour la reconstruction du
garage municipal et du poste de pompiers détruits par les flammes l’année précédente. Le
site sur lequel sont aujourd’hui localisés ces bâtiments était l’un des emplacements proposés
par la Corporation de développement touristique.
La sinuosité de la rue, sa largeur restreinte, la faible marge de recul des bâtiments et
l’orientation en angle de plusieurs façades de maisons et de commerces par rapport à la rue
en sont d’autres éléments distinctifs. Des feuillus matures à certains endroits atténuent la
présence des poteaux et des fils électriques, et contribuent à son atmosphère de village.
La Ville a jugé important de conserver à l’avenue Grand-Pré son caractère particulier en
adoptant, en 1993, un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA). Ce règlement
a pour objet d’assujettir la délivrance de permis ou de certificats d’autorisation à
l’acceptation par le conseil municipal d’un PIIA soumis par le résident. Sa raison d’être consiste
à améliorer la qualité des interventions sur le bâti, le paysage et l’environnement au cœur du
village.
Le territoire suivant est assujetti au PIIA :

L’avenue Grand-Pré, de l’avenue Port-Royal jusqu’au bâtiment Robin abritant le MCCCF;

L’avenue Port-Royal, des feux de circulation jusqu’au bâtiment du Centre Jeunesse;

L’avenue Louisbourg, de l’avenue Port-Royal jusqu’au bâtiment d’Hydro-Québec;

La rue Beaubassin.
Le rang Thivierge et les autres rangs
Dans la publication souvenir soulignant le bicentenaire de Bonaventure, il est écrit : « La
population de Thivierge peut s’enorgueillir à juste titre d’habiter un des plus beaux rangs de
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
la paroisse. En effet, du site élevé où il est construit, il nous est donné de voir la magnifique
baie des Chaleurs et le village, à plusieurs milles de distance5. »
Les citoyens de Bonaventure rencontrés dans le cadre de la démarche ont tous la même
appréciation du rang Thivierge. Les rangs de Bonaventure ont souvent été mentionnés comme
des éléments distinctifs du paysage, particulièrement celui de Thivierge. Ce rang, dont la
disposition des terres et du bâti témoigne de la vie agricole de Bonaventure, offre une vue
imprenable tant sur la baie des Chaleurs au sud que sur la chaîne des Appalaches au nord.
Considérant la rareté des terrains disponibles pour la construction sur le territoire de la Ville,
le rang Thivierge est l’une des solutions envisagées pour répondre à ce besoin de nouveaux
développements domiciliaires. La Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) a
accepté d’ouvrir une partie du rang Thivierge à la construction domiciliaire. Le défi qui se
pose à la Ville est de préserver les caractéristiques des milieux dézonés, que ce soit à
Thivierge où ailleurs sur son territoire.
ÉLÉMENTS D’UN PROJET DE POLITIQUE DE PROTECTION ET DE
VALORISATION DES PAYSAGES DE BONAVENTURE
Principes
Le paysage est un élément distinctif du cadre de vie de la collectivité, notamment sur les plans
culturel, économique, esthétique et environnemental. La politique de protection et de mise en
valeur du paysage a pour objectif ultime de faire en sorte que la communauté de
Bonaventure et ses générations futures puissent compter, pour leur développement, sur cette
richesse collective propre à leur territoire. Conséquemment, cette politique prendra appui sur
les principes suivants :

Le patrimoine naturel et bâti est le fondement du paysage;

Le paysage est porteur de la mémoire collective de Bonaventure et il est l’un des
fondements de l’attachement de ses citoyens à la communauté;

Le paysage de Bonaventure est vivant et il est soumis à toutes sortes de pressions de
nature humaine, ainsi qu’à différents phénomènes naturels susceptibles de l’affecter
parfois positivement, parfois négativement;

La spécificité, la diversité et la qualité du paysage de Bonaventure constituent une
ressource non renouvelable porteuse de développement économique;

La qualité des paysages contribue grandement au caractère exceptionnel du milieu de vie
des membres de la communauté et constitue un facteur d’attraction et de rétention, tant
pour les visiteurs que pour les nouveaux résidents;

La protection, la gestion et la mise en valeur du paysage, en tant que bien commun, sont
d’intérêt public et de responsabilité municipale;
5. ARSENAULT, Jean. Bicentenaire de Bonaventure, 1760-1960, Bonaventure, Comité des Centenaires de
Bonaventure, 1960.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure

Les citoyens sont également responsables à l’égard de la protection et de la mise en
valeur de leur paysage, et ils peuvent et doivent participer à la prise de décision ayant
une incidence sur celui-ci.
Orientations
Pour assurer la cohérence et la convergence des objectifs et des mesures d’une politique de
protection et de mise en valeur des paysages de Bonaventure, il est important qu’une
direction claire lui soit donnée. Ainsi, avec sa nouvelle politique de protection et de mise en
valeur du paysage, la Ville de Bonaventure :

Prendra les moyens à sa disposition pour assurer la protection et la mise en valeur du
paysage de Bonaventure;

Partagera sa responsabilité en matière de protection et de mise en valeur de son
paysage avec la population, qu’elle mettra à contribution en l’informant et en la
consultant;

Privilégiera le volontariat et la concertation pour atteindre ses objectifs de protection et
de mise en valeur du paysage.
Objectifs
Considérant que certains éléments du paysage de Bonaventure sont plus vulnérables;
Considérant que le développement de Bonaventure est étroitement lié à la qualité de son
paysage;
Considérant que le paysage est une responsabilité individuelle et collective;
Les objectifs de la nouvelle politique de protection et de mise en valeur du paysage
pourraient être les suivants :

Mettre en valeur le paysage et en assurer le développement socioéconomique, et plus
particulièrement touristique, et ce, au bénéfice de la communauté;

Agir avec diligence pour protéger les éléments les plus sensibles du paysage de
Bonaventure;

Sensibiliser la population et assurer sa participation à la protection et à la mise en valeur
du paysage.
Mesures à mettre en œuvre
Considérant que la rivière et le littoral sont les composantes les plus caractéristiques du
paysage de Bonaventure;
Considérant qu’il faut leur accorder une attention particulière, notamment à cause de leur
vulnérabilité;
 Recommandations :
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Enrichir la Commission d’urbanisme de nouveaux membres (2) qui ont une bonne
connaissance des problématiques liées à la rivière, au littoral et au patrimoine
bâti.
S’assurer que la préoccupation paysagère soit intégrée dans le mandat de la
Commission consultative d’urbanisme.
Considérant qu’il est primordial que tous les citoyens soient bien au fait des règlements
adoptés par la Ville dans le but de préserver ses paysages;
 Recommandation :
Prendre les mesures pour que la population et les nouveaux arrivants soient bien
informés des règlements auxquels ils sont assujettis. Par exemple, le plan
d’urbanisme et le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) de la Ville
pourraient être accessibles sur Internet, et les exigences auxquelles sont astreintes les
nouvelles constructions devraient être annexées aux permis de construction que la Ville
émet. Les citoyens concernés pourraient même être invités à signer ce document,
attestant qu’ils en ont pris connaissance et qu’ils sont bien au fait de leurs obligations.
D'autre part, une chronique présentant les mesures adoptées par la Ville en matière
de protection du paysage pourrait être publiée régulièrement dans Le Courant. Un
fascicule présentant en abrégé les règlements adoptés par la Ville dans le but de
protéger ses paysages pourrait également faire l’objet d’une large diffusion auprès
de la population.
Considérant que la Ville dispose d’un plan d’urbanisme, d’un PIIA et de règlements dans le but
d’assurer le développement harmonieux du territoire;
Considérant que toute la population ainsi que tous ceux et celles qui sont désireux de s’y
établir y sont assujettis;
Considérant que le non-respect de certains règlements de la Ville peut avoir des
conséquences néfastes sur le paysage de Bonaventure;
 Recommandation :
Prendre les mesures pour assurer le respect des règlements adoptés par la Ville, y
compris, si nécessaire, l’ajout de ressources humaines à son personnel.
Considérant l’importance du plan d’urbanisme pour le développement de la ville de
Bonaventure;
Considérant que ses citoyens sont les premiers touchés par les règlements qui en découlent;
 Recommandations :
Prendre les mesures pour que les citoyens puissent participer à l’exercice qui mène
à la rédaction du plan d’urbanisme.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Mettre en place des mécanismes facilitant les échanges et les communications
avec les citoyens préoccupés notamment par les questions paysagères.
Considérant que déménager des bâtiments ayant une certaine valeur patrimoniale les
dénature, rend difficile leur interprétation et appauvrit le paysage d’origine dont ils étaient
une constituante;
Considérant que le déménagement est parfois la seule alternative pour assurer la sauvegarde
de certains bâtiments;
 Recommandation :
Idéalement, conserver ces bâtiments qui sont des témoins de l’histoire de
Bonaventure sur leur lieu d’origine. Dans le cas où ils doivent être déménagés, en
faciliter leur interprétation par la mise en place de panneaux racontant leur
histoire et mentionnant leur lieu d’origine.
Considérant que la pratique des randonnées à vélo est en progression sur les routes du
Québec;
Considérant que la bicyclette permet d’apprécier le paysage sous un angle différent;
 Recommandations :
Concevoir un ou des circuits de vélo en boucle permettant des randonnées d’une
demi-journée ou d’une journée. Ces circuits devraient être aménagés de sorte
qu’une famille avec de jeunes enfants puisse les emprunter en toute sécurité. Ces
circuits pourraient être réalisés en partenariat avec les municipalités voisines.
Améliorer la signalisation de la portion de la Route verte du territoire de la ville de
Bonaventure.
Ces mesures contribueraient à améliorer l’accès au paysage de Bonaventure et, par
la même occasion, favoriseraient l’allongement du séjour des touristes sur le territoire.
La rivière
Considérant la place centrale qu’occupe la rivière dans le paysage de Bonaventure;
Considérant qu’elle constitue un élément fortement identitaire de Bonaventure;
Considérant son apport considérable au développement de la ville;
Considérant sa grande fragilité;
 Recommandations :
Établir le niveau de développement (construction de villégiature et domiciliaire,
infrastructures de distribution de l’électricité et autres) que peut supporter la rivière
pour qu’elle demeure attrayante à regarder et à fréquenter pour les générations
futures de citoyens et de visiteurs. Pour réaliser ce travail, la Ville pourrait mettre sur
pied un comité constitué entre autres du Conseil de l’eau Gaspésie Sud et de la ZEC
de la rivière Bonaventure. Ce travail pourrait notamment permettre à la Ville de fixer
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
une limite à la densité de construction en bordure de rivière. La dimension des
constructions, le type et la couleur des revêtements extérieurs pourraient également
être pris en considération pour s’assurer que le bâti se fonde le mieux possible au
paysage de la rivière.
Faire respecter la règlementation en vigueur auprès des personnes qui projettent
de s’établir en bordure de rivière. Les obligations relatives des personnes qui font le
choix de s’établir en bordure de rivière devraient leur être communiquées dès les
premiers contacts qu’ils ont avec la Ville.
Par des mesures incitatives, susciter la participation volontaire des citoyens déjà
établis en bordure de rivière pour qu’ils se conforment aux règlements en vigueur.
Pour ces deux dernières mesures, une attention particulière devra être portée aux
installations septiques de même qu’à la bande riveraine pour laquelle la végétation
doit être maintenue sur une profondeur de 20 à 25 mètres.
Considérant que la rivière Bonaventure coule sur le territoire de quelques municipalités
avoisinantes qui ont également un rôle à jouer dans la protection et la mise en valeur de la
rivière;
Considérant l’importance des retombées économiques que génère la rivière pour la
communauté de Bonaventure;
 Recommandation :
La Ville doit assumer le leadership de la protection et de la mise en valeur de la
rivière auprès des municipalités avoisinantes sur lesquelles coule la rivière
Bonaventure.
Le littoral
L ES
PLAGES
Considérant que la plage Beaubassin a été de tout temps la plage des citoyens de
Bonaventure;
Considérant que la construction résidentielle et commerciale sur la rue Beaubassin a eu pour
effet de réduire significativement l’accès à la mer pour les résidents de Bonaventure;
Considérant que les visiteurs du camping et les résidents de la rue Beaubassin ont un accès
privilégié à la plage municipale;
Considérant que plusieurs citoyens de Bonaventure ont le sentiment d’avoir perdu ce qui était
auparavant un acquis, c'est-à-dire un accès facile à la plage municipale;
 Recommandation :
Travailler à faciliter l’accès à la plage municipale pour les citoyens de
Bonaventure. Les accès actuels à la plage doivent être mieux signalés, et de
nouveaux accès doivent être aménagés. La Ville doit évaluer la possibilité de
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
procéder à l’achat de terrains sur la rue Beaubassin afin de permettre de nouveaux
accès à la mer et pour offrir une percée visuelle sur celle-ci.
Considérant que la plage de l’île aux pirates est un des éléments de la première réserve
aquatique reconnue au Québec;
Considérant que ce lieu apprécié est de plus en plus fréquenté par la population de
Bonaventure;
Considérant qu’elle permet d’avoir une vue sur certains éléments caractéristiques du paysage
de Bonaventure, soit le barachois, le quai, la mer et les falaises à l’est;
Considérant les caractéristiques particulières de ce lieu, une presqu’île à la fois près (distance)
et éloignée (tranquillité, 360° d’horizon) du village;
 Recommandation :
Encadrer la fréquentation de ce lieu pour assurer sa préservation et sa mise en
valeur. Actuellement, les citoyens ou les visiteurs qui la fréquentent stationnent leur
voiture comme ils peuvent, et parfois sur les terrains privés avoisinants. Une aire de
stationnement devrait y être aménagée, et la circulation motorisée devrait y être
interdite. Il est important de statuer sur le développement acceptable pour ce secteur
avant de décider du type et de l’importance des aménagements à y faire. Il faudrait,
une fois ces interventions réalisées, bien signaler cet accès à la mer, indiquer
clairement qu’il s’agit d’une aire protégée et préciser aux utilisateurs le comportement
qu’ils doivent adopter lorsqu’ils fréquentent ce lieu. Enfin, considérant que l’île aux
pirates est l’une des constituantes de la réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-RivièreBonaventure, sa mise en valeur devra se faire conjointement avec la Table de
concertation du littoral de Bonaventure.
L ES
ABORDS DE LA ROUT E
132
Dans son dernier schéma d’aménagement, la MRC de Bonaventure invitait les municipalités et
les villes à introduire des mesures concrètes à leur réglementation d’urbanisme pour protéger
et mettre en valeur le corridor panoramique de la route 132. Elle précisait qu’une vitrine
exceptionnelle sur une nature unique risquait de se perdre (annexe 5).
Considérant que le zonage agricole est, pour l’instant, une mesure de contrôle efficace de la
densité de construction dans le secteur de Bonaventure Est;
Considérant qu’il faut tout de même se soucier de préserver le panorama que nous offre la
baie des Chaleurs, et ce, tant pour les citoyens que pour les visiteurs;
 Recommandations :
Introduire dans la réglementation des mesures visant à protéger et à mettre en
valeur le panorama que nous offre la route 132. Les dimensions minimales et
maximales des constructions admissibles entre la route 132 et la mer pourraient être
précisées pour faire en sorte que des percées visuelles sur la mer ne soient pas
altérées par la construction de résidences surdimensionnées (monster house).
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Réglementer pour exclure certains types de constructions (maison mobile) et
certaines infrastructures verticales.
Envisager la possibilité de doter le secteur de Bonaventure Est d’un PIIA pour
conserver les percées visuelles sur la baie des Chaleurs et avoir une certaine
harmonie dans le bâti de cette partie du territoire.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
LE
QUAI
Les quais sont des éléments centraux du paysage et de la vie gaspésienne. Imaginez qu’un
jour, ils soient tous remplacés par de l’enrochement. Imaginez l’effet produit sur le quai de
Bonaventure, par exemple. Le quai est un témoin important de la relation que la communauté
a toujours eue avec la mer, de même qu’un outil de développement de notre industrie
touristique. Bien que l’activité de pêche y soit maintenant marginale, il est possible pour le
touriste qui visite Bonaventure de faire des excursions d’interprétation de la pêche en mer. La
pêche à quai y est toujours pratiquée et pourrait être un produit à développer pour les
touristes qui font le choix de s’arrêter à Bonaventure. De plus, le quai, en faisant office
d’estacade, est un élément de protection de la pointe Beaubassin.
Peut-on concevoir que le quai soit graduellement clôturé ou enroché, alors qu’un investissement
majeur a été consenti à l’amélioration de la rue Beaubassin que l’on emprunte pour s’y
rendre?
Considérant que le budget d’entretien des quais du gouvernement canadien a été de
200 millions de dollars pour chacune des deux dernières années;
Considérant que des quais de la région (Saint-Georges-de-la-Malbaie, Port-Daniel Est, Capaux-Meules, quai des îlots de Newport) ont bénéficié d’investissements par l’entremise du
programme Ports pour petits bateaux, de Pêches et Océans Canada;
Considérant l’importance du quai de Bonaventure sur le plan touristique et comme élément de
protection du secteur de la pointe Beaubassin;
 Recommandations :
Intervenir auprès des ministères concernés (ministère des Transports du Canada,
Pêches et Océans Canada) conjointement avec l’administration portuaire pour
assurer la réfection du quai, de sorte qu’il soit accessible et utilisable de façon
sécuritaire, qu’il conserve son apparence actuelle et que l’on évite son
enrochement.
Amorcer ou supporter les actions populaires visant à faire pression sur les
autorités concernées pour assurer la sauvegarde du quai.
L ES
VIEUX PONTS
Le travail de la Table de concertation du littoral de Bonaventure (TCLB) a permis de faire
reconnaître l’estuaire de la rivière Bonaventure comme aire protégée par le gouvernement du
Québec. Ce statut lui a été octroyé en 2005. La municipalité a eu la bonne idée, il y a
quelques années, de construire une passerelle au-dessus du bras principal de la rivière.
Depuis, les marcheurs et les cyclistes sont de plus en plus nombreux à en profiter. Cette
passerelle et les vieux ponts offrent une vue imprenable sur les îles du barachois et sur les
bras de la rivière, qui sont les principales composantes de cette réserve aquatique.
Considérant la proximité et la facilité d’accès à ce patrimoine naturel de même que son
potentiel de développement sur le plan touristique;
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
 Recommandations :
Signaler de façon adéquate la présence de ces installations, et soigner les
approches et l’aménagement de la passerelle et des vieux ponts. Ainsi, des espaces
de stationnement devraient être aménagés, à la passerelle du côté ouest, et à l’autre
extrémité du côté est. Il devrait être possible de s’y asseoir pour se reposer,
contempler la nature ou lire.
De concert avec la TCLB, informer les citoyens ou les visiteurs qui empruntent ce
sentier qu’ils traversent une réserve aquatique et qu’ils doivent éviter de lui porter
atteinte.
Installer des panneaux d’interprétation mentionnant le nom d’origine des ponts et
racontant leur histoire.
L’avenue Grand-Pré
Considérant que l’avenue Grand-Pré est le cœur du village et qu’une partie importante du
patrimoine bâti de Bonaventure s’y trouve;
Considérant qu’il est important de baliser les futures interventions sur cette avenue pour éviter
sa banalisation;
Considérant que le PIIA, l’outil que s’est donné la Ville pour atteindre cet objectif, a été révisé
pour la dernière fois en 1999;
Considérant que de nouveaux commerces ont vu le jour sur cette avenue au cours des
dernières années;
Considérant que cette avenue est très fréquentée pour les nombreux services utiles aux
résidents comme aux touristes;
 Recommandations :
Préserver l’intégrité des différents éléments qui constituent la vitrine de l’avenue
Grand-Pré et du village :


Cimetière;
Église;




Presbytère;
Bureau de poste;
Musée et bâtiments adjacents;
Vieux couvent.
Maintenir, raffiner au besoin et faire connaître davantage l’outil de protection et de
mise en valeur du patrimoine bâti que constitue le PIIA.
Prendre les mesures pour assurer la conservation et la mise en valeur des
éléments particuliers du patrimoine bâti identifiés par la firme 1534.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Inciter les résidents et les commerces à planter de nouveaux arbres en bordure de
la rue à des endroits stratégiques pour atténuer la présence des poteaux et des fils
électriques, et pour lui conserver son caractère de village.
Sur la route 132, tant à l’ouest qu’à l’est, signaler l’avenue Grand-Pré comme étant
le centre du village.
Le rang Thivierge et les autres rangs
Pour répondre au besoin de nouveaux développements domiciliaires à Bonaventure, à la
demande de la Ville, la Commission de protection du territoire agricole du Québec a accepté
de dézoner une partie du rang Thivierge.
Considérant que le rang Thivierge et les autres rangs du territoire de la ville sont des
pourvoyeurs d’un paysage caractéristique de Bonaventure;
Considérant que le rang Thivierge offre à la fois des percées visuelles uniques sur la baie des
Chaleurs, au sud, et sur les Appalaches, au nord;
 Recommandations :
Préserver le caractère agricole des rangs dans lesquels certaines parties ont été
dézonées.
Adopter des règlements qui assurent la protection des percées visuelles qu’offre le
rang Thivierge sur la baie des Chaleurs et sur les Appalaches.
Prendre les mesures pour éviter la construction de maisons surdimensionnées
(monster house).
Considérant l’unicité du paysage auquel les rangs donnent accès;
Considérant la popularité croissante de la pratique du vélo;
 Recommandation :
Améliorer l’aménagement et la signalisation de la Route verte et des autres circuits
cyclistes pour les rendre plus accessibles et sécuritaires pour la famille.
CONCLUSION
La nature du paysage de Bonaventure et son unicité sont des composantes majeures de
l’identité de la communauté. Le développement de la communauté, sa qualité de vie et le
sentiment d’appartenance de ses citoyens sont intimement liés au caractère remarquable du
paysage de son territoire. En décidant de se doter d’une politique de protection et de mise en
valeur de son paysage, la Ville de Bonaventure est visionnaire. En mettant en œuvre une telle
politique, elle fait le choix de contrer la banalisation de son paysage. Elle assure la pérennité
de son activité touristique et le maintien de la qualité de son cadre de vie. Elle s’inscrit ainsi en
cohérence avec un mouvement international qui prend de plus en plus d’importance, le
développement durable.
Protection et valorisation des paysages de Bonaventure
Au cours de la démarche qui vient de prendre fin, il a été évoqué à plusieurs reprises par des
citoyens de Bonaventure qu’il était important que la Ville fasse respecter ses règlements, mais
qu’il fallait aussi qu’elle prenne le temps de les présenter, d’expliquer leur raison d’être. De
l’avis de certains, bien que les règlements soient nécessaires, il serait possible de corriger des
erreurs du passé qui ont des conséquences négatives sur le paysage par des mesures incitant
les personnes concernées à apporter les correctifs qui s’imposent. Aucune réglementation ne
sera aussi efficace en matière de protection des paysages qu’une population sensibilisée.
Pour travailler à la mise en œuvre des recommandations contenues dans le présent rapport, la
Ville de Bonaventure dispose des pouvoirs de légiférer que le gouvernement du Québec a
octroyés aux municipalités et aux villes du Québec. Elle peut également faire usage de
guides, de manuels et d’ouvrages divers (annexe 6) facilement accessibles sur le Web qui ont
été rédigés par différents paliers de gouvernance et par des organismes sensibles aux
paysages. D’autre part, la démarche des derniers mois au cours de laquelle les citoyens de
Bonaventure ont eu la possibilité de s’exprimer sur le sujet a révélé une sensibilité certaine de
plusieurs d’entre eux à l’égard de l’avenir des paysages de ce territoire. La Ville doit mettre
à contribution ces citoyens qui sont convaincus que la protection et la mise en valeur du
paysage sont un enjeu d’avenir pour la communauté de Bonaventure.