la règle de saint benoît pour l`homme d`aujourd`hui

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la règle de saint benoît pour l`homme d`aujourd`hui
LA RÈGLE DE SAINT BENOÎT POUR L’HOMME D’AUJOURD’HUI
A partir de 5 passages importants de la Règle, un travail de groupe a permis de « s’approprier » le
texte, de « l’interpréter » et de le « réécrire ». Le texte a pu ainsi se retrouver vivant et neuf pour le
croyant d’aujourd’hui.
L'obéissance, le cellérier, l'accueil, l'engagement et le soin des malades ont été les thèmes médités.
Qu’il s’agisse des auteurs ou de l’expérience pratique des fraternités Saint Benoît, c’est toujours de
la Règle de Saint Benoît pour l’homme d’aujourd’hui dont il est question. On trouvera ici des
esquisses de réécriture.
1°) L’ÉCOUTE, L’OBÉISSANCE, LA RELATION AUX AUTRES
(Règle de Saint Benoît chapitre 5)
Ainsi « l’obéissance » a pu se traduire par « l’écoute » du Seigneur et sa mise en pratique dans
des gestes d’amour et de disponibilité.
RÉFLEXION PERSONNELLE SUR « OBÉIR »
« Obéir me met en relation très intime avec le Seigneur, ne dit-il pas « qui vous écoute m’écoute » (Luc 10 16).
Obéir me met dans une relation d’humilité, je reconnais que Dieu est l’origine de ma vie et de toutes
choses.
Tout ce qu’il a fait, il l’a fait par amour, je veux répondre à cet amour en restant disponible à sa volonté. Il
sait mieux que moi-même ce qui est bon pour moi, pourquoi lui résister ?
Obéir aux supérieurs, c’est obéir à Dieu. Voilà qui est rassurant, parfois pourtant dire NON relève d’un
discernement responsable.
Il y a un danger dans l’obéissance, c’est celui d’obéir pour ne pas contrarier le supérieur, pour ne pas lui
déplaire. C’est alors que le corps obéit mais que l’esprit murmure. C’est nul ! »
TEXTE COMMUN
« Si tu veux découvrir la volonté du Seigneur,
Mets-toi à son ÉCOUTE, tu découvriras des relations nouvelles d’amour et de disponibilité.
Si tu ordonnes quelque chose à un frère, prends le temps d’une écoute attentive.
Prends aussi le temps de la prière, demande à l’Esprit de t’éclairer pour trouver les mots qui vont toucher
son cœur.
Aie le souci de son humanité, respecte son histoire, discerne ce qui est bon pour lui, afin qu’il puisse obéir
en paix.
Si ton supérieur t’ordonne quelque chose, place-toi dans une attitude d’écoute, réfléchis en priant l’Esprit
de t’éclairer. Si ce qu’il te demande est bon et juste, OBÉIS, en toute liberté, dans la confiance et la joie. »
2 °) LA GESTION DES BIENS MATÉRIELS
(Règle de Saint Benoît chapitre 31)
Le rôle du cellérier comme notre possibilité à créer des lieux de résistance au monde
d'aujourd'hui, obnubilé par les performances financières et égoïstes, un nouvel art de vivre
ensemble pacifié.
Deux réactions personnelles viennent à l’appui de ce texte, suivi d’un texte produit par l’ensemble du
groupe.
TEXTES PERSONNELS SUR « LE CELLÉRIER »
1 – « Cultiver en toutes situations la mesure, humblement et sans mépris, être animé d’un respect confiant
envers toute la création, prendre soin des autres au mieux de mes possibilités…
Tout cela me semble poser les bases pour une société plus sobre, plus juste, plus heureuse, permettant aux
hommes de vivre en paix et en harmonie ».
2 – « QUALITÉS DU CELLÉRIER
- être une personne sage, attentive à ses proches
- être attentive à tous, particulièrement aux malades, pauvres, jeunes
- prendre soin de tout ce qui m’est confié
- donner aux autres la part qui lui revient pour ne pas les acculer à l’envie, au désir
- si la charge est trop lourde, ne pas hésiter à demander de l’aide, reconnaître sa propre
fragilité ».
TEXTE COMMUN
« Si le profit, le bien-être matériel, l’accumulation de biens nous rendent inquiets et insatisfaits, alors, à la
suite de Saint Benoît, il est bon de créer des lieux de résistance où un nouvel art de vivre puisse apparaître.
Tels que :
 prendre soin des plus faibles, des malades, des jeunes, de l’étranger
 donner à chacun le nécessaire qui lui est dû
 sortir de notre égoïsme
 respecter la création et en prendre soin
 trouver un mode de vie plus sobre sans accumuler des biens superflus
 reconnaître humblement notre propre fragilité et savoir demander de l’aide si la charge est trop
lourde.
Tout ceci pour nous permettre un vivre ensemble (une vie) plus harmonieux et pacifié ».
3°) L’ACCUEIL ET L’HOSPITALITÉ
(Règle de Saint Benoît chapitre 53)
Ainsi l'accueil c'est recevoir tous les hôtes comme le Christ, avec la même joie et le même regard
d'amour
TEXTE COMMUN
1. Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ (a lui-même accueilli)
2. Ils seront tous reçus avec le respect dû à chacun, particulièrement les chercheurs de
spiritualité, et tous ceux qui voudraient partager un temps avec la communauté, qu’ils fassent
ou non partie des disciples du Christ.
3. Ils seront tous accueillis avec la même joie et le même regard d’amour.
4. Les personnes en charge de cet accueil seront choisies dans la communauté et ses amis pour
leurs qualités d’écoute, d’attention et de respect envers l’autre.
5 à 14. Après cet accueil, le frère hôtelier prendra un temps d’échange avec l’hôte puis l’invitera,
s’il le souhaite, à participer à la prière communautaire.
Les hôtes trouveront à leur disposition dans la chambre les Evangiles et des textes religieux pour
aider leur réflexion.
15. Le Père supérieur aura le souci d’envoyer, si possible, des frères accueillir ceux qui ne peuvent
venir au monastère (détenus, malades hospitalisés etc…) pour les rencontrer comme le Christ.
A -TEXTE PERSONNEL SUR L’ACCUEIL DES AUTRES
« Tous les hôtes seront reçus – ou devraient être reçus- comme le Christ »
« Une chef de service a osé me dire de ne pas aller ouvrir la porte et accueillir enfants handicapés et
parents un jour d’appareillage ! j’ai volontairement désobéi.
Au jour d’aujourd’hui, l’hôte écrit, téléphone, envoie des SMS et finit par arriver.
Qui est l’hôte : ici et maintenant ; dans ce Prieuré ; à l’hôtellerie comme à travers une proposition ?
mais aussi plus loin et maintenant, selon les jours, être l’hôtesse ou devenir l’hôte.
Accueillir, être en relation, quels qu’aient été mes postes de travail, mes étapes de vie familiale, c’est cela
qui m’anime. Même si parfois, je peux manquer de respect ou plus souvent de patience envers l’un ou
l’autre.
Manger ensemble, partager pain et vin, menu italien, espagnol ou africain, émaillé d’histoires françaises et
belges, d’éclats de rire.
Une grande chaleur humaine. Des étrangers devenus des proches.
Le Christ serait-il passé par là ? »
B - Autre texte personnel
« Je reçois les détenues et elles me reçoivent.
Dès la première porte passée, et il y en a plusieurs plus un escalier de deux étages,
Je suis déjà dans un autre monde.
Ce chemin du dehors au-dedans me permet de me préparer à cette rencontre, en quelque sorte de me
dépouiller de ma vie de liberté…
Je suis en prison…
J’ai besoin de prendre du temps et de méditer la parole de Dieu avant la rencontre.
Pour moi, ce sont des personnes, pas des détenues.
Aucun jugement de ma part.
La Parole de Dieu est au cœur de nos rencontres.
Dieu est Amour même et surtout en Prison ».
4°) L’ENGAGEMENT ET LES VOEUX
(Règle de Saint Benoît chapitre 58)
L’engagement : choisir un changement de vie, dans la durée, en acceptant d'être interpellé par
les autres membres de la fraternité.
Essai de réécriture de ce chapitre
« Quand quelqu’un demande à entrer en fraternité, on prendra le temps de discerner ses motivations
profondes.
(Ce ne sera pas une perte de temps, mais un investissement en temps pour créer du lien, sans se préoccuper
du résultat final (adhésion ou non)
On aura soin de ménager des étapes dans l’engagement en respectant le cheminement du nouvel arrivant,
et en lui proposant une participation adaptée à la vie de fraternité.
5°) LE SOUCI DES MALADES
(Règle de Saint Benoît chapitre 36 et 64)
Le soin des malades est compris comme un service réciproque où l'humanité de l'un s'ouvre à
celle de l'autre : partager la souffrance de l'autre, être heureux avec lui, se risquer à découvrir la
vie dans son mystère, sa beauté et ce qu'elle a d'insupportable.
Après deux réactions personnelles, le groupe produit une relecture du chapitre 36
« Nos frères, nos sœurs malades, leurs proches, demandent toute notre attention quand nous prenons soin
d’eux à l’image du Christ ».
« Tu apprendras des frères malades la vie malgré tout.
Le Christ te fera signe quand tu prendras soin de ton frère ».
TEXTE DU GROUPE
Prendre soin des frères, sœurs malades et de leurs proches
 Nos frères et sœurs malades, leurs proches demandent toute notre attention ; nous prenons soin d’eux
à l’image du Christ.
 Parce qu’il a dit : j’ai été malade et vous êtes venus me visiter » Matthieu 25, 36.
 Et « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait » Matthieu 25, 40.
 Les frères et sœurs malades comprendront que les soins leur sont prodigués avec bienveillance et
respect de leur dignité.
 Prenons soin des frères et sœurs malades comme avant tout un service réciproque, où l’humanité de
l’un s’entrouvre à celle de l’autre.
 Dans cette relation, le malade et le bien portant se risquent à découvrir la vie dans son mystère, sa
beauté et ce qu’elle a d’insupportable.
 N’oublions pas que notre amour est infini et a pourtant ses limites.
 Ne restons jamais seul avec la souffrance de l’autre, soyons heureux avec lui, avec nous-mêmes, les
autres et Dieu ».
EN GUISE DE CONCLUSION
Même si ce petit dossier ne rend pas compte de toute la richesse des paroles échangées, il
permet de se projeter dans l’avenir de plusieurs façons, et de préciser quelques points
d’appui essentiels.
 Un texte ancien n’est vivant et neuf qu’au risque de l’interprétation. Il s’agit
donc d’aller plus loin que la simple répétition ou la paraphrase.
 Diverses méthodes de lecture peuvent aider à ce travail d’interprétation.
 Si nous ré-écrivons le texte de la Règle aujourd’hui, à qui l’adressons-nous ?
Soyons les « chercheurs de Dieu de notre temps.

La Règle de Saint Benoît s’appuie sur la « parole de Dieu », ce qui est bien normal.
Mais nous aujourd’hui ? Que vivons-nous et comment vivons-nous de la parole de
Dieu pour qu’elle soit parlante à nous-mêmes et à quelques autres ?