Plan d`urgence pour le marché d`intrants du secteur coton
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Plan d`urgence pour le marché d`intrants du secteur coton
La Division Afrique de l’IFDC Un Centre International pour la Fertilité des Sols et le Développement Agricole Plan d'urgence pour le marché d'intrants du secteur coton Composant du Projet MIR "Promouvoir le Développement Agricole par la Création d'un Marché d'Intrants Régional en Afrique de l'Ouest" : un projet de l'IFDC, de l'UEMOA, de la CEDEAO et leurs pays membres, du secteur privé des intrants agricoles, du RECAO et ROPPA , de la CMA/AOC et autres. Le secteur cotonnier ouest africain Le secteur cotonnier représente l’un des rares exemples de l’utilisation économiquement faisable d’intrants externes en Afrique de l’Ouest. Depuis quelques années, la production de coton accuse une stagnation liée, entre autres, à la baisse de l’efficacité et à l’augmentation des coûts des entreprises cotonnières semi-publiques. Le principal facteur externe ayant influé négativement sur le secteur est le recul des prix du coton sur le marché mondial. Alors que les EtatsUnis, l'Europe et la Chine subventionnent leurs producteurs, les pays de l’Afrique de l’Ouest, sous la pression de l’ajustement structurel, entreprennent le démantèlement des entreprises cotonnières semi-publiques, la privatisation et la libéralisation du secteur cotonnier. Le démantèlement des entreprises cotonnières semipubliques signifie l’abandon graduel de responsabilités qui ne sont pas effectivement reprises par d’autres structures. Ceci constitue en soi un risque pour l'avenir du secteur, notamment à travers une influence potentiellement négative sur l'accessibilité des intrants externes et sur leur efficacité agronomique. La privatisation de l’approvisionnement en intrants va de pair avec sa fragmentation où l'étroitesse du marché d'intrants des pays ouest africains bloque déjà son développement. De plus, trop souvent le processus est loin d’être achevé et la présence visible (ou voilée) des gouvernements et de leurs agents entrave aussi le développement du marché privé. Par exemple, l'augmentation de la consommation d'engrais en Afrique au cours des années '90 a été en moyenne de 6 fois supérieure pour les pays où le retrait des gouvernements était complet, par rapport à la moyenne des pays sans retrait ou avec un retrait partiel. Malgré l'utilisation des engrais, le revenu paysan des zones cotonnières est encore partiellement basé sur l’épuisement des sols (Pol, van der, 1992). Le démantèlement des entreprises cotonnières semi-publiques cause une détérioration de la vulgarisation agricole, dont l'intérêt était le développement agricole dans son ensemble. L'attention pour la culture de coton seule n'a pas l'effet souhaité : les rendements sont en diminution. Il existe de plus en plus d’indications selon lesquelles la baisse des rendements s’explique partiellement par la baisse de la fertilité des sols. IFDC Division Afrique BP 4483 Lomé –TOGO Tel: +228 221 79 71 – Fax: +228 221 78 17 E-mail : [email protected] La privatisation comme solutions et la régionalisation A la demande de la Banque Mondiale, l’IFDC a mené une étude sur les politiques et le système de commercialisation des engrais dans le secteur cotonnier en Afrique (IFDC, 2001a). Elle souligne la nécessité d’accroître l’efficacité et de réduire les coûts structurels pour améliorer la performance de secteur. Les coûts structurels doivent être partagés sur une base de production plus large par la concentration et la coopération régionales. La région ne peut pas se permettre de d’aller contre cette logique. L’étude IFDC/Banque Mondiale a conclu que la réforme d’un système d’intrants semi-public requiert des efforts conscients et soutenus. Le démantèlement brusque d’un système imbriqué est une entreprise à risques du fait de l’absence de marchés d’intrants privés performants en Afrique de l’Ouest. Un programme de développement des ressources humaines bien coordonné ainsi que l’amélioration de l’accès au financement et à l’information sur le marché doivent être mis en œuvre et synchronisés avec le désengagement progressif des sociétés cotonnières. Un premier effort régional a été la conférence sur l’avenir du secteur cotonnier en l’Afrique de l’Ouest et du Centre organisée par la CMA/AOC et l’UEMOA. La dimension régionale des solutions à l’actuelle crise cotonnière a été soulignée, mettant l’accent sur la nécessité d’harmoniser les politiques de prix et d’adopter des règlements communs dans les zones de libre échange économique de la région. Les Etats doivent appuyer l’intégration des filières coton au niveau régional. L’épuisement des sols et l’allocation des terres marginales pour la production du coton doivent être évités. Les organisations de producteurs doivent être renforcées dans les domaines de la formation et du développement des ressources humaines. Elles doivent être impliquées davantage dans le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement en intrants et dans la fixation des prix. La production intégrée de coton comme solution L'accessibilité des intrants externes dépend d'un côté de l'efficacité des marchés d'intrants et des produits agricoles. Elle dépend d'autre côté de l'efficacité agro-écologique des intrants. A présent, la fertilité des sols, des climats difficiles et IFDC Headquarters P.O. Box 2040 Muscle Shoals, Alabama 35662 - U.S.A. Tel: +1 (256) 381-6600 Fax:+1 (256) 381-7408 E-mail: [email protected] - Web site : www.ifdc.org une expérience restreinte font que les paysans utiles des intrants comme les engrais inorganiques avec une efficacité qui n'est que la moitié de ce qui est possible. La gestion intégrée de la fertilité du sol est apte à doubler l'efficacité des engrais, et ceci même au Sahel (Breman & Sissoko, 1998). IFDC-Afrique, en coopération avec le TSBF (Nairobi) et des partenaires nationaux, a développé une gamme d'options techniques qui apparaît aussi bien utile pour les système de production ayant la culture de coton comme base (IFDC, 2001b). Des technologies existent également qui sont aptes à faire diminuer les frais de la protection des cultures de coton. Le FAO a lancé un projet pour l'introduction de l'IPM (contrôle intégré des fléaux de culture) dans les zones cotonnières ouest africaines. Le CIRAD a développé spécifiquement pour le coton une méthode qui permet la diminution du nombre de traitements à pesticides. La Chine exploite déjà pour une grande partie de sa production cotonnière la culture mixte. On y influence ainsi positivement les efforts pour améliorer la fertilité de sol toute en diminuant les besoins en pesticides (Lu, 2001). IFDCAfrique a fait une synthèse des technologies disponibles pour une culture cotonnière plus durable (Slaats, 2000). Sissoko (1998) répond à la question de la politique nécessaire pour convaincre les paysans d'adopter toutes ces technologies pour une production plus durable, en utilisant la zone cotonnière malienne comme exemple. Cinq mesures primordiales sont identifiées. Elles concernent l'intensification, la gestion des ressources naturelles, les prix, le développement des marchés et le crédit. Plan d'urgence pour le marché d'intrants du secteur coton Le plan d'urgence est une partie intégrale du projet MIR ("Marché d'Intrants Régional"). En travaillant avec l'UEMOA, la CEDEAO et leurs pays membres, ainsi qu'avec le secteur privé d'intrants agricoles, il utilise les intrants des systèmes de production cotonnière comme point de départ pour le développement du marché d’intrants régional. Il permettra d’éviter les effets néfastes de la privatisation des sociétés cotonnières, la fragmentation du marché, la négligence des objectifs de production des paysans et enfin le risque d’augmenter l’épuisement des sols et la dégradation de l’environnement. Le plan d’urgence coton aura deux composants : Renforcer le réseau de distributeurs d’intrants, promouvoir et faciliter la création d’une association régionale, organiser les informations et les formations, passer de la tendance à la détérioration à une amélioration progressive de l’accès aux intrants. Renforcer les NARES et les ONG, promouvoir et faciliter l’introduction de la production intégrée de coton, passer de la détérioration des ressources naturelles à une amélioration progressive de la base de ressources. Le plan est développé avec l'appui du RECAO, du ROPPA et de la CMA/AOC. Il se concentrera sur les quatre pays qui ont apporté leur appui au projet dans ses efforts pour une coopération et une intégration régionale et qui sont le Burkina Faso, le Ghana, le Mali et le Nigéria. Sur le conseil de Comité de Conseil International pour le Coton (CCIC, Washington), deux pays supplémentaires ont été invités à se joindre au projet : le Bénin et le Togo. Ainsi, un block sera IFDC Division Afrique BP 4483 Lomé –TOGO Tel: +228 221 79 71 – Fax: +228 221 78 17 E-mail : [email protected] constitué au cœur de la région, incluant des pays anglophones et des pays francophones. Le plan d’urgence visera à renverser la tendance actuelle à la fragmentation du marché d’intrants qui était jusqu’ici entre les mains des sociétés semipubliques. La création d’un marché régional transparent et ouvert sera avantageuse tant pour le coton que pour les autres cultures. C’est dans cette perspective que le rôle du coton comme force motrice du développement dans les savanes en Afrique de l’Ouest peut être durable. Le développement et l’introduction participatifs de la production intégrée de coton, en étroite collaboration avec les NARES et les ONG, serviront ce double objectif. Le plan d'urgence prévoit l'élaboration de cette production intégrée en combinant des éléments qui jusqu'ici ont été développés et promus individuellement. Il s'agit de: la gestion intégrée de la fertilité de sol, combinant l'utilisation des amendements de sol et des engrais inorganiques visant à améliorer l'efficacité et la rentabilité de ces derniers ; le contrôle intégré des fléaux de culture; les cultures mixtes à côté des rotations. Pour maximiser les avantages et créer une synergie, les activités du projet seront articulées avec d’autres portant sur des composants spécifiques de la crise cotonnière. La contribution du projet et son plan d'urgence pour le marché d'intrants se greffera sur le plan d’urgence global du coton qui prend forme. Bibliographie Breman, H. & K. Sissoko (Eds), 1998. L'intensification agricole au Sahel. KARTHALA, Paris. 996 p. IFDC, 2001a. Fertilizer policy and marketing in the cotton sector of Africa: issues and options for reform. Prepared for the World Bank, Washington D.C., IFDC, Muscle Shoals. 25 p. + annexes (case studies Cameroon, Mali and Zimbabwe). IFDC, 2001b. Collaborative project on soil fertility maintenance and restoration in sub-Saharan Africa. Report submitted to International Fund for Agricultural Development Rome, Italy. International Fertilizer Development Center (IFDC), African Center for Fertiliser Development (ACFD) and Tropical Soil Biology and Fertility Program (TSBF). Lu, C.H., 2001. Breaking the unsustainability spiral: an exploratory land use study for Ansai, the Loess Plateau of China. PhD Thesis, Wageningen Agricultural University, Laboratory of Theoretical Production Ecology, 256 pp (promotors: R. Rabbinge & M.K. van Ittersum). Pol, F. van der, 1992. Soil mining. An unseen contributer to farm income in Southern Mali. Amsterdam, Royal Tropical Institute – Bulletin no. 325. Sissoko, K., 1998. Et demain l'agriculture? Options techniques et mesures politiques pour un développement agricole durable en Afrique Subsaharienne. Cas du Cercle de Koutiala en zone sud du Mali. Tropical Resource Management Papers 23, Agricultural University, Wageningen. 184 p. + annexes. Slaats, J., 2001, Soil fertility management in cotton crop production systems in West Africa. A synthesis of present knowledge and experience. Working document IFDCAfrica, Lomé. IFDC Headquarters P.O. Box 2040 Muscle Shoals, Alabama 35662 - U.S.A. Tel: +1 (256) 381-6600 Fax:+1 (256) 381-7408 E-mail: [email protected] - Web site : www.ifdc.org