L`Ambassadeur Georges Ouegnin rompt le silence

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L`Ambassadeur Georges Ouegnin rompt le silence
L’ambassadeur Georges Ouégnin rompt le silence qu’il s’est imposé depuis plus de
40 ans !
Oui, j’ai demandé pardon au Président Bédié ! Quand et pourquoi.
Le mercredi 21 août 2013, à l’invitation du secrétaire général du Pdci-Rdr, j’ai
assisté, en même temps que plusieurs autres cadres du parti fondé par le Président
Félix Houphouët-Boigny, à une rencontre à la « Maison » du Parti. Rencontre au cours
de laquelle, le secrétaire général a déclaré sa candidature à la présidence du Parti
Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA).
En tant que militant du Pdci-Rda, c’était mon devoir de répondre à son invitation.
Jusqu’à preuve du contraire, M. Djédjé Mady demeure le secrétaire général du PdciRda. C’était donc mon devoir d’aller l’écouter. Faire cela, ce n’est trahir personne.
Je suis militant du Pdci-Rda et je resterai militant du Pdci-Rda. Mais depuis cette
rencontre, comme si j’avais commis un crime, il ne se passe pas un seul jour, sans
que des journaux ne s’en prennent à ma personne.
Tantôt, on écrit que je suis un homme fini (has been), tantôt, on écrit que j’ai trahi
le Président Bédié, voire le Président Alassane Ouattara. Comme s’il y avait un
quelconque lien entre les affaires internes du Pdci-Rda et le Président de la
République Alassane Ouattara. Je n’aurais jamais réagi devant ces écrits qui
n’honorent même pas leurs auteurs qui parlent de démocratie en combattant
curieusement la liberté d’expression et la pluralité de pensées, si l’un de ces
journaux, dont les responsables ont absolument le droit de prendre fait et cause pour
qui ils veulent, ne s’était pas attaqué, non pas à moi seul, mais aussi à ma famille.
Ma famille qui est pour moi, quelque chose de sacré. Ce journal que je ne veux
même pas nommer en raison de ses propres contradictions (chanter la démocratie et
la tolérance en vouant aux gémonies tous ceux qui pensent autrement), a écrit, ce
samedi 24 août en publiant à sa « Une », une photo de moi et de ma famille, que je
serais rentré « en rébellion contre les présidents Bédié et Ouattara ». Et cela, du seul
fait d’avoir assisté à la rencontre convoquée par le secrétaire général du PdciRda. Je ne rentrerai pas dans le contenu de l’article qui est à lui seul la preuve que
la Côte d’Ivoire va très mal, je m’attarderai simplement sur l’exposition de ma
famille à la « Une » de ce journal avec une légende insultante : « Le jour où Ouegnin
demandait « pardon » à Bédié pour que sa fille Yasmina soit candidate Pdci à Cocody
aux législatives du 11 décembre 2012 ».
D’abord il ne s’agit pas des législatives du 11 décembre 2012, mais celles du 11
décembre 2011. Ensuite, je n’ai jamais été au domicile du Président Bédié avec toute
ma famille pour le supplier d’accepter que ma fille Yasmina soit la candidate du Pdci.
Ces photos ont été prises, le jour où, après l’investiture de Yasmina en qualité de
candidate du Pdci, j’ai été, avec toute ma famille, rendre visite au Président Bédié,
lequel avait été invité à prendre part à cette cérémonie mais n’a pu effectuer le
déplacement pour des raisons d’agenda.
Son directeur de cabinet, le Dr
Lenissongui est témoin des propos que j’ai tenus ce jour-là.
D’où vient-il alors, que près de deux ans plus tard, on sorte une photo prise à
l’occasion de cette rencontre, pour me présenter comme un ingrat, en écrivant que
je suis allé demander pardon au Président Bédié pour qu’il accepte de faire de ma
fille, la candidate du Pdci ?
Quelles sont les motivations réelles d’une telle action ?
Que veut-on démontrer ?
Je vais faire un aveu et désormais, ce sera ainsi, chaque fois qu’on s’en prendra
indirectement ou directement à ma famille. Oui, c’est vrai, je l’avoue. Oui, je le
reconnais. J’ai demandé pardon au président Bédié. C’était la seule fois de ma vie
que je le faisais. Mais ce n’était pas pour qu’il accepte de faire de ma fille la
candidate du Pdci-Rda aux législatives de 2011 à Cocody. La seule fois de ma vie où
j’ai demandé pardon au Président Bédié, c’était le mardi 21 décembre 1999. Ce jourlà, il était encore le Président de la République de Côte d’Ivoire et je l’ai trouvé dans
sa chambre. Il préparait le message qu’il devait adresser le lendemain à la Nation,
à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Je me suis mis à genoux, je dis bien, à
genoux devant le Président Bédié, il ne peut démentir ce que je dis aujourd’hui. Je
lui ai tenu les pieds, le suppliant presque, pour lui dire : M. le Président, libérez les
dirigeants du RDR, Henriette Diabaté, Hamed Bakayoko et tous les autres que vous
avez fait emprisonner en novembre 1999, à la suite d’une manifestation organisée
pour réclamer des réformes démocratiques en vue des élections de 2000. Je lui ai dit
: faites comme le Président Houphouët-Boigny, profitez de votre passage devant
l’Assemblée nationale à l’occasion de votre message à la nation, pour libérer, devant
le peuple de Côte d’Ivoire, tous ces dirigeants du Rdr. Vous leur diriez, bientôt c’est
la fête de noël, bientôt c’est la Tabaski (cette année-là, ces fêtes coïncidaient
presque), bientôt, c’est l’an 2000, le nouveau millénaire. Profitez de cela M. le
Président et dites-leur, rentrez chez vous, allez retrouver vos familles, on va
travailler tous ensemble pour la Côte d’Ivoire, notre patrie commune.
Le Président Bédié m’a dit textuellement : « Non, non, tu vas voir ce que je vais
faire… » Et je lui ai dit, toujours à genoux devant lui : non, M. le Président, votre
image est à terre, et en Côte d’Ivoire et à travers le monde ; vous devez vous
ressaisir. Franchement, si vous faites ce geste, vous rentrerez dans l’histoire. C’est
ce que le Président Houphouët-Boigny a fait quand il a libéré les prisonniers de
Yamoussoukro. Il les a amenés à l’Assemblée et il a dit : « nous avons commencé à
construire la Côte d’Ivoire, allez, rentrez chez vous et mettez votre pierre dans cette
construction… »Le Président Bédié m’a, de nouveau, répondu : « Oui, oui, tu vas voir
mon discours… »La suite, on la connaît…et je n’en dirai pas plus ! Je reconnais donc
que là, je lui ai demandé pardon, Dieu m’en est témoin. Et il est témoin que, en
novembre 2011, lorsque je lui ai rendu visite avec toute ma famille, ce n’était pas
pour le supplier de faire de ma fille la candidate du Pdci.
Si mes supplications avaient de l’effet sur M. Henri Konan Bédié, il n’y aurait jamais
eu le 24 décembre 1999 et la Côte d’Ivoire aurait fait l’économie de toutes les
meurtrissures, toutes les haines, toutes les fractures, tout le sang du peuple ivoirien
versé inutilement depuis la disparition du père fondateur, Félix HouphouëtBoigny. Je n’en dirai pas plus... Maintenant, si ceux qui se sont érigés en
propriétaires de la Côte d’Ivoire, veulent que je parle d’autres choses, s’ils veulent
que je mette fin au devoir de réserve que je me suis imposé sans discontinuité depuis
la mort du Président Houphouët-Boigny, alors, je les invite à continuer à s’attaquer à
ma famille… Si on veut s’en prendre à moi seul, Georges Ouegnin, me livrer à la
vindicte populaire au simple motif que j’ai participé à une rencontre sur invitation du
secrétaire général du Pdci-Rda, cela ne me pose aucun problème.Mais si on s’en prend
aussi à ma famille en publiant des photos sur lesquelles je suis avec mon épouse et
mes enfants, et légendées de façon insultante, alors les commanditaires en
assumeront toutes les conséquences… J’ai servi avec affection, loyauté et
dévouement, pendant plus de 40 ans, la Côte d’Ivoire.
D’abord avec le Président Houphouët-Boigny, jusqu’à sa disparition, puis avec le
président Henri Konan Bédié, jusqu’à son départ du pouvoir, puis avec le général Guéi
et enfin, avec le président Gbagbo… Je n’accepterai pas que, sous la dictée, un
journaliste qui vient à peine de naître et qui ne sait pas le millième de ce que je sais
sur l’histoire de la Côte d’Ivoire et celle de ceux qui y font maintenant la pluie et le
beau temps, écrive que j’ai trahi. Cela est inacceptable. Je n’ai jamais trahi, ni la
Côte d’Ivoire, ni aucun Ivoirien et jamais je ne le ferai. Personne ne peut mettre en
doute ma loyauté vis-à-vis de ce pays et mon dévouement vis-à-vis de ses chefs
d’Etat que j’ai servis, successivement. Jusqu’à nouvel ordre, le Pdci signifie Parti «
Démocratique » de Côte d’Ivoire. D’où vient-il alors que dans un parti démocratique,
on veuille instaurer la pensée unique en crucifiant tous ceux qui expriment des idées
contraires ?
Georges Ouegnin. Ambassadeur.