Atelier national sur le partage des résultats de l`étude et la
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Atelier national sur le partage des résultats de l`étude et la
Atelier national sur le partage des résultats de l’étude et la mobilisation des organisations de la société civile pour le lancement d’une campagne de plaidoyer autour de l’accaparement des terres au Cameroun Du 5 au 7 décembre 2011 s’est tenu au Centre Jean XXIII de Mvolyé à Yaoundé l’« atelier national sur le partage des résultats de l’étude diagnostic sur le phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun et la mobilisation des OSC pour le lancement d’une campagne de plaidoyer ». Sous la coordination stratégique d’INADES Formation, les travaux ont connu la participation active d’une vingtaine d’Organisations de la Société Civile (OSC) et de représentant des communautés concernées par le phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun. Ces travaux interviennent dans un contexte particulier. Synthèse des travaux Contexte de l’atelier A cause de l’accaparement des terres, l’agriculture familiale - qui aurait dû constituer le fondement des politiques de développement agricole des pays africains - est contournée et privée du facteur de production terre pour son développement. Le phénomène de l’accaparement des terres désorganise la vie sociale, économique et culturelle des communautés concernées, à travers des déplacements forcés des populations, la réduction de l’espace vital et cultivable. Le phénomène engendre également des conflits entre différents détenteurs d’enjeux (communautés locales, l’élite politico-administrative, les investisseurs publics et privés). L’aggravation du phénomène a alors suscité un engagement des OSC visant à initier la mobilisation sociale contre l’accaparement des terres et à interpeller nos États à prendre des mesures garantissant un accès durable à la terre pour les communautés locales. Résolument engagées à juguler le phénomène, ces OSC sont engagées dans une démarche de plaidoyer basée sur l’évidence. D’où la réalisation d’une étude diagnostic sur l’accaparement des terres au Cameroun et l’organisation d’un atelier d’échanges et de mobilisation. Objectifs, méthodologie, résultats et produits attendus de l’atelier L’objectif général de l’atelier était de favoriser un environnement politique favorable à la prise de décision pour réduire les conséquences de l’accaparement des terres au Cameroun. Ses objectifs spécifiques se résumait à : lancer une dynamique réflexion collective autour du phénomène de l’accaparement des terres en vue de dégager une position commune des Organisations de la société civile camerounaise (OSSC) ; mettre en place une plate-forme autour de la question de l’accaparement des terres au Cameroun ; adopter un thème de plaidoyer mobilisateur pour engager la future plateforme dans une campagne de plaidoyer contre le phénomène de l’accaparement des terres. Pour atteindre ces objectifs, les OSC participantes devaient orienter les travaux autour de la restitution l’étude diagnostic sur le phénomène de l’accaparement des terres ; des échanges et des analyses sur les résultats de l’étude afin d’adopter une position en faveur d’une campagne de plaidoyer face à l’accaparement des terres ; la mise en place de la plateforme ; du partage des connaissances sur les outils et les méthodes d’animation d’une campagne de plaidoyer et l’adoption d’un thème mobilisateur de plaidoyer. Les travaux de l’atelier devaient aboutir aux résultats suivants : les participants s’approprient les enjeux, les causes et les conséquences du phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun ; les participants adoptent et mettent en place une plateforme de concertation autour du phénomène de l’accaparement des terres ; les participants identifient un thème mobilisateur pour le lancement des activités de plaidoyer. L’atelier devait produire une la plateforme de concertation autour de l’accaparement des terres, un thème de plaidoyer mobilisateur, des actions planifiées en vue de conduire des initiatives de mobilisation et de réalisation des activités, une déclaration indiquant la position des participants. Déroulement des travaux Jour 1 La première journée des travaux a connu trois temps forts : la mise en route de l’atelier, la présentation des principaux résultats de l’étude diagnostique sur l’accaparement des terres au Cameroun et l’identification des actions à mener et les stratégies d’intervention. La mise en route de l’atelier a permis aux participants de s’approprier le contexte et la justification de l’atelier. De la restitution des résultats de l’étude diagnostique conduite par INADES Formation sur le phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun a aiguillé les participants vers quatre considérations majeures. D’une part, l’accaparement des terres porte atteinte aux droits économiques et socioculturels des populations des régions concernées, notamment le droit de toute personne à un niveau de vie décent pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture. Ensuite, les grands investisseurs étrangers et nationaux se saisissent des terres qui auraient permis aux petits producteurs et productrices de développer des alternatives adaptées à leurs besoins et aux besoins nationaux. Aussi, les productions des grands investisseurs nationaux et étrangers principalement orientées vers l’exportation, renforcent le mode de production industrielle de plus en plus décrié pour ses effets négatifs sur l’environnement et la biodiversité. Enfin, qu’il est urgent de protéger l’agriculture familiale à travers une politique agricole et environnementale permettant de valoriser le capital cognitif local et de renforcer la compétitivité des petites exploitations paysannes. Ces développements se sont achevés par le témoignage du représentant d’une communauté victime du phénomène de l’accaparement des terres. Ce cri de cœur a permis aux participants de vivre les affres de l’accaparement des terres et de noter l’urgence d’une action concertée contre cette menace à la souveraineté alimentaire du Cameroun et une entrave au bien-être des communautés. Le débat interactif prolongeant l’appropriation des résultats de l’étude diagnostic a permis de faire des suggestions mélioratives relativement aux résultats de l’étude diagnostic. Les participants se sont accordés sur la nécessité de dépasser le cadre de l’agriculture rurale pour étendre le concept d’accaparement des terres à toutes les considérations liées aux mécanismes d’acquisition des terres, aux régularités observées autour du phénomène et aux motivations qui incitent les individus et les organisations à investir dans le foncier. Y faisant suite, une définition de du concept d’« accaparement des terres » a été élaborée et adoptée. Sous l’impulsion de l’atelier, l’accaparement des terres est « l’usage des moyens inéquitables pour acquérir à des fins de profit, d’importantes superficies de terres dont la taille est disproportionnée par rapport aux exploitations agricoles familiales et qui prive les communautés locales de leurs ressources naturelles, culturelles ainsi que de leurs moyens de subsistance ». Cette première journée a en outre conduit à l’identification des actions à mener et les stratégies d’intervention. Stratégies Élaborer une charte du groupe Sensibiliser sur le phénomène de l’accaparement des terres Proposer des alternatives Accompagner les victimes Documenter le phénomène Cibles / Action - Organisations membres présents et à recruter : Déterminer notre identité, notre vision, nos valeurs, nos missions, notre manière de procéder Élaborer la position du groupe sur la problématique et la rendre publique - Les paysans / Les populations : Causeries éducatives, projection des films, affichages, interventions dans les média (radio communautaire…), sensibiliser en langues locales, voyages d’échange - Les OSC : Ateliers, séminaires, tables rondes, formations - Les Médias : café-presses, les voyages de presse, - Les autorités traditionnelle / Les autorités locales / Les députés : Rencontres d’échanges (lors des sessions parlementaires et conseils, …) - Tous : Publier et diffuser les données collectées Profiter de toutes les activités que nous menons pour sensibiliser - Imaginer, étudier et documenter les alternatives aux cessions des terres - Encourager les organisations membres à développer les alternatives - Collecter et diffuser les abus - Créer un réseau de juristes pour soutenir les victimes - Aider les victimes à porter plainte - Approfondir l’étude actuelle sur le phénomène de l’accaparement des terres - Mettre en place un observatoire Collecter les données, informations, témoignages avec des cas vérifiables sur le terrain Établir une typologie du phénomène de l’accaparement Saisir l’occasion de toutes les activités des membres pour collecter les données : élaborer pour cela une fiche de Développer le groupe (réseau) Organiser et mettre en œuvre un plaidoyer pour la réforme de la législation et une meilleure protection des droits des communautés locales Rechercher des financements collecte de données à leur usage Mettre en place un groupe technique pour la mise à jour des données Rechercher des partenaires stratégiques : Susciter une synergie (collaboration) avec les structures existantes de la société civile au niveau local et national - Organiser des rencontres périodiques entre les structures existantes - Accroître l’intérêt des OSC locales sur le phénomène de l’accaparement des terres Explorer les églises qui travaillent dans le développement à intégrer le groupe - Renforcer les capacités des membres du groupe et des autres OSC locales Organiser des formations à leur intention Échanger les informations avec les membres du groupe : Établir une mailing list - Mettre en place un groupe technique pour la mise à jour des données et pour assurer l’interface avec les gouvernants et autres parties prenantes (administration publique, décideurs politiques, autorités locales, religieux, firmes agro industrielles transnationales, organisations gouvernementales et intergouvernementale (Union Européenne…), Bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, FMI…)) - Monter des films pour présenter les témoignages - S’appuyer sur les partenaires internationaux du Cameroun Développer le partenariat Nord- Sud pour soutenir l’action local au niveau international - Monter des projets Jour 2 Les travaux de la deuxième journée de l’atelier se sont articulés autour du renforcement des capacités des OSC participantes sur la conduite d’une action de plaidoyer. Dans la théorie, les participants ont échangé sur ce qu’est un plaidoyer et comment planifier une action de plaidoyer d’autre part. Des approches de définition parcourues, l’on retient que le plaidoyer est un fait de changement social et de développement. Mieux, partout où un changement doit s’opérer, le plaidoyer a un rôle à jouer. Le plaidoyer intervient alors à différents niveaux, est implémenté par divers artisans et cible des personnes dont le pouvoir réside sur la prise de décision touchant des questions d’intérêt public. Concernant les éléments de planification d’une campagne de plaidoyer, les participants ont revisité le cycle d’un tel déploiement. Le cycle du plaidoyer a été condensé en quelques étapes allant de l’identification d’une problématique à l’évaluation des actions, en passant par les études et la recherche, la mobilisation sociale et les échanges, la formulation des actions et du plan média, la construction des alliances, la mise en place des groupes de pression, la mobilisation des ressources et la mise en œuvre des actions de plaidoyer proprement dites. De cet échange, l’on retient que les actions de plaidoyer doivent se rapprocher des zones où les populations sont affectées par la situation à changer. Au cours des travaux pratiques qui ont suivi, les participants ont formulé le thème fondateur des actions à venir de la manière suivante : « Contre l’accaparement des terres : Défendons les droits des communautés pour garantir aux paysans un accès durable à la terre ». La qualité et la richesse des échanges ayant abouti à la formulation de ce thème ont démontré l’intérêt et l’engagement des OSC à se mobiliser contre l’accaparement des terres. Une telle mobilisation n’est possible que dans un cadre organisationnel défini. D’où, la constitution d’un groupe de travail pour réfléchir sur la forme, les valeurs et les éléments de fonctionnement de ladite structure. Au niveau de la forme, une coalition travaillant autour du thème fédérateur a été proposée, avec pour dénomination provisoire : « Coalition des organisations de lutte contre l’accaparement des terres ». Cette coalition sera constituée d’un observatoire, sous-organe chargé de documenter le phénomène de l’accaparement des terres et faire la veille stratégique ; et de trois commissions techniques : une commission juridique (accompagner l’action judiciaire des victimes), une commission de l’information, de l’éducation et de la communication (planifier et mettre en œuvre des actions de mobilisation de masse et de communication interpersonnelle) et une commission mobilisation (analyser et donner corps aux alliances stratégiques). Soucieux de ne pas alourdir la structure de coordination de la coalition, il a été admis que la coalition se structurerait par l’action. Dans sa vision, la coalition entend œuvrer pour une société dans laquelle l’accès durable à la terre pour les petits producteurs est assuré, de sorte qu’ils puissent mener leurs activités dans de conditions décentes. Les missions assignées à la coalition sont les suivantes : mobiliser largement les OSC pour lutter contre l’accaparement des terres ; défendre les droits coutumiers des communautés spoliées de leurs terres ; accompagner les personnes concernées ; documenter le phénomène de l’accaparement des terres. Jour 3 Au cours de cette dernière journée des travaux, une feuille de route de la future campagne de plaidoyer à mettre en œuvre a été élaborée et adoptée. xxxx L’attention des participants a également été portée sur la rédaction des actes et la position des participants face à l’accaparement des terres. Ces documents élaborés et adoptés en séance plénière ont été de précieux matériaux soumis à l’exploitation des journalistes au cours de la conférence de presse de clôture des travaux. Répondant aux nombreuses interpellations de la presse, le panel composé de représentants des OSC participantes a, en marge du témoignage d’une personne concernée, resitué les travaux dans leur contexte, présenté la définition de l’accaparement des terres adoptée, communiqué la position de la coalition en gestation relativement à l’accaparement des terres et précisé en quoi cette coalition est différentes des autres plateformes actives dans les défenses des droits des communautés locales. Annexes : - Principaux résultats de l’étude diagnostic sur le phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun - Démarche de conduite d’une campagne de plaidoyer - Déclaration des participants