275 (pdf - 162,21 ko) - Centre Hospitalier Esquirol de Limoges
Transcription
275 (pdf - 162,21 ko) - Centre Hospitalier Esquirol de Limoges
Comportement lors de douleur provoquée expérimentalement Aude Paquet- Murielle Girard- Dominique Malauzat CH Esquirol- Département Recherche et Développement- 15 rue du Dr Marcland 87025 LIMOGES Journée du Congrès Français de psychiatrie de Limoges 2012 Introduction - La douleur est une expérience subjective dont l’évaluation est dépendante de ce qui est communiqué verbalement. Or, la qualité de cette expression verbale est souvent mise en doute et/ou altérée chez des patients pris en charge en psychiatrie, rendant le recours au soulagement et au soin de la douleur plus aléatoire. Le comportement non verbal est une composante de la communication, dont l’analyse en cas de douleur pourrait compléter celles liées à l’expression verbale douloureuse. Cependant, les caractéristiques lors de ressenti douloureux ne sont pas connues dans les pathologies telles que schizophrénie ou dépression. Objectif - Rechercher les indicateurs comportementaux (IC) de ressenti douloureux (faciaux, sonores, corporels) lors de tests algiques (pression et ischémie) de personnes présentant une schizophrénie (SC), ou un épisode dépressif (ED) en comparaison avec des contrôles (C) pour les mettre en relation avec le vécu douloureux antérieur, et la douleur exprimée. Méthodologie Tests algiques utilisés : - application de pression (P) pré-déterminée sur le bras → EVA correspondante → ressenti douloureux si EVA > 3 - induction d’ischémie (I) au niveau du bras → temps nécessaire pour EVA = 3 (T) Évaluation clinique : échelle anxiété-dépression de Hamilton (HAD), échelle de catastrophisme (PCS), évaluation du vécu douloureux (inventaire d’évènements douloureux vécus, des intensités et gravités associées) Évaluation comportementale: réalisation de vidéos pour rechercher des indicateurs comportementaux (IC), durant l’évaluation clinique et les tests algiques. 3 composantes analysées: → Composante faciale (grimace, sourcil froncé, font plissé) → Composante corporelle (geste autocentré, massage, agitation jambe, balancement, changement de position) → Composante vocale (soupir, gémissement, verbalisation de la douleur) Population: 8 personnes SC, 5 en ED, et 10 personnes contrôles testées. Déroulement de l’expérimentation : BASAL VECU TESTS POST-TESTS (arrivée, repos) (entretien clinique) (tests algiques: P et I) (repos) Statistiques: tests non paramétriques avec résultats significatifs à p<0.05 Résultats Groupe SC ED C Age 43.5 ± 9.6 43.4 ± 8.6 40.8 ± 10.7 Genre (M/F) 6/2 1/4 6/4 HAD 13.8 ± 4.7 21.2 ± 11.7 7 ± 2.6 PCS 24.4 ± 3.7 27.2 ± 15.4 13.9 ± 7.1 Vécu douloureux Σ événements Σ intensités Σ gravités 31 ± 18 78 ± 47 133 ± 199 33.8 ± 8.7 36 ± 12.8 30.1 ± 8 7 ± 3.5 10 ± 4.1 10 ± 3.6 nombre avec Temps EVA>3 pour test d’ischémie pression pour EVA=3 6/8 139 ± 237 2/5 448 ± 401 2/10 388 ± 352 Caractéristiques cliniques : -différence significative des scores PCS entre contrôles et groupes de pathologie - les trois groupes diffèrent significativement (p<0.001) pour le facteur dépression C<SC<ED - pas de différence du vécu douloureux entre groupes 0,8 Basal Pression Ischémie Fréquence 0,6 0,4 0,2 0 0 Front plissé Grimace Composante vocale 0,6 0,4 0,2 Sourcils froncés 0,8 Composante corporelle 0,6 Fréquence Composante faciale Fréquence 0,8 0,4 0,2 0 Agitation jambes Se balance Changement Gestes position autocentrés Massage Soupir Gémissement Verbalisation Différence entre période basale et période de tests : une différence apparaît pour les gestes auto-centrés avec une diminution durant les tests de pression (p=0.008) et l’ischémie (p=0.057). Les indicateurs de la composante vocale augmentent durant les tests (p<0.002), spécifiquement les gémissements (p=0.043), et la verbalisation (p<0.001) pendant le test d’ischémie. - Aucune différence n’est encore observée entre groupes quant aux IC. Aucun lien entre anxiété , PCS, dépression, et IC Lien avec la douleur exprimée : ceux qui expriment une EVA>3 lors du test pression fixe : composante corporelle (p=0.021), agitation en fin (p=0.02), et gémissement en début du test d’ischémie (p=0.039), verbalisation lors du test pression (p=0.039) sont plus importants, tous groupes confondus. - Lien avec la clinique : aucun. Seul le sous-score « amplification» de la PCS apparaît plus important chez ceux qui déclarent une douleur supérieure à 3 (p=0.045) Conclusions préliminaires • La fréquence des IC varie au cours de l’expérimentation pour chaque groupe et augmente durant l’entretien d’évaluation clinique/ pour tous les groupes confondus. • Les indicateurs du ressenti douloureux semblent indépendants du cadre clinique pathologique strict. • La composante vocale semble pertinente pour indiquer un ressenti douloureux. • Cette étude doit être poursuivie pour une analyse plus complète indispensable, en incluant plus de participants. Références 1- Girard et coll., Clinical Journal of Pain, 2011, 27:790-5. 2- Saravane et Peultier, Soins Psychiatr, 2010, (268):20-2. 3- Greets et Brüne, Austr. & New Zeal. J Psychiatry, 2009, 43 :1007-15.