La location chez l`habitant inquiète les hôteliers

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La location chez l`habitant inquiète les hôteliers
Date : 17/07/2013
Pays : FRANCE
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La location chez l'habitant inquiète les hôteliers
L'hôtellerie traditionnelle subit de plein fouet les nouveaux modes de consommation d'une société en crise. (AFP)
Le député Patrick Vignal et la gérante de Bedycasa ont pensé un amendement où 5% des recettes sont versés aux
hôtels. L'échange de maisons, l'hébergement temporaire de personne à personne, le gîte contre petits travaux sont
des formules qui font toujours plus d'émules. Le besoin de créer des liens sociaux et de faire des économies les
motive. La location chez l'habitant, nouveau mode d'hébergement touristique, est aussi très tendance. Non content
d'arrondir les fins de mois de ceux qui louent chambre ou résidence, elle permet à l'hébergé de bénéficier d'un lit
douillet pour une modique somme.
Tout le monde semble donc y trouver son compte. À une exception près, et pas des moindres : les hôteliers, eux,
voient d'un mauvais oeil l'explosion de ces pratiques. "C'est du travail au noir, il n'y a plus de limite" La
profession subit déjà de plein fouet la crise. De surcroît, la météo chagrine a quelque peu plombé la saison.
De quoi irriter Jacques Mestre, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie en
Languedoc-Roussillon : "Comment voulez-vous que l'on tienne face à cette concurrence déloyale, non taxée et pas
contrôlée ? Alors qu'à nous on nous demande toujours plus de vigilance, de charges." La location chez l'habitant,
marché informel, n'est en effet pas réglementée ni sécurisée. "C'est l'ouverture vers du grand n'importe quoi. Du
travail au noir ! On s'improvise restaurateur chez soi, coiffeur chez soi... Il n'y a plus de limite", poursuit Jacques
Mestre, qui insiste sur le fait qu'il comprend toutefois les évolutions des modes de consommations. "L'échange de
maison, passe, on ferme les yeux, mais après le ponctuel contre rémunération, c'est non." Encadrer ces nouvelles
formes d'hébergement Conscients des tensions et de la nécessité d'encadrer ces nouvelles formes d'hébergement
collaboratif, le député de la 9e circonscription de l'Hérault a planché sur un amendement à ajouter au Code de la
construction et de l'habitation.
Il bénéficie de l'aide de la Montpelliéraine Magali Boisseau, qui connaît bien le sujet, puisqu'elle a lancé en 2007
le site de location chez l'habitant Bedycasa . Son succès va en grandissant. Fort de ses 21 000 hébergements, 130
000 membres. "Rien ne peut arrêter cette tendance.
Or cela ne signifie pas que l'on doive mettre en péril les hôtels", observe Magali Boisseau. L'amendement entend
notamment limiter la location chez l'habitant dans le temps, la capacité d'accueil, les ressources générées. Obliger
les prestataires à déclarer leur activité auprès de la mairie du lieu d'habitation. "5 % des recettes de la taxe de
séjour générée seront reversés aux hôtels." Patrick Vignal compte bien aller jusqu'au bout : "Cet amendement
pourrait devenir un projet de loi." Il rencontre samedi Jacques Mestre, "car l'hôtellerie doit connaître la portée de
ce texte".
Puis, il tentera de convaincre les ministères du Logement, du Tourisme et des Finances de sa pertinence. Sites
dans la mire En mai dernier, les principaux syndicats de l'hôtellerie ont attaqué une cinquantaine de chambres
d'hôtes pour activités illégales. Début juillet, la profession a saisi l'Autorité de concurrence car elle estime être
rackettée par les grosses centrales de réservations en ligne, comme Booking.com , qui leur imposent des
commissions conséquentes - de 15 à 30 % du prix TTC des chambres -, des clauses restreignant la capacité à fixer
librement leurs prix et leur politique commerciale. L'hôtelier n'aurait plus la maîtrise de son offre et de sa gestion.
« Sylvia Pinel, ministre du Tourisme, nous apporte son entier soutien », précise Jacques Mestre. .
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