Mouvement des Arméniens de France pour le - Armen

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Mouvement des Arméniens de France pour le - Armen
Mémoire des Arméniens de France pour la Postérité
LE DÉSASTRE DU PEUPLE ARMÉNIEN
AVEC LA CAMPAGNE AVEUGLE DE L’ANTIBOLCHÉVISME
Très peu dirigeants font preuve d’un sens de l’Etat qui soit à la hauteur de la pensée universelle de
la nation arménienne. Chahan Chahnour écrivait « Plus je me tourne vers le passé, plus je vois les
Arméniens d’aujourd’hui comme leurs ancêtres : petits, nains, chétifs. Chacun défend sa peau,
égoïstement, sans volonté collective, avec une vision de boutiquier. L’Arménien fuit l’idée d’unité et
répugne à partager l’avis d’un autre, tant qu’il ne l’a pas lui-même imposé. Lui, c’est lui… »
Le 17 mars 1920, lors d’une séance parlementaire d’Arménie, H. Derderian s’était plaint en
déclarant : « Les Alliés nous ont considéré comme des mendiants... et n’ont jamais pensé qu’ils
avaient à faire à un peuple qui réclamait son droit de disposer de lui-même et de se défendre. »
K. Zarian évoqua : « Contre les loups de la diplomatie européenne, nous avons opposé de vieux
instituteurs d’école paroissiale… Grands événements, personnes insignifiantes. » Le bateau sur la
montagne – Boston 1943 page 439-440.
Le célèbre ministre des Affaires étrangères et parfait représentant de cette mentalité de « vieil
instituteur d’école paroissiale », A. Khadissian, écrivait : « Quand les Alliés ont abandonné l’idée
d’envoyer leurs forces militaires en Arménie occidentale, les Turcs, ces gentlemen instruits, ont
considéré par là qu’ils avaient les mains libres pour entrer en Arménie orientale. »
Avec cette vision déformée de la réalité, quand A. Khadissian voyait les Turcs comme des
gentlemen instruits, pouvions-nous le considérer autrement qu’en tant que vieil instituteur d’école
paroissiale ? Ou bien arguer avec insistance comme Chahnour lorsqu’il disait que : « L’Arménien a
une admiration envers un étranger (fut-il son ennemi) et en fait grand éloge pour ses valeurs, ses
mérites et ses grandeurs. »
Depuis 30 ans, notre appel à organiser la réunion des Arméniens d’Arménie occidentale dispersés
de par le monde en un congrès revient à prêcher dans le désert. Pourtant, nous continuons à
quémander la compassion des étrangers, sollicitant de leur part la reconnaissance platonique du
Génocide des Arméniens tout en oubliant l’importance de la destruction de l’identité arménienne,
l’exil forcé, l’abandon de nos terres ancestrales et leur accaparation définitive.
L’absence de sens de l’Etat et de tout projet d’unité nationale fut renforcée par une campagne
aveugle d’antibolchevisme des dirigeants qui a conduit la nation au désastre. La conséquence de
cette action a engendré les événements suivants :
Le 1er mai 1920, une révolte organisée par le parti communiste arménien fut écrasée dans un bain
de sang par le gouvernement dachnak.
Le 10 août 1920, l’accord russo-arménien fut annulé.
Le 2 décembre 1920 à Alexandropol, le gouvernement démissionnaire dachnak signa avec les
Turcs un traité de soumission illégitime.
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A s s o c i a t i o n e n re g i s t r é e s o u s l e N° W 9 4 1 0 0 6 8 2 5
Siège : Salle MISSAK MANOUCHIAN
3, rue de l’Abbé Roger Derry – 94400 Vitry-sur-Seine
Web : www.armen-progres.com – E-Mail : [email protected]
Mémoire des Arméniens de France pour la Postérité
Le 18 février 1921, alors que l’Arménie était rattachée à la Russie bolchévique (depuis le 29
novembre 1920), un coup d’Etat dachnak baptisé Comité de Défense de la patrie renversait le
gouvernement légal d’Arménie.
Suivant le témoignage de S. Vratzian, lors de l’été 1920, l’Arménie s’étendait du Karabagh
jusqu’aux puits de charbon d’Olti, représentant 90.000 Km². (Voir le livre La République d’Arménie
page 375).
À l’époque, alors que la région du Caucase penchait vers la Russie bolchévique, si les dirigeants
dachnaks avaient eu suffisamment la maturité politique, aujourd’hui l’Arménie aurait un territoire de
90.000 Km², c'est-à-dire trois fois plus grand.
Le 10 août 1920, à Erevan avait été signé un protocole d’accord entre Boris Legrand, délégué
plénipotentiaire de la Russie révolutionnaire et le gouvernement dachnak. Suivant ce protocole, la
Russie reconnaissait l’indépendance du gouvernement non-bolchevique d’Arménie et assurait de lui
octroyer de l’aide sans s’immiscer dans les affaires intérieures du pays.
Concernant de cet accord, H. Derderyan relatait en mai 1954 dans le mensuel dachnak Hayrenik
quelques 11 articles dont les principaux sont les suivants :
1 – Le gouvernement soviétique reconnait l’indépendance de l’Arménie et est prêt à ne pas
s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Arménie.
5 – L’Arménie donne la permission à l’Armée russe de traverser par petits groupes le territoire
arménien et sur la totalité de l’armement laissé à la Turquie en céder 30% à l’Arménie.
6 – La Russie soviétique est prête à octroyer 2,5 millions de rouble or à l’Arménie.
7 – La Russie met à la disposition gratuite de l’Arménie diverses machines agricoles, wagons de
chemin de fer et locomotives.
9 – Mise à la disposition gratuite de l’Arménie de laine et de machines à tricoter et ainsi que des
usines avec leurs équipements.
11 – La Russie soviétique autorise les réfugiés arméniens, ainsi que les Arméniens vivant en
Russie d’émigrer en Arménie avec leur biens.
À cette même période, le traité de Sèvres était signé. Aveuglé par son antibolchevisme, le
gouvernement dachnak préféra renoncer à l’accord russo-arménien pour ne pas vexer les Alliés à
Sèvres. Les dachnaks ne croyaient pas en la sincérité des Russes, mais en réalité ce sont les Etats
signataires du traité de Sèvres qui étaient défiants car ils n’ont pas ratifié ce traité.
Levon Chant répondant à la question de S. Vratzian a écrit notamment : « J’ai l’impression que
Lénine est d’accord pour une République d’Arménie non-bolchevique. »
Quand la Russie soviétique reconnaissait une Arménie non-bolchévique, elle ne mettait pas comme
condition de lutter contre les grands Etats occidentaux, mais suggérait de ne pas croire
raisonnablement au traité de Sèvres de l’Occident. D’autre part, l’Occident reconnaissait de facto et
non de jure l’Arménie sous la condition de continuer la lutte antibolchévique.
Par conséquent, le gouvernement dachnak aveuglé par l’antibolchevisme a refusé l’accord non
contraignant russo-arménien et a accepté l’accord contraignant du traité de Sèvres.
À ce sujet, le 3 février 1920, le vice-ministre anglais des Affaires étrangères de sa Majesté Charles
Harding adressait une lettre au Foreign Office dans laquelle il disait : « La reconnaissance de facto
des Républiques antibolchéviques du Caucase suppose pour nous d’octroyer de l’aide à ces Etats
afin de poursuivre la lutte contre les bolchéviques. »
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Le 2 décembre 1920, le gouvernement dachnak était démissionnaire. Par conséquent, l’article 10
du traité d’Alexandropol, qui stipule le renoncement au traité de Sèvres (voir Chahan Nathali
« Nouveau supplément » page 27) et cède à la demande de la Turquie, rejetant les suggestions de
la Russie soviétique, fut dommageable pour le peuple arménien. Cela a été le prélude à l’aventure
du 18 février 1921. Ce traité de soumission que le gouvernement démissionnaire dachnak signa
avec la Turquie 3 jours après le 29 novembre 1920, date de la soviétisation de l’Arménie, était par
conséquent caduc ce jour-là.
Le putsch aventurier des dachnaks du 18 février 1921 fut écrasé deux mois et demi après, mais les
dégâts causés furent très profonds. Le mal avait déjà était fait, le représentant légal de l’Arménie
était absent le 16 mars 1921, lors de la réunion de Moscou. Une occasion en or que la nation
arménienne a perdu.
Cet événement historique est rapporté avec jubilation par Kazim Karabekir dans son livre « Istiklal
Harbimiz » page 915-916.
Irréprochable révolutionnaire bolchévique, A. Miasnikian avait écrit : « Nous aurions pu lier des
rapports beaucoup plus avantageux avec les Turcs, mais les malfaiteurs les ont compromis, sinon
nous aurions eu de meilleures conditions. ».
Au lendemain du putsch de 1921, le président S. Vratzian envoya un télégramme à Mustafa Kemal
Atatürk au nom du « Comité de Défense de la Patrie » : « Mon gouvernement a choisi comme base
les dispositions du traité d’Alexandropol signé il y a deux ans le 2 décembre 1920 pour normaliser
les rapports entre nos deux pays. »
De cette façon, S. Vratzian venait confirmer que la signature du traité d’Alexandropol auquel Dro
était opposé fut un premier pas en avant pour réaliser cette aventure destructrice. S. Vratzian
évoquait la coopération des deux pays pour la défense des intérêts communs. Il ajoutait que
l’avènement du bolchévisme est indésirable aussi bien pour les Arméniens que pour les Turcs.
Voilà quel niveau avait atteint le sentiment d’antibolchevisme aveugle dans les milieux dachnaks.
Le 11 janvier 1918, le « Décret pour l’Arménie-turque » édité dans le journal officiel la Pravda sous
les signatures de Lénine et de Staline édictait : « Le gouvernement de la Russie soviétique protège
le droit des Arméniens à vivre dans les territoires de l’Arménie turque placés sous le contrôle de son
armée et leur laisse le choix de définir librement leur destin jusqu’à leur complète indépendance et
reconnait par ailleurs la première République d’Arménie non-bolchévique. »
Ce décret a une importance particulière car c’est la première fois qu’est inscrit dans les archives
internationales un document diplomatique évoquant la création d’une république indépendante
d’Arménie occidentale. En même temps, c’est un socle relatif aux revendications territoriales
évoquées dans l’article 16 du traité de San Stefano.
Aujourd’hui, l’exilé arménien occidental est devenu passif, politiquement ignorant, un mollusque
sans énergie, juste comme il l’était en 1915.
Maitre Gaspar DERDERIAN
Journal ZARTONK du 10 juin 2015
Traduction d’arménien en français, les grandes lignes ont été reprises par la rédaction de MAFP
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