La chanson engagée
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La chanson engagée
La chanson engagée Exemple : Nuit et brouillard de Jean Ferrat (auteur, compositeur et interprète) 1) le titre de la chanson: Il fait référence à la directive Nacht und Nebel signée en 1941 par Adolf Hitler, qui stipule que les personnes représentant une menace pour le Reich ou l'armée allemande dans les territoires occupés seront déportés et condamnées à mort. Le signe N.N. est accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation à la disparition. 2) L’origine et la traduction : Ce titre est emprunté par Hitler, admirateur de Richard Wagner (compositeur allemand né en 1813 et mort en1883), à l’un de ces opéras "l'Or du Rhin", dans lequel à la scène III, l’un des personnages, Alberiche, prononce une formule qui rend invisible: "Seid Nacht und Nebel gleich!" (traduction : Soyez semblable à la nuit et au brouillard, disparaissez!). Nacht = la nuit, évoque l’oubli Nebel = le brouillard, c’est à dire la fumée dans laquelle les déportés disparaissaient lors de la crémation. 3) L’auteur : Jean Ferrat a composé cette chanson en 1963 en mémoire aux victimes des camps d’extermination nazis de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier en mémoire à son père, Juif émigré russe, déporté et mort au camp d’Auschwitz. Avec cette chanson, Il fait entendre un appel au souvenir et s’engage contre l’oubli. 4) Le contexte historique : C’est la France des Trente Glorieuses : les français veulent s’amuser et profiter de la croissance d’après guerre. C’est l’époque de la musique Yéyé dont les paroles révèlent l’insouciance de cette période. Ce rappel de l’Holocauste n’est pas la bienvenue alors que le chef de l’état français le général De Gaulle s’engage dans la réconciliation avec l’Allemagne en vue de développer l’union Européenne naissante(1957). La chanson risque de gêner le rapprochement des 2 pays et pour ces raisons est interdite à la radio et à la télévision. Elle passera malgré tout à la télévision et se vendra à plus de 300 000 exemplaires. Pour cette chanson Jean Ferrat reçut l’année de sa sortie, "le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros". Ce fut le début du succès pour le chanteur. 5) Les paroles : Elles sont composées de 9 couplets de 4 vers chacun, en alexandrins (vers de 12 pieds) sans refrain. Les rimes sont soit suivis comme dans le premier couplet soit croisées comme dans le second. a)Le nombre de victimes : Une figure de style attire l’attention sur l’ampleur du massacre dans le premier vers : « Vingt, cent, des milliers » expression qui sera répétée 2 fois dans le premier couplet et pour conjurer l’oubli, 2 fois dans le dernier. b) La déshumanisation : Ferrat rappelle leur condition « Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés ». La déportation vers les camps de concentration s’effectue essentiellement par le train. Les déportés sont parqués dans des wagons à bestiaux, où le manque d’oxygène, le manque d’hygiène et d’eau provoque déjà la mort de certains d’entre eux, « Ils n´arrivaient pas tous à la fin du voyage ». Ils se croyaient des hommes n’étaient plus que des nombres » allusion aux tatouages sur leur corps. « Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés » allusion au processus de la solution finale décidée en 1942. « Votre chair était tendre à leurs chiens policiers » rappelle la cruauté des nazis. c)Une lutte pour rester en vie : « Des ongles battants » « Ils se croyaient des hommes » « Survivre encore un jour, une heure obstinément » « Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs qui n’en finissent pas de distiller l’espoir. « En regardant au loin, en regardant dehors» C’est aussi se taire : « La lune se taisait comme vous vous taisiez ». d) Une lutte contre l’oubli : En leur rendant des noms : « Jean-Pierre, Natacha, Samuel », en rappelant leur confession : « certains priaient Jésus, Jéhovah, ou Vichnou » (Le mot juif n’est pas employé : un moyen pour que cette chanson touche l’humanité toute entière), en évoquant leur lutte et leur combat : « Certains ne priaient pas, mais qu’importe le ciel, ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ». Ferrat contre son temps choisit de regarder le passé : voir couplets 7 et 8. Les êtres« Que vous étiez » et dont les enfants doivent se souvenir toujours : c’est au final six millions d’hommes qui ont été tués. C’est faire que les « Ils » du premier couplet redeviennent « vous » dans le dernier couplet. 6) La musique : Le tempo est moderato pour évoquer la gravité du sujet. La forme musicale repose sur 2 thèmes : A joué 5 fois en alternance avec le thème B joué 4 fois. La chanson repose sur l’ostinato rythmique d’une mesure qui évoque le voyage interminable et le roulement des roues sur les rails, peut être aussi les roulements des percussions lors des exécutions. L’orchestration repose sur l’ajout progressif d’instruments ainsi qu’un crescendo orchestral pour créer une tension dramatique jusqu’à la modulation du couplet 7 qui traduit le passage du passé au présent. La guitare seule accompagne le couplet 9, apportant l’apaisement par la certitude du souvenir. L’émotion est soulignée par la voix grave (baryton), chaleureuse du chanteur qui contraste avec la réverbération glaçante de l’enregistrement. Conclusion : Avec cette chanson, Jean Ferrat a rappelé aux français un épisode douloureux de la seconde guerre mondiale : l’extermination des opposants politiques, résistants, et untermenschen (sous hommes) selon l’idéologie nazie. Son succès commercial a montré l’adhésion du public au devoir de mémoire et de vigilance pour que plus jamais l’Histoire ne se répète. C’est aussi le titre d’un documentaire de 32 minutes sur l’Holocauste d’Alain Resnais en1955 Paroles de Nuit et Brouillard Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent Ils se croyaient des hommes, n´étaient plus que des nombres Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés Dès que la main retombe il ne reste qu´une ombre Ils ne devaient jamais plus revoir un été La fuite monotone et sans hâte du temps Survivre encore un jour, une heure, obstinément Combien de tours de roues, d´arrêts et de départs Qui n´en finissent pas de distiller l´espoir Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou D´autres ne priaient pas, mais qu´importe le ciel Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux Ils n´arrivaient pas tous à la fin du voyage Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux Ils essaient d´oublier, étonnés qu´à leur âge Les veines de leurs bras soient devenues si bleues Les Allemands guettaient du haut des miradors La lune se taisait comme vous vous taisiez En regardant au loin, en regardant dehors Votre chair était tendre à leurs chiens policiers On me dit à présent que ces mots n´ont plus cours Qu´il vaut mieux ne chanter que des chansons d´amour Que le sang sèche vite en entrant dans l´histoire Et qu´il ne sert à rien de prendre une guitare Mais qui donc est de taille à pouvoir m´arrêter? L´ombre s´est faite humaine, aujourd´hui c´est l´été Je twisterais les mots s´il fallait les twister Pour qu´un jour les enfants sachent qui vous étiez Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
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Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
nuit et brouillard ( PDF
Jean Ferrat né Jean Tenenbaum le 26 décembre 1930 à Vaucresson (Seine-etOise) et mort le 13 mars 2010 à Aubenas en Ardèche, est un parolier, musicien,
compositeur et chanteur français engagé.
Nuit ...