Info Chambre N°20 Publié en juin 2004
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Info Chambre N°20 Publié en juin 2004
Info Ch mbre La lettre d’information de la Chambre d’Agriculture d’Ile de France Bi-mestriel - n°20 - Juin 2004 REFORME DE LA PAC Après les textes européens de septembre 2003 portant sur la réforme de la PAC, nous avons traversé une période confuse, où des discussions difficiles étaient engagées à Bruxelles pour préciser la réforme tandis que chaque pays définissait ses propres options de mise en œuvre. Les choses se sont précipitées avec la publication de deux règlements européens d’application et les options prises en France lors du Conseil supérieur d’orientation (CSO) du 18 mai 2004. - Les règlements d’application concernent respectivement : - conditionnalité, modulation, contrôles, pâturage permanent - régime de paiement unique. Outre le fait qu’on ne revient pas sur l’esprit de la réforme et que les droits à paiement restent marchands, on retiendra surtout de ce dernier les deux phases de transition : * Du 1er janvier 2000 au 15 mai 2004 (et non plus 29.09.03) : pas de lien automatique entre droits à paiement et foncier, sauf héritage, fusion, scission d’exploitation…En cas de transfert foncier, les droits passent par la réserve nationale et leur valeur peut être modifiée selon des critères objectifs. * Du 15 mai 2004 au 16 mai 2006 (date d’entrée en vigueur en France) le transfert se fait par une clause privée. Un prélèvement est opéré pour la réserve, suivant le taux commun. En régime de croisière le prélèvement en cas de vente de droits avec terres est limité à 10%, 5% en cas de transfert total. - Les dispositions nationales La France a choisi une mise en route en 2006 et un recouplage maximum : 25% des paiements COP, 100% de la prime vache allaitante etc… Lors du CSO du 18 mai, il a été retenu le maximum de contrôle sur les transferts de droit à paiement. Les ventes de droits sans terre subissent un prélèvement de 50%. En revanche des droits qui suivent le foncier ne subissent un prélèvement que de 3%, sauf pour certains agrandissements (10%). Le même CSO a défini les mesures applicables normalement dès 2005 pour le respect des bonnes pratiques agricoles, qui est un des aspects de la conditionnalité des paiements PAC. A noter en particulier l’obligation de bandes enherbées ou couvert environnemental sur 3% de la SCOP, soit 60% du gel obligatoire au taux actuel. Les autres mesures concernent en particulier la diversité d’assolement et des règles d’entretien de différentes catégories de terres. H. de la Taille NORMALISATION DES COMPOSTS DE BOUES Un danger pour la traçabilité Les composts de boues (additionnées ou non de matières végétales ou d’autres déchets) sont régis par une norme AFNOR spécifique depuis le 26 mars dernier. Ces composts sont aujourd’hui considérés comme des matières fertilisantes et non plus comme des déchets. Ils échappent de ce fait à l’obligation de plan d’épandage et de suivi rigoureux des conséquences de leurs épandages sur la qualité des sols, des eaux et des récoltes. La profession agricole a pourtant manifesté à plusieurs reprises son opposition résolue à la sortie d’une telle norme, au motif que la normalisation “ produit fertilisant ” appliquée aux boues d’épuration représente un contournement de la réglementation en vigueur, considérée comme un gage d’une certaine transparence, traçabilité et protection minimale des agriculteurs. C’est pourquoi nous ne pouvons que recommander la plus grande prudence aux agriculteurs qui souhaiteraient recycler ce type de déchet, en exigeant au minimum des analyses régulières du compost par un laboratoire indépendant, un suivi agronomique rigoureux, la traçabilité des lots…et la gratuité rendu-racine. AGRICULTURE RAISONNEE : C’EST PARTI ! Le dispositif “ Agriculture raisonnée ” est opérationnel en Ile de France, où les premières qualifications d’exploitations peuvent être lancées. En effet, la Commission Nationale de l’Agriculture Raisonnée a agréé les 6 premiers organismes certificateurs habilités à réaliser les audits de qualification (liste disponible sur demande auprès du Bureau Agronomie Environnement). D’autre part, la Commission Régionale de l’Agriculture Raisonnée, placée sous l’égide de la DRAF, a été officiellement installée le 17 Mai dernier. La première mission de cette instance (composée de 34 membres dont seulement 7 agriculteurs) a été, comme les textes le prévoient, de définir les exigences régionales qui complèteront le référentiel national. Bureau études et informations Un premier projet a été transmis au Ministère de l’Agriculture pour validation au plus tard à la rentrée, ce qui n’empêche pas les exploitations les plus motivées de se qualifier dès à présent sur la base du référentiel national. Par ailleurs, nous vous rappelons (voir Info Chambre n°18) que les conseillers techniques de la Chambre d’Agriculture, formés au dispositif, peuvent accompagner les agriculteurs durant toute la phase de pré-qualification (information, diagnostic préalable, recommandations pour la mise en conformité de l’exploitation aux exigences du référentiel,…). Enfin, la Profession a engagé un travail de sollicitation de partenaires financiers dans l’optique d’alléger le coût de la démarche pour les agriculteurs, étant entendu que l’intégration dans le dispositif “ Agriculture Raisonnée ” n’est pour l’instant gage d’aucune plus-value. 2 avenue J. d’Arc, BP 111 - 78 153 Le Chesnay L’AGRICULTURE, DEMAIN ? Tél.: 01 39 23 42 00 http://www.ile-de-france.chambagri.fr E-Mail : [email protected] L. Sablier - Bureau Agro-Environnement 1- Info Chambre n°20 UN MARAÎCHER «J’ai choisi de ne plus travailler pour la gloire en m’usant la santé» Monsieur Christian DARRAS, 43 ans, président du Syndicat des maraîchers de Cergy et de ses environs, membre de la Chambre d’Agriculture, maraîcher à Cergy (95) depuis 1981 a pris la décision de cesser son activité. Pour nous aider à mesurer la situation et le contexte dans lequel la filière maraîchère et l’ensemble de l’agriculture en Ile de France tente de se maintenir, il nous confie les raisons qui l’ont poussées à une telle décision, de carrière et de vie. Nous le remercions pour sa sincérité. Dans quelle situation financière laissez-vous votre exploitation ? Quelles autres exploitation? contraintes affaiblissent votre Aujourd’hui je n’ai plus de dettes et j’ai fini de rembourser mes emprunts. Nous subissons les conséquences des 35h qui ont augmentées de 10% le coût de la main-d’oeuvre. Sur une exploitation comme la vôtre, que représente Pourquoi arrêter votre activité dans ces le coût de la main-d’oeuvre par rapport au coût J’ai de plus conditions ? en plus l’impression de production d’un légume ? Mes remboursements de prêt achevés, mon salaire aurait pu augmenter mais le matériel d’entretenir des espaces Elle représente en moyenne 60% du coût de gratuitement pour la production d’un légume (et davantage pour est vétuste et nécessite d’être changé. société en attendant les exploitations produisant une large gamme l’urbanisation de légumes à vendre au détail). Pourquoi ne pas réinvestir, trouver de nouveaux Pour compenser les 35h et limiter le surcoût débouchés ou d’autres productions ? qu’elles engendrent l’exploitant doit assurer lui-même Dans un contexte où le foncier est incertain, les zonages une plus grande partie du travail. sont contraignants il me paraît difficile de réinvestir. Par ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri d’un incident climatique (tempête, grêle, inondation) qui deviendra de plus en plus dur à supporter sans trésorerie, tout comme les déprédations, vols, dégradations volontaires, tags qui engendrent un surcoût non assurable. Quelles sont les conséquences des contraintes de zonages pour votre exploitation (ENS - ZPPAU) ? Les zonages ne me permettent pas d’envisager un avenir lointain. J’ai par ailleurs de plus en plus l’impression d’entretenir des espaces gratuitement pour la société en attendant l’urbanisation, sachant qu’une exploitation spécialisée hors foncier n’a aucune valeur, aucun acquéreur n’étant intéressé pour l’acheter. Situation de l’Exploitation de C. DARRAS 2- Info Chambre n°20 A combien évaluez-vous le temps que vous passez sur votre exploitation ? Pour répondre aux exigences de production et à la gestion administrative de l’exploitation, un maraîcher est en moyenne présent 65 à 70h par semaine, avec dans mon cas 10 jours de vacances par an. A ces heures s’ajoutent un stress permanent et grandissant lié aux nombreuses responsabilités, aux contraintes... Qu’entendez-vous par stress grandissant ? Aux problèmes de déprédations, de contraintes périurbaines, de pression foncière, d’augmentation de charges, de baisse des revenus s’ajoutent régulièrement de nouvelles normes (sécurité du travail, mise aux normes des marchés, évaluation des risques ...), et par là même de nouveaux contrôleurs parfois zélés qui méconnaissent totalement le fonctionnement d’une exploitation. L’exploitation de Christian DARRAS Depuis plusieurs années, il me restait pour vivre 300 euros par mois 40 ha 1,5 ha sous abri dont la moitié chauffée Gaec de 5 exploitants Principales productions : salades, tomates, mâche Mode de commercialisation : vente au détail, supermarché A un niveau personnel qu’a motivé votre décision ? Comment expliquez-vous la baisse des revenus ? Depuis plusieurs années il me restait pour vivre 300 euros Les prix de vente sont stables depuis 20 ans (en 1980, 3 par mois. En regardant autour de moi et en relevant la tête salades se vendaient 10 francs, aujourd’hui 1,50 euros). du guidon, j’ai rencontré des personnes qui travaillaient Les légumes sont des produits périssables, qui 35h par semaine pour 1000 euros par mois, et qui Je doivent être vendus rapidement, quelque soit pouvaient profiter de leur famille. vais quitter le prix (c’est parfois mieux que rien). Les le métier et mes prix de vente dépendent des importations, responsabilités d’élu Cet aspect familial a-t-il été décisif dans votre hier de l’Espagne, aujourd’hui du Maroc, professionnel avec choix ? demain de 10 nouveaux pays à l’Est. La beaucoup de clientèle des marchés ne se renouvelle pas Heureusement que mon épouse travaille à regrets et très peu de mairies oeuvrent en faveur de la l’extérieur de l’exploitation pour nous loger et fréquentation de leur marché (parking, publicité ...). nous nourrir. Depuis 20 ans elle me réclame du temps Pour augmenter le revenu, le volume de production doit en famille. J’ai donc choisi de ne plus travailler pour donc être revu à la hausse. la gloire en m’usant la santé. Je vais quitter le métier Mais si nous investissons, les amortissements sont et mes responsabilités d’élu professionnel avec beaucoup considérés comme des revenus pour la MSA et le de regrets (on n’efface pas 22 ans de souvenirs dans ce FISC. Pour ceux qui sont au forfait l’augmentation est métier). régulière. Sachant que les charges n’iront sûrement pas en baissant comment préparer une retraite sûre sans bénéfices ! Evolution du nombre d’exploitations maraîchères en Ile de France ouest Evolution du nombre d’hectares cultivés en production maraîchère en Ile de France Ouest Source Agreste Source Agreste 3- Info Chambre n°20 PROJET DE LOI SUR L’EAU Le remaniement ministériel n’aura que peu modifié le calendrier établi : M. LEPELTIER, Ministre de l’Environnement, a récemment confirmé l’élaboration du projet de réforme de la Loi sur l’Eau pour la fin de l’année, dans l’optique d’un passage au Parlement en tout début 2005. Une première version du projet de Loi vient d’être élaborée suite aux différentes phases de consultation lancées depuis plus d’un an par Mme BACHELOT. Nous pouvions nous y attendre : l’Agriculture n’est pas épargnée. Citons, entre autres : l’obligation de contrôle des pulvérisateurs, l’augmentation de la redevance irrigation (1 à 3 c€/m3 contre ~ 1 c€/m3 actuellement), la création d’une redevance sur les pollutions diffuses. Pour cette dernière, 2 versions sont envisagées : - La première consiste au maintien de la TGAP existante dont le produit serait affecté aux Agences de l’Eau. Il s’y ajouterait une taxe au kg d’azote contenu dans les engrais et les aliments du bétail, d’environ 2 c€/kg d’azote, prélevée au niveau des distributeurs. - La version alternative propose de soumettre à la redevance pollution diffuse toute exploitation située en zones vulnérables ou dans un canton où la Marge Brute Standard excède celle dégagée par 30 ha équivalent blé. Une redevance au 1er kilo d’azote serait émise auprès des agriculteurs, dont le montant, fixé par chaque Agence de l’Eau, se situerait dans une fourchette proposée par l’Etat (1 à 2 c€/kg). La TGAP existante disparaîtrait au profit d’une redevance de 0,5 à 0,9 €/kg de matière active, pouvant être doublée pour les substances dans la ligne de mire du Ministère de l’Ecologie. Le produit de ces redevances serait affecté au budget des Agences de l’Eau ; un certain retour par le biais d’aides à l’Agriculture, même s’il ne sera jamais que partiel, reste néanmoins envisageable. Il est d’autre part prévu une réduction de 30 % de la redevance si l’exploitation est qualifiée «Agriculture Raisonnée», nettement insuffisante pour ambitionner à elle seule le déclenchement d’un engagement massif des agriculteurs dans le dispositif. Le seul point à connotation positive est la concrétisation de la création du fonds de garantie relatif aux épandages de boues, demande récurrente de la Profession. Il semble néanmoins nécessaire que des discussions s’engagent sur les modalités de mise en place, certaines paraissant à première vue insuffisantes (dispositif accessible uniquement si le producteur de boues a souscrit une assurance dommages, indemnité de l’agriculteur exploitant n’excédant pas la marge brute des 2 années précédentes sur les parcelles concernées). Affaire à suivre… L. Sablier - Bureau Agro-Environnement INFORMATIONS ET SERVICES www.ile-de-france.chambagri.fr - Météo locale quotidienne : 4 jours de prévisions (réservé aux adhérents) - Cotations fruits et légumes de Rungis : 5 jours par semaine (réservé aux adhérents) - Cotations grandes cultures et analyse de marché (réservé aux adhérents) - Service de petites annonces matériels, mises à jour des guides culturaux, convention de jachère environnement faune sauvage, nouvelles dispositions du Centre de Formalités des Entreprises, etc. - Agri-Affaires (3 annonces gratuites, 1000 annonces à jour chaque jour) - Producteurs-vendeurs - ... Demandez votre code d’accès en nous contactant : 01.39.23.42.27 ou [email protected] ZONES VULNERABLES Les 3èmes programmes d’actions bientôt en vigueur Les arrêtés départementaux instaurant les troisièmes programmes d’actions applicables en zones vulnérables doivent être signés d’ici l’été par les Préfets des Yvelines, de l’Essonne et du Val d’Oise. Ils entreront alors en vigueur jusqu’à fin décembre 2007, sur l’ensemble des 3 départements. Les principales modifications par rapport aux deuxièmes programmes sont de 2 ordres : - Augmentation du taux de couverture des sols à l’automne (jusqu’au 15 novembre) : 78 et 91 : passage de 60% de couverture en cultures d’hiver et CIPAN à 70% de couverture en cultures d’hiver, CIPAN et repousses homogènes. 95 : pas d’évolution : 25% de sols nus maximum, et implantation de CIPAN sur 10% de la sole en cultures de printemps. - Enherbement des bordures de cours d’eau : 78 : 5 m le long des cours d’eau permanents représentés par un trait bleu continu sur les cartes IGN au 1/25.00 ème (possibilité d’une bande labourée pour éviter les intrusions accordée sur demande écrite à la DDAF). 91 : 4 m le long des cours d’eau cadastrés ; 5 m à partir du 1er janvier 2006. 95 : 5 m le long des cours d’eau cadastrés, dès que les dispositions de la PAC le permettront. Dans les 3 départements, la Chambre d’Agriculture a demandé à l’Administration de mettre en œuvre des moyens d’information des agriculteurs (plaquettes, réunions,…) dès la parution des arrêtés. L. Sablier - Bureau Agro-Environnement 5ÈME RENCONTRE VILLE CAMPAGNE 24700 visiteurs et 30 classes se sont pressés au pied du château de Versailles du 28 au 31 mai. L’avenue de Sceaux offrait une reconstitution de l’agriculture de notre région. Les visiteurs se sont montrés très avides de connaissances : un contact direct agriculteurs - citadins s’est établi. Qualité et clarté des explications, disponibilité, supports ludiques et pédagogiques, expositions …ont permis aux visiteurs de découvrir le savoir-faire des producteurs des 7 filières de notre région et nos productions dans une ambiance conviviale, particulièrement appréciée. La presse s’est montrée très intéressée par l’opération. Le Parisien, les Nouvelles de Versailles et France 3 ont ainsi largement couvert l’événement. Grâce à la forte implication de certains agriculteurs, des cercles et de tous les exposants et partenaires ..., l’objectif de communication visé par la Chambre d’Agriculture et l’association Rencontre Ville Campagne a été pleinement atteint qualitativement et quantitativement. V. Bellaud- Bureau Communication Date du dépôt légal : novembre 1999, N°I.S.S.N. 1299-1961, N°C.P.P.A.P.: 0105 B 05427 Directeur de la Publication : J.P. RADET Conception : Service Communication de la Chambre d’Agriculture Imprimeur : Depiesse - 2 rue Gardes - 91370 Verrières le Buisson 4- Info Chambre n°20