Le compagnon du savonnier

Transcription

Le compagnon du savonnier
Le compagnon du savonnier
Un guide complet présentant
recettes, techniques et savoir-faire
Par l'auteure de "The natural soap book"
Susan Miller Cavitch
… rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément,
courons avec patience la course qui est devant nous…
Apôtre Paul, nouveau testament, épître aux Hébreux, chap. 12:1.
Dédicace
Pour Matt, qui m'a soutenue il y a six ans, quand je me suis sentie appelée par cette
aventure, et qui à m'a soutenue à nouveau quand je me suis sentie appelée à renoncer.
Pour Peter, Jenny, Adam, et Mary qui ont gentiment partagé avec moi leur passion du
savon, et qui ont rendu les décisions plus faciles à prendre.
Remerciements
Ce livre est une idée de mon éditrice, Deborah Balmuth. Elle est moi avions pensé à
une éventuelle seconde édition du Livre des savons au naturel, mais l'envie d'un livre
complet sur la fabrication du savon l'avait saisie bien avant que je n'y pense moi-même.
Deborah, ton sens de l'ordre donne un livre facile à lire, et ta douceur rend la collaboration
agréable. Dans la mesure où un éditeur peut sublimer ou inhiber le ressentit de l'auteur, ta
gentillesse rend ce processus plaisant. Merci.
Le docteur Matthew White est un aimable chimiste qui se dérangeait volontiers en
plein milieu d'une journée bien chargée, pour aider une inconnue. À l'aise autant dans une
conversation sur les ponts couverts que sur les esters, c'est un professeur patient. Merci
Matt, de m'avoir aidé à suivre la bonne route. Si la maitrise implique l'intendance, ta
générosité à partager les cadeaux fait de toi un fin gérant.
Terrianne Taylor est une savonnière quarantenaire. Ses deux grands-mères étaient
de bonnes savonnières. Sa grand-mère maternelle, Paula Ohnesorge, vivait dans une ferme
familiale du nord du Minnesota, elle récupérait ses restes de gras toute l'année pour la
séance de savonnerie annuelle et fabriquait elle-même sa soude, à partir de cendres de bois.
Comme tant de gens de sa génération, elle travaillait dur, recyclait tout, ne gaspillait rien.
Quand Terrianne était petite, sa grand-mère lui apprît à faire du savon. Elle se
rappelle encore l'odeur du linge éclatant de blancheur, étendu sur le fil, juste après avoir été
lavé par le savon pour le linge de sa grand-mère. Bien-sûr, le savon pour le linge de Mrs.
Ohnesorge lui servait aussi pour le bain et les cheveux. Son savon, à base de graisses
animales, ne contenait aucun adoucissant fantaisiste, et pourtant, Terrianne se souvient
d’une douce savonnette qui sentait bon le frais. Le savon était fabriqué dans des caisses
oranges, chemisées de sacs de graines. L’odeur des aiguilles de pin pénétrait certains lots, à
travers les caisses et les sacs ; ces lots sans parfum avaient une odeur unique de frais et de
propre.
A l’âge adulte, Eva Mae et Cliff Pelton, les parents de Terrianne poursuivirent cette
tradition de fabriquer leurs savons. Ils en faisaient à la maison pour le bain et le linge, et une
fois par an, le groupe luthérien de leur église de campagne se rassemblait pour produire 500
à 600 livres de savon pour World Relief. Les dons de graisses et d’huiles variés étaient
rassemblés tout au long de l’année, et pendant deux jours, tout le monde se rassemblait
pour fabriquer du savon dans des seaux à glace de cinq litres. (Oui, ils faisaient du savon
dans des contenants en plastique, et oui, eux et Mrs. Ohnesorge faisait des savons à la
graisse animale à 24-35°C !). Le savon était envoyé dans les pays pauvres, avec des édredons
et des couvertures que le groupe avait cousu tout au long de l’année.
Terrianne a vécu avec le savon toute sa vie, mais ce n’est que récemment qu’elle en a
fait une entreprise familiale. Elle est son mari Jim, tiennent la Pretty Baby Herbal Soap
Company, en Caroline du nord. Elle faisait du savon depuis des années lorsque Jim rentra du
travail pour la trouver dans le jardin, en train de remuer quelque chose sur le planeur1. Il su
immédiatement qu’il avait des ennuis. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’une petite année plus
tard, Terrianne aurait une entreprise de savon florissante, et qu’il quitterai son travail pour
la rejoindre.
Tout deux disent qu’ils ont appris à tenir une entreprise de la même manière qu’ils
ont appris à être parents – en essayant et en se trompant. Toutes ces années vécues autour
du savon ont donné à Terrianne de bons instincts, c’est pourquoi toutes ses expériences
fonctionnent du premier coup. Bien que sa mère, sa grand-mère et son arrière grand-mère
aient toutes fait du savon, elles n’ont jamais utilisé la grande variété d’huiles végétales
disponibles pour les savonniers d’aujourd’hui. Terrianne était seule lorsqu’elle élabora sa
première formule entièrement végétale. Mais son père et sa mère continuent de partager
avec elle l’aventure de la fabrication de savons, en lui transmettant des conseils et des
histoires formidables, et j’ai le pressentiment qu’elle trouve un peu d’aide venant de l’audelà, de ces femmes qui ont fait du savon par nécessité et qui n’auraient jamais imaginé des
marbrages violets, et des savonnettes au nom de « Medicine Man ».
Terrianne a développé d’agréables savons à la mousse riche et crémeuse, et aux
belles couleurs. Ses savons marbrés sont les plus jolis que j’ai pu voir. Elle utilise une
douzaine d’ingrédients pour chaque lot. A la place de l’eau claire, elle utilise des infusions.
Son réfrigérateur est plein de concoctions brunes ou vertes, qui sont heureusement difficiles
à confondre avec de la limonade ou du jus d’orange. Avec des noms tels que Sassy
Singapore, Sudzy Navel (Orange, That Is), My Sister’s Soap (elle a les cheveux rouge),
Kaleidosoap, et Oats & goats, ses savons sont le reflet du plaisir qu’elle et Jim ont à les faire.
L’intérêt de Terrianne pour les cosmétiques naturels l’a mené à une ligne de soins
complémentaires : sels de bain, gommages, shampooings et savons pour le corps, ainsi
qu’une ligne de crèmes et lotions. Pretty Baby Herbal soap propose des kits pour fabriquer
du savon, présentés sur des plateaux en bois réutilisables, avec un large choix de recharges
pour en faire de différentes sortes (voir la rubrique « Suppliers » pour une adresse).
Merci Terrianne, pour les noms amusants que tu donnes à mes savons, pour ta
générosité, et pour cette histoire qui en poussera d’autres personnes à devenir matriarches
et patriarches2.
1
Texte original : It had been years since she had made soap when Jim arrived home from work to find
her stirring something out in the backyard on the glider.
2
Texte original : […] and for a story that inspires others to be matriarchs and patriarchs.
Préface
J’ai écrit mon premier livre, The Natural Soap Book, car j’ai le sentiment que trop de
gens demandent à des mentors improvisés, des conseils dans ce domaine. Lister toutes les
recettes était largement impossible, et les instructions étaient multiples et contradictoires.
Mon but était de transmettre au lecteur tout ce qu’il a besoin de savoir pour faire du bon
savon, dans les limites d’un livre raisonnable. J’ai essayé de rendre mes méthodes
accessibles et de condenser l’information, pour éviter de devenir trop technique ou trop
volubile, ou quand il me semblait donner plus de détails que l’intérêt du lecteur ne pouvait
en supporter. Mais je me suis rendue compte que cette dernière crainte était infondée, que
j’arriverai au bout de mes connaissances, avant que l’intérêt du lecteur ne s’émousse. Les
savonniers sont avides de détails.
Je m’attendais à ce que les gens apprécient la fabrication du savon, puisque j’aime
tellement ça, mais j’ai été submergée par leur immense intérêt et par leurs
expérimentations. Je savais que les gens voulaient savoir « comment ». J’espérais qu’ils
voudraient savoir « pourquoi ». Mais maintenant les gens demandent : « pourquoi pas ? ».
J’aurais dû voir venir. Après tout, un métier pionnier favorise l’esprit pionnier 3. La recherche
de la quiétude que nous procure la technique, le sentiment d’indépendance qui nous
implique avec satisfaction, ainsi que l’esprit d’émerveillement, nous poussent toujours plus
loin. Savoir faire du savon n’est pas une fin en soi ; cela nous arme pour faire progresser la
technique.
Dans tous les champs d’expérimentation, il y a des périodes de renaissance, de
croissance, et de stagnation, jusqu’à la prochaine phase de développement. Les savonniers
sont encore dans la période de renouveau, et des gens créatifs venant de différents endroits
contribuent à cette vague si particulière. Les forum de savon fleurissent sur le net. Les
savonneries professionnelles surgissent un peu partout. Certains amateurs font du savon
pour eux-mêmes ; d’autres essayent de compléter, et même dépassent les revenus de la
famille. Les débutants deviennent rapidement professeur, encouragent les nouveaux initiés
et étendent la communauté.
Certaines personnes veulent seulement savoir ce dont elles ont besoin pour arriver à
un certain objectif. D’autres veulent en savoir plus, même si l’utilité d’en savoir plus
n’apparaît pas clairement. Le compagnon du savonnier est écrit et organisé pour ces deux
types de personnes (comme indiqué plus loin).
3
Texte original : pioneer crafts foster a pioneer spirit
Introduction
Avant d’aborder les idées nouvelles, il est bon de revoir les bases. Il existe différents
types de savons ; ce livre et Le livre des savons au naturel ne traitent que d’une seule sorte :
les savons fabriqués à froid, composés uniquement d’huiles végétales et aussi naturels que
possibles. Le but est de créer un savon doux, qui nettoie et hydrate sans utiliser de produits
synthétiques.
Les particuliers souhaitent uniquement faire de meilleurs savons que les grosses
entreprises qui les produisent en grandes quantités. Les gros producteurs sont motivés par
le profit, qui peut être un facteur invalidant. Les ingrédients synthétiques sont accessibles,
stables et économiques, c’est pourquoi ils sont souvent utilisés à la place d’ingrédients
naturels, plus chers. Quand les industriels ajoutent des nutriments organiques, les
pourcentages sont souvent insignifiants, accrocheurs sur le papier mais indétectables dans le
savon. Un coup d’œil rapide aux étiquettes montre que la plupart des produits pour le corps
sont issus d’ingrédients hautement synthétiques. Les consommateurs ne les comprennent
pas ou peu et beaucoup de gens ont des réactions à différents produits, mais doivent
trouver seuls le responsable de leurs éruptions cutanées, irritations et dessèchement de
peau. Le savonnier amateur peut trouver l’équilibre entre la frugalité et la qualité du savon,
et on se rend compte que souvent, la peau nécessite des soins de meilleure qualité que
l’industrie ne peut en produire.
Retour aux bases
Bien que je recommande de le lire à la suite de Le livre des savons au naturel, ou de
n’importe quel autre autre livre pour débuter, Le compagnon du savonnier comprend
suffisamment d’enseignements de base pour être lu de manière autonome. Le survol rapide
qui suit résume les points importants de manière plus exhaustive que ne le fait un livre pour
débuter.
De quoi est fait un savon ?
Faire du savon est assez simple, bien que la réaction chimique soit complexe.
Chimiquement, un acide (les graisses et huiles) et une base (une solution composée
d’hydroxyde de sodium et d’eau, aussi appelée lessive de soude) réagissent pour produire
du savon et de la glycérine. On appelle cette réaction la saponification. Les huiles et graisses
réagissent avec la lessive de soude, elles se saponifient et donnent du savon. Le mélange qui
était composé de deux phases distinctes, d’une part la lessive de soude au fond et d’autre
part les graisses et huiles au dessus, se transforme petit à petit en une pâte homogène plus
épaisse. La pâte à savon est prête à mettre en moule (pour la plupart des recettes)
lorsqu’elle s’est épaissie au point que lorsqu’un peu de pâte s’écoule de la spatule sur la
surface du savon, elle laisse une trace (un motif) pendant un court instant avant de
disparaître dans la pâte. Ce moment est appelé « la trace », puisque seule une trace du motif
reste à la surface quand le savon est prêt. Lorsqu’un ingrédient doit être ajouté à la trace, il
n’est intégré à la pâte qu’une fois que le savonnier a remarqué l’apparition de la trace.
Toute une variété d’acides et de bases permettent d’obtenir du savon, et plusieurs
procédés peuvent être utilisés, mais les savons fait-maison sont fabriqués avec du matériel
facilement accessible et un procédé simple appelé la saponification à froid 4 : une fois que la
lessive de soude a été ajoutée au mélange d’huiles, la pâte à savon n’est pas chauffée de
l’extérieur pour favoriser la réaction chimique. La montée en température des ingrédients
est suffisante pour aller jusqu’à la fin de la saponification. « Froid » ne veut pas dire froid ;
cette expression toute relative a été inventée par opposition au procédé utilisé
communément, où la pâte à savon est chauffée de l’extérieur, ce qui augmente la
température de saponification.
Les deux éléments cruciaux pour la réaction chimique sont premièrement la mise en
contact et deuxièmement la chaleur. L’acide et la base doivent d’abord entrer en contact
pour pouvoir réagir ; mélanger permet d’assurer le mouvement et la fluidité de la pâte, ce
que la chaleur améliore également. Le savon est prêt à mettre en moule lorsque les
ingrédients ont été mélangés de manière homogène et que la pâte s’est transformée en une
émulsion stable et épaisse. La réaction pourra alors se poursuivre à condition que l’acide et
la base soient mélangés suffisamment intimement pour rester en contact et réagir.
Comment le savon nettoie-t-il ?
Le savon nettoie grâce à deux actions : premièrement, il aide l’eau à « humidifier » la
surface à nettoyer, en lui permettant de mieux s’y répandre ; deuxièmement, il relie la saleté
à l’eau, ce qui permet de l’évacuer lors du rinçage.
Une molécule de savon est composée d’une chaine d’atomes de carbone,
d’hydrogène et d’oxygène, organisés en une tête et une queue. La tête est compatible avec
l’eau et la queue est compatible avec la saleté et le gras. Le savon nettoie car ces deux
parties opposées se relient respectivement à l’eau et à la saleté ce qui permet d’évacuer la
saleté lors du rinçage.
Le savon aide également l’eau à mieux humidifier. En effet, l’eau forme des
gouttelettes sur le tissu et la peau car ses molécules sont fermement liées entres elles et ne
se séparent pas. Elles s’accrochent les unes aux autres en gouttelettes et ne mouillent pas la
surface. C’est ici que le savon agit comme tensioactif : quelque chose sépare ces gouttelettes
et les aide à humidifier la peau ou le tissu. Quand les molécules de savon sont combinées à
de l’eau, leurs queues hydrophobes (la chaine hydrocarbonée) se retrouvent serrées dans un
petit espace et s’efforcent de s’éloigner le plus possible des molécules d’eau, tout en se
rapprochant les unes des autres. Les têtes des molécules de savon (la partie carboxyle) sont
attirées par l’eau et forment une barrière sphérique autour de leur queues en train de fuir.
Le savon forme alors un film à la surface de l’eau, qui maintient les têtes et les queues en
position. L’action de ces têtes et de ces queues sur la surface de l’eau, détruit la tension de la
surface et force l’eau à entrer dans l’eau ou le tissu, permettant à la mousse de se
développer.
Une fois que les molécules de savon ont aidé l’eau à faire son travail, elles enlèvent la
saleté et le gras. Les queues hydrophobes sont attirées par l’huile et la graisse. Elles
s’enfoncent dans la saleté puis, grâce aux têtes hydrophiles qui sont tirées vers l’eau, la
saleté est délogée puisqu’elle reste attachée à la queue de la molécule. La queue la
4
En français, vous trouverez le sigle SAF pour désigner ce procédé (ndlt).
maintient en suspension dans l’eau, loin de la peau ou du tissu, jusqu’à ce que le rinçage
l’évacue avec le savon.
Les ingrédients
Les principaux ingrédients pour faire du savon sont les huiles et beurres, la soude
caustique et l’eau : l’acide, la base et le solvant pour dissoudre et disperser la base.
Pour mélanger les gras solides avec la lessive de soude, ils doivent être rendus
liquides. Cela implique de les faire fondre avant de les mélanger avec les huiles liquides (Cf.
Chapitre 4 pour une discussion plus poussée concernant les huiles et beurres les plus
souvent utilisés par les savonniers).
Bien que l’eau joue un rôle dans la saponification, son action la plus visible reste celle
de solvant : la soude caustique pure saupoudrée sur un mélange d’huiles et de beurres ne
sera pas suffisamment en contact avec l’eau pour faire du savon, mais lorsqu’elle est
dissoute dans l’eau, celle-ci lui permet de se glisser dans tous les recoins du récipient et de
rencontrer toutes les molécules de gras. Rappelez-vous que c’est l’union des huiles et
beurres avec la soude caustique qui produit du savon.
L’hydroxyde de sodium est souvent appelé soude. Le mot « soude » a deux
significations : il renvoie à la forme solide de l’alkali caustique, et désigne également la
solution aqueuse dans laquelle cet alkali est dissout. Les savonniers utilisent indifféremment
les termes « hydroxyde de sodium » et « soude », mais pour éviter toute confusion, je
distinguerai les deux : j’utiliserai le terme « hydroxyde de sodium » pour désigner
l’hydroxyde de sodium sous sa forme solide, et le terme « soude » pour désigner la solution
d’hydroxyde de sodium, c'est-à-dire la lessive de soude.
Dans l’histoire du savon, l’hydroxyde de sodium n’a pas toujours été disponible sous
sa forme actuelle. Les alkalis caustiques (les bases) utilisés pour fabriquer du savon étaient à
l’origine de la potasse obtenue par filtration de cendres de bois, et divers carbonates étaient
produits par les cendres des algues ou des plantes terrestres. Les savons étaient corrosifs et
mous, et plutôt désagréables. C’est à partir des années 1700, qu’on a découvert un moyen
économique d’obtenir de la soude caustique (l’hydroxyde de sodium).
L’hydroxyde de sodium (NaOH) se trouve sous différentes formes, mais les perles
sont la forme la plus pratique pour le savonnier amateur. Les industries chimiques, qu’elles
soient locales ou par correspondance sont les meilleures sources d’approvisionnement pour
les grandes quantités ; les achats en gros sont plus économiques mais faites attention de les
stocker dans un emballage hermétique, pour éviter les blocs durs comme des cailloux. En
effet, à cause de l’humidité de l’air, les perles de soude absorbent de l’eau et forment des
blocs très durs. Pour de petites quantités, beaucoup de supermarchés vendent de la soude
dans des emballages plastiques, souvent vendus comme déboucheur au rayon des produits
d’entretient. Faites attention de ne pas utiliser de produit déboucheur à la place de la soude.
De plus, secouez bien la boîte de soude pour vous assurer que le produit n’a pas été exposé
à l’humidité de l’air. Une boite contenant des morceaux ne doit pas être achetée.
Jusque récemment, les savonniers ne s’écartaient pas tellement des ingrédients
standards : suif, huile de palme, huile de coco, huile de soja, hydroxyde de sodium et de
l’eau. Le lait, le miel et la farine d’avoine ajoutaient une touche personnelle. Aujourd’hui, les
possibilités ne sont limitées que par la pureté et la stabilité, et la liste des possibilités ne
tient pas sur une page. Les deux pages suivantes listent quelques beurres, huiles, ingrédients
nourrissant, parfums, exfoliants, colorants et conservateurs qui sont utilisés dans la
fabrication du savon, dont certains sont abordés dans Le livre des savons naturels, et
d’autres dans Le compagnon du savonnier. Cette liste est donnée dans le but d’inspirer de
nouvelles combinaisons.
Pour faire du bon savon, il ne faut pas combiner ces ingrédients au hasard. Il y a une
logique derrière et cette logique peut être apprise. N’importe quelle huile végétale listée
comme ingrédient nourrissant peut être utilisée dans la recette de base, comme la majorité
des huiles. Souvent, le prix élevé de ces huiles limite leur utilisation au surgraissage ajouté à
la trace. Les ingrédient les moins résistants à la soude peuvent être ajoutés à la trace pour
conserver le plus de principes actifs possible, de leur propriétés médicinales. Les exfoliants
comme la farine d’avoine, la farine de maïs, et les graines de coquelicot sont ajoutés à trace
épaisse, pour qu’ils restent en suspension dans la pâte. Les parfums sont toujours ajoutés à
la trace, parce que ces huiles, qui sont très différentes des huiles grasses, accélèrent la
saponification ( elles figent et durcissent la pâte). Les conservateurs naturels listés sont
optionnels et sont ajoutés aux huiles et beurres fondus, avant que le mélange ne soit ajouté
à la lessive de soude.
Huiles et beurres
Ingrédients nourrissant
Parfums
Colorants
Exfoliants
Conservateurs
Huile d’amande douce
Huile d’avocat
Beurre de cacao
Macérât de Calendula
Huile de coco
Huile de colza
Huile de coton
Huile de noisette
Huile de chanvre
Huiles hybrides5
Huile de jojoba
Huile de noix de kukui
Saindoux
Huile d’olive
Huile de palmiste
Huile de palme
Huile d’arachide
Huile de carthame
Huile de sésame
Huile végétale de soja
Huile de tournesol
Galipot6
Suif
Huile de germe de blé
Huile d’amande douce
Aloès Vera
Huile de noyau d’abricot
Cire d’abeille
Huile de bourrache
Macérât de calendula
Huile de carotte
Huile de ricin
Beure de cacao
Huile de copaïba
Œuf
Huile d’onagre
Huile de noisette
Huile de chanvre
Miel
Lanoline
Lécithine
Huile de macadamia
Lait
Huile de margousier
Goudron de pin
Propolis
Huile de pépins de courge
Huile de cynorhodon
Colophane
Huile de sésame
Beurre de karité
HE d’arbre à thé
Huile de germe de blé
Anis
Basilic
Benjoin
Bergamote
Carvi
Cannelle de chine
Cèdre
Camomille
Cannelle
Sauge sclarée
Clou de girofle
Coriandre
Aneth
Fenouil
Encens
Géranium
Pamplemousse
Baies de genévrier
Lavande
Citron
Citronnelle
Citron vert
Listée citronnée
Marjolaine
Menthe
Myrrhe
Néroli
Muscade
Orange
Racine d’orcanette
Graines de rocou
Poudre de betterave
Beta-carotène
Rudbeckia
Pernambouc
Fleurs de calendula
Caramel
Chlorophylle
Cannelle
Cochenille
Cacao
Consoude
Cachoutier
Baie de sureau
Ginseng
Solidago
Hydraste du Canada
Henné
Racine de réglisse
Garance
Mimosa
Paprika
Résine
Cynorhodons
Carthame
Safran
millepertuis
algues
Farine de luzerne
Poudre d’amandes
Fécule de maïs
Farine de lin
Farine de jojoba
baies de genévrier broyées
Graines de millet
Algues
Farine d’avoine
Graines de coquelicot
Perles de tapioca
Huile de carotte
Extrait de pépins de raisins
Tocophérols
5
6
Texte original : hybridized oils
Texte original : tall oil. Définition du TLFI : Résine liquide, extraite par incision du pin maritime, solidifiée à l'air.
Patchouli
Baume du Pérou
Petit grain
Pin
Rose
Romarin
Bois de rose
Bois de santal
Mandarine
Thym
Baume du tolu
Fève tonka
Vanille
Vétiver
Ylang-ylang
Saponaire
Baies de sumac
Curcuma
Ultramarine
Brou de noix
Germe de blé
Achillée millefeuille
Les huiles essentielles pures.
Ces huiles très concentrées et hautement volatiles sont obtenues à partir de plantes, et contiennent le parfum et les
propriété d’une plante en particulier. Elles sont volatiles car si la bouteille est débouchée, elles s’évaporent rapidement à
température ambiante.
Les fragrances
Se sont des imitations synthétiques des huiles essentielles pures. Les fragrances ne possèdent pas les propriétés
botaniques que l’on trouve dans les huiles essentielles pures, et peuvent accélérer la saponification prématurément, mais
certaines peuvent parfumer agréablement le savon.
Le compagnon du savonnier a été écrit pour les lecteur qui cherchent plus qu’un livre
sur comment faire du savon. Seules mes limites et mon ignorance m’ont empêchées d’en
partager plus. Mon but n’était pas seulement de transmettre des recettes, des mises en garde
et des conseils, mais aussi de partager un ensemble de connaissances universitaires avec les
plus curieux. Les lecteurs qui ont déjà fait du savon peuvent probablement installer leur plan
de travail et commencer à faire les savons du chapitre 1, même si je recommande de lire
d’abord la première partie dans son intégralité pour avoir quelques indications. Revoir
attentivement les basses sera très bénéfique aux débutants et aux savonniers qui ne
pratiquent pas souvent. Les meilleures techniques proviennent souvent d’une large gamme
de connaissances, mais les meilleurs savonniers sont plus souvent ceux qui comprennent la
propriété unique de telle ou telle huile, le meilleur moyen d’incorporer une couleur, et de
s’apercevoir du plus subtil changement pendant la saponification. On peut faire du savon sans
en comprendre toutes les possibilités, mais le savonnier sera limité.
Les savonniers débutants peuvent commencer avec la recette du savon élémentaire II.
Cette formule est simple et le savon est juste merveilleux. Faire un savon basique familiarise
le nouveau savonnier avec le procédé : il peut observer l’ordre des étapes et la consistance du
savon au fur et à mesure qu’il passe d’une étape à l’autre. (Les colorants et les ajouts peuvent
masquer les changements les plus subtiles.) Après avoir réussi quelques pains de savon
élémentaire II, le savonnier est prêt pour expérimenter de nouveaux ajouts comme le beurre
de cacao, la farine d’avoine, et les colorants. Une fois à l’aise avec les substitutions et les
ajouts de dernière minute, le savonnier peut se tourner vers des techniques de marbrage. Le
savon transparent est à mon avis réservé au savonnier expérimenté qui se sent prêt à relever
un défi radicalement différent. Une fois que les bases sont bien assimilées et identifiées
pendant la fabrication, l’expérimentation ne demande qu’un pain de savon de plus. Ce jeu qui
est amusant, sûr et que je le recommande de tout mon cœur, récompense une pratique
sérieuse.
La première grande partie « savonner dans sa cuisine » est divisée en trois sousparties : Les recettes, Les ingrédients, et Savoir-faire pratique. Cette partie est pleine de
conseils sur comment faire un savon de bonne qualité. Il est bon de la relire dans son
intégralité avant de se lancer à faire du savon. La partie Recettes décrit le procédé de
saponification pas-à-pas ; la partie Ingrédients explique comment les huiles, les colorants et
les parfums peuvent être utilisés de manière innovante ; et la partie Savoir-faire pratique vous
aidera à anticiper les problèmes avant qu’ils n’arrivent.
La sous-partie « recettes » commence avec le Chapitre 1 qui présente vingt-neuf
recettes allant d’un savon Mousse au Chocolat Blanc à une crème très spéciale pour le visage
et le corps, en passant par quelques versions de savon pour le linge. Le Chapitre 2 explique
comment faire des savons visuellement impressionnants. Le Chapitre 3 montre comment faire
du savon transparent.
La sous-partie « ingrédients » commence par le Chapitre 4 qui passe en revue des
huiles et beurres plus ou moins connus ainsi que leurs caractéristiques. Le Chapitre 5 traite
des différents colorants naturels et explique comment les utiliser. Le Chapitre 6 présente des
idées de parfums venant du monde entier.
Dans la sous-partie « savoir-faire pratique », Le Chapitre 7 montre comment les
différentes températures de saponification peuvent affecter le procédé, la pâte à savon et le
savon final. Le Chapitre 8 traite des signaux, évidents ou plus subtiles, qui annoncent la venue
d’un problème ainsi que des suggestions pour y remédier. Le Chapitre 9 répond à plus de
quarante questions parmi les plus fréquemment posées.
La deuxième grande partie « savonner dans sa bibliothèque » offre un enseignement
intensif sur les connaissances chimiques de la saponification. Vous pouvez sauter cette partie
et faire tout de même de merveilleux savons, mais ne faites pas ça. Le Chapitre 10 traite des
résines, ce qu’elles sont et comment elle peuvent être utilisées par le savonnier pour donner
leurs propriétés au savon, ou foncer la couleur. Le Chapitre 11 décrit les matières minérales et
les argiles, ce qu’elles sont, ce qu’elles peuvent apporter au savon et si elles peuvent être
utilisées sans risque. Le Chapitre 12 explique la différence entre huile saturée et insaturée et
comment la saponification et le savon final sont affectés par le degré de saturation. Le
chapitre 13 traite de chimie, non seulement ce qu’il faut savoir pour calculer le poids de soude
à partir de l’indice de saponification, mais aussi ce qu’il se passe au niveau de l’atome.
La troisième partie « savonner sur le marché » a été écrite pour ceux qui veulent
échanger sur la fabrication de savon avec d’autres savonniers, que se soit en ligne ou en
ouvrant une boutique. Le Chapitre 14 vous présente divers forums présents sur internet, où
vous pourrez échanger vos connaissances. Le Chapitre 15 traite de ce que vous avez besoin de
savoir sur les taxes et sur l’entreprise quand vous vous préparez à ouvrir votre savonnerie. Le
Chapitre 16 examine les options d’assurance qui s’offrent à vous, et le Chapitre 17 survole la
réglementation fédérale sur la fabrication de savons et vous informe sur la législation
rigoureuse qui vous considère comme un producteur de cosmétiques plutôt que comme
savonnier.