Résultats (suite)
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Résultats (suite)
La contribution de l’infirmière pivot en oncologie dans l’expérience de l’annonce d’un diagnostic de cancer chez la personne atteinte et les proches Irène Leboeuf, inf., M. Sc., CSIO, conseillère en soins spécialisés1 Dominique Lachapelle, inf., M. Sc., conseillère en soins spécialisés1 Sylvie Dubois, inf., Ph. D., directrice des soins infirmiers1et professeure2 Catherine Genest, inf., M. Sc., conseillère en soins spécialisés1 Direction des soins infirmiers (DSI), Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) 2 Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal 1 Congrès AQIO 12 avril 2013 Hôtel Auberge Universel, Montréal 2 Remerciements • IPO participantes • Soutien financier – Dre Danielle Charpentier, codirectrice médicale, centre intégré de cancérologie du CHUM (CICC) – Odette Perreault, adjointe clinico-administrative, CICC – Sylvie Dubois, DSI • Collaborateurs – – – – Nicole Cyr, conseillère sénior, DRC Nathalie Folch, conseillère à la recherche, DSI Jacinthe Brodeur, codirectrice clinico-administrative, CICC Josée Dorval, conseillère en soins spécialisés, DSI 3 Plan • Contexte • But du projet • Méthodologie – – – – Cadre de référence Collecte des données Étapes de réalisation Analyses statistiques • Résultats • Conclusion • Pistes de réflexion 4 Contexte • L’annonce d’un diagnostic de cancer est une situation difficile pour le patient, pour la famille et pour les intervenants (Reich et al., 2008) L’annonce d’une mauvaise nouvelle est définie par la communication « d’une information modifiant radicalement et négativement l’idée que se fait le patient de sa santé notamment au moment du diagnostic de cancer ou suite à l’échec des traitements » (Buckman, 1984) 5 Contexte (suite) • Un partage optimal d’informations entre les intervenants et le patient (et sa famille) peut générer un sentiment de confiance et conduire à une meilleure adaptation à la maladie et à ses traitements (Reich et al., 2008) • Le rôle de l’infirmière pivot en oncologie (IPO) au Québec est récent; il vise l’accompagnement du patient et sa famille tout au long de la trajectoire de soins afin de répondre à leurs besoins d’information et de soutien (DLCC, 2008) => Peu d’études ont décrit la contribution de l’infirmière et encore moins celle de l’IPO 6 But du projet • Documenter la contribution de l’infirmière pivot dans l’expérience du patient atteint de cancer et de sa famille, lors de l’annonce du diagnostic et du suivi post-annonce – Optimiser le rôle de l’IPO au moment de l’annonce de diagnostic de cancer – Améliorer l’approche des soins infirmiers auprès des patients et leur famille lors de l’annonce d’un diagnostic de cancer => Un projet d’amélioration continue de la qualité des soins en oncologie 7 Questions de recherche • Comment l’IPO accompagne-t-elle la personne et sa famille en situation d’annonce de diagnostic de cancer et lors du suivi après-annonce? • Quels sont les éléments liés au contexte qui facilitent la mise en œuvre de l’annonce du diagnostic de cancer et le suivi après-annonce? • Quelles sont les interventions utilisées par l’IPO lors de l’annonce du diagnostic de cancer auprès du patient et sa famille et lors du suivi après-annonce? 8 Méthodologie • Étude descriptive qualitative • Échantillon: IPO du CHUM (N=14) • Critères d’inclusion – Être à l’emploi du CHUM – Détenir un poste d’IPO ou réaliser un remplacement • Collecte – Questionnaire: données socio-démographiques – 2 entrevues semi-structurées (guide d’entrevue) • « Navigation Conceptual Framework » (Fillion et al., 2012) 9 Méthodologie : analyses statistiques • Analyse de contenu assistée par QDA Miner version 3.2 – Identification des différents thèmes qualifiant la contribution des IPO – Analyse réalisée en trois étapes (Miles & Huberman, 2003): 1) la condensation les données (réduction, codage) 2) la présentation des données 3) la formulation et la vérification des conclusions 10 Déroulement Accueil patient Contact agente de recherche Envoi de documents Planification d’une date d’entrevue Janvier à juin 2012 Entrevue 11 Résultats: Participantes • N= 14/17 – Sollicitées (courriel et téléphone) – Proviennent de l’ensemble des sites tumoraux du CHUM – Ont une moyenne d’âge de 37.6 ans (±9.5) 12 Résultats: Données socio-démographiques Niveau d’études Bacc = 78,6% DESS =14,3% MSc = 7,1% Nombre d’années de pratique infirmière 1-5 ans = 14,3% 6-10 ans = 35,7% 11-15 ans = 14,3% > à 15 ans = 35,7% Nombre d’années d’expérience comme IPO < à 6 mois = 7,1% 7 -12 mois = 7,1% 13-24 mois = 14,3% 25-36 mois = 7,1% 37-48 mois = 21,4% 49-60 mois = 7,1% > à 60 mois = 35,7% Formation sur l’approche familiale -pendant les études -lors de l’obtention du poste d’IPO -en cours d’emploi * au centre hospitalier * lors de rencontres clinico-administratives * dans des séminaires universitaires * lors de formations pré-congrès * dans des congrès 60.0% 13.3% 21.4% 42.9% 14.3% 21.4% 21.4% 13 Résultats: Signification de l’annonce du diagnostic • Pour la majorité (n = 12), c’est la confirmation de l’état de santé du patient • Le mot le plus souvent utilisé : « choc » • D’autres précisions apportées – Grand bouleversement dans la vie du patient et de sa famille, lesquels vivent une grande anxiété – Expérience chargée en détresse et en émotions 14 Résultats Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Au moment de l’annonce (0-48 h)* : • Pour la majorité (n = 11), les IPO ont un rôle de soutien important => développement du lien de confiance – Cependant, 9 IPO ne sont pas présentes lorsque le médecin transmet le diagnostic. – Six (6) d’entre elles, affirment que le soutien et le lien de confiance pourraient être facilités si elles étaient présentes (souhait exprimé) • Autres: – Informer et clarifier les informations auprès du patient et de sa famille (n = 8) – Coordonner les soins et services (n = 7) – Évaluer les besoins biopsychosociaux et spirituels (n = 5) * DLCC, 2007 15 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Au moment de l’annonce (0-48 h) : • Accompagnement sur mesure – Adaptation des interventions et du soutien en fonction des besoins exprimés par le patient et ses proches => prise en compte de l’individualité « Bien sûr qu’au moment du diagnostic, les gens sont comme assommés souvent, alors l’intervention que j’aurais le plus utilisée c’est de l’écoute, c’est de vérifier c’est quoi les peurs, de démystifier tout ça avec ce que le médecin a dit et qu’est-ce qu’elle a compris. (…) Souvent, c’est de les laisser verbaliser » (participante 4). 16 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Suivi après-annonce (4 à 6 semaines)* • En présence ou par téléphone • Similaire à ceux décrits lors de l’annonce (0-48h) • Présents tout au long de la trajectoire de soins et non à un moment précis – – – – – – Écouter le patient et sa famille Soutenir Répondre aux questions et aux inquiétudes Aider la famille Clarifier les informations Coordonner les services * Caplan, 1964 17 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) • Interventions qui visent à reconnaître leur expérience et leur expertise – Questions ouvertes / systémiques • Explorer – Agents stresseurs – Impact sur les membres de la famille – Impact sur l’image corporelle, gestions symptômes – Légitimer et non banaliser l’expérience 18 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) • Lien de confiance se consolide – Optimisation: • Gestion de symptômes (n = 13) et ce, tout au long de la trajectoire de soins • « Empowerment » du patient dans l'expérience 19 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) « Il y a l’annonce du diagnostic qui est un choc et après ça, il y a une autre phase que les patients vivent, c’est la peur des traitements, comment on va réagir, toute la vie qui change alentour des traitements, l’organisation familiale, l’organisation sociale du travail, tout ce qui est aussi gestion des effets secondaires, cette inconnue-là. Le diagnostic c’est une chose, mais la vie avec les traitements c’est une autre chose » (participante 11). 20 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) – Approche respectueuse de l’individualité pour les aspects • Informationnel/enseignement/organisation des soins « Je ne suis pas allée dans le détail. Comment dire, avec d’autres patientes je vais tout couvrir l’information sur les effets secondaires et je vais donner des détails. Mais avec cette dame, je ne pouvais pas. Premièrement, ça ne donnait rien parce que je savais qu’elle n’assimilerait pas la moitié de mes informations. Deuxièmement, je savais qu’elle comprenait mais j’avais un petit doute sur sa capacité à intégrer l’information » (participante 4). 21 Résultats (suite) Questions 1 et 3: accompagnement et interventions • Conversation thérapeutique • Enrichit les connaissances de l’IPO sur l’expérience du patient/famille (Duhamel, 2007) • Influe sur l’IPO « Je suis restée une heure avec elle et on a beaucoup parlé de mort, de vie, de spiritualité » (participante 8). …après X ans, je peux dire que tout ce qui est organisation de travail, tout ce qui est priorités, je suis capable, l’enseignement ça va bien et tout, je maîtrise bien mon domaine mais la partie qui est plus difficile à maîtriser en tant que humain, c’est vraiment la partie émotionnelle et ça, ça doit être travaillé continuellement » (participante 7). « 22 Résultats Question 2: éléments liés au contexte • Facilitant (0-48h): • Non-Facilitant (0-48h) – La présence d’un proche* – Un patient qui se doute de son état de santé – La présence de l’IPO – Un lieu adéquat pour l’annonce* – Un patient réceptif à l’aide offerte – Un médecin dont l’approche est humaniste – La condition physique et émotionnelle du patient/famille* – Un lieu inadéquat pour l’annonce* – L’absence de l’IPO – Un manque de communication entre les professionnels * Identiques aux 4 à 6 semaines 23 Résultats (suite) Question 2: éléments liés au contexte (0-48h) « Oui, l’époux semble trouver ça difficile, ce qui est normal, mais sont là pour elle, elle est très bien encadrée, des amis, la famille, … ça c’est facilitant, oui, parce qu’on peut justement miser sur l’aide de la famille » (participante 3). « Facilitant, c’est sûr que l’intimité c’est facilitant. Ensuite de ça, l’ouverture du patient à l’aide, c’est facilitant. Est-ce que nous autres on peut cultiver cela, je pense que oui. Cela veut dire que c’est notre attitude en tant que professionnelle, qui peut être facilitante, avec une attitude d’ouverture envers le patient » (participante 3). 24 Résultats Question 2: éléments liés au contexte • Facilitant (4 à 6 sem) – L’augmentation des contacts directs – La présence de l’équipe interdisciplinaire (n=8) – Attitudes positives des professionnels, disponibilité pour échanger – Rencontres interdisciplinaires collaboration interprofessionnelle, – Climat de travail agréable et accès aux différents professionnels • Non-Facilitant (4 à 6 sem) – Le suivi de la clientèle sur 2 sites – Le suivi téléphonique 25 Résultats (suite) Question 2: éléments liés au contexte Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) • Influence du contexte (facilitant) – Famille: optimise la rétention de l’information – Consolidation du lien de confiance « Pour cette patiente là, on a fait une réunion avec notre équipe, voyons les PIII, (…) fait que on a eu des réunions et on a parlé au moins 2-3 fois de cette dame-là, de la dynamique de couple tout ça c’était lourd » (participante 9). 26 Résultats (suite) Question 2: éléments liés au contexte Suivi après-annonce (4 à 6 semaines) • Influence du contexte (Non facilitant) « À la limite, je trouve quasiment que c’est de la gestion de symptômes par téléphone (…). J’aimerais être plus présente, mais c’est impossible que je me dédouble, je trouve ça très difficile. Oui » (participante 12). « (…) le fait que je ne pouvais pas me déplacer à xxx, (…) probablement que ça aurait été plus aidant pour la patiente, si je serai allée la voir. C’est sûr c’est toujours plus facile, quand c’est beaucoup psychologique les besoins, c’est toujours mieux face à face qu’au téléphone » (participante 2). 27 Résultats (suite) Satisfaction en regard du rôle de l’IPO • Aucune se dit insatisfaite – 8 parlent d’un rôle valorisant et gratifiant, appréciées de la clientèle, de la famille et des professionnels – 6 sont moins précises et plus ambivalentes quant à leur satisfaction 28 Résultats (suite) Satisfaction en regard du rôle d’IPO • Irritants rapportés – – – – Charge de travail trop élevée Travail clérical important Manque de temps auprès des patients et de la famille Incompréhension de leur rôle par leurs collègues médicaux et professionnels – Manque de reconnaissance – Peu de contact avec les IPO des autres centres pour échanger (réseautage) – Accès limité à des lieux adéquats (entrevues familiales) 29 Pistes de réflexion • Mettre en place des ateliers de pratique réflexive et de développement professionnel (formation continue) notamment sur: • Approche familiale • Soins palliatifs • Détresse • Favoriser l’accès au savoir expérientiel – mise en place d’une communauté de pratique • Faire connaître le rôle de l’IPO auprès des collègues tant médicaux que professionnels notamment lors de l’annonce 30 Pistes de réflexion (suite) • Harmoniser le rôle de l’IPO au sein du CHUM • Mettre en place des activités pour consolider la collaboration interprofessionnelle au sein des équipes • Mettre en place des ressources (ex. cléricales) et des stratégies (ex. utilisation d’outils de dépistage détresse) visant à soutenir l’IPO dans l’exécution de son rôle (Hébert, 2012; Fillion et al. 2006) 31 Conclusion • Souci pour les IPO d’accompagner équitablement, suffisamment et avec humanisme le patient et sa famille • Lien de confiance : condition sine qua none pour accompagner la personne de façon individualisée et respectueuse de son unicité • Accompagnement individualisé des IPO – Utilisation de leur expertise pour mieux comprendre l’expérience du patient et sa famille et adapter leurs interventions (Fitch, 2008) – Non centré sur la tâche 32 Merci de votre participation! Irène Leboeuf [email protected] Dominique Lachapelle [email protected] Sylvie Dubois [email protected] Catherine Genest [email protected] 33 Références Direction de la lutte contre le cancer - DLCC (2008). Rôle de l’infirmière pivot en oncologie. Comité consultatif des infirmières en oncologie. En ligne http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/cancer/download.php?f=dc0 9f641d6c28a8b98d59439d1c3c475, ISBN 978-2-55054076-2, consulté le 11-08-2010. Duhamel, F. (2007). La santé et la famille. Une approche systémique en soins infirmiers (2e éd.). Montréal : Les éditions de la Chenelière. Fillion, L., Cook, S., Veillette, A-M., Aubin, M., de Serres, M., Doll, R., Kazandjan, A., Fitch, M. (2012). Professional Navigation ; a comparative study of two Canadian models. Canadian Oncology Nursing Journal, 22(4), 257-277. Fitch, M. I. (2008). Cadre de soins de soutien. Canadian Oncology Nursing Journal, 18(1). 15-24 Reich, M., Vennin, P., & Belkacémi, Y. (2008). L’annonce du diagnostic de cancer : l’acte qui doit sceller le pacte de confiance médecin-malade. Bulletin du Cancer, 95(9), 842-847.