Le 11 novembre 1918, n`oublions pas
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Le 11 novembre 1918, n`oublions pas
Le 11 novembre 1918, n’oublions pas !!! Le 11 novembre 1918, à 5hl5 du matin, les plénipotentiaires allemands acceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Le 11 novembre 1918, à llh00, le "Cessez le Feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à quatre années d'une guerre effroyable. Utilisée pour la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, la voiture n° 2419D avait été aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des Wagons-Lits. Le wagon du 11 novembre sera installé en 1927 dans la Clairière, Hautement symbolique, ce wagon sera utilisé par Hitler pour l'armistice de 1940, puis emporté et incendié en Allemagne en avril 1945, alors que l'Allemagne est à la veille d'un nouveau " Le 11 novembre". Le musée actuel du 11 novembre 1918 expose une autre voiture de la même série de 1913. Rappels des faits le jour du 11 novembre : à 5h05 du 11 novembre 1918, la France et le nouveau gouvernement de la toute jeune république allemande sont d'accord sur le texte définitif de l'armistice. Au terme de cet accord du 11 novembre 1918, il est décidé d'arrêter les hostilités le plus tôt possible. Un télégramme, qui a été immédiatement envoyé sur tout le front par radio et par message téléphoné aux commandants en chef à la date du 11 novembre 1918 stipule que : "Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11 heures, heure française" Dans le courant de la matinée du 11 novembre 1918, les différents documents sont remis aux plénipotentiaires allemands. Leur train quitte, le jour même le garage de Rethondes à 11h30 pour Tergnier, où ils retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes facilités ont été données au capitaine allemand Geyer pour se rendre, le même jour (11 novembre 1918) en avion au grand-quartier-général allemand, porteur des textes et de la carte. Voici ce qu'écrira Foch à propos du 11 novembre : "le 11 novembre à 11 heures, le feu était arrêté sur tout le front des armées alliées. Un silence impressionnant succédait à cinquante-trois semaines de bataille. Les peuples pouvaient entrevoir le rétablissement de la paix dans le monde. Le lendemain [du 11 novembre], j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées alliées". http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/11_novembre.html Wagon de l'Armistice, Rethondes (60) La clairière de l'Armistice Le 11 novembre 1918, à 5h15 du matin, les plénipotentiaires allemands acceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Quelques heures plus tard, à llh00, le "cessez le feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à quatre années d'une guerre effroyable. Aménagée en 1922 par l'architecte Mages en collaboration avec M. Binet Valmer, président de la ligue des sections et anciens combattants, la clairière de l'Armistice deviendra le symbole de la Victoire et de la paix. Ornée d'un monument aux Alsaciens-Lorrains (oeuvre d'Edgar Brandt), percée d'une allée longue de 250 mètres conduisant à un rond-point de 100 mètres de diamètre, elle commémore la fin de la guerre sous le regard de la statue du Maréchal Foch. Le wagon de l'Armistice Utilisée pour la signature de l'armistice de 1918, la voiture n° 2419D avait été aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des Wagons-Lits. Installé en 1927 dans la clairière, ce wagon symbolique sera utilisé par Hitler pour l'armistice de 1940 avant d'être emporté et incendié en Allemagne en avril 1945. Le musée actuel expose une autre voiture de la même série de 1913 Le choix de Rethondes "(...) Lorsque le Maréchal Foch eut à déterminer le lieu où il convoquerait les parlementaires chargés de demander un armistice, plusieurs solutions s'étaient présentées à son choix. Serait-ce une localité plus ou moins importante ? Faudrait-il la choisir à l'arrière, ou dans une région des pays envahis et récemment délivrés ? Le Quartier Général du Commandant en Chef n'était-il pas le point où devaient être conduits ceux qui venaient implorer la cessation des hostilités ? (...) Il adopta la forêt de Compiègne à proximité de la gare de Rethondes. Maintes fois pendant la guerre, il avait établi dans son train son poste de commandement. C'est à son poste de commandement que les parlementaires viendront se présenter à lui. La solitude du lieu assurera le calme, le silence, l'isolement, le respect de l'adversaire (...)" Maxime Weygand, 11 novembre, 1932. Ordre du jour N° 5961 Le 12 novembre 1918, le Maréchal Foch adressait de son quartier général de Senlis ce message aux Armées : "Officiers, sous-officiers et soldats des armées alliées ; après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. Vous avez gagné la plus grande bataille de l'Histoire, sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers, d'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux, la postérité vous garde sa reconnaissance." Les personnages associés Ferdinand Foch (1851-1929) Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famille bourgeoise et pieuse. Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier ès lettres puis ès sciences. Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole polytechnique, il connaît l'occupation prussienne qui s'abat sur la Lorraine. Epreuve déterminante ? A Polytechnique, il choisit la carrière des armes. Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883. Elève à l'Ecole de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901, avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvrages ont regroupé ses conceptions stratégiques. "La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas ; on fait simplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait ; dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien" (Foch. in "Principes de guerre"). Août 1914 : la guerre éclate. Général depuis 1907, Foch commande alors le 20e corps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la 9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération capitale dans la 1ère bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe des armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer", puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916. Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités internes, entraîne une disgrâce provisoire du général. En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général Nivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe, déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général de l'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millions de soldats morts - dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagner la paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice les conditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étant atteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus". (Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285). Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères, Président du Conseil supérieur de la guerre. Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses. Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique. Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses dernières années. Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise : "Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre". Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que de très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard : le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques les plus évoqués dans les villes de France. source : MINDEF/SGA/DMPA/SDACE Les liens à découvrir sur le sujet Autres photos : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichegalerie.php?idLang=fr&idGalerie=1391 Le 11 novembre raconté par le maréchal Foch Le maréchal Foch [...] A 5h05, on est d'accord sur le texte définitif. Il est décidé qu'afin d'arrêter les hostilités le plus tôt possible, la dernière page de ce texte sera dactylographiée immédiatement et que les signatures y seront apposées. A 5h10, les plénipotentiaires alliés et allemands y apposent leurs signatures. L'heure conventionnelle de 5 heures est adoptée comme heure de la signature. [...] Le Maréchal Foch déclare la séance terminée, et les délégués allemands se retirent. Le télégramme suivant était immédiatement envoyé sur tout le front par radio et par message téléphoné aux commandants en chef : 1. Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11 heures, heure française. 2. Les troupes alliées ne dépasseront pas jusqu'à nouvel ordre la ligne atteinte à cette date et à cette heure. Rendre compte exactement de cette ligne. 3. Toute communication avec l'ennemi est interdite jusqu' à la réception des instructions envoyées aux commandants d'armées. Dans le courant de la matinée, les différents documents sont remis aux plénipotentiaires allemands. Leur train quitte le garage de Rethondes à 11h30 pour Tergnier, où ils retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes facilités ont été données au capitaine allemand Geyer pour se rendre en avion au grand-quartier-général allemand, porteur des textes et de la carte. Cet officier a quitté en avion le terrain d'atterrissage de Tergnier vers 12h30. [...] Le 11 novembre à 11 heures, le feu était arrêté sur tout le front des armées alliées. Un silence impressionnant succédait à près de cinquante-deux mois de bataille. Les peuples pouvaient entrevoir le rétablissement de la paix dans le monde. Le lendemain, j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées alliées : Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées. après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. vous avez gagné la plus grande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. soyez fiers ! d'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. la postérité vous garde sa reconnaissance. Le maréchal de France, commandant en chef les armées alliées : F Foch. Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre 1914-1918, maréchal Foch La Première Guerre mondiale (1914-1918) Le contexte international dans lequel se déclenchent les hostilités en 1914 résulte des modifications profondes qui ont affecté l'Europe depuis le milieu du XIXème siècle. La fragilité des Balkans traversés par de fortes poussées nationalistes, le regroupement de la monarchie austro-hongroise (1867), la réalisation de l'unité italienne (1870) et celle de l'Allemagne (1871) déstabilisent l'équilibre européen issu du traité de Vienne (1815). Les tensions entre la France, désireuse de retrouver l'Alsace et la Lorraine annexés en 1871, et l'Allemagne d'une part, entre l'Autriche-Hongrie et la Russie d'autre part, sans oublier le rôle de l'Angleterre, toujours soucieuse de conserver son influence mondiale, attisent les risques de crises. L'empire ottoman lui-même est contraint lors du Congrès de Berlin (1878) de reconnaître l'indépendance de plusieurs pays qui étaient intégrés dans son administration (Serbie, Roumanie, Bulgarie, Monténégro notamment). Par le jeu des alliances nées de ces nouveaux découpages et de la concurrence entre les grands Etats (crises répétées entre 1904 et 1914), l'affrontement n'a pu être évité. La guerre éclate à la suite de l'assassinat le 28 juin 1914 à Sarajevo de François-Ferdinand, neveu et héritier de l'empereur d'Autriche, par un étudiant bosniaque lié aux milieux nationalistes serbes. L'Autriche, après s'être assurée de l'appui de l'Allemagne, présente un ultimatum à la Serbie : cet ultimatum exige que l'enquête sur les circonstances de l'assassinat soit menée sur le territoire serbe par des fonctionnaires autrichiens. La Serbie en accepte les conditions à l'exception de la présence des agents autrichiens qui constituerait une atteinte à sa souveraineté. L'Autriche-Hongrie lui déclare la guerre le 28 juillet 1914. L'engrenage des alliances s'amorce aussitôt : entre les mobilisations générales et les ultimatums réciproques, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août et à la France le 3 août, entraînant la réplique de l'Angleterre qui déclare la guerre à son tour à l'Allemagne le 4 août. Le patriotisme, nourri de longue date auprès des diverses opinions publiques, permet aux populations et aux classes politiques des différents belligérants d'accepter cette situation perçue comme légitime par chacun des camps. L'archiduc François-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg dont l'assassinat va déclencher l'entrée en guerre des grandes puissances européennes. Source : L'Illustration l'album de la guerre 1914-1919 La bataille de la Marne. Les troupes allemandes enfonçées sous les murs du château de Mondement. Source : L'Illustration - l'album de la guerre 1914-1919 Les armées allemandes, sans tenir compte de la neutralité de la Belgique, attaquent d'abord la France. Cette opération sera appelée la "bataille des frontières" (7-24 août 1914): les Français se portent en avant vers Mulhouse, Strasbourg et en Lorraine. Mais à Mons et à Charleroi les Anglais et les Français sont contraints de reculer après des combats acharnés où ils ont des difficultés à faire face au dynamisme des assaillants malgré l'efficacité de l'artillerie française (exceptionnel canon léger de 75). Parvenus aux portes de Paris le 2 septembre, les Allemands, plutôt que de tenter de s'emparer de la capitale, essayent de prendre à revers l'ensemble du corps de bataille français par une manoeuvre d'encerclement. S'engage alors la "bataille de la Marne" où Joffre, chef d'étatmajor, et le général Gallieni, commandant la place de Paris, lancent une contre-offensive générale marquée par de hauts faits d'armes : le général Foch résiste héroïquement dans les marais de Saint-Gond et l'armée du général Maunoury est transportée par les taxis de Paris au nord de la Marne : constatant l'échec de leur action, les Allemands se replient le 10 septembre sur l'Aisne ; leur commandant en chef, von Moltke, est remplacé par von Falkenhayn. Paris est sauvé. Commence alors la "course à la mer" entre octobre et novembre 1914. L'armée allemande tente de déborder les alliés sur la gauche en remontant vers le nord afin d'atteindre les ports permettant aux troupes britanniques de débarquer. Les Anglais et les Français font face dans des engagements âpres et meurtriers notamment dans les Flandres (1er-27 octobre). Les premières tranchées apparaissent, les soldats les creusant pour se protéger à la fois de l'ennemi et de l'hiver. Finalement le front se stabilise entre la mer du Nord et la Suisse sur près de 700 km ; 10 départements français sont partiellement ou totalement occupés. Le front oriental a permis au même moment aux Allemands de s'assurer d'une victoire sur les Russes qui avaient pris l'offensive (bataille de Tannenberg, 26-30 août 1914) ; mais la nécessité de prélever des troupes du champ de bataille français a amoindri la puissance allemande dans la bataille de la Marne. La guerre de mouvement, initialement prévue pour vaincre rapidement la France, se solde donc à la fin de l'année 1914 par deux conséquences inattendues : d'une part une neutralisation réciproque des armées en présence, d'autre part une extension mondiale du conflit : le Japon a rejoint l'Entente (Grande Bretagne, Russie et France) et l'empire ottoman et la Bulgarie se sont associés à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie (octobre 1914). Les caractéristiques de ce nouveau conflit apparaissent des deux côtés : les Etats doivent organiser une véritable économie de guerre mobilisant tous les moyens dont ils disposent pour éviter la défaite (organisation des ressources, ravitaillement, production d'armements, usage massif des chemins de fer, financement de l'effort de guerre). Une mobilisation psychologique et morale est également menée auprès des opinions publiques (importance de la censure afin de contrôler les informations). Sur le terrain les tranchées sont transformées en un système défensif efficace contre l'infanterie (utilisation de mines et de fils de fer barbelés) ; l'artillerie lourde devient alors un instrument essentiel de la bataille tandis que l'aviation, dépassant le simple rôle d'observation, est utilisée dans la chasse et le bombardement ; les gaz asphyxiants sont utilisés pour la première fois par les Allemands dans une attaque près d'Ypres le 22 avril 1915 ; le premier bombardement aérien de populations civiles est effectué par les Allemands sur Paris (hôpitaux et magasins) le 30 janvier 1918. Un boyau d'accès de Verdun, Collection DMPA La guerre d'usure se poursuit des deux côtés. Entre mai et septembre 1915, l'Allemagne tente de faire plier la Russie par une offensive qui lui permet d'occuper notamment la Pologne ; mais elle ne parvient pas à obtenir une paix séparée. Afin de soulager à son tour la Russie, les Alliés franco-anglais essayent de s'emparer des Dardanelles, mais l'opération échoue (janvier-février 1915). Le torpillage du paquebot anglais Lusitania (7 mai 1915) fait franchir une escalade nouvelle dans la guerre maritime. Le front occidental voit se succéder des offensives des Alliés (Artois en mai 1915, Champagne en septembre 1915) qui occasionnent des pertes considérables sans gains tactiques importants. En 1916 une offensive allemande sur Verdun a pour but de briser l'armée française de façon décisive : la bataille est l'une des plus sanglantes de l'Histoire et se résout par l'arrêt de l'attaque en juin. Les Alliés tentent d'enfoncer le front dans la Somme (juillet - novembre 1916) sans grand succès. La mondialisation du conflit continue à s'étendre : respectivement l'Italie (mai 1915) et la Roumanie (juillet 1916) entrent en guerre au côté des Alliés ; les théâtres d'opérations s'agrandissent : les combats se transportent en Afrique et au Moyen-Orient, en mer (guerre sous-marine et victoire anglaise sur la flotte allemande à la bataille du Jutland, mai 1916) ; enfin les colonies sont appelées à fournir de l'aide à la Grande Bretagne et à la France. Le village de Prosnes, Collection DMPA Le prolongement du conflit largement au-delà des prévisions initiales et les souffrances endurées commencent à peser en 1917 sur les troupes engagées. L'échec de l'offensive française menée par le général Nivelle au « Chemin des Dames » (avril 1917) déclenche une vague de mutineries ( mai 1917) que l'état-major a du mal à maîtriser ; les Allemands sont confrontés au même phénomène (marine de guerre à Kiel, fraternisation avec les russes sur le front de l'Est). Les sociétés civiles des belligérants connaissent également des agitations politiques et sociales (grèves dans les usines d'armement, déclenchement de la révolte en Irlande contre les Anglais). Le pacifisme progresse fortement dans les opinions prônant une « paix blanche » (sans annexion ni indemnités) : conférence de Stockholm (juin 1917). Par ailleurs la décision allemande (février 1917) de pratiquer une guerre sous-marine systématique afin de desserrer l'étau du blocus économique amène les EtatsUnis à entrer en guerre contre l'Allemagne (avril 1917) tandis que la révolution qui éclate au même moment en Russie (février 1917) remet en question l'équilibre des forces ; la paix séparée de Brest-Litovsk (mars 1918) confirme cette situation nouvelle. Un char Renault FT 17 français Photo SHAT L'année 1918 va être décisive. Une fois libérés par l'arrêt des hostilités à l'Est les Allemands déclenchent en mars 1918 une offensive très puissante en Picardie, en Flandres et au Chemin des Dames rompant le front au point de jonction entre les armées françaises et anglaises. Ceci provoque la création d'un commandement unique confié au général Foch afin d'améliorer la coordination des armées alliées. Les Allemands mènent une autre attaque en juillet 1918 en Champagne qui manque de réussir, et qui est arrêtée in extremis sur la Marne (deuxième bataille de la Marne). Mais la machine industrielle et humaine de l'Amérique est lancée : plus d'un million de soldats américains présents sur le sol français participent aux opérations qui intègrent désormais régulièrement les tanks. En juillet 1918 Foch lance une contre-offensive qui donne le signal d'un recul progressif des Allemands dont le repli ne cesse de s'accentuer (le front allemand est enfoncé à Montdidier en août, l'offensive générale de Verdun à l'Yser est déclenchée le 31 octobre). Les Italiens effacent de leur côté le désastre de Caporetto (octobre 1917) en battant les Autrichiens à VittorioVeneto (octobre 1918). Dans les Balkans sous l'effet de la pression alliée (Franchet d'Esperey victorieux à Uskub) les empires centraux sont pris à revers ; la Bulgarie et la Turquie sont de plus en plus isolées et demandent l'armistice (30 octobre); l'Autriche fait de même le 3 novembre. Devant le retournement de la situation militaire, l'agitation politique gagne l'Allemagne : la flotte allemande se révolte à Kiel, la révolution éclate à Berlin, Guillaume II abdique et la république est proclamée le 9 novembre, l'armistice est signé à Rethondes le 11 novembre. Le PC de commandement du 298e RHA, collection DMPA Le bilan global estimé en pertes humaines (militaires morts et disparus) est le suivant : Nations belligérantes Alliés Mobilisés Morts France 8 317 000 1 390 000 Grande-Bretagne 6 000 000 776 000 380 000 44 000 450 000 400 000 5 615 000 530 000 Belgique Serbie Italie Portugal 8 000 60 000 Grèce 200 000 12 000 1 000 000 158 000 15 000 000 1 700 000 Roumanie Russie Etats-Unis 114 000 3 800 000 Canada 630 000 62 000 Afrique du Sud 136 000 9 000 413 000 60 000 128 000 18 000 Australie Nouvelle-Zélande Inde 1 500 000 75 000 Empires centraux Allemagne 13 000 000 1 950 000 Autriche-Hongrie Bulgarie Empire ottoman (Turquie) MINDEF/SGA/DMPA François Cavaignac 9 000 000 1 047 000 950 000 100 000 2 850 000 400 000 Le PC du colonel Driant (55) PC du Colonel Driant. Photo JP le Padellec 21-22 février 1916 La consigne était de tenir jusqu'au bout. Elle a été observée. Le Députe de Nancy, le Colonel Driant, Saint-Cyrien, demande à rejoindre le front avec son grade et on lui confie, au nord de Verdun, une demi-brigade formant corps constituée de deux bataillons de Chasseurs : les 56ème et 59ème B.C.P. Officier mais aussi homme politique, Driant, qui a toujours eu son franc-parler, ne se gêne pas pour observer et formuler des critiques sur l'organisation du secteur de Verdun. Ce qui n'empêcha nullement la poursuite du démantèlement des ouvrages de la place fortifiée, alors même que les positions intermédiaires étaient à peine esquissées. Pratiquant au milieu de ses Chasseurs un commandement d'une affectueuse simplicité non dénuée de rigueur, il ne pouvait rien faire d'autre qu'organiser son secteur et attendre l'orage qu'il voyait venir avec une cruelle lucidité. Driant, dès le 20 janvier, avait, dans un ordre du jour à sa demi-brigade, annoncé la grande épreuve. Voici ce texte, où sont soulignées les lignes qui précisaient à l'avance le caractère de la lutte sans précédent qui allait s'engager. Ordre du jour - 20 janvier 1916 "L'heure est venue pour les graciés et les chasseurs des deux bataillons de se préparer à l'action, et pour chacun de réfléchir au rôle qui va lui incomber. Il faut qu'à tous les échelons on soit pénétré que dans une lutte aussi morcelée que cette qui s'apprête, nul ne doit se retrancher derrière l'absence d'ordres pour rester inerte. Multiples seront les interruptions de communications, fréquentes les occasions où des portions d'effectifs se trouveront livrées à elles-mêmes. Résister, arrêter l'ennemi par tous les moyens doit être la pensée dominante de tous les chasseurs se rappelleront surtout que dans les combats auxquels ils ont assisté depuis dix-sept mois, ils n'ont laissé entre les mains de l'ennemi d'autres prisonniers que des blessés. Les chasseurs ne se rendent pas." Le 21 février, il se lève tôt, il regarde le ciel splendide, le soleil brillant. Il ôte son alliance qu'il remet à son secrétaire : "Si je suis tué, vous irez la rapporter à Madame Driant". II monte à cheval au Bois des Caures, suivi de son palefrenier. Il est 6 heures 45; il se rend au chantier où une compagnie de réserve construit un boyau sous la direction des lieutenants Leroy et Simon. Il fait interrompre le travail et envoie la troupe sur ses emplacements de combats. Pendant qu'il cause avec les deux officiers le premier obus éclate; la tragédie est commencée. Le terrain du Bois des Caures (Caures : noisetier en patois local), humide, se prête mal au creusement des tranchées aussitôt inondées. Les 56ème et 59ème B.C.P. organisèrent là un système de redoutes dont la tragique faiblesse était le gabionnage. C'est dans ces contions que l'atteint le choc du 21 février 1916. Les positions du Bois des Caures et du bois d'Haumont à gauche à tenu par le 165ème R.I. sont en plein dans l'axe offensif des Allemands. Le bombardement lamine les retranchements si fragiles devant les 150, 210 et 305 : Driant luimême avait écrit la veille : "leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut être encore reculé de quelques jours." Début de la bataille de Verdun En février 1916, le secteur du Bois des Caures est occupé depuis novembre 1915 par le groupe de Chasseurs du Lieutenant-colonel Driant. Le groupe comprend le 56ème B.C.P. (Capitaine Vincent) et le 59ème B.C.P. (Commandant Renouard). Depuis plusieurs semaines, les deux bataillons, alternativement en ligne, ont renforcé leurs positions et aménagé leurs défenses, sous l'impulsion de Driant qui pressent une attaque imminente. Le 21 février 1916, à 7 heures du matin, le premier obus tombe sur le bois et Driant, sachant que l'heure du sacrifice a sonné, parait au milieu de ses chasseurs qu'il ne quittera plus. Le bombardement devient si dense que tout le terrain semble miné. Dès 10 heures, le bois est impraticable, c'est un vrai chaos. A 17 heures, le bombardement cesse brusquement, puis le tir reprend, mais très allongé, c'est l'attaque rapide, souvent même la lutte au corps à corps. Malgré des actes d'héroïsme extraordinaires, quelques tranchées sont prises. Le soir venu, l'ennemi est maître d'une partie des premières lignes. Mais les chasseurs de la compagnie Robin contre-attaquent dans la nuit glacée, reprennent leurs tranchées et sèment la panique parmis les Allemands, persuadés que les Chasseurs sont tous hors de combat. Vers minuit, le Colonel Driant parcourt tout le secteur, va à l'extrême pointe des tranchées et encourage tous ces hommes. L'attaque allemande du 21 au 25 février 1916. Source : Conseil Général de la Meuse Le 22 février au matin, si les Chasseurs ont reconquis les tranchées de première ligne perdues la veille, partout ils sont à portée de grenade de l'ennemi. Dès 7 heures, un bombardement aussi formidable que celui du matin précédent, reprend. A midi, la canonnade cesse. Les Chasseurs survivants bondissent à leurs postes de combat. Leur Colonel est au milieu d'eux, il prend un fusil et fait le coup de feu. Le Bois des Caures n'existe plus comme couvert. Les masses ennemies l'encadrent. Trois compagnies de première ligne meurent à leurs postes, submergées par deux régiments. La compagnie Seguin fait merveille. On se bat à la grenade tant qu'il y en a, puis à coup de pierres, à coup de crosses. A13 heures, nouvelle attaque. Toujours un fusil à la main, Driant est sur le dessus de son poste de commandement, au milieu de ses agents de liaison. Il est d'excellente humeur. Tireur d'élite, il annonce le résultat des coups, les fautes de pointage. La compagnie SIMON contre-attaque et fait même des prisonniers. A 16 heures, il ne reste plus qu'environ 80 hommes autour du Colonel Driant, du Comandant Renouard et du Capitaine Vincent. Tout à coup, des obus viennent de l'arrière. Le Bois des Caures est donc tourné. C'est la fin. Dans le but de combattre encore ailleurs et de ne pas être fait prisonnier, Driant décide de se retirer en arrière du bois. Trois groupes s'organisent Le groupe du Colonel comprend la liaison et les télégraphistes. Chacun s'efforce de sauter de trou d'obus en trou d'obus, cependant qu'une pièce allemande de 77 tires sans arrêt. Le Colonel marche calmement, le dernier, sa canne à la main. Il vient de faire un pansement provisoire à un chasseur blessé, dans un trou d'obus, et il continue seul sa progression, lorsque plusieurs balles l'atteignent : "Oh là ! Mon Dieu" s'écrie-t-il. Le député de Nancy s'abat face à l'ennemi, sur cette parcelle de terre lorraine. Des 1200 chasseurs de Driant contre lesquels se sont acharnées les divisions du XVIIIème corps d'Armée allemand, une centaine seulement sont sauvés. Le Krönprinz s'attendait à une résistance de quelques heures. Cet arrêt imprévu de deux jours permet aux réserves d'arriver. Verdun ne tombera pas. Cette plaque commémorative a été offerte par les SaintCyriens de la promotion "Lieutenant Colonel Driant " à l'occasion du 20ème anniversaire de leur baptême et du 70ème anniversaire de la mort de leur parrain. Les combats sur la rive droite 1874-1914 - Verdun place frontière Projetée aux avant-postes frontaliers par l'annexion de l'Alsace-Lorraine (1871), Verdun devient rapidement la pièce majeure du programme de défense développé sur les frontières de l'Est à l'initiative du général Séré de Rivières. Les hauteurs enserrant la ville et le solide réduit de sa Citadelle reçoivent une double ceinture de fortifications, aménagées sans relâche de 1874 à 1914 et renforcées par des carapaces de bétons et des tourelles cuirassées. L'ossature principale déploie sur 45 kilomètres de périmètre 39 forts et ouvrages. De petits éléments disposés dans les intervalles (abris de combat, magasins et dépôts, retranchements, positions d'artillerie ...) apportent leur soutien. Ce bouclier impénétrable, occupé à la mobilisation par 66 000 hommes, irrigué par 185 kilomètres de réseau ferré militaire à voie étroite, est doté de casernes, d'arsenaux, de terrains de manœuuvre, d'un parc à dirigeable et d'un camp d'aviation. Pivot de la défense française en 1914, la place de Verdun est en 1915 largement vidée de ses moyens de défense. Les Allemands entendent alors par l'offensive "Jugement", y porter un coup brutal, rapide et décisif. 1916 - devant Verdun, une bataille de dix mois Durant 300 jours et 300 nuits, sur le mouchoir de poche fortifié des Hauts de Meuse, la plus grande bataille de l'Histoire met en œuvre des moyens humains et matériels jamais rassemblés jusque-là, constituant un tournant majeur de la Grande Guerre. C'est dans ce creuset d'enfer retourné sans cesse par un déluge de 60 millions d'obus, engloutissant 300 000 tués et disparus, meurtrissant 450 000 blessés, que survit et meurt le soldat de Verdun. Français et Allemands, seuls ou en petits groupes isolés, abandonnés dans des trous d'obus peuplés de cadavres, mal ravitaillés, en proie à la misère du froid, de la soif, de la boue, ont alors pour compagnons la peur, la folie, le désespoir et, pour simples ordres, attaquer ou tenir. Dès le 21 février, la pluie d'obus du "Trommelfeuer" hâche les positions françaises. Au Bois des Caures écrasé, une résistance de 36 heures ne peut endiguer l'assaut. Le 25 février, le fort de Douaumont est enlevé. La situation devient alors critique et la probable chute de Verdun précipite l'exode des derniers civils. Nommé le 26, le Général Pétain est décidé à mener sur place une bataille défensive : il réorganise les positions, réarme les forts, et approvisionne le front en hommes et en matériels par la Voie Sacrée. L'offensive, contenue par les sacrifices désespérés des unités, s'essouffle. En mars, Falkenhay, commandant en chef allemand, élargit son front d'attaque sur la rive gauche : on se bat avec acharnement devant Avocourt, sur les pentes du Mort-Homme et de la Cote 304. A l'autre bout de la tenaille, sur les secteurs de Vaux et de la Caillette dont les ravins, âprement disputés, prennent le surnom de "ravins de la mort", le front ploie mais ne cède pas. En mai, la Cote 304 et les lignes de défense du Mort-Homme et de Cumières sont emportées, mais chaque mètre perdu ou gagné l'est désormais au prix d'un terrible calvaire. Le fort de Vaux, atteint le 9 mars, pris le 7 juin, constitue alors le levier d'un coup de grâce qui doit être porté rapidement avant l'offensive francobritannique sur la Somme. Le 23 juin, 50 000 allemands s'élancent à la conquête des dernières hauteurs devant Verdun, occupent le plateau de Thiaumont et le village ruiné de Fleury mais butent sur l'ouvrage de Froideterre. Les 11 et 12 juillet, un ultime assaut des Allemands, désormais face à l'offensive de la Somme, vient mourir sur les superstructures du fort de Souville, à moins de 4 kilomètres de Verdun, confirmant l'impossibilité d'emporter la décision. L'offensive allemande stoppée, l'initiative change de camp. Fleury est repris le 17 août et durant l'automne, l'effort de reconquête écarte le danger devant Verdun. Le fort de Douaumont est réoccupé le 24 octobre, Vaux le 2 novembre. En décembre, l'essentiel du terrain disputé depuis 8 mois a été reconquis. Mais il faudra encore deux années et l'appui des troupes américaines en 1918 pour repousser le front au Bois des Caures. De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun" De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun" Dès août 1914, la guerre se développe aux confins de la Meuse, pour contourner puis isoler le verrou que constitue la place forte de Verdun. Après la terrible mêlée de Vaubécourt-la-Vaux-Marie le 10 septembre, le repli fixe le front sur le massif-barrière de l'Argonne. Du 20 au 25, les violents combats des Hauts de Meuse aboutissent à la formation d'un saillant autour de Saint-Mihiel, coupant la Meuse et les voies de communication 30 kilomètres à l'amont de Verdun. La résistance du fort de Troyon interdit cependant tout encerclement. Durant quatre années, "cotes", crêtes et buttes enserrant Verdun sont les lieux de terribles combats. Inscrits dans le sol aux Eparges et à Vauquois, de gigantesques entonnoirs témoignent de la guerre des mines dont les explosions engloutissent hommes et tranchées. Ce n'est qu'à l'automne 1918 que deux offensives américaines desserrent cet étau, sacrifiant 120 000 "Sammies" pour la reprise du saillant de Saint-Mihiel et la maîtrise du secteur Meuse-Argonne. Les tombes successives de Driant Selon le compte-rendu en date du 23 mars 1916, du Chasseur Paul Coisne du 56ème B.C.P., interné au camp de Cassel et témoin des derniers instants du Lieutenant-Colonel Driant, ses derniers mots ont été : "Oh ! là, là, mon Dieu !" Tombe du Colonel Driant. Photo JP le Padellec Par une intermédiaire suisse, la baronne Schrotter de Wiesbaden adresse une lettre de condoléances à Madame Driant, le 16 mars 1916. Elle lui écrit plus précisément : "Mon fils, Lieutenant d'artillerie qui a combattu vis-à-vis de Monsieur votre mari, me dit de vous écrire et de vous assurer que Monsieur Driant a été enterré, avec tout respect, tous soins, et que ses camarades ennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau (...). on va soigner le tombeau de sorte que vous le retrouverez aux jours de paix (...)". Maurice Barrès, citant cette lettre le 9 avril 1916, dans l'Echo de Paris, écrira : "Voici la lettre allemande qui clôt la vie d'un grand Français". Le souvenir du Lieutenant-Colonel Driant est hautement maintenu au musée des Chasseurs, Tombeau des Braves, qui est rattaché au service historique de l'armée de terre à Vincennes. L'histoire des tombes successives de Driant est compliquée. Après sa mort, il fut inhumé par les Allemands sur le champ de bataille. Ce n'est que le 9 août 1919 qu'il fut exhumé, identifié et enseveli de nouveau à la même place, Une nouvelle exhumation eut lieu le 9 octobre 1922, en prévision de la translation dans le monument du Bois des Caures. Celle-ci eut lieu le 21 octobre, veille de l'inauguration. Source : Conseil Général de la Meuse Verdun (55) Verdun, aujourd'hui capitale mondiale de la paix, fut l'un des champs de bataille les plus effroyables de la Grande Guerre. De février à décembre 1916, durant 300 jours et 300 nuits, des soldats, français et allemands vécurent en ce lieu, un véritable « enfer». Verdun - Porte St-Paul. Source : JP le Padellec La ville de Verdun, dans le département de la Meuse, est un ancien oppidum gaulois. Son nom, composé de ver "le gué" et de dun(o) "la hauteur" désigne un lieu dominant un ancien passage de La Meuse. Virodunum castrum gallo-romain, le site est alors fortifié, mais en vain, lorsqu'en 450 Attila la réduit à néant. En 843, les petits-fils de Charlemagne signent à Verdun le traité de partage de l'empire carolingien ; le document est considéré comme la première attestation écrite de la langue française. De 870 à 879, la cité, possession de Lotharingie, est incorporée au royaume de France, avant de tomber sous la férule de l'empire germanique othonien en 923. La ville est l'objet d'une contestation de pouvoir entre la lignée de comtes dont est issu Godefroy de Bouillon et les princes épiscopaux soutenus par l'empereur du Saint Empire Romain germanique. Une révolte sanglant permet aux bourgeois de s'affranchir de leur autorité au XIIIe siècle. Henri II de France prend la ville le 12 juin 1552 lors de la "Chevauchée d'Austrasie". Charles Quint investit la place de Metz le 18 octobre suivant. Verdun devient alors une place frontière, la menace d'un siège plane. Afin de renforcer leur pouvoir sur le comté, Henri et son successeur, François Ier, lui accordent des privilèges et modernisent hâtivement les remparts médiévaux. Des levées de terre et le flanquements de bastions triangulaires protègent les murs des tirs d'artillerie ; des ouvrages de terre à l'intérieur de la place accueillent des canons. Ville ligueuse lors des Guerres de Religion, Verdun ne se soumettra qu'après la conversion d'Henri IV. Verdun - Entrée de la citadelle. Source : JP le Padellec En 1611, Louis XIII renouvelle la protection de sauvegarde à la ville. En 1624, Richelieu décide d'achever la citadelle verdunoise. Il envoie le Maréchal de Mardillac et les ingénieurs d'Argencourt, Aleaune et Chastillon. Les travaux durent dix ans : les anciens bastions sont remplacés par de nouveaux, régulièrement répartis autour de la citadelle et reliés entre eux par un rempart. Vauban modernise le système défensif de la ville à partir de 1675. Il rajoute des demi-lunes devant l'enceinte médiévale et, entre 1680 et 1690, réalise son enceinte bastionnée et applique le principe de l'inondation défensive. Il crée notamment un rempart digue pour barrer le Pré l'Evêque et ferme les trois passages de la Meuse en Amont de Verdun par trois ponts écluses, les pont Saint-Amans, Saint-Nicolas et Saint-Airy. Au XVIIIe siècle, les efforts de la commune se portent sur la maîtrise des inondations qui touchent la ville basse. Le Pont Sainte-Croix, actuel Pont Legay, est reconstruit avec des arches plus larges. Les casernes Anthouard et Jeanne d'Arc sont créées afin de mettre un terme à l'obligation faite aux habitants de loger les soldats de la garnison. Le pouvoir royal n'entretient plus les fortifications. Seul le "Polygone des mineurs" (actuellement à Thierville, près de la caserne Niel), au Nord, est aménagé pour servir de terrain d'exercice aux troupes. Lors des guerres révolutionnaires, la place commandée par Beaurepaire, doit capituler le 30 août 1792. Les Allemands occupent ainsi la ville pendant six semaines avant de se retirer le 14 octobre face à Kellermann. Sous le Premier Empire, Verdun, éloignée du front, n'intéresse guère la commission des fortifications. Ce n'est qu'après 1815, alors que la France est remise dans ses limites de 1789, que le pouvoir entreprend des travaux de renforcement de la place sur la base des installations de Vauban : on ouvre la Porte neuve (à côte de l'actuel carrefour des Maréchaux), au Nord-Est, un courtine renforce la demi-lune de la Chaussée et celle des Minimes (actuelles rues de la Liberté et du 8 mai 1945), trois réseaux de galeries de contremines sont creusées sous le glacis du front Saint-Victor (école Jules-Ferry). Vue nocturne du carrefour des Maréchaux. Source : JP le Padellec Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, les troupes de Verdun (1500 soldats de garnison, 2000 gardes mobiles, 1400 hommes de la garde nationale sédentaire), renforcées par 2600 survivants de Sedan, commandées par le général Guérin de Waldersbach et le général Marmier, tiennent le terrain face aux 10000 recrues du prince de Saxe. Son armée encercle totalement la ville le 23 septembre, elle réquisitionne les habitants des villages alentours pour réaliser les ouvrages d'investissement. La ville, assiégée et sous le coup de 140 grosses pièces d'artillerie se rend le 8 novembre. Elle sera administrée par le préfet Bethmann-Hollweg jusqu'au 13 septembre 1873. Dès 1874, le gouvernement français, met le réarmement de Verdun au centre de ses préoccupations. Il charge le général Séré-de-Rivières de réaliser un réseau défensif de Verdun à Toul. La ville devient ainsi en quarante ans la première place fort d'Europe : dans un périmètre de 40 km autour de la ville, l'ingénieur installe deux ceintures de forts (19 en tout, dont 14 bétonnés) ; sept kilomètres de galeries souterraines parallèles de 20 mètres sous terre complète le dispositif (en 1888) ; un réseau ferroviaire de 185 km doublé d'itinéraires empierrés pour les véhicules hippomobiles et les pièces d'artillerie. Ces modifications du paysage meusien s'accompagnent de changements sociaux. La population et l'économie se "militarisent". Les soldats sont bientôt plus nombreux que les civils (27000 contre 13300), l'armée devient le premier employeur de la région, les carrières et les hauts fourneaux travaillent presque exclusivement à la construction des forts et à leur armement, le paysage sert de terrain d'entraînement aux troupes. Pendant la première guerre mondiale, zone de Verdun met en présence la plus importante concentration de troupes des deux camps qui s'affrontent pendant 300 jours, de février à juillet 1916 les pertes sous le commandement du général Nivelle feront 62 000 morts, soit 812 morts par jours. Les populations civiles ont fui la ville. Seuls l'état-major qui occupe la citadelle souterraine, et la brigade des Sapeurs Pompiers stationnée dans les caves de la Mairie, subsistent dans Verdun assiégée. La ville sera décorée de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre avec palmes par le Président de la République Poincaré le 13 septembre 1916. Le Verdunois sort exsangue des combats, la paix revenue. Les Croix Rouge française et américaine et les oeuvres du Duché du Luxembourg portent secours aux habitants de retour : une cantine est installée à la gare, un dispensaire ouvre rue Saint-Sauveur, une coopérative municipale élit domicile à l'Hôtel de Ville. Les troupes américaines restent jusqu'en mai 1919. La cathédrale, remise en état, souvenir du Verdun historique, point de repère du Poilu, et la citadelle, symbole de la résistance à l'ennemi, structurent l'espace mémoriel de la cité à côté des cimetières militaires, de la nécropole nationale de Douaumont ou de lieux combats tel le Bois-des-Caures. Monument de la Victoire. Source : JP le Padellec La reconstruction de Verdun est prévue dès 1917, appuyée par deux hommes d'Etat meusiens, Raymond Poincaré et André Maginot. Le centre ville, prévu plus au Nord de la ville sur les emprises militaires déclassées à cet effet, marque la volonté d'en accentuer le caractère industriel par la construction de deux gares ferroviaires et la réalisation d'importants aménagements portuaires. L'Etat se rend acquéreur de près de 16 000 hectares de terrain à réhabiliter, les principaux champs de bataille, dont une partie sera reboisée. Les sépultures des soldats sont regroupés dans des nécropoles nationales (Douaumont), ou dans des cimetières plus modestes (Glorieux, Bevaux). Le tombeau du soldat inconnu de Verdun est installé dans la Citadelle en 1920. La topographie urbaine évoque désormais la bataille par le nom de nouvelles rues ou le changement d'autres. On crée un musée de la guerre, le monument aux enfants de Verdun morts pour la France est inauguré en 1928 suivi par un autre dédié à la Victoire (inauguré en 1929), ainsi que celui aux 375 territoriaux morts dans l'incendie du magasin d'intendance en 1916 (square d'isly) ; les plaques commémoratives sont apposées à la Citadelle, dans les casernes, etc. A la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, Verdun renoue avec sa fonction de ville de garnison. Elle sert au rassemblement de troupes destinées à être disposées le long de la frontière Nord et Est. Le 13 mai 1940, les Allemands passent la Meuse à Sedan et prennent à revers la ligne Maginot. Suite à la prise de l'ouvrage de La Ferté et de l'encerclement de Dunkerque, le général Hutzinger donne l'ordre d'organiser la défense du verdunois. Le commandant de la place, le général Dubuisson, fait construire de obstacles anti-chars, des artilleurs sont affectés dans les forts Séré-de-Rivières, une ligne d'arrêt est aménagée entre le Bois Bourru au ravin de Besonvaux. Le 15 juin 1940, au soir, l'armée allemande entre dans Verdun. Dans les cimetières de Bévaux et du Faubourg-Pavé reposent les corps de ses défenseurs. L'armée d'occupation installe ses quartiers place de la Nation (la Freiskommandantur), dans l'hôtel du Coq-Hardi (la Feldgendarmerie), une prison est ouverte rue du Rû, les soldats investissent les casernes (Verdun sert de centre de formation pour les jeunes recrues) et les cafés tels le Café de la paix ou Le Continental ; les casernes de Thierville et de Jardin-Fontaine sont transformée en Frontstalag. La libération de la Mause prend une seamine aux troupes alliées. La Wehrmacht oppose une défense sommaire : quelques chars et éléments d'artillerie sont positionnés comme au carrefour de la Voie Sacré et de la route de Châlons, au lieu-dit du Moulin-Brûlé, dans le faubourg de Glorieux. La cité se dote à nouveau de témoignages de guerre. Le pont Beaurepaire sauvé du dynamitage par le résistant Fernand Legay, est rebaptisé en son honneur. L'avenue de la 7e DB US, celle du 8 mai 1945 ou du Général-de-Gaulle viennent enrichir la toponymie. Plaques et monuments commémoratifs surgissent : plaque en l'honneur de Legay sur le pont du même nom, les Bornes de la Voie de la Liberté, le monument aux Résistants abattus avenue de Metz, celui aux Fusillés de Thierville. La participation de la France à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a laissé son empreinte, notamment par les installations logistiques américaines. L'ancienne caserne Maginot est restaurée en 1951 et sert au logement des troupes. Au Jardin-Fontaine (ancien champ de manoeuvre de Thierville derrière la caserne Maginot), les troupes US montent des préfabriqués destinés où seront logés l'ingénierie, les services de cultes et d'autres équipements collectifs (gymnases, parkings, garages ...) des tombes de soldats sont encore visible au cimetière municipal. Les 50 hectares au bord de l'Etang Bleu sont aménagés en entrepôts et ateliers dont une partie du matériel servira au tournage du film Le Jour le plus long. La zone "Chicago", aménagée en 1953, accueille une blanchisserie puis une boulangerie. Le Fort du Rozelier est transformé en dépôt de munitions de l'OTAN destiné à recevoir des armes atomiques. Sur l'ancien aérodrome du Faubourg-Pavé, zone de Désandrouins, un hôpital est crée en 1958. La caserne de Gribauval devient un lieu d'hébergement des troupes. Le 22 septembre 1984, Helmut Kohl, Chancelier de la République fédérale d'Allemagne, et François Mitterrand, Président de la République française, ont scellé l'amitié entre les deux peuples en apposant une plaque à la mémoire des combattants à la nécropole allemande de Consenvoye, à l'occasion du 70e anniversaire de la première Guerre mondiale. Trois ans plus tard, l'Organisation des Nations Unies (ONU) attribue le statut de capitale mondiale de la Paix, des libertés et des droits de l'Homme à la cité meusienne. Tranchées et boyaux A la guerre de mouvement des mois d'août et septembre, batailles de Belgique, de Loraine, des frontières, de la Marne, suivie de la course à la mer, les tranchées plus ou moins aménagées font leur apparition dès octobre 1914. Les troupes sont épuisées les pertes énormes, les premiers mois de guerre font l'objet de pertes humaines, tués, blessés, prisonniers et disparus, plus importantes que chacune des années 15-16-17 et 18 où les moyens de destruction, artillerie, gaz de combat et lance-flammes deviennent de plus en plus efficaces et meurtriers. La tranchée aménagée et régulièrement améliorée, feu de combat doté d'abris, d'emplacement de guetteurs et de crénaux de tir. Source : Conseil Général de la Meuse Dans cette guerre de tranchées qui dure de fin 1914 à juillet 1918, les assaillants rencontrent un réseau de barbelés plus ou moins important dont les fils enchevêtrés ralentissent leur avance sous les feux meurtriers de mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, lance-grenades, crapouillots et ou minenweefer légers ; sur la lèvre de la tranchée en zig zag ou à angle droit pour éviter les tirs en enfilade, côté ennemi une banquette de tir aménagée (sacs de terre avec créneau) permet de surveiller et de battre le cas échéant le champ de tir plus ou moins profond entre les deux lignes adverses. De proche en proche sont installés des postes de guet pourvus de guetteurs, sentinelles ou observateurs d'artillerie avec ou sans bouclier métallique. Dans un ou deux épis creusés vers I'avant ou tout simplement dans un imposant trou d'obus aménagé s'installe un poste d'écoute d'où l'on peut intercepter des communications téléphoniques ennemies, source de renseignements indispensables en complément de ce que l'on peut observer. Plusieurs épis dits "parallèles de départ" en prévision d'une attaque sont creusés sur ordre du commandement, pour une sortie rapide vers l'ennemi des combattants donnant l'assaut. Au fil du temps et des relèves successives, ces tranchées s'améliorent et se réparent sous les effets des tirs d'artillerie, des intempéries, etc... L'arrière de cette ligne de tranchée est atteint par des boyaux profonds, permettant relèves, évacuations sanitaires, ravitaillement et acheminement des munitions et matériels nécessaires à l'aménagement de sapes, d'abris, de postes de commandement; etc.. Plusieurs réseaux de tranchées peuvent ainsi se succéder en profondeur, plus ou moins camouflés aux vues et photos aériennes, ce qui offre la possibilité de dispersion des effectifs, rapidement regroupés le cas échéant. Au-delà se situent cuisines roulantes, postes de secours, batteries d'artillerie, bases arrières avancées des unités engagées, antenne chirurgicale. Si à Verdun les tranchées n'existent pas dans les secteurs au coeur de la bataille, en raison des bombardements violents et permanents, des différences d'aménagements de ces tranchées sont encore visibles en Meuse, notamment dans la forêt d'Apremont du Saillant de Saint-Mihiel, de Bois d'Ailly et Brûlé où les allemands utilisent depuis 1914 le mot "Enfer". Source : Conseil Général de la Meuse