Alors que l`adoption d`une nouvelle loi démantèle les droits fonciers
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Alors que l`adoption d`une nouvelle loi démantèle les droits fonciers
Pour plus d’informations, veuillez contacter : Jenna DiPaolo Colley, +1 202-412-0331 / [email protected] *** POUR DIFFUSION IMMÉDIATE *** Alors que l’adoption d’une nouvelle loi démantèle les droits fonciers des peuples autochtones péruviens, le Forum international des femmes autochtones montre la marche à suivre pour de meilleures approches Plus de 60 femmes autochtones du monde entier se sont réunies pour discuter de leur rôle central dans la lutte contre le changement climatique Lima, Pérou (16 juillet 2014) - Lors d’un forum international qui s’est tenu aujourd’hui à Lima sur le thème des droits communautaires relatifs à la terre et aux ressources, des femmes du monde entier ont appelé à inclure les points de vue des femmes autochtones et à encourager leur participation au dialogue sur les politiques nationales et internationales d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Ces recommandations, qui visent à garantir la reconnaissance des droits et contributions des femmes, ont été émises par plus de 60 femmes autochtones originaires de quinze pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et sont axées sur trois problématiques : a) la participation effective des femmes et communautés autochtones aux processus décisionnels relatifs aux politiques sur le changement climatique au niveau national et international ; b) les droits collectifs des femmes sur la terre et les forêts ; et c) l’intégration des points de vue des femmes autochtones et de leur gestion des ressources naturelles au sein des politiques publiques. « Pendant trop longtemps, les femmes péruviennes et du monde entier ont été exclues des décisions qui affectaient leurs vies et leurs moyens d’existence. Historiquement, la gouvernance de la terre et des ressources relevait de telles décisions, avec des répercussions peut-être parmi les plus importantes et dévastatrices » a déclaré Omaira, directrice de programme régional - Amérique latine de l’Initiative des droits et ressources (RRI). « Respecter et intégrer les droits collectifs des femmes sur la terre et les ressources est essentiel pour garantir le succès des stratégies nationales d’adaptation au changement climatique ainsi que des initiatives internationales de développement économique. Ces recommandations ouvrent la voie aux discussions à tous les niveaux : au sein des communautés, des cadres juridiques nationaux et des dialogues mondiaux sur les stratégies climatiques ». Des fonctionnaires des ministères péruviens de la femme, de l’environnement et des affaires étrangères ont assisté à la séance publique du Forum international des femmes autochtones qui s’est tenue le 16 juillet 2014, et chacun s’est engagé à collaborer étroitement avec les organisations autochtones et de la société civile avant la Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se déroulera à Lima, en décembre, afin de s’assurer que les recommandations faites par les participants sont prises en compte. « Il ne devrait y avoir aucune différence entre l’accès des hommes et des femmes à leurs ressources naturelles. Ceci est d’autant plus important quand il est question de la terre et des droits », a déclaré Ernesto Reaz, conseiller du ministre péruvien de l’environnement Manuel Pulgar Vidal et coordinateur de la participation de la société civile à la COP. « Nous devons nous assurer que nos propositions à la COP sont ancrées dans la réalité des hommes et des femmes au sein des communautés ». En dépit du rôle considérable que jouent les femmes dans la gestion des ressources, et de leurs connaissances pour protéger l’environnement, celles-ci représentent encore souvent le groupe le plus marginalisé et vulnérable au sein des communautés autochtones. Par exemple, les participantes au forum ont souligné les risques (tels que l’incapacité à nourrir leurs familles ou la perte des moyens d’existence) associés au fait de ne pas inclure les points de vue des femmes et leurs connaissances sur la terre et les forêts au sein des discussions relatives à l’utilisation et à la gestion de ces ressources. « Les femmes autochtones jouent un rôle indéniable dans la conservation de la nature et l’adaptation au changement climatique car leurs vies sont étroitement liées à la terre et aux forêts dont elles dépendent », a déclaré Gladis Vila Pihue, présidente de l’Organización Nacional de Mujeres Indígenas Andinas y Amazónicas del Perú (ONAMIAP, Organisation nationale des femmes autochtones andines et amazoniennes du Pérou). « Pourtant, en dépit des commentaires positifs de la ministre aujourd’hui, mon gouvernement a récemment décidé de contourner les droits autochtones, au moment même où il aurait dû montrer l’exemple en tant qu’hôte de la COP cette année. Le Pérou devrait continuer à défendre les stratégies efficaces que les peuples autochtones utilisent depuis des siècles comme outils de conservation de la nature ». « Mais nous ne sommes pas consternés », a précisé Vila Pihue. « Ce forum représente une bonne occasion pour exprimer nos besoins et émettre nos recommandations au gouvernement péruvien. C’est le point de départ d’une collaboration suivie entre nous tous (femmes autochtones, amazoniennes et andines) et le gouvernement péruvien, et nous espérons qu’à l’issue de cette conversation, nos points de vue seront adoptés comme étant des éléments nécessaires à la stratégie péruvienne sur le changement climatique ». Et cette injustice ne se limite pas au Pérou. Elle se répète dans le monde entier. Au Kenya, où la terre est souvent détenue de façon collective par des familles et des clans élargis, les hommes contrôlent généralement la terre. Bien que les femmes accomplissent la plupart des tâches agricoles, à peine cinq pour cent d’entre elles possèdent des terres enregistrées à leur nom. Au Népal, les pères peuvent transmettre leurs terres à leurs fils mais pas à leurs filles, sauf si ces dernières demeurent célibataires après l’âge de 34 ans. Bien que les femmes népalaises, comme au Kenya, accomplissent la plupart des tâches agricoles, elles ne possèdent qu’environ dix pour cent du domaine foncier. « Les femmes produisent près de la moitié des denrées cultivées dans le monde en voie de développement et sont souvent les premières à porter le fardeau supplémentaire que représente l’adaptation au changement climatique. Pourtant, très peu d’entre elles jouissent de droits reconnus témoignant de leur contribution », a déclaré Cecile Bibiane Ndjebet, présidente de l’African Women's Network for Community Management of Forests (REFACOF, Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts) et l’une des participantes au forum international. « Les femmes doivent s’unir dans le cadre de la lutte pour la reconnaissance de leurs droits. Sans notre sagesse et participation, toute mesure visant à protéger la planète de la menace que fait peser le changement climatique avortera. Il s’agit de notre combat à toutes ». Les participants au forum ont formulé douze recommandations, dont celles ci-dessous, afin que le gouvernement péruvien les promeuve lors de la COP 20 : assurer la conformité et l’application des normes et lois internationales protégeant les droits collectifs des peuples et femmes autochtones, notre droit à l’autodétermination et le consentement libre, informé et préalable ; donner la priorité à la tenure et à la délivrance de titres de propriété collectifs sur les terres et territoires afin d’assurer la participation des femmes ; réviser et mettre à jour les cadres juridiques pour garantir la participation active, efficace et égale des femmes autochtones à tous les stades et à tous les niveaux des processus décisionnels, de l’administration et de la représentation ; créer des mécanismes de participation pour développer, améliorer et renforcer la capacité des femmes autochtones et de nos organisations, et assurer la participation égale au sein des lieux de décision ; respecter et reconnaître la vision du monde de nos peuples et l’autodétermination de nos territoires, qui se sont construits sur plusieurs milliers d’années, grâce à la possibilité de participer aux politiques publiques se rapportant aux ressources naturelles et aux forêts ; exiger des États qu’ils donnent la priorité à l’adaptation des communautés au sein des territoires autochtones, avec la participation active des femmes, de façon à assurer la conservation et restauration des écosystèmes et de la biodiversité ; assurer la participation des peuples et communautés autochtones, et notamment la parité hommes-femmes dans la conception et la mise en œuvre des mécanismes juridiques et financiers pour les politiques sur le changement climatique. Le Forum international des femmes autochtones, terres et changement climatique : défis et opportunités en vue de la COP20 était organisé conjointement par l’Organización Nacional de Mujeres Indígenas Andinas y Amazónicas del Perú (ONAMIAP, Organisation nationale des femmes autochtones andines et amazoniennes du Pérou), l’Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana (AIDESEP, Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne) et l’Initiative des droits et ressources (RRI). Le forum a rassemblé plus de 60 femmes autochtones de 15 pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique ainsi que des experts dans différents domaines, des organisations non gouvernementales et de la société civile et des représentants du gouvernement péruvien. ### L’Initiative des droits et ressources (RRI) L’Initiative des droits et ressources (RRI) est une coalition mondiale de 14 Partenaires et de plus de 140 organisations internationales, régionales et communautaires engagée à promouvoir les réformes de la tenure, des politiques et des marchés forestiers. RRI s’appuie sur la collaboration et l’investissement stratégiques de ses Partenaires et Collaborateurs à travers le monde. Elle travaille avec eux dans les domaines de la recherche et du plaidoyer et réunit des acteurs stratégiques pour encourager les changements sur le terrain. RRI est coordonnée par le Groupe des droits et ressources, une organisation à but non lucratif basée à Washington, DC. Pour plus d’informations, consultez www.rightsandresources.org.