Architecture USA

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Architecture USA
Universalis : ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture
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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et
culture)
L'architecture
Sommaire
Introduction
L'architecture coloniale espagnole
La Nouvelle-Angleterre
Le XVIIIe siècle georgien
Autour de l'Indépendance
Thomas Jefferson, président-architecte
La nouvelle Athènes
Le pittoresque
Le néo-gothique victorien
La modernité néo-romane de Henry H. Richardson
L'École des beaux-arts et l'Amérique
Le monumentalisme de l'agence McKim, Mead & White
L'École de Chicago
Louis Sullivan
Frank Lloyd Wright
Innovations dans l'habitat californien
L'architecture Art déco
Le style international
Le classicisme du style international d'après guerre
Le purisme de Mies van der Rohe
Variations sur le style international
Les contestations du style international
Louis Kahn
Le postmodernisme
Entre Rome et Las Vegas : Robert Venturi
Le néo-corbusianisme de Richard Meier
Philip Johnson et le pluralisme contemporain
Les architectures du déconstructivisme
Les derniers feux du postmodernisme
Vers une nouvelle génération de tours
L'architecture à l'ère de la mondialisation
Les suites du 11 septembre 2001 : la difficile gestation d'un projet commémoratif
Bibliographie
Comme les autres arts, l'architecture des États-Unis a été travaillée par le désir de déclarer son
indépendance artistique vis-à-vis de l'Europe et de parvenir à l'originalité. Mais cette aspiration s'est
réalisée de manière ambiguë. Longtemps tributaire de modèles puisés aux sources des anciennes
puissances coloniales (la Grande-Bretagne, mais aussi l'Espagne), l'architecture américaine a commencé à
s'émanciper après la guerre de Sécession avec l'essor du gratte-ciel et de l'habitat unifamilial.
Dans l'entre-deux-guerres, le style Art déco a incarné une spécificité culturelle, comme une sorte de style
national. Puis l'irruption du Mouvement moderne aux États-Unis a coïncidé avec la période hégémonique
du pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Marquées par une sorte de classicisme moderne,
quelques métropoles américaines de cette époque sont devenues les capitales du XXe siècle. À partir des
années 1970, les incertitudes postmodernes caractérisent une période de doute en rupture avec le
classicisme triomphant et l'inébranlable confiance en soi. Le temps n'est plus où l'architecture américaine
était considérée comme un miroir de l'avant-garde. L'architecte et théoricien italien Aldo Rossi n'écrit-il
pas dans son Autobiographie scientifique (1981) que « nulle part l'architecture moderne n'a échoué
comme aux États-Unis. S'il existe une transplantation et une transformation à analyser, il faut les
rechercher dans la grande architecture parisienne de la période Beaux-Arts, dans l'architecture
académique allemande et naturellement, dans les aspects les plus accomplis de la ville et de la campagne
anglaises » ? On ne voit plus les États-Unis seulement comme le théâtre de la vie future et de la
modernité, mais aussi comme le lieu de l'implantation à une autre échelle de la culture traditionnelle
européenne.
L'architecture coloniale espagnole
Si l'on excepte le patrimoine architectural construit par les Indiens, les premières réalisations sont celles
des colons espagnols. Ceux-ci ont adopté certaines techniques locales et les ont associées à des savoir-faire
et à des modèles venus de la métropole. L'architecture coloniale espagnole doit son originalité et sa force à
cette synthèse, en témoignent les édifices construits sur le territoire devenu ultérieurement l'État du
Nouveau-Mexique. Le palais des gouverneurs construit en adobe (brique crue) à Santa Fe entre 1610 et
1614, traduit un emprunt aux techniques indiennes. Si le porche est un élément venu d'Espagne, le toit
plat et les poutres apparentes ou vigas appartiennent aux traditions pueblos. Pour les Espagnols, le sudouest des futurs États-Unis était surtout un territoire à évangéliser. Instruments de cette conquête, les
missions construites au XVIIe siècle par l'ordre des Franciscains répondent à des impératifs à la fois
liturgiques et militaires, comme le montre par exemple la mission d'Acoma, Nouveau-Mexique, consacrée
à San Estevan (1629-1642). Le fruit des murs, la façade surmontée de deux tours, la simplification
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volumétrique des différents corps de bâtiments (église, bâtiments conventuels, dépendances), les surfaces
lisses et les toits plats portés par des poutres en bois dont les extrémités forment des saillies apparentes :
telles sont quelques-unes des caractéristiques de cette architecture dont le « primitivisme » a trouvé des
échos au XXe siècle, par exemple dans la peinture de Georgia O'Keeffe. Cette artiste, mariée au
photographe Alfred Stieglitz, séjourne régulièrement au Nouveau-Mexique de 1929 à 1949 et y peint
plusieurs missions. Ce style colonial espagnol a fait l'objet de résurgences périodiques dans l'architecture
des États de l'Ouest, y compris au XXe siècle.
La Nouvelle-Angleterre
En Nouvelle-Angleterre, au XVIIe siècle, l'architecture des colons connaît des débuts modestes. Le bois
constitue le matériau le plus utilisé pour des maisons austères généralement à deux niveaux ancrés dans le
sol par la cheminée de brique ou de pierre placée au centre. Parmi les témoignages qui ont subsisté de
cette époque, on peut citer la maison aux sept pignons (The House of the seven gables) à Salem (1670) ou
la demeure construite par ses paroissiens pour le pasteur Joseph Capen à Topsfield, Massachusetts, en
1683.
La maison de réunion (Meeting House) est un type architectural propre à ces colonies. L'accent mis sur la
prédication a engendré des modifications de l'église dont l'espace s'organise davantage autour de la chaire
que de l'autel. Les pèlerins de Plymouth ont ainsi adapté aux nécessités du rite puritain les églises
hollandaises dont ils avaient l'expérience ou le souvenir. Véritables granges dépourvues d'ornements, ces
maisons de réunion font leur apparition dans la seconde moitié du XVIIe siècle et sont construites tout au
long du XVIIIe siècle. Une des plus remarquables est l'Old Ship Meeting House édifiée à Hingham,
Massachusetts, en 1681.
Le XVIIIe siècle georgien
Le XVIIIe siècle coïncide avec la diffusion du style georgien ; celui-ci apparaît à Williamsburg devenue la
nouvelle capitale de la Virginie en 1699. Trois bâtiments principaux structurent le centre de la ville : le
collège de William and Mary (1695-1702), le capitole et le palais (1706-1720). Ils se caractérisent par leur
axialité, par des combles en croupe, le souci des proportions, la mise en valeur de la partie centrale et des
fenêtres à guillotine.
Les colons vont adapter au contexte américain des modèles palladiens popularisés en Angleterre.
L'influence de Christopher Wren et, au-delà, celle de Palladio modèlent l'architecture georgienne du
XVIIIe siècle ; la diffusion du palladianisme ayant été renforcée par la publication de nombreux ouvrages,
parmi lesquels il faut citer l'édition anglaise des œuvres de Palladio par Giacomo Leoni (1715-1720), le
Vitruvius Britannicus de Colen Campbell (1715-1725), le très influent A Book of Architecture de James
Gibbs (1728), le Palladio Londinensis de William Salmon (1734) et le recueil Select Architecture de Robert
Morris (1755). L'anglo-palladianisme est particulièrement approprié aux demeures patriciennes dont les
exemples les plus fameux sont Westover dans le comté de Charles City en Virginie (1730), Drayton Hall
près de Charleston, Caroline du Sud (1738-1742), Mount Airy à Richmond (1758-1762) ou encore Mount
Pleasant à Philadelphie (1761).
L'architecture religieuse illustre aussi cette reprise des modèles britanniques, en particulier ceux de James
Gibbs qui, à l'église londonienne de St Martin in the-Fields (1721-1726) avait associé une flèche à un
portique de temple. L'église St Michael à Charleston, Caroline du Sud (1752-1761) témoigne de cette
filiation.
Dans ce contexte de néo-palladianisme, l'architecte d'origine anglaise Peter Harrison (1716-1776) s'impose
par la qualité de ses créations, à Boston avec la King's Chapel (1749-1754), et à Newport, Rhode Island,
avec la bibliothèque Redwood (1748-1750) et la synagogue (1759-1763). Quant à Charles Bulfinch (17631844), premier architecte de renom né sur le sol américain, il impose sa version du néo-palladianisme à
Boston avec la réalisation du Massachusetts State House (1795-1797) et la construction de l'ensemble
urbain de Tontine Crescent (1793-1794). Il a également contribué à l'achèvement du Capitole à
Washington (1818-1829).
Le Capitole à Washington, 2
Le Capitole, siège du Congrès fédéral, à Washington.
photographie
Crédits: Travelpix Ltd/ Photographer's Choice RR/ Getty
Autour de l'Indépendance
Dans les années 1770, le néo-palladianisme georgien cède le pas à un style inspiré des frères Adam,
mélange de formes de la Renaissance, d'architecture antique et d'élégants motifs rococo. Le style des
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frères Adam qui a coïncidé avec l'époque de la guerre d'Indépendance et les premières années de la jeune
république, est pour cette raison appelé style fédéral. On lui doit notamment la variété des volumes
extérieurs de la demeure Point of Honor à Lynchburg, Virginie (vers 1815). La maison dite The Octagon
(1799-1802) construite à Washington par William Thornton est par ses formes variées (plan hexagonal,
entrée circulaire, etc.) symbole de la liberté récemment conquise.
Thomas Jefferson, président-architecte
La personnalité de Thomas Jefferson (1743-1826) domine la période de l'Indépendance. Troisième
président des États-Unis et architecte autodidacte, il a mis à l'honneur l'architecture des temples romains
avec la construction du Virginia State Capitol (1785-1798) à Richmond, Virginie, bâtiment qui a fait école.
Jefferson, qui avait été diplomate en Europe de 1784 à 1789, avait pu connaître et apprécier directement
l'architecture romaine, en particulier la Maison carrée de Nîmes. Dans sa propriété de Monticello située
près de Charlottesville, Virginie, dont la construction commencée en 1768 a duré près de quarante ans,
Jefferson avait proposé un essai d'architecture par lequel il entendait revenir à une application plus
rigoureuse des sources antiques et des ordres de l'architecture romaine tout en s'inspirant du traité de
Palladio édité par Giacomo Leoni et de Select Architecture de Robert Morris. Le campus de l'université de
Virginie à Charlottesville (1817-1826) est conçu comme un village académique. À partir de la Rotonde
centrale, réplique deux fois plus petite du Panthéon de Rome, qui abrite la bibliothèque, dix pavillons à
portiques, reliés par des murs au plan ondulant et des colonnades, forment deux ailes pour les salles de
cours et les logements des professeurs. Chaque pavillon possède une ordonnance spécifique et doit servir,
dans l'esprit de Jefferson, de modèle de bon goût et de correction architecturale.
La nouvelle Athènes
Bien que Thomas Jefferson se soit fait le propagandiste de l'architecture romaine, c'est le style néo-grec
qui s'est imposé dans l'architecture publique et même privée de la première moitié du XIXe siècle.
Évoquant la démocratie athénienne dont la jeune république se réclamait et dont elle entendait
poursuivre les idéaux politiques, le Greek Revival a pu faire figure de style national américain et a connu
son apogée dans les années 1830 et 1840.
Benjamin H. Latrobe (1764-1820) qui ambitionnait de recréer dans les forêts de l'Amérique les fastes de la
Grèce de Périclès en fut l'initiateur avec la Banque de Pennsylvanie à Philadelphie (1798-1800) dotée de
deux portiques ioniques. Après avoir soumis un premier projet néo-gothique, Latrobe conçoit avec la
cathédrale St Mary de Baltimore (1805-1821) une œuvre avec portique ionique et dôme à caissons inspiré
de la Banque d'Angleterre construite à Londres par John Soane dans les années 1790.
William Strickland contribue quant à lui à l'affirmation du style néo-grec avec la seconde banque des États
-Unis (1818-1824) dont le modèle est le Parthénon. Son bâtiment du Merchants' Exchange (1832-1834) se
distingue par une colonnade semi-circulaire couronnée d'une réplique d'un autre édifice athénien, le
monument choragique de Lysicrate. Ce même couronnement surmonte le capitole de l'État du Tennessee
à Nashville (1845-1859), animé de quatre portiques ioniques.
L'architecture privée n'est pas en reste et adopte le style néo-grec, comme en témoigne parmi bien
d'autres exemples le puissant portique dorique de la résidence Andalusia près de Philadelphie (vers 1797
et 1834) construite par Thomas U. Walter.
Le pittoresque
L'austérité de l'architecture néo-grecque a provoqué une réaction en faveur de formes jugées moins
intimidantes. La sensibilité romantique nourrie de la lecture des romans de Walter Scott favorise
l'émergence de courants pittoresques et éclectiques grâce à des ouvrages illustrés largement diffusés.
Au cours de sa longue carrière, Alexander Jackson Davis (1803-1892), associé à l'architecte Ithiel Town, a
construit dans le style néo-grec plusieurs capitoles d'État à Indianapolis (1831-1835) et à Raleigh, Caroline
du Nord (1833-1840). Mais il a surtout, à partir du milieu du XIXe siècle, contribué à répandre le goût du
pittoresque pour les maisons et les cottages. De style néo-gothique (le Carpenter Gothic), dans le goût des
villas italiennes ou des chalets suisses, ces maisons se caractérisent par leur relation ouverte à
l'environnement, l'irrégularité de leur plan et de leurs volumes et la finesse des détails décoratifs.
L'ensemble néo-gothique de Lyndhurst à Tarrytown (1838-1842, 1865-1867) représente le point
culminant de ce qu'on a appelé le Hudson River Gothic. L'audience d'A. J. Davis en tant qu'arbitre du goût
a été accrue par la publication de son livre Rural Residences (1838) et surtout par le fait qu'il est l'auteur
des illustrations d'ouvrages célèbres du jardinier paysagiste Andrew Jackson Downing (1815-1852),
comme Cottage Residences (1841) et surtout The Architecture of Country Houses (1850). Ces livres
proposaient des modèles de maisons qui ont été largement copiés et adaptés parce qu'ils répondaient à
une vision romantique et idéale de l'architecture domestique, à la fois refuge et garant de la stabilité de la
cellule familiale.
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La charpente ballon (balloon frame) est une technique de construction en bois dont les pièces
standardisées ne sont plus assemblées à tenons et à mortaises, mais sont clouées entre elles. Cette
technique facile à réaliser qui aurait été mise au point à Chicago dans les années 1830, a permis le
développement des maisons des pionniers et est encore utilisée de nos jours. Dans cette perspective la
maison est essentiellement une ossature en bois qu'il faut ensuite habiller et décorer. À partir des années
1870, les architectes tirent parti de cette technique en mettant en valeur l'assemblage avec les maisons
dites du Stick Style, ou bien insistent sur le revêtement de bardeaux (shingles) qui enveloppent l'ossature
telle une membrane : ce sont alors les réalisations du Shingle Style.
Le néo-gothique victorien
Sans connaître la même importance que le style néo-grec, le néo-gothique a représenté sous diverses
formes une solution de rechange aux sévérités d'inspiration antique. Le Carpenter Gothic très populaire
s'est imposé dans les maisons individuelles tandis que pour les édifices cultuels, Richard Upjohn,
représentant du gothique ecclésiologiste inspiré par l'architecte anglais Augustus W. N. Pugin, propose
son interprétation du gothique avec Trinity Church à New York (1841-1846). À partir des années 1860, les
écrits de John Ruskin attirent l'attention sur le gothique victorien (High Victorian Gothic) dont
l'éclectisme puise à des précédents gothiques allemands et italiens. De nombreux bâtiments publics
(églises, universités, bibliothèques, etc.) ont été construits dans ce style.
Frank Furness (1839-1912) pousse à son paroxysme l'éclectisme et l'hétérogénéité du High Victorian
Gothic. Dès ses premières œuvres, comme par exemple la Pennsylvania Academy of the Fine Arts à
Philadelphie (1871-1876), il accumule détails discordants et surdimensionnés, combinaisons hétérodoxes
de couleurs, de textures et d'ornements, mélange de motifs gothiques victoriens et d'éléments empruntés
à l'architecture française du second Empire. La bibliothèque de l'université de Pennsylvanie (1887-1891) à
Philadelphie dite Furness Building est une véritable anthologie de détails puisés dans toute l'histoire de
l'architecture. Mais l'excès d'éclectisme tue ici l'idée même d'éclectisme. Quant au Provident Life and
Trust Company Building (1876-1879) qui témoigne de l'influence de Viollet-le-Duc, il frappe par son
caractère agressif et son aspect anthropomorphique. Frank Furness y brise les règles de composition
traditionnellement admises et procède à des entrechoquements d'échelles et de matériaux. Longtemps
sous-estimée, son importance est maintenant reconnue, et ce n'est pas un hasard, par un architecte
contemporain lui aussi désireux de briser les règles, Robert Venturi.
La modernité néo-romane de Henry H. Richardson
Henry Hobson Richardson (1838-1886) a parfois été considéré comme le fondateur de l'architecture
moderne aux États-Unis. C'est peut-être exagérer le côté novateur de son architecture, mais il n'en reste
pas moins que son influence a été grande. Sa carrière relativement brève mais très féconde s'inscrit dans
la période postérieure à la guerre de Sécession au cours de laquelle le pays se reconstruit et se développe à
un rythme rapide. Richardson est intervenu dans tous les programmes importants : tribunal, bâtiments
universitaires, bibliothèques, immeubles de bureaux, églises, gares, magasins, maisons particulières, etc.
Pour lui, ce n'est plus l'Angleterre, mais la France qui devient la source principale de modèles
architecturaux. Ayant étudié à I'École des beaux-arts de Paris au début des années 1860, il est
impressionné par l'architecture romane, en particulier celle des églises d'Auvergne. Sa modernité réside
dans une simplification des formes qui élimine dans une large mesure l'ornement surchargé et le détail
historiciste. Il met en valeur la maçonnerie puissante des murs par la variété des bossages et la diversité
des matériaux utilisés : granit, grès, calcaire. Parmi ses nombreuses réalisations, on peut retenir Trinity
Church à Boston (1872), la bibliothèque Crane à Quincy, Massachusetts (1880-1882), Sever Hall sur le
campus de l'université Harvard à Cambridge, Massachusetts (1878-1880), la maison Stoughton également
à Cambridge (1882-1883) et le magasin de gros Marshall Field à Chicago (1885-1887). Ses édifices ont une
présence imposante, image d'une puissance américaine qui cherche alors à s'affirmer. Henry
H. Richardson a exercé une profonde influence sur la génération des architectes des années 1880 et 1890,
en particulier sur Louis H. Sullivan.
L'École des beaux-arts et l'Amérique
En 1846, Richard Morris Hunt est le premier d'une longue lignée d'architectes américains à venir étudier à
l'École des beaux-arts de Paris. L'événement est en soi symbolique. Après les caprices et l'exhibitionnisme
de la mode du High Victorian Gothic, le système des Beaux-Arts fondé sur l'étude minutieuse des
structures grecques et romaines, les compositions symétriques et le soin de rendus bidimensionnels
apparaissait comme une école de rigueur et de grandeur particulièrement apte à répondre aux besoins
d'une Amérique en plein développement économique et social. La tradition « Beaux-Arts », qui
synthétisait la culture architecturale du XVIe au XIXe siècle, permettait à l'Amérique de se penser dans la
continuité de l'Europe continentale. L'influence de l'École des beaux-arts dans l'enseignement comme
dans les constructions a été durable aux États-Unis et n'a été supplantée qu'à la veille de la Seconde
Guerre mondiale avec l'arrivée d'architectes européens d'avant-garde qui apportaient les méthodes
pédagogiques du Bauhaus.
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Richard Morris Hunt (1827-1895) s'est particulièrement illustré dans la construction de demeures
somptueuses commanditées par des dynasties de magnats qui sont un peu les héros de cette période du
Gilded Age : résidence William K. Vanderbilt à New York (1882), The Breakers résidence construite dans
le style d'un palais génois du XVIe siècle à Newport, Rhode Island (1895), ou encore l'étonnant château de
Biltmore House à Asheville, Caroline du Nord (1895). Le New York Tribune Building considéré comme
l'un des premiers gratte-ciel (1876), la base et le piédestal de la statue de la Liberté (1886), l'entrée
monumentale du Metropolitan Museum of Art de New York (1895-1902) ne sont que quelques-uns de ses
nombreux édifices publics. Son rôle a été particulièrement influent dans la conception architecturale de
l'exposition internationale de Chicago (Columbian Exhibition) pour laquelle il construit le pavillon de
l'administration dans un style inspiré du Panthéon de Rome (1893).
Le monumentalisme de l'agence McKim, Mead & White
De grandes agences ont illustré le système des Beaux-Arts : Smithmeyer and Pelz, responsable de
l'imposante bibliothèque du Congrès à Washington (1889-1897), ou Carrère and Hastings avec la non
moins monumentale bibliothèque publique de New York (1902-1911). Mais l'agence la plus influente dans
ce domaine fut incontestablement celle de McKim, Mead and White qui a laissé une forte empreinte à
New York et à Boston notamment. Si leur maison William G. Low à Bristol, Rhode Island (1886-1887),
unifiée sous un vaste pignon triangulaire est un des chefs-d'œuvre du Shingle Style, ces architectes ont
également construit plusieurs maisons de ville comme les Villard Houses à New York (1882-1885)
d'inspiration Renaissance. La bibliothèque publique de Boston (1887-1895) est une variation sur la
bibliothèque Sainte-Geneviève d'Henri Labrouste à Paris. D'autres bibliothèques ont assuré la notoriété
de l'agence : bibliothèque néo-Renaissance J. P. Morgan à New York (1902-1907), bibliothèque Low de
l'université Columbia (1893) en forme de rotonde inspirée du Panthéon d'Hadrien. Outre leur
participation à l'exposition de Chicago où ils construisent le pavillon de l'agriculture, les architectes ont
agrandi le Metropolitan Museum of Art de New York (1904-1920). Le hall de la monumentale
Pennsylvania Station à New York (1902-1910, détruite) représentait un avatar contemporain des thermes
de Caracalla tandis que les quais étaient couverts d'une gigantesque structure transparente de verre et
d'acier d'une surprenante modernité. L'agence a pratiqué un éclectisme à l'éventail largement ouvert
allant, selon le souhait des maîtres d'ouvrage, de l'architecture impériale romaine à l'architecture de
l'époque coloniale en passant par les différents styles de la Renaissance européenne. Fondée sur une vaste
culture et un savoir-faire irréprochable dans le domaine du plan et de la construction, l'œuvre de l'agence
McKim, Mead and White, malgré son aspect traditionnel, n'a pas été sans exercer une fascination sur des
esprits modernistes. On peut supposer que c'est entre autres à eux que pense Le Corbusier lorsqu'il écrit à
propos de New York dans son compte rendu de voyage aux États-Unis en 1937 Quand les cathédrales
étaient blanches : « C'est donc à New York que j'apprends à apprécier la Renaissance italienne. On croirait
que c'est vrai, tant c'est bien fait. Cela a même une fermeté étrange, nouvelle, qui n'est plus italienne, mais
américaine ! »
Malgré les critiques de Lewis Mumford qui dans Sticks and Stones (1924) dénonce les masques et les
mensonges des façades « impériales » données aux édifices américains, l'architecture « Beaux-Arts » est
restée présente jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, en particulier pour les monuments publics de
Washington. Il en est ainsi du Lincoln Memorial (1911-1922) de Henry Bacon, de la National Gallery of Art
(1937-1941) et du Jefferson Memorial (1937-1943) par John Russell Pope. Quant à Paul Philippe Cret
(1876-1945), architecte d'origine française formé à l'École des beaux-arts et installé aux États-Unis, il a
contribué à affirmer l'influence de l'institution parisienne dans l'Amérique de l'entre-deux-guerres. On lui
doit entre autres le Detroit Institute of Arts (1919-1927) et, à Washington, la Folger Shakespeare Library
(1928-1932).
L'École de Chicago
Après l'incendie d'octobre 1871 la ville de Chicago, qui est rapidement reconstruite, sert de cadre à une
véritable architecture commerciale (immeubles de bureaux, grands magasins, etc.) largement
indépendante des styles historiques. La construction à ossature en acier qui se généralise à partir de la fin
des années 1880 soulève des problèmes inédits d'échelle et de formes que les praticiens se sont efforcés de
résoudre dans un esprit pragmatique d'ouverture aux innovations. Si William Le Baron Jenney (18321907), qui a complété sa formation à l'École centrale des arts et manufactures à Paris entre 1853 et 1856,
se fait connaître comme concepteur de parcs et urbaniste de banlieues résidentielles, en particulier à
Riverside, Illinois, il se montre surtout soucieux d'appliquer à Chicago les nouvelles techniques de
construction dans les bâtiments commerciaux. Le premier Leiter Building (1879) et le Home Insurance
Building (1884-1885) offrent la possibilité de tester l'ossature métallique. Les élévations sévères et
dépouillées du grand magasin dit second Leiter Building (1889-1891) montrent un parti pris de percement
des façades et de régularité. Avec le Manhattan Building (1889-1891) qui a seize niveaux et le Ludington
Building (1891), Jenney affirme les possibilités nouvelles offertes par l'ossature en acier, mais le problème
esthétique n'est pas vraiment résolu parce que l'édifice n'a aucune unité organique.
L'agence Burnham et Root qui a fonctionné de 1873 à 1891, date de la mort prématurée de John Root, a
construit de très nombreux édifices (hôtels, églises, magasins, maisons particulières), mais elle s'est
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surtout fait connaître dans le domaine des immeubles commerciaux à Chicago. Trois édifices à murs
porteurs témoignent d'une volonté de simplification formelle : l'austère Montauk Building (1881-1882), le
Rookery Building (1885-1887) aux références néo-romanes revues par Henry H. Richardson, et le
Monadnock Building (1889-1891) aux façades sans décor. Après la mort de John Root, Daniel
H. Burnham a continué à développer l'agence. Le Reliance Building (1891-1894) à l'ossature d'acier et aux
larges fenêtres a été qualifié à l'époque de boîte de verre ; il semble annoncer les édifices construits après
la Seconde Guerre mondiale. D. H. Burnham a joué un rôle très important dans le choix d'un style
monumental pour l'Exposition internationale de Chicago de 1893. De ce fait, il a été critiqué comme une
sorte de traître à la cause de l'architecture moderne. Mais son sens de la grandeur et du monumental
répondait aux désirs de commanditaires soucieux de proclamer une puissance récemment acquise et il a
beaucoup construit à New York (avec le très original Fuller Building au plan triangulaire, 1902), à
Washington (où il actualise le plan de L'Enfant), à San Francisco, à Manille... Moins importante que
Burnham et Root, l'agence Holabird et Roche, installée à Chicago, s'est fait remarquer par une approche
claire et structurale des immeubles de bureaux. Dans le Tacoma Building (1889), le Marquette Building
(1894) et surtout le McClurg Building (1900), l'ossature régulière semble avoir dicté l'apparence
extérieure avec un minimum d'ornements. À Chicago, les fenêtres, horizontales, illustrent les possibilités
d'ouvrir largement les façades grâce à l'ossature en acier.
Fuller Building
Le Fuller Building de New York (États-Unis), surnommé le Flat Iron, réalisé en 1903
par l'architecte Daniel Burnham (1846-1912).
photographie
Crédits: Hulton Getty
Louis Sullivan
Mais c'est Louis Sullivan (1856-1924) qui représente à juste titre la figure dominante de l'École de
Chicago. Grand admirateur du poète Walt Whitman, il entend comme lui célébrer dans ses œuvres la
démocratie américaine pour tenir à distance l'héritage de l'Europe « féodale ». Son fonctionnalisme
résumé dans la célèbre devise « la forme découle de la fonction » (Form follows function) fait l'objet de
présentations argumentées dans des publications comme Kindergarten Chats et The Autobiography of an
Idea. Associé pendant douze ans (de 1883 à 1895) à l'architecte Dankmar Adler, Sullivan est l'auteur des
réalisations les plus originales de l'École de Chicago. L'Auditorium Building (1886-1890) regroupant dans
un même édifice un hôtel de luxe, une salle de spectacles et des espaces de bureaux, témoigne de
l'admiration de Louis Sullivan pour Henry Richardson : arc néo-roman en plein cintre, textures variées
des parements et des bossages de granit et de calcaire, polychromie des matériaux employés, aspect
cyclopéen de l'ensemble. À l'intérieur un décor de motifs floraux stylisés et géométrisés apparaît.
Associé à Dankmar Adler, Louis Sullivan s'est particulièrement illustré dans les gratte-ciel. Considérant
l'édifice comme un organisme, il le divise en trois parties : base, partie intermédiaire, sommet,
correspondant aux trois principales fonctions du bâtiment. Loin d'exprimer l'ossature en acier, il redouble
les lignes de force verticales de ses façades par rapport aux travées de la construction. Pour lui le gratteciel est jaillissement, surgissement ininterrompu, symbole de l'épopée économique de l'Amérique.
Pratiquement dénuée de références historicistes, la décoration organique souvent en terre cuite vernissée
ne contredit pas ce parti d'ensemble. Le Wainwright Building (1890-1891) à Saint Louis, Missouri, le
Stock Exchange Building (1893-1894) à Chicago et le Guaranty Building à Buffalo, New York (1894-1895),
sont autant de variations sur le thème du gratte-ciel fonctionnaliste. Ce corpus d'œuvres, où l'on trouve
dans le décor des souvenirs de l'Art nouveau, constitue une expression cohérente de modernité et
d'innovation, mais dans le contexte de l'Amérique de 1900 qui tourne ses regards vers le patrimoine
européen, la leçon de Sullivan ne fera pas école.
Après avoir construit à Chicago le grand magasin Carson, Pirie et Scott où à la décoration curviligne en
fonte du rez-de-chaussée répond la trame régulière des étages (1899-1901), Sullivan se place de lui-même
en dehors des circuits de la commande, réservant son talent pour la construction de petites banques
agricoles du Middle West (comme la National Farmers' Bank à Owatonna, Minnesota, 1907-1908, ou la
Merchants' National Bank à Grinnell, Iowa, 1914). Présenté comme le prophète de l'architecture moderne,
il n'a de cesse de jeter l'anathème sur l'architecture académique des Beaux-Arts dont l'exposition de 1893
à Chicago constituait à ses yeux le repoussoir. Cependant, si le style de Sullivan est original, sa vision
quelque peu individualiste et romantique de l'architecte l'a placé en porte-à-faux par rapport aux réalités
de la commande à l'époque du capitalisme sauvage.
Frank Lloyd Wright
La même revendication d'indépendance artistique par rapport à l'Europe sous-tend l'œuvre du plus grand
des disciples de Sullivan : Frank Lloyd Wright (1867-1959). Dans ses « maisons de la Prairie » construites
entre 1895 et 1910, il cherche à définir un habitat unifamilial. Il entreprend ce qu'il appelle une
« destruction de la boîte » avec un jeu de terrasses, de débords des toits qui prolongent la maison vers
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l'extérieur et brouillent les limites entre l'espace interne et l'espace externe. Il organise des plans
centrifuges à partir de la cheminée, réminiscence des maisons coloniales de Nouvelle-Angleterre et
véritable pivot constructif et symbolique de ses compositions. La fluidité des espaces intérieurs
accompagne cette libération par rapport à une distribution traditionnelle trop cloisonnée. La maison est
aussi abri et les toits aux larges débords, inspirés de l'architecture japonaise que F. L. Wright admirait
tant, soulignent le caractère matriciel de l'espace interne. L'horizontalité dominante de ces maisons est un
rappel des lignes de force du paysage plat des grandes plaines, manière pour Wright d'intégrer son
architecture à la nature. La maison Willitts (1901) à Highland Park, Illinois, la maison Robie (1909) à
Chicago et la maison Avery Coonley (1908) à Riverside, Illinois, figurent parmi les plus belles de la série.
La publication en 1910 par l'éditeur berlinois Wasmuth d'un recueil de planches de ces maisons a
contribué à faire connaître F. L. Wright dans certains cercles de l'avant-garde, en particulier aux Pays-Bas.
L'architecture domestique reste le souci principal de F. L. Wright dans l'entre-deux-guerres. Ses maisons
californiennes évoquent certains édifices mayas et sont construites à l'aide de la technique des Textile
blocks, qui fait du mur une sorte de tissu tramé en parpaings : maison Alice Millard, dite La Miniatura à
Pasadena (1923) et maison Charles Ennis à Los Angeles (1923). Quant à la maison d'Edgar J. Kaufmann,
la célèbre Maison sur la cascade à Mill Run, Pennsylvanie (1936), elle représente un manifeste
d'architecture organique aux porte-à-faux audacieux et apporte une réponse polémique aux tenants du
style international qui s'affirme alors.
Mais l'œuvre de F. L. Wright n'a pas vraiment fait école et ses réalisations brillantes ont une singularité
qui les rend difficilement imitables. Dernière de ses œuvres majeures, le musée Solomon Guggenheim
(1942-1959) à New York est une réalisation originale, mais le fait qu'il réponde mal au programme d'un
musée manifeste le dédain que Wright portait aux arts autres que l'architecture.
Innovations dans l'habitat californien
Au début du XXe siècle la Californie représente un lieu d'innovations dans le domaine de l'architecture
domestique, qui se déploient sur un registre parallèle aux créations contemporaines de Frank Lloyd
Wright. Le mouvement Arts and Crafts, né en Angleterre, a trouvé dans les frères Greene – Charles
Sumner Greene (1868-1957) et Henry Mather Greene (1870-1954) – ses représentants les plus
convaincants en Amérique. Inspirés par les méthodes artisanales de la construction en bois, ils ont conçu
un ensemble de maisons à Pasadena, Californie, parmi lesquelles la célèbre David B. Gamble House
(1908) que caractérisent des agencements complexes et des charpentes apparentes. Ces résidences
traduisent aussi une interprétation intelligente de modèles japonais et, par le débord de leur avant-toit,
évoquent les maisons contemporaines de F. L. Wright qui lui aussi a été influencé par le mouvement Arts
and Crafts.
Esprit original, Bernard Maybeck (1862-1957) s'est surtout illustré dans l'architecture en bois, même si
son goût pour l'éclectisme l'a amené à construire à San Francisco pour l'exposition internationale Panama
-Pacific le monumental palais des Beaux-Arts (1913-1915). Ses structures en bois sont ingénieuses et ses
intérieurs d'une grande complexité spatiale, comme on peut en juger par ses maisons, et surtout son chefd'œuvre la First Church of Christ, Scientist (1909-1911) à Berkeley, Californie.
Irving Gill (1870-1936) est l'auteur d'une architecture en béton de cubes blancs qui annonce le style
international des années 1930. Il s'agissait pour lui de proposer une interprétation contemporaine du
« cubisme » de l'architecture pueblo et de certains éléments de l'architecture néo-coloniale espagnole des
missions, comme les arcades et les pergolas. Le Women's Club de La Jolla (1912-1914) et la maison Dodge
à Hollywood (l914-1916) sont deux exemples remarquables de cette architecture sévère et dépouillée.
L'architecture Art déco
L'Art déco est le style dominant des années 1920, dites années de la prospérité. L'articulation
volumétrique en masses orthogonales provient en partie des architectes de la Sécession viennoise, Otto
Wagner et Josef Hoffmann. En mettant en avant une vision optimiste de l'époque machiniste, l'Exposition
des arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925 a trouvé des résonances aux États-Unis. En
outre, de nouvelles solutions architecturales sont nées à New York du règlement d'urbanisme de 1916 qui
imposait soit de construire des immeubles à redents, soit de n'occuper qu'une partie de la parcelle. Deux
catégories d'édifices en ont résulté : la pyramide à degrés ou la tour dotée de décrochements. C'est l'Art
déco, et non l'Art nouveau peu présent aux États-Unis, qui a joué le rôle d'art total allant de l'architecture
proprement dite à la décoration intérieure, au mobilier, aux vêtements, etc. Le répertoire décoratif fait de
motifs floraux stylisés, de chevrons, de zigzags, de lignes parallèles, etc. remplace progressivement les
motifs historicistes ou traditionnels.
L'Art déco a marqué de son empreinte la Californie : on citera par exemple le Paramount Theater (1931) à
Oakland de Timothy Pfluger, le Pan Pacific Auditorium à Los Angeles (1935, Wurdeman & Becket) ou
encore le W. P. Story Building à Los Angeles (1934, Morgan, Walls & Clements). La Floride n'est pas en
reste avec les nombreux hôtels et résidences Art déco construits à Miami Beach.
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Même s'il subsiste des témoins de l'architecture Art déco dans toutes les grandes villes américaines, c'est
la ville de New York qui possède les édifices Art déco les plus spectaculaires : l'Empire State Building
(1929-1931, Shreve, Lamb & Harmon), le Chanin Building (l927-1930, J. Sloan & M. T. Robertson), le
Daily News Building (1930) et le McGraw Hill Building (1931), tous deux de Raymond Hood. L'édifice
emblématique de l'Art déco, célèbre par son sommet en forme de seringue argentée est le Chrysler
Building de William Van Alen (1930), dont l'iconographie exalte l'automobile et l'Amérique. Avec le
Rockefeller Center (1931-1940, Reinhart & Hofmeister, Corbett, Harrison & Mac Murray, Hood &
Fouilhoux) s'opère un changement d'échelle : c'est tout un quartier du midtown de Manhattan qui est
planifié et ordonné autour d'une place et du R.C.A. Building. Au cœur de la crise, à l'époque du New Deal
et des interrogations sur les limites du système capitaliste, il constitue un acte de foi dans les valeurs de
l'initiative privée. Un programme iconographique complexe (peintures murales, bas-reliefs, sculptures,
mosaïques, etc.) affirme ces intentions sous la thématique générale des New Frontiers.
Chrysler Building
Le Chrysler Building, de l'architecte William Van Allen (1853-1954), achevé en 1930
à New York, États-Unis.
photographie
Crédits: Hulton Getty
Le style international
En 1932 est présentée à New York l'exposition Le Style international : l'architecture depuis 1922. Dans le
cadre du tout jeune Museum of Modern Art créé trois ans plus tôt, les commissaires de l'exposition
(Henry-Russell Hitchcock et Philip Johnson) font un bilan de l'architecture des années 1920 surtout en
Europe, mais ils réduisent le Mouvement moderne à des questions de forme en ignorant la dimension
socialisante et politique des avant-gardes européennes. Malgré cela, l'exposition qui était itinérante a
contribué à faire connaître à un public d'architectes et de connaisseurs l'architecture des années 1920 en
Europe, à une époque où la crise impose un arrêt de la construction. Elle a joué un rôle équivalent à celui
de l'exposition de peinture moderne à l'Armory Show de New York en 1913.
Mais il faudra des circonstances historiques d'une autre ampleur pour que l'Amérique s'approprie le style
international : exil des architectes face aux totalitarismes et à la guerre, cassure idéologique et
économique des années 1940, essor au cours de l'après-guerre. En attendant, l'esthétique du style
international avait été brillamment illustrée par Richard Neutra (1892-1970) avec la maison Lovell à Los
Angeles (1929), dite Health House. Elle se caractérise par une ossature d'acier, le jeu des terrasses et des
porte-à-faux, et par l'habile utilisation d'un terrain en pente. Rudolph Schindler (1887-1953), compatriote
viennois de Richard Neutra, construit un autre chef-d'œuvre du style international avant la lettre avec la
maison Lovell (1925-1926) dite Beach House à Newport Beach en Californie.
Le classicisme du style international d'après guerre
En 1938, Walter Gropius (1883-1969) devient directeur de l'école d'architecture de l'université Harvard. Il
y enseigne jusqu'en 1952. L'ancien fondateur et directeur du Bauhaus importe les méthodes pédagogiques
de l'avant-garde allemande. La maison qu'il construit en 1938 en collaboration avec Marcel Breuer à
Lincoln, Massachusetts, est une des premières illustrations convaincantes du style international sur le sol
américain. En 1945, Gropius s'associe avec plusieurs architectes pour former l'agence The Architects
Collaborative (T.A.C.). Par conviction sociale et démocratique, il prône en effet le travail d'équipe (team
work). Le Graduate Center de l'université Harvard (1949-1950) est un ensemble de résidences
universitaires disposées asymétriquement autour de plusieurs cours et reliées par des passages couverts.
L'échelle reste celle des campus universitaires européens. Le Pan Am building, qu'il construit avec Pietro
Belluschi en 1963 au-dessus de la gare de Grand Central à New York, est de plan octogonal avec une
structure sobre en béton armé. Cette réalisation a suscité des controverses dans la mesure où elle
manifestait de façon spectaculaire le caractère anti-urbain de l'architecture moderniste : bâtiment hors
d'échelle avec son environnement et disposition perpendiculaire à l'axe nord-sud de Park Avenue, ce qui
revenait à interrompre délibérément la perspective de la célèbre artère.
Aux États-Unis, Walter Gropius a poursuivi deux carrières, une carrière d'architecte praticien dont les
œuvres sont moins intéressantes que ses réalisations européennes, et une carrière de professeur à la
prestigieuse université Harvard. Il ne fait pas de doute que c'est le pédagogue ayant formé plusieurs
promotions d'architectes américains de premier plan (dont, par exemple, I. M. Pei et P. Johnson) qui a
rencontré une grande audience aux États-Unis.
Le purisme de Mies van der Rohe
Parmi les architectes venus s'établir aux États-Unis pour fuir le nazisme, c'est Ludwig Mies van der Rohe
(1886-1969) qui a exercé l'influence la plus décisive. Les projets visionnaires d'immeubles de bureaux et
de tours qu'il avait conçus à l'époque de la République de Weimar seront construits aux États-Unis après
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la Seconde Guerre mondiale. Son architecture minimaliste et puriste de verre et d'acier s'est trouvée
remarquablement adaptée aux besoins de la société américaine. À Chicago où il s'installe et où il enseigne
à partir de 1938, il dessine le plan masse et plusieurs édifices universitaires du campus de l'Illinois
Institute of Technology (I.I.T.) dont la célèbre école d'architecture dite Crown Hall (1956). L'ensemble est
une sorte de ville idéale aux proportions régulières. La maison Farnsworth à Plano, Illinois (1945-1950)
est une maison de verre détachée du sol et faite de la combinaison élémentaire des dalles du plafond et du
sol portées par des poteaux. Mais l'apport de Mies van der Rohe réside surtout dans le domaine de
l'immeuble vertical : tours jumelles d'appartements de Lake Shore Drive à Chicago (1948-1951) et
Seagram Building à New York (1954-1958), en collaboration avec Philip Johnson, où il porte à la
perfection un type d'architecture raffinée aux proportions subtiles qui mettent en valeur l'association des
matériaux : verre et acier, brique, béton armé. La devise Less is more (« Dépouillement est richesse »)
exprime la rigueur de cette création. Figures d'ordre et de perfection formelle, les bâtiments de Mies van
der Rohe ont incarné une sorte d'apogée de la civilisation américaine sûre, dans une approche optimiste
de l'histoire, de sa perfectibilité et de sa puissance.
Variations sur le style international
Nombreux ont été les épigones de Mies van der Rohe. Parmi les grandes agences inspirées peu ou prou
par son exemple, en particulier par l'importance accordée aux structures, il faut citer l'agence Skidmore,
Owings & Merrill (S.O.M.), véritable General Motors de l'architecture. Le Lever House à New York (1952)
dû à Gordon Bunshaft de l'agence S.O.M. a fait figure, comme le Seagram Building, de modèle de
l'immeuble de bureaux pendant les Trente Glorieuses (1945-1975) aux États-Unis. On ne compte plus les
sièges d'entreprises, les banques, les édifices culturels, les hôtels, etc. réalisés par cette firme. Son savoirfaire en matière d'ingénierie et d'architecture, l'efficacité de ses équipes de projets, son implantation dans
les principales métropoles américaines où elle construit des bureaux lui ont permis de répondre à toutes
les commandes d'édifices publics et commerciaux. Des problèmes techniques de plus en plus complexes
sont résolus, en particulier celui de la construction de tours de plus en plus hautes, comme le John
Hancock Center à Chicago (1970) et surtout la tour Sears (1974) également à Chicago (443 m de haut). La
crise économique des années 1970 a mis un terme à cette tendance au gigantisme architectural (dont les
tours jumelles du World Trade Center à New York [1973] de Minoru Yamasaki étaient une autre
expression).
John Hancock Center
Le John Hancock Center de l'agence d'architectes Skidmore, Owings et Merrill
(S.O.M.), en 1969, à Chicago, Illinois, États-Unis.
photographie
Crédits: Peter Pearson, Tony Stone Images/ Getty
Sears Tower
La Sears Tower réalisée, en 1968, par l'agence d'architectes Skidmore, Owings et
Merrill (S.O.M.), à Chicago, Illinois, États-Unis.
photographie
Crédits: Mark Segal, Tony Stone Images/ Getty
Les contestations du style international
Le style international a représenté la forme architecturale dominante de l'après-guerre. Il n'a cependant
pas régné sans partage, ni sans avoir été assez rapidement contesté. Dès 1948, l'architecte finlandais Alvar
Aalto construit la résidence universitaire Baker House sur le campus du M.I.T. à Cambridge,
Massachusetts. Par l'emploi de briques rouges, par les lignes ondulantes qu'il donne au plan, il affirme
une autre tradition, détachée du rationalisme fonctionnaliste. Après avoir construit le centre technique de
la General Motors à Warren, Michigan (1951-1956), dans la stricte lignée du campus de l'I.I.T. de Mies van
der Rohe, Eero Saarinen (1901-1961) crée des formes sculpturales et symboliques à l'aide du béton armé :
le terminal T.W.A. à l'aéroport Kennedy à New York (1956-1962) a la forme d'un oiseau qui prend son
essor tandis que l'aéroport Dulles à Washington D.C. suggère l'envol et le mouvement grâce aux lignes
incurvées qu'il donne aux éléments en béton (1958-1962). Le cylindre en brique de la chapelle qu'il
construit pour le campus du M.I.T. à Cambridge, Massachusetts (1956), montre un architecte en quête
d'images neuves.
Les années 1960 voient se développer un certain scepticisme à l'égard du style international parmi ses
propagandistes de naguère. Architecte du musée d'Art moderne de New York avec Philip Goodwin (1939),
Edward Stone (1902-1978) a figuré parmi les premiers détracteurs si l'on en juge par ses constructions
ultérieures monumentales et historicisantes, comme par exemple la Gallery of Modern Art à New York
(1960). Cette tendance du « nouveau formalisme », comme on l'a parfois appelée, a culminé avec la
construction du Lincoln Center à New York (Avery Fisher Hall, Max Abramovitz, 1962 ; New York State
Theater, Philip Johnson, 1964 ; Metropolitan Opera House, Wallace Harrison, 1966). Les façades raides
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aux colonnades stylisées des trois bâtiments et la disposition en U en font une pâle copie de la place du
Capitole à Rome.
Lincoln Center
L'ensemble du Lincoln Center for Performing Arts réalisé de 1957 à 1966 par les
architectes Max Abramovitz (le Philharmonic Hall), Philip Johnson (le New York
State Theatre) et Wallace Harrison (le Metropolitan Opera), à New York, États-Unis.
photographie
Crédits: Rohan, Tony Stone Images/ Getty
Pour introduire des distinctions dans un style qui semble uniforme, les architectes expérimentent des
volumétries différentes. À Chicago, Bertrand Goldberg recourt au béton armé pour concevoir des
structures circulaires (Marina City, 1961-1965, et River City, 1984), tandis que l'agence Kevin Roche, John
Dinkeloo & Associates construit des immeubles de bureaux qui ressemblent à des pyramides tronquées
(College Life Insurance Co. Building à Indianapolis, 1967-1971) ou à un cube évidé (Fondation Ford, New
York, 1963). Paul Rudolph pratique quant à lui une architecture fonctionnaliste et brutaliste dans la veine
de Le Corbusier. L'Art and Architecture Building (1958-1964) de l'université Yale à New Haven,
Connecticut, reste son œuvre à la fois la plus intéressante et la plus contestée. Né en 1917 Ioeh Ming Pei,
architecte américain d'origine chinoise, a dirigé une puissante agence qui a construit tous les types
d'édifices et qui a reçu les commandes les plus prestigieuses : aile orientale de la National Gallery of Art de
Washington D.C., 1978, bibliothèque J. F. Kennedy à Boston, 1979, pyramide du Louvre à Paris, 1989. Son
monumental hôtel de ville de Dallas (1972-1977) est une intéressante variation sur le palais de justice de
Chandigarh conçu par Le Corbusier.
Louis Kahn
D'origine estonienne, ayant émigré très jeune aux États-Unis, Louis I. Kahn (1901-1974) a reçu sa
formation d'architecte à l'université de Pennsylvanie à Philadelphie. Cet enseignement, en particulier celui
de Philippe Cret, lui apporte certains principes de l'esthétique des Beaux-Arts comme l'importance du
plan dans la conception du projet architectural et le goût des formes classiques. Plusieurs voyages en
Europe au cours des années 1950 complètent sa formation. Il admire beaucoup l'œuvre de Le Corbusier et,
après avoir lu Vers une architecture, il déclare : « Je vivais dans une cité appelée Le Corbusier. » Bien
qu'ayant accédé tardivement à la notoriété, son rôle a été décisif dans la culture architecturale
contemporaine.
Première de ses œuvres majeures, les laboratoires Richards sur le campus de l'université de Pennsylvanie
à Philadelphie (1957) sont fondés sur le principe de la distinction entre espaces servants et espaces servis.
Le rythme vertical et l'alignement de tours en brique et béton évoquent la silhouette de villes médiévales
comme San Gimignano en Toscane ou les formes à la fois trapues et élancées de la cathédrale d'Albi qu'il
admirait. Louis Kahn fait un emploi subtil de l'histoire de l'architecture, en particulier de l'architecture
romaine. Loin d'imiter des motifs, il réfléchit sur certains archétypes qui appartiennent en propre au
monde de l'architecture : la colonne, le mur, l'arc, la voûte, les ouvertures, le cylindre, le cube, etc. Louis
Kahn a également cultivé une poétique de la lumière, il affirmait qu'un espace qui n'a pas d'éclairage
naturel n'a pas d'existence cosmique. Louis Kahn a toujours souligné la nécessité de montrer comment un
bâtiment a été construit et comment il est agencé. Pour lui, la structure doit être une force organisatrice et
visible du bâtiment, obligeant ainsi l'architecture à opérer un retour sur elle-même en se détournant des
modèles extérieurs : le machinisme, la sémiologie, la sociologie de l'habitat, etc. Louis Kahn est en outre
l'architecte des institutions : il a la conviction que l'architecture les sert, les incarne et leur donne tout leur
rayonnement dans une société démocratique. Ces institutions peuvent être culturelles (bibliothèque de la
Phillips Exeter Academy à Exeter, New Hampshire, 1967-1972 ; musée d'art Kimbell à Fort Worth, Texas,
1966-1972 ; centre d'art britannique de Yale à New Haven, Connecticut, 1969-1974), scientifiques (institut
de recherches biologiques Salk à La Jolla, Californie, 1959), religieuses (église unitarienne de Rochester,
New York, 1962), politiques (siège de l'Assemblée nationale à Dacca au Bangladesh, commencé en 1962),
etc. Cette foi dans les institutions le rattache à la période moderniste de l'histoire architecturale.
Le postmodernisme
À la fin des années 1970, la crise économique et énergétique, la crise morale engendrée par l'engagement
américain au Vietnam conduisent à réexaminer l'efficacité et la pertinence de l'architecture moderne. Ce
tournant dans la sensibilité a pris le nom de postmodernisme, mais à vrai dire, il s'agit d'une notion un
peu floue pour désigner une diversité d'attitudes à l'égard de l'héritage du Mouvement moderne aux ÉtatsUnis. Le maniérisme qui caractérise les réalisations récentes n'est peut-être que le reflet de doutes
concernant le pouvoir de l'architecte à peser réellement sur le paysage urbain contemporain.
Entre Rome et Las Vegas : Robert Venturi
Ancien étudiant de Louis Kahn, Robert Venturi, né en 1925, s'est surtout fait connaître par deux ouvrages
Complexity and Contradiction in Architecture (1966) et Learning from Las Vegas (1972) dans lesquels il
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affirme renoncer à l'architecture héroïque du Mouvement moderne (les « canards ») dont le sens ne serait
plus perçu dans le monde contemporain. Less is a bore (« Moins c'est ennuyeux ») : telle est sa réponse à
la devise de Mies van der Rohe Less is more. Admirateur du pop art, il prône l'architecture des « hangars
décorés », c'est-à-dire des édifices avec des décorations plaquées. Tout en plaidant pour une architecture
qui s'inspirerait des constructions commerciales qui bordent les rues, il pratique un historicisme subtil
inspiré des architectures maniéristes, baroque ou rococo qu'il connaît bien pour les avoir visitées lors de
son séjour à l'Académie américaine de Rome. Ses écrits théoriques ouvrent la voie à des pratiques
contemporaines tout à la fois historicistes et maniéristes.
Associé à John Rauch et à Denise Scott Brown, sa femme, il a construit des œuvres qui paraissent banales
au premier abord mais qui sont en réalité de subtiles transgressions des archétypes : caserne de pompiers
no 4 (1965-1967) à Columbus, Indiana, maison Vanna Venturi (1962) à Philadelphie, maisons TrubeckWislocki (1970) à Nantucket, Massachusetts, maison de retraite Guild (1960-1963) à Philadelphie, musée
d'art de Seattle, Washington (1992). L'œuvre la plus célèbre de Robert Venturi est l'aile Sainsbury de la
National Gallery de Londres (1990).
Le néo-corbusianisme de Richard Meier
Un autre courant est représenté par Richard Meier (né en 1934) dont l'architecture s'inspire de certains
édifices d'avant-garde des années 1920 et 1930 en Europe. Grand admirateur des villas de Le Corbusier, il
dessine des maisons aux jeux complexes de pleins et de vides et d'une blancheur immaculée quel que soit
le matériau utilisé : maison Saltzman à East Hampton, New York (1967-1969), maison Douglas à Harbor
Springs, Michigan (1971-1972), etc. Sa notoriété lui a valu de réaliser le J. Paul Getty Center à Los Angeles,
magnifique acropole entièrement consacrée à l'art et à l'histoire de l'art (1985-1997). S'il n'a jamais
souscrit à la dimension politique du projet moderne, il n'en conserve pas moins ses aspects formels et
stylistiques par rapport auxquels il procède à des variations très sophistiquées. Cette distanciation est
caractéristique d'une part importante de l'architecture américaine contemporaine. L'éclectisme pour qui
tous les styles sont équivalents permet de répondre aux souhaits des divers commanditaires.
Philip Johnson et le pluralisme contemporain
Nul plus que Philip Johnson (1906-2005) n'a incarné dans sa carrière influente et controversée l'évolution
des goûts et de la sensibilité architecturale depuis la Seconde Guerre mondiale. Après s'être fait le
propagandiste de l'architecture de Mies van der Rohe au point d'en imiter les principes et les structures
(maison de verre à New Canaan, Connecticut, 1949), il prend ses distances à l'égard du maître à partir des
années 1960 affirmant qu'« on ne peut pas ne pas connaître l'histoire ». Le siège de l'American Telephone
and Telegraph Co. à New York (1984) renoue avec la division ternaire du gratte-ciel et avec la référence
historiciste de l'ensemble (le bâtiment est couronné d'un fronton interrompu). Depuis cette date, l'œuvre
de Philip Johnson (associé à John Burgee) est caractéristique de l'éclectisme radical dans la voie duquel
l'architecture américaine semble s'être engagée à partir des années 1970 : gratte-ciel néo-Art déco, néogothiques, néo-classiques, etc. Charles Moore et sa scénographie architecturale, Michael Graves ou
Helmut Jahn illustrent à des titres divers les formes plus ou moins ironiques de cet éclectisme
contemporain.
À partir du début des années 1990, l'architecture américaine va connaître un certain épuisement de la
contestation postmoderne. De nouvelles tendances apparaissent, centrées sur les rapports
architecture/sculpture et sur les théories de la déconstruction. L'éclectisme postmoderne semble avoir
épuisé ses effets dans le domaine du gratte-ciel et de la tour de bureaux ou d'habitation. De nouvelles
solutions se dessinent qui sont souvent le fait d'architectes étrangers appelés à construire sur le sol
américain. L'événement dramatique des attentats du 11 septembre 2001 a replacé au premier plan la
question d'une monumentalité contemporaine, tiraillée entre les impératifs de la mémoire et les
contraintes financières et urbanistiques.
Les architectures du déconstructivisme
Au terme d'une longue carrière, Philip Johnson, l'un des promoteurs de l'expression « style
international », avant de devenir à partir des années 1970 un représentant essentiel du postmodernisme,
avait confirmé en 1988 son art d'anticiper et de susciter de nouveaux changements de style dans
l'architecture américaine. Ainsi, en 1988, se tint au Museum of Modern Art de New York une exposition
d'architecture intitulée Deconstructivist Architecture, dont les commissaires étaient Mark Wigley et Philip
Johnson. Autour du concept de déconstruction librement inspiré des constructivistes russes des
années 1920 et des écrits du philosophe Jacques Derrida, l'exposition rassemblait les architectes
américains et européens Peter Eisenman, Rem Koolhaas, Zaha Hadid, Daniel Libeskind, Frank O. Gehry,
Bernard Tschumi, Coop Himmelblau. Avec le recul, cette exposition apparaît comme annonciatrice de la
tendance dominante de l'architecture aux États-Unis entre les années 1990 et le début du XXIe siècle. La
plupart des architectes inclus dans la présentation ont depuis lors été lauréats du prestigieux prix Pritzker
en architecture, l'équivalent du prix Nobel pour la profession.
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Derrière l'étiquette un peu globale de déconstructivisme se donnent à voir des pratiques architecturales
diverses mais qui toutes refusent l'historicisme postmoderne et les formes fermées de l'architecture
moderniste au profit de volumes prismatiques plissés et d'assemblages anguleux improbables. Cette
esthétique qui privilégie les brisures et les cassures voudrait exprimer les incertitudes du monde
contemporain et le sentiment de chaos qu'il engendre.
L'œuvre de Frank O. Gehry (né en 1929 à Toronto) s'est imposée par un imaginaire très personnel et par la
rencontre qu'elle savait manifester entre l'architecture et certaines expressions de l'art contemporain
(minimalisme, arte povera, etc.). Après les formes fragmentées mises en œuvre dans sa maison à Santa
Monica (1979) et pour l'ex-American Center à Paris (1987-1994), devenu par la suite la Cinémathèque
française, l'architecte a vu son prestige s'accroître, en particulier après la construction du musée
Guggenheim de Bilbao (1997). Ses édifices témoignent d'une conception sculpturale des formes dont la
complexité est rendue possible par le recours à des outils informatiques très sophistiqués, après la
réalisation des premières esquisses en carton ou en bois. Cette combinaison d'une approche artisanale et
de calculs de haute précision singularise le travail de cet architecte originaire du Canada, mais établi à
Santa Monica en Californie depuis longtemps. Frank O. Gehry s'est particulièrement illustré dans la
construction de salles de concert en plein air (Jay Pritzker Pavilion dans le parc du Millénaire à Chicago,
2004) ou fermée (Walt Disney Concert Hall à Los Angeles, 1987-2003). Parmi ses réalisations sur le sol
américain, on peut citer aussi le Weisman Art Museum à Minneapolis (1993) et le Fisher Center for the
Performing Arts de Bard College à Annandale dans l'État de New York (2003). Suprême reconnaissance,
le cinéaste Sydney Pollack lui a consacré en 2005 un documentaire intitulé Sketches of Frank Gehry.
Daniel Libeskind (né en 1946) a élaboré un langage de formes éclatées qui s'interpénètrent et qui sont
autant de défis aux lois de la gravité. Les espaces zigzagants et fracassés du musée juif de Berlin (19891999) lui ont valu la notoriété aux États-Unis, où il est particulièrement recherché dans l'architecture
muséale. Si les murs obliques et les angles aigus de l'extension Frederic C. Hamilton Building au Denver
Art Museum (1999-2006) ont suscité des débats en termes de fonctionnalité, le bâtiment s'impose d'ores
et déjà comme une œuvre majeure outre-Atlantique. À San Francisco, il construit le musée juif
contemporain de Yerba Buena Lane (1998-2008), à la géométrie chaotique et aux volumes éclatés.
Musée juif de Berlin, D. Libeskind
Daniel Libeskind, Le Musée juif de Berlin, 1993-1999. Juxtaposée au bâtiment
baroque du musée de l'Histoire de Berlin, cette première réalisation muséale,
inaugurée en 2001, qui se caractérise par des volumes brisés et un cheminement
intérieur déroutant, a permis d'établir la notoriété de Daniel Libeskind aux ÉtatsUnis.
photographie
Crédits: R. Wulf/ AKG
L'architecte britannique d'origine irakienne Zaha Hadid (née en 1950) a réalisé à Cincinnati les volumes
complexes et plissés du Rosenthal Center of Contemporary Arts (1998-2003). Signe de reconnaissance
institutionnelle, l'architecte a eu les honneurs d'une rétrospective de son œuvre au musée Guggenheim de
New York en 2006.
Les derniers feux du postmodernisme
Malgré l'émergence du déconstructivisme au cours des années 1990, le courant postmoderne s'est
maintenu avec, par exemple, les constructions de Michael Graves (né en 1934), dont la Denver Public
Library (1995) aux couleurs naturelles chaudes et à la volumétrie contrastée, qui inclut des panneaux
peints d'Edward Ruscha. Son architecture évoque indirectement des archétypes typologiques. Robert
A. M. Stern (né en 1939) revendique des formes contemporaines de classicisme dont témoigne par
exemple le Robert C. Byrd United States Courthouse and Federal Building à Beckley en Virginie de l'ouest
(1999). Quant à Robert Venturi (né en 1925) et Denise Scott Brown (née en 1931), c'est plutôt en Europe
qu'ils ont reçu des commandes monumentales à la fin du XXe siècle, telles que l'aile Sainsbury de la
National Gallery à Londres (1991) et le siège du conseil général de Haute-Garonne à Toulouse (1999). Tout
se passe comme si l'architecture à la fois ordinaire et savante, dont ils s'étaient fait les chantres dans leurs
écrits si influents, était passée de mode à partir des années 1990 aux États-Unis.
Vers une nouvelle génération de tours
La tour LVMH construite à New York par Christian de Portzamparc (né en 1944) a été particulièrement
remarquée. En effet, elle a été inaugurée en 1999 dans un contexte marqué par ce qui était perçu par
beaucoup d'observateurs comme un certain repli de l'innovation dans l'architecture new yorkaise.
Portzamparc, avec cette tour relativement modeste (24 étages, 112 mètres de hauteur), invente une
nouvelle forme de gratte-ciel. Il ignore la traditionnelle division tripartite (base, partie intermédiaire,
sommet) vigoureusement remise à l'honneur par les architectes postmodernes, au profit d'une forme
prismatique de quatre grands pans de verre blanc et de brisures esquissant un effet de spirale. Le
parallélépipède au décor plaqué de l'ère postmoderne se voit ici dépassé. La voie est ouverte à des
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expériences encore limitées mais que l'école californienne, avec Thom Mayne (né en 1944), créateur de
l'agence Morphosis, cherche à exploiter.
L'architecture à l'ère de la mondialisation
Après l'épisode postmoderne, qui a cessé de produire des effets innovants à partir des années 1990,
l'architecture américaine semble avoir repris un nouveau souffle grâce à l'apport d'architectes étrangers
internationalement reconnus. À l'heure de la mondialisation et du star system en architecture, les
frontières culturelles deviennent de plus en plus perméables comme l'indique a contrario la présence
d'architectes américains (Thom Mayne, Frank O. Gehry...) dans les chantiers européens. De fait, les
modèles architecturaux ont de plus en plus tendance à se globaliser.
Des architectes européens de tout premier plan ont ainsi construit des édifices culturels importants aux
États-Unis. Le bâtiment cylindrique et tout en brique du San Francisco Museum of Modern Art (1995) est
le premier projet américain du Suisse Mario Botta (né en 1943). L'ascèse et la rigueur géométrique des
architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron (nés en 1950) sont présentes dans l'extension du
Walker Art Center de Minneapolis (2005). À San Francisco, leur De Young Museum (1999-2005) se
signale par une « peau » en cuivre et une tour déhanchée (twisting tower) de neuf étages. On doit à Rafael
Moneo (né en 1937) le Davis Art Museum du Wellesley College au Massachusetts (1993), le bâtiment
Audrey Jones Beck du musée des Beaux-Arts de Houston (2000) et la cathédrale Our Lady of the Angels à
Los Angeles (2002). Santiago Calatrava (né en 1951), de son côté, a conçu le spectaculaire Quadracci
Pavilion du Milwaukee Art Museum (2001) dont les gigantesques brise-soleil déploient leurs ailes d'acier
mobiles. Rem Koolhaas (né en 1944) a relevé le défi de construire le musée Hermitage Guggenheim dans
l'environnement kitsch de Las Vegas (2002). Sa bibliothèque publique de Seattle (2004) dispose filet
d'acier et peau de verre autour d'une sorte de spirale des livres. Renzo Piano a dessiné une extension
épurée de la Morgan Library à New York (2006).
À Yoshio Taniguchi (né en 1937) est revenu l'honneur de construire le nouveau Museum of Modern Art de
New York, inauguré en grande pompe en 2004. Les architectes américains Tod Williams (né en 1943) et
Billie Tsien (née en 1949) sont les auteurs du surprenant American Folk Art Museum (2001) à New York,
dont la façade métallique opaque ne laisse guère deviner l'ampleur des espaces intérieurs. Steven Holl (né
en 1947) propose un minimalisme actualisé avec la résidence universitaire Simmons Hall (2002) sur le
campus du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) à Cambridge. Variation contemporaine sur le
thème du logement collectif, inspirée, aux dires de l'architecte, par l'image d'une éponge de mer et par
l'idée de porosité, Simmons Hall, dans sa rigueur et sa trame rigoureuse, n'est pas sans rappeler certains
dessins d'Aldo Rossi.
Les suites du 11 septembre 2001 : la difficile gestation
d'un projet commémoratif
La destruction des tours jumelles du World Trade Center de Minoru Yamasaki a dramatiquement posé les
questions : reconstruire, mais comment ? Comment combler cette blessure urbaine, et créer un lieu qui,
tout en faisant sa place au souvenir, demeure ouvert sur l'avenir ?
Six premiers projets ayant été dévoilés dès juillet 2002, mais aucun n'ayant été retenu, neuf autres
propositions sont présentées au mois de décembre de la même année. Parmi celles-ci, deux sont retenues :
celle du groupe Think et celle de Daniel Libeskind. Le projet de Freedom Tower (tour de la Liberté) de
Daniel Libeskind, une variation contemporaine sur le thème de la statue de la Liberté, est choisi en février
2003. Il s'agit d'une tour à la morphologie complexe d'une hauteur de 1 776 pieds (en référence à l'année
de la Déclaration d'indépendance américaine), soit 541 mètres, comportant un espace public disposé de
telle sorte que tous les ans, le 11 septembre au matin (en référence aux heures de l'événement), les
fondations des anciennes tours jumelles soient naturellement éclairées par le soleil. Le projet prévoit
soixante-dix étages de bureaux, tandis que dans la flèche noire doivent être implantés les Jardins du
monde. Ce projet a été assez grandement modifié à la suite des interventions de l'architecte David Childs
(né en 1941) de la puissante agence new-yorkaise Skidmore, Owings & Merrill. Quant au projet de
mémorial retenu, il s'agit de celui dit Reflecting Absence (« Reflet d'une absence ») de Michael Arad et
Peter Walker, constitué de deux bassins autour desquels seront inscrits les noms des victimes et qui
laissent apparentes les fondations des tours jumelles. À cause de l'ampleur des enjeux mémoriels,
économiques, financiers, urbains et politiques, le projet pour Ground Zero doit être encore précisé. Entre
reconstruction à l'identique et conception d'un lieu uniquement axé sur la commémoration, les exigences
contradictoires des divers groupes de pression abondent et expliquent un certain enlisement de ce
chantier empreint d'une considérable charge émotive et sacrée. Nul doute cependant que, quel que soit le
parti définitif retenu, il influencera durablement l'architecture américaine des débuts du XXIe siècle.
Claude MASSU
Pour citer cet article
Référence numérique :
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Universalis : ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture
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Claude MASSU, « ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture », Encyclopædia
Universalis [en ligne], consulté le 17 février 2013. URL : http://www.universalisedu.com.ezproxy.bibl.ulaval.ca/encyclopedie/etats-unis-d-amerique-arts-et-culture-l-architecture/
Auteur de l'article
Claude MASSU
Professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale
d'histoire de l'art.
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