La GYNÉCOLOGIE - OBSTÉTRIQUE Cinquante ans d`histoire

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La GYNÉCOLOGIE - OBSTÉTRIQUE Cinquante ans d`histoire
La GYNÉCOLOGIE - OBSTÉTRIQUE
Cinquante ans d’histoire : 1950 – 2000
par Claude Lecart (1931 - professeur émérite 1997)
Les hommes
« Primum non nocere ».
« Non vi sed arte ».
Ces devises s’inscrivaient en grandes lettres en travers des murs de la salle
d’opération du quartier obstétrical de la clinique Saint-Raphaël à Louvain.
Elles dataient de l’époque du Pr Rufin Schockaert (1875 – 1953), latiniste avéré,
héritier de la grande tradition humaniste, mais dont les facéties pittoresques et le
langage plus qu’imagé constituaient une source inépuisable d’inspiration pour les
auteurs de revues de médecine de l’époque.
Il participa certainement de façon très importante à l’élaboration d’une spécialité à
part entière : « la gynécologie et obstétrique », qui réunissait sous le même
manteau l’obstétrique, la gynécologie chirurgicale et la gynécologie médicale et
qui allait au fil du temps développer de grandes sous-spécialités que sont la
reproduction humaine, l’oncologie gynécologique et les grossesses à risques.
Son fils, Jozeph A. Schockaert (1906 – émérite 1976 - † 1995) lui succéda en
1950 à la direction du service louvaniste. Nommé professeur ordinaire à l’âge de
30 ans, il était, comme son père, doté d’une grande adresse chirurgicale et
obstétricale.
Il fut en Europe, à la suite des travaux de pionnier de Raoul Palmer à Paris, un des
premiers à appliquer et à développer la laparoscopie en gynécologie ; cette
spécialité fut la première, bien avant les autres branches chirurgicales, à se doter de
cet outil précieux dans la démarche diagnostique et thérapeutique.
On se rappelle les cliniques d’obstétrique et de gynécologie hautes en images où
devant un auditoire bondé et médusé il pratiquait des interventions chirurgicales
(curetage, laparoscopie, …) ou enseignait le toucher vaginal par groupe de 20
étudiants sur une malade anesthésiée ; cette pratique devait disparaître après la
révolution culturelle de 1968 à la demande expresse des étudiants.
Travailleur infatigable, son sens clinique, sa disponibilité et sa réputation attiraient
à sa consultation dans son grand bureau du rez-de-chaussée de la clinique SaintRaphaël une patientèle (clientèle comme on disait plutôt à l’époque) venant de tous
les coins de Belgique, tant francophone que néerlandophone ; la consultation du
dimanche matin spécialement réservée à la population juive anversoise était haute
en couleur.
Homme très cultivé, incollable sur les trésors de notre patrimoine national, sur
l’histoire européenne ou sur la géographie mondiale, il jouissait d’une mémoire à
toute épreuve qui laissait son entourage pantois et admiratif.
Jacques Ferin (1914 – émérite 1984 - † 1991) était un des maîtres à penser
de l’école louvaniste ; ce fut incontestablement un pionnier de la gynécologie
médicale et des problèmes de stérilité et d’infertilité ; on venait le consulter de tous
les points du monde. C’était un chercheur sur le terrain clinique ; il faisait peu de
cas de l’expérimentation animale qui, disait-il, ne pouvait le plus souvent pas être
transposée à la clinique humaine. Ses études sur la réponse de l’endomètre à
différents types d’hormones (œstrogènes, progestatifs, …) sur la femme
ovariectomisée, mais non hystérectomisée, ont permis le développement d’une
panoplie de traitements hormonaux.
Assis devant son microscope, en dessous d’une fenêtre haute au fond du
laboratoire, dans les caves de la clinique Saint-Raphaël, Monsieur Ferin bavardait
avec les assistants ou les anciens qui venaient lui demander conseil ; de sa brillante
intelligence, les idées fusaient, en quelques mots précis portés par une voix
quelque peu gutturale.
De tous les coins de Belgique, on lui envoyait frottis et biopsies. Son fidèle
appariteur, M. Martin, en veston et manchettes, préparait les coupes. Le protocole
écrit de la main du maître était concis, évident, sans grande littérature.
C’était un grand Monsieur d’une élégance extraordinaire, au regard pénétrant et
doux à la fois, toujours à l’écart des intrigues. Suite à l’éméritat du Pr J.
Schockaert, il a été nommé chef de service de gynécologie-obstétrique de 1976 à
1980, moment où il est lui-même atteint par la limite d’âge autorisée pour l’activité
clinique.
Marcel Renaer était l’homme de terrain. Travailleur infatiguable, toujours
disponible, il prenait en charge la direction du service, dirigeait les staffs et les
tours de salle.
Sévère et craint pour ses colères, il inculquait aux jeunes et futurs gynécologues la
rigueur scientifique, diagnostique et thérapeutique.
Il excellait dans la démarche systématique en face de problèmes difficiles à
résoudre ; la douleur pelvienne était son sujet favori qui lui fit écrire un livre qui fit
autorité en la matière.
Féru de philosophie, il ne manquait pas d’humour ; malgré sa sévérité, il pouvait
être très chaleureux ; il était épris de justice ; nombreux étaient ceux qui se
confiaient à lui ; la déontologie médicale était d’ailleurs une branche qu’il
enseignait aux étudiants flamands.
Après le splitsing, il fut nommé chef de service de gynécologie obstétrique pour la
section néerlandophone. Mais au cœur de la tourmente et des moments très
difficiles que dut endurer le service francophone dans la période intermédiaire
avant le déménagement à Woluwe, il resta un élément fort modérateur en face de
l’extrémisme de certains de ses collaborateurs.
Claude Lecart (1931 - ) diplômé de l’UCL (1956) et ancien de l’Université
Lovanium (branche de l’Université de Louvain au Congo belge) (1958 - 1960), il
fit la plus grande partie de sa formation en gynécologie et obstétrique aux ÉtatsUnis (University of Miami : 1961 – 1964).
Dès son retour, il fut nommé, en 1966, chef de clinique adjoint à Leuven et fut en
quelque sorte l’un des premiers à rejoindre l’UCL après avoir été formé totalement
ailleurs ; cette tendance allait se développer par la suite.
À côté d’une forte activité chirurgicale, il introduisit de nouvelles techniques de
diagnostic, entre autres la lymphographie et la phlébographie intra-utérine. Il fut
sans doute le premier en Belgique dès 1972 à introduire une nouvelle technique
d’exploration utérine : l’hystéroscopie, qui avait été mise sur pied en 1971 par H.J.
Lindeman à Hambourg.
Le traitement chirurgical du cancer du sein constituait une chasse gardée des
chirurgiens généraux. J.A. Schockaert cependant avait pratiqué depuis de
nombreuses années des mammectomies et curages axillaires pour des cancers de la
glande mammaire parmi sa clientèle privée. Dès la fin des années 60, les
gynécologues européens se sentirent de plus en plus concernés par la pathologie
mammaire et le cancer du sein en particulier. Claude Lecart en prit l’initiative dans
le service de gynécologie à Louvain en collaboration très étroite avec Gilbert Mazy
(sénologue du service de radiologie), Jacques Keusters (radiothérapeute) et Jacques
Longueville (chimiothérapeute). C’est d’ailleurs avec les mêmes collaborateurs et
Fernand Meersseman pour l’anatomie pathologique qu’il organisa dès 1966, dans
le service de gynécologie, les staffs multidisciplinaires de cancérologie
gynécologique du mercredi après-midi.
Après le splitsing linguistique et le départ de Marcel Renaer, c’est Claude
Lecart qui se chargea de l’organisation du service, de la mise sur pied des staffs,
des tours de salle et des décisions diagnostiques et thérapeutiques dans le service
universitaire. Au fil des ans, il continua à pratiquer et la gynécologie et
l’obstétrique jusqu’à sa retraite en 1996. Il fut en réalité le dernier gynécologue
obstétricien polyvalent en milieu universitaire à l’UCL. Il fut membre fondateur du
groupement des gynécologues obstétriciens de langue française en Belgique en
1969.
Il participa activement à l’élaboration des plans de transfert de la gynécologie
obstétrique vers Woluwe et à l’installation du service de gynécologie obstétrique
aux cliniques Saint-Luc.
Karl Thomas (1935 - ). Il était issu de la partie germanophone de la
Belgique, région où le sentiment national belge était encore le plus ancré.
À l’instigation de Jacques Ferin, il s’est rapidement orienté vers la gynécologie
médicale et a créé avec beaucoup de succès le laboratoire de radio-immunologie ;
ce fut une révolution car les anciens dosages hormonaux sur récolte d’urines et les
vieux tests de diagnostic de grossesse sur lapine ou crapaud tombaient en
désuétude au profit de dosages plasmatiques précis et rapides.
Avec Claude Lecart et Serge De Cooman, il fit partie de la cheville ouvrière qui, en
1976, permit le démarrage du service dans le tout nouvel hôpital Saint-Luc, fleuron
de notre Faculté de médecine. Il a été nommé chef de service de gynécologie
obstétrique en 1980, suite à l’éméritat du Pr J. Ferin.
C’est K. Thomas, qui, dans le cadre de l’UCL, fut avec Tom Loumaye le premier à
mettre sur pied un programme de fécondation in vitro (voir plus loin). Il accéda à
l’éméritat en 2000.
Serge De Cooman (1939 - ). Après l’obtention de son certificat de
gynécologue obstétricien, Serge De Cooman s’est spécialisé en andrologie en
Allemagne de mai à décembre 1971 à l’Universität Krankenhaus Eppendorf –
Hambourg (Pr K. Schirren) ; cette branche de la médecine avait été fort délaissée.
Avec les progrès qui se profilaient dans le domaine de la stérilité, on se devait de
s’intéresser aux problèmes de stérilité masculine.
Serge De Cooman, avec la méticulosité et le perfectionnisme qui le caractérisaient,
mit donc sur pied l’unité d’andrologie avec un laboratoire extrêmement
performant. À ce titre, il a constitué un élément important dans le développement
de l’unité de fécondation in vitro.
Michel Van Lierde prit en charge la gestion médicale du bloc accouchements
dès son ouverture aux cliniques Saint-Luc et y lança les premiers jalons du
diagnostic anténatal de l’ère moderne. Il quittera l’institution en décembre 1994.
Corinne Hubinont, agrégée de l’enseignement supérieur de l’ULB, nièce du
professeur P.O. Hubinont qui fut un chef de service éminent de l’hôpital SaintPierre, hôpital principal de l’Université libre de Bruxelles, vint rejoindre l’équipe
de Saint-Luc en septembre 1992 ; elle se lança dans le haut de gamme des
techniques de diagnostic et de traitement anténatal.
Pierre Bernard, obstétricien à la clinique Saint-Pierre à Ottignies, s’associa
à l’équipe après le départ de M. Van Lierde ; il devint un des maîtres de
l’échographie obstétricale. Il a été nommé chef de service d’obstétrique après
l’éméritat de K. Thomas.
Jacques Donnez abandonna l’obstétrique et fut un des pionniers de
l’endoscopie gynécologique opérationnelle et de l’utilisation du laser en
gynécologie. L’endométriose constitua aussi un de ses chevaux de bataille. Il a été
nommé chef de service de gynécologie en 1986 au moment de la séparation des
deux spécialités.
Tom Loumaye, après sa spécialisation, était destiné à développer aux côtés
de Karl Thomas l’endocrinologie gynécologique ; ils avaient d’ailleurs ensemble et
avec Serge De Cooman mis sur pied l’unité de fécondation in vitro. Mais il décida
de changer d’orientation et partit à Genève en septembre 1990 pour se lancer dans
la recherche dans le cadre de l’industrie pharmaceutique.
Michèle Nisolle et Mireille Smets ont complété le staff de gynécologie ; la
première s’est spécialisée plus particulièrement dans la gynécologie de l’enfance et
de l’adolescence grâce à une bourse de la Fondation Saint-Luc, la seconde
développa entre autres une clinique de la ménopause.
L’histoire des 50 dernières années (1950 – 2000)
Un service unitaire de gynécologie-obstétrique francophone et flamand
Alors que plusieurs services louvanistes (médecine interne, chirurgie, ORL)
s’étaient déjà scindés en des branches linguistiques différentes, d’autres gardaient
leur unité ; la gynécologie obstétrique faisait partie de ces derniers.
L’hôpital Saint-Pierre, sis rue de Bruxelles, regroupait essentiellement des services
francophones ; la clinique Saint-Raphaël, sise à la Voer des Capucins, rassemblait
quasi tous les services néerlandophones et un certain nombre de services unitaires
(neurologie, pédiatrie, obstétrique …) ; la Dyle séparait les deux cliniques.
La gynécologie était localisée à Saint-Pierre, l’obstétrique à Saint-Raphaël.
Le laboratoire du Pr J. Ferin se trouvait dans les caves de Saint-Raphaël.
Après le départ de Rufin Schockaert, c’est Joseph A. Schockaert qui était
responsable de l’ensemble mais il gérait essentiellement son énorme clientèle
privée (30 000 dossiers).
Marcel Renaer s’occupait principalement du service universitaire et de la
formation des assistants.
Jacques Ferin avait sa clientèle à Bruxelles, mais venait chaque jour au laboratoire
lire les frottis et les coupes histologiques et consultait une fois par semaine au
troisième étage de Saint-Pierre : il s’agissait de problèmes de stérilité ou
d’endocrinologie gynécologique qui lui étaient référés ; des gynécologues
extérieurs assistaient à la consultation et profitaient des leçons et de son
expérience.
C’est autour de ce triumvirat que le service fonctionnait au début des années 60.
Avec l’arrivée de Claude Lecart (1965), puis de Ivo Brosens (1966) et de Karl
Thomas (1969) et plus tard de Serge De Cooman (1973), du sang nouveau fut
injecté, ce qui permit de développer de nouvelles techniques d’exploration et de
traitement.
Vers la fin des années 60 et pendant les années 70, la médecine allait connaître des
transformations importantes avec le développement de la médecine hospitalière,
l’installation d’équipes médicales plus nombreuses et l’apport de techniques de
plus en plus élaborées.
L’éclatement linguistique (Splitsing) à Leuven
Avec les hurlements extrémistes du « Walen buiten » ou du « Leuven
Vlaams » et la décision politique de scinder géographiquement l’Université
Catholique de Louvain, la scission linguistique du service de gynécologieobstétrique fut consommée en deux étapes.
* En 1968, c’est la gynécologie, les francophones restaient à Saint-Pierre et les
flamands créaient leur nouveau service à Saint-Raphaël sous la direction du Pr
Marcel Renaer, dans les mêmes locaux que ceux qui étaient réservés à
l’obstétrique.
L’obstétrique allait rester unifiée jusqu’en 1972.
* En 1972 les accouchements étaient soit flamands, soit francophones avec une
alternance au niveau des admissions non privées, un cas en UD (universitaire
dienst), le suivant en SU (service universitaire) ; cependant par le biais de la
création d’un service semi-privé attaché à la personne d’un professeur, les
flamands avaient rapidement trouvé le moyen de s’attitrer au moins les 2/3 de la
clientèle obstétricale, par une politique de recensement auprès des médecins de
famille de la région qui étaient habituellement tous acquis à la cause flamande.
Entre 1972 et 1977, année du déménagement du service à Woluwe, les
temps furent très durs pour les francophones, surtout en obstétrique, car il fallait se
battre contre une intelligentsia flamingante qui avait pour principal objectif de nous
détruire et de nous empêcher de travailler. On se battait littéralement pour des
dossiers. Peut-on imaginer aujourd’hui que la malice allait jusqu’à chercher à nous
exclure par des décisions politiques de la consultation de l'ONE (Œuvre Nationale
de l’Enfance) sous prétexte que nous ne pouvions œuvrer pour le compte d’une
institution officielle sur le sol flamand en tant que francophones ; il s’agissait
cependant d’une source importante de recrutement de patientes enceintes et
d’accouchements pour le service ; l’enseignement de l’obstétrique et la formation
de nos assistants en dépendaient. Cette manœuvre ne parvint cependant jamais à
ses fins, en partie grâce au Pr M. Renaer qui arrivait tant bien que mal à calmer
certains esprits trop échauffés, mais surtout grâce au dynamisme de tous les
membres du service, professeurs, chefs de clinique et assistants réunis.
Le transfert à Louvain-en-Woluwe
Déjà plusieurs mois (1974) avant le grand déménagement, nous consultions
à la polyclinique Saint-Luc installée dans les locaux destinés à l’Institut Supérieur
du Nursing. C’est en novembre 1977 que nous quittions définitivement Leuven
avec beaucoup d’amertume, d’une part car nous étions fondamentalement attachés
à la ville de Louvain, siège de notre Alma Mater depuis des centaines d’années et
berceau de notre formation médicale, mais avec beaucoup d’enthousiasme par
ailleurs, car nous prenions part à un projet fantastique de création d’un grand
hôpital pilote dans une Europe qui était en train de se construire.
C’est autour de Jacques Ferin (chef de service) mais surtout de Claude Lecart et
Karl Thomas que le service de gynécologie-obstétrique et son unité de recherche
allaient se construire.
Michel Van Lierde allait progressivement s’installer en maternité. Jacques Donnez
serait associé à l’essor de la gynécologie et installerait plus tard un laboratoire de
recherche en gynécologie. Serge De Cooman allait poursuivre le développement de
l’andrologie et du laboratoire qui lui était attaché.
Tom Loumaye, avec la participation de S. De Cooman et de l’équipe de l’unité de
recherche en biologie de la reproduction (Pr Karl Thomas), mettrait en route le
Centre de fécondation in vitro suivant des critères scientifiques de plus en plus
performants mais aussi guidés par des implications déontologiques et éthiques liées
à nos convictions religieuses et à notre appartenance au monde chrétien.
En 1980, des bases solides étaient établies dans notre nouvel hôpital où tous les
services avaient rejoint le bercail.
C’est alors que l’évolution se fit et qu’on passa progressivement vers une médecine
de haute technicité où chacun pourrait trouver l’occasion de s’épanouir ; la
gynécologie et l’obstétrique n’allaient pas échapper à cette transformation
fondamentale.
L’éclatement irrationnellement rationnel
En 1985, une cassure malheureuse fut décidée. L’obstétrique et
l’endocrinologie gynécologique d’une part, la gynécologie et l’andrologie d’autre
part, allaient constituer deux services totalement indépendants confiés
respectivement aux Prs K. Thomas et J. Donnez.
Avec le développement des connaissances, il pouvait paraître logique que dans un
hôpital universitaire les responsables aient des orientations scientifiques
différentes, qui en diagnostic anténatal, qui en chirurgie endoscopique, qui en
stérilité, qui en cancérologie gynécologique, qui en endocrinologie
gynécologique…
Néanmoins, une unité de pensée gynécologique et d’enseignement de la spécialité
aurait du être sauvegardée.
La scission fut telle (puisque même les gardes étaient séparées) qu’au terme d’une
spécialisation, le jeune gynécologue obstétricien sorti de l’UCL avait soit une
formation obstétricale solide, soit une formation gynécologique à toute épreuve,
mais exceptionnellement les deux réunies.
Décision sans doute rationnelle pour faire fonctionner une médecine universitaire,
mais totalement irrationnelle pour assurer la formation de gynécologues
obstétriciens qui se retrouveraient plus tard sur le terrain dans les cliniques
périphériques.
D’ailleurs une autre clinique universitaire belge (Gent), qui, pour des raisons de
politique intérieure avait pris des décisions semblables plusieurs années avant
l’UCL, a admis que la séparation était aberrante et a procédé au regroupement de la
gynécologie obstétrique en un service unifié.
On aurait pu espérer qu’une telle décision de sagesse soit prise par nos autorités
académiques au moment de l’éméritat du Pr K. Thomas.
Les secteurs de développement
L’endoscopie
* La laparoscopie (cœlioscopie)
Depuis les travaux de R. Palmer à Paris dans les années 40, la cœlioscopie
avait trouvé une place importante en gynécologie, principalement dans le domaine
du diagnostic. C’est en Europe d’abord que cette technique serait largement
utilisée, l’Amérique restant à la traîne.
J.A. Schockaert avait été un des premiers à utiliser l’outil dès le début des années
50.
Avec le développement de la lumière froide depuis 1965 et des appareils
d’insufflation gazeuse automatique pour créer le pneumopéritoine, la technique prit
son envol.
Peu à peu des actes opératoires sous cœlioscopie furent effectués, d’abord pour
accompagner la démarche diagnostique, puis pour réaliser des interventions
gynécologiques de plus en plus complexes où le laser et les méthodes
d’électrocoagulation uni- et bipolaires allaient tenir un rôle capital.
C’est K. Semm en Allemagne et M.A. Bruhat en France qui en furent les
promoteurs. Dès le début des années 80, J. Donnez permit à l’école louvaniste de
prendre la tête du peloton belge, bien avant les autres institutions nationales.
Parallèlement, l’Amérique allait découvrir la technique et, avec les moyens dont
elle dispose, la porter à l’avant-plan de la scène internationale et refouler à
l’arrière-plan les techniques traditionnelles, tant en gynécologie que dans les autres
spécialités chirurgicales.
* L’hystéroscopie
Avant 1971 toute visualisation directe de la cavité utérine était vouée à
l’échec. Grâce aux progrès obtenus dans le domaine optique et dans l’éclairage,
une technique de qualité fut mise au point par H.J. Lindemann à Hambourg en
Allemagne en 1971.
Dès 1972, l’hystéroscopie au CO2 fut introduite par C. Lecart dans le service de
gynécologie à l’hôpital Saint-Pierre à Louvain et à partir de ce moment-là, elle
constitua un élément important du diagnostic de la pathologie intra-utérine et de
l’orientation biopsique ou thérapeutique.
Progressivement le CO2, qui pourrait induire un risque d’embolie gazeuse, fut
remplacé par des éléments liquides de dilatation de la cavité utérine : c’est le
glycocolle (glycine) bien connu des urologues qui sera le plus utilisé et permettra
de réaliser une série d’actes chirurgicaux endo-utérins avec l’aide soit du Yag
Laser ou des instruments d’électro-chirurgie ; J. Donnez participa activement au
développement de cette nouvelle approche thérapeutique.
Les nouvelles techniques d’imagerie médicale
La spécialité de gynécologie-obstétrique avait toujours eu peu recours à
l’imagerie médicale pour étayer des diagnostics. Dans le domaine de l’obstétrique,
cela se concevait aisément à cause des risques que les rayons X faisaient encourir
au fœtus (risques d’anomalies, accroissement du taux de leucémie…) ; on réservait
l’examen radiologique à la confirmation du diagnostic de grossesse multiple, à
l’évaluation de la maturité fœtale, au diagnostic de certaines malformations et
surtout aux mensurations du bassin (radiopelvimétrie).
En gynécologie, l’hystérosalpingographie constituait une technique de diagnostic
performante, surtout depuis le remplacement de produits radio-opaques
liposolubles par les produits hydrosolubles ; on l’utilisait systématiquement dans le
cadre des pathologies utérines et dans le domaine de la stérilité tubaire.
Certaines techniques plus élaborées allaient avoir une survie éphémère : la
lymphographie utilisée dans la recherche des ganglions pelviens et abdominaux
positifs dans le cancer du col ; C. Lecart avait ramené cette technique des ÉtatsUnis et l’avait introduite dans le service. En injectant dans les lymphatiques un
produit opaque chlorophyllé, on colorait les ganglions lymphatiques en vert ce qui
permettait de mieux les reconnaître lors de la dissection dans les opérations de
Wertheim-Meigs (hystérectomie radicale totale) ; J.A. Schockaert adorait cet
artifice diagnostique et ne pouvait plus s’en passer.
Une autre technique qui fit long feu était la phlébographie intra-utérine séquentielle
qui devait permettre de dépister des lésions myométriales et des anomalies de la
circulation pelvienne.
Mais c’est l’échographie qui allait véritablement révolutionner la pratique
gynécologique et surtout obstétricale.
Ian Donald, gynécologue à Glasgow, avait servi pendant la guerre 39-45 comme
officier dans les sous-marins de la Marine de sa très Haute Majesté le Roi
d’Angleterre et il y avait découvert le radar.
Dès les années 50, il avait débuté ses recherches pour appliquer cette technique à
l’étude du fœtus in utero. Nous avions rendu visite à Ian Donald en 1965 et avions
découvert cette personnalité extrêmement pittoresque et attachante travaillant dans
une grande salle où l’écran ultrasonique était à peine visible au centre d’un mur
d’appareils qui assuraient le fonctionnement du système.
Salvatore Levi, à l’hôpital Brugmann à Bruxelles, avait été le premier à
comprendre l’intérêt de cette méthode et serait véritablement le père de
l’échographie en Belgique. Les débuts furent laborieux : on se rappelle les années
60 où pour tout résultat on ne pouvait, par la technique A Scan, mesurer que le
diamètre bipariétal du fœtus ; avec l’avènement du B Scan puis du Real Time on
put progressivement pousser plus loin les investigations et le diagnostic. Dès les
années 70, l’échographie allait connaître un essor extraordinaire et devenir, non
seulement en gynécologie et obstétrique, mais dans la plupart des spécialités
médicales, l’examen diagnostique par excellence dont on ne pourrait plus se
passer.
Pour l’école louvaniste, ce fut en quelque sorte l’occasion ratée de se mettre en
valeur car personne ne s’y intéressa vraiment dans les premiers stades de
développement.
Par la suite, dans les années 90, l’équipe obstétricale avec Corinne Hubinont et
surtout Pierre Bernard allait cependant constituer un centre de référence en la
matière.
La tomodensitométrie computérisée (scanner), puis la résonance magnétique,
allaient apporter leur concours irremplaçable dans tous les domaines de la
médecine. La gynécologie en profiterait surtout dans la mise au point et la
surveillance du traitement des tumeurs ovariennes.
L’hormonologie
S’il est un secteur où le service fut à la pointe durant de nombreuses années,
c’est bien celui de l’hormonologie gynécologique. C’est certainement à Jacques
Ferin qu’on doit une bonne part de la connaissance des effets des œstrogènes et des
progestatifs : ses travaux sur la réponse in vivo de l’endomètre humain chez la
femme ovariectomisée a constitué une base essentielle aux applications
thérapeutiques de ces hormones dans de nombreuses maladies. Il ne cherchait pas
les honneurs ; il était par ailleurs un excellent conseiller et nombreux étaient ceux
qui venaient lui demander un avis.
Karl Thomas dans les années 60 allait mettre sur pied le laboratoire de radioimmunologie qui permit de faire un pas important dans la mise au point des
pathologies endocriniennes de la stérilité et de la surveillance de la grossesse.
La stérilité
Avec le développement de l’endocrinologie et de la radio-immunologie, et
avec une technique de laparoscopie toujours plus élaborée, le service a toujours été
bien armé pour aider les couples confrontés au problème de la stérilité.
Serge De Cooman dès le début des années 70 mettait sur pied la clinique
d’andrologie et le laboratoire qui y était obligatoirement associé.
Plus tard la microchirurgie dans les années 70, puis l’approche chirurgicale
endoscopique dès les années 80 avec l’aide du laser et de l’électrothérapie uni- et
bipolaire, allaient permettre de traiter de nombreuses maladies à l’origine des
troubles de la fertilité. On songe aux lésions occlusives tubaires, à l’endométriose,
aux fibromes utérins, à certaines pathologies ovariennes ou encore à des lésions
malformatives ou acquises endo-utérines. J. Donnez fut incontestablement un
pionnier en la matière.
Après la première naissance du bébé-éprouvette, grâce aux prouesses de R.G.
Edwards et P. Steptoe en 1972 en Angleterre, les différentes méthodes de
procréation médicalement assistée allaient progressivement se trouver à l’avantplan de l’arsenal thérapeutique en matière de stérilité et permettre de venir à bout
de bien des problèmes jusque-là insolubles, aussi bien en stérilité féminine que
masculine. La Belgique allait d’ailleurs occuper une place importante en cette
matière.
Des questions d’ordre éthique ou philosophique se posaient et en particulier
pour l’école louvaniste d’obédience catholique. Malgré cela, parallèlement à de
nombreux autres centres en Belgique, la fécondation in vitro et toutes les
techniques y afférentes purent être réalisées dans le service avec un succès
croissant ; c’est Tom Loumaye, Serge De Cooman et Karl Thomas qui en furent
les pionniers avec la collaboration des membres du laboratoire de la reproduction
humaine. Le programme a débuté en septembre 1973 et la première naissance
après fertilisation in vitro a eu lieu le 28 décembre 1984.
La cancérologie gynécologique
Compartiment très important de la pathologie gynécologique, la
cancérologie a pu se développer efficacement grâce à la collaboration avec d’autres
secteurs cliniques. Il ne faut pas oublier que c’est à Louvain qu’un des premiers
centres anticancéreux dans le monde a été mis sur pied, grâce à la perspicacité et
au dynamisme de Joseph Maisin. La disparition de ce centre lors du
déménagement à Saint-Luc a sans doute porté préjudice au recrutement de malades
cancéreux dont certains préféraient confier leur traitement à un autre centre bien
connu de la région bruxelloise : l’Institut Bordet. La mise sur pied du centre
anticancéreux des Cliniques Saint-Luc à la fin du siècle dernier a permis de rétablir
un certain équilibre qui portera sans doute ses fruits.
Il n’empêche que dès 1966 cet aspect multidisciplinaire de la maladie cancéreuse
avait poussé le service à organiser chaque semaine des réunions où tous les cas
étaient discutés : Claude Lecart pour la gynécologie, Jacques Keusters pour
l’aspect radiothérapique et Fernand Meersseman pour la présentation anatomopathologique et plus tard Jacques Longueville pour les traitements
chimiothérapiques allaient constituer le noyau de base. Au fil des ans, ces réunions
hebdomadaires du mercredi, très importantes sur le plan des décisions
thérapeutiques et en même temps fort didactiques, allaient se poursuivre sans
désemparer.
La pathologie mammaire cancéreuse plus que tout autre relève d’une synthèse :
maladie cancéreuse dans un organe hormonodépendant, symbole de féminité avec
toutes les répercussions psychologiques que peut entraîner son ablation. Dans le
dernier quart du XXe siècle, de plus en plus, c’est le gynécologue qui a été reconnu
comme le centralisateur, celui chez qui la femme ira se confier et trouver les
conseils et le réconfort dans les moments de grande détresse qui l’envahissent.
C’est le gynécologue qui prendra en charge la mise au point, le traitement et la
surveillance ultérieure, en collaboration avec d’autres disciplines médicales. On a
donc vu le gynécologue s’intéresser de plus en plus à cette pathologie mammaire.
À Louvain tel fut le cas dès les années 70.
L’obstétrique
Comme dans la plupart des domaines de la médecine, l’obstétrique a
bénéficié en 50 ans d’un bouleversement extraordinaire de l’approche diagnostique
et thérapeutique.
À l’aube du XXIe siècle, tout médecin doit dépasser le stade du clinicien accompli
pour s’adapter à une technologie de plus en plus envahissante et tenir compte des
implications sociales et économiques qui régissent la pratique de l’art médical.
La surveillance de la grossesse et de l’accouchement, le mode d’accouchement,
l’accueil du bébé, quasi tout a changé en 50 ans.
Dans les années 50, l’obstétricien disposait de ses mains (manœuvres de Léopold
et toucher vaginal), d’un mètre ruban, d’un stéthoscope de Pinard et de son
expérience pour essayer de mener au mieux une grossesse.
Pour faire le diagnostic biologique de grossesse, il fallait sacrifier soit une souris
impubère, soit une lapine, pour reconnaître une réaction ovarienne, ou bien
provoquer chez le crapaud ou la grenouille mâle une réaction de production de
spermatozoïdes en leur injectant soit de l’urine ou du sang de la femme présumée
enceinte ; un laboratoire de gynécologie avait ses propres réserves d’animaux.
Ce n’est qu’après 1960, qu’on eut recours aux tests immunologiques, d’abord sur
les urines, puis plus tard à la radio-immunologie sur le plasma sanguin.
Tout était basé sur l’expérience clinique et la technologie était réduite à sa plus
simple expression.
Mettre un enfant au monde se passait dans la douleur ; les salles de travail et
d’accouchement résonnaient des cris parfois insupportables émis au rythme des
contractions par des parturientes affolées et stressées. L’expulsion de l’enfant était
souvent forcée par l’écrasement du fond utérin par les deux mains d’une matrone
accoucheuse qui y mettait tout son cœur, toute son énergie et souvent tout son
poids.
À sa naissance, l’enfant était tenu par les pieds, tête en bas (voir photo), puis
enlevé au regard de sa mère pour qu’on puisse lui administrer les premiers soins et
le revêtir de son premier vêtement.
La mortalité maternelle avait déjà été fort réduite par rapport à ce qu’elle était au
XIXe et au début du XXe siècle. Mais la mortalité périnatale était encore fort
élevée, au-delà de 3 % en 1950, dans la plupart des pays du monde occidental.
Le taux de césarienne se situait entre 3 et 5 % des accouchements.
Le forceps, instrument lié par excellence à l’image de l’obstétricien, a toujours été
utilisé de façon préférentielle à la ventouse par l’école louvaniste ; mais, avec le
temps, les indications ont changé ; l’application au détroit supérieur a été
abandonnée car grevée de trop de complications graves pour le fœtus.
Puis avec le temps, la technologie a pris le pas. Citons une surveillance
prénatale beaucoup plus élaborée sur le plan de la recherche des maladies
infectieuses et des autres pathologies médicales, la recherche des malformations
fœtales et la surveillance de la croissance fœtale par l’échographie (l’échographie
tridimensionnelle - 3 D - trouvera sa place vers la fin des années 90), le dépistage
de la souffrance fœtale par le monitoring (cardiotocographe), l’amnioscopie,
l’amniocentèse pour le diagnostic de certaines maladies chromosomiques ou
métaboliques, les prélèvements au scalp, l’oxymétrie, une analgésie obstétricale
qui a connu plusieurs étapes de développement. En 1950 c’était l’anesthésie à la
reine avec un masque de chloroforme ou d’éther ou de trilène, puis l’ère de la
dolantine, puis dès le début des années 70 l’ère de la péridurale. À Louvain, les
premières analgésies péridurales eurent lieu en 1972 grâce à la collaboration du Pr
B. Gribomont du service d’anesthésie : elles se faisaient d’abord trois fois par
semaine, le travail étant obligatoirement induit puis progressivement les équipes
d’anesthésie s’organisèrent pour offrir cette technique irremplaçable
d’accouchement 24 h sur 24, et ainsi réduire le risque d’induction intempestive.
Les conférences d’information du public sur l’évolution de la grossesse, les
diverses techniques de préparation à l’accouchement, l’accueil du nouveau-né axé
sur plus de douceur et plus de participation parentale, ont été autant d’éléments
positifs qui ont rendu les salles d’accouchements et toute l’ambiance y afférente
beaucoup plus sereines.
Par ailleurs, une véritable entité mère-enfant s’est développée au fil des ans,
obstétriciens et pédiatres réunis collaborant de plus en plus aux décisions
anténatales et à l’accueil psychologique et médical vis-à-vis de la personne du
nouveau-né.
Déjà dans les années 60 à Louvain, Marcel Renaer tenait chaque semaine avec les
pédiatres E. Eggermont et R. De Meyer un staff de mortalité périnatale où étaient
recherchées les causes de la mort d’un fœtus ou d’un nouveau-né.
Avec le temps et après le transfert à Woluwe, avec les néonatologues Gaston
Verellen et plus tard Christian Debauche, les réunions s’organisèrent sous forme de
décisions collégiales sur les aspects anténatals et périnatals.
Mais toute cette technicité a d’une part ouvert un marché difficile à suivre sur le
plan économique et d’autre part donna l’illusion que tout nouveau-né ne pouvait
qu’être parfait à la naissance et que toute complication maternelle ou périnatale ne
pouvait être imputée qu’à l’erreur médicale ; d’où la recrudescence dès les années
80 des poursuites médico-légales particulièrement fréquentes à charge des
gynécologues obstétriciens. Ceci a entraîné des réactions de prudence et de défense
de la part des médecins et a fait monter le taux de césariennes vers des sommets
qui en l’an 2000 atteignaient 20 à 25 %.
Conclure ce survol rapide de la gynécologie et de l’obstétrique à l’UCL de 1950 à
2000, c’est déjà penser à l’avenir.
Que seront les hommes de demain que nous mettons au monde aujourd’hui ?
Qui seront-ils ?
Que feront-ils ?
Qu’ils n’oublient pas que les jalons posés par les anciens vont guider leurs pas et
leur permettre d’aller toujours plus loin dans la connaissance et dans la réalisation
au service de l’Homme !
Rome ne s’est pas faite en un jour. L’espace de 50 ans, c’est peu de chose et c’est
beaucoup. Rappeler notre passé, c’était intéressant ; savoir qu’on y a mis son petit
grain de sel, c’était réjouissant ; entrevoir l’avenir, c’est passionnant.
Tervuren, juin 2001
Accueil d’un nouveau-né à l’ancienne.
En 1974, au centre le Pr J.A. Schockaert (1906 – émérite 1976 - † 1995) en compagnie de son
épouse en conversation avec le Pr Jean Crabbé (1927 – émérite 1992)