Eclair de lucidité ou foutage de gueule ???"
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Eclair de lucidité ou foutage de gueule ???"
REACTION DE LA FDSEA DU FINISTERE SUITE A L’ARTICLE PARU DANS LES ECHOS : « LES PRODUCTEURS LAITIERS DOIVENT SORTIR DE L’ASSERVISSEMENT AUX ENTREPRISES » Eclair de lucidité ou foutage de gueule ??? Dans un article paru le 20 septembre dans le quotidien « Les Echos »1, Dominique Chargé, Président de la FNCL2, se livre à une analyse singulière de la situation des producteurs laitiers livrant à des entreprises dites privées. Un éclair de lucidité bien tardif sur les effets de la contractualisation individuelle Dominique Chargé s’approprie ni plus ni moins la sémantique syndicale pour qualifier la relation entre producteurs et industriels privés, puisqu’il évoque une situation d’asservissement. Pour la FDSEA rien, malheureusement, de bien surprenant sur le constat, si ce n’est que ces propos sont tenus par le Président de la FNCL ! L’asservissement est un état de dépendance absolu, qui confine à la mise en esclavage. La FDSEA du Finistère ne dirait certainement pas autrement, après avoir dénoncé pendant des années la mise en place de la contractualisation individuelle obligatoire avant même celle des OP, qui auraient dû, dès le début, contribuer à rééquilibrer les rapports de force… et donc permettre aux producteurs de sortir de l’état de dépendance dans lequel ils ont été placés par les industriels, avec la caution des pouvoirs publics français. La FDSEA du Finistère ne peut donc qu’être d’accord avec le Président de la FNCL quand il indique que « la contractualisation qui lie les producteurs aux transformateurs ne marche pas. Elle est basée sur un rapport de force entre éleveurs et industriels dont il faut sortir (…) ». Mais cela, nous le disons depuis 2011, quand Dominique Chargé se réveille en 2016 ! Bon nombre de paysans sont tombés de leur chaise en lisant les propos de Dominique Chargé : c’était à se demander si le journaliste avait bien compris le nom de l’interviewé ! Des coopérateurs maîtres de leurs décisions ? Le Président de la FNCL invite les producteurs livrant à des entreprises privées à unir leurs forces pour redevenir maîtres de leurs décisions en redevant propriétaires des tanks à lait, en prenant en charge la collecte et en faisant la facturation. Mais interrogeons-nous : les coopérateurs sont-ils réellement maîtres de leurs décisions ? La mise en place des volumes / prix différenciés dans les coopératives n’avait-elle pas pour objectif de limiter la production des adhérents ? Dans les coopératives aussi, des adhérents font des pieds et des mains pour récupérer du volume A, pour pallier la disette de volume supplémentaire. Dans les coopératives aussi, des adhérents voudraient reprendre en main la gestion du froid, mais ne peuvent pas le faire sous la menace de ne plus être collectés. Dans les coopératives aussi, il y a des accords de collecte qui font que les adhérents ne savent pas réellement à qui ils livrent leur production, et où leur lait est destiné. La coopération a beau jeu d’exhorter les producteurs d’entreprises privées à reprendre la main, alors que leurs adhérents demandent eux aussi, dans une certaine mesure, à reprendre leur destin en main. L’urgence de construire des stratégies territoriales partagées dans le secteur laitier 1 http://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0211294562712-dominique-charge-lesproducteurs-doivent-sortir-de-lasservissement-aux-entreprises-2028640.php 2 Fédération Nationale des Coopératives Laitières La coopération a toujours regardé avec méfiance les organisations de producteurs, craignant d’abord et avant tout (et ce de manière injustifiée) une remise en cause de leur gouvernance. C’est toujours à se demander si la FNCL a compris quelque chose au Paquet Lait, et aux OP ! Le fait de pouvoir négocier collectivement, sans transfert de propriété, constitue, pour les OP, un tremplin avant de basculer vers la gestion commerciale. Encore faudrait-il que les OP montent encore en puissance pour franchir cette étape. Mais, pour l’instant, les OP rencontrent plus d’obstacles que de soutiens. Rappelons qu’en parallèle, il est indispensable de mettre en place des stratégies territoriales partagées qui peuvent dès à présent se matérialiser au sein d’Associations d’Organisations de Producteurs. La FNCL devrait regarder avec intérêt ces outils, qui pourraient contribuer, demain, à garantir les intérêts des adhérents de coopératives. Il serait incompréhensible que les coopératives, nonobstant la position de la FNCL, regardent le train passer. La FDSEA du Finistère exhorte les coopératives laitières à se faire agréer en tant qu’OP et à adhérer aux AOP. Thierry Merret Président de la FDSEA du Finistère