Migrants dans les médias et médias vus par les migrants

Transcription

Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Institut Panos
Afrique de l’Ouest
Institut Panos
Paris
Migrants dans les médias et
médias vus par les migrants
Étude de monitoring et des perceptions des migrants sur
la couverture médiatique des questions migratoires
(Mali, Mauritanie, Sénégal)
Institut Panos
Paris
Institut Panos
Afrique de l’Ouest
Migrants dans les médias et
médias vus par les migrants
Étude de monitoring et des perceptions des migrants sur
la couverture médiatique des questions migratoires
(Mali, Mauritanie, Sénégal)
Equipe de recherche
Coordination de l’étude : Mouhamadou Tidiane KASSÉ
Consultants du monitoring et des enquêtes pays
Sénégal : Mouhamadou Tidiane KASSÉ
Mali : Mahamadou Talata MAÏGA
Mauritanie : Dewa DIANIFABA
INTRODUCTION
5
Chapitre 1
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 3
Chapitre 4
Le contenu de cette publication n’engage que la responsabilité de leurs auteurs et
des personnes interviewées, et ne reflète pas nécessairement la position officielle de
l’Union européenne ou de la Direction du développement de la coopération suisse,
celles de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest ou de l’Institut Panos Paris.
ANNEXES
Cette publication présente les résultats d’une étude régionale réalisée sous la supervision de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) en 2011. Elle a été rendue possible grâce au soutien de l’Union Européenne et de la Direction du développement de
la coopération suisse.
Chapitre 2
Supervision : Institut Panos Afrique de l’Ouest
L’Institut Panos Paris (IPP) est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) enregistrée en
1986 en France. IPP est membre du réseau Panos (Panos Network) qui réunit
sept autres Instituts Panos à travers le
monde.
Notre mission : favoriser le pluralisme
des médias ; soutenir l’accès à une information indépendante, diversifiée et
responsable ; contribuer à l’expression
des populations les plus marginalisées.
Nos thèmes d’activité. Six thématiques majeures toujours traitées dans
leur composante média-information :
le pluralisme médiatique ; la gouvernance ; paix & conflits ; les mobilités et
migrations et internationales ; le VihSida ; la diversité.
Nos domaines de compétence : analyse sectorielle – diagnostic, études;
renforcement des capacités; animation
et mobilisation de réseaux; formation;
plaidoyer; capitalisation, suivi – évaluation.
Notre espace d’engagement : Majoritairement l’espace méditerranéoeuropéen et l’Afrique centrale et le Sud
est asiatique. Des partenariats ponctuels avec les autres Instituts Panos
(Afrique de l’ouest, Caraïbes, Afrique
de l’est et Asie) peuvent nous conduire
à mener conjointement des activités.
Sigles/
acronymes
Signification
AJRAP
Association des Jeunes Rapatriés de Thiaroye-sur-mer
AMAP
Agence malienne de Presse et de publicité
ARPDT
Association des Rapatriés et des Personnes Disparues de Thiaroye
ALPD
Association mauritanienne de lutte contre la pauvreté
BIT
Bureau International du Travail
CAFO
Coordination des Associations et Organisations Féminines
CEDEAO
Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CESTI
Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information
CIGEM
Centre d’Information et de Gestion des Migrations
CLAPN
Comité Local pour l’Abandon des Pratiques Néfastes
CNEAME
Comité National de l’Égal Accès aux Médias d’État
CNRA
Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (Sénégal)
COFLEC
Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine
CORED
Comité d’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie
(Sénégal)
CRED
Comité pour le Respect de l’Éthique et de la Déontologie
(Mauritanie)
CSC
Conseil Supérieur de la Communication
DGME
Délégation Générale des Maliens de l’extérieur
ENAJM
École Nationale d’Administration, de Journalisme et de
Magistrature
FRONTEX
Agence européenne pour la gestion de la coopération
opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de
l’Union européenne
GMMP
Global Media Monitoring Project
GRDR Groupe de Recherches et de réalisations pour le Développement
Rural
HAPA
Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel
HCME
Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur
INTRODUCTION
Sigles et acronymes
Chapitre 1
Créé en juin 2000, l’Institut Panos
Afrique de l’Ouest (IPAO) est une organisation régionale africaine non
gouvernementale indépendante, qui a
pour mission de démocratiser la communication, et consolider des espaces
publics pour des sociétés africaines
ouvertes, où les opinions des citoyens
sont éclairées, et leurs voix amplifiées
et entendues.
Depuis son siège à Dakar, l’IPAO mène
des actions dans les 15 pays de la CEDEAO et en Mauritanie.
L’IPAO appuie :
• Les débats publics et le dialogue politique sur les questions clés du développement en Afrique ;
• La constitution de savoirs sur le développement des médias et sur les
enjeux de la communication pour le
développement en Afrique ;
• La production et la diffusion de contenus médiatiques de qualité, générés
par les africains eux-mêmes ;
• Le renforcement des capacités des
acteurs du changement social à informer, communiquer et se faire entendre ; L’IPAO fédère, catalyse et innove à l’échelle régionale, suscite et
promeut les initiatives en matière de
communication démocratique.
L’IPAO est membre fondateur du «
Réseau panos » qui inclut sept autres
instituts indépendants : Panos Afrique
de l’Est, Panos Afrique australe, Panos
Asie, Panos Caraïbes, Panos Canada,
Panos Londres et Panos Paris.
Chapitre 2
Directeur de l’IPP : Pascal BERQUÉ
7
Chapitre 3
Directrice de l’IPAO : Diana SENGHOR
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
6
IPAO
Institut Panos Afrique de l’Ouest
IPP
Institut Panos Paris
MCA
Millenium Challenge Account
MMEIA
Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine
NTIC
Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
ODEP
l’Observatoire pour la Déontologie et l’Éthique de la Presse (Mali)
ONG
Organisations Non Gouvernementales
Tableau n°3 : Les thématiques sur les migrations couvertes
OIM
Organisation Internationale pour les Migrations
Tableau n°4 :
p.52
ORTM
Office de Radio Télédiffusion du Mali
Fréquence de couverture des sujets sur les migrations par
rapport aux autres sujets
ORTS
Office de Radio Télédiffusion du Sénégal
Tableau n°5 :
p.53
OSC
Organisation de la Société Civile
Types et nombre de sujets traités du 1er au 15 octobre 2005
dans les trois journaux sénégalais
PNUD
Programme des Nations Unies pour le Développement
RFM
Radio Futurs Médias
RM
Radio Mauritanie chaîne publique 1
RIM
République Islamique de Mauritanie
Tableau n°9 :
SIDA
Syndrome d’Immunodéficience Acquise
Tableau n°10 : Monitoring de la période du 16 au 31 septembre 2006
p.70
TVM
Télévision de Mauritanie, chaîne publique 1
Tableau n°11 : Les thématiques couvertes sur les migrations
p.70
UE
Union Européenne
Tableau n°12 : Origine des sujets sur les migrations en Mauritanie
p.70
UEMOA
Union Économique et Monétaire Ouest Africain
USAID
United States Aid for International Development
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Pourcentage occupé par les migrations dans la presse
Tableau n°2 :
Le monitoring des journaux mauritaniens dans la période du
1er au 15 octobre 2005
p.50
p.51
p.52 Tableau n°6 : Les migrations dans la presse malienne
p.56
Tableau n°7 : Volume consacré aux questions de migrations
p.59
Tableau n°8 : Les thématiques couvertes sur les migrations
p.59
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres
sujets dans les radios, sur les trois périodes de monitoring
p.67
Tableau n°13 :
Fréquence de couverture des sujets sur les migrations par
rapport aux autres sujets
p.71
Tableau n°14 :
Volume consacré aux questions de migrations dans la presse
mauritanienne
p.88
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres
Tableau n°15 : sujets dans les radios sénégalaises pour la période du 16 au
31 mai 2011
p.88 Volume consacré aux questions de migrations à la radio et à
la télévision mauritaniennes
p.89
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres
Tableau n°17 : sujets dans les radios maliennes, selon les quatre périodes de
2005, 2006 et 2011
p.89
Recueil des perceptions et représentations dans les médias
étudiés
p.95
Tableau n°16 :
Tableau n°18 :
INTRODUCTION
Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
Chapitre 1
Liste des tableaux et graphiques
HCR
Chapitre 2
9
Chapitre 3
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
8
Liste des graphiques
Graphique n°1 : Pourcentages cumulés des articles traités dans les 3
journaux du 01 au 15 mars 2006
p.62
Graphique n°2 : Nombre d’articles traitant des questions migratoires dans
les 3 journaux du 1er au 15 mars 2006
p.63
Graphique n°3 : Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux
autres sujets dans la presse malienne, sur les périodes du
monitoring
p.66
Graphique n°4 : Pourcentage des types de sujets traités dans les trois
journaux sénégalais du 1er au 15 mars 2006
p.74
Graphique n°5 : Pourcentage occupé par les migrations du 1er au 15
septembre 2006 dans les 3 journaux
p.74
11
Sommaire
liste des tableaux et graphiques . . . . . . . . . .
9
Introduction générale
13
première partie : c adre général de l’étude de monitoring et des perceptions
sur la couverture médiatique des questions migratoires
19
2 méthodologie de recherche
20
3 contexte de l’étude
28
deuxième partie : m
onitoring des médias et analyse de la couverture des
migrations
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 1
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
43
4 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(1) – 1er
au 15 octobre 2005
47
5 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(2)- mars
2006
54
Chapitre 2
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
10
l’assaut sur les côtes espagnoles
7 synthèse sur les tendances de la couverture des « périodes chaudes » 77
8 Le fait migratoire dans l’ordinaire de l’actualité
84
monitoring d’une période normale
90
troisième partie : les perceptions des acteurs sur le traitement de
l’information portant sur le fait migratoire
101
10 les perceptions des acteurs sur le traitement del’information
102
11 synthèse des perceptions des acteurs concernés sur la couverture des
migrations
116
12 conclusion générale
117
annexe 1 :
liste des médias étudiés
120
annexe 2 :
quelques données du monitoring au mali
121
annexe 3 :
quelques données du monitoring en mauritanie
125
annexe :
quelques données du monitoring au sénégal
128
bibliographie et webographie
131
table des matières
134
Chapitre 4
Chapitre 4
Chapitre 3
mise en place du frontex. l’europe sort de ses frontières
9 synthèse sur les tendances de la couverture d’une période normale
ANNEXES
64
ANNEXES
Chapitre 3
6 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(3) :
septembre 2006
L’institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO), dans le cadre de son programme Globalisation et information a lancé, en partenariat avec l’Institut Panos Paris (IPP), un
nouveau projet intitulé « Sans papiers, sans clichés, libres voix : mieux informer
sur les migrations ». Ce projet s’inscrit dans une perspective d’appui à la production
d’informations libres et fiables sur la problématique des migrations et l’ouverture
du débat sur la thématique. Le projet intervient dans sept pays (Algérie, France,
Espagne, Mali, Mauritanie, Maroc, Sénégal), regroupant les trois catégories de pays
(d’origine, de transit et d’accueil) impliqués dans les trajectoires migratoires.
C’est dans ce cadre que l’IPAO a mené cette étude sur le monitoring du traitement
médiatique des migrations et les perceptions des migrants sur ce sujet et son traitement au Mali, en Mauritanie et au Sénégal. Cette initiative vise à établir une situation de référence de la couverture médiatique en termes de volume et de contenu,
à susciter le débat entre les différents acteurs (décideurs, organisations de la société
civile – OSC – migrants, médias) et à rétablir/restaurer la parole des migrants.
Des hypothèses de base ont été formulées pour cette étude, tirées du fonctionnement courant des médias, mais aussi de plusieurs études menées sur le traitement
de l’information sur les questions migratoires et la perception des migrants des
questions migratoires. Ces hypothèses s’établissent ainsi :
• On parle du migrant en des termes souvent connotés et stéréotypés (délinquant,
INTRODUCTION
Chapitre 1
L’accès, la maîtrise et le partage d’informations pertinentes sur les questions migratoires constituent un préalable pour susciter l’intérêt des différents acteurs concernés par les politiques migratoires sur la gestion des ressources issues des migrations
et leurs impacts sur les pays d’origine, de transit et d’accueil. Or, dans les rares cas
où il existe, le débat sur les migrations reste dominé par les autorités étatiques qui
alimentent et orientent les principales sources d’informations sur les migrations. On
note d’ailleurs sur ce plan, une diversité d’approches et de positions entre les États
de l’Afrique de l’Ouest. Alors que la posture adoptée par certains États tient compte
d’une pression et d’un engagement citoyen (Mali), d’autres (Sénégal, Mauritanie) ont
en revanche, préféré s’aligner sur les directives inspirées des politiques sécuritaires
de l’Union Européenne.
Chapitre 2
Les questions migratoires constituent de nos jours, une préoccupation majeure dans
tous les États, qu’ils soient de départ de transit ou d’accueil. Elles sont considérées,
surtout avec l’extrême médiatisation du phénomène, comme un des principaux défis du XXIe siècle.
Chapitre 3
Introduction générale
Chapitre 4
1
13
ANNEXES
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
• Les politiques européennes telles que les accords de partenariat UE-ACP sur la
gestion concertée des flux migratoires et les conséquences qu’elles engendrent
sur les droits des migrants sont souvent méconnues des principaux intéressés1
(migrants et candidats à l’émigration).
La question migratoire, lorsqu’elle est traitée, souffre souvent de ne l’être que partiellement. Les médias se distinguent par un réel manque d’initiatives à mener des
enquêtes d’investigation et/ou des dossiers exhaustifs sur ce sujet. Ils semblent surfer sur la vague de l’événementiel et du sensationnel, comme ce fut le cas en 2006
durant la période des naufrages en cascade des candidats à la traversée maritime
« Barça wala Barsax »2.
• Le manque d’informations équilibrées et diversifiées, dû aux carences techniques et théoriques des médias à couvrir librement et efficacement les problèmes
migratoires, contribue à faire le nid des idées reçues, des rumeurs, des préjugés
et des stéréotypes sur les migrants. Et ce, aussi bien dans les pays d’accueil que
dans les pays de départ.
Cette étude vise, à travers le monitoring, à :
• analyser le contenu médiatique à partir des types de sujets et des aspects de la
thématique qui sont plus développés dans les médias (aspects légal, économique, politique, social, etc.), le langage utilisé, la qualité de traitement, les sources
de référence (institutionnelles ou publiques) et les genres rédactionnels utilisés ;
• évaluer l’ampleur des productions consacrées à la thématique migratoire par les
médias et expliquer ce taux de couverture ;
1L’article 13 des Accords de Cotonou en termes de libre circulation et de résidence, mais également la convention
internationale des travailleurs migrants et de leurs familles qui n’est ni ratifiée ni signée par les États membres de
l’UE, sont des exemples patents.
2C’est le slogan utilisé par les candidats à l’émigration clandestine maritime à partir des côtes du Sénégal et qui
signifie « Barça ou la mort »
Il s’agit aussi, à travers l’enquête de perceptions, de :
• collecter les témoignages de migrants sur leurs perceptions du traitement médiatique des questions migratoires, mais aussi les perceptions et opinions des
acteurs travaillant sur les questions de migration sur ce même traitement ;
• déterminer les sources d’informations du public, en spécifiant le canal par lequel
les migrants et les OSC d’appui aux migrants s’informent ;
• spécifier les attentes et besoins des acteurs à l’égard des médias, afin de déterminer ce qui nécessite un changement dans la couverture médiatique des
migrations, ainsi que les possibilités et mécanismes pour agir sur les médias.
INTRODUCTION
Chapitre 1
• Les causes des migrations sont rarement abordées par les médias. Soit par manque de sources documentaires exhaustives, soit par incapacité de mener des
investigations crédibles sur la thématique, soit simplement par désintérêt.
• établir les sources de référence citées par les professionnels des médias et les acteurs ciblés pour documenter les productions (OSC, décideurs, migrants, etc.) ;
• analyser les modes de production médiatique à travers les formats rédactionnels, ainsi que les différences de traitement de l’information entre médias privés
et médias publics ;
• indiquer les difficultés rencontrées par les professionnels des médias pour aborder en profondeur les faits migratoires, ainsi que leurs besoins d’information sur
la thématique des migrations ;
• comparer le traitement médiatique des questions migratoires dans les trois pays
cibles, en analysant notamment les différences de traitement entre médias des
trois pays.
Chapitre 2
• Le déséquilibre constaté dans l’orientation du discours autour des migrations est
en partie imputable aux médias.
15
Chapitre 3
dealer, chômeur, prisonnier, envahisseur, polygame, bâtisseur, etc.), mais on lui
donne rarement la parole. Faute de légitimité auprès des médias et/ou d’accès
aux canaux d’expression (blog, site, radios, Facebook, journal, etc.), il n’a pas
l’opportunité de faire entendre sa voix.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
14
Première partie :
Cadre général de l’étude de monitoring et des
perceptions sur la couverture médiatique des
questions migratoires
2 méthodologie de recherche
10
3 contexte de l’étude
15
Les recherches ont été menées dans chacun des trois pays par des consultants nationaux. Le travail de l’équipe de recherche a consisté à :
• mener une recherche documentaire basée sur l’analyse des articles de presse et
sur le corpus des productions audiovisuelles ;
• recueillir les perceptions des migrants, des professionnels de l’information et
de la communication, des OSC et de divers autres acteurs sur la qualité des
contenus d’information véhiculés sur la thématique migratoire, ainsi que sur les
besoins et les attentes exprimés par cette frange d’enquêtés.
Le consultant qui a mené l’étude sur le Sénégal a assuré la coordination de l’étude
dans les trois pays. Il a également eu à procéder à la synthèse des études et à l’analyse de contexte pour la production d’un rapport d’ensemble.
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 2
L’équipe de recherche
Chapitre 3
2.1
2.2
Les médias à étudier
Pour les trois pays objet de l’étude, le paysage médiatique est évalué en termes de
densité basse ou haute. À partir de cette norme, le nombre, la typologie et la localisation des organes de presse à étudier ont été fixés de manière à permettre une
lecture représentative de la couverture du fait migratoire par les médias, et de la
perception des migrants face à ce traitement.
Dans chaque pays, l’étude a couvert une variété de médias, public et privé, tous secteurs compris : presse, radio et télévision. Les choix ont été opérés selon les critères
suivants :
• trois quotidiens à dimension nationale, dont le journal gouvernemental ;
• quatre radios, dont la chaîne publique et des radios communautaires établies
dans des zones de forte émigration (là où il en existe) ;
• deux chaînes de télévision, là où il en existe plus d’une, dont la chaîne publique.
3http://www.whomakesthenews.org/gmmp-background.html
Approche
Analyse qualitative des contenus des médias :
Il s’agit là d’apprécier le niveau de valorisation
que les médias accordent à l’information sur les
migrations.
Analyse quantitative : il s’agit ici d’apprécier la
récurrence et l’importance de l’espace accordé
aux questions de migrations.
Références
- Types de sujets abordés, langage utilisé, qualité du traitement de
l’information, sources de référence, genres rédactionnels.
- Nature des contenus des médias en termes d’informations sur le fait
migratoire et sur les migrants, ainsi que les appréciations portées par
les journalistes sur le fait migratoire et sur les migrants.
- Témoignages de migrants et acteurs travaillant dans le domaine des
migrations, sur les contenus des médias, opinion sur les médias
- Comparaison du traitement selon les secteurs médiatiques.
Volume de couverture du fait migratoire (nombre d’articles, rythme
de production sur la problématique, etc.) Ce volume est apprécié en
rapport avec les autres sujets couverts par les médias retenus.
2.3 La période étudiée
Le travail documentaire mené dans les trois pays a été effectué suivant une période
de forte actualité sur les migrations et une période normale, pour mieux apprécier
les comportements des médias vis-à-vis de cette information :
Pour les périodes de forte actualité les choix portent sur :
• les événements de Ceuta et Melilla (Maroc) : octobre 2005
• le phénomène « Barça wala barsax » : mars 2006
• les expulsions d’immigrés clandestins en Europe suite à la mise en place du dispositif Frontex : septembre 2006
Pour la période normale, le monitoring a été fait durant la période du 16 au 31 mai
2011.
2.4 La démarche d’enquête
L’étude faite sur le traitement du fait migratoire par la presse sur les quatre périodes
identifiées est complétée par une enquête menée auprès d’acteurs concernés par la
production de cette information. Elle vise à établir les perceptions que ces acteurs
ont de la couverture de cette thématique par les médias. D’une part, en tant que
producteurs de cette information, d’autre part en tant que consommateurs et/ou
partenaires, voire utilisateurs des médias. Sur la base d’un questionnaire identique
pour les trois pays, l’enquête a visé plusieurs cibles qui ont constitué l’échantillon4
de travail :
4Le nombre de personnes proches des migrants et de migrants interrogées au cours de cette étude est de 40 par
pays.
première partie
Chapitre 1
Les repères suivants ont été posés pour fixer le cadre d’analyse.
Chapitre 2
La méthodologie proposée pour l’aspect quantitatif de cette étude est celle utilisée
pour le Global Media Monitoring Project (GMMP)3. Le modèle utilisé est un instrument de recherche qui fournit un outil quantitatif pour la surveillance et l’analyse
des contenus des médias sur une variété de sujets. Elle a été complétée par des entretiens avec des professionnels des médias, des acteurs impliqués dans les questions
migratoires, ainsi que des migrants et proches de migrants.
19
Chapitre 3
2Méthodologie de recherche
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
18
Répondants officiels ou techniques travaillant dans des domaines liés aux
migrations :
• haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères ;
• h
aut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur ;
• experts sur les questions de migrations (universitaires, chercheurs, experts
auprès d’organisations internationales, responsables d’organisations de défense
de droits humains, etc.) ;
• représentant d’organisation internationale ayant des programmes liés aux questions migratoires.
Au Sénégal, les répondants ont été principalement identifiés dans la localité de
Cayar. Ce port de pêche traditionnel a été un des principaux points de départ de
l’émigration clandestine par la mer. Un des premiers aussi. Les enquêtes ont été
complétées à Louga, une région qui demeure, depuis les années 1990, un des foyers
les plus intenses d’émigration vers l’Europe, et à Thiaroye, une localité de la banlieue
dakaroise où s’activent les associations les plus dynamiques de lutte contre l’émigration clandestine5.
Les perceptions des acteurs évoluant dans le domaine des migrations et celles des
professionnels des médias se recoupent, à peu de variantes près, sur les trois pays. De
manière complémentaire, elles sont présentées sous forme de résumé des tendances
pour le Mali, de résumé des statistiques pour la Mauritanie et d’extraits d’interviews
pour le Sénégal.
2.5Présentation détaillée des zones d’enquête
Les zones écogéographiques touchées par l’étude se présentent ainsi :
Répondants proches des migrants ou travaillant dans les zones de migrations
• membres de familles d’émigrés : ascendant (père, mère) ou conjoint (épouse,
époux) ;
• responsable de collectivité locale ;
• responsable d’association locale de développement ;
• responsable d’association locale d’immigrés ;
• acteurs dans l’appui au développement à la base : responsables d’ONG impliquées dans les activités de promotion socioéconomique ;
• leaders communautaires : religieux/coutumier, jeunes ;
Au Mali, l’enquête a été menée dans quatre zones de forte immigration et émigration, où on note une concentration de radios communautaires, mais aussi une bonne
couverture par la radio et la télévision nationales. Il s’agit de Niono, de Nioro du
Sahel, de Banamba et de Kadiolo. Une autre phase de l’enquête s’est focalisée sur les
médias de masse à Bamako.
En Mauritanie, les enquêtes ont eu pour cadre les villes de Nouakchott, Nouadhibou
2.5.1Mali
Zone Sud (région de Sikasso) : La partie sud du Mali (Kadiolo,) est frontalière avec
la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée. À dominance ethnique Sénoufo, cette
région connaît des tensions sociales liées au rapatriement de milliers de ressortissants maliens, suite à l’éclatement du conflit ivoirien en 2002. Dans le flux se
trouvent aussi des milliers d’Ivoiriens fuyant leur pays. Cette zone humide du Mali
accueille également des migrants saisonniers venant de l’intérieur du Mali pendant
les périodes de sécheresse. Ce rush de populations crée un climat de tension sociale,
avec des conflits autour des ressources et autres heurts liés à l’intégration.
première partie
Chapitre 1
et Sélibaby. Les deux premières villes, principaux ports de pêche du pays, constituent
des points de départ des migrants subsahariens vers les îles espagnoles. La dernière
localité, dans le sud, est au carrefour des migrations internes actuelles en Mauritanie, tout comme elle constitue une étape sur les routes du désert, pour la migration
clandestine via l’Algérie.
Chapitre 2
• Propriétaires de médias : éditeur/ directeur de publication et directeur de radio
ou de télévision ;
• Rédacteur en chef de presse écrite et un rédacteur en chef dans une radio ou une
chaîne de télévision ;
• Journalistes du desk « Société » dans un journal et dans une radio ou une chaîne
de télévision ;
• Reporters travaillant dans d’autres desks dans un journal et dans une radio ou
une chaîne de télévision.
21
Chapitre 3
Professionnels des médias :
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Zone Sud-Ouest : Cette région se recoupe avec les régions de Kayes et de Koulikoro,
avec un ancrage dans l’histoire des migrations des Maliens en direction de la France
5Trois associations se sont particulièrement distinguées dans la lutte contre l’émigration dite clandestine au
Sénégal. Il s’agit de l’association des jeunes rapatriés de Thiaroye-sur-mer (AJRAP), de l’association des rapatriés et
personnes disparues de Thiaroye (ARPDT) et du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine
(COFLEC).
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
20
Zone centre (district de Bamako, région de Ségou) : Le choix de la zone centre
s’explique - pour ce qui est de la capitale, Bamako - par le fait qu’elle abrite les
instances de décision sur les questions migratoires (MMEIA, HCME…)8. Questions
politiques en lien avec le développement (migration circulaire9), avec les ressources
issues des migrations et à leurs impacts dans l’économie malienne.
Dans la région de Ségou, l’implantation de l’Office du Niger, vaste aménagement
hydro-agricole, et son ouverture aux pays tels que le Burkina-Faso et la Côte d’Ivoire,
soulève la problématique de la libre circulation des personnes et des biens dans
l’espace CEDEAO, ainsi que les droits d’accès des migrants venus de la sous-région
à la terre dans les périmètres aménagés autour du fleuve Niger. Elle pose aussi la
question des projets agro-industriels portés par des migrants de retour au pays dans
le cadre du Codéveloppement.
6Anna Di Bartolomeo et alii, « Les remises d’argent représentent une ressource importante au Mali (3,0 % du PIB
en 2005), surtout dans certaines régions […] les remises des migrants représentent jusqu’à 80,0 % des revenus des
ménages dans la région Kayes d’où sont originaires un nombre important de migrants », In Profil migratoire Mali,
CARIM, 2010, p.3
7Selon Modibo Keita, « l’ensemble des régions et des localités maliennes est touché par la migration des femmes,
mais la région de Kayes l’est plus fortement […] Nous avons également observé ce cas de figure dans d’autres
localités, notamment Bamako, où cette situation semble toutefois plus indigner les parents de la femme qu’à
Kayes où le phénomène est plus ancien », In La migration féminine au Mali, CARIM, 2011, p.4
8L’importance de la diaspora malienne est telle qu’un ministère spécifique est chargé de traiter les questions y
afférant : le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine (MMEIA). Il est accompagné dans
sa mission par le Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) qui est un organe consultatif. Sa mission est de
promouvoir l’image du pays, porter assistance aux Maliens résidant à l’étranger, inciter les migrants à orienter
leurs envois financiers vers des investissements, développer des programmes d’information pour les candidats à
l’émigration, etc., et la Politique de Population.
9Suite aux rencontres de haut niveau de Rabat (juillet 2006) et Tripoli (novembre 2006) et au Dialogue politique
au titre de l’article 13 de l’Accord de Cotonou entre le Mali et l’UE, le Mali, la CEDEAO, la France, l’Espagne et la
Commission européenne ont signé, à Bamako, le 8 février 2007, une déclaration conjointe sur : « Migration et
Développement ». Afin d’approfondir leur coopération, les parties signataires de cette déclaration conjointe ont
convenu d’appuyer la création d’un Centre d’Information et de Gestion des Migrations (CIGEM) pour atteindre
l’objectif de définir et mettre en œuvre une politique migratoire malienne adaptée aux dynamiques nationales,
régionales et internationales. Ce Centre est une structure pilote qui pourrait être répliquée dans les autres États de
la CEDEAO concernés par les questions migratoires.
Zone Sud (Ayoun, Kobenni, Rosso, Sélibabi) : Pourvoyeuse de migrants, le sud de
la Mauritanie constitue le berceau des migrations internes vers les centres économiques et politiques du pays (Nouakchott, Nouadhibou). Elle demeure aussi le lieu de
départ des premières vagues de migrants soninkés (principaux acteurs économiques
de la région) vers l’Europe. Cette zone enregistre également beaucoup d’initiatives
économiques autour du fleuve, portées par des migrants dans le cadre du codéveloppement.
Elle est devenue un point de passage (Ayoun, Rosso, Gogui10) privilégié pour les candidats à l’émigration clandestine par voie terrestre, via l’Algérie. Elle se distingue
aussi par la présence des camps de détention instaurés dans le cadre la mise en
œuvre des mesures sécuritaires de l’UE signées par la Mauritanie. Le Sud est intéressant parce qu’il abrite la majeure partie des camps de réfugiés hérités de la crise
sénégalo-mauritanienne de 1989.
Zone littorale (Nouakchott, Nouadhibou) : poumon économique et politique de
la Mauritanie, la partie littorale abrite les deux grandes villes du pays (Nouakchott,
Nouadhibou) qui servent de lieu d’accumulation/préparation pour les migrants en
transit et de points de départ des migrants subsahariens vers les iles espagnoles, à
partir des principaux ports de pêche en Mauritanie.
La violation constante des accords de libre circulation entre la Mauritanie et les pays
de la CEDEAO, comme le Sénégal et le Mali11, la présence des camps de détention
des migrants réadmis, la fragilité des conditions socio-économiques (difficulté d’intégration face à la xénophobie) et sanitaires dans les camps de migrants en transit
restent notables.
2.5.3 Sénégal Zone Nord : Dans l’ancienne région du Fleuve (Saint-Louis, Matam et Bakel), l’empreinte de la diaspora du Fouta reste partout visible. Principaux acteurs du développement de la zone Nord, le dynamisme de ces migrants (regroupés en associations
de ressortissants) se manifeste dans la réalisation d’infrastructures communautaires
comme des écoles, des routes, des postes de santé, des installations d’électrification
rurale, etc. Les projets économiques initiés dans le cadre du codéveloppement pour
favoriser le retour volontaire restent également présents avec les aménagements
10Voir, Prisonniers du désert. Enquête sur les conséquences des politiques migratoires européennes à la frontière
Mali-Mauritanie. La Cimade, Décembre 2010, p.31
11Par exemple l’arrestation arbitraire de marchants ambulants sénégalais aux alentours du marché dans la nuit du
16 avril 2011 par la police de Nouakchott.
première partie
Chapitre 1
2.5.2Mauritanie
Chapitre 2
L’importance de cette région du sud-ouest est renforcée, depuis quelques années,
par la place centrale de la région de Kayes (Nioro du Sahel) comme lieu de transit
des candidats à l’émigration dite clandestine sur les routes terrestres empruntées
par les Subsahariens pour rejoindre l’Europe, mais aussi par l’ampleur du nombre
d’émigrés expulsés originaires de cette région.
23
Chapitre 3
et d’Afrique centrale. Le dynamisme socio-économique6 de ses ressortissants dans le
cadre du Codéveloppement est remarquable, avec leur implication dans les projets
d’intérêt communautaire : route, électricité, NTIC, agriculture, santé… On y note
aussi une féminisation7 de l’émigration, encouragée par le regroupement familial
institué par les pays de destination.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
22
Zone Centre : la zone Centre du Sénégal (Louga, Diourbel) enregistre une forte
concentration de migrants qui entretiennent une relation particulière avec la chefferie maraboutique. La dynamique économique migratoire reste construite sur un socle
religieux, notamment au sein de la communauté mouride. L’importante contribution
financière des migrants reste d’un impact positif dans la lutte contre la pauvreté. Par
contre, la fréquence des infanticides dus aux grossesses non désirées de femmes de
migrants dénote un malaise social lié à ce phénomène.
Zone Centre-Ouest : la forte concentration des instances gouvernementales et
étrangères (agence du FRONTEX à Dakar) de lutte contre l’émigration clandestine
et la présence de représentations diplomatiques des principaux pays de destination
des Sénégalais confèrent une place centrale à la capitale sénégalaise dans le débat
sur les migrations et la mise en place de politiques migratoires cohérentes. Cette
zone reste également importante parce qu’elle a été au centre des migrations clandestines internationales avec les pirogues qui embarquaient au large des anciens villages de pêcheurs « lébou » (Thiaroye, Yarakh, Rufisque, Yoff, Hann), lors de la vague
« Barça wala Barsax ».
La pénalisation12 de cette forme d’émigration par les autorités sénégalaises et la
féminisation13 de plus en plus accrue des migrations des centres urbains constituent de nouvelles dimensions dans ce phénomène. Cette zone Centre-Ouest abrite
12« Parmi les 121 personnes poursuivies en flagrant délit et non détenues, 110 appartiennent à la même affaire. Elles
ont été présentées au parquet de Dakar par la Section de l’environnement. Elles sont poursuivies pour « immigration
clandestine », « embarquement clandestin » ou « incitation de Sénégalais à l’immigration clandestine ». La même
tendance s’est dégagée au niveau des parquets des autres grandes régions de départ : « Globalement, parmi les
1 232 personnes présentées en 2006 devant les parquets régionaux de Saint-Louis, Dakar, Thiès et Ziguinchor
dans le cadre des départs par voie maritime, plus de huit sur dix ont été poursuivies en flagrant délit et placées en
détention » (Le migrant criminalisé, le temps d’une traversée L’externalisation des frontières européennes à l’aune
du droit L’exemple de l’émigration récente par voie maritime depuis les côtes sénégalaise – Mandiogou Ndiaye et
Nelly Robin - p.191)
13Selon Papa Sakho et Fatou Bintou Dial, « lors du RGPH de 2002, il y avait 27,5% de ménages ayant au moins un
membre vivant actuellement à l’étranger (à Dakar et sa banlieue : Pikine, Rufisque et Guédiawaye). La proportion
des femmes émigrées était de 31,7% à Dakar contre 18% dans sa banlieue », In Migration clandestine féminine.
Etude de cas de Dakar et sa banlieue, CARIM, 2010.
2.6 Difficultés rencontrées au cours de l’enquête
Des difficultés ont été rencontrées dans la recherche documentaire, rendant impossible l’accès à certains documents.
• Faute de services d’archivages ou d’archives complètes et bien tenues au niveau
des radios et chaînes de télévision, les bulletins d’information de la période de
forte actualité sur les migrations, en 2005 et 2006, n’ont été disponibles dans
aucun des trois pays étudiés.
• Les coupures de courant intempestives ont empêché des radios communautaires
sélectionnées au Sénégal de diffuser régulièrement des Journaux parlés dans la
période de monitorage. Ayant diffusé moins de sept éditions durant la quinzaine
considérée, ces organes ont été écartés.
• L’absence d’archives complètes pour le quotidien gouvernemental mauritanien
Horizons, durant les périodes d’octobre 2005 et mars 2006, a poussé à l’exclure
de cette partie de l’étude. Même situation pour L’Authentique, quotidien privé
paraissant régulièrement depuis 2006.
• Dans les interviews avec les professionnels des médias, aucun répondant de la
Télévision de Mauritanie (TVM) et de Radio Mauritanie n’a pu être approché. De
longues procédures administratives étaient nécessaires. Cette lourdeur a eu des
répercussions très importantes sur la suite du travail.
première partie
Chapitre 1
également les poumons économiques du pays (comme la capitale Dakar et la ville
touristique de Mbour) qui servent souvent de points d’accumulation des migrants
sous-régionaux (Guinéens, Maliens, Nigérians, etc.) et nationaux.
Zone Sud : dans cet espace transfrontalier, les questions liées aux migrations se posent en termes économiques, avec le marché hebdomadaire de Diaobé qui polarise
l’essentiel des activités commerciales entre le Sénégal, la Guinée, la Gambie et la
Guinée Bissau. Cette activité commerciale reste favorisée par la libre circulation des
personnes et des biens. Liée aux migrations, la situation sociale demeure marquée
par les grossesses non désirées des femmes de migrants, les grossesses précoces liées
à la prostitution, ainsi que la prévalence du VIH/sida. Malgré l’importance des flux
financiers des migrants pour contribuer à la lutte contre la pauvreté, cette zone a
payé un lourd tribut à l’émigration clandestine, à travers la participation des jeunes
au phénomène des « boat people ».
Chapitre 2
Une incidence des migrations reste aussi le fort taux de prévalence du VIH/sida
et des MST auprès de la population féminine dans cette zone, souvent victime de
conjoints établis à l’étranger. La propagation des MST est aussi favorisée par la polygamie ainsi que par des pratiques comme le lévirat et le sororat qui sont inscrites
dans la culture locale.
25
Chapitre 3
hydro-agricoles autour du Fleuve Sénégal. De même, les importants envois d’argent
par les migrants vers cette zone du Fouta ont tiré beaucoup de familles de la pauvreté.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
24
Chapitre 1
Mali
Le Mali a la particularit�d底tre un pays de fortes dynamiques migratoires internationales. Selon les
statistiques de la D駘馮ation G駭駻ale des Maliens de l脱xt駻ieur (DGME), le nombre de Maliens
éablis �l帝tranger est estim��4 millions, dont plus de 3,5 millions en Afrique. Pr鑚 de 2 millions d弾
ntre eux vivraient en Ce d棚voire.
Dans la population de migrants s駭馮alais, il faut inclure les r馭ugi駸 d馗oulant du conflit casaman
軋is qui a 馗lat�en 1982. En 2007, ils éaient estim駸 �15 896 personnes, partag馥s �95 % entre la
Gambie et la Guin馥-Bissau. S馳 ajoutent les d駱lac駸 internes qui ne sont pas quantifi駸.
Le Mali, la Mauritanie et le Sénégal ont des traditions de migrations qui en font un phénomèe social
éabli et m麥e structur��travers des dynamiques 駱rouv馥s. Aussi bien dans l弛rganisation des d’arts
que dans leur financement. Ces derni鑽es d馗ennies ont cependant vu les flux migratoires et les types
de migration changer dans les trois pays.
La diaspora malienne repr駸enterait environ le 1/3 de la population totale du pays. L脱urope n弾n
accueille que 3 %, dont la majorit�vit en France. L帝migration irr馮uli鑽e, elle, repr駸ente �peine
1 % du total des flux.
Depuis 2005, le pays est confront�aux cons駲uences d駸astreuses des migrations irr馮uli鑽es. Celles-ci se traduisent par des refoul駸, des expuls駸 et des disparitions dans les oc饌ns ou �travers le
Sahara.
En 2008, la Direction G駭駻ale des Maliens de l脱xt駻ieur a enregistr�1 410 expuls駸 et refoul駸,
provenant principalement de la Libye, de l脱spagne et de la France.
Le S駭馮al souffre de ne pas compter sur une politique coordonn馥 de gestion de l帝migration. S段l
existe un minist鑽e charg�des 駑igr駸, plusieurs acteurs institutionnels op鑽ent �travers des axes d段
ntervention qui ne convergent pas toujours. Notamment dans le domaine de l弾mploi des jeunes pour
lutter contre l帝migration clandestine. (Source OIM)
première partie
27
Les S駭馮alais sont consid駻駸 comme de grands voyageurs. Dans les faits, une 騅aluation faite dans
la p駻iode (1995-2005) fixait la population des 駑igrants s駭馮alais �479 515. On les retrouve en
Gambie (20 %), en France (18 %), en Italie (10 %), en Mauritanie (8 %), en Allemagne (5 %) et au
Ghana (5 %). タ 68 %, il s誕git d置ne population en 稟e de travailler (15 et 34 ans) et ces 駑igr駸 sont
presque tous actifs dans une fourchette d停ge comprise entre 15 et 54 ans (94 %). Dans ce stock d帝
migrants, le S駭馮al subit aussi une fuite des cerveaux. En effet, 678 des m馘ecins s駭馮alais (51 %)
et 695 infirmi鑽es (27 %) ont 駑igr�sur la p駻iode 1995-2005.
Carte des migrations : Des lignes qui bougent
Chapitre 2
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 1
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 2
première partie
26
Sénégal
Longtemps pays d段mmigration au niveau de la sous-r馮ion, le S駭馮al a chang�de profil devant les
effets de la crise 馗onomique qui ont commenc��se faire sentir dans les ann馥s �0, pour s誕ggraver
�travers les d馗ennies �0 et 2000. Devenu un pays d帝migration, il se distingue aussi comme espace
de migration de transit. Entre 2001 et 2005, le nombre d段mmigrants est pass�de 126 204 personnes
�220 208 personnes, soit 2 % de la population totale (DPNU, 2009), en provenance essentiellement
de la Guin馥 (39 %), de la Mauritanie (15 %), de la Guin馥-Bissau (11 %), du Mali (8 %), de la France
(8 %), du Cap-Vert (4 %), de la Gambie (3 %), du Maroc (2 %) et du Burkina Faso (1 %).
Cette immigration se fonde le plus souvent sur des raisons 馗onomiques (31,8 %), note-t-on dans l脱
nqu黎e s駭馮alaise aupr鑚 des méages (ESAM II) de 2001. Dans les faits, il s誕git d置ne population
active dans sa majorit� puisque 55,9 % des personnes en 稟e de travailler (15 �64 ans) en 2001 d馗
laraient avoir une occupation.
Chapitre 3
Si les lois sur les migrations commencent �prendre forme, les statistiques sur les migrants en Mauritanie demeurent rares et souvent class馥s ォ confidentielles サ. Au cours du premier trimestre de 2011,
les autorit駸 polici鑽es de Nouadhibou ont par exemple entam�un recensement des migrants pr駸
ents dans cette ville. Il s弾st achev�sans que les r駸ultats soient rendus publics.
Chapitre 4
Longtemps consid駻�comme secondaire, le cadre politico-juridique de la migration en Mauritanie
commence �黎re mieux per輹 par les autorit駸. Le pays conna羡 des 騅olutions dans ce domaine,
avec l誕doption r馗ente de projets de loi. On peut noter, en particulier, la loi relative �la lutte contre
le trafic illicite de migrants qui vient compléer les dispositions péales.
ANNEXES
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 3
Mauritanie
Par ailleurs, du fait des enjeux multiples qui les caractérisent, les questions migratoires sont devenues conflictogènes, imprimant des tensions dans les rapports entre
communautés indigènes et allogènes à l’intérieur des frontières, entre États, mais
aussi entre institutions régionales. Mais loin de ce scénario du pire, les questions
migratoires recouvrent aussi des dynamiques qui font qu’elles impactent positivement sur les lieux de départ, de transit et d’accueil, autant qu’elles influent sur les
réalités sociales, économiques, politiques et culturelles à toutes les étapes du circuit
de migration.
L’objectif de cette étude est de définir une situation de référence pour la couverture
médiatique des questions migratoires dans les trois pays, en termes de volume, de
nature et de qualité des contenus. Il s’agit aussi de mesurer les perceptions chez les
différents acteurs (décideurs, OSC, migrants et médias) et de poser les paramètres
pour une couverture de meilleure qualité sur ce sujet. Les données collectées visent,
par ailleurs, à éclairer les décideurs politiques et partenaires au développement dans
un domaine encore marqué par la rareté d’informations statistiques fiables et actualisées.
L’information sur les questions migratoires se présente souvent sous la forme d’un
débat biaisé, excluant les migrants qui n’ont pas toujours voix au chapitre. Minorité
invisible, mais fortement stigmatisée, ils sont objets plus que sujets à impliquer dans
les récits médiatiques. Les causes des migrations et le vécu des migrants sont peu
abordés. Les meilleures facettes de ce qu’ils représentent restent occultées alors
que les travers se retrouvent amplifiés. Les informations restent souvent partiel14Les fonds reçus de l’extérieur sont à l’origine d’une hausse du revenu par tête des sénégalais de près de 60 % par
rapport aux ménages ne recevant pas d’argent de l’étranger (Diagne et Diane, 2008).
À partir d’une analyse de contenu des médias dans les trois pays considérés, cette
étude de monitoring permet de comprendre les approches de couverture du sujet,
mais aussi les choix de non-couverture médiatique de questions qui portent, de
manière spécifique, sur les migrations. Elle oriente aussi les interventions qui permettront d’améliorer ou de mettre en valeur la couverture des migrations, de mieux
cerner les politiques éditoriales et de guider les approches de formation/encadrement pouvant contribuer à un meilleur traitement des migrations.
3.2Présentation de l’espace médiatique couvert
Le cadre médiatique dans lequel s’inscrit cette étude présente des similitudes entre
le Mali et le Sénégal. Par contre, les différences restent importantes avec la Mauritanie.
3.2.1Mali : Un secteur radiophonique florissant
La presse malienne a connu son essor à partir des années 1990. Son développement
a été rapide, mais avec une base professionnelle faible et un environnement économique difficile.
Presse écrite : Les journaux maliens sont dans leur majorité des organes d’information générale, même si les contenus politiques restent prépondérants. Le Mali
compte 200 journaux privés, dont une cinquantaine paraît plus ou moins régulièrement. Les tirages sont faibles, avec des tabloïds de 6 à 12 pages imprimés pour 500 à
1 500 exemplaires. Avec l’absence d’une messagerie structurée, la distribution reste
déficiente et se concentre essentiellement sur Bamako. Seul le quotidien national,
L’Essor, couvre tout le pays pour sa diffusion. Des journaux locaux existent par contre
à Ségou, avec Le Ségovien et Delta Info, ainsi qu’à Gao avec Diya. On note aussi
l’existence d’une presse communautaire en langues nationales Bamanakan, Peulh
et Soninké. Éditées par l’Agence malienne de presse et de publicité, en plus d’un
mensuel en Bamanakan édité par la coopérative culturelle Jamana, ces publications
ont de forts tirages.
Secteur radiophonique : le Mali compte 300 radios privées commerciales ou associatives (communautaires, confessionnelles ou de coopératives), sans compter l’Of-
première partie
Chapitre 1
L’étude de monitoring sur le traitement médiatique des questions migratoires et les
perceptions des migrants au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, initiée par de l’IPAO
et l’IPP et objet du présent rapport, s’inscrit dans un contexte où les questions migratoires recouvrent, aussi bien au Nord qu’au Sud, des enjeux politiques, économiques,
sociaux, culturels. Elles s’inscrivent au cœur des débats sur la mondialisation, structurent pour une bonne part les rapports Europe-Afrique, tout comme elles marquent
les dynamiques régionales de population et de développement communautaire en
Afrique14.
les et/ou mal documentées. Quant aux discours politiques qui orientent souvent
l’information, ils ne posent guère les dimensions structurelles du fait migratoire. La
compréhension, par le public, des enjeux et la maîtrise des paramètres d’analyse du
phénomène en souffrent.
Chapitre 2
3.1Présentation de l’étude
29
Chapitre 3
Contexte de l’étude
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
3
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
28
Secteur télévisuel : Le Mali n’a pas encore autorisé l’exploitation des télévisions
privées, mais l’État n’exerce plus, de facto, son monopole en la matière. Une chaîne
qui se veut continentale émet depuis 2004 ses propres programmes sans autorisation, alors qu’elle est déclarée comme un « rediffuseur ». Trois structures de rediffusion d’images par satellite proposent aux téléspectateurs maliens environ 150
chaînes câblées.
Formation : La Mauritanie a vu en 2010, la création de la première et unique école
de formation de journalistes, en l’occurrence l’École Nationale d’Administration de
Journalisme et de Magistrature (ENAJM). Par ailleurs, le secteur médiatique s’organise et se professionnalise. Les sessions de renforcement des capacités se multiplient
à travers des séminaires et des ateliers. En 2009, d’après la HAPA, seuls trois journaux
ont été appelés devant la justice ou mis en garde du point de vue du respect des
règles éthiques et déontologiques de la profession. En 2008, ils étaient 18 à faire
l’objet de telles mesures.
3.2.3 Sénégal : Une longue tradition
Formation : Le Mali ne dispose pas de structures de formation en journalisme. La
majorité des professionnels des médias ont appris le métier sur le tas. Ce déficit au
niveau des acquis de base nuit à la bonne qualité des contenus des médias.
Le Sénégal a longtemps été à l’avant-garde du développement du paysage médiatique en Afrique francophone. Aux côtés des traditionnels médias d’État, le secteur des
médias privés a commencé à s’y imposer depuis les années ‘80.
3.2.2Mauritanie : Une liberté naissante
Presse écrite : le premier journal imprimé au Sénégal a existé de 1856 à 1887. Il
s’agit du Moniteur du Sénégal, un hebdomadaire. Durant cette période coloniale,
le secteur de la presse est resté dynamique, d’autres journaux voyant le jour pour
porter surtout les idées politiques véhiculées dans le cadre des luttes pour l’indépendance. Cette pluralité est demeurée après l’accession du pays à la souveraineté internationale, mais c’est à partir de la fin des années 1970 que le secteur s’est diversifié
avec l’émergence de médias privés mieux structurés. En 2011, le Sénégal compte
plus de vingt-cinq quotidiens paraissant régulièrement, quatre hebdomadaires, cinq
mensuels et autres périodiques d’informations générales, dix périodiques spécialisés
et 19 publications locales/régionales. Les tirages des journaux s’échelonnent entre
un millier et plus de 70 000. Ils sont essentiellement diffusés en milieu urbain. Les
mauvais circuits de diffusion et l’analphabétisme constituent des freins à une plus
large distribution.
La Mauritanie a vu naître ses premiers journaux privés au début des années ‘90, mais
les conditions économiques difficiles, le professionnalisme embryonnaire et le faible
lectorat ont limité leur essor. Le secteur audiovisuel, de son côté, vit toujours dans
l’ère de la pensée unique.
Presse écrite : la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel en Mauritanie
(HAPA) a recensé, en 2008, près de 130 publications paraissant dans le pays. Sauf
que la moitié de ces titres n’a pas publié plus de deux numéros. En 2009 et 2010, la
même enquête15 a touché 107 publications, mais seuls 57 journaux disposaient de
véritables adresses et paraissaient plus ou moins régulièrement. Dans ces statistiques, on relève, en plus du journal gouvernemental Horizons, cinq quotidiens privés
(Nouakchott Info, L’Authentique, Le Quotidien de Nouakchott, Biladi et Le Rénovateur). Publiés en langue française, ils paraissent du dimanche au jeudi (soit cinq jours
dans la semaine). Le tirage de la presse privée reste faible et tourne entre 1000 et
2000 exemplaires, pour des éditions qui vont de 8 à 12 pages.
15« Rapport sur la situation de la presse privée »– Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA), 2009,
20pp
Secteur radiophonique : le Sénégal compte une trentaine de radios commerciales et une cinquantaine de radios communautaires qui émettent. La croissance du
secteur s’est faite à grande vitesse, après la naissance de Sud Fm en 1994, première
radio privée du pays. Si la quasi-totalité des radios commerciales est basée à Dakar,
les radios communautaires elles, essaiment surtout les régions de l’intérieur. Mais
première partie
Chapitre 1
Secteur audiovisuel : le paysage audiovisuel mauritanien demeure un des moins
développés de la sous-région. On peut espérer une évolution positive, au regard des
avancées démocratiques connues par ce pays depuis la chute du régime du président Ould Taya en août 2008. Mais le pays ne connaît pas encore d’ouverture à ce
niveau. Seuls émettent des médias de service public, les autorités gouvernementales
ne s’étant pas encore décidées à libéraliser le secteur radiophonique.
Chapitre 2
Cinq médias étrangers (Radio France Internationale, BBC, la Voix de l’Amérique,
Deutsch Welle) sont relayés par des organes nationaux.
31
Chapitre 3
fice de Radiodiffusion et Télévision du Mali (ORTM), l’organe public audiovisuel, dont
la station nationale est relayée par 8 antennes régionales. Les radios privées, dites de
proximité, ont maillé tout le territoire national. Les régions de Sikasso et Kayes sont
les plus desservies avec, respectivement, 52 et 43 stations. La région de Kidal reste la
moins nantie et n’en compte que 7. Les émissions de l’office de radiodiffusion et télévision du Mali ont un taux de couverture qui touche 75 % à 80 % de la population
nationale. Quant à la couverture géographique, elle avoisine les 90 %.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
30
Formation : le professionnalisme des journalistes sénégalais a atteint un niveau
appréciable et ce grâce à une longue tradition de formation diplômante. Au Centre
d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) ouvert en 1970, sont
venus s’ajouter des instituts privés qui, depuis les années ‘90, ont commencé à répondre aux besoins croissants de formation.
Le développement rapide de la presse induit cependant des travers. Face au nombre
important de journalistes qui investissent la profession, la formation laisse à désirer.
Une concurrence féroce sur le marché, dans un environnement économique précaire, conduit aussi à une « pipolisation » de la presse qui verse dans le fait divers,
le racolage et les effets grossissants. Cette tendance, plus rentable, réduit l’espace
d’expression d’autres médias plus portés sur les approches de fond.
ANNEXES
Chapitre 4
3.3 l’objet de l’étude et sa portée 3.3.1Médias et migration : les questions qui se posent
L’étude cherche à déterminer différents aspects du traitement médiatique des questions migratoires tels que :
• l’intérêt que les médias portent à ce sujet ;
• la manière dont les médias appréhendent les questions migratoires ;
• les centres d’intérêt et les approches professionnelles que développent les médias autour de cette information.
Il s’agit là de différents éléments qui se combinent en général pour déterminer la
quantité et la qualité de couverture sur une question donnée. Mais aussi l’influence
3.3.2Le rôle des médias comme facteur encourageant l’émigration est à
questionner
L’influence des médias sur les populations dans les zones de départ pour l’émigration
clandestine est réelle. À ce sujet, les propos ci-dessous, avancés par un agent communautaire intervenant dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et
travaillant avec la communauté des pêcheurs à Saint-Louis,16 permettent de mesurer
une telle influence :
« À Saint-Louis, les récits de pêcheurs traditionnels qui naviguaient jusqu’à se retrouver au large de l’Espagne ont longtemps été rapportés. Au début des années
2000, des témoignages d’émigration clandestine isolée, par le biais de cette voie
maritime, étaient rapportés. Mais dans une communauté de pêcheurs bénéficiant
d’une activité rentable, les candidats au départ n’étaient pas nombreux.
C’est avec la crise économique et son impact sur le secteur de la pêche traditionnelle que les départs vont se multiplier. Cela commencera notamment parmi les
« gens de la mer ». C’est quand les médias s’emparent du phénomène qu’il explose. On a su que faire des milliers de kilomètres en mer sur des embarcations
de pêcheurs, pour se retrouver sur les côtes espagnoles, était possible. On n’a pas
connu pareil rush dans les années 1960, quand les premières migrations s’organisaient vers l’Afrique centrale, sur la « route de l’or et des diamants » du Congo.
Les médias n’étaient pas assez développés pour populariser un phénomène qui se
propageait à travers des rumeurs et s’entourait de mystères ».
16 Entretien avec le coordinateur de l’étude.
première partie
Chapitre 1
que les médias peuvent avoir sur la construction des idées et imaginaires sur les
migrations.
Cette étude est également un moyen pour percevoir le rôle joué par les médias dans
le développement des phénomènes migratoires. On connaît l’influence des médias
sur les attitudes et les comportements individuels, mais aussi sur les déterminismes collectifs. Au-delà d’informer, ils forment des représentations qui contribuent
à fonder une opinion publique. La relation est cependant à deux sens, car on voit
souvent que l’intérêt des médias et leurs orientations sont parfois déterminés par
la force d’une opinion publique déjà construite. L’intérêt commercial recommande
souvent le choix de sujets et des orientations éditoriales qui vont dans le sens de
la vox populi, en particulier sur des phénomènes de société où la rigidité des lignes
rédactionnelles est moins évidente que dans le domaine politique.
Quelques idées-forces sont à interroger dans cette étude.
Chapitre 2
Secteur télévisuel : première chaîne de télévision privée à émettre au Sénégal, la
2sTv a été créée en 2003. Depuis lors, six autres chaînes sont venues renforcer cette
diversité et briser un monopole longtemps détenu par le service public. Ces chaînes
couvrent une bonne partie du pays grâce au réseau hertzien, mais seule la RTS offre
une couverture quasi globale. Les autres complètent leur maillage grâce à la diffusion par satellite. Si la télévision reste élitiste, elle s’est généralisée en milieu urbain.
Là où ils existent, les écarts sont comblés par les pratiques traditionnelles de solidarité entre voisins. Il s’agit d’un mode de visionnage collectif qui donne la possibilité à
ceux qui ne disposent pas de moniteur de suivre les programmes de télévision chez
un voisin.
33
Chapitre 3
certaines grandes stations commerciales établies à Dakar ont créé des antennes
locales décentralisées (RTS, Sud FM, Wal Fadjri Dunyaa).
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
32
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 3
3.3.4 Les orientations éditoriales
Une information plus pertinente, mieux valorisée aurait permis de donner une autre
représentation des migrations, en posant ses véritables enjeux. Le traitement des
faits au premier degré et la superficialité qui en découle induisent souvent des globalisations abusives et négatives. Il est question de mieux cerner cette dimension
dans l’étude.
« La presse, à travers des angles de traitement mieux ciblés et des genres rédactionnels plus analytiques et démonstratifs, pourrait mieux questionner le fait migratoire plutôt que de le confiner dans la simple présentation du success-story
individuel, du self-made-man qui étale ses signes extérieurs de richesse. L’importance économique du flux financier que génère l’émigration paraît peu dans la
presse, en termes d’impact sur le développement.
Dans les médias, la perception qu’on a d’une information se traduit dans sa catégorisation. En page « Société » ou en page « Économie », une information n’a
plus la même valeur. Les genres rédactionnels utilisés témoignent également de
l’intérêt journalistique accordé à un fait. Entre un compte-rendu, une analyse, un
reportage ou une enquête, le regard n’est pas de la même profondeur. Avec un
commentaire ou un éditorial, on pose un jugement qui va au-delà de la restitution
et de l’interprétation.
17Le terme «modou modou» vient de Modou, un nom courant au Sénégal, diminutif de Mamadou à l’origine. Il est
utilisé pour désigner les émigrés sénégalais, notamment ceux établis en Europe. Il est né avec les importants flux
de Sénégalais vers l’Italie, la France et l’Espagne au cours des années 1990.
3.3.5 De quel migrant parle la presse ?
Le traitement de l’information sur les migrations change de tonalité et d’angle selon
les cibles concernées. Sur un même sujet, le travail des médias s’opère suivant une
géométrie variable.
« Pays d’accueil, de départ et de transit, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal vivent
les flux migratoires dans tous les sens. Selon que le sujet appartient à l’une ou
l’autre catégorie, il ne s’agit plus du même migrant. Le regard critique, réprobateur, parfois violent, qu’on porte sur l’immigré (l’étranger) contraste avec celui
qu’on pose sur ses compatriotes émigrés. Quand on relève des dérives contre ses
compatriotes dans d’autres pays, l’information n’est pas souvent mise en rapport
avec les pratiques locales. La presse est souvent portée à parler du confort des
« traditions d’hospitalité » liées à la culture locale, que des dérives dont/sont/
peuvent être victimes les étrangers. Elle ignore ou tient pour anecdotiques des
attitudes et comportements collectifs qui construisent un imaginaire négatif sur
l’immigré qu’on a chez soi, là où le compatriote émigré ailleurs apparaît sous des
traits positifs. »
première partie
Chapitre 1
Il faut aller plus loin…
« Parler des migrations c’est aussi parler des liens entre la gestion des stocks de
poissons, la dégradation des richesses halieutiques, la pêche industrielle et l’impact de ses pratiques sur la pêche artisanale. Informer sur les migrations c’est aussi
raconter l’histoire de la barque de Babacar F., pêcheur sénégalais ruiné, devenue
aujourd’hui une patera se dirigeant tout droit vers les îles Canaries. »
Chapitre 2
Dans la représentation que les médias ont toujours fait de l’émigration, il est question, dans cette étude, de déceler le sens des messages. À ce niveau, on a pu sentir un
glissement et un changement des perceptions favorisés par les médias.
« Dans les années ‘90, la fascination pour le nord a commencé à être entretenue
par les reportages sur le phénomène « Modou Modou »17. Ceci a contribué à accélérer l’émigration. Car, pendant longtemps, les portes de l’Europe ne s’ouvraient
qu’aux bacheliers qui engageaient une carrière universitaire. Jusqu’à ce qu’on découvre que les talents de marchand ambulant exercés dans les rues de Dakar, de
Nouadhibou ou de Bamako pouvaient aussi faire prospérer en Europe. Les médias
exposent les galères et les échecs des émigrés, mais surtout les réussites de ceux
qui, partis de rien, surfent assez vite sur les vagues de la réussite. De même, les
images sur l’immigration clandestine ont beau véhiculer leur charge d’horreurs et
de drames, il y a toujours des rescapés dont les médias parlent pour entretenir la
flamme de l’aventure chez les autres. »
Les médias ont ainsi amplifié les désirs d’émigration.
35
Chapitre 3
3.3.3 Les représentations
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
3.3.6L’information « bonne conscience » reste une constante dans le
traitement des questions migratoires
Quand les médias locaux posent un regard positif sur un immigré ou une communauté immigrée, c’est souvent dans un élan « paternaliste », pour davantage mettre
en valeur les qualités de la communauté d’accueil. L’immigré apparaît comme un
assisté qui a pu réussir grâce à l’environnement favorable dont il a bénéficié. Même
quand elle cherche à « bien faire », la presse n’échappe pas aux abus des stéréotypes.
« De manière récurrente, on note des articles sur l’intégration des communautés étrangères dans l’environnement socioprofessionnel local. La présentation
est souvent « correcte », mais ces articles font surtout partie des « ritournelles »
de la presse. Des « copier-coller » qu’on sort du frigo pour jeter un regard bienveillant sur tel ou tel groupe. Souvent les plus visibles, les mieux intégrés dans des
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
34
Chapitre 4
Traduire le vécu, les expériences, le ressenti des personnes concernées est essentiel
pour donner une dimension humaine à l’information. Dans le cas des migrations,
il est constant qu’on ne donne pas assez la parole aux migrants pour bien refléter
les tendances évolutives d’un phénomène dont ils sont acteurs. Car de nouveaux
contextes se créent, entraînant de nouvelles motivations, faisant émerger d’autres
types de migration et des migrants aux profils différents.
« Des dynamiques nouvelles qui structurent les migrations échappent aux médias
ou ne bénéficient pas d’une réelle attention de leur part. La question du genre,
par exemple, est devenue un élément essentiel dans les tendances migratoires.
Les femmes constituent un segment important des flux qui se structurent. Leur intégration dans toutes les formes de mobilité intercommunautaires est favorisée
par leurs activités commerciales traditionnelles, mais aussi par les opportunités
de formation, d’emploi, de regroupement familial, etc. Quand la presse prend ces
femmes en considération sous le chapitre des migrations, c’est souvent dans la ru-
première partie
3.3.9 L’intérêt éditorial des médias pour les questions migratoires peut être
plus soutenu
Les accents panafricanistes et l’adhésion à l’intégration régionale demeurent
constants dans les principes, mais se traduisent peu dans les lignes éditoriales. L’attention portée à la construction d’un espace de libre circulation des biens et des
personnes, ainsi qu’au respect des droits y afférent, reste événementielle.
« Sortir les questions migratoires des faits d’actualité est un défi pour les médias.
Il s’agit d’une information épisodique qui apparaît surtout au rythme des activités
officielles ou communautaires. Les voir traitées comme un sujet décalé est rare
dans les médias. Le cas échéant, l’analyse est faible, voire absente, l’éclairage trop
parcellaire pour ouvrir des perspectives. Le fait migratoire n’est pas toujours placé
dans son contexte et les journalistes questionnent peu les dynamiques qui structurent les migrations. »
3.4Mieux informer sur les questions migratoires
Les déficits notés dans la couverture des questions migratoires recoupent les faiblesses généralement relevées dans les médias. Avec une presse au développement
récent et dont la construction se poursuit, les acquis sont certes importants, mais les
limites restent grandes.
3.4.1 Les acquis
• L’offre d’informations s’est démultipliée dans les pays africains, avec la libéralisation progressive du secteur des médias. Elle est devenue plurielle, de plus en
plus affranchie de la tutelle étatique et s’est diversifiée pour essayer d’épouser
les besoins et les attentes des populations. Ainsi, la presse participe mieux à la
construction d’une opinion publique, aide à porter des plaidoyers, à sensibiliser
et à mobiliser les communautés sur des questions pertinentes et sur des enjeux
importants.
• L’accès à l’information s’est davantage démocratisé. Avec la forte pénétration de
Chapitre 2
Les médias peuvent aider à mieux capter les réalités multiformes des faits migratoires, leurs effets bénéfiques, les travers qui caractérisent de plus en plus ce phénomène. Mais la presse a-t-elle une approche globale permettant de saisir les enjeux
liés aux migrations et de mieux appréhender les abus qu’on généralise à travers des
stéréotypes ?
« Le discours politique dominant présente toujours l’immigration comme un problème à résoudre et les immigrés comme un facteur permanent d’insécurité. L’immigré est diabolisé sur le mode du racisme et de la xénophobie qui fait de lui le
bouc émissaire de la crise. Certes, une nouvelle criminalité transfrontalière émerge, se développe avec la libre circulation des biens et des personnes et s’ancre partout avec des racines endogènes. Mais la presse a tendance à en faire l’apanage de
communautés étrangères particulières. Les trafics d’enfants, la cybercriminalité, le
narcotrafic à grande échelle, entre autres, sont pourtant des réalités locales dans
nombre de pays. Aujourd’hui, elles constituent les facteurs les plus porteurs de
xénophobie. »
Chapitre 1
brique des faits divers (prostitution, délinquance, problèmes de ménages, etc.),
reléguant au second plan les agents socioéconomiques qu’elles sont. S’y ajoute
que dans l’émigration clandestine les femmes ont joué un rôle d’impulsion en finançant les voyages de leurs enfants. Qui en vendant ses bijoux, qui en mettant à
disposition les revenus d’une tontine, etc.
Avec les femmes, ce n’est pas la seule dimension humaine qui échappe aux médias
dans l’analyse des faits migratoires. »
3.3.7 Un regard pluriel sur les migrations est nécessaire
3.3.8 La dimension humaine n’est pas mise en valeur
ANNEXES
37
Chapitre 3
fonctions « déléguées » par les communautés locales. Des fonctions utilitaires,
subalternes, qui ne sont pas toujours les plus valorisantes. Le Malien ne sort pas du
commerçant de la gare ferroviaire de Dakar. Le Sénégalais pointe toujours dans un
salon de couture derrière une machine dans un quartier populaire de Bamako ou
comme vendeur ambulant de babioles. Le Mauritanien demeure confiné derrière
le comptoir de sa boutique. »
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
36
3.4.2 Les limites
• La faible capacité matérielle et financière des entreprises de presse limite les
initiatives qui pourraient aider à un travail de qualité. Notamment le travail de
terrain à travers lequel les journalistes entrent en contact avec les migrants et
les autres acteurs concernés par les sujets migratoires, pour pouvoir donner une
dimension humaine à l’information. À défaut, ils se contentent de sources de
seconde main (dépêches d’agence, sites Web, communiqués) ou de sources officielles et institutionnelles (séminaires, conférences, etc.).
• Les centres d’intérêt dominants des médias sont orientés vers une information
qui exclut les groupes marginalisés et les minorités, dont les migrants. Les sujets
prioritaires pour la presse (sports, politique, faits divers) sont souvent exclusifs
des thèmes portant sur ces groupes. Lorsque l’actualité s’intéresse à eux, c’est
souvent pour évoquer les situations difficiles, voire extrêmes, dans lesquelles ils
se trouvent.
• La responsabilité sociale reste une dimension peu ou pas du tout prise en compte dans la formation des journalistes. L’appréciation personnelle que ces derniers
peuvent avoir de leur rôle s’en trouve affectée. Cela conduit aussi à traiter les
faits sans prise en compte des impacts sociaux possibles.
• La dimension humaine de l’information n’est pas assez mise en valeur en raison
d’un traitement plus factuel qu’analytique. On note aussi une approche peu démonstrative et vivante des sujets abordés. Les genres rédactionnels qui prennent
en compte l’individu comme sujet dans l’information, et non plus seulement
comme objet, sont souvent peu maîtrisés, voire peu usités par les journalistes.
• La faible réactivité des organes de régulation et d’autorégulation ne garantit pas
une veille dissuasive sur les atteintes qui peuvent concerner les groupes vulnérables. Leur fonctionnement n’est souvent pas optimal. Le cas échéant, un défaut
de sensibilisation sur de telles atteintes les amène à les ignorer. Or, les migrants
ou les organisations qui les soutiennent n’ont pas une démarche de saisine des
première partie
Chapitre 1
l’Éthique et de la Déontologie (CRED).
• Une tendance à la spécialisation se développe au sein des rédactions. Elle se
fait dans le cadre de réseaux thématiques appuyés par des acteurs de terrain et
autres partenaires institutionnels, mais découle parfois d’un intérêt personnel de
certains journalistes portés à couvrir régulièrement un sujet donné.
• Des chartes, manuels et guides sur des questions spécifiques sont de plus en
plus élaborés et adoptés par les professionnels des médias, destinés à favoriser
une collecte et un traitement de l’information plus respectueux des droits de
groupes marginalisés, plus inclusifs à leur endroit et plus porté à promouvoir
des réponses aux défis auxquels ils font face. Ces chartes complètent les codes
standards d’éthique et de déontologie.
Chapitre 2
• Les méthodes traditionnelles et alternatives de communication trouvent des
espaces favorables à travers les médias communautaires. Elles permettent de
valoriser des savoirs traditionnels et des valeurs pouvant encore participer à la
réduction des fractures qui menacent l’équilibre des groupes sociaux et des communautés. Ces médias communautaires sont aussi des espaces pour développer
des formes endogènes plus adaptées de communication sociale.
• Une décentralisation de l’information est aussi à relever. Les centres urbains ne
sont plus les seuls points émetteurs. La dissémination des radios communautaires, associatives et rurales permet une information de proximité qui atténue les
imprécisions liées à la globalisation qui caractérise les médias de masse.
• Des offres de formations multiples permettent d’améliorer les capacités des professionnels des médias et de satisfaire les besoins d’un secteur en expansion.
Des faiblesses subsistent en termes qualitatifs, dans l’offre de formation, mais
les acquis sont appréciables. Des structures de formation publiques continuent
d’exister, mais on note une émergence du privé et une contribution des acteurs
non étatiques impliqués dans la sensibilisation des hommes des médias sur des
thématiques importantes.
• L’existence d’organes de régulation et d’autorégulation des médias, chargés de
veiller à la qualité des contenus et au respect des principes éthiques et normes
déontologiques, contribue à plus de responsabilités professionnelles et sociales
des médias. Ces institutions participent aussi de l’équilibre de l’information, pour
une expression plurielle et inclusive de tous les groupes. C’est le cas, pour la régulation, de la Haute Autorité de la Presse Audiovisuelle (HAPA) en Mauritanie,
du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), pour le Sénégal et
du Comité National de l’Égal Accès aux Médias d’État (CNEAME), ainsi que du
Conseil Supérieur de la Communication (CSC) au Mali. En matière d’autorégulation, les professionnels de l’information et de la communication du Sénégal se
sont dotés d’un Comité d’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie
(CORED), alors qu’au Mali existe l’Observatoire pour la Déontologie et l’Éthique
de la Presse (ODEP) et qu’en Mauritanie officie le Comité pour le Respect de
39
Chapitre 3
la radio et l’utilisation valorisée et renforcée des langues nationales, la majorité
de la population qui était écartée par l’usage quasi exclusif du français comme
vecteur d’informations se trouve servie par une forte inversion des tendances.
• La prise de parole dans les médias est facilitée par l’interactivité qui se développe dans les radios et sur Internet, avec des émissions et des programmes qui
ouvrent des espaces d’expression au public. Cette interactivité se développe également à travers les médias sociaux qui ouvrent la porte au journalisme citoyen.
Des opportunités d’interaction se créent au sein des populations, ainsi que des
possibilités d’interpellation des politiques, de la société civile et d’autres acteurs
impliqués.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
38
En direction des médias :
• Sensibiliser/former les professionnels de l’information à mieux saisir les enjeux
multiples liés aux questions migratoires, dont les dimensions sont à la fois économiques, sociologiques, culturelles et politiques ;
• améliorer les capacités des journalistes à l’utilisation des genres et formats rédactionnels qui vont au-delà du factuel pour donner un visage humain à l’information, rendre visible et traduire le vécu des migrants, les faire parler plus que
parler d’eux, diversifier les angles de traitement ;
• promouvoir un traitement décalé du fait migratoire et ne pas le confiner dans
l’événementiel ;
• mettre en place des centres de ressources pour faciliter la documentation des
journalistes sur les questions migratoires ;
• Favoriser les échanges d’informations entre médias de différents pays, diffuser
de bonnes pratiques pour un meilleur traitement de l’information sur les faits
migratoires.
En direction des acteurs intervenant sur les questions migratoires :
• inciter les acteurs intervenants sur les questions migratoires à collaborer avec les
médias pour les encourager à intégrer le fait migratoire dans leur agenda ;
• former les organisations d’appui aux migrants à produire et à diffuser une information de base en direction des médias et du public pour prévenir les distorsions.
• apporter un appui financier aux médias et les inciter à effectuer un travail de terrain, pour des enquêtes, des investigations, etc., permettant ainsi de décloisonner
l’information et sortir du traitement focalisé sur l’officiel et l’institutionnel • En direction des organes de régulation et d’autorégulation :
• sensibiliser/former les instances de veille sur les contenus des médias aux questions relatives aux droits des migrants ;
• faire du plaidoyer vers les instances pour attirer leur attention sur les abus courants qui portent atteinte à la dignité, favorisent les violences et cultivent une
culture du rejet à l’endroit de ce groupe vulnérable ;
• promouvoir l’élaboration de principes directeurs pour le traitement de l’information sur les migrants, en complément des chartes déjà existantes sur l’éthique et
première partie
Chapitre 1
la déontologie ;
• créer des synergies au niveau des organes de régulation et d’autorégulation des
pays respectifs pour une veille concertée et des échanges d’avis sur la qualité de
l’information relative aux faits migratoires.
En direction des institutions d’appui aux médias :
• organiser des ateliers pour améliorer le traitement des questions migratoires
dans les médias
• appuyer/favoriser un traitement régulier de l’information sur les faits migratoires dans les médias ;
• collaborer avec les organisations professionnelles des médias, en vue d’élaborer
des principes de base pour un traitement de qualité de l’information sur les faits
migratoires ;
• faciliter l’accès à l’information et aux données de base sur les faits migratoires
en faveur des médias.
Chapitre 2
3.4.3 Les recommandations
41
Chapitre 3
organes de régulation et d’autorégulation. Généralement par ignorance de cette
opportunité. Faute de contrôle et d’avis sur les pratiques professionnelles, des
expressions et des idées prospèrent pour marquer négativement l’imaginaire
collectif et construisent des perceptions qui tournent autour des peurs, des clichés, de la stigmatisation, de la discrimination ainsi que de la culture du rejet de
l’autre.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
40
Deuxième partie :
Monitoring des médias et analyse de la couverture
des migrations
4 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(1) – 1er
au 15 octobre 2005
26
5 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(2)- mars
2006
32
l’assaut sur les côtes espagnoles
6 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(3) :
septembre 2006
mise en place du frontex. l’europe sort de ses frontières
7 synthèse sur les tendances de la couverture des « périodes chaudes » monitoring d’une période normale
9 synthèse sur les tendances de la couverture d’une période normale
32
37
37
45
50
54
Une couverture médiatique des migrations en perpétuelle mutation
Chapitre 4
Les années 1960
Les médias - Le paysage médiatique alors essentiellement constitué de médias d’État et la rumeur
construisent plus que l’information. Les exemples de ces « aventuriers » ont nourri les flots de migrants
sénégalais qui ont convergé, dans les années 1960 et 1970, vers les pays d’Afrique centrale.
Les années 1980
Les migrations sénégalaises commencent à connaître une accélération et une massification à partir des
années 1980. Les effets du choc pétrolier et des sécheresses du milieu des années 1970 se font sentir.
Les ajustements économiques imposés par les bailleurs de fonds apparaissent avec le premier Programme de redressement économique et financier (PREF) mis en place en 1979. La crise vide les campagnes
au profit des villes, notamment Dakar, à travers un exode continu. Mais la capitale n’est bientôt plus
qu’un point de transit. Les voies de l’exil commencent à se structurer vers le Nord. Le Sénégal n’est plus
seulement un pays de destination pour les migrants de la sous-région, il devient une zone de passage.
Les médias - La presse s’empare du phénomène Modou Modou. L’intérêt des journalistes est d’autant
plus grand que le « visage » du migrant commence à changer. Les départs ne touchent plus essentiellement les communautés hal pulaar et soninké des frontières. Ils sont devenus un phénomène urbain,
mêlant intellectuels et acteurs du secteur informel qui sont certes, pour la plupart, composés de ruraux, mais des ruraux ayant un vécu urbain forgé par le transit dakarois pour préparer le voyage. Les
médias sénégalais, basés à Dakar dans leur quasi-totalité, y trouvent un sujet épousant les attentes de
leur public. Les reportages portent sur le vécu dans les foyers en Europe, sur les nouvelles formes de
solidarité qui se tissent entre les communautés exilées et le terroir d’origine, sur les signes extérieurs de
richesse (femmes, villa, vacances dorées, etc.) que la nouvelle classe des émigrés, notamment ceux
installés en Italie, étale. Au-delà de la couverture par la presse, le phénomène se répand aussi dans les
théâtres télévisés, marqués par la célèbre pièce Ibra Italien.
Les années 1990
Dans ces années 1980-90, l’intensité des flux migratoires vers l’Europe qui captive les médias les empêche de poser un regard plus poussé sur les dérives notées en Afrique. Or, l’aggravation de la crise
économique marquée par la dévaluation du Franc CFA en 1994, l’instabilité politique née des premières
vagues de démocratisation, les conflits qui s’embrasent (Mano River Union) ou s’exacerbent (Casamance), créent des situations dont souffrent les communautés « étrangères » qui voient leur identité
devenir subitement suspecte, voire gênante. En Côte d’Ivoire, par exemple, l’Ivoirité se développe sur le
terreau fertile de la xénophobie.
Avant les indépendances, les flux migratoires dans l’espace ouest-africain se dirigent essentiellement
vers le Sénégal. Capitale de l’Afrique-Occidentale Française (AOF), elle est le point d’attraction d’une
élite de fonctionnaires, de militaires, mais aussi de saisonniers attirés par l’espace économique le mieux
construit de la région, pour servir la métropole. Dans l’espace colonial transfrontalier qu’a été l’AOF,
ces migrations ont donné lieu à une parfaite intégration de communautés dont les patronymes sont les
seules marques de différence aujourd’hui – et encore !
Les médias - Devant des économies déstructurées, des États faibles, une pauvreté grandissante et se
généralisant, une urbanisation folle et désorganisée avec ses corollaires d’insécurité et de déviations
de toutes sortes, l’étranger commença à devenir le bouc émissaire dans les médias. La stigmatisation
du migrant, sa diabolisation et les catégorisations abusives commencent à fleurir. En ces années 1990,
le paysage médiatique sénégalais commence à se diversifier et à croître rapidement. Les quotidiens
privés se multiplient, les radios privées essaiment la bande FM. Malgré un professionnalisme reconnu,
la presse ne dispose cependant guère de garde-fou pour contenir les dérives.
Les médias - Les reportages que la presse consacre souvent (et encore) à ces communautés mauritaniennes (jusqu’à leur rapatriement massif en 1989), guinéennes, béninoises, capverdiennes, maliennes, magnifient les interpénétrations entre ces communautés et les populations locales, les influences
culturelles réciproques et mettent en relief les rôles économiques.
La responsabilité des médias est d’avoir eu à favoriser un réflexe insidieux à travers des amalgames. Les
titres indiquent que le VOLEUR est GUINÉEN, le VIOLEUR un NIGÉRIAN, le TRAFIQUANT DE DROGUE un
MALIEN, etc. Un comportement abusif de mise à l’index se développe. L'apport des immigrants dans le
développement local et leur insertion socioprofessionnelle réussie sont pratiquement occultés.
INTRODUCTION
deuxième partie
45
Chapitre 2
Les migrations ont contribué à bâtir l’espace ouest-africain dans ses dimensions socioéconomiques et culturelles. Les continuités qu’elles ont créées entre les peuples,
à travers les siècles, ne sont rompues que par des frontières artificielles. Dans cet
espace géographique où les mobilités des populations sont constantes, les migrations reposent sur des motivations diverses et connaissent des formes différentes.
Au cours de ces cinquante dernières années post indépendances, les mouvements
de population ont épousé des séquences liées à des événements sociaux, politiques,
économiques, conflictuels. La presse les a accompagnés avec des perceptions tout
aussi évolutives :
• années 1960 : la fascination devant le mystère des aventuriers qui partaient sur
les « routes du diamant » vers l’Afrique centrale ;
• années ‘70 : l’émerveillement devant les richesses amassées par quelques milliardaires de retour ;
• années ‘80 : un intérêt minime pour un phénomène de masse que l’Europe commence à trouver encombrant ;
• années ‘90 : le vécu interne des effets des migrations, avec la mise à l’index de
« l’autre », la naissance des phénomènes de rejet avec la politisation des questions migratoires, les déchainements de violence ;
• années 2000 : l’exposition au choc dramatique d’une immigration clandestine
massive à laquelle s’ajoutent les mesures répressives prises pour donner corps
et sens à la politique sécuritaire des pays européens en matière de migrations.
L’étude de périodes à forte actualité migratoire et une période sans grand événement portant sur ce phénomène permettent de saisir ce glissement dans sa
couverture médiatique.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 3
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
44
Pour voir les faits migratoires commencer à marquer la société sénégalaise et devenir un phénomène
médiatique, il faut attendre les années 1970. La presse rapporte alors des histoires qui marquent les
imaginaires, avec ces hommes partis à l’aventure vers l’Afrique centrale et revenus « milliardaires ».
C’est l’époque des « diamantaires ». Les premiers richissimes Sénégalais sont issus de ce parcours.
ANNEXES
ANNEXES
Les années 1970
ANNEXES
Chapitre 4
Ceuta et Melilla : Au bout du désert, les barbelés de la mort
Les premiers assauts de vagues d’immigrants africains sur Ceuta et Melilla surviennent le 28 septembre 2005. Elles sont huit cents personnes à se lancer à l’assaut des
barbelés de six mètres de haut érigés sur la frontière entre l’Espagne et le Maroc.
Une centaine parvient à les franchir. Les autres échouent. Six trouvent la mort sous
les tirs des forces de sécurité. Les flux migratoires clandestins font alors irruption
dans l’actualité et bénéficient dès lors d’une couverture intense et régulière dans les
médias. Plusieurs facteurs y concourent :
• les événements se succèdent et alimentent la chronique de façon quotidienne ;
• les informations sont dramatiques, avec des milliers de personnes déterminées à
franchir les frontières européennes au péril de leur vie ;
• les filières clandestines sortent de l’ombre et on découvre le parcours dramatique des migrants, ce qui suscite une forte émotion au sein des populations ;
• l’affaire prend des dimensions politiques et sécuritaires, non seulement en Europe, mais aussi dans les pays africains émetteurs ou de transit. Elle s’impose au
premier plan dans l’agenda des relations entre pays africains et européens ;
• l’immigration clandestine devient un phénomène social qui impacte de diverses
manières l’environnement socioéconomique de pays émetteurs et des pays de
transit.
L’actualité sur les faits migratoires change de tonalité et de volume par rapport aux
périodes normales. Cette partie de l’étude porte sur le fonctionnement des médias
et la gestion de cet événement au moment de son déclenchement. Il s’agit de la
première quinzaine du mois d’octobre 2005, durant laquelle les premières informations et images ont imposé, de façon grossie et régulière, les drames de l’émigration
clandestine.
L’étude porte sur les journaux publiés à l’époque dans les trois pays, avec un choix
porté sur les trois mêmes quotidiens analysés durant la période normale (chapitre 10). Faute d’archives bien tenues dans les radios et télévisions identifiées, voire
d’archivage tout court, pour les périodes de 2005 et 2006 en objet, les médias audiovisuels ont été écartés (sauf au Mali). L’analyse des supports retenus porte sur les
paramètres suivants :
• le volume de la couverture des questions relatives au fait migratoire et aux migrants en termes de nombre d’articles et d’éléments à la radio et à la télévision.
INTRODUCTION
deuxième partie
Les médias - Cette migration clandestine désespérée devient un phénomène à la hauteur des drames
qui l’accompagnent. La presse locale s’en empare tout comme elle fait fondre les médias internationaux sur le Sénégal et la Mauritanie. Entre 2005 et 2009, plusieurs équipes de journalistes ont sillonné
Nouadhibou pour essayer de rendre compte de ce phénomène. Le film à succès «Heremakono » (en
attendant le bonheur), du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, sorti dans les salles en 2003
et dont l’action même se déroule dans cette ville portuaire, pose les repères de cette problématique
de l’émigration, face à la « languissante mélancolie » et au « désenchantement quasi omniprésent »
de la jeunesse africaine. Dans cette « petite ville de pêcheurs » devenue « ce lieu d'exil et de fragiles
espoirs », pour le personnage principal de ce film, « Abdallah », « un jeune Malien âgé de dix-sept ans,
attendant son départ vers l'Europe », le drame intérieur sera plus tard celui partagé par les vagues successives d’émigrants clandestins en transit dans cette ville pour le continent européen.
4Le fait migratoire dans les médias en période de forte
actualité(1) - 1er au 15 octobre 2005
Chapitre 2
Après les Politiques d’Ajustement Structurel (PAS) qui ont failli dans les années 1990, les Stratégies de
Réduction de la Pauvreté (SRP) entamées avec le nouveau millénaire n’apporteront guère plus de solutions. Face à une Europe que la crise frappe, générant des politiques anti-immigration draconiennes, les
vagues d’immigrés clandestins affluent par l’océan Atlantique. On est en mi-2005 quand les premiers
flux massifs sur l’Espagne sont signalés. En mai 2006, statistiques espagnoles font état de plus de 30
000 débarquements. Les points de départ sont les côtes sénégalaises et mauritaniennes. Bamako est
aussi un lieu de transit pour ceux qui choisissent la « mer des sables » pour traverser la Libye ou l’Algérie
et viser l’Italie.
47
Chapitre 3
Chapitre 3
Chapitre 2
deuxième partie
Les années 2000
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
46
La vague d’émigration clandestine a été accentuée par la crise économique (chômage, pertes d’emplois, cherté de la vie…) qui a fortement touché les couches vulnérables, les jeunes en particulier. Elle survient à un moment où les restrictions dans
l’attribution des visas Schengen et les mesures sécuritaires instaurées pour tendre
vers « l’immigration zéro » ferment les portes de l’Europe. L’insécurité dans le Sahara, avec les mouvements salafistes qui en font leur domaine d’évolution, rend la
traversée par l’Algérie et la Libye plus risquée. Les chemins convergent alors vers le
Maroc, aux frontières de l’Europe. L’Espagne se trouve juste derrière une ligne de
barbelés sur la frontière avec Ceuta et Melilla, des enclaves espagnoles sur la terre
africaine.
4.2Mali : Une couverture progressive
Le journal L’Essor prend assez tôt conscience de l’ampleur et de la nature du drame
qui se joue à la frontière maroco-espagnole. À la couverture des premiers jours qui se
faisait uniquement sur la base des dépêches d’agence, la rédaction ajoute un commentaire pour donner sa lecture propre des événements (« L’Assaut des désespérés » - L’Essor du 4 octobre 2005). Mais l’essentiel des informations que rapportent
les médias provient des agences de presse. C’est sous ce regard extérieur que sont
rapportées les mésaventures de milliers de clandestins bloqués au Maroc.
Le migrant malien n’apparaît guère dans l’information. Du fait d’une couverture lointaine des faits par le biais des agences, l’information reste globalisante, imprécise.
Les Échos et L’Indépendant, respectivement des 4 et 6 octobre, reprennent ainsi une
dépêche qui conte les mésaventures d’environ 650 clandestins d’Afrique subsaharienne aux moyens rudimentaires, armés de pierres pour affronter les gardes-frontières et d’échelles de fortune pour franchir les barrières. Dans cette couverture, les
sources citées par le journal restent anonymes, peu explicites quant aux origines des
clandestins. L’immigrant reste juste un « Ouest-Africain ».18
18« Immigration clandestine : Melilla assaillie encore. » ; les Échos du 4 et L’Indépendant du 6 octobre 2005
Cette information globalisante et imprécise, il a fallu attendre une dizaine de jours
pour que la presse malienne en sorte et que les principes de la proximité affective
commencent à entrer en ligne de compte dans les faits rapportés. Cette évolution
survient avec les premières opérations de rapatriement, notamment l’arrivée de 241
immigrants clandestins maliens et sénégalais à Dakar. L’Office de Radiodiffusion et
Télévision du Mali (ORTM) diffuse des images d’agence, avec des témoignages sur
les maltraitances dont ils ont été l’objet. Les déclarations des autorités sénégalaises
venues à l’accueil sont aussi diffusées. En complément, le présentateur du journal
fait état des dispositions prises pour dépêcher le ministre des Maliens de l’Extérieur
et de l’Intégration Africaine au Maroc pour suivre le rapatriement de ses compatriotes.20
Orientations éditoriales - Cette évolution dans l’information se confirme avec la
publication d’un éditorial de L’Indépendant dans son édition du 12 octobre. Le journal condamne les émigrés clandestins maliens qui, malgré les mauvais traitements
dont ils sont victimes, continuent d’emprunter les chemins « déshonorants de la
migration ». Le journaliste regrette le fait que le passeport malien devienne un document sans valeur, qui expose son titulaire à la suspicion au niveau des frontières.
Après une douzaine de jours durant lesquels les immigrants clandestins ont été présentés comme des hordes de désespérés, des envahisseurs, la fierté nationale est
mise à mal chez l’éditorialiste.21 Mais son jugement se fait essentiellement sur la
base d’informations sur lesquelles les médias locaux ont peu de prise, formatées et
véhiculées par les agences internationales.
Les 138 premiers immigrants maliens rapatriés sont accueillis par les autorités. Dans
son édition du journal télévisé du 12 octobre, l’ORTM diffuse les images de l’accueil
et les témoignages. Le reportage met l’accent sur le rôle que l’État compte jouer en
matière d’orientation et d’acheminement vers les familles. Le discours est celui de
l’apaisement. Les causes et les misères de l’émigration sont occultées.22
19« Immigration clandestine : Melilla assaillie encore. » ; les Échos du 4 et L’Indépendant du 6 octobre 2005
20ORTM – Journal télévisé du 11 octobre 2005
21 - « Migration : le monde à l’envers » - L’Indépendant du 12 octobre 2005
22 - « 138 maliens rapatriés du Maroc accueillis par les autorités » - ORTM, 12 octobre
INTRODUCTION
deuxième partie
Le public baigne toujours dans le flou, quand L’Essor signale que plus d’un millier de
clandestins maliens et sénégalais devraient être rapatriés par des convois à travers
le désert vers les frontières de l’Algérie et de la Mauritanie. Combien de Maliens,
combien de Sénégalais ? Rien de précis. Les identités se perdent dans la globalité.
Des sources locales commencent cependant à apparaître dans l’information. Les explications des autorités maliennes sont en effet rapportées sur les procédures de
rapatriement.19
Chapitre 2
4.1Évolution de l’actualité des migrations
49
Chapitre 3
Ce volume est apprécié en rapport avec les autres sujets couverts par lesdits
médias.
• La nature du contenu des médias en termes d’informations sur le fait migratoire
et sur les migrants, ainsi que les appréciations portées par les journalistes sur le
fait migratoire et sur les migrants,
• l’approche rédactionnelle privilégiée pour le traitement de cette information et
le niveau de valorisation que leur accordent les médias.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
48
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 3
Tableau 1 : pourcentage occupé par les migrations dans la presse
Organes
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique,
Gouvernements,
Diplomatie.
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Total
17
23
9
Nouvelle
République
0
103
68
30
3
41
245
9,20%
147
47
54
3
18
269
10,10%
47
59
26
1
15
148
5,56%
280
187
119
3
44
633
23,77%
23
100
13
38
20
30
1
0
4
13
61
181
2,29%
6,80%
35
40
25
1
3
104
3,91%
236
2
30
60
65
79
1
85
28
7
42
3
37
10
10
2
0
0
1
1
4
0
10
5
0
363
6
162
104
83
13,63%
0,23%
6,08%
3,91%
3,12%
L’Essor
Les Échos
L’Indép.
23- « Recrudescence de l’immigration. » Les Échos du 13 octobre 2005 »
Canard
3
Effectif
52
%
1,95%
16
4
0
5
55
2,07%
161
1 336
28
719
5
424
0
16
3
168
197
2 663
7,40%
100,00%
4.3Mauritanie : Un désert… dans le désert
Le drame qui se joue aux portes du pays, dans le Maroc voisin, interpelle peu la presse mauritanienne. Des deux hebdomadaires parus durant cette période, un seul fait
référence à l’émigration clandestine. L’information ne concerne pas les événements
de Ceuta et Melilla, mais un convoi d’immigrants qui se dirige vers la Mauritanie24.
Ce pays n’est pas encore entré dans la tourmente des flux migratoires ; ce sont seulement ses prémisses que L’Éveil Hebdo signale dans cet article aux allures d’alerte.
Quant à L’Authentique, son édition parue le 4 octobre semble avoir été prise de
court par les événements de Ceuta et Melilla qui se sont emballés à la fin du mois de
septembre. Le journal n’en fait aucun cas. Le fait migratoire apparaît cependant dans
ses colonnes sous la présentation d’une musicienne ivoirienne qui vit en Mauritanie
depuis une quinzaine d’années25.
Tableau 2 : l e monitoring des journaux mauritaniens dans la période du 1er au 15
octobre 2005
Journaux
L’Éveil Hebdo
L’Authentique
Total
Nombre de sujets
34
54
88
Articles sur les
Migrations
Total
01
01
02
%
35
55
90
INTRODUCTION
deuxième partie
30
Chapitre 2
Le volume de couverture - Pendant les 15 jours de monitoring, L’Essor, les Échos,
L’Indépendant et Le Canard Déchaîné ont publié 31 articles consacrés aux faits migratoires, sur un nombre total de 659 articles pour cinq journaux. L’ORTM a diffusé
trois éléments. La couverture la plus importante en nombre revient aux Échos (12
articles), devant L’Essor (9). Cette couverture n’a commencé à se montrer régulière
et intensive qu’à partir du 11 octobre, avec l’évocation précise dans les dépêches
d’agence, d’immigrants clandestins maliens interpellés et en voie de rapatriement.
Depuis lors, rien ne semble évoluer dans les médias. Les données du tableau relatif
à la couverture du fait migratoire dans les journaux maliens confirment largement
cette tendance.
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
Chapitre 3
Au lendemain de ce retour du premier convoi d’immigrants clandestins, Les Échos
procèdent à une analyse du nombre de plus en plus élevé de candidats à l’émigration
clandestine, malgré les mesures répressives adoptées par le Maroc et la France. Le
phénomène est alors posé sous ses différents angles et enjeux.23 Le Journal télévisé
de l’ORTM diffuse aussi un entretien avec Me Sidiki Kaba, président de la Fédération
Internationale des Droits de l’Homme, qui condamne les mauvais traitements dont
sont victimes les émigrés clandestins de la part des autorités marocaines.
Sujets
51
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
2,85%
1,81%
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
24- « Émigrés clandestins : un cortège de 28 autobus se dirige vers la Mauritanie » - L’Éveil Hebdo du
11 octobre 2005
25- « Lumières chez les disquaires » - L’Authentique du 4 au 12 octobre 2005
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
50
1
0
1
0
1
1
1
1
2
Tableau 4 : fréquence de couverture des sujets sur les migrations par rapport aux
autres sujets
Types
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Sciences et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et Parlement
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
L’Éveil Hebdo
1
2
1
3
7
0
3
1
5
1
0
1
0
3
7
35
L’Authentique
1
0
4
5
26
0
3
3
4
0
1
1
0
0
7
55
Total
%
2
2
5
8
33
0
6
4
9
1
1
2
0
3
14
90
2 %
2 %
5 %
8 %
36 %
0 %
6 %
4 %
10 %
1 %
1 %
2 %
0 %
3 %
15 %
4.4 Sénégal : une démarche en trois temps
La démarche de couverture adoptée par les médias sénégalais est similaire à celle
notée au Mali. La première semaine qui voit se déclencher les événements de Ceuta
et Melilla se résume à l’exploitation de dépêches d’agence. Pour la presse, l’impact
local reste imprécis. Les journaux se limitent à rapporter des faits qui fixent l’ampleur et la nature du drame. 26
La couverture locale commence, ici aussi, durant la deuxième semaine d’octobre,
avec les premières vagues de retours d’immigrants clandestins.27 Les témoignages
des refoulés relèvent la qualité de l’information et dans son édition du 12 octobre Le
26- « Le Maroc abandonne des clandestins dans le désert » - Le Quotidien du 9 octobre 2005
27- « Rapatriement de 140 Sénégalais : retour à la case départ » - Le Quotidien du 11 octobre 2005
Les médias sénégalais ont aussi élargi le spectre de couverture, s’ouvrant aux partis politiques qui se prononcent sur la question29, aux organisations de défense des
droits humains30 et aux experts31. Par-delà les discours de circonstance sur l’accueil
des rapatriés, Le Soleil interpelle aussi les autorités pour qu’elles se prononcent sur la
politique du Sénégal en matière de migration et sur la nécessité de mettre en place
des programmes économiques pour fixer les migrants potentiels32.
Le volume de couverture - Les trois journaux sénégalais étudiés durant cette période ont publié 79 articles, dont 28 dans Le Quotidien, 34 dans Le Soleil et 17 dans
L’Observateur. Une couverture qui s’est accentuée à partir du 11 octobre avec l’arrivée des premiers immigrants rapatriés du Maroc.
Tableau 5 : t ypes et nombre de sujets traités du 1er au 15 octobre 2005 dans les
trois journaux sénégalais
Types de sujets
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie.
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
L’observateur
17
28
0
20
42
0
2
1
70
0
8
0
Le Quotidien
28
38
37
79
110
2
15
2
82
1
29
3
Le soleil
34
40
67
119
118
1
35
1
152
1
20
11
Total
79 articles
106
104
218
270
3
52
4
304
2
57
14
28- « La dignité dans l’enclave des infortunes » - Le Soleil du 12 octobre 2005
29- « Rapatriement de jeunes émigrés africains depuis la frontière maroco-espagnole : La connivence entre États
africains et pays développés dénoncée » - Le Quotidien du 14 octobre 2005)
30- « La Raddho pour une enquête sur l’immigration » – Le Soleil du 12 octobre 2005
31- « L’OIM pour davantage de cohérence politique » - Le Soleil du 13 octobre 2005 ; « 200 millions de migrants
recensés à travers le monde » - Le Soleil du 14 octobre 2005
32- Amadou Ciré Sall, député des Sénégalais de l’extérieur : « Il faut des investissements pour freiner l’émigration »
- Le Soleil du 15 octobre 2005
INTRODUCTION
deuxième partie
Total
L’Authentique
Chapitre 2
L’Éveil Hebdo
Soleil se rattrape d’une longue période de couverture à partir d’informations de seconde main. Six articles sont consacrés au sujet par le journal, dont un commentaire
sous forme de fiction qui épouse la réalité tragique vécue par les clandestins.28 Le
vécu que rapportent les « rescapés du désert » ne suffit plus. Le journaliste cherche
à aller au-delà des silences et des non dits de personnes psychologiquement et moralement atteintes.
Chapitre 3
Tableau 3 : les thématiques sur les migrations couvertes Sujets
Migrations irrégulières vers l’Europe, l’Amérique du Nord, dans
le reste de l’Afrique et du Monde
Personnalités et profils
Total
53
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
52
6
6
9
1234 articles
4.5 La démarche de couverture dans les trois pays
Dans le traitement de l’information dans cette période du 1er au 15 octobre 2005,
les médias maliens et sénégalais ont suivi une évolution progressive marquée par :
1) Une information de seconde main, imprécise, interpellant peu le public. Dans les
dépêches d’agence, l’immigrant clandestin est juste un Ouest-Africain.
2) Une information de seconde main, mais plus précise, avec l’évocation d’immigrants maliens interpellés en nombre. Les témoignages sur leur vécu et la mise
en place de procédures de rapatriement apparaissent dans les dépêches qui
continuent d’être les principales sources d’information. L’intérêt du public se
faisant plus manifeste, des tentatives d’approfondissement de la couverture et
de jugement des faits se font jour. On note des prises de position (édito dans
L’Indépendant, commentaire dans Le Soleil).
3) Le retour des immigrants clandestins donne lieu à des informations de proximité, permet une meilleure prise en compte de l’ampleur du phénomène et
offre des occasions de témoignages directs. Une explication et une perspective
plus larges sont alors données à l’information (analyse dans L’Essor).
Dans les deux pays, il a fallu attendre la deuxième semaine du monitoring, avec le
rapatriement des immigrants clandestins pour que la production médiatique augmente en volume et change dans le mode de couverture devenu plus local. En Mauritanie, les médias restent par contre en dehors du phénomène qui ne touche pas
encore le pays.
5Le fait migratoire dans les médias en période de forte
actualité(2)- mars 2006
ANNEXES
L’assaut sur les côtes espagnoles
Début 2006, les immigrants clandestins trouvent en la Mauritanie un point de départ pour aller à l’assaut des côtes européennes par la mer. Les départs se font essentiellement de Nouadhibou, dans l’extrême nord-ouest du pays. À partir de mars de
cette année, les départs se multiplient et très vite les drames succèdent. Naufrages
en série, bilans et témoignages sur les conditions dramatiques de traversée se succè-
dent. Mais aussi les expulsions et rapatriements d’immigrants clandestins. On parle
désormais de la Mauritanie comme d’une « nouvelle porte pour l’enfer ». Ceux qui
allaient à l’assaut des barrières de Ceuta et Melilla déferlent désormais par vagues
en venant de la mer.
L’actualité de ce mois de mars 2006 est constellée de morts, de disparus et de rescapés. Les faits figurent régulièrement dans la presse des trois pays. L’intérêt médiatique reste soutenu par le fait que :
• les informations dramatiques se succèdent de façon quasi quotidienne ;
• les victimes et les rescapés sont souvent originaires des trois pays, même si
d’autres nationalités sont signalées par eux ;
• les informations ont des répercussions au niveau local, avec les malheurs et les
deuils qui frappent des communautés identifiées ;
Cette partie de l’étude est consacrée au traitement que les médias des trois pays
font de cette actualité. La recherche documentaire porte sur tout le mois de mars,
avec la période du 1er au 15 mars pour le Sénégal et la période du 15 au 31 mars
pour le Mali et la Mauritanie.
Faute d’archives audiovisuelles disponibles sur cette période, l’étude n’a pu prendre
en compte les radios et télévisions ciblées dans les trois pays.
5.1 L’actualité des migrations
L’émigration clandestine se développe à partir de mars 2006 dans un contexte marqué, en Europe, par une résurgence et une montée en puissance des partis de droite
radicale portés vers le populisme. Cette pression conduit la plupart des gouvernements européens à mettre en place des cadres juridiques et sécuritaires qui, dans la
recherche d’une efficacité pour tendre vers « l’immigration zéro », n’hésitent pas
à sacrifier des valeurs de droits humains, de liberté et de respect de la dignité humaine.
Sans distinction, l’immigré passe pour être facteur d’instabilité liée au crime, aux difficultés économiques, voire au terrorisme international. Des « maux » face auxquels
l’Europe cherche à se barricader en instaurant un « filet de sécurité ». Mais il s’agit
aussi de protéger une identité nationale, une citoyenneté « pure » et une cohésion
sociale identitaire.
Le 1er mars 2006, l’Union européenne lance un programme de lutte contre l’immigration clandestine, en vue de la contenir depuis les pays émetteurs. Sa mise en œuvre est confiée à l’Espagne, dans le cadre d’une collaboration avec les pays émetteurs
INTRODUCTION
3
2
0
604
deuxième partie
2
3
2
433
Chapitre 2
1
1
7
197
55
Chapitre 3
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
54
5.1.1Le traitement dans la presse malienne : L’Espagne… mais aussi la Guinée
équatoriale
Pendant la période du 15 au 31 mars 2006, L’Essor et Les Échos ont publié treize éditions chacun, contre trois pour l’hebdomadaire satirique Le Canard Déchaîné. Cumulativement, 698 articles sont relevés dans les trois journaux. Dans ce lot, seuls sept
concernent les questions migratoires. La plus forte couverture revient au quotidien
Les Échos, avec six sujets consacrés à cette actualité, contre un pour L’Essor. Le Canard déchaîné, par contre, ne s’y intéresse aucunement33.
Chapitre 4
5.1.3 Les orientations éditoriales
Si les médias maliens se sont limités à diffuser des dépêches d’agence, face au drame
de Ceuta et Melilla, il va de soi qu’aucun traitement de fond ne puisse être réservé
à cette vague d’expulsions. En fait, ils n’ont pas fait le moindre effort pour apporter
des compléments d’information qui leur permettrait de donner un angle plus local
et éclairer davantage l’opinion sur le sort des Maliens concernés, ainsi que sur les
mesures prises ou envisagées par les autorités maliennes.
Tableau 6 : les migrations dans la presse malienne
Les Échos
L’Essor
L’Indépendant
Le Canard Déchaîné
La Nouvelle République
Total
Oct. 2005
12
9
9
1
n.d
31
Période
Mars 2006
Sept 2006
Mai 2011
6
5
1
7
n.d
n.d
0
1
n.d
n.d
7
13
Effectif
0
0
0
1
0
1
Total
Pourcentage
23
44,23 %
17
32,69 %
9
17,31 %
3
5,77 %
0
0,00 %
52
100,00 %
5.1.2 Les contenus d’information
L’actualité des faits migratoires est essentiellement traitée sous l’angle des politiques nationales et internationales. Les faits relatifs aux évènements tragiques de
l’émigration clandestine se retrouvent relégués au second plan et les médias maliens
33- Les journaux L’Indépendant et la Nouvelle République n’ont pas été pris en compte, faute d’archives
disponibles.-
Les sources évoquées dans les dépêches d’agence sont officielles ou anonymes. Si
les premières sont identifiées à travers leur fonction pour créditer l’information, les
secondes sont l’objet d’aucune particularité. Au mieux, ceux dont il est questions
sont Maliens ou Sénégalais, sans précision supplémentaire.
5.2Le traitement dans la presse mauritanienne :
Des occasions manquées d’être au cœur de l’événement
Dans la période du 15 au 31 mars, où les départs de migrants clandestins se multiplient à partir des côtes mauritaniennes, L’Éveil Hebdo a publié deux éditions hebdomadaires, alors que le quotidien Nouakchott Info en a fait paraître onze. Sur les
questions migratoires et les faits liés aux migrations, les deux journaux ont publié
douze articles, dont huit pour le quotidien nouakchottois.
34- Les Échos du 24 mars 2006 : « Intégration ouest-africaine : les enjeux multiples de l’UEMOA. »
35- « Xénophobie en Afrique centrale : la chasse aux Maliens en Guinée Équatoriale » - Les Échos du 22 mars
2006).
INTRODUCTION
deuxième partie
Mais c’est grâce à l’appel téléphonique d’un Malien établi à Malabo, en Guinée équatoriale, qui signale les menaces d’expulsion dont leur communauté est l’objet, qu’on
se rend compte que l’actualité dramatique de « Barça wala barsax » constitue l’arbre
qui cache la forêt, avec les problèmes de l’émigration vécus en Afrique. Les Échos sont
rappelés à cette réalité et l’article que le journal publie fustige la nonchalance des
autorités maliennes sur cette question35.
5.1.4 L’utilisation des sources
Journaux
ANNEXES
étudiés s’intéressent davantage aux plans de lutte qui se mettent en place entre les
pays de destination et les pays d’origine, en vue de freiner le phénomène de l’émigration clandestine. Il est aussi question des réponses que pourrait apporter une
meilleure intégration sous-régionale, référence étant faite au rôle joué par l’union
sous-régionale en favorisant une meilleure intégration des États membres34.
Chapitre 2
En face, le défi de l’immigration ne faiblit guère pour autant. Elle est même assumée
comme une question de vie meilleure ou de mort, derrière le slogan « Barça wala
barsax ». En 2005, quelque 11 797 immigrés clandestins avaient pu atteindre les
côtes espagnoles, contre 15 675 en 2004, soit une baisse de 24,7 %. Mais le flux
des tentatives ne baisse pas. Ce sont plutôt les morts et les disparitions en mer
qui prennent de l’ampleur, réduisant le nombre de ceux qui arrivent à mettre pied
en Espagne. Selon le coordinateur du Croissant rouge mauritanien, « entre 700 et
800 personnes tentent la traversée chaque jour et 40 % des bateaux qui prennent
la mer font naufrage ».
57
Chapitre 3
et les pays de transit. Parallèlement, le gouvernement espagnol prévoit un budget de
30 millions d’euros pour renforcer son système intégral de surveillance extérieure.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
56
On note peu de variété dans les sources utilisées par les médias mauritaniens. Les
journalistes n’ont pas effectué beaucoup de travail de terrain et n’ont recouru pour
l’essentiel qu’à des sources de seconde main, à savoir les publications et autres documents (environ 33 % des sources). Les autres sources sont des experts (universitaires, chercheurs et assimilés), des agents d’organisations internationales (11 %) et
des officiels ou des institutionnels (11 %).
Ces statistiques confirment les orientations éditoriales. Faute de travail de terrain,
on n’a pas senti la dimension humaine de l’information à travers le vécu des immigrants.
5.2.5 La démarche journalistique
5.2.3 Les orientations éditoriales
Tableau 8 : Les thématiques couvertes sur les migrations
Les journalistes mauritaniens n’ont pas profité de leur proximité avec les faits. Alors
que leur pays constitue un lieu de transit vers le Maroc et un point de départ vers
l’Espagne, ils ne se sont pas accaparé le sujet. Le vécu des immigrants, les préparatifs
de l’embarquement, les trafics en tous genres autour de l’organisation du voyage, la
constitution de filières, les récits des refoulés et des naufragés sauvés offrent des approches plurielles pour une information vivante (reportage, portrait, interview…) et
fouillée (enquête), mais L’Éveil hebdo et Nouakchott Info se sont davantage orientés
vers le factuel (brèves). Une approche qui a constitué 70 % des contenus des deux
journaux.
Dans l’offre d’information des médias durant cette période, les deux journaux se
sont focalisés sur l’actualité nationale. Aucune dépêche d’agence n’a été publiée. Ce
qui revient à dire que l’ampleur du drame, telle que relatée par les médias étrangers
et agences de presse internationale, n’est pas traduite.
Tableau 7 : Volume consacré aux questions de migrations
Journaux
L’Éveil Hebdo
L’Authentique
Total
Nombre de sujets
Articles sur les
Migrations
34
54
88
Sujets
Migrations irrégulières vers l’Europe, l’Amérique du Nord, dans le
reste de l’Afrique et du Monde
Personnalités et profils
Total
Total
01
01
02
%
35
55
90
L’Éveil Hebdo
2,85 %
1,81 %
L’Authentique
Total
1
0
1
0
1
1
1
1
2
Chapitre 3
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Les deux journaux mauritaniens ont eu à traiter quatre thèmes différents en rapport
avec les questions migratoires, mais leurs préoccupations ont été davantage tournées vers les « Politiques nationales et internationales ». Ces sujets ont concerné
près de 70 % des articles publiés, avec une orientation qui a suivi l’agenda politique,
en rapport avec les négociations impliquant Nouakchott, les gouvernements européens et l’Union européenne. L’implication des OSC portées à dénoncer les violations des droits humains et des institutions internationales traitant des questions de
migration a aussi influé sur les contenus des médias.
Cette information institutionnelle s’avère plus facile d’accès, du fait de la capacité
des acteurs concernés à communiquer. Les immigrants qui se meuvent dans la clandestinité, dont l’accès relève d’un travail de terrain plus poussé, sont occultés.
Deux autres questions liées aux migrations ont été abordées à parts égales dans les
deux journaux. Il s’agit des aspects financiers et économiques qui poussent les immigrants à l’aventure et les questions de droits humains (10 %).
INTRODUCTION
Par rapport à la période d’octobre 2005 où l’émigration clandestine commençait
à s’exposer dans les médias, avec les assauts sur la frontière maroco-espagnole, on
note une augmentation du volume d’informations sur le sujet. L’intérêt reste néanmoins marginal pour L’Éveil Hebdo. Sur 55 articles consacrés à divers sujets entre les
15 et le 31 mars 2006, seuls quatre portent sur les questions de migration, soit 7 %
du contenu. Quant à Nouakchott Info, ses 150 articles n’ont fait référence que huit
fois aux questions de migrations, soit 5 % du contenu du journal.
deuxième partie
5.2.4 L’utilisation des sources
Chapitre 2
5.2.1 Le volume d’informations
5.2.2 Les contenus d’information
ANNEXES
59
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
5.3 Le traitement dans la presse sénégalaise : Un drame banalisé
Le monitorage des trois quotidiens sénégalais dans la période du 1er au 15 mars
2006 révèle une forte présence des faits migratoires. Au total 51 articles ont été
publiés, dont 28 dans Le Quotidien, 21 dans Le Soleil et 32 dans L’Observateur.
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
58
5.3.2 Les contenus d’informations
Sur les trois articles consacrés à l’émigration clandestine par la mer, deux sont des
dépêches d’agence portant sur des éléments factuels. Il y est question d’un phénomène « récent » or, son ampleur le fait déjà sortir de l’ordinaire38. De même, les
dispositions de contrôle et de répression qui vont se structurer plus tard, dans le
cadre des accords de coopération avec l’Espagne, se dessinent39. Malgré tout, les
médias restent discrets sur le sujet, comme s’il n’y avait pas une bonne alerte sur les
drames qui vont survenir en masse par la suite. Certains acteurs commencent par
contre à sensibiliser sur le phénomène. Ainsi, lors du Festival de Podor, cette question
n’échappe pas aux artistes40.
5.3.3 Les orientations éditoriales
Pour traiter de l’immigration clandestine qui en est à ses premières manifestations,
les médias se limitent à recourir à des dépêches d’agence. La proximité affective
n’est encore guère ressentie, qui aurait pu pousser à traitement plus poussé, plus
personnalisé et moins factuel. Dans la plupart des cas, l’information reste donc dans
la dimension du compte-rendu, avec une approche au premier degré. La dimension
36- 76 migrants arrêtés à bord d’une pirogue en Mauritanie
37- Diaspora sénégalaise : vers la création d’une fédération (Le Quotidien du 15 mars 2006) et «Transfert de fonds
des migrants : la diaspora grande pourvoyeuse de devises (Le Soleil du 13 mars 2006)
38Immigration clandestine : au moins 45 Ouest-Africains meurent dans le naufrage de deux embarcations» (Le Soleil
du 8 mars 2006)
39Mauritanie – Émigration clandestine : Nouakchott prend des mesures
40Exposition du Pinceau du Sahel : l’émigration clandestine expliquée par Kalidou Kassé
5.3.4 L’utilisation des sources
La couverture du fait migratoire par les trois médias sénégalais durant cette période
est restée sur une dimension essentiellement locale. De sorte que les journalistes
ont pu recourir à des sources variées. Mais avec une couverture événementielle, la
plupart du temps, ces sources étaient surtout de nature officielle ou institutionnelle.
Les reporters, n’élargissant pas leurs angles de traitement et restant focalisés sur le
factuel, n’ont pas favorisé une diversification des sources. Les acteurs qui travaillent
sur les questions abordées, les citoyens ordinaires dont le vécu est concerné n’ont
pas été interpellés.
Les immigrés qu’on « rencontre » ici ou là dans les articles apparaissent surtout dans
les faits divers. Notamment dans L’Observateur, journal « people » qui fait une large
place à cette catégorie d’information42. Sur les 31 articles publiés dans ses colonnes,
sept ont tourné autour d’affaires d’escroqueries, d’abus de confiance, de trafics de
faux billets, etc. Les faits évoqués par les reporters sont souvent collectés au niveau
de la police et restent anonymes. Les positions des protagonistes, dont les migrants,
ne sont pas directement recueillies, mais rapportées par ces sources anonymes.
5.3.5 Démarche journalistique
En ce début de mars 2006, les médias sénégalais n’ont pas accordé un intérêt particulier aux premiers signes d’émigration clandestine par la mer qui se sont manifestés. Le phénomène ne connaît certes pas encore une ampleur considérable, mais les
premières informations publiées dans la presse sont assez dramatiques pour mériter
plus d’attention de leur part. La dépêche publiée par Le Soleil du 8 mars 2006 fait
était du naufrage de deux embarcations transportant des immigrants clandestins
ouest-africains, pour au moins 45 morts. Aucune nationalité n’est précisée, mais la
proximité géographique inclut le Sénégal et l’information mérite un suivi.
Le lundi 13 mars, c’est sous forme d’écho, sur 24 lignes, que L’Observateur annonce
l’arrestation de 76 immigrants clandestins sénégalais à bord d’une pirogue, en Mauritanie. Ils étaient partis de Saint-Louis pour rallier l’Espagne. Le journal ajoute qu’au
cours des quatre mois précédents, « au moins un millier de clandestins ont trouvé
41Portrait – Rougui Dia : la perle noire du Petrossian
42Cette orientation a changé. L’Observateur est devenu un journal d’informations générales, même si le fait divers y
occupe toujours une bonne place.
INTRODUCTION
deuxième partie
analytique est faible, voire absente. Les genres rédactionnels qui permettent un traitement approfondi ne sont pas utilisés. De tous les articles étudiés, celui qui sort
de cette approche minimaliste est un portrait réalisé par Le Quotidien, à l’occasion
de la Journée internationale de la femme, sur une immigrée cuisinière et chef en
France41.
Chapitre 2
Les journaux sénégalais étudiés ont accordé une bonne place aux faits migratoires
durant cette période, mais sans trop prêter attention aux premiers mouvements
d’émigration clandestine qui se signalent. Sur les 51 articles recensés, seuls quatre
portent sur ce phénomène qui commence à prendre de l’ampleur. Deux paraissent
dans Le Quotidien (sur un total de 20 articles), alors que le troisième est publié par
Le Soleil sur un total de 17) et le dernier dans L’Observateur du 13 mars36. Il s’agit
cependant d’un écho paru dans la rubrique Index.
Les 47 autres articles publiés portent sur des sujets qui auraient pu être reliés à
l’immigration/émigration clandestine, mais les journalistes ne font pas la connexion.
Entre autres, la visite du président mauritanien à Dakar est abordée dans le cadre
strict de la coopération entre les deux pays, évoquant juste la question des réfugiés
mauritaniens au Sénégal. En parlant de l’apport économique de la diaspora, Le Quotidien et Le soleil ne font, non plus, aucun lien avec l’immigration clandestine37.
61
Chapitre 3
5.3.1 L’intérêt médiatique
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
60
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 4
Chapitre 3
Chapitre 2
Graphique 143 :
Graphique 2 :
63
deuxième partie
la mort en essayant de rallier l’Europe ». Cela n’a pas suffit pour susciter de l’intérêt
dans les médias et inciter à faire des reportages ou des enquêtes. Même si la ville
de Saint-Louis est identifiée comme point de départ et les pêcheurs de la localité
comme étant une communauté impliquée dans cette émigration clandestine par la
mer.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
43Migrations = 4% ; Crime Cvp : Crime, Corruption et Violence, procès = 10 % ; Eco, AF : économie, Affaires,
Finances = 11 % ; Cel. Arts. Med : Célébrités, Arts et Média= 14 % ; Pol. Gouv.D : Politique, Gouvernements,
Diplomatie= 23 % ;Sc & Tech : Science et Technologie= 1 % ; Santé VIH.S : Santé, VIH, sida= 4 % ; Justice D.P :
Justice, Droit et Parlement= 1 % ;Sport= 23 % ; Sexe= 0 % ; Trav. & BES : Travail et bien-être social= 7 % ; NRJ &
ENV : Énergie et environnement= 1 % ; AGR : Agriculture= 0 % ; ACC & D Nat : Accidents et désastres naturels=
0 % ; Autres=1
ANNEXES
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 2
deuxième partie
62
Dans cette troisième séquence de l’étude, le monitorage des médias s’est focalisé
sur la période du 1er au 15 septembre 2006. Il se limite cependant aux journaux, du
fait de l’absence d’archives audiovisuelles complètes pour les supports identifiés.
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 3
6.1L’actualité des migrations
Au moment où l’Espagne signe les accords de coopération bilatérale pour stopper les
flux migratoires clandestins, les chiffres des arrivants pour les neuf premiers mois de
l’année 2006 font état de 25 000 personnes. En 2005, ils étaient en tout 4 70044.
Durant le mois de septembre 2006, l’actualité reste ainsi marquée par les négociations autour des moyens à mettre en place pour le Frontex, les interceptions
d’immigrants clandestins en mer par les forces de sécurité des pays émetteurs et
les opérations de refoulement depuis les pays européens. On note aussi une intense
activité diplomatique entre les pays émetteurs et les pays récepteurs, pour discuter
des questions de sécurité. Le contenu des accords, qui demeure secret, suscite des
débats au sein de l’opinion. Le gouvernement sénégalais par exemple, est accusé
d’avoir « monnayé la misère qui s’échappe par la mer ». Faits nouveaux : les premières vagues de refoulés témoignent de leur odyssée en mer.
La revue effectuée durant ce mois de septembre 2006 a permis de recenser 67 articles consacrés au fait migratoire, dans les journaux ayant fait l’objet de monitorage
dans les trois pays. La répartition s’est faite comme suite : 13 pour le Mali, 11 pour
la Mauritanie et 43 pour le Sénégal.
44- Source : Conseil de l’Europe – Commission des migrations, des réfugiés et de la population
La télévision et la radio nationales maliennes ont respectivement diffusé treize éditions du JT et du JP. Cumulativement les deux organes ont diffusé 436 éléments.
Un volume dans lequel deux sont en relation avec les questions migratoires. Quant
aux journaux L’Essor et Les Échos, ils ont totalisé onze parutions contre trois pour
l’hebdomadaire satirique Le Canard Déchaîné. Cumulativement, les trois journaux
ont publié 549 articles dont treize concernent les questions migratoires.
Pendant cette période couverte par l’étude, L’Indépendant et la Nouvelle République
n’ont pas été pris en compte faute d’archives disponibles.
6.2.1Volume d’informations
La télévision nationale malienne a produit 218 articles sur divers sujets dans son JT.
Un seul est relatif à la migration, soit 0,46 % des contenus. Idem pour la radio nationale qui diffuse les mêmes éléments que la télévision, les deux organes relevant
de la même entité.
Dans L’Essor, il a été relevé 328 articles sur divers sujets, dont seuls sept ont trait à
des faits liés aux migrations, soit 2,13 % du contenu de ce journal. Les Échos, sur 166
articles publiés, en propose cinq concernant les sujets migratoires soit 3,01 %. Le
Canard Déchaîné, sur ses 55 articles, s’est intéressé une seule fois au sujet.
6.2.2 Les contenus d’information
Le seul élément diffusé sur la radio et la télévision maliennes, touchant aux questions de migration, a eu trait à la « Problématique de l’immigration au centre des
débats aux Nations unies. » L’actualité sur les migrations clandestines, c’est dans les
journaux qu’on la retrouve avec des témoignages45, les rapatriements et l’ampleur
du phénomène46, ainsi que la coopération dans le cadre du Frontex.
6.2.3 Les orientations éditoriales
Le traitement sur les migrations dans la presse malienne se limite à la diffusion de
dépêches. Aucune initiative n’est prise pour compléter les informations, les placer
dans le contexte local et éclairer davantage l’opinion sur le sort des migrants maliens
concernés, ainsi que les mesures prises ou envisagées par les autorités maliennes.
45- « Expulsés du Maroc : un Malien et un Sénégalais racontent leurs malheurs » - (Les Échos du
7 septembre 2006),
46- « Émigration : 11 000 clandestins depuis début août aux Canaries. »
INTRODUCTION
deuxième partie
Devant l’afflux des immigrants clandestins, les pays européens, notamment la France
et l’Espagne, vont mettre en place un dispositif visant à externaliser la gestion de
leurs frontières : le Frontex. L’initiative consiste à fournir aux forces de sécurité des
pays émetteurs des moyens de surveillance leur permettant d’arrêter les vagues de
pirogues qui déferlent sur les côtes espagnoles. Dans les accords signés figurent aussi
des dispositions destinées à faciliter les expulsions massives d’immigrants clandestins vers les pays d’origine.
6.2 Le traitement dans la presse malienne : rien ou presque à signaler
Chapitre 2
Mise en place du Frontex. L’Europe sort de ses frontières
65
Chapitre 3
6Le fait migratoire dans les médias en période de forte
actualité(3) : septembre 2006
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
64
Sujets / Radios
6.2.4 L’utilisation des sources
Les sources utilisées sont officielles ou anonymes. Les médias insistent moins sur
l’importance de l’information que sur le statut et/ou la fonction officielle de l’autorité en question. Les dépêches d’agences de presse internationale font légion. Mais
il s’agit surtout de bouche-trous glanés sur le Net et à partir d’autres sources de
documentation dites « grises ». Les migrants maliens sont absents d’un drame qui
les touche en particulier.
Graphique 3 : fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres
sujets dans la presse malienne, sur les périodes du monitoring
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique,
Gouvernements,
Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
Guintan
Folona
ORTM
Klédu
Effectif
Total
Pourcentage
11
0,76 %
0
0
7
4
2
38
27
34
101
6,95 %
11
6
132
5
154
10,60 %
0
3
75
8
86
5,92 %
19
38
357
50
464
31,93 %
4
7
1
0
19
90
10
6
34
103
2,34 %
7,09 %
5
12
57
8
82
5,64 %
3
0
4
4
1
7
0
3
0
0
53
0
67
73
68
10
0
18
1
3
73
0
92
78
72
5,02 %
0,00 %
6,33 %
5,37 %
4,96 %
0
0
7
4
11
0,76 %
0
60
0
108
91
1 123
1
162
92
1 453
6,33 %
100,00 %
INTRODUCTION
Tableau 9 : f réquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
dans les radios, sur les trois périodes de monitoring
deuxième partie
L’éloignement des médias maliens des scènes du drame semble les déconnecter de
cette information. L’accaparement du sujet par les institutions étatiques imprime
aux faits une dimension essentiellement institutionnelle.
67
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 2
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 3
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
66
Entre le 1er et 15 septembre 2006, L’Éveil Hebdo et le quotidien gouvernemental
Horizons ont fait paraître treize éditions : deux pour l’hebdomadaire, onze pour le
quotidien. Dans ces publications, onze articles consacrés aux questions migratoires
ont été relevés.
Chapitre 4
Chapitre 4
6.3Le traitement dans la presse mauritanienne :
une information prisonnière du factuel
Les onze articles publiés durant cette période traduisent une constante dans le volume d’informations consacré à l’actualité sur les migrations. Le volume de couverture
est le même que durant la période du 16 au 31 mars 2006. Sur un total de 102 pages
cumulées pour les deux journaux, onze sont dédiées à cette actualité. Soit 2,77 % du
ANNEXES
ANNEXES
6.3.1 Le volume d’informations
6.3.3 Les orientations éditoriales
Le traitement de l’information durant cette période reste essentiellement factuel.
L’Éveil Hebdo qui, avec le recul, aurait pu davantage se tourner vers l’analyse et autres
genres qui mettent en valeur de l’information n’explore pas cette dimension. Pour
l’essentiel, les journaux ont publié des brèves (huit sur onze articles). Quant à la
couverture de terrain, elle n’a donné lieu quasiment qu’à deux comptes-rendus. Sur
treize éditions cumulées pour les deux journaux, il a été recensé un seul article ayant
fait l’objet d’un traitement de fond de la question migratoire.47
La nouvelle dimension prise par l’immigration clandestine, avec la mise en place du
Frontex, a changé l’orientation dans l’information, mais n’a pas créé un intérêt supplémentaire par rapport à l’épisode précédent. Or, cette nouvelle politique se double
d’une dimension juridique et politique qui élargit les angles de traitement. La presse
n’a pas rebondi sur ces aspects, traduisant ainsi des limites à assurer le suivi d’une
information sur la durée. Ainsi, l’intérêt baisse, même si le sujet reste important.
6.3.4 L’utilisation des sources
Dans une période où les autorités mauritaniennes ont pris le dossier en main avec la
mise en place du Frontex, marquée par des négociations pour des refoulements massifs d’immigrés clandestins, les sources officielles sont omniprésentes. Entre agents
des administrations (40 % dans L’Éveil Hebdo) et les représentants du gouvernement
(20 % dans le même organe), elles constituent les principaux recours. Par contre, les
autres acteurs institutionnels (organisations internationales, par exemple) ne sont
pas assez présents. Pas plus que les partis politiques affichant des positions sur la
question.
47- Horizons : « Immigrations aux Canaries : records pulvérisés, les Espagnols mécontents ».
6.3.5 La démarche journalistique
La dimension plus internationale prise par les faits migratoires avec la mise en place
du Frontex se reflète dans la presse mauritanienne. Notamment avec le quotidien
gouvernemental où l’information locale et l’information internationale s’équilibrent.
Sauf que là encore, Horizons et L’Éveil Hebdo ont tous les deux majoritairement recours à des articles d’origine extérieure (dépêches d’agence) qui représentent jusqu’à
36 % des contenus. Si on y ajoute les articles non signés, donc n’émanant pas de la
rédaction et pouvant toujours provenir d’agences ou assimilés (communiqués, sites
Web), on se retrouve avec 81 % du total des sources.
Les signatures des journalistes mauritaniens sont rares sur un phénomène dont leur
pays reste un élément central. Est-ce un manque d’intérêt lié au fait que la Mauritanie reste un lieu de transit et que peu de Mauritaniens embarquent dans les pirogues
pour l’émigration clandestine ? Probable. Et dès lors, les faits concernant les migrants
peuvent bien se retrouver en marge des agendas de la rédaction.
6.3.6 Les angles de traitement
Confinés pour l’essentiel dans le factuel, les médias mauritaniens n’ont pas privilégié
un angle particulier pour traiter des questions migratoires. L’élément marquant dans
leur démarche reste l’importance accordée aux statistiques, comme pour insister sur
l’ampleur des flux migratoires. Cette accentuation découle cependant de l’utilisation régulière de dépêches d’agences internationales portées sur cette dimension du
phénomène. Sa dimension humaine et les autres enjeux caractéristiques passent au
second plan. Le regard de « l’autre » s’impose à travers un flot de chiffres qui « diabolisent » les « envahisseurs » et entretiennent une « tendance à alerter l’opinion
sur l’invasion de migrants africains48 ».
À titre illustratif, on peut lire ces titres dans la presse :
• « Migration clandestine : « fin de calvaire pour 50 émigrés » (Horizons n° 4305
du lundi 4 septembre)
• « Immigration : 674 émigrés africains interceptés en tentant d’atteindre les Canaries » (Horizons n° 4305 du lundi 4 septembre)
48Rapport de l’Atelier : « Information et dialogue sur le traitement de la migration dans les médias sénégalais, 28
avril 2009, Bureaux de l’OIM, Dakar, Sénégal
INTRODUCTION
deuxième partie
En une quinzaine de jours, les deux journaux ont publié 89 articles, dont seuls 2,77 %
du total ont porté sur des sujets relatifs aux questions de migrations. Les activités politiques et gouvernementales sont fort présentes dans les colonnes des deux
journaux (24,68 %), mais elles ne se focalisent guère sur ce thème. On le retrouve
surtout dans Horizons qui publie neuf des onze articles recensés sur les faits de migration. En termes de contenus, ils sont consacrés aux migrations irrégulières (36 %),
aux questions de sécurité (18 %) et aux accords de coopération (18 %). La dimension interne du phénomène reste absente.
Une telle approche limite les perspectives données à l’information et les possibilités
de diversification des angles de traitement. Le recours prioritaire (voire exclusif) à des
sources officielles est souvent le fait des journaux gouvernementaux, mais retrouver
L’Éveil Hebdo dans ce registre dénote une approche peu élaborée dans l’utilisation
diversifiée des sources d’informations.
Chapitre 2
6.3.2 Les contenus d’information
69
Chapitre 3
contenu global des deux journaux. Durant la période du 1er au 15 mars 2006, cette
information avait occupé 12 pages dans L’Éveil Hebdo et Nouakchott Info.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
68
Chapitre 3
Chapitre 2
Journaux
Nombre de Sujets
L’Éveil Hebdo
Horizons
Total
47
339
386
Total
02
09
11
%
49
348
397
4,08 %
2,58 %
Tableau 11 : les thématiques couvertes sur les migrations en Mauritanie
Sujets
Politiques nationales et internationales de
migrations
Politiques de coopération entre les trois
pays et d’autres pays
Migrations irrégulières vers des pays tiers
Migration et insécurité
Genre et migration
Commerce intrarégional
Total
L’Éveil Hebdo
Total
Horizons
%
0
1
1
9 %
0
2
2
18 %
0
1
1
4
1
1
4
2
2
36 %
18 %
18 %
2
9
11
Chapitre 4
L’Éveil Hebdo
Total
Horizons
2
0
0
2
5
0
4
9
%
7
0
4
11
L’Éveil Hebdo
Total
Horizons
%
2
9
11
2,77 %
1
1
2
0,5 %
2
54
56
14,10 %
6
6
12
3,02 %
9
89
98
24,68 %
0
14
6
27
6
41
1,51 %
10,32 %
0
8
8
2,01 %
6
1
0
4
0
45
0
3
17
5
51
1
3
21
5
12,84 %
0,25 %
0,75 %
5,28 %
1,25 %
1
4
5
1,25 %
3
49
74
348
77
397
19,39 %
INTRODUCTION
6.4Le traitement dans la presse sénégalaise :
La proximité affective change la donne
Tableau 12 : Origine des sujets sur les migrations en Mauritanie
Type
Nationale
Régionale
Internationale
Total
Types
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et Média
Politique,
Gouvernements,
Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
deuxième partie
Tableau 10 : monitoring de la période du 16 au 31 septembre 2006 en Mauritanie
Tableau 13 : Fréquence de couverture des sujets sur les migrations par rapport
aux autres sujets
Chapitre 2
• « Immigration aux Canaries : records pulvérisés, les Espagnols mécontents »
(Horizons n° 4308 du jeudi 7 septembre)
• « Immigration : au moins 400 clandestins arrivent aux Canaries » (Horizons
n° 4310 du lundi 11 septembre)
• « Italie : près de 400 clandestins débarquent à Lampedusa » (Horizons n° 4310
du lundi 11 septembre)
Sujets sur les
Migrations
71
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 3
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
63 %
36 %
Dans les quinze jours de monitoring des trois quotidiens sénégalais, entre le 1er et le
15 septembre, 43 articles portant sur les faits migratoires ont été recensés. La plus
importante couverture est revenue au journal Le Soleil, avec 18 articles consacrés
à l’émigration clandestine en 15 jours, contre 16 pour Le Quotidien et sept pour
L’Observateur.
Chapitre 4
INTRODUCTION
deuxième partie
70
Les différentes dimensions de l’actualité relative au fait migratoire ont bénéficié
d’une attention de la part des trois journaux sénégalais étudiés. À savoir les négociations autour du Frontex, les rapatriements d’émigrés clandestins et les flux incessants vers les côtes espagnoles. Ce qui marque cependant durant cette période, ce
ANNEXES
ANNEXES
6.4.1 Les contenus d’information
6.4.3 L’utilisation des sources
Les différents angles abordés pour le traitement des faits migratoires ont permis aux
journalistes sénégalais de varier leurs sources. Le fait notable reste que les migrants
ont été au cœur de l’information en tant qu’objets, mais aussi en tant que sujets
s’exprimant sur leur aventure.
Cette approche a été malgré tout restrictive. Le migrant a été traité de manière individuelle, pris sur les instants du retour et sur les lieux de débarquement, au milieu
des forces de sécurité et des officiels. Le mettre en scène dans son environnement
familial aurait permis d’élargir l’information au cadre social dont on sait qu’il a joué
un rôle important dans les motivations et l’organisation des départs. Mais aussi donner lieu à des témoignages moins conditionnés par la présence des autorités et des
forces de sécurité, donc plus libérés.
Les sources officielles ont été importantes, notamment autour des activités diplomatiques relatives au Frontex. Mais sur des questions juridiques et sécuritaires également relatives aux droits humains, les journalistes n’ont pas varié les perspectives
pour avoir recours à des experts. La dimension analytique de l’information en a pâti.
Les comptes-rendus sans profondeur ont dominé.
Le Soleil, journal gouvernemental, est resté dans une couverture essentiellement officielle. Notamment avec les négociations menées par le ministre de l’Intérieur avec
les autorités françaises et espagnoles, dans le cadre du Frontex. Sur les 18 articles
publiés par le journal durant cette quinzaine, dix portent sur ces aspects officiels.
Même quand Le Soleil couvre le retour d’immigrants interceptés par les forces de
sécurité dans le cadre du Frontex, ces derniers sont occultés et les sources officielles
uniquement sont mises en évidence.
La démarche du Quotidien est différente, qui a vu le journal diversifier davantage ses
sources, notamment avec les immigrants refoulés. Un réalisateur de film sur l’émigration se prononce aussi sur la question. L’utilisation de genres rédactionnels autres
que le compte-rendu permet par ailleurs de diversifier les points de vue. Par contre,
là où le journal utilise des sources officielles et se montre critique vis-à-vis d’elles,
il ne fait pas recours à des experts ou à des sources alternatives pour conforter sa
démarche.
En termes d’utilisation des genres rédactionnels, Le Quotidien a su le mieux mettre
en valeur le fait migratoire en le traitant deux fois dans une chronique hebdomadaire, en publiant une interview avec un réalisateur de film et en diffusant plusieurs
reportages de l’Agence de presse sénégalaise sur le vécu des migrants en Espagne.
Cela a donné une plus grande richesse dans les contenus.
Les journaux sénégalais ont souvent eu recours aux dépêches d’agence pour garder
un œil sur l’actualité des départs clandestins. Sur les 41 articles relevés, 15 avaient
pour origine des agences, dont six de l’AFP, six de l’APS (avec deux reportages en
Espagne) et deux de la Pana. On peut y ajouter trois articles repris de sites sénégalais
d’information.
La démarche journalistique a changé quand le fait migratoire clandestin est devenu
une information de proximité géographique et plus seulement affective, permettant
aux journalistes d’avoir accès aux événements, aux faits et aux sources. La mise en
place du Frontex et le retour des immigrants clandestins ont été source de matière
pour la presse. Mais les journaux privés en ont plus tiré profit que le quotidien gouvernemental Le Soleil, en termes de richesse de traitement.
6.4.5 Les angles de traitement
Les journaux n’ont pas donné des angles de traitement spécifiques aux articles. En
dehors des deux chroniques publiées dans Le Quotidien (l’une pour flétrir, l’autre pour
encourager l’émigration clandestine), les productions se présentent sans démarche
spécifique. Les journalistes sont « à la merci » des événements qu’ils couvrent, plutôt que de chercher à donner une orientation personnalisée à l’information et une
hiérarchie dans le développement des faits. Faute d’angle de traitement identifié,
INTRODUCTION
deuxième partie
Les journaux sénégalais ont accordé une importance notable aux faits migratoires
durant cette période. Ceci se traduit dans la régularité de la couverture, dans la diversité du traitement, mais aussi dans le volume d’informations. À titre d’exemple,
l’édition du Quotidien du 15 septembre a publié quatre articles sur près de deux
pages de surface rédactionnelle. Cette actualité est également couverte sous ses
différentes dimensions, mettant notamment en relief les négociations autour du
Frontex et les rapatriements forcés.
Les retours des immigrants clandestins expulsés ont été mis à profit pour faire entendre leurs voix sur les expériences vécues. Tout comme des immigrants qui ont pu
passer entre les mailles du filet pour s’établir en Espagne ont fait l’objet de reportages, sous le regard d’un envoyé spécial.
6.4.4 La démarche journalistique
Chapitre 2
6.4.2 Les orientations éditoriales
73
Chapitre 3
sont les témoignages des migrants. Aussi bien ceux de retour après expulsion, que
ceux qui ont pu s’établir en Espagne. Le fait n’est plus seulement perçu à travers des
statistiques portant sur des rescapés, des disparus, morts, etc. On se retrouve avec
des sujets qui se racontent. Dans leurs rêves comme dans leurs échecs. Un regard est
aussi posé sur les accords politiques autour du Frontex et les démarches diplomatiques qui les entourent, tout comme sur leur mise en application.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
72
Chapitre 3
Voici l’image renvoyée par les médias sur les migrations depuis 2005. Ce qui a été longtemps désigné
comme une « aventure » est devenu un « drame » dans le flot de l’information. Et comme pour tout
phénomène dont l’ampleur atteint la démesure, un slogan est venu le fixer dans une sorte de dérision.
Comme pour exorciser la peur, banaliser l’horreur. Ce sera « Barça wala barsax », Barcelone ou la mort.
On disait aussi « mbëk mi », le coup de tête. Un raccourci facile qui sonne comme une bravade, mais
une cruelle réalité qui, en six ans, a emporté des milliers de vies.
Il en a été des questions de migrations ces dernières années, comme d’autres « faits d’actualité ». Quand
les médias s’emparent ainsi d’un événement dramatique, l’instantanéité efface le recul. La profondeur
de l’analyse se perd dans l’enchaînement des faits. Il en est parfois ainsi jusqu’au moment où l’intérêt
disparaît derrière la routine, jusqu’à ce que ce qui faisait la une se perd dans les profondeurs du conducteur, ou se noie dans les pages intérieures du journal, sans que le public capte le sens de l’événement.
Graphique 549 : pourcentage occupé par les migrations du 1er au 15 septembre
2006 dans les trois journaux
Le drame de l’émigration clandestine s’est d’abord imposé dans les médias du Mali, de la Mauritanie et
du Sénégal comme un fait divers. Du sensationnel pour nourrir les gros titres. Il a fallu du temps avant
que le décompte des morts ne soit plus qu’un simple listing macabre, pour qu’on commence à questionner ce qui entoure cet exode quasi suicidaire.
La question est alors devenue politique, économique, sociale, interpelant les États dans la faillite de
leurs politiques de développement. Un échec étatique qui a occasionné tant de désespoir chez les jeunes, pour les pousser à une émigration qui était autant un rêve qu’un défi à la mort. Les rapports avec
l’Europe sont également apparus à l’opinion sous leur cruelle réalité : l’enfermement derrière les frontières au-delà de la Méditerranée ne se lit plus à travers des charters de personnes refoulées, tabassées,
menottées et enfournées ; on vit le choc sous ces images de boat-people dont les survivants racontent
des itinéraires dramatiques.
49Migrations = 6 % ; Crime Cvp : Crime, Corruption et Violence, procès= 13 % ; Eco, AF : Économie, Affaires,
Finances = 9 % ; Cel. Arts. Med : Célébrités, Arts et Média= 21 % ; Pol. Gouv.D : Politique, Gouvernements,
Diplomatie= 23 % ; Sc & Tech : Science et Technologie = 0 %
Santé VIH.S : Santé, VIH, sida= 3 % ; Justice D.P : Justice, Droit et Parlement = 1 % ; Sport = 20 %
Sexe ; = 0 % ; Trav. & BES : Travail et bien-être social= 5 % ; NRJ & ENV : énergie et environnement= 1 % ; AGR :
Agriculture= 0 % ; ACC & D Nat : Accidents et désastres naturels= 1 % ; Autres
La lecture que les médias africains ont de ces phénomènes migratoires aurait pu changer de perspective
et de profondeur avec le phénomène « Barça wala barsax ». On avait dépassé les épisodes de charters
de refoulés qui débarquaient à Bamako ou à Dakar, en provenance de la France, d’Angola, de Zambie,
etc. L’actualité du lendemain ou du surlendemain chassait facilement cet événementiel. Par contre,
« Barça wala barsax » a été – demeure – un long épisode dont les impacts multiples ont de quoi changer
les perceptions des journalistes ainsi que le traitement qu’ils peuvent faire des questions de migration.
Au rêve et à la sensation de l’aventure, qui ont longtemps prévalu dans la conscience collective en matière de migration, viennent se substituer les questions politiques liées aux droits humains, à la sécurité,
au développement et à la mondialisation, en général. `
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Un événement, un enchaînement de faits qui se traduisent en histoire, des noms qui se remplissent
d’horreurs et de malheurs. Des épisodes sédimentés dans les mémoires par des médias qui, par la force
de l’écrit, du son et de l’image fixent le temps du monde sur un lieu, sur un instant. Ceuta et Melilla
continueront toujours – sinon longtemps encore – de renvoyer ces images de courses folles qui finissaient dans des grilles en fer, ces corps désarticulés accrochés au barbelés, de ces silhouettes humaines
chutant de plusieurs mètres de haut, difficilement debout pour filer vers l’ailleurs ou tout simplement
inanimées au sol.
Il y a aussi ces coins du Sahara marqués de traces de pas non encore effacés par le vent, que la caméra
suivait pour buter sur un corps à moitié enseveli. Parfois c’était une plage, des cadavres rejetés par les
vagues, une embarcation de fortune qui flotte, quelques survivants assommés par la fatigue, encore
tétanisés par l’horreur des jours passés en mer, butant sur une histoire dont ils ont du mal à trouver les
mots. Las Palmas, impasse sur l’avenir. Lampedusa, route vers l’enfer.
Chapitre 4
ANNEXES
Quand l’aventure vire au drame : des médias pris de court
Chapitre 3
Graphique 4 : pourcentage des types de sujets traités dans les trois journaux
sénégalais du 1er au 15 mars 2006
75
Chapitre 4
les articles restent superficiels et abordent plusieurs aspects sans en approfondir un
seul.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 2
deuxième partie
74
À partir du dernier trimestre de 2005 et la fin de l’année 2006, l’émigration clandestine a été un fait constant dans l’actualité. Des premiers assauts sur les barbelés
de la frontière maroco-espagnole, à Ceuta et Melilla, au déferlement des pirogues
chargées de clandestins, l’actualité a déroulé un long chapelet de faits macabres. Des
naufragés par milliers, des morts et des disparus qui s’égrènent dans un décompte
infini, des refoulés par centaines.... Jamais le fait migratoire n’avait autant interpellé
et mobilisé les médias. Au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, trois pays impliqués
dans les vagues de l’exode comme émetteurs de migrants et comme espaces de
transit, l’information a épousé les flux et les reflux qui ont rythmé le phénomène.
Mais l’intérêt et l’intensité de la couverture n’ont pas été les mêmes partout.
7.1 L’intérêt médiatique
Dans les différentes périodes qui ont vu l’émigration clandestine connaître une intensité dramatique, l’intérêt des médias n’a pas été instantané. Des jours et des
semaines sont écoulés avant que cette information ne fasse l’objet d’un traitement
actif de la part des rédactions. Les médias se sont longtemps limités à diffuser, de
manière passive, des dépêches d’agence présentant les faits de manière globale sans
insister sur les particularités. Les immigrants clandestins morts, rescapés ou disparus,
étaient juste des « Ouest-Africains ». Au mieux leurs nationalités étaient citées, dont
des Sénégalais, des Maliens, etc., mais ils restaient des sans visage, des inconnus sans
nom dont les drames n’interpellent guère les opinions publiques et la presse, et par
conséquent, n’ont pas poussé les autorités à réagir vite au phénomène.
De manière générale, l’éloignement des lieux du drame a atténué l’intensité et l’intérêt des médias. La couverture des faits ne deviendra régulière et moins superficielle,
avec une implication proactive des rédactions, que dans la troisième phase de l’étude, avec la mise en place du Frontex et les rapatriements des immigrants refoulés.
L’information devient alors de proximité et les immigrants clandestins se retrouvent
bien au cœur de l’actualité.
La couverture a aussi manqué de suivi. De sorte que si L’Essor se préoccupe assez tôt
des événements de Ceuta et Melilla50 avec un article de la rédaction, les parutions
suivantes ne maintiennent pas le fer au feu.
50Édition du 4 octobre 2005 - « L’assaut des désespérés »
INTRODUCTION
deuxième partie
7Synthèse sur les tendances de la couverture des
« périodes chaudes » Chapitre 2
77
Chapitre 3
C’est dans ce contexte qu’est né le FRONTEX qui est l’instrument policier qui appuie la mise en œuvre
des politiques de contrôle des frontières européennes. Ses premiers résultats ont donné les premières
vagues de migrants expulsés d’Europe. L’on se souvient des quelque 500 Sénégalais et Maliens renvoyés
dans leur pays respectif en 2006.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
76
7.3 Les contenus d’information
Les premiers jours, voire les premières semaines passées à couvrir l’immigration
clandestine par le biais de dépêches d’agences internationales a privé le public d’une
information de proximité. L’accent était davantage mis sur la « meute qui déferle »
sur les côtes européennes, les drames, le désespoir des immigrants, les comportements quasi suicidaires, etc. Les statistiques s’accumulent avec des imprécisions et
les « victimes » restent des chiffres et pas des histoires de vie.
Durant ces périodes, quand les drames ont monté en intensité, les médias ont essayé d’« aller plus loin » en prenant l’information à leur compte. Aux dépêches se
sont ajoutés des commentaires, éditos et analyses. Mais c’est surtout avec les rapatriements des immigrants clandestins refoulés que l’information devient de première main et bénéficie d’un traitement plus valorisé. Les victimes ont désormais
des noms, des visages, des histoires à raconter.
Il reste que dans le traitement des faits migratoires de manière générale, durant les
trois périodes étudiées, le fait politique l’emporte sur l’approche socioéconomique
7.4 Les orientations éditoriales
Les multiples enjeux qui sous-tendent l’émigration clandestine n’ont pas fait l’objet
d’une véritable couverture par la presse. Entre les dépêches d’agence et les comptesrendus, les journalistes ont souvent navigué dans le factuel. Les questions de droits
humains, les « faillites politiques » des États et autres facteurs déclencheurs sont
plus évoqués à travers des « cris du cœur » que dans des analyses argumentées.
La monotonie du traitement de l’information, faute de diversité éditoriale, a été
surtout rompue par la presse sénégalaise. Quelques reportages de l’envoyé spécial
de l’Agence de presse sénégalaise en Espagne ont permis de faire vivre (même de
manière sommaire), le quotidien des immigrants clandestins ayant pu passer entre
les mailles du Frontex.
7.5 L’utilisation des sources
Entre les dépêches d’agences internationales et le compte-rendu événementiel, les
sources officielles et institutionnelles ont dominé dans la collecte d’informations.
Faute d’avoir l’opportunité de mener un travail de terrain, à défaut aussi d’initiatives pour un traitement moins factuel, les médias des trois pays se sont limités aux
sources officielles et institutionnelles. Les migrants sont pratiquement invisibles ou
silencieux, le recours aux experts (interviews, analyses) reste limité et les acteurs qui
travaillent sur les questions migratoires sont peu sollicités. L’information, souvent
pauvre, se limite à un instantané. Le contexte y est parfois, mais guère la mise en
perspective.
INTRODUCTION
deuxième partie
et humaine de la question. Les négociations avec les pays européens et la dimension financière de la mise en place du Frontex ont davantage attiré l’attention des
médias. Notamment au Sénégal, où les médias ont soupçonné des « deals » passés
autour des malheurs des immigrants clandestins, par un État plus soucieux d’« accaparer » des milliards que de mettre en place des programmes de développement et
de fixation des potentiels candidats au départ.
Chapitre 2
C’est dans la presse sénégalaise que les drames entourant l’immigration clandestine
s’exposent le plus. Dans les trois périodes d’octobre 2005, mars 2006 et septembre
2006, la récurrence de cette information est parfois cinq fois supérieure à ce qui
se note dans les autres pays. C’est le cas avec les moments forts du « Barça wala
barsax », où les trois quotidiens dakarois étudiés proposent 52 articles, contre 14 au
Mali (pour trois journaux, dont un hebdo) et 12 pour la Mauritanie (avec un quotidien et un hebdo).
Mais ce cumul ne traduit pas une constante. Dans la période d’octobre 2005 marquée par les événements de Ceuta et Melilla, la presse s’est sentie davantage impliquée. Sur les 60 articles relevés dans les trois pays pour cette tranche d’étude, 31
ont été publiés par trois quotidiens et un hebdomadaire malien, contre 27 pour trois
quotidiens sénégalais et 2 pour les deux hebdomadaires mauritaniens.
La proximité de l’information a sans doute opéré à ce niveau. En 2005, les immigrants suivaient pour la plupart la route du désert en passant par le Mali. En 2006,
les embarcations partaient pour l’essentiel des côtes sénégalaises et mauritaniennes. Le même phénomène opère en septembre 2006, avec les rapatriements des
immigrants clandestins du « Barça wala barsax », dans le cadre du Frontex. La presse
dakaroise y consacre 43 articles, contre 15 du côté de Bamako. À Nouakchott, la
tendance est restée constante pour un pays de transit dont les ressortissants ont été
peu concernés par les vagues migratoires. De deux articles en octobre 2005, on se
retrouve avec douze articles en mars 2006, puis en septembre 2006.
79
Chapitre 3
7.2 Le volume d’informations
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
7.6 La démarche journalistique
Dans ces « périodes chaudes », les médias dans les trois pays n’ont pas rapidement
pris à leur propre compte, l’information sur l’émigration clandestine. Plutôt que lui
donner une dimension locale et une perspective propre, ils l’ont longtemps abordée
par le biais de dépêches d’agences internationales. Des textes publiés sans travail
rédactionnel au niveau interne pour les compléter ou les « démarquer ». Le regard
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
78
ANNEXES
Chapitre 4
Chapitre 3
7.7 Les perceptions, les représentations
Les représentations et caractérisations des migrants clandestins dans la presse pendant cette « période chaude » épousent différentes perspectives. Dans les médias
maliens, mauritaniens et sénégalais, on retrouve des tendances qui versent dans la
condamnation (« élan suicidaire »), mais aussi dans des justifications (« impératif de
survie et quête de vie décente »). La reprise régulière des dépêches d’agence internationale laisse transparaître un troisième regard, avec l’expression d’un ras-le-bol et
d’une xénophobie ambiante. Ces perceptions négatives publiées dans la presse locale
ont favorisé une forme d’auto stigmatisation nourrie par les images et les jugements
portés par la presse des pays de destination.
7.8 Exemples de perceptions
Légitimation et condamnation
L’émigration clandestine trouve ses défenseurs pour dire que « se déplacer pour
survivre n’est pas et ne peut pas être un crime ». Pour dire aussi que le phénomène
qui défraie la chronique « est la suite logique de l’histoire de l’esclavage et de la
colonisation ».
Mais on retrouve aussi l’opinion selon laquelle rien ne justifie de telles initiatives
« suicidaires » chez des gens qui ont les moyens de travailler et de vivre décemment.
Un débat confisqué
L’émigration clandestine apparaît comme un débat mal posé, à partir de paramètres
et de perspectives biaisées. Pour d’aucuns, la parole devrait être donnée plus aux
jeunes qu’aux politiques ou aux spécialistes
« Moussa Dieng Kala, artiste-réalisateur sur l’émigration clandestine : « Si les
jeunes prennent autant de risques, c’est parce qu’ils sont ambitieux. » (Le Quotidien du 14 septembre 2006).
Rejet du Frontex
Le déficit d’information sur les accords signés dans le cadre du Frontex a instauré un
climat de méfiance et de rejet. L’opinion qui prévaut est que le gouvernement sénégalais a « vendu » les immigrants pour les faire rapatrier, sans leur assurer des perspectives de réinsertion. Les interpellations d’immigrants clandestins par les forces de
sécurité locales sont jugées « choquantes ». En comparaison, quand les gardes-côtes
espagnols qui interceptent les immigrants clandestins apparaissent comme des sauveurs, les forces de sécurité sénégalaises sont présentées comme des « briseurs de
rêve ».
« Immigration – Entente avec la France et l’Espagne : le Sénégal cache ses accords et monnaye sa collaboration » et « Engagement – Au front pour le rapatriement des clandestins : l’Espagne décaisse plus de 13 milliards de francs CFA
(Le Quotidien du 11 septembre)
« Rapatriement – Une soixantaine de Sénégalais ramenés d’Espagne : Air clandestin atterrit à Saint-Louis » (Le Quotidien du 15 septembre)
Introspection et autocritique
En pleine actualité sur le rejet des immigrants, une contribution met en exergue une
forme de xénophobie « douce » et convenue qui prévaut au Sénégal. Le rejet de
l’autre n’est pas l’apanage des autres. L’auteur souligne que « dans toute société il
existe des clichés associés à tel groupe ethnique ou communautaire (…) C’est une
grossière erreur de croire que le Sénégal serait naturellement immunisé contre certaines dérives qui ont conduit d’autres nations vers l’abîme. » L’auteur fait allusion
à la Côte d’Ivoire.
« Sénégalité », le vertige de la xénophobie » (Le Quotidien du 9 septembre)
INTRODUCTION
deuxième partie
Le phénomène des départs qui prend de l’ampleur apparaît alors comme un effet de
mode plutôt qu’un impératif de survie
« À un ami volontaire de l’émigration » (Le Quotidien du 11 septembre 2006)
« À mon frère, naufragé d’une pirogue Dakar-Barça » (Le Quotidien du 14 septembre 2006).
Chapitre 2
L’éloignement des faits explique un tel recours aux dépêches d’agences, mais un
suivi s’imposait pour développer une proximité affective et géographique. Les journalistes n’ont pas adopté cette démarche de suivi. Des médias des trois pays, seule
l’Agence de presse sénégalaise et Le Soleil ont pu dépêcher des envoyés spéciaux en
Espagne et en France. Ces démarches, initiées par des médias publics au moment des
négociations du Frontex, ont cependant été dictées par l’agenda gouvernemental.
L’envoyé spécial de l’Aps a effectué des reportages auprès des immigrés sénégalais
d’Espagne, repris dans la presse. Mais le second s’est limité à la couverture officielle
du voyage du ministre de l’Intérieur.
Le retour des immigrants refoulés ou interceptés dans le cadre du Frontex n’a pas
non plus dépassé le cadre événementiel. L’intérêt autour de l’information a vite été
détourné vers une autre actualité, alors que des témoins directs des événements
pouvaient offrir d’autres angles et d’autres perspectives de couverture.
81
Chapitre 3
et les considérations portés par ces agences mainstream ont ainsi donné un prisme
particulier aux phénomènes migratoires clandestins. Avec une influence ressentie
jusqu’au niveau du public local.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
80
L’Espagne, un eldorado… et un enfer
Un reportage de l’APS en Espagne montre que le bonheur est au bout de l’aventure.
Le journaliste décrit de jeunes africains qui « sirotent en devisant » dans un bar.
Selon eux, « si vous trouvez quelque chose c’est 4 euros (2 600 FCFA) pour chaque
heure de travail ». Dans le même texte, une source municipale espagnole présente
les Sénégalais comme ayant « une bonne réputation ». On ne trouve meilleur appel
pour prendre le large. Mais un autre reportage de la même agence décrit cependant
l’envers du décor, avec un immigrant qui confie : « Si je savais je ne serais jamais
venu ».
Émigration – Mauvaise humeur : des Espagnols exaspérés par ces « Noirs de
merde » (Le Quotidien du 11 septembre)
Émigration – Un enfant de Guet Ndar raconte sa nouvelle vie en Espagne (Le
Quotidien du 11 septembre)
Quand l’AFP délire
La « neutralité » qui tient au principe « des faits, rien que les faits » et qui est le
propre des agences de presse est parfois bafouée. Pour traduire « l’ampleur » de l’immigration clandestine, l’AFP verse dans des qualificatifs qui traduisent des points de
vue et des perceptions ayant valeur de jugement. Il est question de « déferlement »,
de « journée infernale » sans « aucune rémission » pour les gardes-côtes espagnols,
avec des arrivées « soutenues ». Aucune source, aucune statistique ne sont avancées ; c’est l’agencier qui juge.
INTRODUCTION
83
Les sportifs émigrés jouissent d’un regard autre dans les médias. Celui qu’on pose sur les vedettes qui
représentent un idéal d’accomplissement social et professionnel. Ils portent des identités qui traduisent
une fierté nationale, communautaire, ethnique, etc. Cette fierté peut même dépasser l’identité nationale, pour porter une charge panafricaniste voire raciale. La réussite d’un Didier Drogba, footballeur à
Chelsea, est autant célébrée à Abidjan qu’à Dakar et à Bamako.
Les sportifs sont les émigrés les plus exposés dans les médias. À la fois objets et sujets dans l’information, leurs exploits font la une. Ils s’expriment sur leur domaine d’évolution et sont parfois aussi interpellés sur les questions d’enjeu national au titre de leaders d’opinion.
Pendant longtemps, ces sportifs émigrés ont été des natifs du terroir partis faire une carrière professionnelle. Aujourd’hui la « famille » s’est élargie aux émigrés de deuxième ou de troisième génération, que
rattrape la passion sportive du pays d’origine des géniteurs pour les entraîner dans une sorte de fusion
charnelle.
Depuis que la FIFA a modifié ses règles en matière de « nationalité sportive », l’athlète émigré ou fils
d’émigré est devenu une valeur de référence. Les médias traquent à travers le monde les patronymes
sportifs proches de l’identité nationale, comme on cherche des brebis égarées à ramener dans le troupeau. Si la presse se nourrit essentiellement de politique, de faits divers et de sport, les nouveaux hérauts de l’espace médiatique se retrouvent aujourd’hui davantage dans les stades que sur les estrades.
Les sportifs sont en effet devenus meilleurs vendeurs de rêves que les politiques.
La principale destination d’émigration pour les sportifs des trois pays objet de cette étude (surtout
les Maliens et les Sénégalais) reste la France. Un milieu qui connaît aussi les travers d’une émigration
clandestine. Nombre de sportifs appâtés par des agents véreux se sont retrouvés sans club ni contrat,
finissant dans l’errance et la misère. Mais c’est un scandale que les médias abordent peu.
Chapitre 2
Les données de cette étude, sur le traitement de l’information concernant les faits migratoires et les
perceptions des migrants dans les médias, auraient radicalement changé si le sport avait été pris en
compte. En volume et en régularité dans la couverture, comme en qualité des contenus.
deuxième partie
Les sportifs, ces migrants à part…
Chapitre 3
Auto stigmatisation
Un journaliste traite une dépêche de l’AFP exposant les réactions des Espagnols devant les vagues d’immigrants qui déferlent. Il reproduit sous sa signature, sans autre
jugement, les insultes (« Noirs de merde ») et clichés (« voleurs d’emploi ») véhiculés dans la dépêche. Or le traitement d’un tel article par une rédaction constitue
une étape pour lui donner une orientation propre. Reproduire ces propos ressemble
à une forme de validation. À force de se baser sur une information formatée par
les médias occidentaux, les journalistes en arrivent à développer une forme d’auto
stigmatisation.
Émigration – Mauvaise humeur : des Espagnols exaspérés par ces « Noirs de
merde » (Le Quotidien du 11 septembre)
L’auto stigmatisation est aussi présente chez les immigrés réguliers ou établis de
longue date. Ayant réussi leur insertion, ils ont tendance à regarder les nouveaux
clandestins comme une tâche sur leur réputation.
Immigration clandestine : Madrid n’est pas l’eldorado promis aux passagers des
pirogues (Le Soleil du 12 septembre).
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
82
8.1 L’actualité des migrations
Durant cette période dite « normale » de monitoring, l’actualité dans les trois pays
n’a pas été marquée par un événement de grande importance ayant un rapport direct avec les phénomènes migratoires. Aussi bien à l’intérieur des pays qu’au niveau
des relations entre pays. Un fait se distingue toutefois avec la rencontre, à Kayes
(Mali), des premiers ministres sénégalais et malien, pour discuter de la circulation
des biens et des personnes dans le corridor Dakar-Bamako. Il a été traité de manière
concomitante par la presse des deux pays.
Le monitoring dans la presse des trois pays a permis de noter 21 articles consacrés
aux migrations. Certains portent sur les migrations de manière directe. Mais, dans la
plupart des cas le migrant ou le fait migratoire est évoqué de manière implicite, ne
faisant pas l’objet d’un angle de traitement particulier.
La revue de presse effectuée du 16 au 31 mai a montré une plus grande focalisation
de la presse sénégalaise sur le fait migratoire. Sur les 21 articles recensés à travers
onze journaux des trois pays, 16 l’ont été par trois journaux sénégalais, quatre par
des journaux mauritaniens, alors qu’un seul est signalé dans la presse malienne.
Dans cette production, l’intérêt des journaux se focalise essentiellement et selon les
pays sur :
• les faits divers (Mauritanie, Sénégal)
• l’actualité officielle ou événementielle (Mali)
• les questions socioéconomiques et juridiques (Sénégal)
• La seule fois où la une a été consacrée à un fait migratoire ou à un migrant, c’est
dans le cas de l’affaire DSK, avec l’interview de Pape Baïdy Diallo qui témoignait
de ses relations avec Nafissatou Diallo.
Mali : pendant la période couverte par l’étude, L’Essor a produit 335 articles sur divers sujets, dont 7 ont trait aux migrations, soit 2,13 % des contenus de ce journal.
Les Échos, sur 261 articles publiés, en proposent cinq pour les sujets migratoires, soit
1,92 %. L’Indépendant publie 245 articles pour deux sujets sur les migrations, soit
0,77 %. Le Canard Déchaîné, sur ses 42 articles, s’y est intéressé une seule fois. Avec
16 articles, La Nouvelle République n’a fait aucun cas des questions migratoires.
Mauritanie : Sur un volume global de 622 sujets abordés entre le 16 et le 31 mai
2011, seuls quatre articles ont concerné les faits migratoires dans les trois journaux
mauritaniens ayant fait l’objet de l’étude. Horizons et Nouakchott Infos ne les ont
évoqués qu’une fois, alors qu’on les retrouve deux fois dans Le Quotidien de Nouakchott. En termes de rapport entre la pagination et le volume de production d’articles,
le plus faible pourcentage revient au quotidien gouvernemental Horizons qui, malgré
ses douze pages par édition et ses 375 sujets cumulés, ne totalise qu’une seule actualité sur les migrations (soit 0,26 % du contenu global du journal). Le Quotidien de
Nouakchott, avec deux articles, se situe à 1,88 %.
Sénégal : durant la période du 16 au 31 mai, les trois quotidiens sénégalais qui ont
fait l’objet d’étude ont publié 27 articles relatifs aux faits migratoires ou aux migrants, sur un total de 3 192 sujets abordés. Huit ont paru dans Le Quotidien, pour
une surface rédactionnelle globale d’une page et demie, représentant 1,40 % de la
surface globale. L’Observateur en compte trois. Quant aux 16 articles recensés dans
Le Soleil, ils occupent 3,5 pages pour un total de 312 pages publiées en 13 jours de
parutions.
INTRODUCTION
deuxième partie
Loin de la période des fortes émotions causées par les drames de l’émigration clandestine massive en 2005 et 2006, l’étude a mesuré la couverture du fait migratoire dans une période dite normale. Il s’est agit de saisir, dans le fonctionnement
des médias en dehors de tout événement particulier, l’importance attachée à cette
question, la perception que les journalistes en ont et le traitement qui en est fait. La
période considérée s’étend du 16 au 31 mai 2011.
8.2 Le traitement dans la presse
Chapitre 2
Monitoring d’une période normale
85
Chapitre 3
8Le fait migratoire dans l’ordinaire de l’actualité
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
8.3 Le traitement à la radio et à la télévision
La couverture télévisuelle dans les trois pays a donné lieu à une production plus
fournie au niveau du Sénégal. Cette tendance est valable aussi bien en termes d’éléments de reportage diffusés, que de temps d’antenne consacré aux faits migratoires.
Pendant cette période normale considérée pour le monitorage, rares sont les cas où
les migrants sont considérés comme des acteurs. Les médias leur donnent peu la
parole et les relèguent souvent au second plan. Ils ne sont presque jamais au cœur
de l’information dans les trois pays choisis.
Mali : L’ORTM (radio et télévision) a diffusé deux éléments consacrés aux migrations. Dans sa grande édition du 24 mai 2011, à 20 heures, la chaîne publique a fait
le compte rendu de la visite d’une délégation des parlementaires maliens à Kidal. Ces
membres de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale étaient
allés s’enquérir des conditions des migrants en transit dans la localité. Divers acteurs,
dont le comité régional, ont été rencontrés.
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
84
Les radios communautaires dans les pays d’étude
L’étude sur les radios communautaires n’a pu être réalisée qu’au Sénégal, avec Pété FM et Bamtaare FM,
et au Mali avec la Radio Folona. Le cadre juridique en Mauritanie n’est pas encore ouvert à l’existence
de tels médias.
De par leur proximité avec les populations dont elles sont l’émanation pour porter leur voix, traduire
leurs préoccupations, exprimer leurs attentes, ces radios constituent un baromètre essentiel du fait
migratoire. Dans son vécu et dans ses manifestations. Mais le monitorage effectué sur leur traitement
de l’information concernant les migrations n’a pas été riche en couvertures.
INTRODUCTION
deuxième partie
On note une ouverture de la RTS, sur les communautés originaires de la sous-région.
Notamment avec la présentation du livre Péril-Prési ou névrose d’échec, retraçant
la crise sénégalo-mauritanienne de 1988 et traitant en parallèle du problème des
réfugiés des deux pays et la couverture d’une conférence de la diaspora africaine
guinéenne. Mais l’essentiel de la couverture du fait migratoire reste lié à des activités
officielles (5 sur 13). Parmi lesquelles une réunion entre le premier ministre et l’ambassadeur d’Italie pour discuter d’un d’accord-cadre entre les deux pays en vue de
lutter contre l’émigration clandestine. Cette couverture officielle a occupé l’essentiel
du temps d’antenne global réservé aux faits migratoires.
Walf Tv, pendant les deux semaines de monitorage, a abordé le fait migratoire à 5
reprises. Ses éléments, dans leur ensemble, ont eu une durée de 23 min 43 secondes,
sur un total de 358 minutes 8 secondes de journal télévisé. Ce qui représente une
proportion de 7 % de temps d’antenne consacrés aux questions liées aux migrations.
Sur les 162 sujets différents abordés par Walf Tv 5 ont porté sur des questions migratoires, représentent 3 % du contenu.
Les sujets abordés concernent la montée de l’insécurité à Dakar, mettant à l’index les
communautés immigrées, l’« affaire Nafissatou Diallo-DSK » avec un témoignage
de sa mère, une conférence sur l’implication des mouvements citoyens dans la libre
circulation des biens et des personnes, ainsi que la réunion de Kayes sur le corridor
Dakar-Bamako, couverte par un envoyé spécial.
Cette chaîne de télévision privée se détache de l’agenda officiel, mais elle ne valorise pas le traitement des faits migratoires par des approches fouillées et originales.
Dans sa grille de programmes se distingue pourtant une émission hebdomadaire de
grande audience sur les émigrés sénégalais, avec des reportages dans les pays d’accueil. Mais les acquis de cette production ne sont pas valorisés dans le traitement
de l’actualité.
La Radio futurs médias a consacré sept éléments aux questions de migrations, sur
135 sujets couverts par son Journal parlé de 12h (voir annexes).
Chapitre 2
87
Chapitre 3
Dans le second élément diffusé le 27 mai 2011, l’ORTM aborde un sujet sur « Migration et mobilité en faveur du développement ». Il rend compte d’une conférence
grand public organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), en partenariat avec le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, à travers le Projet Tokten. Le débat tourne autour de l’impact de la
migration et de la mobilité sur le développement. Il est aussi question de la diaspora
malienne et de la fuite des cerveaux.
Radio Klédu a diffusé quatre éléments. Mais cet intérêt s’explique par la participation d’un journaliste de la rédaction à un atelier sur les migrations organisé, durant
la période du monitoring, par l’Institut Panos.
Mauritanie : La TVM a évoqué deux éléments d’actualité nationale dans lesquels
sont abordés les faits migratoires. Le tout dans la même édition du JT de 21 h 30, le
19 mai. Le premier a trait à l’opération d’identification et de recensement général
des citoyens mauritaniens en vue de leur fournir de nouvelles pièces d’état civil. Le
fait migratoire y apparaît de manière incidente. Le second élément, diffusé au cours
du même JT, implique des « trafiquants étrangers… » arrêtés avec des marchandises
prohibées.
Radio Mauritanie, durant la même période, fait deux fois allusion aux questions migratoires. C’est, le 30 mai, dans les éditions du Journal parlé de 14 h-14 h 20 et de
18 h-18 h 20. Le premier élément (23 secondes) évoque le débarquement, à Lampedusa, de quelque 1 500 migrants, pour l’essentiel des réfugiés africains venus de
Libye. Le second élément (50 secondes) fait état de la prise de position critique du
haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, vis-à-vis de certains
pays européens, en particulier l’Italie, la France et le Danemark, qui présentent les
migrants comme un problème dont il vaut mieux se débarrasser.
Sur près de 14 heures de programmes « monitorés » du 16 au 31 mai sur les ondes
de Radio Mauritanie et de la Télévision de Mauritanie, les quatre éléments consacrés
aux questions migratoires sont d’une durée totale de 1 min et 49 secondes. La plus
importante couverture a été notée sur Radio Mauritanie avec 1mn et 13 secondes,
contre 36 secondes sur la TVM.
Sénégal : La Radiotélévision sénégalaise, pendant les deux semaines de monitorage,
a diffusé 906 minutes 47 secondes pour ses différentes éditions quotidiennes du
Journal télévisé. De façon globale, les questions migratoires y occupent 49 min 26
secondes (5 %). Sur un total de 308 éléments, seuls 13 traitent des questions migratoires.
La couverture a été éclectique, avec des sujets divers au gré de l’actualité. Un seul
élément a fait l’objet d’un suivi sur différentes éditions du Journal télévisé : la rencontre entre les premiers ministres maliens et sénégalais à Kayes, pour discuter du
corridor Dakar-Bamako. Cet événement a donné lieu à une interview d’un membre
du Conseil présidentiel en prélude à la réunion, puis à la couverture de l’événement
par un envoyé spécial.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Mali
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
86
Pété Fm émet depuis le village du même nom, dans la région de Saint-Louis, au nord du Sénégal. Dans
cette zone du Fouta, frontalière avec la Mauritanie, les envois d’argent constituent depuis des décennies une des principales ressources pour le développement local avec les investissements au niveau
social et communautaire. Ceci explique l’importance de la couverture accordée à la réouverture du
bureau de poste.
Bamtaaré FM, a diffusé cinq éléments en quinze jours de monitorage. Les 60% de ces éléments portent
sur des faits divers (trois sur cinq), avec un accident de la circulation impliquant un véhicule de commerçants revenant d’un marché international hebdomadaire qui se tient dans la région (deux éléments)
et une affaire de «vol de sexe» imputé à un étranger dans la localité où les faits se sont déroulés.
Bamtaaré émet dans le département de Vélingara, au sud-est du Sénégal. Il s’agit d’une zone à la
confluence de migrations internes et internationales avec le Mali, la Guinée, la Guinée-Bissau et la
Gambie, notamment pour des activités commerciales. Deux des éléments répertoriés dans la couverture des faits migratoires par cette radio concernent des activités transfrontalières avec la Gambie
(transport) et la Guinée-Bissau (gestion des ressources forestières).
Tableau 14 : Volume consacré aux questions de migrations dans la presse
mauritanienne
Chapitre 4
Horizons
Nouakchott Info
Le QDN
Total
84
60
71
215
Nombre de
Sujets
375
141
106
622
Articles sur les
migrations
01
01
02
04
Total
%
376
142
108
626
0,26 %
0,70 %
1,88 %
Tableau 15 : volume consacré aux questions de migrations à la radio et à la
télévision mauritaniennes
Chaînes
ANNEXES
Nombre de
pages
Radio Mauritanie
TVM
Total
Durée totale des
programmes
8 h 43 min et 13 s
5 h 42 min
14 heures
Durée des éléments sur les
migrations
1mn et 13 s
36 s
25 minutes et 13 s
ORTM
Guintan
Folona
Klédu
Total
Oct. 2005
Mars 2006
3
N.d
N.d
N.d
3
Période
Sept 2006
Mai 2011
Effectif
1
1
2
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
4
1
1
6
Total
Pourcentage
7
63,64 %
0
0,00 %
0
0,00 %
4
36,36 %
11
100,00 %
Tableau 17 : f réquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
dans les radios sénégalaises pour la période du 16 au 31 mai 2011 Types de sujets
Migrations
Crime, Corruption, Violence procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Energie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
Pété FMm
Bamtaree FM
2
3
1
4
4
0
1
0
4
0
3
0
1
0
0
23
5
6
5
10
2
0
4
2
3
0
21
4
2
2
1
67
RFM
7
15
8
13
15
1
5
23
8
0
16
16
0
2
6
135
Total
14 éléments
24
14
27
21
1
10
25
15
0
40
20
3
4
7
225 éléments
INTRODUCTION
deuxième partie
Pété FM a diffusé deux éléments en six jours de monitoring sur quinze. Pour les autres jours, des coupures de courant ont empêché la radio d’émettre, selon son directeur. Les deux éléments ont porté sur la
réfection et la réouverture d’un bureau de poste (1 min 28 s), avec un reportage dans le Journal parlé,
suivi d’une page spéciale sous forme d’interview avec le directeur régional de La Poste (9 min 56 s).
Radios
Chapitre 2
Sénégal
Tableau 16 : f réquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
dans les radios maliennes, selon les quatre périodes de 2005, 2006
et 2011
Chapitre 3
Folona n’a diffusé aucun élément faisant état de faits migratoires. Cette radio émet depuis la ville de
Kadiolo, à 500 km de Bamako. La localité est frontalière de la Côte d’Ivoire (10 km) et du Burkina Faso
(22 km), se trouvant ainsi au carrefour des migrations transfrontalières. Il s’agit d’une zone où les tensions liées au contrôle du foncier, à la transhumance, à la ruée vers les sites d’orpaillage sont récurrentes.
Journaux
89
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
%
12,5 %
7,2 %
1min et 49 s
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
88
Chapitre 3
Chapitre 2
9.1 L’intérêt médiatique
Pendant cette période normale où le fait migratoire ne s’impose pas dans l’actualité,
les médias l’abordent peu comme sujet décalé. Signe d’un intérêt limité, il n’a fait la
une d’un journal qu’une fois avec l’affaire DSK, à travers l’interview d’un Sénégalais
résidant à New Nork, ami de Nafissatou Diallo, la présumée victime d’un viol perpétré par l’ancien directeur du FMI (L’Observateur au Sénégal). Pour une bonne part,
quand le sujet s’impose dans les contenus des médias, il concerne des étrangers, est
traité sous forme de dépêche et relève d’un fait divers (arrestations de trafiquant de
drogue) ou tient de l’événementiel. C’est ce denier paramètre qui constitue d’ailleurs
la principale motivation pour une couverture.
L’autre opportunité d’occuper la une est venue de la réunion sur le corridor DakarBamako, entre les premiers ministres du Sénégal et du Mali. Dans les deux pays, cette
actualité a fait l’objet d’une importante couverture par les médias publics.
Chapitre 4
9.2 Le volume d’informations
Le monitoring effectué dans les trois pays, pendant la période normale où aucun
événement particulier ne force l’intérêt des médias, attribue les meilleurs scores de
couverture au Sénégal, avec une moyenne de
• 1,5 article par jour sur trois journaux,
• 1 élément diffusé par jour à la télévision,
• 0,3 élément diffusé par jour à la radio.
Quand elle est traitée, l’information sur les migrations s’avère souvent partielle et/
ou mal documentée. Les journalistes n’effectuent pas un travail de documentation
et d’enrichissement des informations collectées. On se limite aux sources de première main, plutôt qu’à chercher à varier les interlocuteurs, à recouper les faits et
les données, voire à les vérifier. Le travail du reporter est cantonné à la collecte de
base (point de presse, séminaire, communiqué, cérémonie officielle) et ne s’enrichit
d’aucun travail complémentaire de documentation, de diversification de l’information et d’élargissement des angles de traitement.
Cela s’explique par une pauvreté des services documentaires (voire leur inexistence)
dans les rédactions, par les limites à utiliser Internet comme outil de recherche,
mais aussi par les faiblesses dans la démarche journalistique de collecte (défaut de
formation).
9.4 Les orientations éditoriales
L’approche la plus courante dans le traitement de l’information reste le compte rendu, avec une approche plus factuelle qu’analytique. On note ainsi une propension à
utiliser les dépêches d’agences, aussi bien nationales qu’internationales.
La démarche journalistique n’est pas non plus proactive ; elle est suscitée par l’agenda officiel/ institutionnel ou l’actualité occasionnelle. Faute d’un background solide
sur le sujet qui lui permet de s’adapter et de déterminer un bon angle pendant le
reportage, le journaliste se limite à un traitement au premier degré. On relève de rares portraits, reportages, interviews. Or ce sont ces genres rédactionnels qui mettent
généralement en relief une information décalée et témoignent de l’intérêt propre
d’une rédaction pour un thème ou un sujet particulier. C’est avec ces approches
éditoriales (reportages, portraits, interviews) qu’on entre dans l’intimité des acteurs
pour donner un visage humain à l’information.
Ces genres rédactionnels demandent cependant un travail de préparation important.
Ils supposent aussi un background solide et une bonne assise professionnelle qui ne
sont pas souvent le propre des reporters. Faute d’un bon coaching dans les rédactions, il leur est difficile de s’aventurer sur ce terrain.
INTRODUCTION
9.3 Les contenus d’information
deuxième partie
L’importance des faits migratoires et du migrant dans la vie économique et sociale,
voire culturelle, ne ressort pas en termes de volume et d’espace dans les médias des
trois pays. Au regard d’une diaspora nombreuse, dont l’implication dans la vie des
populations et des communautés locales est constante et importante51, l’intérêt des
médias pour le fait migratoire et pour les migrants reste résiduel.
91
Chapitre 2
9Synthèse sur les tendances de la couverture d’une
période normale
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 3
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
INTRODUCTION
deuxième partie
90
51Près de 50 % des envois des émigrés sénégalais entrent dans la consommation courante, contre 25 % pour
l’épargne de précaution, 20 % pour l’investissement immobilier et moins de 5 % seulement pour l’investissement
productif (OIM, 2007).
Dans leur traitement de l’information pendant cette « période normale », les journalistes usent davantage de comptes-rendus et s’appuient sur des sources officielles
ou assimilées dont ils se limitent à restituer les discours. Aucune perspective n’est
ANNEXES
ANNEXES
9.5 L’utilisation des sources
En assurant un suivi dans l’information, les journalistes peuvent en arriver à passer
du compte-rendu à un traitement plus fouillé des faits. Cet approfondissement peut
aussi se faire avec les dépêches d’agences, quand le rédacteur, plutôt que de « plaquer » le texte, s’emploie à l’adapter en lui donnant une perspective locale.
Dans cette « période d’actualité normale », une seule information a fait l’objet d’un
suivi : la réunion sur le corridor Dakar-Bamako. Dans L’Essor comme sur la Radiotélévision sénégalaise, on a eu droit à plusieurs éléments. L’affaire DSK a été largement
traitée aussi, mais plus à travers ses péripéties judiciaires et politiques que comme
fait migratoire.
La période choisie est-elle propice pour exposer les faits migratoires dans les médias comme une information décalée ? Assurément. Mai juin constitue le moment
où se préparent les vagues d’émigration clandestine qui ont lieu dans les périodes
estivales où le temps est plus clément que durant l’hiver, pour les traversées en mer.
Le phénomène a certes perdu de son importance face aux mesures de sécurité imposées par les pays européens, mais il n’a pas disparu. Mai juin c’est aussi le prélude
aux vacances. Une période pré hivernale pendant laquelle les émigrés se préparent
à affluer pour les vacances en famille. C’est encore le moment où commencent les
migrations saisonnières internes pour les travaux agricoles.
ANNEXES
9.7 Les angles de traitement
Les articles consacrés au fait migratoire sont souvent un fourre-tout. Le journaliste
ne distingue pas l’information essentielle de l’accessoire, pour une bonne hiérarchisation. Beaucoup d’aspects sont évoqués dans les articles sans qu’aucun ne bénéficie d’une bonne mise en valeur. L’information rapportée est effleurée, sans mise en
9.8 - Les perceptions, les représentations
Le fonctionnement des médias, l’attitude des journalistes, les orientations qui caractérisent l’information relèvent de constructions caractéristiques de schémas établis.
Celles-ci reflètent souvent les paramètres sociaux qui fondent les représentations
collectives. Les journalistes ne sortent pas de cette grille de lecture qui établit des
distinctions vis-à-vis de certains groupes marginalisés pour les stigmatiser et les
discriminer. Ceci donne aux migrants une image que les média véhiculent de façon
inconsciente ou assumée, reproduisant des stéréotypes et clichés fondant ainsi un
processus de dévaluation de l’autre.
Dans le monitoring opéré pour la « période normale », les médias maliens, mauritaniens et sénégalais ne sortent pas de ce processus de catégorisation qui distingue,
exclut, décrédibilise et déconsidère l’immigré. Le fait que ces perceptions sur l’autre
apparaissent dans une « période normale », hors de tout événement justificatif (et
encore !) de telles attitudes, montre qu’il s’agit de constructions sociales établies,
d’une représentation validée et acceptée par les médias. Par contre, l’image qu’on
projette de sa communauté émigrée est toute autre : positive, indulgente, valorisante.
Si les stéréotypes et les perceptions négatives à l’endroit des migrants fleurissant
tant dans les médias, cela tient surtout au fait qu’ils sont plus objets qu’acteurs dans
l’information. La presse les décrit, parle d’eux, mais leur donne rarement la parole.
Autant ils sont visibles, autant ils sont silencieux. D’autres parlent d’eux et pour eux
(notamment les officiels, les autochtones). Quand ils s’expriment, ils sont souvent
dans des situations précaires ou apparaissent en victimes, plus portés à se défendre, à se justifier qu’à expliquer et à se légitimer, à défaut d’avoir les arguments et
connaissances pour se fonder sur la légalité. Les faits pour lesquels ils sont mis en
scène sont pour la plupart défavorables et ne leur permettent pas de se mettre en
valeur.
INTRODUCTION
deuxième partie
contexte ou mise en perspective. Cette lacune appauvrit souvent les comptes-rendus qui sont les genres les plus usités dans les rédactions. Faute d’un bon coaching,
d’une bonne préparation, les journalistes partent souvent en reportage sans piste,
sans angle de traitement, à la merci des « maîtres de cérémonie » qui sont en mesure d’orienter l’information à leur guise (officiels, agences étrangères, etc.).
Chapitre 2
9.6 La démarche journalistique
93
Chapitre 3
donnée à l’information, aucune profondeur n’est recherchée dans le contenu. Pas de
suivi non plus : « on couvre et on passe à autre chose », comme on dit de manière
courante dans les rédactions. Les migrants étant souvent absents de ces espaces de
décision ou de prise de parole, on ne les voit pas et on ne les entend guère. Ils sont
objets plutôt que sujet. Les autres parlent d’eux, parlent pour eux.
La démarche est différente quand les médias abordent un fait hors actualité. Mus
par leurs propres initiatives, les journalistes sont maîtres de leur sujet, déterminent
leur (s) angle (s) de traitement et choisissent leurs sources. Les genres rédactionnels
sont alors plus variés, allant de l’interview au reportage, en passant par le portrait,
l’analyse, etc. On peut même avoir droit à des dossiers ou à des enquêtes. Autant de
genres de terrain dans lesquels on ne peut occulter le migrant.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
deuxième partie
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
92
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
95
Quelques exemples de représentations véhiculées dans les médias
Paresseux, misérables, sans ambitions, etc.
Étranger, ça fait tilt dans les titres
Un reportage sur des mendiants maliens à Dakar permet de retrouver quelques poncifs. On apprend
que pour eux « mendier (est) plus fructueux que travailler », car « les Sénégalais sont charitables ». Et
qu’en pensent les Sénégalais ? « Ces (mendiants) étrangers, une fois au Sénégal, ne font pas l’effort de
trouver un emploi » et semblent « se satisfaire de (leur) condition ». Et le mendiant malien de lâcher : «
ici on arrive à manger et ça au moins c’est quelque chose ».
Un étranger dans un fait divers ne passe jamais pour un sujet ordinaire. Il n’est plus un tel, mais devient
une nationalité affichée au nom de tous les siens. De même, l’étranger « vend » mieux l’information.
Dans une affaire de proxénétisme relatée par L’Observateur, un «Français» impliqué n’est pas le seul
protagoniste, étant donné qu’il est question d’un réseau, mais c’est lui qui est mis en exergue dans le
titre.
(Réseau de prostitution de mineures à Mbour : les proxénètes écroués, un client français de 62 ans aussi
- L’Observateur du 16 mai)
Au final, la caricature est simple : les Maliens meurent de faim chez eux, sont paresseux, restent redevables à des Sénégalais grands seigneurs et se contentent de peu dans leur misère.
(Mendicité à Dakar : le business lucratif des Maliens - L’Observateur du 24 mai)
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
deuxième partie
INTRODUCTION
deuxième partie
94
En parlant d’« immigrants africains », les journalistes mauritaniens savent que les candidats à l’émigration vers l’Europe ne viennent plus seulement du continent. Des côtes mauritaniennes embarquent des
personnes de « diverses origines africaines et non africaines ». Y compris donc des migrants en transit
venant d’autres continents, d’Asie notamment. Mais les clichés sont faciles et ont la peau dure. Tout
migrant est africain.
(Tunisie : Plus de 220 migrants africains secourus par les gardes-côtes - Horizons du 16 mai 2011)
Eux oui, mais surtout nous…
Chapitre 2
Chapitre 2
Le cliché fourre-tout
(Mariama Baldé, pensionnaire d’un daara : une talibé qui rêve d’être institutrice - Le Soleil du 17 mai)
Sans nom, sans visage
L’étranger reste une source vague. Sans identité, sans profil. Parfois il suffit d’en faire parler un pour
globaliser l’opinion de toute une communauté sans tenir compte de ses particularismes et de ses différences internes. Dans un texte sur une réunion des ressortissants du Maroc au Sénégal, les propos d’une
personne deviennent ainsi ceux de « la grande masse ».
Chapitre 3
Chapitre 3
Quand on met en relief la valeur et la réussite de l’immigré, il y a toujours le bon samaritain local qui
rode, le bienfaiteur sans qui rien n’aurait été possible. L’étranger reste l’éternel assisté. Comme avec
cette talibé venue de Guinée Bissau, dont parle Le Soleil.
(Projet de réforme constitutionnelle au Royaume chérifien : Les Marocains de l’étranger s’impliquent Le Quotidien du 24 mai)
Parlant de l’opération d’identification et de recensement général des citoyens mauritaniens en vue de
leur fournir de nouvelles pièces d’état civil, un journaliste de la TVM juge cette initiative « essentielle à
la maitrise de l’intégrité du territoire national, à la sécurisation de nos documents et à la lutte contre le
terrorisme et l’émigration clandestine». Il n’est plus seulement question de régulariser les citoyens ; on
verse dans la chasse à l’émigré clandestin, ce terroriste en puissance.
(Tvm, Journal télévisé de 21 h 30, du 19 mai)
Chapitre 4
Chapitre 4
Délit de sale gueule
Dans l’affaire DSK, Pape Oumar Diallo alias Bleck, émigré sénégalais à New York, était le « faux frère »
de Nafissatou Diallo qui a « roulé » la presse internationale en se faisant passer pour celui qu’il n’est
pas. Mais quand la presse sénégalaise fait son portrait, on ne se retrouve pas face à un affabulateur,
mais devant un « épicurien gentil, charmeur et sapeur ». Ce regard est indulgent…
(Affaire DSK : Pape Oumar Diallo alias Bleck : L’histoire du faux frère de Nafissatou Diallo - L’Observateur du 23 mai)
ANNEXES
ANNEXES
Le salaud, c’est l’autre
Chapitre 4
Chapitre 3
Chapitre 2
Les Échos du 4 et
L’Indépendant du 6
octobre 2005
L’Essor du 11 octobre
2005
« Immigration
clandestine : Melilla
assaillie encore. » « Maroc. : le
rapatriement
des clandestins a
commencé. »
L’Éveil Hebdo du 11
octobre 2005
Lumières chez les
disquaires Chapitre 3
Chapitre 2
deuxième partie
L’article dresse le portrait d’une artiste-musicienne ivoirienne qui vit en Mauritanie depuis une quinzaine d’années. Il met en
exergue une intégration réussie dans le milieu artistique mauritanien. Le regard posé sur elle est aussi celui portée sur une artiste
qui a « bataillé dur, en amassant sou après sou, par le biais de plusieurs métiers ». Le talent passe après la débrouille, même s’il y a
du respect pour le travail effectué.
Le journal reprend une dépêche d’agence qui signale une « arrivée imminente » à la frontière mauritanienne d’un flot de migrants
clandestins. Le journal agit comme en alerte devant un phénomène d’invasion.
INTRODUCTION
97
Chapitre 4
L’Authentique du 4 au
12 octobre 2005
Émigrés clandestins :
Un cortège de 28
autobus se dirige vers la
Mauritanie
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
Radio Mauritanie,
édition de 14 h du 30
mai
TVM, Journal télévisé de
21 h 30, du 19 mai
Arrivée d’immigrés
clandestin à Lampedusa
Dans un commentaire pour accompagner l’information, le journaliste juge « essentielle à la maîtrise de l’intégrité du territoire
nationale, à la sécurisation de nos documents et à la lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine », cette opération de
recensement. L’opération n’est plus destinée à une régularisation citoyenne ; elle se double d’une finalité de mise en quarantaine
des étrangers. Le migrant ou l’immigré ressort sous les traits d’un « auteur » de délits ou d’un « usager » de faux documents en
puissance.
Il est question d’introduction d’une quantité importante de « de produits prohibés, notamment de l’alcool ». L’évocation est claire
quand on parle de « trafiquants étrangers… », comme pour dire qu’ils sont les dépositaires d’une telle activité délictuelle en dehors
des autochtones.
On apprend que : « Les gardes-côtes italiens sont venus au secours la nuit de samedi à dimanche d’un bateau à la dérive en
provenance de Libye, avec à son bord 210 réfugiés. Entre vendredi et samedi quelque 1 500 migrants, pour l’essentiel des réfugiés
africains, venus de Libye étaient arrivés à Lampedusa après une trêve d’une semaine » (dans les débarquements). Les gardes-côtes
italiens ne sont pas venus pour secourir, mais pour interpeller les rescapés de la traversée. Or, ils sont implicitement décrits comme
des « sauveurs », des « secouristes », de « bons samaritains ».
Indiquer aussi qu’un « ressortissant sénégalais » a été arrêté avec 2 kg de haschich est une forme de stigmatisation. L’approche
identifie une communauté à une pratique délictuelle. Dans la perception populaire, il finit par se faire ainsi une représentation visà-vis de tout un groupe. L’objectif d’avoir un titre racoleur est évident.
Nouakchott Info du
29 mai
TVM, Journal Télévisé de
21 h 30, du 19 mai
En parlant de « 220 migrants africains », les journalistes mauritaniens savent que les candidats à l’émigration vers l’Europe ne
viennent plus seulement du continent. Des côtes mauritaniennes embarquent des personnes de « diverses origines africaines et
non africaines ». Y compris donc des migrants en transit venant d’autres continents, d’Asie notamment.
Horizons du 16 mai
Représentation de soi
Dans un entretien, Me Sidiki Kaba, président de la Fédération internationale des Droits de l’Homme condamne les mauvais
traitements dont sont victimes les émigrés clandestins de la part des autorités marocaines.
ORTM – 13 octobre
2005.
Mauritanie
Le journal procède à une analyse du nombre de plus en plus élevé de candidats à l’émigration clandestine, malgré les mesures
répressives adoptées par le Maroc et l’France
Les Échos du 13
octobre 2005
Sources
Le reportage porte sur le retour des 138 candidats émigrés clandestins maliens. Des témoignages sont rapportés sur leurs
arrestations et les mauvais traitements dont ils ont été l’objet.
L’Essor du 13 octobre
2005
ORTM – 12 octobre
2005,
L’Indépendant du 12
octobre 2005
Le journal télévisé diffuse des images d’agence sur le retour de clandestins sénégalais rapatriés à Dakar. Leurs témoignages sont
diffusés sur les maltraitances dont ils ont été l’objet. Les déclarations des autorités sénégalaises venues à l’accueil sont aussi
diffusées. Le journaliste informe la prise de responsabilité des autorités malienne. Il est ainsi annoncé que le ministre des Maliens de
l’Extérieur et de l’Intégration a été dépêché au Maroc pour suivre le rapatriement de ses compatriotes
Le journal publie un éditorial qui condamne le comportement des émigrés clandestins maliens qui, malgré les traitements dont ils
sont victimes, continuent d’emprunter les chemins « déshonorant de la migration » avec de surcroît un passeport malien qui ne met
plus son titulaire à l’abri de la suspicion. Le migrant clandestin est perçu comme une source de déshonneur pour le Mali, du fait du
regard que les autres posent sur eux et du traitement qu’ils leur font subir.
Les rapatriés font des témoignages sur le calvaire qu’ils ont vécu. Les autorités présentes se montrent rassurantes sur les dispositions
prises pour l’accueil, l’orientation et l’acheminement vers leurs familles. L’accent est mis sur le rôle social de l’État, en guise
d’apaisement devant les colères, avec des appuis et non des solutions.
L’article signale que plus d’un millier de clandestins maliens et sénégalais devraient être rapatriés par des convois à travers le désert
vers les frontières de l’Algérie et de la Mauritanie. Des témoignages des autorités sont rapportés sur les procédures de rapatriement.
Représentation de soi
Le journal prend conscience de l’ampleur du phénomène et va au-delà des dépêches des agences de presse étrangères avec un
commentaire d’un journaliste de la rédaction. L’assaut des migrants vers les frontières européennes apparaît comme un acte de
désespoir.
Les deux journaux se contentent de reprendre une dépêche d’agence internationale. Elle raconte les mésaventures d’environ 650
clandestins d’Afrique subsaharienne. Sur un drame qui concerne des populations, c’est le regard de l’autre qui laisse se poser sur soi.
L’accent est mis sur le caractère désespéré de ces personnes aux moyens rudimentaires, armées de pierres pour affronter les gardesfrontières et d’échelles de fortune pour franchir les barrières. Il est question du migrant victime d’expulsion ou du rescapé, mais on
ne lui donne pas la parole.
Mali
deuxième partie
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Commerce
transfrontalier.
Articles
Tunisie : Plus de 220
migrants africains
secourus par les gardescôtes »
Arrestation d’un
ressortissant sénégalais
avec 2 kg de haschich
Opération
d’identification et
de recensement
général des citoyens
mauritaniens en vue de
leur fournir de nouvelles
pièces d’état civil.
« 138 Maliens rapatriés
du Maroc accueillis par
les autorités. »,
« Émigrés maliens du
Maroc : retour à la
maison »,
« Recrudescence de
l’immigration. »
Abandon dans le désert
de nombreux migrants
clandestins par le Maroc
« Migration : le monde
à l’envers »
Retour de 241
ORTM – 11 octobre
clandestins sénégalais
2005
qui regagnent le bercail. L’Essor du 4 octobre
Sources
L’Assaut des désespérés
Articles
Tableau 18 : recueil des perceptions et représentations dans les médias étudiés
ANNEXES
96
Le Soleil du 17 mai
(supplément sur la
mendicité)
Le Soleil du 17 mai
(supplément sur la
mendicité)
L’Observateur du
16 mai
Sources
Mendicité à Dakar : Le
business lucratif des
Maliens
L’Observateur du 24
mai
Affaire DSK : Pape
Oumar Diallo alias
L’Observateur du
Bleck : L’histoire du faux
23 mai
frère de Nafissatou
Diallo
Projet de réforme
constitutionnelle au
Royaume chérifien : Les Le Quotidien du 24 mai
Marocains de l’étranger
s’impliquent
Sénégal
Chapitre 3
Représentations
Chapitre 2
deuxième partie
Un groupe de ressortissants maliens parle des revenus tirés de la mendicité. Le « business lucratif des Maliens » se résume aux
témoignages de cinq personnes rencontrées à un carrefour de Dakar. On lit aussi de la part des mendiants interrogés « qu’ici on
arrive à manger et ça au moins c’est quelque chose ». Le journaliste note que « mendier (est) plus fructueux que travailler », insiste
sur le fait que « les Sénégalais sont charitables », pour ajouter que « ces (mendiants) étrangers, une fois au Sénégal, ne font pas
l’effort de trouver un emploi ». Pour finir, il note que « Moussou (une des mendiantes) semble se satisfaire de sa condition ». À
travers ces quelques clichés et considération on découvre ainsi que les Maliens meurent de faim chez eux, sont paresseux, restent
redevables à des Sénégalais grands seigneurs et se contentent de peu dans leur misère.
L’article rend compte d’une réunion de la communauté marocaine au Sénégal, à un moment où l’actualité politique dans leur pays
suscite de l’intérêt. Seules les sources officielles sont identifiées. Pour les autres participants, on parle de « la grande masse » ou des
« ressortissants du royaume chérifien ». Les Marocains du Sénégal restent « une communauté ». La tendance est manifeste pour le
journaliste de ne pas se soucier des particularités et des identités, pour tomber dans la globalisation.
Le journal fait le portrait d’un émigré sénégalais aux États-Unis qui passait pour être le frère de Nafissatou Diallo, présumée victime
de viol de la part de l’ancien directeur du FMI. Le « faux frère », plutôt que paraître « affabulateur », passe pour celui « qui a créé un
buzz dans le monde entier », un « épicurien gentil, charmeur et sapeur ».
Dans ce reportage où il est question des mariages entre Blancs et Noires, les seules sources relèvent de témoignages locaux. Ainsi,
l’article reste basé sur les opinions d’une seule partie. « L’autre », dont l’absence est totale du texte, apparaît comme le jouet d’un
mariage d’intérêt.
L’interview raconte les conditions dans lesquelles le sujet a émigré de manière clandestine avant de rentrer au Sénégal. La facilité
avec laquelle il a réussi sa tentative, les bonnes opportunités dont il a bénéficié durant son séjour et les avantages dont il jouit
désormais sonnent comme une invite au départ.
L’article porte sur l’afflux d’enfants mendiants vers le Sénégal. La source principale de l’histoire, agent d’une ONG, en donne
certaines raisons comme la porosité des frontières, l’interdiction de la mendicité en Gambie ou encore le manque de prodigalité
envers les mendiants au Mali « où on ne donne pas de l’argent, mais du maïs et du mil ».
Le cas d’un marabout guinéen établi à Kolda (est du Sénégal) avec une trentaine de disciples convoyés depuis son pays est évoqué.
L’article met en exergue l’exploitation dont les enfants sont l’objet à travers la mendicité. Mais s’il souligne que « l’exemple de
Moctar Diallo » est peut-être le moindre mal, aucun autre exemple de marabout sénégalais faisant autant ou pire n’est cité pour
offrir un parallèle.
L’article fait le portrait d’une fille venue de Guinée Bissau pour intégrer une école coranique et qui, alliant cet enseignement à la
fréquentation d’une école française, obtient des résultats appréciables et rêve de devenir institutrice. L’article met en exergue son
intelligence, sa détermination, son ardeur au travail entre les deux écoles et les tâches du foyer, mais l’emphase est tout autant mise,
sinon plus, sur son maître d’école coranique sénégalais présenté comme le bon samaritain. Finalement il pourrait même devenir le
« héros » de l’histoire et la fille passer au second plan.
Le Français n’est pas le seul protagoniste dans cette affaire, étant donné qu’il est question d’un réseau, mais c’est lui qui est mis en
exergue dans le titre.
Chapitre 4
Abdou Fodé Sow,
Intermondes : « Les
enfants qui mendient
ne sont pas tous des
talibés »
Aladji Gora, comédien
et scénariste de
L’Observateur du
la troupe « Soleil
Levant » : « Youssou
18 mai
Ndour m’a compris et
pardonné »
Phénomène de société :
Les mariages mixtes
Le soleil du 20 mai
font fureur à SaintLouis
Mariama Baldé,
pensionnaire d’un
daara : Une talibé qui
rêve d’être institutrice
Articles
Réseau de prostitution
de mineures à Mbour :
les proxénètes écroués,
un client français de 62
ans aussi
Mendicité des talibés :
Au-delà des arguments
avancés, les véritables
raisons
ANNEXES
INTRODUCTION
98
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Troisième partie :
les perceptions des acteurs sur le traitement de
l’information portant sur le fait migratoire
11 synthèse des perceptions des acteurs concernés sur la couverture des
migrations
70
12 conclusion générale
71
10.1Mali : les médias appelés à mieux faire
10.1.2 Constat des populations dans les zones de forte migration Les enquêtes menées auprès des professionnels des médias maliens ont concerné
différents profils, avec des éditeurs, des responsables de rédaction, des chefs de desk
et des reporters. Les entretiens ont été menés avec des acteurs de la presse publique
comme de la presse privée, conduisant aux remarques suivantes.
L’accès à l’information est facilité par le fait que les radios communautaires et
associatives constituent des relais effectifs jusque dans les zones éloignées. Les zones de fortes migrations comme Niono (sept stations), Nioro du Sahel (quatre),
Banamba (trois) et Kadiolo (trois) comptent ensemble autant de stations qu’il en
existe à Bamako (17). Ces zones sont également couvertes par la télévision et la
radio nationales.
Dans le cercle de Kadiolo (frontalière avec la Côte d’Ivoire) où les populations ont
même accès aux médias audiovisuels du pays voisin, neuf des dix personnes enquêtées affirment profiter de la disponibilité de l’information. À Niono et à Banamba,
l’enquête montre que sept personnes sur 10 ont accès à l’information à travers la
radio.
À Nioro du Sahel, neuf enquêtés sur les dix sont unanimes quant à l’accès aux médias et à l’information sur la question des migrations. Les dix enquêtés ont affirmé
qu’ils comptent sur les médias pour obtenir des renseignements sur la question liée
aux migrations plus spécifiquement à la radio et la télévision.
Exposition à l’information - L’évaluation de la couverture médiatique à Niono, où
on trouve une forte concentration de radios communautaires, montre que seules
trois personnes sur dix apprécient positivement la quantité des informations sur
les questions de migration, contre cinq qui les trouvent insuffisantes. Ils sont six
à apprécier positivement la qualité des reportages, en rapport avec les questions
de développement socioéconomique aux niveaux local et national. À Kadiolo, trois
personnes sur dix jugent bonne la quantité d’informations sur la migration et six
soutiennent que la qualité des reportages est bonne.
10.1.1 Constats des acteurs des médias
Un défaut de spécialisation - Les rédactions ne sont pas assez fournies en ressources humaines. Le nombre de reporters tourne entre quatre et huit. Avec cette
insuffisance, il s’avère difficile de promouvoir une spécialisation chez des journalistes
appelés à couvrir tous types de sujet. Les rares spécialistes qu’on trouve dans les
rédactions le sont en politique, en santé, en sport, ou en culture... Les questions liées
aux migrations relèvent souvent du desk société.
Niveau d’intérêt pour le sujet – Les faits migratoires sont jugés importants par les
journalistes maliens. Cet intérêt est justifié par l’importance de la diaspora malienne
et l’effectivité d’une politique gouvernementale de prise en charge de ces Maliens
de l’extérieur. Les enjeux économiques (transferts de fonds pour les familles, soutien
à la communauté d’origine, etc.) sont bien connus des journalistes. Presque chaque
famille malienne a son émigré, parent proche ou lointain, créant une proximité affective chez les journalistes.
Rareté du sujet dans les contenus – Le fait migratoire ne devient généralement
une actualité que dans les cas extrêmes, avec les expulsions de Maliens d’un pays
étranger. Cette couverture épisodique tient à l’absence de politique éditoriale définie
INTRODUCTION
Chapitre 1
Les constats tirés des enquêtes de perception sur le traitement de l’information sur
les migrations traduisent un sentiment d’insatisfaction. Les acteurs qui travaillent
sur les questions migratoires, ainsi que les migrants et leurs proches restent mitigés
dans leurs appréciations sur la quantité et la qualité de la couverture. Du côté des
professionnels des médias, on témoigne d’un intérêt pour le sujet, mais les volontés
exprimées se heurtent à des contraintes. Le résumé des perceptions dans les trois
pays se présente ainsi.
hors des positionnements politiques. Les médias se positionnent surtout par rapport
au pouvoir.
Déficit de formation – Beaucoup de journalistes maliens n’ont pas eu à bénéficier
de formation dans une école professionnelle. Avec le manque de politique interne de
perfectionnement et de renforcement des aptitudes, les lacunes sont mal corrigées.
Tous les directeurs de rédaction, rédacteurs en chef et chefs de desk interrogés relèvent ce déficit. Les formations et recyclages des journalistes se font au gré de rares
opportunités. Les rédactions subissent la loi de l’offre plus qu’elles ne déterminent
leurs besoins. Par ailleurs, quand des offres de formation sont disponibles, l’information reste peu partagée. Ce ne sont pas les journalistes les mieux indiqués qui en
profitent.
Faiblesse des moyens financiers – La couverture institutionnelle, l’absence d’enquêtes, de reportages et d’autres articles de fond s’expliquent par le coût du travail
de terrain qui exige des frais de déplacement importants (en nombre et en distance)
que les médias ne peuvent supporter.
troisième partie
Professionnels des médias, acteurs intervenants dans le secteur des
migrations, migrants et proches des migrants
103
Chapitre 3
10les perceptions des acteurs sur le traitement de
l’information
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
102
10.1.4 En guise de résumé
La majorité des personnes interrogées (70 %) dans les zones d’enquête estiment
que la qualité de l’information en général dans les médias auxquels ils sont exposés
(radios communautaires, radio et télévision nationales) est bonne. Par contre, ils sont
60 % à juger insuffisante la quantité d’informations sur les questions migratoires.
Sources d’information – Dans les zones de forte émigration et immigration, la principale source d’information reste la radio. Sur dix personnes enquêtées, huit citent la
radio et la télévision. Ils sont neuf à Nioro du Sahel.
Inclusion ou exclusion - À Niono comme à Kadiolo, toutes les personnes enquêtées
soutiennent qu’elles sont rarement contactées par les médias pour s’exprimer sur
les questions de migration. Ceux-ci leur apparaissent cependant comme le meilleur
moyen accessible pour partager l’information.
À Banamba, ils sont 50 % à faire état d’une collaboration avec les médias sur les
questions migratoires. Ils sont autant à estimer ne pas se retrouver, voire ne pas
comprendre les questions de migration traitées par les médias.
Quantité et régularité - Les propos d’un universitaire résument les conditions qui
font que les médias maliens s’intéressent aux questions migratoires : « Cela arrive
seulement dans les cas de rapatriements ou de retour forcé. La presse n’en parle que
de façon circonstancielle, en cas de drames liés à l’immigration clandestine ».
Qualité et diversité des contenus – L’apport des migrants dans le développement
socioéconomique local et national n’est pas assez mis en relief. Les médias se focalisent sur le volet familial.
Source d’information – Tous les types de médias sont cités comme source d’accès
10.2Mauritanie : la « star », c’est la radio
10.2.2 Constats des professionnels de médias
Pour le secteur des médias, les répondants suivants ont été ciblés : rédacteurs en
chef, chefs de desks société, reporters couvrant les faits de société, reporters couvrant d’autres domaines (économie, faits divers) et les patrons de presse. La diversité
voulue pour assurer un dosage entre les médias d’État et les médias privés n’a pu
être assurée. Faute d’autorisation, le questionnaire n’a pu être administré aux répondants de la télévision de Mauritanie.
Intérêt pour les questions de migrations - Ils sont 9neufprofessionnels des médias sur 10 à juger que les questions de migrations sont un sujet « digne d’intérêt ».
Mais 6 répondants (presse privée et radio Mauritanie) pensent que ces questions ne
bénéficient pas d’un traitement particulier et sont couvertes comme les autres faits
de manière générale. Sneiba Ould El Kory, du desk « Société » du Calame, un des
rares journalistes de la presse privée mauritanienne formé aux questions de migrations, estime que la faute en revient aux lecteurs : « malgré le fait que la Mauritanie
constitue un pays de passage important des migrants en transit vers l’Europe, la
couverture des questions de migration ne trouve encore pas la place qui devrait lui
revenir dans la presse mauritanienne. Et c’est parce que les lecteurs eux-mêmes ne
s’y intéressent pas beaucoup ».
Fréquence de couverture - Les répondants sont presque unanimes, du côté des
médias publics comme privés, à reconnaitre que la couverture des questions de migrations est toujours « fonction de l’actualité ». Sneiba El Kory, journaliste du Calame : « Dans toute ma carrière, je crois que je n’ai eu à faire que trois ou quatre reportages sur cette question. Chaque fois c’était à l’occasion d’évènements exceptionnels
dictés par l’actualité comme lors de la journée internationale des migrants ». Certains
répondants des médias publics évaluent leur couverture à une fois tous les trois à
INTRODUCTION
Chapitre 1
à l’information sur les migrations, avec des fonctions complémentaires (« la télé
montre, la radio annonce et la presse écrite explique », confie un expert). L’internet
est aussi cité, tout comme le Centre d’information sur les migrations. Collaboration avec les médias – À Niono comme à Kadiolo, les personnes enquêtées confient qu’elles sont rarement contactées par les journalistes sur les questions
de migration. À Nioro, moins de la moitié d’entre elles affirment avoir été contactées.
Le rôle des médias est cependant jugé important. « Ici à Niono, la radio a remplacé
le crieur public… Tout le monde passe par la radio pour transmettre les messages »,
note une personne interrogée. En attestent souvent les appels des parents éloignés à
la radio pour saluer leurs familles ou donner une information utile.
troisième partie
En termes d’évaluation de la couverture des questions de migration par les médias,
les acteurs qui travaillent dans ce domaine jugent insuffisantes la quantité et la
qualité des reportages. « La presse n’en parle que de façon circonstancielle, en cas
de drames liés à l’immigration clandestine. Cela arrive seulement dans les cas de
rapatriements ou de retour forcé. », note un universitaire.
Le rôle des migrants dans le développement socioéconomique local et national leur
apparaît comme bénéficiant d’un traitement régulier, mais la qualité des contenus
est jugée pauvre. Les médias se contentent de parler de l’apport des migrants à leurs
familles et se préoccupent peu de leur impact à une échelle plus globale.
Les médias, en particulier la radio, restent la principale source d’information pour
les acteurs et le moyen de communication privilégié entre les décideurs et les citoyens. D’autres sources sont cependant citées, comme le Centre d’information sur
les migrations créé en partenariat avec l’union européenne pour mieux orienter les
migrants.
105
Chapitre 3
10.1.3 Constats des acteurs qui travaillent sur les questions de migration
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
104
10.2.1 Constats des acteurs officiels et institutionnels
Dans le cadre des enquêtes sur les perceptions de l’information relative aux questions migratoires, les acteurs officiels et institutionnels rencontrés en Mauritanie
sont des agents du ministère des Affaires étrangères, des experts en migration, des
membres d’organisations de défense des Droits de l’homme et des bailleurs de fonds
ayant des programmes liés aux questions de migration. Les résultats relevés au niveau de l’échantillon se présentent ainsi qu’il suit.
Sources d’information sur les migrations - Deux répondants sur cinq disent compter sur les médias pour obtenir des informations sur les questions de migration. Deux
autres sur les cinq affirment ne pas compter sur eux pour obtenir des informations
sur ces questions. Un seul répondant, celui du ministère mauritanien de l’Intérieur,
ne s’est pas prononcé sur cette question. Selon la personne interrogée au niveau
du ministère des Affaires étrangères, « seuls les médias peuvent nous en dire plus.
La notion de migrant a évolué et les médias pourraient créer des débats autour de
l’immigrant comme acteur et non plus comme sujet ».
Les répondants qui ont argué ne pas compter sur les médias les accusent de ne refléter que l’« opinion du détenteur » de l’organe de presse (Mohamed Lemine Ould
Houssein, représentant de l’ONG internationale Accord en Mauritanie).
INTRODUCTION
Chapitre 1
S’agissant des médias sur lesquels les répondants comptent le plus pour obtenir des
informations sur les questions migratoires, trois répondants sur cinq disent préférer
la radio et Internet (contre deux pour la télévision et deux pour les journaux). Le secrétaire général de l’AMDH explique « compter » sur la radio parce que c’est un médium qui diffuse en permanence, en plus d’être « écouté en langues nationales ».
Un seul répondant sur les cinq, l’Assistant à la communication de l’OIM a cité Internet comme média de prédilection pour la diffusion des informations sur les questions
de migration : « Nous n’avons pas une segmentation du marché des médias pour vous
dire quels sont les supports les plus appropriés pour la diffusion des messages. Mais
je pense que l’Internet, même si son accès n’est pas généralisé à toutes les couches
sociales, arrive en tête des canaux que nous privilégions. Internet est un média de l’instantanéité, l’information y circule beaucoup plus librement et il y a de l’interactivité.
Les citoyens et les migrants peuvent réagir aux informations diffusées ». Ils sont quatre
répondants sur cinq (80 %) à affirmer chercher les informations sur les questions
migratoires au niveau de sources autres que les médias. À savoir les consulats de la
Mauritanie basés à l’étranger, le ministère de l’Intérieur, les associations de migrants,
les réseaux des acteurs associatifs, etc.
Quantité et qualité des informations
Trois répondants sur cinq jugent « moyenne » voire « insuffisante » la quantité des
reportages, 20 % la trouvent faible. Un répondant sur les cinq ne s’est pas prononcé.
Pour ce qui est de la quantité des reportages sur le rôle des migrants dans le développement socio-économique local ou national, 40 % des répondants la jugent
« faible ». En revanche, ils sont près de 60 % à juger « moyenne ou insuffisante » la
qualité de ces reportages, et 20 % à estimer celle-ci « mauvaise ». Quant à la qualité de ces reportages, 40 % des répondants la jugent « insuffisante » et 40 % très
« mauvaise ».
Un membre du programme Information/communication du Bureau de l’OIM juge la
qualité de l’information fournie par les médias insuffisante : « Cette couverture est
minimaliste. Il est rare qu’on ait accès à des reportages de fond. En général ce sont plutôt des nouvelles brèves que les médias diffusent. Les problèmes de fond comme l’intégration des migrants, les répercussions socioéconomiques de cette main-d’œuvre
immigrée et surtout la position de la Mauritanie par rapport à ce phénomène, comme
pays de transit, pays de destination, pays de post transit et autres sont rarement abordés dans la presse. Les informations de qualité auxquelles nous avons accès sont généralement des études ou des rapports qui nous proviennent d’ailleurs ».
Engagement dans la collaboration avec les médias - La collaboration avec les
médias reste faible. En effet, deux répondants sur cinq assurent qu’ils sont rarement contactés comme une source par les médias. Deux autres affirment qu’ils sont
« souvent » ou « parfois » approchés par les médias sur ces questions. Ils sont également deux sur cinq à affirmer que les journalistes viennent rarement vers eux pour
des entretiens. Les rares fois où ils sont venus le voir, c’est pour avoir des rapports de
troisième partie
107
Chapitre 3
quatre mois (Horizons), une fois par mois ou une fois tous les deux mois sur Radio
Mauritanie. La fréquence de couverture serait plus rare (soit une moyenne de deux
articles par an) au niveau de l’hebdomadaire Le Calame, qui compte pourtant le seul
journaliste mauritanien formé et spécialisé sur les questions de migration.
Contraintes pour les journalistes - Pour l’ensemble des répondants de la presse, les
défis dans la couverture de fond se présentent ainsi : le manque de temps (trois répondants) les capacités limitées à faire des articles de fond et la faiblesse des moyens
financiers (trois répondants), la difficulté à prendre en charge des envoyés spéciaux
(un répondant). Les contraintes pour accéder aux migrants et la rareté des sources
ont été aussi citées. « Il y a des difficultés pour aborder des immigrés clandestins.
Ils ne font pas toujours confiance aux journalistes », indique Ely Ould Maghlah du
quotidien Nouakchott Info.
Formation - Seuls deux journalistes parmi les répondants (un de Radio Mauritanie
et un du Calame) ont déclaré avoir suivi une formation pour une meilleure couverture des questions de migration.
Politiques et pratiques éditoriales - Trois répondants des journaux Le Calame,
Nouakchott Info et Horizons affirment l’existence, au sein de leurs rédactions d’une
politique éditoriale ou d’une charte interne pour la couverture des nouvelles et des
questions de fond. Mais ces questions ne sont pas spécifiées. Deux répondants du
Quotidien de Nouakchott et de Radio Mauritanie confient que dans leur rédaction
« c’est le reporter qui décide de l’angle de traitement des nouvelles ».
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
106
10.2.3Constats des acteurs travaillant sur les questions migratoires et
migrants
L’enquête dans trois zones retenues a ciblé les migrants et les personnes qui leur
sont proches (familles, migrants de retour, élus locaux, associations de migrants au
niveau local, ONG locales, administration locale, leaders communautaires), les organisations de défense des Droits humains et les donateurs internationaux.
Sources d’information - L’Internet demeure, pour près 13 répondants sur 30, la
source principale d’information des acteurs qui travaillent sur les questions de migration. Cet outil est suivi à parts égales par la radio (10/30) et la télévision (10/30)
INTRODUCTION
Chapitre 1
ainsi que les journaux (8/30). L’instantanéité de l’internet et l’accessibilité de la radio
et de la télévision dans les zones comme Nouadhibou (trois répondants sur dix pour
la radio et trois autres pour la télévision) et Sélibaby (quatre répondants sur dix pour
la radio et deux répondants pour la télévision) expliquent en partie la préférence accordée à ces supports d’informations. Le peu d’intérêt affiché pour les journaux s’explique par la mauvaise qualité des réseaux de distribution et par l’analphabétisme
en français. Aucun répondant sur dix à Sélibaby ne s’informe à travers les journaux
(contre 4/10 à Nouakchott et 4/10 à Nouadhibou).
D’autres canaux « informels » d’information sur les questions de migrations affichent des scores de préférence cumulés plus élevés que pour les journaux. Elles ont
été citées par au moins neuf répondants sur 30 dans les trois zones cumulées. Ces
canaux sont : les migrants et les associations de migrants, les documents, les notes
et études, le milieu judiciaire, les échanges et rencontres (séminaires, atelier), le bouche-à-oreille, les services d’immigration, les autorités et administration territoriale,
etc.
Quantité et qualité des informations - Dans les trois zones de migration, 22 répondants sur 30 ont jugé « faible » la quantité de reportages dans les médias. Ils
sont également 14 répondants sur 30 à juger « insuffisante » la qualité de l’information dans les trois zones. Parmi eux, un seul répondant dans la catégorie des
« membres de famille d’immigrés » à Nouakchott a jugé la qualité bonne (contre
autre à Nouadhibou). De même, 21 répondants sur 30 dans l’ensemble des trois
zones jugent « insuffisante » la quantité de reportages sur le rôle des migrants dans
le développement socioéconomique local, national.
Collaboration avec les médias - Près de la moitié des répondants (15/30) dans les
trois zones de migration, objet de l’enquête, ont déclaré n’avoir « jamais » été
contactés comme une source par les médias. Parmi ces personnes on retrouve surtout les « membres de familles d’émigrés et d’immigrés » (neuf répondants). À noter
cependant que ce nombre est plus important à Nouakchott (7/10) et à Sélibaby
(5/10).
Comme support de communication privilégié, 20 répondants sur 30 ont indiqué recourir à la radio, qui devance la télé (10 répondants sur 30) et les journaux (6/30), ou
encore l’internet (8/30). C’est à Sélibaby (8/10 répondants) et Nouadhibou (5/10)
que les acteurs sondés ont reconnu avoir le plus recours à la radio comme moyen
de transmission.
Trois répondants de Nouadhibou sur dix et un répondant de Sélibaby ont admis
recourir souvent à d’autres moyens informels de transmission via notamment les réseaux professionnels, les circulaires, le bouche-à-oreille, les réunions de travail et les
rassemblements de groupe, etc. On retrouve des répondants qui ont déclaré recourir
à ces méthodes dans les catégories d’acteurs suivants : collectivités locales, acteurs
d’appui au développement à la base, les associations d’immigrés et les associations
locales de développement.
troisième partie
109
Chapitre 3
recherche et des données.
Les répondants restent quasi unanimes (quatre sur cinq) à considérer les médias
comme un moyen de vulgariser et de valoriser leur travail et le faire connaitre auprès
du public. Un conseiller du ministre des Affaires étrangères indique que les médias
sont « le seul relais possible » pour cette entreprise. Le secrétaire général de l’Association mauritanienne de défense des droits de l’Homme (AMDH) ajoute que ces
médias ont un « rôle central » à jouer.
Pour ce qui est des canaux privilégiés d’information en direction du public, quatre répondants sur cinq choisissent la radio et la télévision (contre trois pour les journaux).
Deux répondants sur les cinq ont aussi choisi l’Internet. Un seul répondant a opté
pour le cinéma, « un vecteur attrayant pour mobiliser les masses ».
Collaboration avec les médias - Comment ces différents acteurs travaillent-ils avec
les médias ? Trois répondants sur cinq affirment utiliser le téléphone pour entrer en
contact avec un rédacteur en chef ou un journaliste, afin de solliciter une couverture
de leurs activités. Deux autres répondants disent recourir à des « invitations à une
conférence de presse ». Un répondant déclare être lié par un « contrat annuel » avec
un journal pour vulgariser et promouvoir les actions menées par l’ONG qu’il dirige.
Compréhension des enjeux par les médias - Les jugements portés sur le niveau de
perception, par les professionnels des médias, des enjeux liés aux migrations varient.
Pour un membre d’une ONG, « les médias comprennent les enjeux et nous accompagnent dans notre travail. Ce sont à la fois des alliés et des acteurs incontournables ». Un conseiller du ministre des Affaires étrangères demande à ce que les médias
soient « plus responsables et compréhensifs », car les sujets sur les migrations et les
enjeux qui les caractérisent sont des sujets « sensibles et les informations qui sont
véhiculées relèvent souvent de la confidentialité ». L’assistant du programme information communication de l’OIM confie : « Nous donnons le maximum d’informations aux journalistes, en vue d’assurer une large diffusion. Nous constatons malheureusement une couverture médiatique qui est souvent superficielle. C’est pour cela
que nous sommes en train de réfléchir sur la possibilité d’organiser des ateliers sur le
renforcement des capacités des journalistes dans le domaine des migrations ».
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
108
10.2.4 En résumé
Selon les résultats de l’enquête dans les trois zones de migration objet de l’enquête,
près de la moitié des répondants (15/30) ont déclaré n’avoir « jamais » été contactés
comme une source par les médias sur les questions liées aux migrations. Parmi ces
personnes on retrouve surtout les « membres de familles d’émigrés et d’immigrés »
(9 répondants). À noter cependant que ce nombre est plus important à Nouakchott
(7/10) et à Sélibaby (5/10).
Les acteurs sondés sont presque unanimes (27/30) à reconnaitre le rôle primordial
des médias dans la vulgarisation de leur travail auprès du public. Seuls trois répon-
10.3 Sénégal : Un intérêt affirmé, mais des limites
Les enquêtes menées auprès des acteurs des médias ont touché neuf personnes,
dont cinq propriétaires, directeurs ou rédacteurs en chef et quatre reporters. Pour
tous les responsables de médias interrogés, les questions migratoires sont « dignes
d’intérêt ». Mais aucune rédaction ne leur accorde une couverture spécifique. Pour
tous, le sujet est traité « selon l’actualité ». La principale raison invoquée pour justifier de l’importance du fait migratoire réside dans sa dimension socioéconomique,
relativement aux transferts d’argent conséquents, opérés par les émigrés et à leurs
investissements qui participent au développement communautaire. Un seul répondant, le directeur de la radio Sud FM, place le fait sous un angle politique, en rapport
avec les enjeux liés à l’intégration, aux relations Sud-Sud et Nord-Sud, ainsi qu’au
respect des droits humains.
10.3.1Constat des acteurs des médias qui se prononcent sur la couverture
des migrations
Plusieurs raisons sont avancées par les propriétaires de médias et responsables de
rédactions pour évoquer la pauvreté de l’information sur les faits migratoires dans
les médias. Ils tiennent à :
• la faiblesse des effectifs : sur neuf rédactions enquêtées, une seule dispose d’une
rédaction de plus de 20 journalistes. Il s’agit de la Radiotélévision sénégalaise. Trois
autres tournent avec 10 à 20 reporters, contre 5 à 10 pour le reste. Ce sous-effectif
est évoqué pour expliquer le fait que les organes de presse ne puissent mener des
enquêtes et autres traitements de fond des faits migratoires. Seule l’actualité dicte
la couverture.
INTRODUCTION
Chapitre 1
dants, dont deux à Nouakchott et un à Nouadhibou ont invoqué des difficultés pour
« établir le contact avec les médias ».
En termes de préférence de supports pour transmettre l’information, 20 répondants
sur 30 ont indiqué, dans les trois zones, recourir à la radio pour transmettre de l’information. Pour le reste, la télévision (10 répondants sur 30) et les journaux (6/30)
sont bousculés par l’Internet (8/30). C’est à Sélibaby (8/10 répondants) et à Nouadhibou (5/10) que les acteurs sondés ont reconnu avoir le plus recours à la radio
comme moyen de communication.
Dans les trois zones de migration, les répondants ont fourni des réponses mitigées
quant à la perception que les médias ont de leur travail et/ou des enjeux qui les
caractérisent. Si la plupart des répondants affirment être compris par les médias, le
travail des médias autour de la question migratoire reste mal appréhendé par divers
autres acteurs et non des moindres.
troisième partie
111
Chapitre 3
Pour entrer en contact avec les médias, l’ «appel au rédacteur en chef ou à un journaliste » est la forme de communication la plus courante ; près de 15 répondants sur
30 y recourent. Suivent l’invitation à des conférences de presse (12/30) et l’envoi de
communiqués de presse (7/30). L’invitation à la conférence de presse est plus répandue chez les acteurs se trouvant à Nouadhibou (8/10) qu’à Nouakchott (6/10) et à
Sélibaby (6/10) qui préfèrent « l’appel au rédacteur en chef ou à un journaliste ». Par
contre, le « communiqué de presse » est plus répandu comme outil de mobilisation
chez les acteurs à Nouakchott (4/10) qu’à Nouadhibou (2/10) et Sélibaby (1/10).
Un seul répondant à Nouakchott a dit utiliser les trois méthodes. Deux répondants
à Nouakchott et Sélibaby ont déclaré ne faire usage d’aucune de ces formes d’interactions avec les médias.
Niveau de perception des journalistes - Dans les trois zones, les répondants ont
fourni des réponses mitigées quant à la perception que les médias ont de leur travail
et/ou des enjeux qui les caractérisent. Citations :
• Diego Gaspar De Valenzvela (responsable espagnol du Projet Cellule communale
d’appui à l’immigration de Nouadhibou) : « Depuis quatre à cinq ans on parle
beaucoup de la question migratoire en Mauritanie comme en Espagne. Les médias maîtrisent certaines des questions qui sont liées à cette problématique. Mais
leurs enquêtes ne touchent que l’aspect émigration clandestine. Il faudrait que les
médias s’intéressent à d’autres aspects négligés comme l’adoption d’enfants migrants mineurs, l’apport des migrants au développement local dans les zones de
départ, etc. »
• Père Jérôme Otitoyomi Dukiya, prêtre d’origine béninoise : « Les médias banalisent la problématique migratoire. Ils ont souvent leur propre système de pensée et
de perception du phénomène. En plus, ils ont tendance à condamner ces migrants
au lieu de chercher à les comprendre. Ils ont des idées arrêtées. Ils doivent couvrir
la question objectivement ».
• Yacoub Fofana, secrétaire général d’une association locale d’immigrés implantée
à Sélibaby : « Il y a parfois une passivité des médias par rapport au traitement de
l’information sur les migrations, mais les enjeux sont compris ».
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
110
Sur les 10 rédactions considérées, deux affirment disposer d’une charte écrite,
mais celle-ci porte sur les principes génériques d’éthique et de déontologie. Elles sont également deux sur dix rédactions à affirmer accorder un traitement
spécifique aux faits migratoires : Manooré met en valeur la dimension genre,
alors que Sud FM parle d’un « traitement militant » sous la perspective du « sud
global ».
• Une série de défis à relever : différents handicaps sont mentionnés par les responsables de rédactions et les journalistes, pour expliquer l’absence d’un traitement
valorisé de l’information sur les faits migratoires. Pour les premiers, il s’agit des
moyens financiers (5/5), de la faible maîtrise des enjeux liés aux faits migratoires
(3/5), de la faiblesse des capacités rédactionnelles des journalistes (1/5), du manque de temps des journalistes pour mener un travail de fond (1/5). Les reporters,
eux, évoquent les faibles moyens financiers (3/4) et le défaut de sources accessibles (1/4).
• L’absence de politique interne de formation : dans deux rédactions sur dix (L’As et
Manooré FM), on déclare avoir mis en place une politique interne de renforcement
des capacités, sous la forme de séminaires. Pour les trois autres, aucune stratégie
propre n’est définie dans ce sens. Les journalistes sont juste encouragés à participer à des formations, quand des offres sont faites.
Deux responsables de rédaction sur cinq affirment être au courant de l’existence
de formations sur les questions migratoires pour les journalistes. Un seul affirme en
avoir suivi une (Sud FM), alors qu’il n’y a aucun reporter à l’avoir fait. En termes de
coaching et d’orientation au sein des rédactions, ces quatre reporters affirment ne
bénéficier d’aucune orientation définie quand il s’agit de couvrir les faits migratoires.
Les enquêtes menées dans les zones de forte migration, auprès des acteurs et des
populations, ont eu lieu à Louga, dans le nord-est du Sénégal et Cayar dans le centre-ouest. La première localité est un foyer traditionnel d’émigration où les départs
ont commencé à se massifier dans les années 1980. La seconde est un des villages
traditionnels de pêcheurs d’où embarquaient les émigrés clandestins en direction de
l’Espagne. Les enquêtes ont ciblé 19 personnes, dont 10 à Louga.
Accès à l’information - Dans ces zones de migrations où l’exposition aux médias
est forte, les sources d’information sont diverses et variées. Elles sont même parfois
cumulées par les populations. La radio (13/19) et la télévision (14/19) constituent
les deux principaux supports d’attraction médiatique. Les journaux pointent loin
derrière (6/19, soit quelque 30 %).
Mais dans ces zones, l’information circule aussi suivant des schémas plus classiques
encore : le « bouche-à-oreille ». Pour six répondants sur 19 (environ 35 %) l’information continue de suivre ce canal plus que classique. Il fonctionne d’autant mieux
que l’émigration se développe à partir de réseaux bâtis sur des liens familiaux ou
communautaires plus ou mois élargis, qui facilitent et favorisent les interactions.
Le développement de la téléphonie mobile participe aussi de la circulation et de la
fluidité de l’information. Plus qu’avec les journaux, les populations dans les zones
de migrations, notamment les familles et proches des migrants, la citent comme
moyen d’accès (8/19). L’internet (5/19) complète la panoplie des outils modernes,
mais reste essentiellement utilisé par les acteurs suivants : ONG, associations communautaires de base, collectivités locales.
Qualité et quantité de l’information - Sur les 19 répondants dans les deux zones,
seuls deux ont trouvé satisfaisantes la qualité et la quantité de l’information proposée par les médias. Pour le reste de l’échantillon, le jugement est « moyen » (11) ou
mauvais (2/19). L’usage du téléphone comme source d’information s’explique, pour
les répondants, par ce déficit en termes de qualité (« je n’ai pas confiance dans les
médias. Quand il se passe quelque chose, j’appelle mon frère en Italie »), de quantité
(« l’information n’est pas régulière ») et de diversité (« Il y a des choses importantes
dans la vie des émigrés et les médias dans les pays d’accueil dont les médias [locaux]
ne parlent pas »).
Pour la maire de Louga, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, « Il est utile que nous ayons
une presse spécialisée, spécifiquement ou grandement orientée vers ce phénomène
des migrations dans toutes ses dimensions (…) Il est possible d’approfondir ces questions d’émigration en mettant en exergue les bonnes pratiques qui se développent
dans l’action économique et sociale des migrants, pas seulement au Sénégal, mais
aussi ailleurs. Si les journalistes pouvaient se déplacer plus souvent, aller au contact
des émigrés, la qualité des informations à ce niveau serait meilleure. »
INTRODUCTION
Chapitre 1
10.3.2Constats des populations et acteurs travaillant dans les zones
d’émigration
troisième partie
• l’absence de politique éditoriale spécifique : si les médias revendiquent une ligne
éditoriale, ils n’ont pas de politique définie pour le traitement de faits particuliers
comme les migrations ou autres, avec une approche spécifique que les journalistes
doivent avoir dans la collecte et le traitement des informations s’y rapportant.
113
Chapitre 3
• Un défaut de spécialisation : une responsable de rédaction sur cinq affirme développer une politique de spécialisation. Celle-ci est liée à l’orientation de l’organe
qui est une « radio pour les femmes » (Manooré). La spécialisation est surtout
faite en santé sexuelle et reproductive. Pour toutes les quatre autres rédactions,
la spécialisation se résumé à l’affectation dans un desk où on couvre l’actualité
générale.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
112
10.3.3 Constats des acteurs travaillants sur les questions de migration
L’enquête auprès des acteurs qui travaillent sur les questions migratoires a été menée auprès de cinq répondants choisis dans le milieu des experts, des officiels, des
institutions internationales et des organisations de défense de droits humains.
Utilisation des médias - Les préférences affichées par les répondants vont vers la
télévision et l’Internet (4/5). La radio et les journaux suivent (3). À quoi s’ajoutent
les réseaux spécialisés de partage (1/5). Ces répondants sont tous établis à Dakar,
avec un accès plus facile aux médias, mais aussi une habitude à collaborer avec les
journalistes. Chef du bureau relations publiques de la police nationale, le colonel
Alioune Ndiaye, souligne : « Travailler avec les médias nous a permis d’obtenir des
INTRODUCTION
Chapitre 1
résultats. Il ne s’agissait pas seulement de mettre un dispositif policier et de traquer les
candidats au voyage ou les organisateurs de ces voyages. Il y avait plus encore un travail de sensibilisation dans lequel le concours des médias a été décisif. Les gens se sont
rendu compte de la réalité et cela a permis de diminuer à 90 % le phénomène. Avec la
surveillance policière sur le terrain on est arrivé à un niveau zéro. »
Qualité et quantité de l’information - La production médiatique sur les questions migratoires est jugée moyenne (4/5), n’emportant la satisfaction que d’un
répondant. Mme Fatoumata Sy, Directrice de la vie associative du département de la
Communication de l’Union pour la solidarité et l’entraide, est de ceux qui attendent
davantage des médias : « Au lieu de laisser les médias occidentaux développer des
clichés ou des perceptions sur nos émigrés, nos journalistes doivent inverser le regard
et développer un autre type de discours, un autre type d’information qui donne un regard plus positif, plus constructif que ce qu’on entend le plus souvent dans les médias
occidentaux. Nous sommes souvent contactés par les médias occidentaux, quand ils
ont besoin de développer un autre type de discours. Nos journalistes doivent aussi le
faire. »
Collaboration avec les médias - Tous les cinq répondants enquêtés ont déjà été en
contact avec les médias dans le cadre de leurs activités. Ils sont trois à être souvent
en interaction avec les journalistes, alors que deux le sont « parfois ». Le colonel
Alioune Ndiaye, confie : « Nous avons travaillé avec les médias sous toutes les formes,
en accordant des interviews, en faisant des conférences de presse, mais aussi en les
amenant sur le terrain pour couvrir nos interventions, etc. La principale limite que nous
avons avec les médias, c’est qu’il y a parfois des questions sensibles sur lesquelles nous
ne pouvons pas communiquer ».
Le Pr Seydou Nourou Tall, Assesseur de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, étend cette collaboration au domaine de la formation : « À la Faculté des Sciences juridiques, nous avons développé
un Master sur le droit des migrations. De plus en plus, nous avons des juristes qui sont
formés sur les questions migratoires. (…)Nous aimerions faire plus avec les médias
pour aider à leur formation sur les questions juridiques et de droits humains. D’autres
pourraient le faire aussi en sociologie, en économie, etc., parce que c’est une question
transversale. »
Utilisation des médias - Les préférences affichées dans la collaboration avec les
médias vont vers la radio (3/5), suivie de la télévision, des journaux et des radios
communautaires (2/5). Mais ces acteurs s’affichent aussi parfois comme producteurs d’informations en direction du public, des partenaires et des médias. D’où le
recours à des newsletters et à l’Internet. Pour travailler avec les médias, ces acteurs
usent d’une palette de moyens leur permettant d’entrer en contact avec les médias
(téléphone), de mobiliser les journalistes (communiqué de presse).
troisième partie
115
Chapitre 3
Collaboration avec les médias : Dans les zones de Louga et de Cayar, ils ne sont
que deux répondants sur 19 à être « souvent » sollicités par les médias pour aborder
les questions migratoires. Il s’agit d’une responsable d’une association d’émigrés et
d’un responsable d’ONG. Cinq autres répondants se disent « parfois » contactés,
alors que 12 sur 19 n’ont jamais été approchés par les médias.
L’un des répondants qui témoigne d’une relation régulière avec les médias et la présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine, Yaye
Bayam Diouf, qui confie : « Nous avons noué des partenariats avec des médias afin
que notre travail soit beaucoup plus visible. Je suis aussi constamment sollicitée par les
médias. Mais cela tient au fait que nous avons d’autres activités liées à la promotion
de la femme. (…) Si notre travail est visible aujourd’hui, c’est grâce aux médias. Nous
n’avons pas les moyens pour faire des activités de sensibilisation tout le temps, raison
pour laquelle nous cherchons à collaborer avec les médias. »
Utilisation des médias - les activités de communication sur les faits migratoires
sont surtout le fait des acteurs qui travaillent sur ces questions. Il s’agit d’une responsable de collectivité locale, de deux responsables d’association locale de développement, de deux responsables d’association locale d’émigrés et de quatre acteurs
dans l’appui au développement à la base.
Dans ce groupe de 9 répondants, tous affirment utiliser la radio comme outil régulier
de communication médiatique. Suivent les journaux (8/9) et la télévision (6). Ces
choix peuvent s’expliquer par l’accessibilité des journalistes. Les chaînes de radios
et les journaux ont des correspondants dans la plupart des régions du Sénégal, alors
que les chaînes de télévision ont presque toutes leurs journalistes basés au niveau
de la rédaction centrale à Dakar, à l’exception de Walf TV.
L’utilisation de l’Internet (2/9) se fait surtout dans le cadre de réseaux d’échanges
entre acteurs. Quant au recours aux radios communautaires (2/9), il permet une implication des acteurs qui l’utilisent dans la production d’information. « Avec les radios
communautaires, certains vérifient avec nous si le travail est bien fait avant la diffusion.
Nous avons donc un regard sur le contenu », explique Yayi Bayam Diouf.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
114
L’attente à l’endroit des médias s’exprime aussi en matière de besoin de connexion
directe entre communautés des pays émetteurs et migrants installés dans les pays
d’accueil. Les émissions initiées par certaines radios et télévisions pour des reportages sur les émigrés dans leurs zones d’installation sont appréciées, mais rares. Ce
besoin de connexion explique le fait que le téléphone est devenu un outil de premier
plan comme moyen d’échange direct entre immigrés et communautés de départ.
Les radios communautaires pourraient offrir un tel lien. Une telle expérience est déjà
vécue avec la radio Jidda FM de Bakel, zone de forte émigration à la frontière entre
le Sénégal et le Mali.
Les limites des médias traditionnels qui ont fait l’objet de cette étude transparaissent aussi dans le recours important à l’Internet. Ce moyen est utilisé aussi bien
pour la recherche que pour le partage d’informations et de données, surtout par les
acteurs qui travaillent sur les questions migratoires, mais aussi par les populations
dans les zones d’émigration.
Les faiblesses (en termes de contenus et de volume) notées dans la couverture des
faits migratoires relèvent d’un faible intérêt manifesté par les médias à cette question. Considéré comme un fait d’actualité « comme tous les autres », son importance est surtout reconnue du fait de la dimension socioéconomique de l’implication
de communautés émigrées dans le développement local. Cela donne une approche
restrictive par rapport à la diversité d’un sujet qui épouse aussi des dimensions sociologiques, politiques, financières. Une sensibilisation sur tous ces enjeux aiderait à
une plus grande régularité dans le traitement du sujet.
L’étude des médias sélectionnés au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, sur le traitement de l’information relative aux faits migratoires, confirme des tendances lourdes
dans le fonctionnement de la presse. En dehors des sujets liés à la politique, au sport
et aux faits divers, les constances en termes de couverture sont rares. Les opportunités qui permettent à d’autres thèmes de s’imposer dans l’actualité relèvent de situations de crise. Il en est ainsi des migrations clandestines, en tant que phénomène
marquant des dynamiques migratoires.
L’importance d’un sujet pour les médias dépend a priori de sa valeur « commerciale ». La course à l’audience et la recherche d’un lectorat pour rentabiliser les
entreprises de presse baignant dans un environnement économique fragile déterminent l’agenda des rédactions. Au regard de l’importance des dynamiques migratoires
dans ces trois pays, qui sont autant des points de départ, des zones d’accueil et des
espaces de transit, avec des diasporas dont le rôle socioéconomique (et désormais
politique) impacte fortement sur le développement, les migrations auraient pu faire
l’objet d’un traitement plus visible, plus fréquent et plus conséquent. Mais l’analyse
des contenus complétée par une enquête sur les motivations des professionnels
des médias) montre que la question migratoire est traitée comme un fait ordinaire.
Elle ne bénéficie d’aucune approche ni d’un traitement particulier au niveau des
médias.
Il a fallu des semaines, voire des mois, pour que le phénomène de l’émigration clandestine, à travers le dramatique épisode de « Barça wala barsax », commence à
bénéficier d’une réelle attention dans la presse des trois pays. L’approche éditoriale
a longtemps consisté à reprendre des dépêches d’agences internationales. Qui plus
est, elles étaient publiées pour la plupart dans les pages internationales. L’intérêt médiatique a commencé seulement à s’affirmer au fur et à mesure que s’amplifiaient
les drames avec les naufrages, les morts et les disparitions. Et l’information n’a réellement eu une dimension locale qu’avec les opérations de rapatriements massifs
d’immigrants clandestins. C’est à partir de là que les lois de proximité affective ont
commencé à se manifester et à marquer le traitement de l’information.
INTRODUCTION
Chapitre 1
12 Conclusion générale
troisième partie
Les attentes nourries à l’endroit des médias pour une bonne couverture des faits
migratoires restent importantes. Aussi bien sur le plan de la qualité des contenus
(en termes d’impacts socioéconomiques) que de leur volume et de leur régularité.
L’information attendue par les acteurs qui travaillent sur les questions de migration
ainsi que par les communautés des migrants se veut plus inclusive à leur égard, pour
leur permettre d’être sujets actifs dans l’expression, plutôt que de simples « objets »
de couverture médiatique.
117
Chapitre 3
11Synthèse des perceptions des acteurs concernés sur la
couverture des migrations
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Cinq ans après, qu’en reste-t-il ?
Pour importante qu’ait pu être la couverture de cette actualité, elle n’a pas créé une
forme d’appropriation, voire un attachement des journalistes au sujet. Les drames en
mer, l’indignation face aux expulsions brutales, les violations de la dignité humaine
qui marquent les procédures et processus de renvois forcés n’ont pas suscité le déclic
qui fait passer l’information du fait à la cause. L’immigration est devenue en Europe
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
116
L’information sur « l’autre » repose sur une grille stéréotypée où le sens et les orientations donnés aux faits sont amplifiés par la mise en exergue de la nationalité,
de l’appartenance ethnique, de la religion ou de la culture. Des éléments qui n’ont
d’autre utilité que de marquer la différence, de dramatiser, là où leur pertinence et
leur valeur ajoutée à l’information sont souvent nulles.
Les stéréotypes, les clichés, les généralisations abusives, les anathèmes, le rejet, etc.
qui s’expriment à l’endroit des immigrés dans le Nord, on les retrouve dans le Sud.
Là où ils ont été captés par le discours politique. On a vu ce que l’« Ivoirité » a généré dans les médias en Côte d’Ivoire. Ce fut aussi le cas (dans une moindre mesure
certes), lors du conflit sénégalo-mauritanien de 1989.
Les journalistes sénégalais, maliens et mauritaniens ont vécu de trop loin les drames
de l’émigration clandestine pour en être affectés. L’information, dans ses dimensions
les plus dramatiques, leur est arrivée de manière décalée à travers le regard des
médias occidentaux. Avec des chiffres froids, pour des narrations standards, sur des
personnages anonymes. Des images-chocs, mais qui ne racontent pas les véritables
histoires de ces hommes et femmes qui jouent leur vie à la roulette russe, entre
« Barça wala barsax ».
Mais si les drames de l’émigration clandestine ne poussent pas les médias à poser
un regard moins convenu et plus critique sur cette actualité, cela peut aussi tenir
au fait que de pareils épisodes ont longtemps jalonné l’histoire des relations entre
pays africains. Entre expulsions et rapatriements forcés, on a vu la même chose sur
le continent. Cela a pu atténuer le choc et diluer l’indignation. Les premiers épiso-
Cette étude capture des instants segmentés dans les productions médiatiques. Elle
ne traduit pas toutes les analyses et perceptions qui ont pu s’exprimer (s’expriment
encore) sur les faits migratoires, notamment pendant les périodes chaudes de l’émigration clandestine. Elle traduit cependant des attitudes et approches qui fondent
la démarche des professionnels des médias dans la collecte et le traitement de l’information sur les faits migratoires plus particulièrement au Mali, en Mauritanie et
au Sénégal.
INTRODUCTION
Chapitre 1
des d’expulsions massives de Sénégalais remontent aux années 1970. Notamment
en Zambie (1972) et au Zaïre (devenu RD Congo). De tels faits n’ont pas cessé. De
manière épisodique, des charters d’émigrés « clandestins » débarquent à Dakar ou à
Bamako, venant d’Afrique centrale ou d’Afrique australe. Notamment du Gabon, de
l’Angola ou de la Guinée équatoriale.
Même dans l’espace géopolitique et économique que constitue la CEDEAO, des expulsions massives et brutales de ressortissants de la Communauté ont été enregistrées. En 1983, le régime nigérian de feu Shehu Shagari évoque des raisons de
sécurité pour procéder à des expulsions violentes et désordonnées d’étrangers dont
la quasi-totalité était des Ouest-Africains. La Gambie s’est signalée dans le même
registre en 1993, avec des rafles et expulsions de centaines de Guinéens et Sénégalais accusés de ne pas disposer de carte de séjour. Cette même carte de séjour que la
Côte d’Ivoire a instaurée en 1992, pour mieux préparer la défense de « l’ivoirité ».
Autant les migrations restent un phénomène structurant dans les communautés de
ces trois pays, autant les expulsions d’immigrants sont devenues une réalité plus ou
moins acceptée. L’image d’envahisseur que les discours des politiques et des médias occidentaux associent aux immigrés est devenue si forte qu’elle crée un réflexe
d’auto stigmatisation. Devant les drames de Ceuta et Melilla, un journaliste malien a
déclaré sa « honte » de voir ses compatriotes se mettre eux-mêmes dans des situations avilissantes en voulant forcer les portes d’autrui. (« Migration : le monde à l’envers » - L’Indépendant du 12 octobre 2005). Les atteintes aux droits et à la dignité de
ces hommes rapatriés comme du bétail étaient moins importantes pour lui.
troisième partie
Le manque de perception claire des réalités, enjeux et impacts du fait migratoire explique qu’il soit un sujet qui valse au gré des pages et des rubriques selon les tendances qui en font une actualité. On le retrouve dans la page internationale traitée sous
forme de dépêches d’agence, comme il peut se retrouver dans les pages d’Actualité
locale, voire en Société ou en Politique. Le phénomène migratoire qui se présente
sous une dimension globale est rarement vécu comme tel dans les médias, qui le
présentent alternativement sous des dimensions sociologiques ou économiques ou
encore culturelles, etc. Cette vision étriquée rend difficile la mise en corrélation entre
immigration et émigration. La charge émotionnelle, l’indignation qu’on peut avoir
devant les malheurs vécus pas les siens comme immigrés dans un ailleurs hostile, on
ne la transpose guère sur les immigrés de chez de soi pour que changent les regards
et les perceptions dont ils sont l’objet.
119
Chapitre 3
un déterminant sociopolitique, avec une dimension idéologique qui marque les lignes
éditoriales, alors qu’elle reste un simple fait de société dans les pays émetteurs.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
troisième partie
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
118
Secteur
Public
Privé
Privé
Privé
Privé
Caractéristiques
Quotidien gouvernemental
Quotidien
Quotidien
Hebdomadaire satirique
Quotidien
Public
Radio et télévision gouvernementales
7
1
2
3
4
5
1
Privé
Public
Privé
Privé
Public
Public
Public
Radio installée à Bamako
Quotidien gouvernemental
2
Le Quotidien
Privé
3
L’Observateur
Privé
4
Radiotélévision du Sénégal
Public
5
Walf TV
Privé
6
7
Bamataare FM
Pété FM
Communautaire
Communautaire
8
Radio Futurs Médias
Privée
ANNEXES
Chapitre 4
annexe
Chapitre 2
6
Mauritanie
Sénégal
Quotidien
Seule télévision dans le pays
Quotidien gouvernemental
Un quotidien d’audience moyenne et de bonne
tenue professionnelle
Le plus fort tirage de la presse quotidienne au
Sénégal
Une des deux chaînes publiques, diffuse sur tout
le pays
Chaîne de télévision reçue à Dakar sur
hertzienne et à l’intérieur du pays par satellite
Radio installée dans le Sud-Est du Sénégal
Radio installée dans le Nord du Sénégal
Radio installée à Dakar avec des relais dans
différentes régions du pays
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets dans la presse
Sujets
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et
Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et
Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être
social
Énergie et
environnement
Agriculture
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
L’Essor
L’Indép.
Les Échos
Nouvelle
République
9
0
Canard
Effectif
3
Total
Pourcent.
52
1,95 %
17
23
103
68
30
3
41
245
9,20 %
147
47
54
3
18
269
10,10 %
47
59
26
1
15
148
5,56 %
280
187
119
3
44
633
23,77 %
23
13
20
1
4
61
2,29 %
100
38
30
0
13
181
6,80 %
35
40
25
1
3
104
3,91 %
236
2
79
1
42
3
2
0
4
0
363
6
13,63 %
0,23 %
30
85
37
0
10
162
6,08 %
60
28
10
1
5
104
3,91 %
65
7
10
1
0
83
3,12 %
30
16
4
0
5
55
2,07 %
161
1 336
28
719
5
424
0
16
3
168
197
2 663
7,40 %
100,00 %
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets dans la presse
Journaux
Les Échos
L’Essor
L’Indépendant
Le Canard Déchaîné
La Nouvelle
République
Total
12
9
9
1
Période
Sept 2006
Mai 2011
6
5
1
7
n.d
n.d
0
1
0
0
0
1
n.d
n.d
n.d
0
0
0,00 %
31
7
13
1
52
100,00 %
Oct. 2005
Mars 2006
Effectif
Total
Pourcentage
23
44,23 %
17
32,69 %
9
17,31 %
3
5,77 %
INTRODUCTION
Chapitre 1
Mali
Organes
L’essor
Les Échos
La Nouvelle République
Le Canard déchaîné
L’indépendant
Office de radiodiffusion
télévision du Mali (Ortm)
Radio Klédu
Horizons
Nouakchott Infos
Le Quotidien de Nouakchott
Radio Mauritanie
Télévision mauritanienne
Le Soleil
1
2
3
4
5
Chapitre 2
Pays
Annexe 2 : quelques données du monitoring au mali
annexe
Annexe 1 : liste des médias étudiés
121
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
120
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et
Média.
Politique,
Gouvernements,
Diplomatie
Science et
Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être
social
Énergie et
environnement
Agriculture
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
Folona
ORTM
Klédu
Effectif
0
0
7
4
2
38
27
34
11
6
0
3
132
75
5
8
101
154
86
6,95 %
10,60 %
5,92 %
19
38
357
50
464
31,93 %
4
1
19
10
34
2,34 %
7
0
90
6
103
7,09 %
5
12
57
8
82
5,64 %
3
0
7
0
53
0
10
0
73
0
5,02 %
0,00 %
4
3
67
18
92
6,33 %
4
0
73
1
78
5,37 %
1
0
68
3
72
4,96 %
0
0
7
4
11
0,76 %
0
60
0
108
91
1 123
1
162
92
1 453
6,33 %
100,00 %
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets dans les radios
Radios
ORTM
Guintan
Folona
Klédu
Total
Oct. 2005
Période
Sept 2006
Mai 2011
Effectif
1
1
2
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
N.d
4
1
1
6
Mars 2006
3
N.d
N.d
N.d
3
Total
Pourcentage
7
63,64 %
0
0,00 %
0
0,00 %
4
36,36 %
11
100,00 %
Sujets
Migrations
Crime, Corruption et
Violence, procès
Économie, Affaires,
Finances
Célébrités, Arts et
Média.
Politique,
Gouvernements,
Diplomatie
Science et
Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et
Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être
social
Énergie et
environnement
Agriculture
Accidents et désastres
naturels
Autres
Total
Oct. 2005
Mars 2006
Sept 2006
Mai 2011
Effectif
Total
Pourcentage
7
0,62 %
3
1
1
2
4
11
5
7
27
2,40 %
22
33
32
45
132
11,75 %
20
27
11
17
75
6,68 %
63
129
65
100
357
31,79 %
1
8
1
9
19
1,69 %
18
33
17
22
90
8,01 %
10
19
6
22
57
5,08 %
13
0
12
0
8
0
20
0
53
0
4,72 %
0,00 %
30
11
6
20
67
5,97 %
11
25
19
18
73
6,50 %
16
18
16
18
68
6,06 %
3
1
1
2
7
0,62 %
23
237
26
354
30
218
12
314
91
1 123
8,10 %
100,00 %
INTRODUCTION
Chapitre 1
Guintan
Période
Chapitre 2
Radios
Total
Pourcentage
11
0,76 %
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets à la télévision
annexe
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets par les radios,
sur les trois périodes de monitoring
Sujets
123
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
annexe
Chapitre 4
ANNEXES
122
Monitoring du 1er au 15 octobre 2005 : événements de Ceuta et Melilla
Fréquence de couverture des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
dans la presse
Types
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Sciences et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et Parlement
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
L’Éveil Hebdo
1
2
1
3
7
0
3
1
5
1
0
1
0
3
7
35
L’Authentique
1
0
4
5
26
0
3
3
4
0
1
1
0
0
7
55
Total
%
2
2
5
8
33
0
6
4
9
1
1
2
0
3
14
90
2 %
2 %
5 %
8 %
36 %
0 %
6 %
4 %
10 %
1 %
1 %
2 %
0 %
3 %
15 %
INTRODUCTION
Annexe 3 : quelques données du monitoring en
mauritanie
Chapitre 1
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets à la télévision
125
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 2
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
annexe
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
annexe
124
Monitoring du 16 au 31 mars 2006 : La vague du « Barça wala Barsax »
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
4
1
1
5
14
0
9
1
4
0
0
3
Nouakchott
Info
8
6
9
13
42
2
7
10
11
4
1
3
Total
%
12
7
10
18
56
2
16
11
15
4
1
12
5 %
3 %
4 %
8 %
27 %
0,97 %
7 %
5 %
7 %
1 %
0,48 %
5 %
Chapitre 4
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
L’Éveil Hebdo
ANNEXES
ANNEXES
Chapitre 4
Types
2 %
0,48 %
19 %
Monitoring de la période du 16 au 31 septembre 2006
Fréquence de couverture des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets
Types
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et Parlement
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
L’Éveil Hebdo
2
1
2
6
9
0
14
0
6
1
0
4
0
1
3
49
Total
Horizons
9
1
54
6
89
6
27
8
45
0
3
17
5
4
74
348
11
2
56
12
98
6
41
8
51
1
3
21
5
5
77
397
%
2,77 %
0,5 %
14,10 %
3,02 %
24,68 %
1,51 %
10,32 %
2,01 %
12,84 %
0,25 %
0,75 %
5,28 %
1,25 %
1,25 %
19,39 %
ANNEXES
Chapitre 4
Monitoring pour la période du 16 au 31 mai 2011 :
Les migrations dans l’actualité normale
Fréquence s sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets dans la presse
Types
Migrations
Crime, Corruption, Violence,
procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements,
Diplomatie.
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Nouakchott
Info
Horizons
QDN
Total
%
1
1
2
4
0,64 %
16
7
2
25
4,01%
38
9
11
9
9
4
58
22
9,32%
3,53%
149
32
28
209
33,6%
7
32
2
15
0
5
9
52
1,44%
8,36%
Justice, Droit et Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
16
43
0
4
23
3
6
28
375
11
27
0
8
4
0
0
14
141
7
15
0
11
5
4
0
14
106
34
85
0
23
32
7
6
56
622
5,46%
13,66%
0
3,69%
5,14%
1,12%
0,96 %
9 %
INTRODUCTION
6
1
40
205
Chapitre 1
6
1
27
150
Fréquence des sujets sur les migrations par rapport aux autres sujets à la radio et à
la télé
Sujets
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie.
Science et Technologie
Santé, VIH et SIDA
Justice, Droit et Parlement.
Sports
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
RM
TVM
2
17
11
5
151
5
22
31
60
0
5
18
2
3
85
417
Total
2
2
7
6
73
3
12
24
4
0
7
10
10
0
36
196
4
19
18
11
224
8
34
55
64
0
12
28
12
3
121
613
%
0,65 %
Chapitre 2
0
0
13
55
36,54 %
5,54 %
8,97%
10,44 %
annexe
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
127
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
19,73 %
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
annexe
126
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total (articles)
L’observateur
17
28
0
20
42
0
2
1
70
0
8
0
1
1
7
197
Le Quotidien
28
38
37
79
110
2
15
2
82
1
29
3
2
3
2
433
Le soleil
Total
34
40
67
119
118
1
35
1
152
1
20
11
3
2
0
604
79
106
104
218
270
3
52
4
304
2
57
14
6
6
9
1 234
Nombre total de sujets traités dans les trois journaux du 1er au 15 mars 2006
Types de sujets
Migrations
Crime, Corruption et Violence, procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie.
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
Le Quotidien
20
44
60
44
110
4
10
6
90
1
45
4
0
2
2
442
L’Observateur
14
52
8
14
47
0
0
1
81
0
6
2
0
0
9
234
Le Soleil
17
23
64
107
117
4
35
3
99
1
37
7
0
2
3
519
Total
51
119
132
165
274
8
45
10
270
2
88
13
0
4
14
1 195
N° d’ordre
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Sport
Célébrités, Arts et Média
Économie, Affaires, Finances Crime, Corruption et Violence, procès
Travail et bien-être social
Migrations
Santé, VIH, sida
Autres
Énergie et environnement
Justice, Droit et Parlement
Science et Technologie
Accidents et désastres naturels
Sexe
Agriculture
Total
Thème
274
270
165
132
119
88
51
45
14
13
10
8
4
2
0
Nombre articles
23 %
23 %
14 %
11 %
10 %
7 %
4 %
4 %
1 %
1 %
1 %
1 %
0 %
0 %
0 %
1 195 articles
Pourcentages
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
Le Soleil
20
44
58
111
104
1
30
0
103
0
34
9
4
3
11
532
L’observateur
31
72
8
76
35
0
2
5
83
0
8
3
0
4
18
345
Le Quotidien
12
28
25
33
41
0
1
2
32
0
15
2
0
1
5
197
INTRODUCTION
100 %
Nombre total d’articles traités dans les trois journaux du 1er au 15 septembre
2006
Types de sujets
Migrations
Crime, Corruption, Violence procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
Chapitre 1
Types et nombre de sujets traités du 1er au 15 octobre 2005 dans les trois journaux
Chapitre 2
Tableau des effectifs cumulés décroissants dans les trois journaux du 1er au 15 mars
2006
Total
63
144
91
220
180
1
33
7
218
0
57
14
4
8
34
1074
annexe
Annexe : quelques données du monitoring au sénégal
Types de sujets
129
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
annexe
Chapitre 4
ANNEXES
128
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Effectifs cumulés décroissants dans les trois radios du 15 au 31 mai 2011
1.
Ouvrages et articles
ANNEXES
Chapitre 4
annexe
Le nombre et le type d’éléments totaux traités par les chaînes de Télévision du 16
au 31 mai 2011
Thèmes
Migrations
Crime, Corruption, Violence procès
Économie, Affaires, Finances
Célébrités, Arts et Média.
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Science et Technologie
Santé, VIH, sida
Justice, Droit et Parlement.
Sport
Sexe
Travail et bien-être social
Énergie et environnement
Agriculture
Accidents et désastres naturels
Autres
Total
RTS
Walf TV
19
21
45
19
59
14
20
8
14
0
44
21
4
8
12
308
Total
6
25
8
1
43
0
13
5
5
0
52
16
1
2
3
180
25
46
53
20
102
14
33
13
19
0
96
37
5
10
15
488
1.Bâ, Hamidou. Les statistiques des travailleurs migrants en Afrique de l’Ouest. Genève : Cahiers des migrations internationales. BIT : 2006.
2.Ballo Moïse et Diombana Lassana, Migration au Mali : la diaspora malienne : un
acteur transnational du développement. Document thématique 2009 de l’OIM, 33
pages.
3.CIGEM. Comité de pilotage du CIGEM. Bamako: 45 pages. Centre d’Information et
de Gestion des Migrations (CIGEM) : 2008.
4.Déclaration Conjointe. Réunion de Haut Niveau Union Européenne - Mali sur les
Migrations et le Développement. Le 8 février 2007
5.Déclaration de Rabat. Partenariat euro-africain pour la migration et le développement. Le 11 juillet 2006
6.Gonin, Patrick. Migrations et Développement. Intervention au Partenariat pour
la gestion des migrations professionnelles: Union Européenne/ Bénin, Cameroun,
Mali, Sénégal. Cotonou, les 11-13 mai 2009.
7.Gonin Patrick, « Jeux d’acteurs et enjeux territoriaux : quelles migrations pour quel
développement ? L’exemple du bassin du Fleuve Sénégal (République du Mali) » In
« Emigrés - immigrés dans le développement local », sous la direction de Mohamed CHAREF et Patrick Gonin. – Agadir : Éditions Sud-Contact, 2005
8.Lam, A. Séance de question orale à l’Assemblée Nationale. Bamako : 2009. L’Essor
du 10 juin 2009.
9.Merabet, Omar et Gendreau, Francis. Les questions migratoires au Mali -Valeurs,
sens et contresens. CIVIPOL Conseil, Transtec: 2007.
10.Ndione, Babacar et Lombard, Jérôme. Diagnostic des projets de réinsertion économique des migrants de retour : étude de cas au Mali (Bamako, Kayes).
11.Samba Yatera et Olivier LeMasson, « Diaspora, développement et citoyenneté.
Les migrants originaires du bassin du fleuve Sénégal (Mali, Mauritanie, Sénégal) », in Échos du COTA n°110, 2006, pages 6-10.
12.Sidna Ndah Mohamed Saleh, Migration en Mauritanie: Profil National 2009, Organisation Internationale pour les Migrations (IOM), 122 pages.
13.Sidna Dah Mohamed Saleh « Éléments de migration en Mauritanie » - Carim
Note d’analyse et de synthèse 2008/08, 14 pages.
14.Diagnostic sur la situation de l’Immigration à Nouadhibou, Projet Cellule communale sur l’Immigration, 2010, 180 pages.
15.HAPA, « Rapport sur la situation de la presse privée (2010) – haute autorité de
la presse et de l’audiovisuel (HAPA), Nouakchott, 20 pages.
Chapitre 1
Pourcentages
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
Chapitre 2
Effectifs
18 %
12 %
11 %
11 %
9 %
9 %
7 %
6 %
6 %
5 %
3 %
2 %
1 %
0 %
0 %
100 %
40
27
25
24
21
20
15
14
14
10
7
4
3
1
0
225 éléments
Chapitre 3
Thèmes
Bibliographie et webographie
Chapitre 4
N° d’ordre
Travail et bien-être social
Célébrités, Arts et Média
Justice, Droit et Parlement
Crime, Corruption et Violence, procès
Politique, Gouvernements, Diplomatie
Énergie et environnement
Sport
Migrations
Économie, Affaires, Finances Santé, VIH, sida
Autres
Accidents et désastres naturels
Agriculture
Science et Technologie
Sexe
Total
131
INTRODUCTION
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
130
34http://www.frontex.europa.eu
35.http://www.ilo.org (OIT)
36.http://www.kas.de (Fondation Konrad Adenauer )
37.http://www.migrationsprofessionnelles.net,
38.http://www.immigration.gouv.fr
39.http://www.france24.com
40.http://www.maliens-exterieur.gouv.ml/
41.http://www.iom.int/
42.www.koulouba.pr.ml (Présidence de la République du Mali)
43.www.primature.gov.ml (Primature )
44.www.diplomatie.gouv.ml (ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération
Internationale)
45.www.europa.eu (Union Européenne - UE)
46.www.iom.int (Organisation Internationale pour les Migrations - OIM)
47.www.cigem.org (Centre d’Information et de Gestion des Migrations -CIGEM)
48.http://www.sgg.gov.ml/ (Secrétariat général du gouvernement du Mali)
49.http://www.expulsesmaliens.org/
50.http://www.tokten-mali.org (TOKTEN)
51.http://ec.europa.eu/europeaid/where/acp/country-cooperation/mali/documents/cigem_press_pack_fr.pdf
INTRODUCTION
Chapitre 1
Sites Web consultés
Chapitre 2
133
Chapitre 3
16.Document interne, bureau de l’Organisation internationale pour les migrations
(OMI), Nouakchott, Mauritanie, 3 pages.
17.Mauritanie : « Personne ne veut de nous - Arrestations et expulsions collectives de
migrants interdits d’Europe », Rapport Amnesty international, juillet 2008, 56 pages.
18.Mouhamadou Tidiane kassé, « Monitoring des médias sur la couverture journalistique du sida dans la région des Grands Lacs », Institut Panos Paris, France,
2008, 72 pages.
19.Jean-Pierre Ilboudo « Méthodes d’analyse de contenu de presse audiovisuelle - Le
cas de la radio », guide à l’intention des consultants.
20.Rémi Boîteux, « En attendant le bonheur », Le Quotidien du cinéma (www.lequotidienducinema.com)
21.José de Broucker « Pratique de l’information et écritures journalistiques », édit
du CFPJ
22.Grain de sel n° 40 - septembre-novembre 2007
23.Migration au Sénégal : Profil National 2009 – OIM
24.Cheik Oumar Ba, Alfred Iniss Ndiaye, « L’émigration clandestine sénégalaise »,
Revue Asylon(s), N°3, mars 2008, Migrations et Sénégal.
25.Marc-Antoine Pérouse de Montclos - L’Afrique rejette ses propres immigrés
26.Serigne Mansour Tall et Aly Tandian, Regards sur la migration irrégulière des Sénégalais : vouloir faire fortune en Europe avec des pirogues de fortune, CARIM, 2010,
17 pages.
27.Sarah Belaisch et Laura Petersell, Visa refusé. Enquête sur les pratiques des consulats de France en matière de délivrance des visas. La Cimade, juin 2010, 131 pages.
28.Gwénaëlle de Jacquelot et Anne-Sophie Wender, Prisonniers du désert. Enquête
sur les conséquences des politiques migratoires européennes à la frontière MaliMauritanie. La Cimade, décembre 2010, 92 pages.
29.UNESCO, Note d’information : Convention internationale sur la protection des
droits de tous les travailleurs migrants des membres de leur famille, UNESCO,
2003, 31 pages.
30.Anna Di Bartolomeo, Tamirace Fakhoury et Delphine Perrin, Profil migratoire
Mali, CARIM, 2010, 11 pages.
31.Modibo Keita, La migration féminine au Mali, CARIM, 2011, 13 pages
32.Papa Sakho et Fatou Bintou Dial, Migration clandestine féminine. Étude de cas de
Dakar et sa banlieue, CARIM, 2010, 9 pages.
33.Mandiogou Ndiaye et Nelly Robin, « Le migrant criminalisé, le temps d’une traversée. L’exemple de l’émigration récente par voie maritime depuis les côtes sénégalaises », in Les enjeux régionaux des migrations ouest-africaines. Perspectives
africaines et européennes. OCDE/CSAO, (sous la direction de Marie Trémolières),
2009, pages 185-206.
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Chapitre 4
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
ANNEXES
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
ANNEXES
132
INTRODUCTION
Chapitre 1
Chapitre 2
134
Migrants dans les médias et médias vus par les migrants
Sommaire
liste des tableaux et graphiques . . . . . . . . . .
première partie : c adre général de l’étude de monitoring et des perceptions
sur la couverture médiatique des questions migratoires
table des matières
9
19
2 méthodologie de recherche
20
3 contexte de l’étude
28
deuxième partie : m
onitoring des médias et analyse de la couverture des
migrations
43
4 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(1) – 1er
au 15 octobre 2005
47
5 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(2)- mars
2006
54
l’assaut sur les côtes espagnoles
Chapitre 3
6 le fait migratoire dans les médias en période de forte actualité(3) :
septembre 2006
mise en place du frontex. l’europe sort de ses frontières
7 synthèse sur les tendances de la couverture des « périodes chaudes » 77
8 Le fait migratoire dans l’ordinaire de l’actualité
84
monitoring d’une période normale
Chapitre 4
9 synthèse sur les tendances de la couverture d’une période normale
ANNEXES
64
90
troisième partie : les perceptions des acteurs sur le traitement de
l’information portant sur le fait migratoire
101
10 les perceptions des acteurs sur le traitement del’information
102
11 synthèse des perceptions des acteurs concernés sur la couverture des
migrations
116
12 conclusion générale
117
annexe 1 :
liste des médias étudiés
120
annexe 2 :
quelques données du monitoring au mali
121
annexe 3 :
quelques données du monitoring en mauritanie
125
annexe :
quelques données du monitoring au sénégal
128
bibliographie et webographie
131
134
La présente publication s’inscrit dans la continuité d’initiatives déjà
prises par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) et l’Institut Panos
Paris (IPP) pour stimuler et améliorer la couverture médiatique de
questions sensibles comme celles liées aux migrations. En effet, à
travers le nouveau projet « Sans papiers sans clichés, libres voix :
mieux informer sur les migrations » soutenu par l’Union Européenne,
l’IPAO et l’IPP cherchent à sortir les journalistes d’Algérie, d’Espagne,
de France, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal du
sensationnalisme et des stéréotypes et à créer des synergies transnationales fertiles entre les médias et la société civile de ces pays
d’origine, de transit et de destination des migrants. C’est dans ce cadre que l’IPAO a réalisé cette étude de monitoring du
traitement médiatique des migrations et les perceptions des
migrants sur ce sujet et sa couverture au Mali, en Mauritanie et au
Sénégal. Cette initiative, qui est une première en Afrique de l’Ouest,
vise à établir une situation de référence de la couverture médiatique
des questions migratoires en termes de volume et de contenu et à
susciter le débat entre les différents acteurs en vue de
rétablir/restaurer la parole des migrants.
Cette publication s’adresse donc à tous ces acteurs : autorités en
charge des politiques migratoires et décideurs publics, organisations
d’appui aux médias, écoles de journalisme, organisations professionnelles de journalistes, organisations de la société civile, spécialistes
des questions migratoires, bref tous ceux qui œuvrent à la production d’une information plurielle, équilibrée et professionnelle sur les
migrations.